La cité disparue

En 1972 la Sarhnord entame la démolition d’une ancienne usine textile, située aux n°309 à 313 de la Grand-rue. On y trouvait autrefois les industriels Bonte & Lesur et leur fabrique de tissus, puis le tissage Bonte et Cie. Un temps inoccupés, les lieux furent ensuite repris par une société de fabrication de meubles, la  société Dupont-Mobildar, à laquelle succédera vers 1970 la société de meubles Leville-Mobildar réunies, dernière entreprise sur les lieux. Un projet de lotissement, présenté comme une formule originale de logement social est alors mis en œuvre, qui sera appelé la cité de promotion. Cela fait suite à une première expérience roubaisienne qui s’est déroulée  dans la rue St Antoine, dont l’objet était d’accueillir des personnes socialement handicapées et perturbées. Il s’agit donc ici de créer une cité sur les 11.127 m² qu’occupaient les anciens établissements textiles et mobiliers. Les travaux sont menés par La Sahrnord et l’entreprise Théry d’Arras.

plan du lotissement

L’expérience débute en juillet 1974. Le CIL, le bureau d’aide sociale, la communauté urbaine de Lille, la direction de l’action sanitaire et sociale, le ministère de l’équipement se sont associés pour l’opération, et le CAL de Roubaix va gérer ce lotissement original. Cette cité se trouve donc dans le quartier de l’entrepont, et ses maisons en ciment seront construites sur un chantier détrempé par les mauvaises conditions climatiques. Une partie du lotissement est consacrée aux espaces verts, ce qui lui vaut d’être présenté comme un poumon de verdure pour l’Entrepont. Cependant la cité de promotion est un monde à part, avec son centre social avec salle de soins médicaux, et salles pour activités diverses. Elle comprend 27 logements de type F6 ou F7 pour familles nombreuses, plus 8 maisons rénovées de la rue de la Conférence, soit 32 logements proposés. Un monde à part, mais ouvert sur le quartier, car les enfants vont dans les écoles du quartier, et les habitants feront leurs courses dans les magasins du quartier.

entrée de la cité familiale

Ces  maisons hautes d’un étage, ont une surface de 110 m² au sol,  attenante à un lopin d’espaces verts. L’Orsucomn, le Pact, le Bureau d’aide sociale seront à l’origine des placements, et  l’administration du centre social sera confiée à la CAF et au PACT. Il s’agissait d’un public en très grande difficulté, et les familles étaient suivies par des travailleurs sociaux. Les témoins racontent que ces familles étaient renfermées sur elles-mêmes, coupées du monde, elles n’allaient pas vers les autres, elles étaient sauvages. Qui étaient-elles ? D’où venaient-elles ? On évoque des familles immigrées, des familles ayant connu des accidents de la vie, des familles d’origine rurale, Dès le début, en tous cas, des familles en détresse, peu acceptées par la population.

La cité familiale en 1986 Photo Coll Particulière

On se demande très vite dans le quartier pourquoi on a fait un ghetto.  Au départ, ça s’appelait la cité promotion, puis on a parlé de cité de transit, enfin de cité familiale, Les personnes ne devaient pas rester dans cette cité, elles ne faisaient que passer. De ce fait, les maisons étaient très mal tenues. Il y avait aussi la découverte de l’habitat urbain, pour une famille de la campagne, comment s’adapter à l’usage du nouvel habitat. On évoque la présence de poulets, de lapins, dans les maisons. Bientôt, il n’y a plus de permanence sociale sur place, le suivi est fait par des extérieurs.

Vue de la cité Photo Coll Particulière

On tire alors un constat d’échec : cette concentration de personnes en difficulté  est jugée inopérante. Les familles partent, ne sont pas remplacées, et on mure les maisons. La cité se vide, on commence à démolir. Quinze ans à peine après sa construction, les pavillons sont à l’état de ruine, la cité s’est transformée en terrain d’aventure pour les enfants du quartier, ou en chantier de récupération de matériaux divers, ou encore en dépôts d’ordures.  Deux ou trois locataires occupent encore les logements, assez vindicatifs. La ville met en demeure la Sahrnord de démolir, car il y a danger pour les enfants qui jouent au milieu des ruines et des gravats, La destruction de la cité est décidée en décembre 1988.

Derniers instants de la cité en 1988 Photo Nord Éclair

Quelques années plus tard, l’endroit est devenu un petit coin de nature : le Jardin de Chlorophylle,  un havre de paix, à deux pas de l’agitation de la ville. Entretenu par une structure d’insertion sociale, il est animé depuis par l’association Angle 349, qui s’applique à faire découvrir au public le milieu naturel sous ses diverses formes et à initier aux notions d’écologie, en particulier à destination des enfants.

Vue actuelle Extrait Google Maps
Remerciements aux membres de l’atelier mémoire pour leurs témoignages et leurs documents

 

La place du Travail en projet

Pour structurer les quartiers appelés à se développer au sud-ouest de Roubaix, on songe, parallèlement à l’ouverture de boulevards de ceinture (boulevard de Lyon), à créer des places publiques. M.Tiers, en conseil municipal, insiste en 1889 sur le fait que Roubaix ne dispose que de trois places publiques et qu’il en faudrait d’autres. Il insiste sur leurs avantages du point de vue hygiénique (appel d’air), comme lieu réunion pour les enfants, et souligne le prix abordable des terrains dans les quartiers périphériques. Il ne faut pas différer les constructions, sinon les endroits favorables seront construits. Il cite en particulier un terrain rectangulaire Bossut-Delaoutre dans le quartier du cheval blanc le long de la rue de Lannoy (future place de la Fraternité). Mais un autre emplacement retient également l’attention de la

Le site en 1845

Juillet 1890 : Le directeur de la voirie municipale procède au métré de terrains « pour servir à la création d’une place publique au lieu-dit la Potennerie ». Cela représente environ 5100 mètres carrés de terrains appartenant à la Société Lemaire et Lefebvre et comprend un corps de ferme situé le long de la rue de Larochefoucault, le tout au prix de 6 francs le mètre.

En septembre de la même année, M. Jean-Baert, clerc de notaire à Lys lez Lannoy, adresse une lettre au conseil municipal, « ayant appris que l’administration et le conseil municipal… recherchaient des terrains … pour y créer des places publiques… » Il présente un projet de place situé lui aussi dans le quartier du petit Beaumont, sur sur 12000 mètres carrés, lui aussi le long du chemin n° 8 du Petit Beaumont, mais légèrement plus bas que le terrain Lemaire et Lefebvre (il ne touche pas le Boulevard de Lyon). M. Jean-Baert détaille les avantages de son projet : c’est un quartier appelé à un grand développement, proche de la nouvelle église de St Jean Baptiste, et du tout récent boulevard de Lyon, située dans une zone où de nouvelles fabriques s’installent, qui vont provoquer des mouvements de population et des constructions en tous genres. Autre avantage, les terrains sont encore nus et non bâtis et ne nécessitent pas d’expropriations.

Il propose de vendre à la ville une superficie de 9750 mètres carrés à 5 francs le mètre, et de donner gratuitement une bande de terrain représentant 2200 mètres carrés. Par ailleurs, pour éviter à la ville une dépense immédiate, il propose un bail sur dix ans avec faculté d’acquisition des terrains au prix convenu pendant la durée du bail. Il offre enfin de faire effectuer lui-même les travaux de terrassement, que la ville pourrait rembourser par la suite.

L’année suivante, en décembre 1891 est faite la demande de déclaration d’utilité publique avec le plan des parcelles à acquérir. C’est le résultat d’un mélange des deux options précédentes : pour englober le tracé du boulevard de Lyon et son intersection avec la rue de Beaumont, on choisit, pour la plus grosse partie de la place, des parcelles appartenant à la société Lemaire et Lefebvre (qui viennent en majorité de la famille Destombes). On complète ce terrain par deux bandes appartenant l’une à la société Henri Briet et compagnie, dont les administrateurs sont Henri Briet et Jean Baert, l’autre à Jean Baert lui-même.

Les différents propriétaires des parcelles

On complète le projet avec l’ouverture de rues qui vont converger vers la nouvelle place. En particulier, une rue déboucherait au milieu de la place, et une autre la borderait :

Les rues à ouvrir

Finalement, une nouvelle mouture du projet nous montre une configuration semblable à celle que nous connaissons aujourd’hui, avec les futurs boulevards de Fourmies et du Cateau, ainsi que la future rue Henri Regnault. Les travaux vont pouvoir commencer.

 

Documents archives municipales

 

 

 

Le pont St Vincent (origines)

A l’origine, la partie nord-ouest de Roubaix est parcourue par deux chemins, celui de Mouvaux et celui du Fresnoy menant au centre de Roubaix respectivement par la rue du grand chemin et la rue Nain. Un chemin transversal, le chemin de Blanchemaille, croise les précédents.

Plan cadastral de 1805
Plan cadastral de 1805

En 1842 l’arrivée du chemin de fer coupe cette partie de la commune en deux. Le tracé étant décidé, on choisit d’implanter la station de chemin de fer le plus près possible du centre, à l’endroit où la voie se trouve à niveau, c’est à dire à l’endroit où passe la rue du Fresnoy. Le chemin de Mouvaux, en contrebas de la voie, passera sous celle-ci. Par contre, le nouveau bâtiment des voyageurs barre maintenant le chemin du Fresnoy : Il faut le dévier par une rue latérale vers la droite, qui, après un premier coude à gauche, coupe la voie par un passage à niveau avant de rejoindre l’ancien tracé du chemin.

Plan cadastral de 1845
Plan cadastral de 1845

Mais la compagnie des chemins de fer du Nord, à l’étroit dans ses installations, étend les emprises de la gare à partir de 1857. La surface en est presque doublée. On construit une vaste halle pour les marchandises sujettes aux droits de douane à côté du bâtiment de voyageurs. Quelques années plus tard, la Compagnie construit de nouvelles halles à marchandises. Cependant, la municipalité se préoccupe des difficultés de circulation entre la gare et le centre de la ville. En effet, pour se rendre à la gare, il faut emprunter des rues étroites et mal commodes. Par ailleurs, la municipalité juge le bâtiment de la gare « d’une insuffisance notoire et de la plus triste construction ». Elle forme le projet de relier la grand-place à la gare par une large avenue rectiligne débouchant sur un bâtiment digne de la ville.

La rue de la Gare est ouverte en 1883 mais ne débouche que sur le bâtiment de la douane. Parallèlement, la compagnie du Nord propose dès 1860 de supprimer le passage à niveau du Fresnoy, gênant pour tout le monde et de le remplacer par un passage supérieur reporté 300 mètres plus loin. La municipalité réagit à partir de 1863 en réalisant une rue reliant la rue Blanchemaille à ce nouveau pont. Large de 12 mètres, elle prendra le nom de St Vincent de Paul et passera entre les écoles et l’hôpital de la rue Blanchemaille (hôpital Napoléon). On prolonge également les rues de l’Alma et de l’Ouest pour les raccorder au pont nouveau.

A situation en 1886, avant la construction de la gare définitive
A situation en 1886, avant la construction de la gare définitive

Le nouveau maire, Monsieur Julien Lagache, négocie avec la Compagnie du Nord. Pour la construction d’une nouvelle gare à l’emplacement de la halle de la douane. Le nouveau bâtiment est terminé en 1888. En 1891, on élargit le tablier du pont, qui constituait un étranglement pour la circulation.

A gauche le pont original, à droite le même élargi
A gauche le pont original, à droite le même élargi

Enfin, vingt ans plus tard, en 1908 on construit la passerelle qui permettra de nouveau la communication directe pour les piétons avec le quartier du Fresnoy. En 1914, les allemands, avant leur départ, feront sauter la halle qui surplombe les voies, la passerelle et le pont Saint-Vincent. Le pont sera reconstruit après la guerre.

Le pont en 1918 – document collection particulière
Le pont en 1918 – document collection particulière
Les autres documents proviennent des archives municipales.

 

 

 

 

En bas de la rue

La rue du Moulin, une des plus anciennes voies de Roubaix, a très vite été densément bâtie. Si on considère la partie basse de la rue, entre le boulevard de Paris et la rue du Havre pour les numéros pairs, on est surpris du nombre de commerces, d’entreprises et de courées de part et d’autre de l’école municipale.

Le bas de la rue, côté pair – vues depuis et vers la rue Neuve
Le bas de la rue, côté pair – vues depuis et vers la rue Neuve

Ce côté pair présente avant la première guerre une profusion d’estaminets : on en compte pas moins de 12 avant la rue du Havre ! Les commerces de bouche y sont également bien représentés : une charcuterie, quatre épiceries et deux crèmeries. D’autres commerces complètent ce panel : la pharmacie au coin du boulevard de Paris, une blanchisserie, un marchand de couleurs, un buraliste, deux magasin vendant des étoffes, une coiffeuse, un marchand de journaux. Sans oublier , tout au bas de la rue, la serrurerie Liagre, déjà présente en 1886 :

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Cette partie de la rue abrite également d’autres métiers artisanaux : trois ferblantiers, un teinturier, un vannier, un ébéniste, deux tailleurs, un cordonnier. Il n’y a pratiquement pas de maison sans boutique ! Les maisons d’habitation sont renvoyées dans des courées, généralement attenantes à un estaminet. On trouve ici au 22 la cour Delmarle, au 42 la cour Dubar, au 64 la cour Loridant, et, au 70 la cour Brabant.

L'entrée de la cour Delmarle de nos jours. Photo Jpm
L’entrée de la cour Delmarle de nos jours. Photo Jpm

Les entreprises industrielles sont bien présentes aussi, avec une fabrique de pompes, qui deviendra un atelier de fonderie au 38, juste à côté de l’école, et, au 50-52, l’entreprise D’Halluin-Grenu, puis D’Halluin-Namur en 1901, puis Bayart père et fils.

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Entre les deux guerres, peu de changements. Un maréchal ferrant s’installe au 36, un marchand de chaussures au 72, un marchand de jouets au 44 et un marchand de cycles au 62, remplaçant d’autres commerces. Exemple de stabilité, la pharmacie au coin du boulevard de Paris, reste tenue par M. Constant depuis 1885 jusque dans les années 50… Une affaire de famille !

La droguerie Molinier a pris, en 1922, la suite de la serrurerie Liagre
La droguerie Molinier a pris, en 1922, la suite de la serrurerie Liagre

Autre exemple de stabilité, les débits de boisson restent très nombreux : la proportion d’estaminets ne varie pas sensiblement.

L'estaminet Derly, au numéro 40
L’estaminet Derly, au numéro 40

Après la deuxième guerre, même pérennité. La droguerie Molinier perdure sous le nom de Dupont-Delalé jusque au seuil des années 70. Le salon de coiffure, installé au 12 depuis le début des années trente se retrouve au même endroit en 1874 ! Le 80, au coin de la rue du Havre est un commerce d’alimentation depuis les années 20 jusqu’à aujourd’hui, après qu’on y ait vendu des gaufres en 1914, et du beurre en 1922.

Au premier plan le carrefour de la rue du Havre et le n°80
Au premier plan le carrefour de la rue du Havre et le n°80

Si les premières maisons ont été détruites récemment, les autres sont toujours debout, et les façades de la partie remontant jusqu’à la rue du Havre n’ont pratiquement pas changé. Elles mériteraient pourtant quelques travaux de rénovations !

 

 

 

 

 

 

 

Le foyer des jeunes travailleurs

C’est en août 1968, que l’Office municipal d’HLM de Roubaix a terminé les travaux de construction du Foyer de Jeunes Travailleurs. L’initiative de cette réalisation est due à MM Pierre Catrice et Germain Wiart, Président et Vice Président de l’Association pour le logement des jeunes isolés. Construit dans le parc d’une ancienne maison de maître appartenant à la famille Meillassoux, le foyer est l’œuvre de l’architecte roubaisien Michel Delplanque. Les plans ont été réalisés sur les bases d’un travail d’équipe entre l’architecte et le conseil d’administration.

Le foyer en 1969 Photo Nord Éclair

Le foyer est un bâtiment de quatre étages sur pilotis triangulaires, avec  une vaste surface de rez-de-chaussée et une partie habitation qui comprend  148  chambres. Le hall d’entrée s’ouvre sur la Grand-Rue. Quand on y pénètre, à droite en entrant, on découvre une salle de restaurant self service d’une contenance de 250 places. L’autre côté du rez-de-chaussée est consacré aux activités socio-culturelles. Il y a une cafétéria pour l’après repas, un foyer de lecture, une salle de jeux de 165 m², des salles de télévision,  deux salles de réunion, une bibliothèque. En sous sol, sept pièces sont aménageables en ateliers, labo-photo, et une grande salle de 200m² permet de faire du sport.

La cafétéria et le self Photos Nord Éclair

La chambre type fait 10,75 m², comprend un petit vestibule, un cabinet de toilette, avec eau chaude et eau froide, et un grand placard de rangement. Les chambres ont vue sur le parc, et à chaque étage, il y a des douches et des  installations sanitaires. Dans le parc, on trouve un terrain de sport (basket et volley ball). Il y a des douches dans les sous sols. Un parking pour vélomoteurs et bicyclettes se trouve entre les pilotis. Les conditions d’admission sont les suivantes : être célibataire, être âgé de 18 à 25 ans, travailler. L’ouverture aux étudiants est envisagée. Le prix de la pension mensuelle est de 320 francs, comprenant la location de la chambre, le petit déjeuner et quarante repas à 4,50 frs.

Salles de loisirs et de TV Photos Nord Éclair

La structure possède un encadrement permanent : un directeur, un intendant, deux animateurs. Le modus vivendi reste à définir, mais le Foyer ne sera pas un ghetto, car il s’ouvrira aux jeunes du quartier et de l’agglomération. Le restaurant sera ouvert aux non-résidents (capacité 500 repas matin et soir en deux services). Le premier directeur se nomme Henri Lepers. Tourquennois d’origine, 28 ans, il est diplômé de l’école de formation et d’application pour l’animation des collectivités, titulaire du diplôme d’état de conseiller d’éducation populaire de la Jeunesse et des Sports. Il a déjà œuvré au foyer de Bayonne, au foyer des apprentis jockeys de Chantilly, et il a participé à l’animation globale d’un quartier d’Evreux.

Henri Lepers, premier directeur du foyer Photo Nord Eclair

Le foyer des jeunes travailleurs est un véritable hôtel tout confort qui a coûté 35 millions d’anciens francs. Son budget de financement se répartit de la manière suivante : 2,5 millions crédit HLM, 548.000 francs par la sécurité sociale et la Caf, 310.000 francs par le ministère des affaires sociales, 300.000 par la ville, 100.000 par le Conseil Général, le FAS, et le CIL. La ville de Roubaix a acheté le terrain et l’a cédé à l’office municipal HLM qui est propriétaire du terrain et du foyer, lequel est mis en location à l’A.L.J.I,  seule responsable de sa gestion. Il sera inauguré par Robert Schumann, ministre des affaires sociales en mars 1969.

Maurice Schumann inaugure le foyer Photo Nord Éclair

 

 

 

 

 

 

 

Les origines du quartier

Après la révolution, le quartier – essentiellement agricole – est bordé par deux chemins. Le premier, une voie importante qui mène à Tourcoing (aujourd’hui la rue Turgot), et le chemin des couteaux sur l’emplacement du boulevard de Metz. Sur celui-ci s’embranche un chemin à droite menant au Hutin. Ces deux voies sont reliées au sud par ce qui deviendra plus tard la rue de la Vigne. Le long du Chemin de Tourcoing, deux autres chemins forment un triangle.

Peu de constructions, au nombre desquelles plusieurs fermes, reconnaissables à leurs cours carrées. Elles forment deux hameaux le long de ces axes, celui des Couteaux et du Triez St Joseph. La cense plus importante est celle de Fontenoy, entourée d’eau (gage d’ancienneté). La famille Le Becque-Fontenoy qui la tient tout au long du 17ème siècle. L’un de ses membres, Philippe de Le Becque fut échevin et inhumé dans le chœur de l’église St Martin. La ferme est placée entre les rues de Tourcoing et Turgot, juste au sud de la rue Jacquart.

Les couteaux St Jposeph – 1805

En 1816, le fort St Joseph est construit sur le triangle le long de la rue Turgot. Il est contenu entre les chemins préexistants et un nouveau hameau apparaît au lieu-dit de la Basse masure, le long d’une voie reliant le chemin de Tourcoing à celui des couteaux, et qui deviendra plus tard la rue Basse-Masure.

plan cadastral 1826

Près de trente ans plus tard, en 1847 les constructions n’ont pas évolué. Seul, le croisement entre le chemin de Tourcoing et celui menant à la Basse-masure est-t-il désormais bordé de maisons. L’essentiel de la population est encore agricole, et le recensement de 1851 cite un certain nombre d’agriculteurs.

Mais de profondes transformations coïncident avec le percement du canal à la fin des années 1860 et l’arrivée des entreprises qui s’installent le long de la rue de Tourcoing, récemment tracée. On construit des logements pour les ouvriers, flamands pour la plupart. On construit une église et un couvent attenant pour les révérends pères des Recollets. Le quartier acquiert le caractère qu’on lui connaît encore.

Documents archives municipales

 

 

 

 

La ferme de Maufait

Située près du chemin de Lannoy, cette ferme était « Une des censes le plus considérables du pays » selon Th. Leuridan. Elle appartenait à l’origine aux seigneurs de Roubaix. Comme toutes les grosses fermes anciennes de Roubaix, elle est entourée d’un fossé. Celui-ci est alimenté par un ruisseau – le courant de Maufait – venant des Hauts champs et se jetant dans l’Espierre après avoir traversé le hameau des trois ponts. Ses vastes bâtiments enserrent une cour centrale. La cense est reliée par un chemin rectiligne qui se détache perpendiculairement de la rue de Lannoy. Les membres de la famille Lezaire l’exploitent au 17ème siècle. Elle appartient, au siècle suivant, à la famille Delcourt, dont on retrouve un représentant en la personne de Jean Baptiste Delcourt, né en 1761, époux de Marie Catherine Chombart, et qui exploite la ferme en 1820 avec ses cinq enfants et dix domestiques. Il en faut des bras pour un tel domaine !

Carte 1899

Le censier est signataire en 1830 de la pétition qui dénonce les différences de traitement entre les habitants du bourg et les fermiers des alentours, opposant Roubaix-ville et Roubaix campagne. On retrouve les Delcourt jusqu’au recensement de 1851 : Cette année là, le fils de Jean Baptiste, Théodore, tient la ferme, dont le propriétaire est alors un Bridé de la Grandville. Gustave Eugène de Gennes héritera ensuite du domaine, représentant alors 49 hectares, qu’il revendra en 1867 à Joseph Vincent Leconte-Baillon.

Les héritiers Leconte-Baillon constituent en 1900 une société chargée de vendre la propriété, exploitée depuis 1869 par Alexis-Joseph Pollet, né à Sainghin en Mélantois en 1820, époux de Marie Desquiens, moyennant un fermage de 8000 francs par an. La propriété est alors reprise par la ville qui accumule alors les terrains dans le quartier pour y réaliser des équipements collectifs, tel l’hôpital de la Fraternité. Elle rachètera également les terres de la ferme de l’Espierre, située non loin de là. Alexis Pollet va exploiter la ferme jusqu’en 1895, et décédera un an plus tard à Hem, où son fils Joseph Désiré a repris une ferme.

Un descendant des anciens censiers, M. Denis Lezaire, brasseur à Loos, a fait prendre par le photographe M. Brulois une série de clichés de la ferme.

La ferme

Le Journal de Roubaix, dans un article de 1910, relate la démolition de la ferme. L’article précise que La maison Devernay et Tiberghien, boulevard Beaurepaire, en est chargée. Elle mettra en vente les vieux matériaux. Une photo aérienne 1932 nous montre que la ferme est remplacée par des jardins, probablement ouvriers.

Photo IGN

On voit sur la photo que la rue de Maufait a été prolongée, mais elle ne recevra sa chaussée définitive entre la rue St Hubert et l’avenue Roger Salengro que dans les années d’après guerre, époque à laquelle on trace la rue Schumann (appelée à l’époque la rue Yolande). Les terrains sont mis à la disposition du CIL qui va y implanter les lotissements qu’on retrouve aujourd’hui.

Photo Delbecq
Photo Jpm

Le site où se situait la ferme près de cent ans plus tôt.

Les documents proviennent des archives municipales.

 

Travaux sur le pont

Le pont Saint Vincent d'autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx
Le pont Saint Vincent d’autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx

Depuis 1864, le pont Saint Vincent permettait de relier la rue Saint Vincent de Paul et la place de la Patrie, par-dessus la voie de chemin de fer. Nous évoquerons bientôt l’historique de sa création. Pour l’instant, nous allons aborder dans l’article présent sa modification, consécutive à la création de l’avenue des Nations Unies. Notons tout d’abord que le pont a pris le nom de la rue, qui lui fut antérieure de quelques années. Cent ans plus tard, le pont Saint Vincent, aux heures de pointe du matin, c’est 550 véhicules à l’heure dans un sens, 650 dans l’autre. Aux heures de pointe du soir, 800 dans un sens, 1.000 dans l’autre. Six kilomètres de bouchon, en moyenne.  

Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Eclair
Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Éclair

La réalisation d’une grande voie pénétrante entre Roubaix et Tourcoing est décidée en 1975, ce qui va entraîner un certain nombre de modifications, dont celle du pont.  Le Conseil Municipal du 16 novembre 1979 donne à la nouvelle avenue le nom de Nations-Unies. Au cours des années 1980 à 1983, les délibérations du Conseil Municipal sont abondamment marquées par les décisions prises pour le bon fonctionnement de la circulation dans cette nouvelle avenue. En Février 1982, le Pont Saint Vincent est coupé pour neuf mois, à cause des travaux pour mettre ce pont dans l’alignement de l’avenue des Nations Unies, et de la rue de Lorraine. On va également le rehausser pour permettre l’électrification de la ligne Lille Tourcoing.

Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Eclair
Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Éclair

Deux types de déviations mises en place : les éloignées et les rapprochées. Les éloignées, par les boulevards de Strasbourg, Metz, (Rx) des Couteaux, avenue Léon Jouhaux (Wos), pont et rue du Tilleul (Tg). Ou par les rue Carnot, de Roubaix (Tg) de Tourcoing, Collège, Grand rue (Rx). Les rapprochées : Gambetta (Tg) Alsace, Ouest, Mouvaux, Grand Chemin, ou Grand Chemin, Epeule, Arts, Boucher-de-Perthes, Mackellerie, Cuvier, Armentières, République. Après six mois de travaux, on a changé l’orientation du pont qui regarde à présent vers la rue d’Alsace (avant c’était la rue de Lorraine). On l’a aussi relevé de 80 centimètres pour permettre le passage de câbles.

L'élargissement du pont en 1983. Photos Nord Eclair
L’élargissement du pont en 1983. Photos Nord Éclair

Fin novembre, le Pont est rendu à la circulation, mais on n’en a pas fini avec lui. Il sera doublé en 1983, afin de passer les quatre voies de l’avenue des Nations Unies.

D’après l’histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs, le journal du Comité de Quartier Fresnoy-Mackellerie, Nord Éclair

 

La disparition du petit Degas

Quand le pôle ressource Laennec ouvre en décembre 2008, le « petit Degas » était encore debout à côté du « grand Degas ». Le « petit Degas », c’est-à-dire le plus petit des deux morceaux suite à la première ouverture du bâtiment Degas pour le passage du prolongement de la rue Marlot (voir article antérieur sur ce sujet dans le blog). Il a été progressivement vidé de tous ses locataires.

Le petit Degas en passe d’être démoli Coll Particulière

En 2009, on l’a détruit afin de construire de jolies maisons avec jardins et garages. Beaucoup de vieux et de beaux arbres ont disparu, mais la qualité de vie des habitants s’est beaucoup améliorée dans leurs nouveaux logements. Puis ce fut le tour de grand terrain de football de disparaître, afin d’y construire le même type de logements, rue Charles Pranard.

Les nouvelles maisons de la rue Degas Coll Particulière

Ensuite on a attaqué la démolition des entrées C et D du « grand Degas » afin d’ouvrir une percée vers l’avenue Motte. Il y a eu beaucoup de débats autour de cette trouée, suivant les souhaits des uns et des autres. Certains voulaient des parkings, d’autres des jardins potagers, et pire encore, on envisageait d’y faire passer une ligne de bus.

Le grand Degas avant Coll Particulière

La percée a été réalisée, ce qui aère l’espace de vie, et le projet de passage d’une ligne de bus a vu le jour, du côté de la rue Michelet.

Les nouvelles maisons rue Pranard Coll Particulière

Merci à Patricia pour le texte et les illustrations.

 

 

 

Evolution de l’école

L’école du Moulin, terminée en 1867, est amenée à évoluer : En 1876, on construit à l’arrière du terrain, sur la rue du Général Chanzy, un gymnase municipal et un stand de tir. Le gymnase est utilisé notamment par les sapeurs-pompiers qui y pratiquent des activités sportives.

Photo Jpm

 En 1885, le chef des sapeurs pompiers demande la libre disposition du jardin de l’école pour pouvoir compléter l’entraînement de ses hommes par des exercices d’incendie. En 1886, on installe provisoirement les cours de dessin de l’école nationale des arts industriels (hébergée à ce moment à l’institut turgot) dans des locaux inoccupés de l’école.

Puis l’école devient publique et les frères qui la dirigeaient sont remplacés par des instituteurs laïcs. M. Dazin en devient le directeur et fonde en 1887 l’amicale du Moulin. Celle-ci procède l’année suivante à la première distribution de vêtements aux élèves grâce à une donation de 150 franc or. Cette tradition s’est perpétuée jusque dans les années 50. En 1894 La municipalité décide la création d’une cantine pour les écoles des rues du Moulin et de Chanzy.

En 1903, M. Dazin se voit retirer son jardin qu’il cède à la ville contre un dédommagement de 400F. Au décès de M. Dazin, c’est M. Dhermes qui le remplace comme directeur et M. Seynave qui prend la présidence de l’amicale. En 1905 M.Thaisne succède à M.Dhermes. La présidence passe à Clovis Segard, qui gardera ce poste pendant 31 ans ! Les directeurs se succèdent : Mlle Harcqz en 1908, puis Mme Dumoulin, M. Taisne, Mlle Prum, Mme Doleans en 1932, Mme Despretz, Mlle Clochez et enfin M. Joly juste avant la guerre. Après la libération, M. Dumez prend la direction de l’école et M. Foelix la présidence de l’amicale. Ils sont remplacés par M. Renand-Bouchez qui dirige l’école et préside l’amicale. Celle-ci compte en 1952 260 membres. En 1955 l’adresse de l’école passe de la rue du Moulin à la rue du général Chanzy. L’entrée des élèves se fait dorénavant par une porte à côté du gymnase.

L’école, alors quasi centenaire, est rénovée en 1963. Un article de Nord Matin nous détaille les travaux : restauration des façades avec modification des fenêtres, galerie de desserte des classes, vestiaires, réfectoire installé dans un nouveau bâtiment, escalier de secours, réfection de la cour, du préau et des installations sanitaires, rénovation du chauffage et de l’éclairage…

Les travaux – Photo Nord Matin

 Le bâtiment donnant sur la rue du Moulin ne sert bientôt plus aux besoins scolaires. Il abrite désormais plusieurs locataires, et, à partir de 1965, au rez-de-chaussée s’installent au 34 les meubles Vanovermeir, qu’on retrouvera jusqu’en 1974.

Photo Jpm

 Le Gymnase accueille jusque dans les années 60 les activités de la société sportive « la Roubaisienne ». On trouve à la direction de l’école successivement MM. N.Bailleul, P.Delins, Cl. Drumez. Au début des années 2000 l’école ferme ses portes. Ses locaux abritent alors l’inspection académique. Pourtant, dans la deuxième partie des années 2000, une école maternelle s’y installe à nouveau. Elle s’y trouve toujours et perpétue une tradition vieille de près de 150 ans.

Photo Jpm