La rue du Caire débute rue de Cartigny et traverse les rues d’Oran et de Constantine. Elle mesure 670 mètres de long sur 12 de large. Elle nous permet d’avoir un regard sur l’évolution de l’urbanisme roubaisien. On trouve en effet trace sur son parcours de différents habitats qui se sont succédé au cours des années. Réalisée au début du vingtième siècle, la rue du Caire comportait plusieurs courées qui ont aujourd’hui été murées, la cour Bonnard Pollet au n°14 (12 maisons), la cour Larnou au n°9 (20 maisons) et la cour Cruquenaire au n°128 (4 maisons). Mais elle connut aussi des expériences intéressantes d’urbanisme. La cité Saint Henri, des numéros 96 à 110, est construite en 1894 et inaugurée le 2 décembre 1894. Réalisée sur un terrain offert par les fils d’Henri Dubar Ferrier (d’où le nom de la cité), elle avait pour ambition de proposer des logements répondant à leurs aspirations. La construction fut réalisée par une entreprise de Wattrelos, cela coûtait 2310 francs par maison, et la location était fixée à 14,50 francs par mois. A cette époque, un bon ouvrier tisserand gagnait de 3,50 francs à 4,50 francs par jour.
Citons aussi la série de maisons réalisée par la société anonyme Roubaisienne d’habitations ouvrières. Ces habitations sont reconnaissables à leur décrochement caractéristique. Victor Hache était le directeur de cette société, qui construisit notamment à Roubaix (avenue Linné, rue Michelet), à Wattrelos, et à Leers. Leur réalisation date des années vingt et ces maisons ont toujours fière allure.
Depuis 1965, le CIL de Roubaix Tourcoing a construit des dominos, qui sont des résidences pour personnes âgées. Les premiers dominos réalisés se trouvent dans le quartier de Beaumont à Hem derrière l’église Saint Paul, et rue du Caire à Roubaix. Cette cité des Dominos se situe entre les numéros 105 à 143. Elle représente un véritable îlot résidentiel qui porte à présent le nom du Béguinage du Bon Repos. Depuis il y en a eu d’autres, à Leers, Wattrelos, rue de Toul, à Toufflers, à Lys lez Lannoy et à Roubaix, comme le béguinage Marlot ou le béguinage Brossolette, dans la rue et près de la tour du même nom.
Enfin, un immeuble résidentiel du CIL existait au bout de la rue du Caire, édifié au cours des années soixante. Il est mentionné dans le Ravet-Anceau, et il possédait neuf entrées, réparties entre les n°188 et 230. Nous n’en avons pas retrouvé d’images, ni la date de sa démolition. Le témoignage de personnes y ayant résidé nous permettrait de savoir quelles étaient les conditions de vie de cet immeuble, quel était son état et ce qui a décidé de sa destruction. Aux dernières nouvelles, une mosquée serait bientôt construite sur son emplacement.
D’après l’Histoire des rue de Roubaix par les Flâneurs et les témoignages des participants de l’atelier mémoire
Elle reprend le tracé du très ancien chemin de Tourcoing, classé en première place dans le recensement préfectoral des chemins vicinaux pour Roubaix en 1823. Ce chemin y est décrit comme se terminant « près du cabaret de l’Union ». On le voit sur le plan cadastral du consulat passer à peu de distance de l’ancienne ferme du Fontenoy. Le cadastre de 1845 nous le montre partiellement construit, alors qu’on ne trouve pratiquement plus de terrains non bâtis dans celui de 1884 : Les entreprises se partagent la partie nord, proche du canal, et les maisons individuelles se cantonnent à la partie sud.
La viabilisation de l’ancien chemin prend très longtemps, en particulier dans sa partie nord : En 1863, une pétition est envoyée par les riverains. Ceux-ci demandent le pavage du tronçon situé entre la ferme Delcroix (au coin de l’actuelle rue Meyerbeer) et le lieu-dit l’Union, alors que la partie plus vers le centre de Roubaix est déjà pavée « depuis plusieurs années ».
Ce chemin était bordé de fossés à l’origine. Ceux-ci, au fur et à mesure des constructions, sont plus ou moins comblés, et l’écoulement des eaux se fait mal. Les riverains demandent la construction d’un aqueduc central en 1868, alors qu’on vient de tracer le canal qui forme désormais l’extrémité de la rue. Celle-ci est d’abord baptisée rue du Cul de Four, puis prend son nom définitif en 1871. Pourtant le pavage n’existe toujours pas partout ; il est défoncé et peu praticable là où il existe.
Dans les années 70, on se propose de porter la largeur de la rue à 12 mètres sur tout son parcours et on publie à cet effet un plan d’alignement. En attendant, les habitants se plaignent de « l’état d’insalubrité » de la rue, les fossés servant de « dépôts d’immondices de toutes espèces ». On vise notamment l’usine à gaz et l’entreprise Auguste Morel, qui y déverseraient leurs effluents. Pour faire avancer les choses, les riverains proposent en 1875, alors que va s’installer l’école de natation, de participer pour moitié aux frais d’installation de l’aqueduc, de poser les bordures de trottoir en suivant l’alignement, et à compléter le revêtement de la chaussée sur ses accotements.
Enfin, le service de voirie prépare un projet pour la construction de l’aqueduc en 1876. Les travaux sont mis en adjudication. M. Charles Larnou est chargé des travaux, qui sont finalement réceptionnés en 1884.
La rue est, dès le départ, très commerçante, en particulier dans sa partie sud. En 1895, pratiquement chaque rez de chaussée est un commerce, et on trouve en particulier de nombreux estaminets.
Par contre, le côté impair et la partie nord est dévolue aux entreprises: l’entreprise Morel (huiles et graisses), l’usine à gaz, et, près du canal, le peignage de l’Union, installé de chaque côté de la rue. Cette usine restera dans le domaine du textile, même si l’enseigne change ensuite : filature, puis retorderie et enfin bonneterie.
Cette rue a abrité également un école de garçons, dont le bâtiment, reconverti ensuite, existe encore aujourd’hui, et l’école de natation, qui, alimentée par les eaux du canal, a fermé ses portes à l’ouverture de la piscine de la rue des Champs.
Sur la photo aérienne, nous retrouvons notre rue limitée en bas à gauche par le quai de Gand et en haut à droite par la rue St Vincent. On voit que, du côté pair les installations industrielles prédominent, dont l’usine à gaz et ses réservoirs.
Mais la rue a subi une transformation complète dans la dernière partie du 20ème siècle : pratiquement toutes les constructions sont démolies pour être remplacées par des bâtiments modernes, certains terrains restant encore pour l’instant en friche. On a peine à retrouver des traces du passé de cette rue…
A la fin des années 20, le logement reste un problème à Roubaix. Les constructions, arrêtées entre 1914 et 1922 accusent un sérieux déficit. La population continue à augmenter et les taudis abondent. Le journal de Roubaix, en 1925, s’inquiète de cette crise du logement, et présente les premières réalisations de l’office municipal d’habitations à bon marché, maisons individuelles et immeubles collectifs.
Mais d’autres organismes se préoccupent également de ce problème et notamment la Maison Roubaisienne, société anonyme coopérative d’habitations à bon marché, dont le siège est situé 3 rue de l’hôtel de ville, propose à la ville un projet de lotissement sur une superficie de 1 hectare 95 situé derrière l’usine de velours Motte-Bossut. Ces terrains, limités par les rues Leconte-Baillon (qui prendra à cet endroit le nom de Jean-Jacques Rousseau, Beurnonville (future rue Emile Zola), Jules Michelet et du Chemin vert, appartiennent pour une bonne part aux consorts Descats, eux-mêmes héritiers Leconte-Baillon. Le lotisseur prévoit la vente de ces maisons individuelles aux acquéreurs : Monsieur Hache, le directeur de cet organisme, écrit en 1929 à la mairie que ces immeubles « sont destinés à devenir la propriété d’un certain nombre de mutilés et de fonctionnaires… ».
Dès 1928 la société, par la voix de son directeur, demande, prévoyant le drainage du quartier, l’autorisation de construire un aqueduc rue de Beurnonville à partir de la rue de Lannoy, puis la participation de la ville pour financer ces travaux. La rue de Beurnonville est alors une voie particulière, à peine tracée, puisque la société demande l’alignement à suivre pour creuser l’aqueduc.
Plusieurs types de maisons sont prévus, dont la taille et l’aspect diffèrent :Les alignements sont constitués de maisons de type E. à 1 étage (2 chambres) ou 2 étages (3 chambres). Leur plan est très classique : au rez de chaussée, un couloir latéral empiétant sur une première pièce (salon) ; puis, une pièce plus grande avec l’escalier placé dans l’alignement du couloir. Au fond une cuisine, précédant les Wc et une salle de bains. Le long de la cuisine, une cour. Au premier, deux chambres. Au second, lorsqu’il existe, une chambre supplémentaire et un grenier. Le Wc ouvre sur la cour, suivant la réglementation de l’époque.
Plan et coupe d’une maison de type E à deux étages.
Ces maisons ont soit une, soit deux fenêtres au premier, selon le sous-type pour celles à un seul étage. Celles à deux étages n’ont toujours qu’une seule fenêtre :
A l’extrémité de ces alignements, on trouve parfois des maisons au toit à trois pentes de type C. Elles sont plus vastes que les autres, la porte centrale étant encadrée de deux fenêtres. On peut les trouver également combinées par blocs de deux. Ce type offre trois chambres à l’étage, dont une très grande. Ici, le Wc est placé à l’intérieur, dans la salle de bains :
Mais l’extrémité des alignements est le plus souvent constituée d’un type A, dont l’entrée forme un décrochement, type qu’on rencontre aussi assez souvent combiné par blocs de deux. Ce type de maison présente deux variantes, l’une présentant des murs de brique, l’autre revêtue de ciment.
Le second type présente également des différences en ce qui concerne les fenêtres, celle du rez-de chaussée est décalée vers le pan coupé et se prolonge sur celui-ci par une fenêtre supplémentaire.
Ce type offre un espace appréciable, une grande salle commune séparée par des portes battantes d’un salon sur la rue, un vestiaire, une salle de bains et une cuisine au rez de chaussée, trois chambres à l’étage. Le Wc est à l’extérieur, derrière la maison.
Les travaux de viabilisation faits, la société se préoccupe de bâtir. En 1929, elle dépose un premier dossier pour la construction de 60 maisons. Le directeur des travaux municipaux donne un avis favorable et prévoit de revêtir les chaussées de Tarmacadam. Le conseil municipal accepte la construction et M. Gaston Duburcq, rue Inkerman est nommé commissaire-enquêteur pour mener l’enquête commodo et incommodo.
L’année 1930 voit aboutir à la mairie une autre demande pour la construction de 2 maisons type A1 rue de Beurnonville, ainsi que celle de 26 maisons rue Leconte-Baillon (J.J. Rousseau) : 3 type A1, 11 type E3, 6 type E2, 6 type E1. L’année suivante, la société envoie un dossier de construction pour 37 autres maisons rues de Beurnonville et d’Epinoy, comprenant 3 type C, 3 type A1, 4type E1 et 27 type E3. Toujours la même année, une demande complémentaire pour 78 maisons supplémentaires rue d’Epinoy et Zola, « ayant obtenu un nouveau prêt de la caisse des dépôts… ».
Elle dépose enfin en 1935 un dossier pour la construction de 15 maisons dans les rues Michelet et Zola, comprenant 6 type A1 et 9 type E3.
La consultation d’un Ravet-Anceau d’avant-guerre nous indique une population modeste avec en majorité, des employés (34 % et ouvriers (19%), un nombre important de fonctionnaires (17,5%), dont un nombre significatif d’agents de police, quelques commerçants et quelques retraités.
Si les fonctionnaires ne constituent pas la majorité des habitants, cet opuscule n’indiquant pas l’état de santé de la population, il est difficile d’assurer que les mutilés qu’avait prévus la Maison Roubaisienne sont bien présents en nombre significatif dans le lotissement…
Les documents proviennent des archives municipales.
Depuis plusieurs années, le Pont du Carihem qui date de 1973, est déclaré en grand péril. De nombreuses fissures sont apparues à cause d’un mouvement des murs de soutènement. Il faut agir, il en va de la sécurité de la circulation et de celle des riverains. Le pont est atteint du cancer du béton, réaction chimique entre cailloux et ciment. Le Pont du Carihem peut être sauvé, mais il faut reconstruire une partie des murs de soutènement et effectuer quelques réparations. Les remblais sont également en cause, car ils sont constitués d’un matériau expérimental constitué de résidus de soufre venant des Ets Kuhlmann, après une étude « positive » de la Direction départementale de l’Equipement. Ils devront être intégralement remplacés, ainsi que la chaussée. Ce qui va donner au chantier une durée approximative de huit mois.
En mars 1988, la décision a été prise à la Communauté Urbaine d’effectuer des travaux. Cela coutera 7 millions de francs. Le temps d’une délibération du conseil municipal, de son retour de la préfecture, de lancer les appels d’offre…ce n’est qu’au mois de septembre 1989 que les marteaux piqueurs entrent en action.
En mars 1990, on est encore loin de la fin du chantier. Les garages Toyota et Citroen installés dans l’immédiate proximité du pont, protestent et menacent de ne plus payer leur taxe professionnelle. Depuis ces travaux, la voie se termine en cul de sac ! Les garages ne sont plus accessibles. Pétitions au maire, qui n’en peut mais, car c’est la CUDL qui est en retard : l’évacuation des remblais (12.000 m3) lesquels contiennent du chlorate de soude, nécessite des précautions et des aménagements. Un terrain appartenant à la société Rhône Poulenc à Wattrelos va accueillir ces remblais, selon le principe du retour à l’envoyeur. Cela a donné l’impression que le chantier s’est arrêté, mais il va reprendre, assure la CUDL, et tout sera terminé en septembre.
En septembre 1990, soit un an après le début des travaux, et deux ans et demi après la décision, le chantier est terminé. On aura donc réparé l’ouvrage d’art en substituant le matériau expérimental par un remblai physiquement et chimiquement stable, avec dispositif d’étanchéité et système de drainage. On a ensuite procédé au remplacement des appareils d’appui du tablier et à la reconstruction des murs garde-grève. Le profil du pont a été modifié, il est désormais en travers de la route ce qui permet d’élargir le trottoir du côté du lycée. Les automobilistes peuvent à ce moment emprunter un nouveau pont, dont la double voie est aujourd’hui réduite à une seule. Mais ceci est une autre histoire.
En 1867 le chemin qui va de la rue de Mouvaux vers le hameau de l’Allumette par la cité Cordonnier prend le nom de rue du Luxembourg. Le plan cadastral de 1884 nous la montre, bâtie dans sa première partie avec une rangée de maisons ininterrompue sur la droite, entre les rues de Mouvaux et Boucher de Perthes. A gauche, quelques maisons et les établissements Cordonnier donnant également sur la rue de Mouvaux. Tout le quartier semble appartenir aux Cordonnier, car on retrouve ce nom tout au long de la rue : elle traverse ensuite des terrains appartenant à la famille, et n’est plus bâtie avant d’arriver au niveau de la rue de Béthune. Elle aboutit enfin dans les champs après avoir côtoyé à droite la cité et à gauche la cour portant ce même nom.
Plan cadastral 1884
Plan cadastral 1884
1889 voit un projet de redressement et d’élargissement de la rue. Les riverains consentent à céder le terrain nécessaire au tracé de la rue sur 12 mètres de large, ainsi qu’à participer financièrement à la construction de l’aqueduc et de la chaussée pavée sur 7 mètres. Une première tranche des travaux est mise en adjudication en 1895, car cette rue est pleine de « cloaques infects ». Mais elle n’est viabilisée qu’en 1898. Le préfet prend l’arrêté de classement l’année suivante.
Plan voirie 1894
Plan voirie 1894
A partir de 1898 vont être signées des pétitions successives à l’initiative des propriétaires : ils veulent prolonger la rue morceau par morceau, jusqu’à ce qu’elle atteigne la cour de la gare de débord de l’Allumette, projetée en 1908, dont elle sera l’accès principal. Ses différentes parties seront pavées et viabilisées les unes après les autres, tronçon par tronçon. La réception définitive de la dernière tranche des travaux, réalisés par l’entreprise Jules Desplanques a finalement lieu en 1910. Il aura fallu bien longtemps pour réaliser cette rue !
Mais l’alignement n’est toujours pas définitif, et il faut finalement attendre 1942 pour que cesse une anomalie : on se préoccupe de récupérer des terrains qui empiètent sur l’alignement défini pourtant en 1901 ! Sur ces terrains, propriétés de M. Bouillet-Poulet, brasseur à Tourcoing pour le premier, de M. Dhédennes boucher rue de Mouvaux pour le deuxième et des établissements Vandamme et Dubois, pour le troisième, se trouvent des immeubles. Le premier est le café vétuste de M. Patrolin, le deuxième est provisoire, le troisième menace de ruine. La municipalité entrevoit la possibilité de terminer l’élargissement de la rue, encore rétrécie à cet endroit. Expropriation et accords amiables sont utilisés pour réaliser l’opération, et les immeubles sont enfin démolis, mettant un point final à la réalisation de cette rue.
Plan de 1942
Plan de 1942
Les documents proviennent des archives municipales.
Partant de la route de Lannoy à son extrémité roubaisienne, un chemin suit depuis toujours la limite entre Roubaix et Lys, puis entre Roubaix et Hem. On l’appelle le chemin vert. Après avoir contourné la ferme des Hauts Champs, il vient rejoindre le chemin n°9 à hauteur de l’actuelle rue Brossolette.
Plan cadastral 1926
En 1903, son extrémité proche de la rue de Lannoy est encore un chemin de terre dénommé rue verte. Il part du carrefour de la Justice et aboutit dans les champs après avoir dépassé la rue Leconte-Baillon, qui a pris ensuite le nom de Jean-Jacques Rousseau à son extrémité. A cette époque, le chemin est bordé en partie de constructions et sa largeur est de 10 mètres. La limite entre les deux communes passe par l’axe du chemin, qui porte deux noms, rue Catinat côté Lys et rue verte pour sa moitié roubaisienne.
La commune de Lys propose cette même année de paver la rue sur 270 mètres avec une largeur de 6 mètres à parts égales avec Roubaix. Lys ne demanderait pas de participation financière des riverains, à la différence de Roubaix, qui a cette habitude. Par contre, Roubaix qui souhaiterait que le pavage soit posé sur 8 mètres de largeur.
Finalement, les deux municipalités n’arrivant pas à se mettre d’accord, la rue n’est pavée que sur sa moitié lyssoise. Du côté roubaisien, elle doit se contenter d’un revêtement de scories. Ce n’est finalement qu’en 1957 que les deux villes s’accordent, et La Voix du Nord nous montre les travaux en cours pour revêtir cette chaussée. Notez en arrière-plan la fabrique de tapis.
Photo La Voix du Nord 1957
Une importante entreprise, la briqueterie Delcourt, vient s’installer très tôt à l’extrémité et dans l’alignement de la rue du chemin vert, ainsi qu’une usine textile côté Lys, la manufacture française de tapis et couvertures. D’autre part, la teinturerie de la Justice se trouve côté Roubaix entre les rues de Lannoy et Jean-Jacques Rousseau. Elle finit, à force d’extensions à englober les constructions jusqu’au coin et à s’étendre dans la rue Jean Jacques Rousseau.
Une photo de 1950 nous montre que l’entreprise de tapis s’est agrandie en traversant la rue avec des bâtiments du côté roubaisien.
Photo IGN 1950
Ces bâtiments existent encore de nos jours, à la différence de la partie lyssoise qui a disparu pour faire place récemment à un lotissement. La briqueterie disparaîtra elle aussi au début des années 60 pour céder la place à de grands ensembles constituant aujourd’hui le quartier des Hauts-Champs. Seule a survécu la teinturerie, qui exerce encore son activité aujourd’hui.
La teinturerie et l’extension de l’usine de tapis – photos Jpm
Parallèlement aux entreprises la rue comptait plusieurs débits de boisson dont deux sur Roubaix. Le premier, situé au coin de la rue de Lannoy est devenu le PMU de la Justice ; l’autre, au coin de la rue Jean-Jacques Rousseau avait pour enseigne le café des Archers. Il a disparu, englobé par la teinturerie de la Justice.
Le café des archers, en 1945 et aujourd’hui – Photos coll. Particulière et Jpm
Les autres documents proviennent des archives municipales
Les roubaisiens connaissent le grand immeuble qui surplombe Mac Arthur Glen : c’est l’Os à moelle, surnom du à sa forme, encore appelé le H13, de sa dénomination technique liée à ses treize étages, et également connu sous le nom de Résidence des Tuileries, appellation liée à son implantation sur l’ancienne rue qui portait ce nom. Cette gigantesque barre a été construite à partir de 1966, par l’architecte Guillaume Gillet. Elle cumulait de grandes innovations pour l’époque : plus de trois cents appartements, des ascenseurs, l’eau chaude, les équipements électriques.
Vingt ans plus tard, alors que la résidence universitaire de la rue des Halles est en construction, on sait déjà qu’elle ne suffira pas pour accueillir les 1700 étudiants de LEA. La ville de Roubaix et le CIL élaborent alors le projet de transformer une entrée complète de l’Os à moelle en résidence universitaire. C’est donc 112 chambres et 25 studios avec des cuisines communes qui seront proposés aux étudiants pour la rentrée d’octobre 1988.
C’est en novembre 1988 que le maire André Diligent inaugure la nouvelle résidence universitaire des Tuileries, en présence de M. Pierre Sander, président du CIL. Les appartements ont été tapissés, peints et meublés en cinq mois, et les 130 chambres sont déjà toutes occupées, une liste d’attente a même été mise en place.
Cette résidence est idéalement située : à proximité de l’IUT, à deux pas du centre et immédiatement à côté du restaurant universitaire, qui se trouve dans le centre commercial Roubaix 2000. Si la configuration des lieux a changé depuis, le H13 s’élève toujours au même endroit, et la résidence des Tuileries au 23 de la rue Winston Churchill, désormais gérée par Vilogia, propose toujours aux étudiants des appartements meublés d’une surface de 32 m².
En octobre 1980, dans le quartier des Trois ponts, on pose la première pierre d’un foyer logement pour personnes âgées dont l’ouverture est annoncée pour la fin de l’année 1981. Le maire, Pierre Prouvost, procède à l’opération, entouré de M. Naeye, directeur départemental des HLM et de M. Patrick Kanner, alors directeur du centre d’action sociale.
C’est le septième foyer logement pour personnes âgées de la ville de Roubaix et il se situe à l’angle de la rue d’Anzin et de la rue Brame. Œuvre de l’architecte Gilles Neveux, c’est un immeuble en L à cinq niveaux. Au rez-de-chaussée se trouvent l’accueil, les salles de télévision, le fumoir, la salle à manger, la cuisine et divers locaux communs. Quatre-vingts logements sont répartis dans les quatre étages, et chacun d’eux dispose d’un balcon. M. Neveux donne toutes les explications nécessaires lors du vin d’honneur qui est servi dans les locaux du centre social des Trois Ponts. M. Naeye, pour l’office départemental des HLM, explique la longue gestation du projet : plus de deux ans pour qu’il aboutisse ! Le nouveau foyer coûtera 1,66 milliards de centimes (de l’époque, l’euro n’existe pas encore). Le Conseil Général s’associe au projet de financement.
A cette époque, la ville compte 15.000 personnes de plus de 65 ans. Pierre Prouvost rappelle les efforts importants faits dans le domaine du maintien à domicile, de l’extension de la politique des foyers logements, du logement individuel et évoque des projets de réhabilitation d’un habitat destiné au troisième âge. Animation et restauration accompagnent ces efforts. Le foyer de la rue d’Anzin pourra accueillir 1.300 repas par jour. La subvention municipale au CAS est d’un milliard de centimes.
Le samedi 18 septembre 1982, la résidence des Trois Ponts est officiellement inaugurée, et on vante la qualité de ses équipements : jardin d’hiver, salle de jeux, restaurant de cent convives, isolation thermique et acoustique des appartements, alarme de détresse dans chaque. Un conseil de gestion réunit les résidents, le club du 3eme âge, le personnel de la résidence, le centre d’action sociale, le centre social du quartier ? On raconte qu’André Diligent vint régulièrement y manger le lundi midi.
Vingt ans plus tard, la population roubaisienne s’est-elle rajeunie, toujours est-il que le foyer-logement ne fait plus le plein de résidents. Les dernières personnes âgées (CCAS) quittent peu à peu l’établissement. On tente de le reconvertir : une association douaisienne de personnes handicapées occupe les lieux jusqu’en 2008, le temps d’une opération tiroir. Plusieurs projets de « recyclage » du bâtiment sont étudiés, mais l’immeuble ayant été conçu pour les personnes âgées est peu facilement transformable, et cela entraînerait des coûts trop élevés.
En novembre 2012, un marché de travaux est lancé portant sur des travaux de désamiantage, déconstruction et de démolition du Foyer de la rue d’Anzin, dont se chargera une entreprise d’Haubourdin. Sa démolition s’est terminée en octobre 2013.
Merci à Gérard et Jacky pour les informations complémentaires
Le projet bouclé, les travaux de nivellement et de plantation effectués, la réception définitive prononcée, des bâtiments ne vont pas tarder à s’élever, cependant que la place prend son aspect définitif : on revêt en 1911 de graviers le terre-plein de la place, jusque là recouvert de scories.
Les chaussées de la place, simplement empierrées, sont pavées, puis revêtues de tar-macadam (orthographe de l’époque) en 1955.
Ces chaussées accueillent les rails de deux lignes de tramway. La première – depuis 1905 – la ligne ligne I puis DI (place de Roubaix-boulevard de Fourmies) qui, venue de la rue Jules Guesde et contournant l’église par la gauche, s’engageait dans la rue de Larochefoucault, contournait la place par la gauche, et prenait ensuite la boulevard de Fourmies. La seconde, à partir de 1908 (Roubaix Hem), qui, venue par la rue du Moulin, longeait l’église par la droite, et empruntant le boulevard du Cateau, arrivait à la place, qu’elle contournait par la droite, avant de s’engager dans la rue Henri-Regnault.
Un poste de distribution électrique, dit « poste de coupure », appartenant à la société roubaisienne d’éclairage par le gaz et l’électricité, émanation de la société Lilloise l’énergie électrique du Nord de la France, est très tôt implanté sur la place. Celui-ci, peu à sa place à cet endroit, et « à la suite de réclamations nombreuses », devrait être démoli par l’entreprise Gérard Vandemergèle en 1908, et reconstruit par ses soins rue de Larochefoucault sur un terrain acheté par la ville à M. Durot, qui l’avait lui-même acquis auprès de la société Lemaire et Lefebvre. Cette entreprise a construit tous les postes de distribution implantés jusque là. Cependant, ce déplacement ne se réalise que beaucoup plus tard, en 1926. Cette année là, la société « l’énergie électrique du Nord de la France » rachète à la ville le terrain de la rue Larochefoucault pour y implanter son poste de distribution..
Dès la fin des années 20, s’élèvent des protestations contre le fait que la place soit utilisée comme lieu d’apprentissage pour les conducteurs et de passage du diplôme du permis de conduire. Une pétition, datée de 1930, proteste contre les dangers que présentent les manœuvres des candidats (y avait-il déjà des auto-écoles?). Le commissaire de police témoigne de nombreux accidents matériels, sur la place, mais aussi au rond-point au carrefour de la rue Ingres et du boulevard de Lyon. On réclame de faire passer les permis dans des endroits peu fréquentés. Ceux-ci étant de moins en moins nombreux, le centre d’examen va demeurer à cet endroit encore de nombreuses années et jusque bien après la guerre ! Le commissaire de police sera plus tard aux premières loges pour constater les inconvénients de cet état de choses, puisque le commissariat du 4ème arrondissement s’installe au milieu des années 50 justement sur la place, au numéro 14…
Les documents proviennent des archives municipales.
Situé au point de rencontre du chemin vicinal numéro 9 d’Hem à Wattrelos (futures rues de Charleroi et d’Anzin), des chemins vicinaux numéro 10 du pont du Galon d’eau au chemin n°9 (future rue Beaumarchais) et numéro 15 de Roubaix à Leers (future rue de Tournai) ainsi que du chemin de Courcelles, du chemin de Lannoy aux trois Ponts (future rue Victor Hugo), le hameau des trois Ponts est un lieu de transit très fréquenté. Le point de passage obligé entre tous ces chemins, bordé d’une extrémité à l’autre par un ruisseau, le riez des trois Ponts, prendra le nom de rue des Trois Ponts en 1893, bien qu’on trouve déjà mention de ce nom dans un acte notarié de 1888.
L’importance de la circulation nécessite des aménagements et les riverains ne manquent pas de pétitionner pour obtenir le pavage et l’élargissement du chemin, quitte à abandonner gratuitement à la ville le terrain nécessaire. La ville complète en 1867 le projet par des aqueducs traversant les chemins près du carrefour de la ferme Lebrun pour renvoyer les eaux du riez sur le côté droit du chemin et lui faire traverser le chemin n°15 à l’autre extrémité. Jules Desplanques, entrepreneur, s’engage à réaliser les aqueducs.
Une autre pétition de 1876 réclament l’installation de quelques lanternes à huile pour assurer l’éclairage du hameau. Mais un problème récurrent apparaît, celui de l’évacuation des eaux pour cette partie basse de Roubaix. En 1879, pour faire face aux nombreuses inondations qui se produisent dans le village, l’ingénieur en chef des ponts et chaussées préconise la construction d’un aqueduc central sous la chaussée, permettant la suppression du fossé latéral, qui rétrécit la rue et est qualifié de dangereux et d’insalubre. Mais on continue à élargir la rue, parfois au détriment des bâtiments existant antérieurement, comme la ferme Lebrun, frappée d’alignement en 1900.
Cette rue semble très commerçante. On y trouve, selon le Ravet Anceau de 1895, outre la ferme Lebrun au n°2, et les fermes Delannoy, Desprez, Loridan, et Tiers, non numérotées, au 1 l’estaminet des trois Ponts, seule construction côté gauche, au 10 un marchand de chaussures, au 12, un commerce de fruits et légumes, un épicier au 18, un charcutier au 26, et un autre estaminet A l’av(enir?) des Trois Ponts. A partir de 1925, deux autres maisons s’installent au 3 et au 5 du côté impair, puis une troisième au 9 en 1930. Des jardins s’étendent sur le reste de la rue du côté gauche. Au 3 s’ouvrira une crèmerie en 1935.
Le Journal de Roubaix fait état, dans une édition de 1931 d’une importante inondation due au vieux riez, insuffisamment profond entre la rue des trois ponts et l’Espierre pour évacuer les pluies importantes cette année là. Toutes les maisons sont envahies par l’eau et la ferme Lebrun est ravagée.
La rue n’évoluera plus durant de nombreuses années, et une photo aérienne de 1953 nous la montre inchangée. Pourtant, les années 60 voient la naissance d’un vaste projet d’urbanisation du quartier qui va rapidement se transformer de fond en comble.
On voit que dès 1962 les bâtiments « techniques » de la ferme Lebrun disparaissent. Seul demeure celui constituant l’habitation. Puis, en 1965 ont disparu les maisons du côté impair, et une propriété côté droit. L’année suivant, c’est presque l’ensemble des constructions qui ont disparu. Cinq ans plus tard, des immeubles neufs ont pris la place des anciennes maisons de cette rue, rayée de la voirie Roubaisienne.
Les documents proviennent des archives municipales