La fondation César Parent

C’est durant la 2ème partie du 19ème siècle que César Parent fait construire un établissement de bienfaisance, au 417 et 417 bis rue Jules Guesde, sur le territoire de la commune de Hem, à la limite de Lannoy, faute de place suffisante pour un tel édifice dans sa commune de Lannoy.

César Parent est le fondateur de l’ensemble textile Parent Monfort, puis Albert Parent, puis Parent Bétremieux, ensemble textile comprenant des tissages et filatures à Hem, Lannoy, Lys-lez-Lannoy et Bailleul, avec création des Ets Parent Monfort en 1821. A l’origine, l’entreprise ne possède que des métiers à main. La construction des établissement de Lannoy a lieu vers 1865.

Carte publicitaire des Ets Albert Parent (Fils de César) (Document collection privée)

César Parent, par ailleurs maire de la ville de Lannoy, a un fils qui est délaissé par sa fiancée à quelques jours du mariage. Il a également une fille qui fait partie de l’ordre des religieuses de l’enfant Jésus. Désireux de venir en aide à cet ordre César décide donc d’utiliser la dot de la future mariée disparue pour financer un édifice qui fera office d’hospice.

Mr César Parent et les religieuses de l’ordre de l’Enfant Jésus (Document Historihem)

La fondation César Parent, inaugurée en 1879, a donc pour objet d’accueillir les anciens : 10 personnes dans un 1er temps ; elle est gérée par des religieuse de l’ordre de l’Enfant Jésus. C’est un édifice à un étage composé de deux parties, de 16 et de 6 travées, séparées par une chapelle, perpendiculaire à son axe. Celle-ci est surmontée d’un campanile et porte une statue de saint Joseph sur le pignon. Les murs sont en brique et pierre de taille. Couvert de tuiles flamandes, l’édifice est agrandi en 1890 et 1903.

L’hospice (Document collection privée)

A l’époque, il n’y a pas de retraite et l’aide publique est très réduite. Il faut donc tenir serrés les cordons de la bourse et chaque résident apporte sa modeste contribution : les hommes assurent les petits travaux et les femmes rendent service à la buanderie et au raccommodage. Mais l’essentiel du fonctionnement de l’hospice et sa gestion repose sur les religieuses.

Parmi les sœurs dévouées qui se sont consacrées au fonctionnement de l’hospice on peut en citer une : née en 1887, entrée en religion chez les sœurs de l’enfant Jésus sous le nom de Soeur Irénée-Joseph, et au service des pensionnaires de l’Hospice dès 1916 en tant qu’infirmière cuisinière, Marie-Angèle Deman se voit décerner en 1958 le titre de chevalier de la Santé Publique, puis la médaille d’honneur de vermeil départementale et communale, en 1963, pour ses 35 années de service et de dévouement en faveur des pensionnaires de l’établissement, au cours d’une manifestation présidée par Arthur Dupire, maire de Lannoy.

Soeur Irénée-Joseph (Document Historihem)

L’époque des 2 guerres est particulièrement difficile. Cependant jamais l’hospice ne ferme ses portes. Après-guerre, le matériel est à la limite de l’usure mais les demandes d’hébergement sont de plus en plus nombreuses, l’ « Hospice de Lannoy » étant alors le seul établissement du genre. Pour gagner de l’espace on s’attaque alors aux greniers , transformés avec les moyens du bord, pour aménager des chambres sous les combles. Mais les conditions restent sommaires et indignes de nos aînés du propre aveu du maire de la ville.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1967, soit près de 100 ans après son inauguration, au moment où l’hospice accueille 110 personnes (alors que 4 ans plus tôt elles n’étaient que 68) qu’ont lieu les 1ers travaux de rénovation d’envergure dans le bâtiment.

Dans les années 60, la laverie située à l’entresol est impressionnante et bien équipée et la bibliothèque est garnie de 2.000 volumes grâce à la mairie de Lannoy et à l’Union des Commerçants.

Vues de la porte d’accès des fournisseurs rue de la Lèverie et vue du jardin en façade (Documents Historihem)
La laverie et la bibliothèque (Documents Historihem)

Mais il faut néanmoins agrandir afin d’accueillir plus encore de pensionnaires et des chambres sont ainsi aménagées au second étage dans la partie mansardée du bâtiment ainsi que des salles de bain et cabinets de toilettes, au prix de travaux très importants comme on peut le constater sur les photos avant/après de l’époque.

Photos avant/après du 2ème étage (Documents Historihem)
Photos des salles de restauration et salons (Documents Historihem)
Allocution des maires de Lys, Mr Desmulliez, et de Lannoy, Mr Echevin, et photo des officiels sur le perron de l’établissement (Documents Historihem)

A cette époque cela fait plus de 10 ans que les sœurs, autrefois en charge de la totalité des tâches à accomplir laissent peu à peu la place au personnel civil aussi bien en cuisine que pour les soins. Ainsi, le 1er agent civil, Mme Inghels, est recruté en 1955 car les religieuses, touchées par l’âge, ne peuvent plus assumer seules tous les services et les résidents sont plus nombreux et en moins bonne santé car plus âgés.

Photos du personnel en 1966 (Documents Historihem)

Puis 2 ans plus tard c’est au tour de la cuisine et d’autres chambres d’être rénovées, d’anciens dortoirs laissant place à des chambres accueillant moins de pensionnaires. Il faut en effet aménager des chambres individuelles regroupées par unités de 25 personnes. Un nouvel office est également installé pour le personnel et les sanitaires sont rénovés et modernisés.

Réfection des cuisines en 1969 (Documents Historihem)
Nouvel office et réfection des chambres en 1969 (Documents Historihem)

Puis après tous ces travaux de rénovation intérieure, une mise aux normes de sécurité s’impose et en 1971 4 escaliers de secours sont installés sur la façade arrière du bâtiment abritant l’ancien hospice devenu maison de retraite 10 ans plus tôt par arrêté ministériel, afin d’assurer l’évacuation des pensionnaires en cas d’incendie. Ces escaliers desservent les 1er et 2ème étages à chaque aile du bâtiment.

Les 4 escaliers de secours sur la façade arrière (Document Nord-Eclair)

En 1975, c’est l’heure de la retraite pour Mme Inghels, 1er agent civil, en service depuis 20 ans. Le personnel au complet assiste à la cérémonie organisée en son honneur quelques mois après son départ en présence de Mr Guelle, directeur de la maison de retraite, du Docteur Yersin, médecin de l’établissement et de Mr Echevin, maire de Lannoy et président du conseil d’administration de la maison de retraite.

Départ en retraite de Mme Inghels (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Prouvost assurances

Pierre Prouvost s’installe agent d’assurances au début des années 1920, au 17 rue Jules Deregnaucourt. Pendant une trentaine d’années, Pierre prospecte des clients, développe son agence et embauche du personnel et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

document collection privée

A la fin des années 1950, le manque de place se fait cruellement sentir. Il faut donc songer à trouver rapidement des locaux plus spacieux. Pour garder sa clientèle d’assurés, il est impératif que les nouveaux bureaux soient le plus près possible de son ancienne étude. L’occasion se présente, lorsqu’à la fin des années 1950, le commerce de tissus de C. Delescluse et J. Dendoncker, situé au 10 place des Martyrs de la Résistance, se libère.

le 10 place des martyrs ( document archives municipales )
Plan du rez de chaussée ( document J. et V. Lepers )

C’est un immeuble cossu composé de quatre niveaux. Le rez de chaussée, le 1° et une partie du 2° étage sont réservés aux bureaux. La concierge, Mme Dejaegher réside dans l’autre partie du 2° étage et au 3° sous les toits. Face au développement important de son cabinet d’assurances, Pierre, au début des années 1960, recrute son fils Bernard ( un des 7 enfants du couple ) pour l’aider à gérer son agence. Ils deviennent ensuite associés.

Publicité Pierre et Bernard ( document J. Lepers )

Sur la photo ci-dessous, se trouvent l’accueil, à l’entrée des bureaux du rez de chaussée, et au fond, les bureaux de Mrs Prouvost. A l’époque, les secrétaires, toujours vêtues d’une blouse blanche immaculée, utilisent encore des anciennes machines à écrire Japy ou Olivetti.

Photo accueil ( document J. Lepers )

Pour l’administratif, c’est encore, à l’époque, le domaine du papier : les classeurs sont empilés et les documents classés dans les meubles métalliques fixés au mur.

( document J. Lepers )

Pierre et Bernard Prouvost travaillent avec de très nombreuses compagnies d’assurances dont les principales sont : Nationale Suisse à Bâle, Europe à Paris, Railways et Verspieren à Roubaix, DAS au Mans . . . ce qui leur permet de proposer ainsi des contrats d’assurances dans toutes les branches d’activités.

( document J. Lepers )

En 1966, Marie Verschaeve, une des employées prend sa retraite. C’est l’occasion de prendre une photographie d’un partie de l’équipe composée essentiellement de personnel féminin.

Sur la photo, à gauche : Bernard Prouvost et son épouse Charlotte née Wibaux, au centre Marie Verschaeve, puis à droite Pierre Prouvost et son épouse Marie née Outters.

Le départ en retraite de Marie Verschaeve ( document J. Lepers )

Le premier homme recruté par la direction est Mr Buyle qui prend les fonctions de chef de service de la mécanographie. Le second est Jean Rousseau qui a fait des études de droit, et qui prend en charge le service des sinistres auto.

Jean Rousseau et son équipe ( document J. Lepers )

Pierre Prouvost prend sa retraite en 1976 et Bernard continue seul l’activité.

Publicité 1978 ( document collection privée )

En 1987, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, dépose un permis de démolir pour les 8 10 et 12 de la place des Martyrs et une partie de la rue Saint Etienne, car un projet est programmé à cet emplacement : c’est la création de l’ESAAT.

Le projet de démolition des N° 8 Gustave Requillart, N° 10 Bernard Prouvost et N° 12 inoccupé ( document archives municipales )

Bernard Prouvost exproprié de son immeuble du 10 de la place des Martyrs, s’installe alors, en 1988 dans des nouveaux locaux, au 678 avenue des Nations Unies, près du pont Saint Vincent, toujours à proximité de ses anciens bureaux et de sa clientèle.

document collection privée

Bernard décide de réhabiliter cet immeuble par de gros travaux de rénovation, et en particulier la réfection de la façade, ce qui ne manque pas d’attirer l’oeil du passant. « Je me réjouis de la volonté de la ville de promouvoir notre patrimoine, dit Bernard Prouvost dans la presse locale, il y a dans nos demeures grandes ou petites, une diversité, une qualité qui méritent d’être mises en valeur ».

Document Nord Eclair 1988
document Google Maps 2012

Bernard Prouvost prend sa retraite en 1993. Il cède son cabinet d’assurances à son fils Thomas qui le cède ensuite à Stéphane Heuls, agent général de la compagnie GAN. Bernard Prouvost décède en 2018.

Remerciements à Joëlle Lepers ainsi qu’aux archives municipales.

Leers, le marché

Il y a bien un marché à Leers, dont on pourrait penser qu’il est récent. Situé sur le côté de l’église Saint Vaast, sur la place Sadi Carnot, il a lieu le samedi et souffre du peu de place laissé par les automobilistes leersois.

Mais ce marché date de l’année 1960 ! De nombreux habitants de la commune demandaient la création d’un marché hebdomadaire et le Conseil Municipal approuva ce vœu à l’unanimité. Et par un samedi matin du mois de juillet 1960, une trentaine de marchands forains étaient à pied d’œuvre et attendaient la clientèle. Durant toute la matinée ce fut un va et vient incessant de ménagères allant et revenant de la place du marché.

Le marché de Leers ouvert en 1960 Photo NE

On se rendait au marché soit à Roubaix, soit à Wattrelos, et à l’époque plusieurs fois par semaine. La création d’un marché leersois permit bien des économies de transport. Comme elle permit sans doute d’influer sur le marché des prix en y trouvant du choix et de la qualité.

Sans doute y eut-il autrefois un marché à Leers mais il n’existait plus que dans les souvenirs des plus anciens. Celui-ci, que nous connaissons encore, est donc âgé de plus de soixante ans et mérite sans doute qu’on en prenne soin.

La création de l’office du tourisme

En juillet 1991, intervient l’ouverture de l’office du tourisme de Wattrelos. L’office de tourisme ou office du tourisme est un centre d’information dont la mission est « l’accueil, l’information et la promotion du tourisme » sur le territoire concerné à destination du public ou des visiteurs, allant des simples habitants locaux aux excursionnistes en passant par les touristes.

La création officielle des offices de tourisme date de la promulgation de la loi du 10 juillet 1964. Le gouvernement, ayant pris conscience des enjeux économiques liés au tourisme, décide d’autoriser les conseils municipaux des stations classées de tourisme, à créer des offices si elles le désirent. L’accueil et la promotion touristique commencent à être perçus comme un service public. La création de ces structures doit être entérinée par le préfet. Il s’agit alors d’établissements publics à caractère industriel et commercial ayant vocation de promouvoir le tourisme dans la station […], assur[er] la coordination des divers organismes et entreprises intéressés au développement de celle-ci. »

L’office du tourisme en 1991 doc Journal Mun Wos

C’est donc pour se faire mieux connaître que Wattrelos se dote d’un office du tourisme. En 1991, la ville présente de nombreux arguments : le sens de la fête et de la convivialité qui s’expriment lors du carnaval, des Berlouffes, de la fête des écoles ou des ducasses de quartier. Un parc urbain de 35 hectares, deuxième espace vert de l’agglomération lilloise. Une ferme pédagogique, un étang de pêche et le musée des arts et des traditions populaires. Une vie culturelle et associative particulièrement riche avec des manifestations régulières : saison musicale, grand cabaret wattrelosien, festival international du cinéma et de la vidéo. Wattrelos envisage la mise en place du tourisme industriel dont le but est d’être la vitrine des activités de la ville en montrant le savoir faire des entreprises locales. Ainsi la GBM et la Redoute participent. C’est aussi un outil au service des wattrelosiennes et wattrelosiens qui disposeront d’un centre d’information pour leurs vacances et leurs distractions.

Ses prestations et activités diverses se sont largement étoffées depuis 1991.

Adresse: Office de Tourisme de Wattrelos

189 rue Carnot – 59150 WATTRELOS

+33(0)3 20 75 85 86

Bureaux sont ouverts du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h (fermeture à 17h du 15 juillet au 31 août), de 10h à 12h le dimanche. Fermé les lundis et les jours fériés.

E mail : contact@wattrelos-tourisme.com

le site https://www.wattrelos-tourisme.com

Sources : Wikipédia, Le Journal Municipal de Wattrelos

Henri Delecroix

C’est dans l’annuaire de 1893 que le nombre de brasseries à Hem passe de 3 à 5 avec la brasserie d’Henri Delecroix. Né en 1861, de parents cultivateurs, et de santé fragile il passe son enfance sur la côte où il fait ses études. Rentré à Hem il y crée en 1888 une brasserie dotée d’un outillage moderne qui prend rapidement de l’extension dans les environs. Installée rue du Rivage, l’entreprise prend le nom de brasserie du Rivage.

CPA de la brasserie du Rivage (Documents collection privée)
Facture de 1893 (Document Historihem)

Comme la plupart des brasseurs de l’époque Henri Delecroix est propriétaire de plusieurs estaminets sur la commune. Ainsi on peut citer le café brasserie du Rivage situé au coin de la rue du même nom, le Franc Bouleux au 244 rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde), la Halte au Petit Lannoy, l’Hermitage rue Poivrée (actuelle rue du Général Leclerc), la Paix (au bout de la rue du Cimetière), le Pinson (au coin de la rue de la Vallée et de la rue de Lannoy…

Quelques estaminets appartenant à Henri Delecroix : le Rivage, le Franc-Bouleux, la Paix et le Pinson (Documents collection privée)

Entré au conseil municipal dès 1896, Henri Delecroix est élu maire de la ville (d’Union Républicaine) en mai 1900 et reste à la tête de la commune jusqu’en 1925. Les journaux de l’époque le décrivent comme bienveillant : « il n’est vraiment heureux que lorsqu’il peut donner satisfaction…sincèrement démocrate il accorde toute sollicitude aux humbles, aux travailleurs ». Les caricatures le représentent assez petit mais râblé, cheveux en brosse, belle moustache et barbe en pointe.

Caricature représentant Henri Delecroix et photo des membres du Conseil Municipal (Documents Historihem)

C’est l’époque où est votée la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de Mr Waldeck-Rousseau. Mr Delecroix est de la même tendance républicaine de gauche et répercute donc son programme au plan local, si bien que ses rapports avec les catholiques se durcissent, notamment lorsqu’il réclame la clef de l’église au curé : Edmond Pollet.

Rapports tendus avec le clergé (Document Au Temps d’Hem)

La gestion de l’équipe Delecroix marque la vie municipale d’une très large empreinte sociale (assurance accidents des employés communaux, consultations pour nourrissons, fourniture de livres aux indigents…) Il fait aussi établir avant la 1ère guerre un projet de distribution d’eau potable « sur évier » par la société des Eaux du Nord et met en place un service d’ébouage.

Photos d’Henri Delecroix (Documents Historihem)

Le progrès technique facilite également la vie de tous les jours et un avis favorable est donné par le conseil municipal suite à l’enquête sur la création d’une ligne de tramways électriques à travers Hem. C’est la ligne Roubaix Hem qui entre en service la 1ère suivie de la ligne de Lille à Leers.

La ligne de tramways (Document Au Temps d’Hem)
Document de 1914 (Document Historihem)

En Octobre 1914, avec le début de l’occupation allemande, comme tous les autres maires, Henri Delecroix reçoit un ordre d’évacuation du préfet pour tous les hommes mobilisables encore dans leurs foyers sauf les fonctionnaires qui restent à leur poste. Les vexations journalières commencent et la ville est soumise à un pillage filtré et méthodique qui fait le vide partout.

Des ouvriers hémois sont incorporés de force dans des bataillons civils et expédiés dans les Ardennes pour du travail obligatoire pour les occupants. L’autorité allemande ajoute à la déportation des hommes celle des femmes, expédiées dans les villages désertés des Ardennes ou réquisitionnées pour la moisson.

 Jeunes hommes déportés et jeunes filles d’Hempempont réquisitionnées pour la moisson (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La commune doit quant à elle subvenir au logement, au bien-être et à la nourriture de l’ennemi. La population est réquisitionnée à tout moment pour travailler suivant le bon vouloir des allemands et ne peut pas quitter la ville comme elle le veut. La commune fournit chaque jour du bois à brûler aux troupes allemandes. En revanche, les écoles et les églises ne peuvent pas être chauffées.

Avertissement et appel à la population (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui)

4 ans plus tard les troupes allemandes évacuent et en décembre 1918, Henri Delecroix peut réunir son conseil municipal. Le conseil a la possibilité d’ ouvrir à nouveau les dossiers laissés pour compte pendant la guerre et de prévoir un budget spécial pour faire face à toutes les dépenses concernant les dommages de guerre avec une aide préfectorale.

Au début des années 1920, le projet relatif à l’établissement de la distribution d’eau potable dans toute la commune est relancé et en 1926 les canalisations sont implantées et 22 bornes fontaines installées. Puis c’est l’éclairage public de la commune qui est soumis au vote du conseil municipal et l’installation du réseau d’électricité pour tous usages dans la commune est réalisée par la société Tricoit de Lannoy.

Borne fontaine (Document Hem mille ans d’histoire et document au temps d’Hem)

Puis, en 1925, Henri Delecroix perd son mandat de maire au profit de Julien Lallart. Il décède en 1933 d’une longue maladie à son domicile, 11 place Verte (actuelle place de la République).

Domicile de Henri Delecroix sur la place d’Hem (Document Historihem) et photo aérienne de la demeure en 2020 (Document Google Maps)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Leers, la poste

Une actualité récente a mis en évidence la fermeture annoncée à Leers d’un service public d’une notoire utilité, la poste. Mais depuis quand existe-il une poste à Leers ?

Une correspondance de 1900 dans le Journal de Roubaix nous renseigne sur le service postal de l’époque. « Près de nous, les habitants de Leers et de Lys, qui pourtant n’ont pas de bureau de poste dans leur commune, ont su obtenir que deux distributions par jour soient faites par le bureau de Lannoy ».

La poste de Leers en 1931 doc Jal de Rx

Il semble que la première poste de Leers a été construite en 1931, elle se trouvait sur la place. En septembre 1931, une coquette construction s’élève sur la place de Leers, destinée aux installations du bureau de poste. Le bâtiment se compose de deux parties distinctes : le bureau de poste et l’habitation du facteur-receveur. Au dessus de la porte d’entrée, on peut lire « Leers » et sur le renflement de la salle d’attente : Caisse nationale d’épargne-Chèques Postaux, et sur le côté : Poste, Télégraphe, Téléphone. Au rez-de-chaussée, une salle d’attente avec pupitre pour les correspondances., banc de repos et cabine téléphonique. Les appareils de cette cabine ne seront toutefois posés que le jour où l’administration des postes aura fait du bureau de Leers une recette de plein exercice, dans quelques années. En attendant il n’y aura ni télégraphe, ni téléphone. Le téléphone de la mairie restera le seul moyen de correspondre durant les heures d’ouverture des bureaux.

la poste en fonctionnement Coll Fam

À droite de la salle d’attente et toujours front à la Place, le bureau des facteurs avec deux guichets. Derrière, la salle de service pour le facteur-receveur ou le directeur de la poste. Une porte donnant accès à l’habitation se trouve à droite des bureaux. Il reste encore quelques travaux à faire et l’architecte compte que le tout sera achevé vers la fin du mois d’octobre. Et si l’administration des postes fait diligence, l’ouverture pourra se faire vers la mi-novembre. Finalement l’ouverture de la poste aura lieu le 1er décembre, les travaux ayant pris du retard : il reste en effet le chauffage central et l’éclairage à installer. Les habitants de Leers qui attendent depuis vingt ans cette installation indispensable devront patienter encore un peu. La maison Emile Duquesne de Roubaix s’est chargée du terrassement, de la maçonnerie et du bétonnage. La firme Remy et Pierre Welden de Roubaix a exécuté les travaux de charpente et de menuiserie. L’importante maison Brutin Cardon de Roubaix s’est chargée des travaux de couverture et de plomberie. Les carrelages céramiques et les inscriptions sur la façade sont l’oeuvre de l’entreprise Martinage de Tourcoing.

Plans de la nouvelle poste doc NE

Quarante quatre ans plus tard, le Conseil Municipal a émis un vœu pour la construction d’un nouveau bureau de PTT pour remplacer celui de la place Carnot. Le lieu d’implantation a finalement été choisi, ce sera rue du Général de Gaulle, et l’avant projet a été établi par M. Patrick Forest architecte DPLG. Un terrain qui sert actuellement de parking convient parfaitement. La nouvelle poste se situera ainsi au centre de la commune. Le chantier est ouvert au début de l’année 1976. En juillet la construction est bien avancée et l’inauguration ne tarde pas.

Et voilà qu’on parle de fermer ce bureau. Selon la Poste, une baisse d’activité de moins 15 % en moyenne a été constatée depuis 2018. Et la commune n’est pas une exception. Comme dans de nombreuses villes, la Poste réaménage ses horaires, voire ferme le service.

La poste aujourd’hui vue Google Maps

Mais le maire de Leers l’assure, il n’est pas question de déplacer le service comme cela a pu se faire à Lannoy. « Cela n’aurait pas de sens… Nous avons des personnes âgées qui se déplacent à pied. Notre mairie est bien trop excentrée pour y envisager une agence postale. »

Un pétition circule qui a déjà recueilli plus de 4 000 signatures. Affaire à suivre.

Sources: le Journal de Roubaix, Nord éclair

Les pompiers de Hem – 1

C’est le 18 septembre 1811 que Napoléon, qui vient de peu d’échapper à un incendie lors de son mariage, décide de professionnaliser l’action contre le feu dans la capitale française et confie cette mission à un corps militaire : le bataillon des sapeurs pompiers de la ville de Paris, en remplacement du corps des gardes pompe créé dans la capitale au 18ème siècle.

Il prévoit que le cadre communal s’impose pour mettre en œuvre les moyens humains et matériels pour faire face aux risques. C’est une loi de 1831 qui institue la constitution de corps communaux de sapeurs-pompiers. En 1907, la ville de Hem édifie un bâtiment communal face à l’église Saint-Corneille comportant morgue, prison et pompe à incendie.

Emplacement du bâtiment communal (Document Historihem)

Le bâtiment (Document Nord-Eclair)

Le bâtiment (Document Au Temps d’Hem)

Au début du vingtième siècle les compagnies et escouades de sapeurs-pompiers volontaires de province sont principalement équipées de pompes à bras : engin hippomobile ou tiré à bras dont le service nécessite un personnel nombreux (au moins une vingtaine de personnes) pour approvisionner la cuve en eau (chaîne humaine) et pour pomper (équipes de 4 ’’batteurs’’ qui se relaient après une ou deux minutes de battage.

Pompes à incendie début 20ème siècle à Hem (Document au temps d’Hem)

A l’époque la commune de Hem, dont la population compte environ 5.000 habitants, dispose d’un corps de sapeurs-pompiers composé de 23 hommes. Ils sont peu rémunérés, dispersés dans la commune, sans lien entre eux, et ne disposent que d’un matériel extrêmement vétuste et concrètement la ville ne dispose donc d’aucun moyen sérieux de lutte contre l’incendie.

Lors du tournage, dans les années 1960 du feuilleton « En famille » qui reconstitue la lutte contre un incendie fin 19ème, on peut se faire une idée claire des faibles moyens de l’époque face à un incendie qui fait rage. Une pompe à bras d’époque est intégrée au tournage pour rendre la scène crédible.

Tournage du feuilleton et usage d’une pompe à bras (Document Nord-Eclair)

Dès 1925, le Conseil Municipal s’occupe de la question de la protection des pompiers. Il contracte une assurance minimale pour chaque homme, non assuré jusque là contre les accidents possibles, et le pourvoit d’un casque, les soldats du feu ne disposant jusqu’alors que d’une vareuse et d’un képi. Malheureusement les disponibilités budgétaires ne permettent pas, de suite, l’achat d’une autopompe.

Fin 1926, le corps de pompiers est réduit de 23 à 12 hommes dont la commune s’engage à fournir l’habillement et l’équipement. Elle s’engage également à pourvoir à l’entretien du matériel et à contracter des assurances pour chacun contre les accidents et la mort pouvant subvenir durant l’exercice de ses fonctions.

Nouvelle autopompe garée devant l’église (Documents Historihem et Au temps d’ Hem)

Un sergent mécanicien est recruté pour l’entretien de l’autopompe qui est finalement acquise en 1927 grâce à une souscription lancée par l’amicale des sapeurs-pompiers juste fondée. Pour ce faire il est autorisé à construire un petit atelier de planches attenant à la caserne qui lui permet d’effectuer des travaux accessoires pour gagner sa vie.

L’inauguration du nouveau matériel a lieu le 22 mai 1927 sous la présidence d’honneur du commandant Mahieu, inspecteur du corps des sapeurs-pompiers du Nord Pas-de-Calais et la nouvelle auto défile au son de la Marseillaise exécutée par la musique municipale.

Inauguration du nouveau matériel d’incendie (Documents Historihem et Le Dimanche de Roubaix-Tourcoing)

Puis le cortège se rend à l’ Hempempont pour assister à une manœuvre de la pompe et à divers exercices de sauvetage et d’escalade, puis à un banquet à l’Auberge et enfin au grand carrousel monté qui a lieu dans la cour de l’estaminet Boussemart à la Place où la journée se termine par un grand bal familial.

A suivre…

Remerciements à Historihem, la Ville de Hem et André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’Hier et d’Aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

La Pouponnière Boucicaut 1979 à 1982

Fondation Boucicaut Collection Particulière.

Introduction

Marguerite Boucicaut (née Guérin) est la fondatrice, avec son mari Aristide, du premier grand magasin « Le Bon Marché » à Paris. Elle meurt en 1887. Par testament en décembre 1896, elle a désigné l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris comme légataire universel. Parmi ses nombreux legs, l’un concerne l’établissement d’une « maison refuge » pour jeunes mères en difficulté (des filles mères) dans les environs de Lille. L’Assistance Publique acquiert un terrain boulevard de Cambrai à Roubaix et réalise la construction d’un établissement dénommé « Fondation Boucicaut », inauguré le 5 juillet 1897. Il deviendra ensuite une maternité, puis une crèche et enfin « La Pouponnière Boucicaut », structure sociale importante et paradoxalement assez peu connue des roubaisiens.

Le buste de Mme Boucicaut, veillant sur le jardin d’enfants Photo IsaVanspey

Appuyée sur ma modeste expérience en tant qu’auxiliaire de puériculture à la Pouponnière Boucicaut, service du Centre Communal d’Action Sociale de la Ville de Roubaix, je vous propose de vous faire visiter les lieux. La pouponnière est un lieu d’hébergement et de soins pour les enfants placés sous sauve garde de justice ou présentant un handicap. Les parents bénéficient de visites, sur place et parfois selon, les situations, d’une journée ou week-ends à domicile. Il s’agit d’un service émanant de la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales). Les enfants porteurs de handicap, n’ont alors que très peu de lieu d’accueil. Il existera par la suite un lieu d’accueil de jour, pour eux, appelé « la marelle » au sein même de l’établissement. Les enfants mis sous protection ont pour profil : des orphelins, des enfants abandonnés, nés sous X , souffrant de négligence et/ou de mauvais traitements. Plus, rarement à cette époque ceux dont les parents n’ont plus de domicile et dont «  la mise à l’abri » est provisoire.

La maison des gardiens Photo IsaVanspey

Le bâtiment est situé au 60 boulevard de Cambrai à Roubaix. Juste après les grilles, sur la droite, la maison des gardiens M et Mme Lambert. M Lambert est le monsieur PLUS de cet établissement. Toujours bienveillant et souriant, les enfants l’adorent. Il occupe de multiples fonctions, chauffeur, réparateur, coursier, gardien animalier.

Plaque du CCAS Phot IsaVanspey

Le bâtiment est composé de 3 étages, le rez- de- chaussée est destiné au secteur social ; le 1er étage, au secteur sanitaire, le logement de fonction de la direction et le 2ème étage les chambres des infirmières de garde. Plus précisément, au rez-de-chaussée, en entrant à gauche le bureau du secrétariat/accueil, en face celui de la direction. Après les portes vitrées le bureau de consultation des pédiatres, les chambres munies de points d’eau pour les changes et d’armoires pour ranger le linge, de lits à barreaux et pour les plus grands de lits au ras du sol. Au fond, à droite, une salle d’animation, une salle de psycho motricité, un bureau de psychologue et une salle de bains collective, une tisanerie, un réfectoire collectif, une cuisine et une buanderie. Le schéma est à peu près à l’identique au 1er étage mise à part la cuisine et il est réservé au secteur sanitaire (enfant porteur d’handicap). Parfois les secteurs se mélangent selon les entrées et les places disponibles.

Vue du jardin de la pouponnière Coll particulière

A l’arrière du bâtiment, un grand jardin et sur le côté droit un poulailler où se croisent, poules, paons, cochons d’inde.

(à suivre)

Le centre Stalingrad

La friche industrielle des anciens établissements Leclercq Dupire a été appropriée en un grand ensemble commercial et culturel inauguré au mois d’octobre, l’Espace Carnot. Toute la friche ? Non. La partie située de l’autre côté de la rue Stalingrad (ex rue de l’Industrie) a été entièrement équipée par la ville de Wattrelos, pour y accueillir diverses administrations et leurs services. Le projet wattrelosien a pu se réaliser grâce à la participation du Conseil Général.

L’entrée du nouveau centre Photo NE

Cela a permis de réaliser 2.000 m² de bureaux dans lesquels cohabitent des administrations aussi variées que le centre d’information et d’orientation scolaire au premier étage, l’inspection départementale de l’Éducation Nationale au second, ainsi que des permanences de conseillers municipaux, de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie, de la CICAS, de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, du centre d’information sur l’habitat et de l’association des Mutilés du travail. Tous les locaux ne sont pas occupés, et des permanences d’autres associations pourraient s’y tenir.

Les nouveaux locaux du CIO Photo VdN

Le rez-de-chaussée est réservé à des permanences d’ordre social : aide sanitaire et sociale, protection maternelle et infantile. Un parking de cent places permet d’accueillir les visiteurs. Une plaque en souvenir de cette inauguration qui s’est déroulée le 8 novembre 1988, est toujours visible sur le mur à gauche de l’entrée.

Plaque d’inauguration du centre Photo PhW

Ont participé à cette inauguration MM. Faugaret, maire de Wattrelos, Derosier, président du Conseil Général du Nord, Carton député du Nord, Helm, inspecteur départemental, entre autres personnalités. Présenté comme un exemple parfait de reconquête d’un site industriel, le Centre Stalingrad est appelé à devenir un des catalyseurs de la vie sociale wattrelosienne. Signe des temps, une Marianne républicaine a remplacé la statue patronale de la Sainte Vierge.

Les officiels à l’hôtel de ville après l’inauguration Photo NE

De Motte-Bossut à l’Eurotéléport

Motte-Bossut entreprise textile
Motte-Bossut entreprise textile Coll Part

Considérée comme un fleuron de l’architecture industrielle du Nord, l’usine Motte-Bossut est inscrite au titre des Monuments Historiques dès 1978, ce qui la préserve d’une éventuelle démolition. L’entreprise dépose le bilan en 1981 et cesse ses activités en 1982. La ville de Roubaix rachète alors le bâtiment pour ses projets de restructuration du centre. En 1983, une mission interministérielle est créée reprenant le nom de l’association des deux architectes et urbanistes Roland Castro et Michel Cantal-Dupart « Banlieues 89 ». En 1984, deux consultations sont lancées en direction des architectes, urbanistes, paysagistes et plasticiens afin de proposer des projets de rénovation de la banlieue en France. Plus de deux cents projets sont retenus sur l’année 1984. Dès le mois de mars, Roubaix répond à l’appel de Richard Castro, lequel est séduit par le château usine roubaisien. Une équipe de Roubaisiens aidés par des architectes se met au travail et il en ressort un projet de centre international des communications et des technologies nouvelles. Les orientations sont les suivantes : un centre régional de ressources et d’échanges avec production d’outils de communication, un projet régional de création d’un fonds d’archives du monde du travail, des clubs pro-électroniques, un relais privilégié du centre international de communication de la Défense à Paris, et l’appropriation des nouveaux médias par le grand public. Il s’agit aussi de faire la promotion des nouvelles technologies autour des activités qui ont fait la réputation de Roubaix. On parle du Centre national de promotion textile, de nouveaux services urbains, d’un institut de gestion urbaine, d’une société de développement local, d’une banque du développement, et d’un centre d’initiation aux langues étrangères. Sous l’ancienne municipalité, il y avait déjà eu de nombreux projets : station de métro, gare des autobus, construction d’un hôtel, un musée du textile et le fameux centre national de promotion textile.

Monsieur Leman de l’APU présente le programme des films Photos NE

Février 1986, deux projets nordistes de télévision locale voient le jour : la société lilloise vidéo-system et l’atelier populaire d’urbanisme de roubaix. Le projet NTV de Lille travaille sur le dessin animé et l’image de synthèse, pour les chaînes de service public. L’APU est une télévision associative, présentée comme télé Monsieur le Maire, porte voix des élus locaux et gadget pour les associations de quartier. Les financeurs sont le Conseil Régional, la ville de Roubaix, EDF, Velec et la Redoute. Modèle de la télévision de proximité, le projet APU ne peut espérer voir le jour que dans l’optique d’une diffusion sur réseau câble. En mars 1986, c’est la signature par le ministre des P et T M. Mexandeau, de la convention qui va permettre le câblage de l’agglomération de Roubaix Tourcoing. Le château de l’industrie devient un centre international de la communication d’où partiront images et données qui alimenteront le réseau. Le 22 Mars 1986, c’est la première séance de la télé de quartier de l’APU en trois séances successives. Maquette de télé locale en 52 minutes. TV Roubaix est du travail de pro. Production d’une série de huit films de 5 à 10 minutes, avec des thèmes sur le quartier de l’Alma, la ferme des enfants, le soutien à la lecture, des actualités locales, le club de badminton et ses champions de France, un vidéo clip de danse maghrébine par le groupe Cirta. Coût 350.000 francs pour deux minutes de programme.

Dès juin 1986, le château de l’industrie se transforme en bastion avancé des technologies du futur. Le projet a été retenu dans le cadre de la mission Banlieues 89 aux côtés de villes comme Bordeaux, Nancy sur une liste qui compte 70 opérations. La locomotive du projet est sans conteste le centre De la ferme au supermarchéinter-régional des archives du monde du travail, mais l’ambition est plus vaste. Il s’agit de créer un important centre de la communication, avec la création d’un centre de production et de ressources audiovisuelles, un réseau de télévision par câble, un port électronique transmettant images et informations par fibres optiques, des ateliers d’initiation aux nouvelles technologies, un exploratorium, qui soit un relais du musée de la Villette. Ajouté à cela un centre d’initiation aux langues étrangères, un centre d’essai des nouvelles technologies du commerce, et le fameux centre de promotion textile.

Les travaux de 1986 Photo NE

En Septembre 1986, interviennent les premiers coups de pioche, et les premiers bâtiments démolis du côté de la rue de Lannoy. Ce n’est plus un projet, proclame André Diligent, le point de non retour est atteint ! Les bâtiments donnant sur le boulevard Leclerc sont donc réhabilités et accueillent le Téléport et le Centre International de la Communication. Le projet est novateur et s’inscrit dans une politique d’ouverture et de mutations des activités roubaisiennes vers le secteur tertiaire de haut niveau. France Télécom installe un centre numérique et une salle de visioconférence. Centre numérique, salle de vidéo-conférence, chaînes câblées et studio de télévision locale C9 prennent possession d’une partie de l’usine après la réhabilitation des façades sur le boulevard et la transformation des anciens ateliers pour construire des bureaux adaptés aux nouveaux usages.

En novembre 1987, Gérard Longuet, secrétaire d’état aux P et T, vient annoncer la création sur place d’une zone de télécommunications avancées. Vous aurez onze ans d’avance ! s’exclame-t-il. Trois zones en France, Roubaix, Metz et Poitiers. On les nomme téléports mais le ministre n’emploie pas le mot. Le centre roubaisien sera néanmoins l’Eurotéléport. L’inauguration prévue par le premier ministre Jacques Chirac, le 7 décembre. Un projet en entraîne un autre : un important groupe immobilier la SARI, va construire à Roubaix sur le site Motte Porisse 18.000 m² de bureaux intelligents, on prévoit la construction d’un Novotel, d’un centre d’affaires actif qui dès l’été 1988 accueillera la tête de réseau recevant les programmes du câble. En Décembre 1987, pas de Chirac, ce sera Michel Noir, ministre du commerce extérieur. On pose néanmoins la première pierre.

Michel Noir pose la première pierre Photo NE

Mai 1988, l’Eurotéléport sera une réalité dans six mois, grâce à la signature de la convention entre France Telecom et la ville. Quatre conventions de ce genre ont été signées, à Metz, Poitiers, Sophia-Antipolis et Roubaix. André Diligent compare l’ensemble du projet au « tunnel sous la manche ou au TGV, même s’il coûtera moins cher à la collectivité ». En attendant, il s’agit d’offrir des services aux entreprises, et notamment le raccordement téléphonique haut de gamme le RNIS (réseau numérique à intégration de services), le star direct com intra-entreprises à l’échelon international. L’investissement de France Télecom se monte à 20 millions de francs et l’opérationnalité est prévue pour le premier semestre 1989.

Les travaux de 1988 Photo NE

Juillet 1988 : les travaux ont commencé de façon spectaculaire. Le CIC se divise alors en trois grands pôles : grand public, formation, économie. En sous sol, on trouve la tête de réseau câblée du VNE, et dans l’enceinte du vieux bâtiment, 1300 m² ont été attribués pour une partie culturelle équipée avec le matériel ultra performant de l’INA, murs d’images, videothèque pour les étudiants, visiteurs, écoliers puis un centre de télécommunication France télécom pour les entreprises. La formation est représentée par l’école supérieure de création en communication et l’UFR de langues étrangères appliquées.Un centre Atria, centre d’affaires comme à Grenoble, Saint Etienne ou Montpellier, est programmé sur le site Motte-Porisse.

à suivre