Les travaux laborieux

Document Archives municipales

L’adjudication pour la construction de l’avenue des Villas est faite à Jules Desplanques, entrepreneur à Roubaix, choisi parmi six soumissionnaires. Le cahier des charges, établi en septembre 1876, précise que l’entrepreneur doit terminer les travaux dans un délai de huit mois sous peine d’une amende de 10 francs par jour de retard. La partie entre Barbieux et la rue Carpeaux doit être terminée dans les trois mois.

Les travaux commencent dans le courant du mois de novembre 1896 au droit de la rue Carpeaux. Ceux-ci sont réalisés à la pelle, les déblais étant transportés à l’aide de wagonnets traînés par des chevaux sur des rails provisoires. Pour parvenir au profil prévu par le service de la voirie, il faut araser des buttes, au niveau de la rue de Barbieux, de la rue Carpeaux, au débouché de la rue Henri Régnault, après le boulevard de Fourmies. L’entrepreneur est tenu de commencer les travaux au droit de la rue Carpeaux, point le plus bas prévu pour la première partie du tracé.

Le profil en long de la future avenue.
On voit bien que la voie future descend continuellement depuis la rue de Barbieux jusqu’au point bas au carrefour de la rue Carpeaux, puis remonte jusqu’au boulevard de Fourmies avant de redescendre jusqu’à la rue de Lannoy.

Mais rien ne semble se passer comme prévu. En février 97, une note de service adressée à M. Desplanques, déplore que …les travaux de terrassement vers la rue de Barbieux marchent avec une lenteur désespérante, et menace d’appliquer les sanctions prévues au cahier des charges,  les travaux étant arrêtés soit par le mauvais vouloir soit par l’impuissance de l’entrepreneur...

Au mois de juin, les riverains se plaignent également et constatent qu’…il est notoire que M. Desplanques est incapable de donner aux chantiers l’activité nécessaire pour assurer l’achèvement des travaux, même avant la mauvaise saison.

L’entrepreneur est mis en demeure d’augmenter le nombre des ouvriers et de terminer les travaux.

Fin juillet, il est constaté qu’il n’est qu’à la moitié de sa besogne, et qu’il organise mal le travail de ses terrassiers  faisant conduire à plus de 150 mètres des terres qui trouveraient leur emploi à moins de 20 mètres du lieu d’extraction… et que par ailleurs, les travaux réalisés ne sont pas satisfaisants : l’aqueduc est construit avec des briques absolument informes, la chaussée est insuffisamment remblayée, contrairement aux ordres reçus. Les autorités menacent de refuser la réception des travaux, de ne pas payer le transport des remblais sur les trottoirs, et d’organiser une régie au compte de l’entreprise. L’entrepreneur proteste en arguant de la pluie, du mauvais état du sol.

Carte de 1886 surchargée du tracé des voies nouvelles- document archives municipales

Les seuls points possibles pour l’évacuation des eaux étaient le riez des trois ponts, près de la rue Carpeaux, l’aqueduc de la rue de Lannoy et la drève de l’Espierre dans le quartier de la Justice.

En mars 1898, la rue n’est toujours pas utilisable, et les riverains se plaignent. Le directeur du service de la voirie constate lors d’une visite qu’il n’y a qu’un seul ouvrier sur le chantier ! La circulation des tramways, arrêtée par les travaux rue de Lannoy, doit impérativement être reprise, sous peine de dommages et intérêts à la compagnie des tramways. Les plantations d’arbres prévues ne pourront être faites à la saison prévue. En juin, il a accumulé une amende correspondant à 226 jours de retard !

Au moment de solder des travaux, en mai 1899, on constate que l’entrepreneur a dépensé plus que les crédits prévus. Il faut imputer cela au budget supplémentaire de l’exercice courant.

En Décembre 99, l’entrepreneur proteste par voie d’avocat contre la somme qu’on lui alloue pour la réception des travaux, la déclarant insuffisante. Le service de la voirie lui répond que si des conseils lui ont été donnés, c’est sur sa demande formelle et parce que le soussigné le sait presque illettré et incapable de lire et d’appliquer un plan…  et qu’enfin, il n’est rien dû à M. Desplanques».

Celui-ci revient à la charge en octobre 1901 pour dire que c’est la mairie qui l’a obligé à commencer les terrassements au niveau de la rue Carpeaux, dont l’aqueduc n’était pas encore construit et qu’à cause de cela,  … la ville a rendu le travail… d’une difficulté inouïe. L’eau jaillissait au premier fer de louchet.  Il décrit les difficultés des travaux : les chevaux… s’enfonçaient jusqu’au ventre… et  toutes les terres se vidaient au fond de la tranchée au fur et à mesure qu’on la vidait… On était parfois des journées sans avancer d’un millimètre. Il demande donc, en raison des difficultés exceptionnelles de terrassement et des transports, une plus-value

Enfin les travaux s’achèvent et la rue est tracée. Elle consiste en une chaussée recouverte de scories, sous laquelle est placé un aqueduc central, et deux trottoirs plantés d’arbres. Elle traverse les champs. En 1906, le Ravet Anceau signale, près de la rue de Barbieux, la présence d’un estaminet côté impair, de trois maisons côté pair, et rien d’autre avant l’usine de velours Motte-Bossut qui vient d’être construite (1903) à l’autre extrémité de l’avenue.

L’avenue dans les années 30, vue prise en direction de Barbieux – Photo Collection Bernard Thiebaut

 

 

 

 

 

Tranches de travaux

En octobre 1976, c’est par une conférence presse donnée par Pierre Prouvost, adjoint au maire et Jean Papillon président de la chambre de commerce de Lille Roubaix Tourcoing qu’est présentée la première tranche de travaux du secteur piétonnier. Elle concerne la réalisation d’un trottoir piétonnier d’une largeur de 8 à 10 mètres, sur un côté de la Place de la Liberté jusqu’à Roubaix 2000, agrémenté de vitrines et de plantes. La circulation automobile se fera du côté de la Banque de France, à sens unique, la rue Louis Catrice permettant aux automobilistes venant de Wattrelos par la Grand Rue de rejoindre la boulevard Gambetta. Le Mongy disposera d’un site particulier sur le terre plein central du boulevard Leclerc prolongé sur la Place de la Liberté.

Le trottoir piétonnier traverse le boulevard jusqu’au centre commercial Roubaix 2000. Il ne sera plus possible aux automobilistes de tourner à gauche vers la place de la Liberté, ils devront aller jusqu’à hauteur de la rue Henri Dunant pour tourner à gauche afin de rejoindre cette place. Le terre plein du boulevard Gambetta est rendu aux piétons, on supprime les parcmètres, on va y planter des arbres ! Un nouveau parking d’une contenance de 65 voitures se situera derrière le café des Olympiades, on pourra y accéder de la Place de la Liberté.

Le secteur piétonnier se prolonge boulevard Leclerc, jusqu’à la rue Pierre Motte, avec des aires de stationnement et des plantations d’arbustes. Le coût des travaux se monte à deux millions et demi de francs ! Pour le financement, la moitié par l’Etat, l’autre moitié par la communauté urbaine. L’aménagement du site des transports en commun relève du ministère des transports et de la communauté urbaine, la ville finance l’éclairage et les plantations. Les travaux démarrent en janvier après les fêtes sur la demande des commerçants.

Le début des travaux Nord Éclair janvier 1977

La seconde tranche, concerne l’aménagement des abords de Roubaix 2000, du côté du boulevard de Belfort. La rue de Lannoy devient une desserte pour les habitants de la résidence des tuileries. On devra désormais passer par la rue de la tuilerie, tourner dans la rue Winston Churchill et par la rue St Jean pour rattraper la rue de Lannoy qui démarre à présent après le boulevard de Belfort. L’espace récupéré le long du centre commercial est rendu aux piétons après avoir été approprié. De l’autre côté, la rue Henri Dunant permet aux voitures de relier les boulevards de Belfort et Gambetta, et on prévoit de percer le terre plein pour l’accès à la place de la Liberté.

Enfin, pour augmenter l’attractivité de Roubaix 2000, la maison des docteurs située boulevard Leclerc, a été rachetée par la communauté urbaine pour être démolie, afin de favoriser l’accès au parking. Lequel parking sera réaménagé, par des travaux de peinture, d’éclairage, de sonorisation, de numérotage et de fléchage. Et les commerçants s’engagent à rembourser le parking à leurs clients. Il faut diriger le visiteur vers Roubaix 2000 !

 

De l’usine au super marché

Aux numéros 43 et suivants de la rue Jules Guesde, entre l’impasse Saint Louis et la rue de Denain, s’installe à partir de 1893 la teinturerie Derreumaux. Elle disparaît à la deuxième guerre, après cinquante ans d’activité. Après la guerre, et jusqu’à la fin des années 60, c’est la teinturerie R. Lenfant et Cie qui s’installe sur les lieux. Au début des années 70 la teinturerie, désaffectée et en mauvais état, est reprise par une société de distribution alimentaire de haute Somme, « la ruche Picarde » dont le siège social est à Amiens.

Les emprises de la teinturerie en 1953

A sa demande, et au vu de l’état des bâtiments, une autorisation de démolir est donnée à la société, qui désire implanter un super marché. Dans un premier temps, elle envisage de conserver et de réaménager certains des anciens locaux situés au fond de la propriété, et de démolir ceux situés dans la partie avant, face à la rue Jules Guesde, pour laisser place à un parking. Elle dépose donc une demande de permis de construire en ce sens.

Mais des difficultés apparaissent : une enquête des services de sécurité menée en 1974 insiste sur le mauvais état de l’ensemble et conclut que les charpentes des bâtiments à conserver sont vétustes et dangereuses. L’inspecteur constate qu’ils « menacent ruine ». Il faut refaire à neuf toutes les structures si l’on veut y recevoir du public. A la suite de quoi, la société « la ruche Picarde » requiert maître Verkindere de constater l’état des lieux. Celui-ci ne peut que constater le l’état inquiétant des locaux et le danger qu’ils représentent pour le public.

Photos prises sur les lieux par Maître Verkindere

Par ailleurs, le préfet du Nord rejette la demande de permis de construire pour non conformité aux règlements concernant la hauteur des constructions. Enfin, le bâtiment donnant sur la rue de Denain est frappé d’alignement. Tout est donc à revoir ! Finalement, les travaux de reconstruction sont tout de même menés à bien dans le respect des règles d’implantation et de sécurité.

Le magasin porte l’enseigne « Nova » et la conserve jusqu’en 1980. Ensuite le super marché devient un « Miniper »., puis devient « Unico » en 1987. Il est finalement repris par l’enseigne Lidl, qui a entrepris récemment une reconstruction des bâtiments en suivant les normes environnementales actuelles.

 Les documents utilisés proviennent des archives municipales.

 

Un pont pour Beaurepaire

Le chemin vicinal d’intérêt commun n°142 (pour nous le boulevard Beaurepaire) traverse la voie ferrée par un passage à niveau. Il se dirige ensuite à droite vers Leers, avec un accès à gauche vers Wattrelos par la passerelle de l’écluse du Sartel.

Plan du quartier en 1899

 Cette traversée à niveau pénalise énormément les usagers du tramway venant ou se rendant à Leers, qui rédigent en 1919 une pétition exposant « la gêne considérable que leur cause le transbordement qui s’effectue sur cette ligne à la traversée du passage à niveau du Chemin de Fer de Somain à Tourcoing. » En effet, depuis la construction de la ligne, les voyageurs doivent descendre du tramway avant le passage à niveau, traverser les voies à pied, puis reprendre un autre tramway pour poursuivre leur voyage, car la compagnie des chemins de fer s’oppose à une traversée à niveau de ses voies. De son côté, l’E.L.R.T a présenté deux projets d’estacade permettant au tramway d’enjamber la voie ferrée. Ces projets sont rejetés en 1908 et en 1920 par le conseil municipal, celui-ci considérant que les rampes d’accès représentant une emprise de 100 mètres de longueur de part et d’autre des voies rendraient le boulevard incommode et feraient subir une dépréciation aux propriétés riveraines.

Les choses en restent là jusqu’en 1924, une conférence réunit alors à Paris au siège social de la compagnie du Nord les parties intéressées. On y évoque la possibilité d’un passage supérieur. Le conseil municipal s’empare du projet, et l’approuve au mois de Juin. L’année suivante, on approuve également la substitution d’un pont fixe au pont levis du Sartel. On décide de réaliser ces transformations. Ce pont fixe sera placé non loin de l’écluse. On construira le pont sur le chemin de fer dans l’alignement du nouveau pont sur le canal et le boulevard Beaurepaire formera un coude vers la gauche au niveau de la rue de Valenciennes pour desservir ces nouveaux ponts sur un remblai rectiligne. La ligne du tramway empruntera ce nouveau pont avant de se diriger vers Leers.

Les intérêts particuliers s’éveillent, chacun essayant de s’adapter à la situation nouvelle. En 1926 la société anonyme des foyers automatiques demande la construction d’un mur de clôture le long du boulevard Beaurepaire, et en commence la construction, arguant d’un « accord verbal » avec l’ingénieur en chef du département, accord nié par l’intéressé, celui-ci précisant « que les autorisations verbales n’existent pas dans mes bureaux ». Le projet inclut une modification du tracé de la rue de Valenciennes pour permettre le passage du tramway. En effet, la rampe d’accès au pont fait que la rue de Valenciennes se trouvera en contrebas du boulevard : on y accèdera par un escalier. La société anonyme des foyers automatiques proteste immédiatement contre ce projet de déviation qui morcellerait son propre terrain et interdirait la possibilité d’un embranchement particulier. Elle propose de faire emprunter au tramway les rues Molière et de Sévigné. La compagnie des tramways propose même de supprimer carrément la desserte de la gare du Pile, la ligne ne quittant plus le boulevard et continuant directement vers Leers.

Le projet primitif prévoit un pont de 34 mètres, mais la compagnie du Nord envisage maintenant un pont de 100 mètres pour favoriser la création d’embranchements particuliers desservant les usines voisines : filature Lepoutre Bonneterie, société des levures et alcools, établissements Petit (accusés d’avoir acheté des terrains dans l’unique but de faire une bonne opération lors des expropriations). La municipalité proteste contre l’augmentation du prix du projet, et ajoute que l’augmentation de la longueur du pont devrait conduire à l’élargissement de sa chaussée pour éviter des encombrements de circulation. La société Lepoutre, propriétaire d’une filature le long du boulevard voudrait récupérer la bande de terrain séparant sa clôture du mur de soutènement en échange d’un morceau de son terrain nécessaire à l’implantation de la rampe d’accès au pont.

 
Le terrain de la société Lepoutre qui doit être exproprié. Photo Nord Eclair

En 1931, on en est à discuter du montant que devra verser l’ELRT pour la réalisation du projet. De nombreux échanges de correspondance, permettent à chacun de défendre ses arguments. Il faut dire que les fonds manquent pour financer les travaux pourtant nécessaires : le directeur des travaux municipaux souligne « qu’il est désirable que la construction du P.S. Du boulevard Beaurepaire ne soit plus remise, en raison… de l’importance des travaux à exécuter qui nécessiterait l’emploi de nombreux ouvriers et serait, par conséquent, de nature à réduire les secours aux chômeurs actuellement payés par votre administration. ». Ce dernier argument fera avancer la décision.

Documents Archives municipales de Roubaix

Un nouveau boulevard de ceinture

Désireux d’obtenir une desserte pour leurs terrains, les propriétaires concernés par le projet du nouveau boulevard de ceinture s’engagent en mars 1891 à céder gratuitement les parcelles nécessaires à la construction d’un boulevard de 30 mètres de largeur entre la rue d’Hem et la rue de Lannoy, à condition que la ville exécute à ses frais dans l’année 1892 les travaux de nivellement. Ils s’engagent également à intervenir pour les 2/3 dans les frais de pavage. En 1895-96, la proposition s’étoffe : les futurs riverains proposent maintenant de céder les terrains situés entre la rue de Barbieux et la rue de Lannoy. Ils s’engagent également à contribuer pour une somme de 30 Francs du mètre d’avenue aux travaux de construction, à poser les bordures de trottoir et à mettre en bon état des trottoirs d’une largeur de 8 mètres. Ceux-ci seront pavés sur trois mètres, le reste étant simplement empierré. La ville devra niveler la route large de 14 mètres et poser un aqueduc central, planter d’arbres l’avenue, et proposer à la compagnie des tramways l’établissement d’une ligne empruntant la voie nouvelle et la reliant à la gare.

Profil en travers de la nouvelle voie

Ces riverains sont, pour la partie entre les rues de Barbieux et l’actuelle rue Edouard Vaillant (chemin n° huit) Paul Masurel, Constant Legrand et la veuve Spriet-Pluquet. Ensuite, jusqu’à la hauteur de la ferme de Gorghemetz, Auguste Pigouche-Beaucourt. Les terrains aux environs de l’actuelle rue Carpeaux sont la propriété des hospices de Roubaix et, à partir de la rue Henri Regnault jusqu’au chemin numéro neuf (l’actuelle rue du chemin neuf), incluant la ferme de la Haie, la société Lefebvre et Lemaire, dont le mandataire est Julien Lefebvre-Delemazure, négociant, 44 rue du Curoir. On trouve enfin jusqu’à la rue de Lannoy la veuve Constantin Descats et les héritiers Leconte-Baillon.

Le directeur de la voirie municipale attire l’attention du conseil sur l’intérêt qu’il y aurait à ouvrir cette voie, rappelant le succès rencontré par l’ouverture de la précédente ceinture (les boulevards de Reims et de Lyon). Il décrit cette nouvelle artère qui partirait de la rue Montyon jusqu’au débouché de la rue Descats qui serait incorporée dans son tracé. Il précise que la voie pourra facilement être prolongée jusqu’à la route de Leers, au-delà de la voie ferrée, pour constituer la nouvelle ceinture au sud de Roubaix.

Une délibération du conseil municipal, considérant que des usines commencent à s’installer sur ces « vastes plaines », représentant une population de près de 1000 ouvriers et potentiellement 200 maisons, adopte l’idée de la création de cette nouvelle avenue.

Tout est désormais prêt pour passer à la phase active de la réalisation du projet .

Les documents proviennent des archives municipales

 

 

 

Des autos et des piétons

Le drame de Roubaix 2000 est d’être séparé du centre ville par un boulevard à grand flux de circulation automobile. En effet, depuis l’ouverture du centre commercial, le passage des voitures en flot continu sur les boulevards Leclerc et Gambetta ne favorise pas l’accès par la place de la Liberté. Que faire ? Un passage souterrain est envisagé par la communauté urbaine, mais le projet est enterré. Ce devrait être un tunnel souterrain de grand gabarit vu le trafic, et cela coûterait trop cher. Il faut signaler que pendant l’été 1976 apparaissent les passages souterrains sur le boulevard du Mongy, notamment au Sart. Mais il y eut sans doute d’autres arguments (présence d’un égout collecteur, configuration du terrain…) On évoque alors une passerelle pour piétons, en précisant qu’il faudra amener les gens à l’utiliser, et qu’elle ne devra pas rallonger le parcours. Il semble que cette proposition ait fait long feu.

Puis on évoque la diminution du flux automobile, qui semble prochaine, avec les deux projets routiers en cours de réalisation : le contournement de la ville par Hem, vers la toute récente zone industrielle de Roubaix Est située à Leers, et la future pénétrante Tourcoing Roubaix, qui va emprunter le tracé de la rue Saint Vincent de Paul, et qui aboutit sur les plans place de la Liberté !

Le projet de pénétrante publié dans Nord Éclair

Suite aux articles de presse, les premières réactions entraînent un véritable tollé des habitants et des familles, qui demandent de situer ailleurs le débouché de cette dernière voie. Le boulevard Gambetta coupe déjà le centre ville en deux, la pénétrante coupera la ville en deux !

Roubaix 2000, masqué par la circulation de la Place de la Liberté en 1972 Photo Nord Éclair

Concernant la liaison à Roubaix 2000, la réflexion continue. Il faut que le centre commercial tende les mains au reste du centre ville, et que son parvis soit attractif. Cela contribuerait grandement à l’aménagement d’un large secteur piétonnier, une esplanade comprenant la place de la Liberté et Roubaix 2000. L’idée est lancée, les consultations commencent. M.Papillon président de la chambre de commerce de Lille Roubaix Tourcoing, fait une proposition de ce genre de la rue Jules Guesde jusqu’à la rue du vieil abreuvoir. Un sondage auprès des commerçants de la rue du vieil abreuvoir donne une légère majorité des oui au secteur sans voitures. Finalement, le projet de trajet piétonnier partirait du boulevard de Belfort, jusqu’à la grand place de Roubaix, englobant Roubaix 2000, une partie de la place de la Liberté et la Grand rue entre la rue Pauvrée (actuelle rue Jean Monnet), et la Grand Place. On se réunira avec les responsables des rues piétonnières de Lille et de Tourcoing afin de recueillir les fruits de leurs expériences.

En février 1976, l’idée sera soumise en conseil municipal, suite à la proposition de Pierre Catrice, répondant à l’invitation de Jean Papillon, devant les différents représentants de commerçants roubaisiens. A cette occasion, Pierre Catrice parle du désenclavement de Roubaix prévu avec la rocade sud est, pour libérer les avenues Motte et Salengro et informe les participants de l’évolution du projet de pénétrante Tourcoing Roubaix : elle débouche à présent rue de l’Hommelet, avec une petite desserte sur la place de la liberté avec la rue Pauvrée. On parle aussi du métro. On évoque le secteur piétonnier place de la Liberté Grand Place, et Pierre Catrice le présentera au conseil municipal. En mars, le projet avance, mais que fera-t-on du Mongy, danger potentiel pour la circulation, qui à cette époque va encore jusqu’à la Grand Place ?

En mai les commerçants se déclarent favorables à un trottoir piétonnier Place de la Liberté, boulevard Leclerc, rue Pierre Motte et Grand Place, après une rencontre avec les tourquennois et les lillois. M. Donnay pour Lille, affirme que les conditions de travail des commerçants se sont améliorées, mais sans trop d’effet sur le chiffre d’affaires. A Tourcoing, le chiffre d’affaire a augmenté de 25%. Un sondage effectué donne 94% de clients satisfaits pour les deux secteurs piétonniers (rue de Béthune à Lille et rue Saint Jacques à Tourcoing). Mme Harmand présidente de l’union des commerçants du centre, dit alors que le piétonnier, c’est l’avenir. Elle demande concertation et sondage avec les commerçants. En octobre, c’est décidé : un secteur piétonnier sera réalisé en plusieurs étapes de l’église Ste Elisabeth jusqu’à l’église St Martin, et la première tranche concernera le chantier de la place de la Liberté jusqu’à Roubaix 2000.

Les études continuent, un déplacement à Dieppe en novembre, où depuis l’apparition du secteur piétonnier, l’on trouve les clients moins agressifs, les ventes plus diversifiées, mais la rue devient un désert après 18 h 30, car il n’y a pas d’animation, ce qui n’est pas le cas de Roubaix, qui propose trois cinémas dans le secteur projeté. On projette d’aller voir à Courtrai comment ça se passe. Le 12 janvier 1977, c’est parti, les travaux commencent.

Les 90 logements du Boulevard de Reims

Le parc de la Potennerie est racheté avant la dernière guerre par la caisse d’assurances sociales « la Famille », et revient lors de la création de la sécurité sociale à la caisse primaire de Roubaix. En 1950, la ville s’en porte acquéreur pour y construire un centre médico-social, projet finalement abandonné. C’est alors l’office départemental des HLM qui le reprend. On y construira les immeubles constituant les groupes de la Potennerie rouge et de la Potennerie blanche. Après ces travaux, il demeure une bande de terrain libre, située derrière l’ancien mur du parc, en bordure du boulevard de Reims. Elle est rétrocédée à l’office public d’ HLM de Roubaix qui va y construire 90 logements de tailles diverses pour y reloger les derniers habitants du secteur Edouard Anseele.

Le terrain qui servira à la construction – photo Nord Matin

Les travaux démarrent en octobre 1960. Les appartements disposeront du chauffage central individuel ; ils seront peints et tapissés avant d’être livrés. Les techniques de construction sont nouvelles : certains éléments (murs intérieurs, plafonds et escaliers) sont coulés au pied des immeubles, puis on les installe ensuite en place. Cette technique permet d’accélérer la construction : par exemple, les évidement pour le passage des canalisations sont prévus lors de la coulée.

La construction – photos Nord Eclair et la Voix du Nord

On remarque que l’ancien mur du parc et sa porte monumentale ne sont abattus qu’à la fin des travaux .

Contrairement aux autres immeubles du quartier, l’architecte a prévu quatre magasins au rez-de chaussée de l’immeuble situé le long du boulevard de Reims. Ces magasins sont occupés dès livraison : En 1968, on trouve un poissonnier, M. Pauwels au 272, un « Bazar de la Potennerie » au 280, qui deviendra en 1973 une agence immobilière. Au 288 une épicerie (magasin EGE), au nom de M. Decaestecker, qui tient également une autre épicerie « Aux fruits de Provence » au 296. En 1978, un pédicure s’installe au 272, tandis que le 280 devient un salon de coiffure.

Photos Nord Eclair et Jp Maerten

On constate que l’immeuble a peu changé depuis sa construction, et qu’il est resté en bon état. On pourrait faire cette remarque pour la plupart des immeubles de brique rouge construits à Roubaix vers cette époque.

En prélude à l’avenue des Villas

Dans les années 1880, au moment où il est question de créer un boulevard de ceinture incluant ce qu’on va plus tard appeler le nouveau Roubaix, le quartier du Huchon ou de Barbieux n’était desservi que par le Chemin de Barbieux, menant de la rue du Moulin à Croix. Sur cette voie venait s’embrancher les boulevards de Douai et Lacordaire, constituant, à l’époque, la ceinture ainsi que, plus vers Croix, un chemin menant à Hem en passant par la ferme Gorghemez, et une voie à peine ébauchée, qui deviendra la rue Bossuet, vers le parc nouvellement créé. Par ailleurs, un sentier remontant à plusieurs siècles, dit du Vert Baudet à Croix ou sentier du Huchon, s’embranchait également sur la rue de Barbieux, mais il a été fermé « lors de la construction de la promenade » (le parc). Il est rouvert partiellement par décision municipale du 1er juin 1880 à la suite d’une pétition des riverains du quartier : Il est représenté sur la carte par une ligne pointillée partant du parc et rejoignant en formant un angle la rue de Barbieux.

Ce sentier desservait plusieurs propriétés, mais, à la réouverture, les alignements n’ont pas été précisés, ce qui pose immédiatement des problèmes aux riverains. En 1886 M. Edmond Ternynck demande de construire une mur de clôture le long du sentier du Huchon (qu’on appelle aussi rue Monthyon), ainsi que le long de la rue de Barbieux et un troisième face au parc. Le directeur de la Voirie municipale regrette que les limites du sentier n’aient pas été fixées suffisamment, et précise qu’il faut soit élargir le sentier pour tracer une rue de 12 m de large (ce qui nécessite une série d’expropriations), soit supprimer complètement ce sentier, qu’il appelle « du vert Baudet ». Il préfèrerait qu’on déclasse cette rue pour privilégier un accès au parc Barbieux par un nouveau boulevard de ceinture, empruntant le boulevard Lacordaire et se dirigeant vers la rue de Lannoy., ceci pour « …réunir au parc Barbieux, pour y retenir la population qui tend à s’établir sur Croix, toute la partie du territoire comprise entre le parc et les limites des communes de Croix, d’Hem et de Lys » (pour nous le Nouveau Roubaix).

En octobre, les frères Georges et Max Brame, MM. Leveugle et Edmond Ternynck acceptent l’abandon gratuit des terrains nécessaires à l’élargissement à 12 mètres du sentier et le tracé de la rue Monthyon. Les frères Brame assortissent cette promesse à l’expropriation des immeubles gênant le débouché de la rue vers la rue de Barbieux. En effet, des immeubles appartenant à M. Pierre Delesalle-Defives existe à cet endroit. Le sentier l’évitait grâce à une courbe, mais il se trouve juste sur le nouveau tracé. Cet immeuble est occupé par plusieurs locataires, dont M. Jules Roger , qui tient un cabaret à l’enseigne du vert Baudet, et il faudra également indemniser ces gens.

En Janvier 1887 le conseil municipal approuve le tracé, récupère les terrains et le préfet du Nord entérine les dispositions prises. Pourtant, les autorités municipales décident de laisser provisoirement en l’état le débouché actuel dans la rue de Barbieux. La nouvelle rue est classée et répertoriée, mais n’est donc que partiellement tracée, car son accès à l’Est reste à réaliser. Apparemment, les choses en restent là plusieurs années, jusqu’en 1896, au moment où on projette le percement de l’avenue des Villas, qui doit aboutir à cet endroit même. A cette époque aboutit l’accord entre M. Delesalle et la municipalité pour la session du terrain et des bâtiments situés dans l’alignement. On imagine alors de d’élargir la rue Monthyon jusqu’à une largeur de 30 mètres, au lieu de 12 initialement prévus. Celle-ci pourrait ainsi servir de prolongement à l’avenue des Villas qui doit faire cette largeur. Mais d’autres bâtiments appartenant à M. Delesalle empiètent sur le nouveau tracé élargi.

 Les deux projets vont finalement se rejoindre et se confondre : Les riverains de l’avenue des Villas proposent plutôt de déclasser la rue Monthyon, puisque « l’engagement des propriétaires se trouvant caduc par suite de la non exécution de l’engagement de janvier 1887 », et de créer le prolongement dans l’alignement de la future avenue. C’est cette solution qui sera choisie. Il faudra alors, par toute une série d’échanges et de tractations rendre les terrains constituant la rue Monthyon et en acquérir d’autres pour prolonger l’avenue des Villas, ce qui scellera le bref destin de cette rue : tracée pour remplacer un chemin séculaire, elle sera, aussitôt née, supplantée par une avenue de prestige, chargée de retenir et attirer la population de ce qu’on appelle déjà « le beau jardin », pour constituer un des plus beaux quartiers de Roubaix.

 Les documents utilisés proviennent des archives municipales

 

 

 

 

Les travellators d’Auchan

Le centre commercial Roubaix 2000 se prépare à accueillir Auchan, ce qui n’empêche pas l’ouverture d’un nouveau magasin de vêtements. Inaugurée en février, la Calèche est située au rez-de-chaussée, arbore de larges vitrines et propose en entrée libre un choix exceptionnel et des cabines d’essayages dans un décor à l’américaine.

Auchan dans Rx 2000 CP méd Rx

C’est également fin février qu’Auchan fait son ouverture dans le centre commercial. A l’occasion du quinzième anniversaire de son ouverture, le supermarché Auchan de l’avenue Motte a été relooké : parking refait, magasin repeint, implantation des produits revue, allées élargies, nouvelle signalétique, produits frais en libre service ou en vente traditionnelle. La nouvelle implantation d’Auchan dans Roubaix 2000 va bénéficier de l’expérience de l’entreprise et des mêmes améliorations. Car il s’agit dans un premier temps d’effacer l’échec des prédécesseurs. Pour les transformations de l’ex surface Lemaire, Auchan a mis les grands moyens. L’accès au parking souterrain est désormais facilité par les tapis roulants permettant aux caddies de descendre du magasin jusqu’à la voiture. Une heure de parking est offerte sur présentation du ticket de caisse. Auchan garantit un large choix de produits alimentaires, et propose également des rayons de charcuterie fine, de poissonnerie, de fromage à la coupe, de fruits et légumes, en libre service ou en vente traditionnelle. Le choix dans les produits et le choix dans les méthodes de vente ! Auchan va plus loin en répondant aussi aux demandes qui avaient été formulées pour l’arrivée de nouveaux magasins dans le centre commercial : les article de droguerie, de bricolage, les appareils du petit électro-ménager, la vaisselle et les articles de ménage sont également proposés à la clientèle. Les termes employés dans la communication publicitaires sont forts : ils s’agit de réconcilier la clientèle avec la surface de vente, et beaucoup ne la reconnaîtront pas ! Auchan ajoute à cela des prix d’inauguration défiant toute concurrence pour le lancement des deux nouvelles surfaces en Mars, Auchan Motte et Auchan Roubaix 2000.

C’est une enseigne en plein développement qu’accueille le centre commercial. Auchan en 1976, c’est déjà un réseau de dix huit hypermarchés en France et quatre projets pour 1977, c’est un chiffre d’affaires de trois milliards de francs !

 

Mais cette réussite n’est pas sans quelques conséquences. En juillet 1976, suite la mise en œuvre d’un système de transports gratuits des clients vers les supermarchés, Auchan se voit infliger une amende avec sursis pour concurrence déloyale. Il sera mis fin à l’expérience, et il est intéressant de noter que le tribunal a considéré le préjudice subi par certains commerçants était plus moral que matériel ! Auchan n’aurait donc concurrencé que… l’ELRT !

Conséquence plus directe et roubaisienne : en juillet également, la fermeture annoncée du Monoprix de la rue Pierre Motte pour la fin de l’année 1976 ! On parle quelques semaines plus tard déjà de l’arrivée de Darty…

Le centre commercial de Roubaix 2000 n’en poursuit pas moins ses activités d’animation.

Parmi les artistes prévus du 24 novembre au 4 décembre : les duettistes bretons Yves et Gilles avec le groupe régional Paroles, les kamikazes, démonstration de karaté, cascades japonaises, combats de samouraï, par deux jeunes professeurs de karaté de Tourcoing, MM Roger Boudrez et Michel Petit. En décembre, Remy Bricka homme orchestre, Harry Band danses de tout pays et pendant dix jours le mime Hervez Luc. Roubaix 2000 a-t-il pris son rythme de croisière ?

Amicale sans local

Le Jeudi 26 février 1976, est créé le foyer d’éducation populaire des Hauts Champs, suite à la volonté des parents d’élèves de l’école Brossolette de voir l’action éducative prolongée au delà du temps scolaire. Quels sont les souhaits formulés ? La création d’un foyer du 3e âge, d’un club de basket, de cyclotourisme, de ping pong, de photographie, de musique et d’une section de défense du consommateur. On retrouve dans cette création la tradition des amicales laïques et les vœux émis font immédiatement penser à toutes celles qui ont été créées à la fin du dix neuvième siècle (Turgot, Archimède…), ou à celles des années trente (Jean Macé Pasteur, Jules Guesde).

Le bureau de l’association Photo NE

Roland Losfeld, alors directeur de l’école Brossolette, également secrétaire de la fédération des associations laïques, réunit une trentaine de personnes intéressées. Assistent à cette réunion le vice président de la FAL, M. Plouvier, le représentant de la FLASEN M. Geerarts, M. Hendoux, animateur permanent FAL, Mme Szediak, responsable du conseil de parents d’élèves Cornec. Le bureau est élu, M. Depoortère en est le président, M.Losfeld secrétaire et Mme Flipot la trésorière. Il faut noter que certaines des activités souhaitées sont déjà mises en œuvre chez des particuliers. Il ne reste plus qu’à trouver des locaux…

En attendant, les activités cyclotouristes démarrent rapidement : des élèves de CE2, CM1 et CM2 effectuent des sorties dont le but est pédagogique : la découverte de l’environnement, avec la visite de l’établissement qui produit l’eau minérale de Willems, ou un travail d’enquête sur la douane de Toufflers sont les objectifs assignés à ces sorties à vélo. Quatre accompagnateurs et deux voitures assurent la sécurité d’un parcours étudié au préalable pour éviter d’emprunter des routes trop importantes.