Roubaix est une ville d’imprimeurs et de libraires. Au dix-neuvième siècle, dans la rue du vieil abreuvoir se trouvait l’imprimeur lithographe Lesguillon, qui occupa les n°17, 19 et 44. A deux pas, dans la rue Nain, il y avait l’imprimerie Jenicot. Au début du vingtième siècle, on trouvait à Roubaix une trentaine d’imprimeurs et autant de libraires. On trouve trace dans le Ravet Anceau en 1895, d’une librairie au 21 de la rue du vieil abreuvoir : Mme Laplace de Tayrac, dont le mari est contrôleur des douanes, tient là une librairie papeterie. Elle sera reprise par Melle Vieillard, signalée en 1910 par le Ravet Anceau. Après la première guerre, dans les années vingt, la librairie prend le nom de Maison du Livre et devient la propriété Dendievel.
La Maison du livre des années trente. Coll particulière
C’est en 1935 que M. Bonnehon, professeur au Conservatoire National de Roubaix et directeur du Petit Monde Artistique de Roubaix, perpétue la vocation de l’établissement. Une publicité parue dans le Journal de Roubaix présente la librairie comme la maison de l’élite intellectuelle de Roubaix. On y trouve toutes les nouveautés, un grand choix de livres techniques, des œuvres poétiques. Un nouveau rayon vient d’apparaître pour le théâtre et on y trouve toutes les livres classiques. La librairie proposera également des romans de voyage et d’aventure, des livres pour enfants, ainsi qu’un grand choix d’estampes, d’eaux-fortes et de dessins, les revues et les journaux trouvent également place sur ses rayons. Enfin, une nouvelle vitrine mettra en valeur le magasin.
La Maison du livre de M. Bonnehon Coll Particulière
M. Bonnehon cède sa librairie en 1972 à M. et Mme Lenglet. Le premier étage du magasin accueille alors une nouveauté, le club de livres France loisirs, alors que disques et cassettes viennent renforcer les rayons de la Maison du Livre. Le développement est tel que la Maison du Livre va un temps s’installer au n°27 de la rue du vieil abreuvoir, dans l’ancienne poste. On y retrouve tous les rayons de la librairie traditionnelle : lettres, sciences, poésie, tourisme, religion, loisirs. Sans oublier la papeterie, le dessin et les objets d’arts[1]. En 1986, Bédéphile, un magasin spécialisé dans la présentation et la vente des bandes dessinées, voit le jour au n°21, tenu par le fils de M et Mme Lenglet.
La Maison du livre au n°27 Coll Particulière
En 1994, la Maison du Livre quitte la rue du vieil abreuvoir et va s’installer au n°21 de la Grand rue. Cette imposante librairie est à la fois maison de la presse, dépôt de France Loisirs, dispose de rayons consacrés aux dvd et cd roms, et continue de proposer des ouvrages pour tous les goûts, sans oublier la papeterie. En 2002, M. et Mme Lenglet prennent leur retraite et cèdent leur librairie à l’un des vendeurs, M. Lejon, David Lenglet poursuivant le Bédéphile de la rue du vieil abreuvoir. Mais le 21ème siècle sera fatal à cette librairie plus que centenaire, qui renoncera devant la concurrence d’une grande surface de 1200 m2 installée au printemps 2005 dans le centre commercial Espace Grand rue.
La Maison du livre Grand rue Coll Particulière
[1] In La Maison du Livre, 100 ans de librairie, de passion et d’indépendance » Décembre 2004 Quelle belle idée Editions
La rue de l’Hommelet est classée au réseau communal en 1838. En 1848, une commission municipale se penche sur l’opportunité de paver ce chemin, reliant le hameau de l’Ommelet et celui du Tilleul, sur une largeur de 3 mètres, à condition que les riverains abandonnent gratuitement le terrain nécessaire, pour transformer ce chemin en une rue de 10 mètres de large, la chaussée étant alors bordée de deux fossés « larges et profonds ». Le plan cadastral de1845 nous montre que le chemin fait un coude pour se raccorder à la rue du Quai (qui deviendra le début de la rue Pierre de Roubaix), et présente un étranglement au carrefour avec la rue du Galon d’eau (future grand rue), causé par des bâtiments qui débordent sur le chemin tant du côté pair que du côté impair. Ces bâtiments semblent très anciens, puisque, déjà présents sur le plan cadastral du Consulat daté du 25 vendémiaire an 13 (1804), ils persistent à marquer un état très antérieur de l’alignement du chemin. Cette situation, bien qu’incommode pour la circulation, va pourtant perdurer très longtemps.
Document archives municipales
Le bâtiment carré qui empiète du côté pair disparaît le premier (les photos aériennes de 1932 montrent qu’il a été remplacé par une maison de belle apparence construite en suivant l’alignement). Il n’est pas numéroté dans la rue de l’Hommelet, mais dans la Grand rue où on trouve en 1920 au 159 J. Flipo-Cousin, propriétaire, au 161 Eugène Leclercq, fabricant, et au 163 la pharmacie A. Delabaere. En 1939, on retrouve les mêmes propriétaires, sauf au numéro 161 où habite M. Flipo-Guerre-Tissot, industriel.
Le coin de la rue en 1965 – photo IGN
Cet immeuble va marquer le coin du carrefour jusqu’à la disparition de cette partie de la rue.
Le même immeuble vers 1980 – photo Nord Eclair
En revanche, le bâtiment situé à droite en débouchant sur la grand rue, au numéro 1, va connaître une carrière très longue. C’est d’autant plus étonnant que, dès 1866, le directeur des travaux municipaux conseille de racheter la parcelle pour dégager le carrefour.
La parcelle à acquérir – document archives municipales 1866
Mais, très curieusement, cet avis n’est pas suivi d’effet et le bâtiment n’est pas démoli, puisqu’il va gêner la circulation au carrefour jusqu’au milieu du 20ème siècle. Côté numéros impairs, on trouve en 1920 au 1 R. Vandewille (-wiele?), fripier. En 1922 l’estaminet Verhoeve (157 gde rue), s’agrandit en achetant le 3 rue de l’Ommelet (ancienne tannerie Flipo). En 1939, on trouve au 1 M. Van de Wiele, qui est camionneur, et, au 3 E. Pennel, coiffure dames et la maison Paul fils, fripier.
Ce bâtiment ne va pas disparaître avant 1952 où, qualifié d’inutile et de vétuste, rendant le carrefour très dangereux, il sera finalement démoli à la suite d’une décision du conseil municipal.
Document Nord Matin
Cette construction aura alors plus de 150 ans : bel exemple de longévité !
Thérèse a bien voulu témoigner sur sa vie de travail. Née dans le quartier du Fresnoy, elle y est revenue après avoir pris sa retraite. Elle nous donne un témoignage de ses différents emplois, ce qui nous permet de faire un vrai parcours de Roubaix.
Je suis allée à l’école sainte Odile jusqu’à l’âge de 13 ans, puis je suis partie au collège. J’aurais voulu être puéricultrice ou comptable, mais l’orientation en a décidé autrement. Je me suis mis à la couture, j’étais douée pour ça, on m’a mis en confection. Je devais avoir mon CAP mais j’étais tellement stressée que j’ai fait les boutonnières côté hommes alors qu’on me demandait côté femme.
La société de confection Ronald Collection Particulière
Je suis entrée comme apprentie chez « Ronald » rue des Vosges, comme piqueuse. J’ai appris sur le tas. C’est le commencement du métier, on fait toujours la même chose. C’était une entreprise de confection de vêtements de luxe pour enfants. J’y suis restée trois mois, je ne m’habituais pas, je ne gagnais pas grand’ chose. J’ai travaillé aussi à l’Ecusson, c’était un volailler rue de Mouvaux en face de la pharmacie, il y avait le foyer du vieillard à côté. C’était de l’appoint, j’allais à la messe à 7 heures et demie, et après je vidais les poulets jusqu’en début d’après-midi. Je faisais partie de la maison, parfois on me confiait le magasin. Ensuite en toujours en 1967, j’ai travaillé pour la société « VDV, Vêtements de Vacances », vêtements de sports. C’était des gens de Paris, des trucs chics, rue de la fosse aux chênes. Des manteaux matelassés, en lurex, ils étaient d’avant-garde. On pouvait acheter des coupes, j’ai fait des manteaux pour ma fille. On faisait des poignets toute la journée, et c’était sans arrêt des histoires de bonne femme ! Dans les bonneteries, c’est pareil. Chez « Herbaut Denneulin », j’avais été prise, mais avec tous ces bavardages, je ne suis pas restée ! Je suis restée deux ans chez VDV. J’étais mécanicienne, je travaillais sur une machine, c’était plus varié, avec des modèles différents. J’ai travaillé des matières, ça m’a donné des trucs pour la suite, par exemple, on mettait du papier toilette en dessous pour arriver à piquer. On disait que j’avais des mains en or.
La maison Vlemincks CP Méd Rx
En octobre 1967, je travaille chez « Vlemincks », les bandages, rue Pauvrée, j’étais piqueuse à ce moment-là. Je faisais parfois des essayages avec les dames. Je suis restée là un an. Puis j’arrive au magasin « Minifix » de la Grand rue. J’étais vendeuse, au rayon des jouets. Il y avait des rayonnages, c’était déjà assez grand, genre Monoprix. Ils vendaient de tout, alimentation, vêtements, en dessous de Monoprix au niveau gamme. On était une trentaine de vendeuses. J’allais faire mes courses dans le magasin avant de revenir à la maison. L’ambiance était bonne, j’étais tranquille, j’étais jeune mariée, je me suis mariée le 9 août à l’église Ste Antoine. On habitait alors rue Watteuw. Mais ce n’est pas ce que je voulais faire.
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Après j’ai travaillé à « La femme chic » en tant que retoucheuse. On s’entendait à merveille, on retouchait pour les trois magasins de la rue de la Vigne, de la rue Jules Guesde et de la rue de l’alouette. C’est là que j’ai appris à faire des choses magnifiques. Je triais aussi les seconds choix, j’avais l’œil pour ça, on remettait en vente les meilleurs. J’étais toujours ponctuelle et régulière, j’y suis restée quatre ans ! J’y serais restée, le travail me plaisait, j’étais appréciée, mais la boîte a fermé à cause de la gérante, suite à un contrôle, au grand désespoir du patron. En 1974, je suis allée chez Pronuptia à Tourcoing. La direction de Lille est descendue, ils sont venus me voir, ils me demandaient de retoucher sur les gens. Je me suis retrouvée dans une cabine avec une fille, c’était nouveau pour moi. J’ai été prise tout de suite : 45 heures par semaine et je revenais chez moi le midi. Il devait y avoir un Pronuptia à Roubaix 2000 et ça devait être pour moi, mais ça ne s’est pas fait. La patronne reconnaissait bien ce qu’on faisait, je suis allée la voir, car pour moi, c’était trop lourd, et au mois de juin on faisait des heures. J’ai fait un an et j’ai quitté.
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Je suis arrivée chez N’BEL, tenue par une dame qui faisait les corsets, moi je faisais les robes de plage. Comme marques, ils faisaient Playtex et Scandal. A ce moment, j’étais enceinte et toujours en haut de l’échelle, j’avais une pêche du tonnerre. Parfois j’avais des coutures à faire sur les corsets. C’était au 173 rue Pierre de Roubaix, le bâtiment existe encore, avec ses deux grandes vitrines, une grande porte et une porte d’entrée.
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Je me suis arrêtée de travailler quelque temps, puis j’ai repris chez « Oui », c’était le nom du magasin, qui faisait des robes de mariées. Je reste deux ans, ce n’était pas de la haute couture. Je voulais changer et grâce à une petite annonce, je suis entrée chez « Laurence ». La patronne m’a donné des retouches, sur des robes très chères. Elle avait confiance en moi. Elle-même s’occupait de ce qui allait vite, bas de pantalon, des choses comme ça. On ne manquait de rien. Elle me ramenait de l’eau de pluie pour repasser. C’était assez familial. J’ai travaillé là jusqu’en Février 1993.
Ensuite, j’ai attrapé une allergie au tissu, à cause des apprêts, j’ai dû arrêter. J’ai dû me reconvertir. J’ai fait une formation, avec l’accord de la dame de chez Laurence boutique. Je me suis mise à niveau au CUEEP, j’ai eu le brevet des collèges, et ensuite j’ai rattrapé le BEP sanitaire et social en sciences physiques. Et j’ai réussi l’examen à la Croix Rouge pour être puéricultrice. J’ai donc trouvé un poste rue Balzac au centre social Boilly. J’étais stressée, je tremblais pendant mon entretien. Heureusement la directrice a pris des renseignements et elle m’a engagée comme auxiliaire puéricultrice. C’est ce que j’ai toujours voulu faire. On travaillait en équipe, on était quatre ou cinq, on accueillait 16 enfants. Je suis restée jusqu’en 2007. Mon docteur de famille a remarqué que je faisais une polyarthrite. Il m’a fait arrêter, je ne pouvais plus porter du lourd, ça pouvait être dangereux pour les enfants. Quand le médecin du travail a vu mon dossier, il m’a envoyé en retraite directement. J’ai beaucoup regretté mon travail d’auxiliaire puéricultrice. Maintenant je m’occupe, la chorale, l’atelier mémoire et puis j’ai à faire avec mon ménage.
Après la seconde guerre, on dénombrait à Roubaix une vingtaine de braderies, dont les dates étaient fixées avec la municipalité, et qui constituaient des animations de quartier fort courues. Une braderie, aussi appelée ailleurs vide-greniers, foire aux puces, bric-à-brac, troc et puces, est un rassemblement populaire au cours duquel des particuliers exposent les objets dont ils n’ont plus l’usage afin de s’en départir en les vendant aux visiteurs. Par extension, et avec le temps, une braderie est devenue une manifestation commerciale se déroulant le plus souvent en plein air et permettant aux commerçants de liquider leurs marchandises à prix bas. En 1950, le quartier Alma-Fontenoy proposait trois événements de ce genre : une braderie rue du Fontenoy, le 2e samedi de juillet, une braderie Alma Fontenoy, le lundi de la fête des fabricants, et une braderie rue Blanchemaille, le 1er samedi de septembre.
On peut supposer que la première braderie citée se situait place du Fontenoy, alias le marché des « noirtes femmes », autrefois cœur du quartier, et qu’elle s’étendait dans les rues avoisinantes, rue de France, rue de Toulouse, rue Jacquart. Les lieux ont beaucoup changé, la place n’existe plus et la braderie elle-même n’est plus répertoriée au début des années soixante. De nos jours, une braderie brocante organisée rue de France le 1er mai perpétue cette animation. Autrefois le 1er mai était la date de la braderie de la rue du Collège.
Braderie rue de l’Alma en 1950 Photo NE
La seconde braderie, dite Alma Fontenoy, s’est très longtemps tenue dans la rue de l’Alma, importante artère commerçante de Roubaix, de la rue Saint Vincent de Paul (aujourd’hui avenue des Nations Unies) jusqu’à la rue du Fontenoy, voire plus loin. Le nombre des cafés, des commerces, la présence de la Redoute, du cinéma le Royal, ont fait que cette braderie était fort fréquentée dans un quartier à forte densité de population, cela avant l’opération dite Alma Gare.
Braderie rue Blanchemaille en 1950 Photo NE
La troisième braderie de la rue de Blanchemaille, rappelle le caractère commerçant de proximité de cette rue, notamment dans sa partie entre la rue Saint Vincent de Paul et la rue Archimède. L’extension des locaux de la Redoute entraînera la transformation progressive de la rue du Fontenoy et de la rue de Blanchemaille. La braderie n’apparaît plus dans les années soixante.
On le voit, les braderies n’étaient pas l’apanage des grandes rues commerçantes de Roubaix. Certaines ont pu garder le côté animation de quartier qui les caractérisait. En effet, les braderies sont souvent associées à des fêtes ou à des animations de quartier, dont elles figurent bien souvent le moment de clôture. Des vingt braderies répertoriées en 1950, signalons qu’il en existe encore seize en 2015, mais peu dans les quartiers nord. Sans doute cela résulte-t-il des modifications urbanistiques du quartier, mais également de la disparition des commerces de proximité, qui commence au début des années soixante, avec l’apparition des grandes surfaces à l’orée de la ville.
L’usine de César et Joseph Pollet fut construite en 1903, c’est une filature de laines peignées, une retorderie et un tissage. La maison mère, manufacture de tissus pour robes et draperies, fut créée rue Nain en 1831 par Joseph Pollet. En 1950, l’usine Pollet se situe au n°153 rue Edouard Vaillant. C’est dans cette usine que cinq sœurs d’une même famille, les sœurs Leclercq, ont travaillé pendant plus de 30 ans. En 1950, un article de presse leur est consacré, qui nous apprend que Jeanne, Clémence, Laure, Zoé et Célina totalisent ensemble 174 années de travail chez Pollet. Elles sont toutes titulaires de la médaille du travail. Voici leur histoire.
Les cinq sœurs Leclercq Photo NE
D’abord la famille, présente depuis plus d’un siècle à Roubaix. Le père Florimond Eloi Leclercq est né à Roubaix en 1868. Il habite rue du Tilleul, (aujourd’hui rue Jules Guesde) il est domestique à la naissance de sa première fille, en 1897. Le grand père Charles Ferdinand Henri Leclercq est né à Roubaix en 1820, et il est fileur. L’arrière-grand-père Florentin Leclercq est né en 1789, il est tisserand à Roubaix. Voilà donc une famille présente à Roubaix depuis au moins un siècle et demi.
Jeanne Espérance Leclercq épouse Turpin est née en 1897 à Roubaix, s’est mariée au même endroit en 1920. Elle est entrée à l’usine Pollet le 11 novembre 1912, à l’âge de 15 ans. En 1950, elle exerce la profession de soigneuse de continu à filer. C’est un travail qui nécessite une position debout permanente, avec de fréquents déplacements entre les différentes machines, dans le bruit, l’humidité et la chaleur. Elle est domiciliée avenue Linné, Square des Platanes. Clémence Madeleine Leclercq épouse Delaender est née en 1898 à Roubaix, où elle s’est mariée en 1924. Elle commence à travailler chez Pollet le 30 décembre 1912, à l’âge de 14 ans. En 1950, elle exerce la profession de soigneuse de préparation, comme sa sœur ainée. Laure Leclercq épouse Dutilleul est née en 1902. Elle est entrée à l’usine le 10 septembre 1914, l’âge de 12 ans. En 1950, elle est papillonneuse chez Pollet, et elle habite juste à côté de l’usine, square des acacias.
L’occupation allemande à Roubaix CP Méd Rx
Les trois premières sœurs ont donc commencé à travailler chez Pollet dans une période difficile. La première guerre mondiale venait de commencer. Dès octobre 1914, les allemands occupent l’usine, puis réquisitionnent les matières et tissus, avant de démonter tout ce qui pouvait l’être, machines, tuyauteries, câbles, canalisations… Pillée par les allemands jusqu’en en 1918, cette usine reprit son activité moins d’un an après leur départ.
Le 10 décembre 1919, Zoé Leclercq épouse Hasquette née 1904, entre chez Pollet à l’âge de 15 ans. En 1950, elle est soigneuse de préparation comme ses sœurs ainées, et elle habite également square des acacias. Enfin Célina Leclercq épouse Debever née en 1906, commence à l’usine le 10 décembre 1919 à l’âge de 13 ans. En 1950, elle est également soigneuse.
Mais ce n’est pas fini ! La famille est également concernée. Florimond Leclercq, le père a travaillé 25 ans dans la même usine. L’épouse de l’un de ses fils née Julie Evrard y est entrée en novembre 1931. Le mari de Jeanne, Alfred Turpin, et son fils y sont également. Enfin le mari de Zoé, M. Hasquette y était mécanicien.
Les trois censes Photo PhW
Quand le textile tournait à plein rendement, il n’était pas rare de trouver dans une même usine une famille entière (voir notre article les cinq de chez Delescluse aux Trois Ponts). Selon les conditions de travail et les conditions de vie (logement et déplacement), il arrivait qu’on fasse l’intégralité de sa vie professionnelle dans la même entreprise.
Après avoir été occupée par Phildar, l’usine de la rue Edouard Vaillant le fut par les Trois Suisses à partir de 1965. En juin 2013, l’ancien site est transformé en lieu de commerces et d’habitation par la société Saint-Roch habitat. L’endroit sera dénommé Les 3 Censes, en référence à l’ancien caractère champêtre des lieux et à la proximité d’anciennes grosses fermes aujourd’hui disparues (Beaumont, Gourghemetz, La Haye).
Sources : Nord Éclair, Archives municipales de Roubaix, Ravet Anceau
Territoire isolé, oublié ente le canal et Wattrelos, l’Entrepont dépend de la paroisse du Sacré Cœur. L’abbé Boussemart est à l’origine du projet de création d’un poste avancé de la paroisse, à l’angle de la rue d’Alger et de la Grand Rue, sur une partie des terrains de la propriété Meillassoux. Ce projet devait comprendre un sanctuaire, un dispensaire et une garderie. En mai 1952, une réunion sur le sujet se tient dans une salle du cinéma Rex. La présentation du projet est faite par M. Charles Julien, président du comité d’érection du sanctuaire, et M. Vanmulen expose le plan des futurs travaux. Tous les habitants du quartier sont sollicités et M. Charles Jullien déclare : « Prouvons que nous existons en donnant l’exemple d’entraide et de camaraderie ».
Les castors de l’entrepont sur le chantier Photo NE
Les matériaux sont chers, aussi pense-t-on à organiser une soirée dansante salle Watremez pour récolter des fonds . Elle se déroula le 29 juin en présence de MM Jules Duquesne député du Nord, Hubert Antoine adjoint, Maurice Crépin président de l’AIPG, Huvelle de la banque Scalbert, et Crinon de l’usine de Mascara. A 17 heures, un bal familial fut donné avec la participation du groupe Rythmic Jazz. En juillet 1952, les castors de l’entrepont mettent à profit les congés payés pour commencer les travaux. Il faut niveler le sol, car il y avait des massifs épais, des arbres, de la végétation. Les castors, adultes bénévoles et motivés, travaillent le soir après leur journée, le samedi, puis pendant leurs congés. Soixante-dix tombereaux de terre seront enlevés avant que la construction puisse commencer. Les castors, dont ce n’est pas la profession, se transforment en terrassiers, puis en maçons. Il y avait là un magasinier, un chef de service d’une importante usine textile, un étudiant, toutes les professions sont représentées, il y avait aussi un maçon authentique qui conseillait tout le monde. Le gros œuvre devrait être terminé pour l’été, avant les premiers frimas, et la construction couverte, pour qu’on s’occupe des aménagements intérieurs.
Photo aérienne du quartier. La Chapelle est le bâtiment en longueur en haut du cliché. Photo IGN
On avait pensé à une chapelle ogivale, ce sera un local qui servira de dispensaire, de garderie d’enfants et de sanctuaire. Le bâtiment fait trente mètres de long sur neuf de large, et couvre une superficie de 270 m². Grâce à un jeu de portes coulissantes, les deux salles n’en feront qu’une pour constituer une chapelle pour la messe. Le dispensaire est confié aux bons soins des religieuses du Très Saint-Sauveur.
Une sœur à l’ouvrage dans le dispensaire Photo NE
En 1961, on apprend par la presse que chaque dimanche à 8 heures 30 un prêtre de la paroisse du Sacré Cœur vient dire la messe à la Chapelle Saint André. La chapelle est simple et claire, décorée d’une fresque rappelant les travaux de chaque jour et la famille roubaisienne. Le dispensaire est ouvert tous les jours et le dimanche matin. Une sœur du Très Saint Sauveur hébergée place de la Liberté, rayonne dans le quartier et donne des soins à domicile. On ne sait pas à quel moment la chapelle Saint André et son dispensaire ont disparu. Les témoignages et les photographies de ce sanctuaire seront les bienvenus. A vos souvenirs !
Après la démolition des Halles en 1956, on parlait du déplacement du marché de demi-gros depuis 1961. La rue de la Halle avait en effet conservé cette activité de « ventre de Roubaix » puisqu’elle était constituée des cellules commerciales des grossistes en fruits et légumes, beurre, œufs et fromages. Son activité se déroulait régulièrement de trois heures à huit heures du matin, avec une dizaine de grossistes sur place et la présence de grossistes forains, de deux à quarante selon les saisons.
Les Halles du côté de la rue de la Halle qui conserva un temps une partie des activités CP Méd Rx
Mais la restructuration du centre-ville, et notamment la construction du nouvel hôtel des postes, fait que les conditions de fonctionnement de ce marché sont de plus en plus difficiles, faute de surface de stationnement. On se met en recherche d’un autre emplacement et c’est dans le quartier du Pile, rue de Valenciennes, que seront reconcentrées les activités qui s’étendaient sur les 130 mètres de la rue de la Halle. Meilleurs espaces, possibilité de conservation des denrées périssables sont les plus de ce nouveau projet de marché.
Les travaux rue de Valenciennes Photo NE
Les travaux commencent le 15 avril 1982 et devraient s’achever début octobre. Reste alors à penser la signalétique de ce nouveau Marché d’Intérêt Local consacré aux fruits et légumes. Début septembre, on se prépare au déménagement pour les nouveaux entrepôts du Pile. Les grossistes sont en plein creux du mois d’août, et ils signalent que le commerce baisse à cause du dépeuplement de Roubaix. Les nouveaux locaux seront plus spacieux et les commerçants seront plus à l’aise pour travailler. Mais ils voient aussi les inconvénients, comme les charges qui seront plus importantes que dans la rue de la Halle. Six grossistes sur les huit à demeure vont déménager car les conditions de fonctionnement seront meilleures : pas d’heure limite pour la vente, pas de couloir de bus, donc un meilleurs accès pour les automobilistes. Dernier bémol, l’isolement du Pile par rapport au centre-ville.
L’inauguration du Marché d’Intérêt Local Photo NE
Le 5 octobre 1982, c’est fait, le marché des fruits et légumes est installé au Pile, près de la gare du même nom. Les commerçants évoquent les qualités de ce nouvel emplacement : ils travaillent à l’abri, avec un éclairage suffisant. Le MIL (marché d’intérêt local) a redémarré ses activités au Pile, avec de bons résultats. L’inauguration officielle aura lieu le même mois : Pierre Prouvost, maire de Roubaix, se félicite de la mise en œuvre de ce nouveau marché, qui va redonner vie et animation au secteur du Pile, et qui va permettre la rénovation de l’îlot délimité par la rue de la Halle, le boulevard Leclerc et la rue Pierre Motte.
Le Marché du Pile en activité Photo NE
Sources : Archives Municipales de Roubaix, Presse Locale
Le boulevard de Fourmies a toujours été très riche en commerces de proximité. Les commerçants y font des opérations de promotion, mais, jusque dans les années 60, ils agissent en ordre dispersé. Ils vont pourtant s’unir en octobre 1966. et former un comité pour préparer les fêtes de fin d’année. Ils s’associent à la municipalité pour installer des illuminations, et lancent, pour attirer la clientèle, une première quinzaine commerciale, assortie de distributions de louis d’or. Le président est M. Da Silva, M. Fassin est le vice-président, M. Dujardin le trésorier, et Mme Bacrot la secrétaire.
Photo Nord Matin
L’année suivante, Nord Eclair nous précise que l’association représente 27 commerçants, situés boulevard de Fourmies entre les places Spriet et du Travail, et regroupant tous les types de commerces. Le comité prévoit de reconduire la quinzaine commerciale à l’automne. Il envisage également d’organiser une braderie.
On apprend également que M. Buisine, président de l’union des commerçants du nouveau Roubaix, est élu membre de la chambre de commerce métropolitaine. Cette même union du nouveau Roubaix organise la même année une manifestation de sympathie à l’occasion du départ en retraite de M. et Mme Lierman-Delbaert, son vice-président, alors que M. Vandeputte en est le secrétaire. Il existe donc deux comités parallèles. Quels sont les liens entre les deux ? En tout cas, on n’entend plus parler dans la presse du comité du Nouveau Roubaix pendant un certain nombre d’années ; seul va se manifester celui du boulevard de Fourmies.
Les illuminations – document Nord Éclair
Celui-ci reconduit fin novembre 1968 les illuminations et la quinzaine commerciale, assortie de cadeaux attrayants : il s’agit cette fois de vélos pliants distribués à l’issue de trois tombolas. De plus une caravane publicitaire assure durant quinze jours la sonorisation de cette artère. Le projet d’organiser une braderie prend corps : on la prévoit un lundi de l’année suivante.
Elle a bien lieu le lundi 9 juin 1969 : Nord Éclair la qualifie de « braderie monstre du Nouveau Roubaix ».
La braderie en 1985 – photo Lucien Delvarre
L’autre point fort de l’année reste la quinzaine commerciale de décembre, associée à une caravane publicitaire et une tombola.
Une idée nouvelle en 1971 : le comité organise en avril, avec le concours du Vélo Club de Roubaix, le premier grand prix cycliste du boulevard de Fourmies, réservé aux cadets, dont le départ est donné place du Travail, devant le café « au rendez-vous des auto-écoles ». Deux mois plus tard, la braderie en est à sa troisième édition ; elle coïncide avec la deuxième ducasse de la place du Travail. La composition du comité des commerçants est modifiée : alors que M.Fassin reste vice-président, le président est M. Martel, le trésorier M. Coetsier, et le secrétaire M. Vincent.
La liste des coureurs – document Nord Éclair
En 1972, il n’y a plus de comité des fêtes : c’est l’union des commerçants qui organise les festivités. Le grand prix cycliste réunit deux fois plus de concurrents que l’année précédente ; la braderie coïncide, cette année encore, avec la fête foraine de la place du Travail. Quant à la tombola de la quinzaine commerciale, elle fera 100 gagnants. Ces animations s’installent dans la durée, et deviennent partie intégrante de la vie du quartier.
L’année 1973 voit le comité patronner au mois de mai une grande exposition de voitures, de caravanes et de bateaux, de quoi préparer les vacances.
Document la Voix du Nord
Cette exposition est associée à des ventes promotionnelles chez les commerçants membres de l’union. Les autres manifestations perdurent : le grand gagnant de la quinzaine commerciale se verra offrir un voyage aux Baléares pour deux personnes.
Les commerçants réunis en 1973 – Document la Voix du Nord
En 1985, naît l’union commerciale du Nouveau Roubaix, qui englobe apparemment celle du boulevard de Fourmies, qui disparaît donc au terme de près de 20 ans d’activité. La nouvelle association est composée de M. Segard, le président, M.Dubon, vice-président, et Mme Fassin, trésorière.
Le comité de la nouvelle association – document La Voix du Nord
Les participants de l’atelier mémoire du Centre ont fait l’étude des commerçants de la Grand Rue, parmi lesquels cette bijouterie située au n°137, dont l’histoire nous a été racontée par la fille de la maison. En 1928, le n° 137 formait une seule maison, occupée par les cycles Deletombe. Puis le bâtiment se divise en deux : en 1932, on y trouve le coiffeur Van Eeno et le marchand de journaux Liénart. Au moment de l’installation de l’horlogerie bijouterie en 1942, l’autre partie était occupée par l’Optique André, gérée par M. Chantepie auquel a succédé M. Raymond Dumortier, sous la même enseigne. Amand Battiau et sa femme ont donc ouvert le magasin en 1942. Mais Amand est décédé en 1945 et sa veuve s’est remariée avec M. Richard.
L’horloger bijoutier et l’opticien, tous deux au n°137 Photo Coll Particulière
Autour de la bijouterie, il y avait une cour et une petite maison, aujourd’hui disparus. Ce terrain a été repris par l’institution Jean XXIII, pour faire une salle de sports juste derrière. La bijouterie se situait donc en face de chez Deruyck, le marchand de musique bien connu. Après il y avait le Galon d’eau, les graines…
Le grand père horloger Doc Coll Particulière
Le père Battiau était artisan horloger, comme le grand-père, qui avait un atelier au n°170 rue de l’Ommelet. Il avait appris le métier avec des livres que sa fille possède encore. Horloger créateur, il fabriquait lui-même des pendules. Les deux artisans, père et fils faisaient des modèles uniques, et le grand-père a été récompensé d’une médaille de Besançon pour une de ses pendules.
Le père horloger et une pendule originale Coll Particulière
« Nous avions une clientèle de classe moyenne, les gens avaient tous leur réveil matin, et au plus il faisait tic-tac, au plus ils l’aimaient. Les réveils silencieux, les gens n’en voulaient pas, parce qu’ils ne faisaient pas de bruit. On vendait des coucous, des régulateurs, des montres, des réveils. Ça allait des grands machins qui sonnaient tous les quarts d’heure, aux coucous qu’on faisait marcher quand les enfants venaient parce qu’ils aimaient bien l’entendre ». Le père Battiau avait créé une grande pendule qui servait d’horloge publique. Les gens qui partaient travailler le matin la regardaient, et quand elle s’arrêtait, ils venaient prévenir, car ils disaient qu’ils n’avaient pas eu l’heure. Anny se souvient des carillons, ça sonnait tous les quarts d’heure. Elle dit qu’elle ne supporte pas de ne pas les entendre les tic-tac. Elle n’aime pas le silence, car elle dormait à côté de l’atelier, où toutes les pendules sonnaient. A six ans, elle savait remonter les horloges.
L’horloge « publique » de Monsieur Battiau Coll Particulière
Dans cette horlogerie bijouterie, on a vendu des marques, bien sûr, comme : jaz, vedette, lip, zenith, lov, et on avait des buvards publicitaires. Pour la bijouterie or, pas de marque, mais on faisait aussi les bijoux Fix et Murat, c’était du plaqué, dit un témoin. Il y avait des catalogues. En bijouterie, on faisait les colliers, les bagues… Pour les cadeaux, c’était différent de maintenant. Avant les gens se fiançaient, on faisait des bagues de fiançailles, puis ils se mariaient, il y avait des alliances. On avait les baptêmes, pour lesquels on vendait chaînes, médailles, bracelets, et cadeaux Christofle, timbales, ronds de serviette, coquetiers. A la Sainte Catherine, on offrait les couverts Christofle à la pièce, pour que les filles célibataires montent leur ménage. Ensuite on avait les communions, c’était la première montre, moment très important, de marque Lov, spéciale communions, et les chaines, les croix, et les gourmettes. On avait une clientèle, car tout le monde travaillait. On allait chez son bijoutier, c’était la bijouterie du quartier.
La fameuse montre de communion doc Coll Particulière
Les réparations les plus fréquentes sur les montres, c’était l’axe du balancier était cassé, en général c’est parce que la montre était tombée. Mais les gens juraient leurs grands dieux que non, qu’elle n’était pas tombée, que c’était un défaut. Ou encore cette dame qui est venue un jour avec le balancier de son horloge, en disant qu’il ne bougeait plus !
Intérieur et devanture de l’horlogerie bijouterie Coll Particulière
Maintenant il n’y a plus beaucoup d’artisans. Chez les bijoutiers d’aujourd’hui, ce sont des chaînes, les montres à quartz sont jetables, on ne répare pas et pour les grandes marques, il faut les renvoyer à l’usine. D’ailleurs la bijouterie du n°137 n’a pas fait de grandes marques, parce qu’elles voulaient un seul magasin qui en gardait l’exclusivité. On a fermé en 1992, le beau père était veuf, « son magasin, c’était son magasin », sinon on aurait arrêté avant. On est restés cinquante ans au même endroit, et il n’y a pas eu de repreneur, car les petits commerces périclitaient. Le stock, ou ce qu’il en restait, a été vendu en salle des ventes, après trois mois de soldes avec autorisation préfectorale.
Joseph Magris, est né dans un village près de Trieste et de Venise. Cimentier de son état, il vient en France après la première guerre. Il travaille à Reims, puis dans le Pas de Calais, enfin à Tourcoing, dans le cadre de la reconstruction. Puis Il s’installe à son compte en 1925 à Roubaix au 133 rue de la Mackellerie.
Joseph Magris et sa maison Photos NE
Cette maison à l’architecture insolite (dit la presse de l’époque) a été entièrement aménagée par son nouveau propriétaire, qui va y installer une entreprise de bâtiment prospère. De l’ancienne maison, il ne reste plus rien. Au rez-de-chaussée, front à rue, c’est l’usine avec l’entrée des bureaux, le vestiaire des ouvriers, et l’entrée du personnel. Il y avait aussi une petite salle d’exposition. La maison d’habitation située au-dessus comprend des balustres, des jardinières, un escalier extérieur, une large terrasse, comme il se doit d’influence italienne. C’est désormais la maison de Joseph Magris, le fabricant de « granito ».
Initialement, Joseph Magris est granitier, il fabrique des dalles avec des morceaux de marbre, il était aussi polisseur sur place. C’était fastidieux, il fallait poncer et re-poncer, mais ça durait et c’était beau. Mais c’était aussi cher. Joseph Magris invente alors une imitation de la pierre bleue (marque Sirgam). Puis ce sera le granito, qui est une pierre artificiellement reconstituée, utilisée pour les pavements, les revêtements et pour les monuments funéraires. Moins cher que la pierre naturelle (le marbre ou la pierre de Soignies), le granito permet de faire des monuments funéraires à bon marché.
En tête de l’entreprise Magris Coll Particulière
Joseph Magris se lance ensuite dans la fabrication de carreaux de granito, toujours avec l’argument d’être bon marché, il propose de la couleur. A l’aide de ses deux fils Oscar et André, il développe cette nouvelle orientation. D’autres projets suivront, carrelages pré-fabriqués, sous forme de dalles.
La maison Magris aujourd’hui Photo Google Maps
Une anecdote concernant l’entreprise : sur le fronton de l’usine de la rue de la Mackellerie, l’artisan avait mis un s à Granito sur la façade, transformant notre italien en espagnol. Les lettres étaient en relief, et on décida de repeindre en blanc la lettre en trop. C’est pourquoi on la voit encore apparaître sur la façade.
L’entreprise s’est développée : cinq, dix puis vingt ouvriers. Il faut un autre local. C’est ainsi que Joseph Magris achètera en viager l’usine de la rue de Mouvaux, ex tissage Domino, anciennement savonnerie Vaissier, qu’il utilisera pour l’exposition de ses produits, mais aussi pour la fabrication des grands formats. En 1958, les Ets Magris fabriquent chaque jour 300 m² de carreaux en granito. Une exposition permanente de ces matériaux est visible au 2 de la rue de Mouvaux (ancienne usine de savonnerie Vaissier) avec entrée libre. Une autre exposition est installée au centre de documentation du bâtiment à Lille Place de la Gare.
Magris à la foire de Lille Photo NELe stand Magris à la foire de Lille Coll Particulière
En 1959, les Ets Magris exposent à la foire de Lille, et le ministre de la construction s’intéresse à leur production. Les carreaux de granito Magris sont présentés comme un matériau absolument remarquable de solidité et d’élégance. On évoque également le goût des coloris : ciment flammé, mosaïques de marbre, carrelages de granito, agréables à l’œil, au toucher, solides et confortables. C’est du beau, du bon et du pas cher ! Le stand Magris présentait une polisseuse de carrelage, qu’on utilisait pour poncer sur place sur les chantiers des particuliers, notamment pour qu’on ne voie pas les joints.
En tête de chez Magris Coll Particulière
Progressivement l’entreprise s’est équipée avec des robots et des nouvelles machines. Elle fabriquait les grands formats rue de Mouvaux, et les petits rue de la Mackellerie. Quand elle a cessé ses activités, l’entreprise produisait quotidiennement 520m². Sur la fin, elle ne fabriquait plus de granito, mais des dalles d’usine et de trottoir, pour les aéroports, ou les usines. L’entreprise s’est arrêtée à Roubaix en novembre 2004. Une société des Carrelages Magris dont l’objet est la fabrication d’éléments en béton pour la construction est aujourd’hui implantée à Lieu Saint Amand près de Bouchain.
Merci à Patrick pour les précisions et les anecdotes