Foyer des Jeunes du Nouveau Roubaix

C’est en mars 1965 que se déroule l’inauguration du Foyer des Jeunes du Nouveau Roubaix. A cette occasion, une exposition réalisée par le club des jeunes de Paul Bert est présentée dans la salle des fêtes du groupe Marlot Linné : l’équipe de MM Wild, Souris et Mangold expose toutes sortes de fossiles, pierres, serpents, poissons, coquillages, insectes, oiseaux. M. Torion[1], Président du foyer prend la parole pour expliquer l’orientation des activités des amicales vers les jeunes, dont « la masse est imposante notamment dans le quartier du Nouveau Roubaix ». M. Torion déclare que ce foyer étendra ses activités jusqu’aux Hauts Champs. Il ajoute que la réforme de l’enseignement provoquera petit à petit la disparition des amicales. C’est pourquoi les amicales Jules Guesde et Marlot Linné ont fusionné pour former un foyer. M Pierre Prouvost, adjoint au maire constate à son tour que les anciennes structures sont dépassées. Il assure que l’administration municipale encouragera au maximum cette nouvelle direction dans les activités des jeunes.

L'exposition lors de l'inauguration de 1965 Photo NE
L’exposition lors de l’inauguration de 1965 Photo NE

De fait, l’heure est à la transformation des vieilles amicales. Ainsi l’amicale Jean Macé devient-elle le Foyer des Jeunes et de la Culture en novembre 1965, sous l’égide de son Président Octave Vandekherkove, alors que le doyen François Winants reçoit la décoration du mérite philanthropique des mains de Victor Provo, maire de Roubaix. De même, également en novembre, l’amicale Archimède, auréolée par les résultats sportifs de son club de jeunes, souhaite par la voix de son Président Florentin Six l’aider au maximum. L’amicale Pierre de Roubaix saute le pas également en devenant un foyer de jeunes et d’éducation populaire, avec de nouveaux statuts, et de nouvelles activités. Les amicales Paul Bert et Edgar Quinet, par la voix de leur président Francis Leignel dit l’urgente nécessité de fonder un foyer de jeunes et d’éducation populaire. C’est une période de changement : en décembre, la fédération des amicales laïques emménage dans de nouveaux locaux, elle quitte les locaux vétustes du 42 rue d’alsace pour s’installer au 20 rue de Lille.

Nouveaux locaux pour la FAL PhotoNE
Nouveaux locaux pour la FAL Photo NE

En 1966, le Foyer des Jeunes du Nouveau Roubaix comprend cent vingt membres âgés de 16 à 25 ans, et leurs aînés ont toujours des activités : société d’épargne, belote, tir, un stand de tir (en préparation dans la salle des fêtes du groupe scolaire Jules Guesde), loisirs culturels. Le programme pour l’année 1966 est important : une soirée musicale et artistique est prévue dans la salle des fêtes de la rue Jean Macé. C’est un événement : il s’agit d’une animation artistique « hors le centre », avec la participation des lauréats du conservatoire et de leur directeur André Thiriet. Les autres activités sont diverses : en février, une conférence sur l’initiation à la peinture moderne, un colloque sur la guerre au Vietnam, avec une exposition. En mars, une intervention du centre d’orientation professionnelle à l’intention des parents d’élèves, une conférence de Bernard Jeu sur l’Union Soviétique. En avril, une exposition concours de photographies. En mai, le Foyer participe à la fête du travail, et à cette occasion présente une pièce de théâtre par son groupe théâtral dirigé par Melle Leroux à la bourse du travail. Fin mai, théâtre encore, avec un drame policier de Robert Thomas, Piège pour un homme seul. La liste des activités est encore longue : un ciné club fonctionne tous les derniers samedis de chaque mois, une section discophile permet la pratique et l’étude de la musique. Il y a aussi une section de danses collectives, de jeux d’échecs. Le Foyer va aussi accueillir la tournée de l’Ufolea « prestige de la guitare » et organiser des soirées dansantes.

Daniel Deloor et Henri Drymala, entraîneurs du LC Nouveau Roubaix Photo NE
Daniel Deloor et Henri Drymala, entraîneurs du LC Nouveau Roubaix Photo NE

Les sports sont également représentés : une section de football, de tennis de table avec M. Jacquemin, et une section de lutte, le Lutteur club du Nouveau Roubaix avec des éléments de valeur, internationaux, champions de France, et un moniteur de classe internationale, Henri Drymala. En février, le Foyer organise les éliminatoires du championnat des Flandres dans la salle des sports Brossolette des Hauts Champs. Pour l’animation, le Foyer dispose de deux salles en alternance, la salle des fêtes Marlot Linné et celle du groupe scolaire Jules Guesde. En projet, un foyer tout neuf et indépendant ?

En Octobre 1966, lors de son assemblée générale, le Foyer des jeunes et d’éducation populaire du nouveau Roubaix se réunit dans la salle de la rue Jean Macé. Michel Hory, responsable du club de jeunes rappelle le but du Foyer : apprendre au jeune un métier d’homme et l’aider à passer avec le moins de difficultés possible de l’adolescence à l’âge adulte. Il émet le souhait de réunir les clubs de jeunes afin de mieux se connaître et pour mieux s’épauler. Toujours en octobre, signe de l’évolution grandissante de l’activité, a lieu la présentation officielle d’un entraîneur adjoint issu du club à Henri Drymala. Daniel Deloor, 20 ans, deux fois champion de France, international, trois fois champion de France militaire, s’occupera de la culture physique et de l’entrainement général de la pratique de la lutte. Un bel exemple d’émulation par le sport.


[1] Monsieur Richard TORION, Retraité de l'Éducation Nationale, Ancien adjoint au maire de Roubaix, 
Président d'honneur de la Fédération du Nord des délégués départementaux de l'Éducation Nationale, 
Chevalier de l'ordre national du Mérite, Commandeur des Palmes académiques, 
nous a quittés le 31 mai 2012 à l'âge de 89 ans.

Vie et mort de la « banane »

En 1957, à l’angle de l’avenue Fourier et de la rue Henri Regnault, se trouvait jadis un terrain appartenant aux établissements Ternynck, occupé par des jardins ouvriers. L’Office HLM décide d’y construire un nouveau groupe d’habitations dont MM. Bourget et Lecroart seront les architectes. Cela donnera un ensemble de 22 appartements répartis en plusieurs niveaux, avec un éperon qui se dresse sur neuf étages, dont le rez-de-chaussée est bâti sur pilotis.

Le chantier en 1957 Photo NM
Le chantier en 1957 Photo NM

Le gros œuvre est terminé en mai 1957. La visite d’inauguration a lieu dans la foulée. Etaient présents les maires de Roubaix, Tourcoing, le député du Nord, le Président du CIL Albert Prouvost…L’époque est à la construction tant les besoins en logements sont importants. En effet, dans le même temps, on envisage de construire un collectif au Carihem, pour reloger les habitants de la rue Edouard Anseele. Les jardins ouvriers qui se trouvaient le long de la rue du Chemin neuf vont disparaître pour laisser place au groupe Racing du CIL. Et l’office HLM projette encore de construire sur un terrain bordé par les rues Montgolfier et Du Puy de Lôme. C’est une partie d’un grand projet qui concerne la plaine des Hauts Champs. Nous sommes en 1958 et tout ça va se mettre en chantier dans les deux années qui suivent.

L'inauguration et les officiels Photo NE
L’inauguration et les officiels Photo NE

Pour cet immeuble parfois appelé Ternynck, l’utilisation d’un terrain d’angle n’a pas facilité sa réalisation, mais les architectes en ont tiré parti en construisant un premier bâtiment de quatre étages à la façade légèrement incurvée, à laquelle il devra son surnom : la banane est née ! Derrière ce premier bâtiment se tient l’éperon de neuf étages.

L'immeuble terminé CP MédRx
L’immeuble terminé CP MédRx

En 1989 intervient une première réhabilitation. Mais dès 1996, on parle de démolition, après plusieurs projets d’aménagement. Trop coûteux… Puis on relève des problèmes d’insécurité en 1997, des projets avortés d’occupation des locaux du pied de l’immeuble…On arrive en 2003, la démolition est actée, il reste 84 familles à reloger.

Réhabilitation 1989 Photo NE
Réhabilitation 1989 Photo NE

Ce sera chose faite le 31 décembre 2004. Le 30 juin 2005, c’est le début de la démolition de la banane. Les anciens locataires ont été invités, manière de faire le deuil d’un immeuble qu’ils auront habité pour certains près de quarante ans ! En juillet 2005, on connaît déjà le projet de collège prévu d’ouvrir en 2007.

L'emplacement après démolition Extrait Google Maps
L’emplacement après démolition Extrait Google Maps

L'emplacement après démolition Extrait Google Maps

La société Vroman Sports, une institution roubaisienne

Jules Vroman est né le 3 juin 1864 à Roubaix, rue du Calvaire (nom de la Grand–rue à l’époque). Ses parents étaient commerçants : le père Alexandre était boulanger et quand il décède,  Jules n’est âgé que de 13 ans. Sa mère reprend le commerce situé au 225 Grand Rue, elle apparaît au Ravet Anceau de 1883 comme épicière. Un article de journal retraçant sa carrière nous apprend qu’il est un élève d’une intelligence précoce et d’un amour ardent de l’étude. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans, avec des connaissances dans des matières aussi diverses que le solfège, le dessin de menuiserie.

Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx
Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx

A 20 ans, il est gymnaste à la Roubaisienne. Jules Vroman est un jeune homme sportif parmi les sportsmen de l’époque qui fréquentent cette  importante société de gymnastique. Cette pratique sportive l’amène à s’orienter vers la fabrication d’appareils de gymnastique. Habile menuisier, il crée ainsi dès 1884 sa société, dont les locaux se trouvent dans la maison maternelle, au 225 de la grand-rue. Le réseau grandissant des sportifs va constituer sa clientèle. Il fait preuve d’innovation, et d’un vrai sens commercial : son matériel est aisément démontable, avec des tarifs adaptés et il est testé par la Roubaisienne. A 29 ans, il devient aussi professeur de danse et de gymnastique.

La première société Vroman Coll Privée
La première société Vroman Coll Privée

Jules Vroman épouse Zoé Marie Millescamps le 31 mars 1894. Le commerce se développe et les locaux de la Grand Rue deviennent trop petits, Jules Vroman va s’installer rue des Fabricants au n°28 et il participe à la fondation de l’Ancienne le 14 juillet 1895. C’est une société de gymnastique et de jeux athlétiques et d’instruction militaire, dont il sera le directeur technique, puis le président. Les sociétés de gymnastique sont nombreuses et florissantes à cette époque. Comme elles voyagent et remportent de nombreux concours. Jules Vroman voit ses affaires prospérer avec le développement de son réseau sportif. Dans un premier temps, le siège de l’Ancienne est situé 28 rue des Fabricants, et Jules Vroman voit ainsi se développer la société sportive et sa société de fabrication.

En tête de l'Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée
En tête de l’Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée

Le 30 juillet 1898 naît Jules Vroman, deuxième du nom, qui prendra la succession de son père en 1928. Entretemps, le succès de la société Vroman nécessite de nouveaux locaux et la maison se retrouve au n°30 de la rue du Grand Chemin.

La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx
La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx

En 1900, Jules Vroman loue l’établissement sis Grand-rue n°50, jusque là occupé par un fabricant de cardes, M. Beaumont. Il y crée le franco-américain skating rink, lieu de loisirs inspiré des patinoires américaines, bientôt consacré aux patins à roulettes sur plancher de bois. Cette reconversion d’un vaste hangar rencontrera un grand succès. Le même type d’établissement existera au Fresnoy un peu plus tard. C’est sur cet emplacement du n°50 de la Grand-rue que sera créé le Casino Théâtre de Roubaix, grande salle de spectacles de music hall, qui deviendra un des grands cinémas de la ville.

Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx
Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx

Après la première guerre, la société Vroman a développé ses fabrications : la gymnastique les sports collectifs, la natation, pour lesquels sont fabriqués les installations et équipements appropriés.

à suivre

Merci à Mme Vroman pour les témoignages et les illustrations

Le centre de formation de la rue Delespaul

Au n°185 de la rue Delespaul se trouvaient en 1953, les ateliers de constructions électroniques, anciens Ets Flaga. Il y avait un concierge, M. Breywaert. Puis en 1960, c’est la société parisienne Clarel qui vient s’installer là. Les membres de l’atelier se souviennent du grand nombre d’ouvriers qui travaillaient là et de l’agencement des lieux. Chaque étage était réservé à un type de fabrication particulier. CLAREL était une société Française spécialisée dans la fabrication d’appareils d’éclairage intérieur et extérieur. CLAREL s’est fait connaître sur le marché de l’éclairage public Français au début des années 1950. Sa première réalisation fut un modèle résidentiel de lanterne fait d’une vasque en plexiglass allongée en forme d’accordéon, équipée de tubes fluorescents. Son catalogue de produits s’est largement développé en France et en Belgique. La société Ragni continue de commercialiser les lanternes CLAREL encore présentes au catalogue lors de la reprise tout en commercialisant ses propres produits.[1]

Publicité Clarel parue dans NE
Publicité Clarel parue dans NE

Une annonce parue dans la presse en janvier 1971 nous apprend que le centre AFID est installé depuis quelques mois dans ses nouveaux locaux du 185 de la rue Delespaul, et qu’il pourra accueillir de nombreux élèves à la rentrée prochaine. On peut situer la création du centre de formation dans le courant de l’année 1970. Les témoins disent que le site est resté inoccupé quelques années.

L’A.F.I.D (association pour la formation dans les industries diverses de la région Roubaix Tourcoing) existe depuis le 24 mars 1961, date de l’inauguration officielle de ses locaux à Roubaix, 18 rue Pauvrée. Elle fait partie de l’A.I.F.P. (association interprofessionnelle de formation professionnelle). Sa mission est d’étudier les problèmes de formation professionnelle du personnel des entreprises industrielles et commerciales de la région. Elle suscite, crée ou participe à la création de moyens de formation et de perfectionnement. M. Gacon en est le directeur en 1961. Première initiative, une session d’initiation industrielle destinée aux jeunes qui sortent de l’école primaire, et qui n’ont pu accéder aux collèges d’enseignement technique. Des projets : formations de bobiniers électriciens, vers un CAP, électromécaniciens, cours de vente en magasins de détail, examens professionnels.

Le centre AFID Photo CQ ECHO
Le centre AFID Photo CQ ECHO

L’A.F.I.D fonctionne avec des commissions constituées par les représentants des écoles ou instituts intéressés, des représentants patronaux, des salariés et des spécialistes compétents. Ces commissions déterminent les programmes, le niveau établi, le moyen de formation choisi, et suivent l’exploitation et la gestion de cette activité. L’AFID ne recueille aucune cotisation, n’a pas d’adhérents. Ses frais administratifs sont couverts par des subventions d’organismes professionnels.

Le point de vue de l’AFID en 1963 est le suivant : l’activité économique se façonnera qu’en fonction d’une main d’œuvre qualifiée. Il faut donc développer la formation régionale en fonction des problèmes industriels et commerciaux. Les contacts entre professionnels, responsables de formation et d’enseignement et spécialistes doivent être plus nombreux. Les professionnels doivent mettre en place les moyens pour les formations qu’ils désirent voir appliquer et prouver ainsi aux organismes officiels (FPA) la nécessité de telle ou telle formation. Des conventions pourront ensuite être passées pour les frais de formation. Enfin, il faut éviter l’émigration de la main d’œuvre qualifiée, en lui permettant de se perfectionner.

Une vue des ateliers Photo NE
Une vue des ateliers Photo NE

En janvier 1971, on annonce donc  l’ouverture pour la rentrée prochaine d’un nouveau centre AFID. Installé depuis quelques mois, il accueillera 100 nouveaux élèves à la rentrée scolaire (septembre), élèves âgés de 14 ans. On trouve là un centre d’éducation professionnelle, avec stages en entreprises (46 entreprises de Roubaix et environs), un centre de formation d’apprentis, pour jeunes embauchés souhaitant obtenir un CAP avec accord employeur, et une section adultes, en recyclage, techniques électroniques et pneumatiques, plans et dessins, conducteurs de machines.

Les membres de l’atelier ECHO se souviennent d’un centre très fréquenté, mais également replié sur lui-même, qui communiquait peu dans le quartier. Cependant, en mai 1990, le centre de formation de la rue Delespaul organisait une opération « portes ouvertes » pour promotionner ses formations de tourneurs, fraiseur, soudeurs.

Démolition du centre Photo CQ ECHO
Démolition du centre Photo CQ ECHO

Nous ne savons pas encore quand le centre de formation arrêta ses activités, ni pour quelles raisons. Le comité de quartier a pris ces clichés au moment de sa démolition  en novembre 1998. Tous les témoignages sur la vie et les activités de ce centre sont les bienvenus !

L'emplacement vide ext Google maps
L’emplacement vide ext Google maps

Remerciements au Comité de Quartier ECHO pour les témoignages et illustrations


[1] D’après le site Phozagora

Quand Meyerbeer devint Nord Lorraine

La brasserie Meyerbeer (Union Roubaix Tourcoing) fut créée en Coopérative fondée en 1907. Elle occupait les adresses suivantes : n°33-39 & 62-84 rue Meyerbeer. C’était l’une des grandes brasseries de Roubaix et ses productions étaient nombreuses. Parmi les bières en bouteilles, citons la bière double extra fine, la triple blonde de luxe, la blonde perle Meyerbeer, la triple brune de luxe, la Munich Meyerbeer. Tout cela en bouteilles d’un litre, ou en fûts de 25, 50, 75 et 100 litres. La Triple blonde de Luxe obtint un premier prix à Gand en 1928 avec félicitations du jury. Des connaisseurs ! La publicité du Bock Meyerbeer occupa longtemps les unes de journaux et les façades des estaminets. L’arrêt de la production intervient au début des années cinquante.

En tête Brasserie Union Roubaix Tourcoing Méd Rx
En tête Brasserie Union Roubaix Tourcoing Méd Rx

La nouvelle brasserie Nord Lorraine, société constituée par plusieurs groupes importants de brasserie de l’est et de Paris, rachète les bâtiments de l’ancienne brasserie Meyerbeer en février 1957. Ils seront entièrement rénovés par des entrepreneurs dont certains sont roubaisiens : la SA Léon Planquart, 22 grand-rue, s’occupe des bétons et maçonneries, les Ets Van hooland, rue St Jean, interviennent  pour les travaux de charpente et menuiserie. Une passerelle surmonte la rue Meyerbeer pour mettre en relation les deux parties de la brasserie, d’un côté la fabrication, de l’autre la canetterie (côté pairs) où se pratiquent la pasteurisation des bouteilles et le capsulage par couronnes.

L'inauguration de la nouvelle brasserie Photo NE
L’inauguration de la nouvelle brasserie Photo NE

L’activité va reprendre en mars 1958, avec une production de 16.000 bouteilles à l’heure ! La marque de Nord Lorraine, c’est Vivastar. Une innovation est proposée : le gobelet de surbouchage, pour pallier au capsulage qui ne peut servir qu’une fois. C’est un super bouchon gobelet, qui est accordé en prime au client pour l’achat de 22 bouteilles.

Publicités Vivastar Pubs NE
Publicités Vivastar Pubs NE

L’inauguration a également lieu en mars 1958 et le premier verre est offert au député maire Victor Provo, qui a auparavant coupé le ruban tricolore. Il inaugure une usine moderne, avec un buffet bien assorti. Le jeune et distingué PDG de Nord Lorraine, M. Vallaud, prend la parole pour accueillir les personnalités et présenter son unité de fabrication brassicole. Victor Provo déplore quant à lui la disparition de plusieurs brasseries à Roubaix et salue chaleureusement la naissance de Nord Lorraine.

La Vivastar Pub NE
La Vivastar Pub NE

Nord Lorraine va investir pour son équipement, dès novembre 1958, avec  l’arrivée d’une nouvelle laveuse de bouteilles. Par la suite, les grandes brasseries et malteries de Champigneulles rachèteront la brasserie Nord Lorraine à Roubaix, en 1962.

 

Un chalet au chemin neuf

Nous laisserons aujourd’hui la parole à une habitante, qui a passé 50 ans rue du chemin neuf.

Yvette, juste après son mariage s’installe rue du Chemin neuf. Son mari vivait précédemment avec ses parents dans un HBM avenue Motte, alors qu’elle habitait la rue des Champs, près de la piscine. Ils achètent un chalet en viager à la veuve du premier propriétaire, ancien combattant, avec laquelle ils partagent la maison. Il fait partie d’une série de 10, dont 6 sont implantés rue Ingres et rue Carpeaux et possèdent des noms de militaires tués lors de la première guerre. Les quatre derniers sont construits rue du Chemin neuf, au milieu des jardins. Ces habitations sont construites vers 1925 à l’instigation d’industriels Motte-Bossut et Motte-Porisse en mémoire des soldats décédés lors des combats. Ils avaient décidé de donner à des anciens combattants qui s’étaient illustré durant le conflit des facilités pour accéder à la propriété.

Le chalet en 1956
Le chalet en 1956

Son mari, ébéniste, travaillait alors dans l’atelier de son père rue Basse Masure. En 1962, dès qu’ils ont pu jouir de toute la maison, ils font construire un atelier dans le jardin.

La construction en 1962 et l'atelier terminé
La construction en 1962 et l’atelier terminé

Au départ, le quartier est voué aux jardins ouvriers qui s’étendent autour du groupe de chalets dans toutes les directions. Ceux-ci sont bien isolés : à part trois ou quatre maisons datant d’avant guerre situées sur le trottoir d’en face, on ne trouve pas de construction avant l’ancienne usine Léon Frasez, avenue Motte, qui deviendra quelques années plus tard le premier Auchan, les terrains de football, les établissements Salembier, et le groupe scolaire Jules Guesde. La rue est étroite et pavée ; elle a perdu il y a peu de temps ses deux fossés, remplacés par des trottoirs.

Les chalets environnés de jardins - Document IGN 1962
Les chalets environnés de jardins – Document IGN 1962

Le deuxième chalet était à l’origine habité par un couple. Lui était mutilé de guerre (de là le nom du chalet, « le mutilé »). L’allée Watteau desservait les deux autres chalets, et servait d’accès aux jardins ouvriers situés au-delà.

Faire les provisions au quotidien n’était pas un problème : il y avait un épicier dans la rue Léon Marlot, sur la gauche après le groupe scolaire, dans une maison particulière. On voyait également passer des marchands ambulants, telle la crémière qui transportait sa marchandise dans une charrette à bras. Elle avait aussi, à l’occasion, des légumes. Cette commerçante avait un dépôt rue Henri Regnault, précise Yvette. Pour trouver une boucherie, il fallait se déplacer rue Horace Vernet, ou rue de Lannoy…

Le couple a opéré bien des modifications à la maison : dans son état d’origine, celle-ci offrait une cuisine au fond du couloir d’entrée, le reste de la surface étant divisé entre un salon et une salle à manger. A l’étage, deux grandes chambres, dont l’une a été rapidement coupée en deux pour abriter les trois garçons. Ils construisent également un garage accolé au chalet.

Le garage et l'aronde de la famille.
Le garage et l’aronde de la famille.

Ils ont assisté à la transformation du quartier. D’abord les immeubles derrière dès 1962 et, peu après, celui du côté des terrains de sport. Les deux blocs de maison vers la rue Léon Marlot ont suivi, ainsi que la cité en face du chalet. En l’espace de 10 ans, la physionomie du quartier est complètement modifiée ; il s’est beaucoup animé… Auchan a amené également de la clientèle extérieure au quartier.

Yvette n’a quitté son chalet qu’en 2005, après le décès de son mari. Entre-temps, le garage avait été transformé en espace d’habitation.

Le chalet en 2005
Le chalet en 2005

Aujourd’hui l’atelier a été transformé en loft, la maison en deux appartements, un au rez de chaussée, l’autre à l’étage.

Remercions Yvette, qui nous a confié ses souvenirs et les photos qui les illustrent.

 

 

 

L’origine des transports Vanhove

Arthur Vanhove reprend un café dans la rue de l’Alma à Roubaix en 1925. Il y restera jusqu’en 1929. Désirant changer d’activité, il reprend d’abord une corderie à Tourcoing jusqu’en 1932, puis il rachète une maison de transports « l’Express Roubaisien » situé au 68 rue de la Perche.

En 1933, deux chevaux forment l’élément « moteur » de l’entreprise. Mais celle-ci, concernée par l’élargissement de la rue en 1933, voit ses locaux expropriés et va s’établir dans la rue du Trichon, au numéro 45. Elle demeure à cette adresse jusqu’en 1936.

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Les fils d’Arthur, Maurice et René prennent une part active dans le travail quotidien.

Un des camions subit un jour l’attaque de voleurs. Les chevaux prennent peur et se mettent au galop. De retour au siège de l’entreprise, ils sont en transpiration. Arthur, sans rien vouloir écouter de leur aventure, oblige son fils à promener les chevaux à la main pour les calmer. Autre anecdote, un des chevaux , avant de se mettre en route, se retournait pour évaluer la taille du chargement. S’il estimait qu’il était trop important, il refusait d’avancer. Il fallait qu’on lui mette un autre cheval à côté de lui (même s’il n’était pas attelé) pour qu’il accepte de de trainer sa charge…

Vers 1936, l’entreprise se sépare des chevaux et leur substitue la traction mécanique. A la même époque, elle vient s’installer au 84 rue de Rome.

Comme la maison est grande, ils cohabitent avec un de leurs fils, René. Le bâtiment appartenait à la famille Coustenoble, qui fabriquaient des machines à laver en bois (qu’on appelait des « batteuses » à l’époque). Ils sous-louent également une partie de l’usine de grillages ( 300 à 400 m2) située à côté, au 82.

L’entreprise compte à ce moment deux chauffeurs et un manœuvre, handicapé, qui effectue les livraisons en ville avec une baladeuse. Elle possède deux camions avant la guerre, dont un Saurer qu’on voit sur une photo prise à la gare de marchandises de Roubaix. L’entretien de ces camions se fait alors au garage Moneron rue du Fresnoy.

Le Saurer et une attestation le concernant.
Le Saurer et une attestation le concernant.

A la déclaration de guerre, Arthur ne possède toujours pas le permis de conduire ; ce sont ses fils qui conduisent. Mais, ceux-ci sont mobilisés dès le début du conflit avec leurs camions. Maurice se rend à la réquisition avec un camion qu’on lui prête, René emmène le Saurer.

Le grand père avait une grosse voiture, une Hotchkiss (qui avait été achetée au consul de suède) qu’ils avaient mise en panne pour qu’elle ne soit pas réquisitionnée.

L'Hotchkiss avant guerre
L’Hotchkiss avant guerre

La guerre se passe. Sans camion et sans chauffeur, les affaires sont au plus bas. De plus, Arthur Vanhove décède en 1944 les fils sont prisonniers de guerre. La maman se retrouve sans ressources.

Au retour de captivité, Maurice et René se trouvent devant une cruelle alternative : faut il relancer la société de transports, réduite à rien, ou envisager une autre activité ?

A suivre…

Nous tenons à remercier Patrick et son frère qui ont accepté de partager avec nous et leurs souvenirs, et les documents de leur collection.

 

 

 

 

Au bas de la rue Dammartin

En 1883, une voie privée et pavée se raccorde au boulevard de Paris et mène au chemin de Barbieux. Les riverains demandent son classement, la construction d’un aqueduc et son revêtement, en échange du don des terrains concernés et une participation aux frais. La rue ferait 15 mètres de large (8 mètres pour la chaussée et 3m50 pour chaque trottoir). Parmi les riverains on trouve les noms de Henri et Jean Baptiste Bossut, Motte-Bossut, Georges Motte, Vve Wattine-Bossut, Vve Lepers, et surtout la société civile Bossut-Fougasse, peut-être fondée pour l’occasion, qui détient la plus grande partie des terrains. Les riverains sont représentés par E. Barbotin.

La municipalité procède à des études en janvier 1884. Le service de la voirie conseille d’accepter la proposition, conforme à ce qui se fait couramment pour les rues nouvelles, la commission municipale nommée à cet effet, également. Le conseil entérine donc et lance l’enquête d’utilité publique. Le préfet classe la voie la même année.

Le plan du quartier de 1884 ne montre qu’une construction de chaque côté de la rue. Les propriétés existantes donnent sur le boulevard de Paris ; plus en retrait, aucun autre bâtiment jusqu’au chemin de Barbieux et, au delà, celui du petit Beaumont.

Plan Cadastral 1884 – Document Archives municipales
Plan Cadastral 1884 – Document Archives municipales

Dès 1889, on lance le prolongement de la rue dans le même alignement jusqu’à la rue de Beaumont.

Les constructions suivent à bonne allure. En 1891 le Ravet Anceau fait déjà état de 18 propriétés occupées, dont, déjà, les assurances Verspieren près du coin du boulevard de Paris. Une grosse partie des habitants de la rue sont négociants ou fabricants.

Une vue ancienne prise depuis le boulevard de Paris nous montre à droite, sur le coin la propriété Réquillart-Roussel, puis les mur et des bâtiments appartenant à aux assurances Verspieren.

Document Médiathèque de Roubaix
Document Médiathèque de Roubaix

Le bâtiment à droite, numéro 2, abrite notamment après guerre les bureaux de la société Rhovyl, ainsi que les services administratifs de la société Despatures dont les dirigeants Jules, Joseph et Paul inventent la fibre Thermolactyl, dont la composition inclut du Rhovyl, et créent la société Damart, nom tiré de celui de la rue. Cette construction disparaîtra au début des années 70.

Les assurance Verspieren, après de longues années, deviendront Lloyd Continental dans les années 70, puis Swisslife aujourd’hui.

Document Médiathèque de Roubaix
Document Médiathèque de Roubaix

Tout ce qui est avant ce bâtiment bas a aujourd’hui disparu pour faire place à des locaux modernes. A gauche l’alignement de bâtiments existe encore de nos jours, de même qu’à droite, le bâtiment bas Verspieren abritant désormais des garages

Le bas de la rue. Photos coll. particulière
Le bas de la rue. Photos coll. particulière

 

 

 

 

La vérité sur la Basse Masure

Des articles parus il y a quelque temps laissaient entendre que le café de la Basse Masure existait encore, et qu’il s’était transformé en boucherie. Il n’en est rien. Nous allons en faire la preuve, après un bref rappel des faits.

Le café de la Basse Masure en 1924 Photo JdRx
Le café de la Basse Masure en 1924 Photo JdRx

Le café de la Basse Masure était situé le long du chemin vers Mouscron au siècle avant dernier. Ses murs étaient recouverts de plâtre, et elle était déjà habitée en 1817 par une famille de 17 enfants ! Une « cantine » fut bientôt ouverte, où l’on vendait de l’épicerie et des alcools divers. Puis l’épicerie buvette devint un vrai café, qui fut une halte obligée pour les gens qui allaient de la Fosse aux Chênes vers Mouscron. Le café eut sa célébrité, en la personne de « Cho de l’Basse » François Fauvarque, son tenancier, lequel alliait bonne humeur et parties de boules mémorables. Le café se trouvait souvent sur le parcours des sorties carnavalesques et des cortèges ludiques. C’était un autre temps, sans voitures et sans télé.

Le café à l'orée des années soixante Photo NE
Le café à l’orée des années soixante Photo NE

L’urbanisation rattrape bientôt le café, et la Basse Masure devient un quartier, un genre de cité très animée. La maison tenait bon, elle restait le siège de tournois de boules, et s’associait régulièrement aux fêtes annuelles du Cul de four et de la Basse Masure.  Le café de la Basse Masure a-t-il survécu ? A-t-il été transformé ? Un témoignage de l’ancienne bouchère de la rue des Récollets, dont le magasin est cité comme étant l’ancien café, vient démentir cette assertion. En effet, sa boucherie a toujours été recensée dans la rue des Récollets, au n° 36 en 1929, alors que l’estaminet a longtemps été au n°70 de la rue de la Basse Masure. Le café n’existe plus en 1973, alors que la boucherie existe toujours vaillamment au n°36 de la rue des Récollets. A-t-il été démoli comme le café de la planche trouée dans le quartier des longues haies ? La réponse est affirmative, la démolition a été effectuée à la fin de l’année 1961, alors qu’il n’était plus qu’une ruine. Alors pourquoi cette erreur ? Les photos que nous a aimablement confiées Mme Gauquie nous renseignent sur ce qui s’est passé.

La boucherie de la rue des Récollets en 1973 Coll. Privée
La boucherie de la rue des Récollets en 1973 Coll. Privée

Sur cette photo de 1973, on voit très nettement l’emplacement de l’ancien café, qu’occupe un parking de voitures garées en épi. La boucherie apparaît comme la dernière maison de la rue des Récollets, au n°36.

La boucherie Gauquie en 1979 Coll Privée
La boucherie Gauquie en 1979 Coll Privée

En 1979, M et Mme Gauquie, voulant profiter d’un éclairage supplémentaire pour leur magasin, firent procéder à des travaux. Ainsi la boucherie eut une ouverture sur la rue de la basse masure, ce qui a pu faire croire qu’elle en constituait l’angle.

Merci à Mme Gauquié de nous avoir expliqué l’évolution de ce bout de quartier, photos à l’appui.

Autres sources : le Journal de Roubaix , Nord Éclair, annuaires Ravet Anceau

 

Après le café, la Presse du Parc

Les pompiers de la belle époque en exercice devant le café du parc Photo JdeRx
Les pompiers de la belle époque en exercice devant le café du parc Photo JdeRx

Quelques nouvelles informations et découvertes nous amènent à évoquer de nouveau le café du Parc. Il se trouvait à l’angle du boulevard de Paris (aujourd’hui du Général de Gaulle) et du boulevard de Cambrai, à deux pas de l’entrée du Parc de Barbieux. Construit avant 1900, c’était un café de « bonne renommée », idéalement placé pour les promeneurs. Il dut faire d’excellentes affaires en 1911, car il était proche de l’entrée de l’exposition internationale et du terminus des tramways. Il disposait d’une terrasse vers le parc, et d’une salle de concert, dont la station service reprendra la surface. Cette petite scène accueillit nombre d’artistes : chanteurs, musiciens, acrobates, comiques. Maurice Chevalier en personne y aurait fait plusieurs apparitions ! Pour donner une importance de la clientèle, l’ancien propriétaire, M. Gaston Dutilleul, disait qu’il avait employé dans son café plus d’une vingtaine de garçons !

Démolition du café en 1964 Photo NE
Démolition du café en 1964 Photo NE

Le café du parc fut démoli début 1964, alors qu’il ne fonctionnait plus depuis quelques années. A sa place fut bientôt construit un ensemble comprenant un immeuble d’appartements et une station service.

Construction de l'immeuble et de la station service Photo NE
Construction de l’immeuble et de la station service Photo NE

Nous avons parlé de l’évolution de la station service aujourd’hui devenue une célèbre enseigne de boulangerie et de pâtisserie. Mais l’endroit est aussi bien connu des roubaisiens par sa maison de la presse, toujours bien achalandée. A l’occasion de son inauguration de la Presse du Parc, en août 1966, sa propriétaire de l’époque, Mme Cattoire, organisa un cocktail de bienvenue. On y trouve toujours la presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle, des articles de papeterie, mais c’est aussi une véritable librairie, où l’on est toujours très bien accueilli.

La Presse du Parc au moment de son inauguration Photo NE
La Presse du Parc au moment de son inauguration Photo NE