Roubaix, rond point de l’Europe

Le 19 mai 1969 le conseil municipal décide de donner le nom de rond point de l’Europe au carrefour devant la poste principale. On y installe le nombre de mâts nécessaire pour hisser dans de grandes occasions les oriflammes des membres de la communauté européenne. Ce qui sera fait quelques jours plus tard, dans le cadre des cérémonies officielles de jumelage avec Bradford, Mönchengladbach et Verviers.

Le rond point de l’Europe Photo NE

Le jumelage entre deux villes date du moyen âge, alors que Roubaix n’existait pas encore1. Un jumelage est une relation établie entre deux villes majoritairement de pays différents, relation qui se concrétise par des échanges socio-culturels. C’est dans l’immédiat après seconde guerre qu’un mouvement fédéraliste français dépassant les clivages politiques, « La Fédération » fondé en 1944, relance dans les années 1950, l’idée du jumelage de communes en Europe. Cinquante maires européens fondent en janvier 1951 le Conseil des communes d’Europe. S’ensuit le premier jumelage entre deux villes européennes, Troyes et Tournai, le 4 novembre 1951 ; entre deux capitales, Rome et Paris en 1956. Un premier jumelage franco-allemand, entre Montbéliard et Ludwigsbourg est officialisé en 1962, un an avant le traité de l’Élysée qui scelle la réconciliation franco-allemande, signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer2.

Il apparaît alors que le seul moyen de progresser sur le plan des relations internationales et d’apaiser les haines et les rancœurs, est de tisser des liens au niveau le plus élémentaire, la commune, et ainsi, d’établir des relations d’échanges étroits avec ses voisins. L’objectif initial consiste à échanger des connaissances, des expériences, du savoir-faire dans tous les domaines de la vie locale. Engager les populations traumatisées de cette Europe ruinée de l’après-guerre à fraterniser, relève du défi. Parmi les échanges culturels, en parallèle des diverses associations communales, les collèges et lycées des communes jumelées sont parties prenantes et aident à promouvoir ainsi l’apprentissage de langues étrangères.

Victor Provo l’européen Photo AmRx

Le projet de jumelage de Roubaix avec d’autres villes européennes verra donc son aboutissement en 1969. Mais dès les 20 et 21 juin 1968, une délégation de Mönchengladbach est reçue à Roubaix, puis le 1er octobre 1968, c’est au tour de la délégation de Bradford, avec à sa tête le Lord Maire Walton. Enfin, le 21 novembre, il est procédé au jumelage avec le bourgmestre de Verviers. Le 20 décembre, la municipalité de Roubaix reçoit des personnalités de Bradford,Verviers et Mönchengladbach. Le 28 décembre, ce sont les pongistes de Mönchengladbach. En 1969, les rencontres se poursuivent : le 23 mars, rencontre de natation des villes jumelées. Le 29 mars, c’est l’inauguration de la Maison de l’Europe à Roubaix, tandis qu’une délégation de la municipalité roubaisienne prend l’avion pour Bradford. En avril, les roubaisiens se rendent à Mönchengladbach. 

Les 7 et 8 juin 1969 ont lieu à Roubaix les cérémonies officielles de jumelage des villes de Bradford, Mönchengladbach, Verviers avec Roubaix. Alderman Edward Newby, Lord Mayor de Bradford, Wilhelm Wachetendonk, Oberbürgermeister de Mönchenglabach, Victor Provo Maire de Roubaix et Marcel Counson Bourgmestre de Verviers prêtent le serment de jumelage suivant :

« Librement désignés par le suffrage de nos concitoyens, certains de répondre aux aspirations profondes et aux besoins réels de nos populations, sachant que la civilisation occidentale a trouvé son berceau dans nos « anciennes communes » et que l’esprit de la liberté s’est d’abord inscrit dans les franchises qu’elles surent conquérir, considérant que l’oeuvre de l’Histoire doit se poursuivre dans un monde élargi mais que ce monde ne sera vraiment humain que dans la mesure où les hommes vivront libres dans des cités libres,

En ce jour nous prenons l’engagement solennel de maintenir des liens permanents entre les municipalités de nos communes, de favoriser en tous domaines les échanges entre leurs habitants pour développer par une meilleure compréhension mutuelle le sentiment de la fraternité européenne, de conjuguer nos efforts afin d’aider dans la pleine mesure de nos moyen au succès de cette nécessaire entreprise de paix et de prospérité : l’Unité européenne. »

Les quatre prestataires du serment de jumelage Photo AmRx

Roubaix est aujourd’hui jumelée avec les villes de Skopje (Macédoine) depuis 1973, Prato (Italie) depuis 1981, Sosnowiec (Pologne) depuis 1993, Covilhã (Portugal) depuis 2000 et a signé des accords de partenariat avec les villes de Bouira (Algérie) depuis 2003 et Qabatiya (Palestine) depuis 2012.

1Le Mans et Paderbron en 836
2D’après Wikipedia

Le Blockhaus de la Mairie

A la fin des années 30, la situation internationale est tendue et chaotique. La guerre est proche. Non sans raison, on vit dans la hantise d’une brusque attaque aérienne de l’ennemi. Le Préfet prend des mesures destinées à protéger la population civile contre les bombardements ; c’est la Défense passive. La population est invitée à se réfugier dans des abris qui peuvent être des tranchées, des bunkers, des anciennes casemates, ou des protections individuelles comme des caves.

A Roubaix, on construit un abri anti-aérien dans la cour de la Mairie, rue de l’Hôtel de Ville, pour le personnel municipal, qui sert en même temps de P.C. pour la Défense passive. Il peut recevoir 30 à 40 personnes.

 L’édifice est en béton armé, de 80 cms d’épaisseur et d’un volume de 90 m3, en forme d’ogive. L’abri n’a jamais été utilisé en tant que tel. Il a servi pendant des années aux services municipaux, et en particulier aux jardiniers qui pouvaient y stocker les outils nécessaires à l’entretien des parterres de fleurs du centre ville. Les roubaisiens s’habituent, malgré tout, à la présence de ce blockhaus, car il est recouvert de lierre et entouré de rosiers grimpants.

En 1978, M le Maire décide qu’un ravalement complet de la façade de l’Hôtel de ville, noircie par le temps et la pollution, est nécessaire. Gérer le patrimoine, c’est aussi l’entretenir. Il profite de l’occasion, pour faire raser ce blockhaus, qui n’a jamais servi depuis près de 40 ans.

On ne peut pas dynamiter un bunker en centre ville, comme ceux que l’on trouve parfois sur les plages de la région, car nous sommes à quelques mètres de la Mairie, et en face de la Caisse d’épargne. L’entreprise de démolition Sodenor de Wasquehal effectue un travail préparatoire, celui de transformer l’édifice en un véritable gruyère : 300 trous sont percés dans la masse, dans lesquels sont placées des charges d’explosifs, pour un total de 15 kgs de dynamite.

Le 25 Juillet 1978, de nombreuses précautions sont prises, pour la sécurité. Des énormes ballots de paille sont appliqués autour de l’édifice ; des toiles sont tendues sur les grilles de la Mairie, et la circulation des piétons et des voitures est interdite dans la rue.

A 14h 15, l’explosion fendille le blockhaus de toutes parts, sans faire de gros dégâts, à part quelques vitres brisées à la Mairie et en face, sur le bâtiment mitoyen de la Caisse d’épargne.

Le bunker est lézardé, il ne reste plus qu’à le casser avec un engin spécial appelé brise-béton. C’est un travail de longue haleine car le béton est rempli de ferrailles qu’il faut découper au chalumeau. Les gravats sont déblayés et, fin Août, il ne reste plus rien du blockhaus de la Mairie. Le vestige historique n’est plus qu’un souvenir.

 Photo BT

A l’emplacement, on trouve aujourd’hui une quinzaine de places de parking pour le personnel communal.

Remerciements aux Archives Municipales. Toutes les photos proviennent des quotidiens Nord Éclair et La Voix du Nord de Juillet 1978.

Un grand musicien roubaisien

( Photo BT )

Georges Delerue est né à Roubaix le 25 Mars 1925. Ses parents habitent au 27 rue de Valmy. Sa mère Marie Lhoest est femme au foyer, son père est chef d’atelier de l’entreprise JB Lhoest qui appartient au père de Marie. Il fabrique des limes au 152 rue Decrême

( Document coll. priv. )

La mère de Georges a un joli filet de voix ; elle connaît la musique, sait lire les notes et joue au piano du Bizet et du Gounod. Quand elle arrive à faire des économies c’est pour emmener toute la famille à l’Hippodrome-Théâtre, sur le boulevard Gambetta, assister à des représentations d’opéra comique.

Georges Delerue et sa mère Marie ( Doc V Perrot )

En 1928, les parents déménagent au 23 rue Louis Dupire, près de la place Faidherbe. Marie s’aperçoit un jour, par hasard, que Georges arrive à chanter avec elle, avec une aisance déconcertante, un air qu’elle fredonne. Il a 5 ans. C’est une première révélation !

Georges commence alors à se familiariser avec la musique, les notes et le piano. Il est plutôt bon élève à l’école, de tempérament solitaire et mélancolique. Il passe son certificat d’études en 1938, et ses parents, très fiers, le récompensent en l’inscrivant au conservatoire de la rue de Soubise. Georges est fou de joie mais il continue ses études de métallurgie à l’institut Turgot, rue du Collège.

Georges Delerue à 15 ans ( Document V. Perrot )

C’est à cette époque-là que les parents emménagent au 152 rue Decrême, dans l’usine familiale de fabrication de limes ; Georges y travaille en tant qu’ouvrier pour aider financièrement la famille.

Le poste de travail de Georges ( Document V. Perrot )

En 1941, Georges souffre énormément du dos et doit subir une opération délicate, à Lille, qui l’immobilise plusieurs mois. C’est à cette époque, que Georges se rend compte qu’il est habité par la musique, et devient obsédé par l’idée de composer. Ses professeurs, dont Albert Desenclos, au conservatoire, sont conscients du formidable potentiel d’oreille et d’intelligence musicale de Georges et, en conséquence, le font travailler sur des œuvres de Debussy, Fauré, Schumann, Brahms. . .

Georges travaille jour et nuit et les récompenses arrivent en Juillet 1945 puisqu’il obtient au conservatoire :

Le 1° prix de piano

Le 1° prix d’harmonie

Le 1° prix de musique de chambre

Le 2° prix de clarinette

Encouragé par ses professeurs, Georges tente sa chance en montant à la capitale et s’inscrit au Conservatoire National de Musique de Paris. Il quitte Roubaix en Septembre 1945. Des années 1945 à 1950 il termine ses études musicales à Paris, il compose ses premières œuvres et s’initie à la fonction de chef d’orchestre.

( Document V. Perrot )

Dans les années 1960, il rencontre les réalisateurs de cinéma de la nouvelle vague, et écrit pour les plus grands d’entre eux : Truffaut, Godard, de Broca, Verneuil, Oury…Coppola et d’autres grands réalisateurs américains commencent à s’intéresser à son travail. Il va désormais composer à la fois pour Paris et Los Angeles. Georges connaît alors une ascension fulgurante.

( Document INA )

Georges Delerue n’oublie pas Roubaix. De passage dans les années 1980, il s’arrête quelques instants devant la maison de la rue Louis Dupire, où il a passé une partie de son enfance, et bien sûr, au conservatoire municipal, rue de Soubise.

Georges est récompensé par trois Césars de la meilleure musique de film à Paris : en 1979 pour « Préparez vos mouchoirs », en 1980 pour « l’Amour en fuite », en 1981 pour « Le dernier métro » et 1 Oscar à Hollywood en 1980 pour « I love you, je t’aime ».

( Document coll. priv. )

Georges décède en 1992 à Los Angeles. Il laisse une œuvre considérable, gigantesque, monumentale. Il a composé 348 musiques de film, des musiques pour la télévision, quelques opéras, des musiques pour des documentaires, des concertos, des musiques de chambre. Il faudrait 80 jours d’écoute, pour apprécier toutes les œuvres mises bout à bout.

( Document NE et photo

La ville de Roubaix n’oublie pas Georges Delerue. Le 21 Juin 1994, le jour de la fête de la musique, M le Maire, René Vandierendonck dévoile une plaque gravée en hommage à Georges Delerue, dans la cour du conservatoire, en présence de son épouse Colette et de ses deux filles.

( Photo BT )

En 2018, une fresque est réalisée sur le pignon d’une maison voisine de la nouvelle entrée de l’école de musique, rue de Lille. Georges Delerue : un des plus grands compositeurs du 20° siècle. Un des plus prestigieux enfants de notre ville, issu d’un milieu modeste, et qui termine sa carrière à Hollywood.

Remerciements à Vincent Perrot pour son livre « Georges Delerue, de Roubaix à Hollywood », ainsi qu’à Isabelle Leupe et Laurence Thiery du Conservatoire de Roubaix.

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Cinquantenaire de la Brasserie Union de Rx Tg

En 1938,la brasserie « Union de Roubaix Tourcoing » de la rue Meyerbeer fête le cinquantième anniversaire de sa fondation. Fondée en 1888, cette brasserie coopérative est l’une des plus importantes de la ville.

( document coll. priv. )

Pour fêter cet événement mémorable, la Direction de l’établissement décide d’offrir à l’ensemble de ses salariés un banquet dans la salle Henri Watremez, rue de l’Hospice, car évidemment une immense salle est nécessaire pour accueillir tout ce monde, en date du 19 Juin 1938.

( document coll. priv. )

Quelques personnalités sont invitées au repas : Mr Sory adjoint au maire, Mrs Verbeurght et Vanherpe de la mairie, Mr Mandroux inspecteur du travail.

Mr Théo Tillie président du conseil d’administration de la brasserie prend la parole avant le repas ; il rend hommage au dévouement du personnel, remet des plaquettes-souvenirs à Mrs Rose et Desfontaine, et remet des médailles du travail à 29 salariés (ouvriers et employés).

( document coll. priv. )

Le banquet se déroule ensuite, animé par l’excellent orchestre de Mr Albert Duhamel.
Après le dessert, plusieurs discours sont prononcés, des hommages, des éloges sur la brasserie, devenue en 50 ans une grosse affaire de 150.000 hectos par an (les bières dont le célèbre Bock Meyerbeer, les vins et les liqueurs).

( document coll. priv. )

Un impressionnant cortège est organisé dans les principales artères de la ville. Tous les véhicules de la brasserie défilent : les véhicules hippomobiles mais aussi les nouveaux camions de livraison, avec les drapeaux tricolores qui flottent au vent.

( document coll. priv. )

Une foule immense assiste sur les trottoirs, à cette succession d’attelages et de camions. C’est manifestement une action publicitaire d’envergure, pour démontrer la force et l’importance de la brasserie Meyerbeer.

( document coll. priv. )

Le défilé rue de l’Alouette ( au N° 4 le studio photo de Mr H. Planque et au N° 2 la bonneterie de Mme Delattre ).

( document coll. priv. )

Le convoi publicitaire passe devant la pâtisserie de Mr Bogart au 97 rue du Grand Chemin.

( document coll. priv. )

Devant la cordonnerie de Mr Longuépé au 3 rue de l’Alouette.

( document coll. priv. )

Une foule immense pour l’arrivée sur la Grand Place.

A la fin des années 50 la Brasserie Meyerbeer sera reprise par la Brasserie Nord Lorraine, et ensuite par la Société Européenne de Brasserie ( Champigneulles ) en 1962.

La brasserie ferme ses portes en 1970, au grand désespoir de la Direction et du personnel, car Meyerbeer ne pourra donc pas fêter son centenaire en 1988.

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Le Cercle Artistique Roubaisien

le Cercle Artistique Roubaisien en 1936 ( coll. priv. )

C’est en 1934 que Robert Carette fonde le C.A.R Cercle Artistique Roubaisien, avec quelques mordus du chant passionnés comme Mrs Dubois, Hoste, Declercq, Keyaert, Deldalle, Pollefeyt, et bien d’autres. La mission du Cercle est de préparer les jeunes au chant et de leur apprendre l’amour des beaux airs et des belles pages du patrimoine lyrique. Le quartier du Pile possède déjà une troupe lyrique d’amateurs qui se produit au sein de l’Amicale Pierre de Roubaix. Quand celle-ci cesse son activité, l’idée de fonder un groupe lyrique et théâtral recueille l’adhésion de tous. Le recrutement organisé de suite permet de rassembler de nombreux chanteurs et choristes. En 1935, le C.A.R remporte déjà un premier succès au concours de chant. Pendant de nombreuses années, le C.A.R va remporter des prix, dans divers concours, tant en opérettes et opéras, que dans les diverses catégories de chanteurs individuels.

Diplôme concours de chant ( Archives Municipales – Don  M Tartare 2017.001 )

Dans le quartier du Pile, ces concours de chant, où de nombreux talents sont découverts, sont toujours suivis par des milliers de spectateurs passionnés. Dans le groupe s’installe un esprit de camaraderie et d’entraide assez remarquable. C’est dans le café de M Prosper Hoste, au 303 rue Jules Guesde, que se trouve le siège du C.A.R et c’est un voisin bien connu des habitants du quartier qui est président d’honneur: M Louis Derryx commerçant en cycles. Dans le café de M Hoste, la salle du rez de chaussée ainsi que le premier étage sont assiégés, envahis, submergés les jours de répétition, toujours dans la joie et la bonne humeur, réunions qui se terminent toujours par l’hymne du C.A.R.

Hymne CAR ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

En 1948, le C.A.R remporte 43 prix individuels dont 18 premiers prix. Ce record exceptionnel fait honneur aussi bien au Comité d’Administration et à la Direction Artistique qu’aux lauréats eux-mêmes. Et si ces chiffres ne sont plus atteints par la suite, c’est qu’au fil des ans les brillants éléments de la Société sont mis « hors concours ».

 

Concours international de chant 1954 ( coll. priv. )

Les 5 et 6 Juin 1954, pour son 20° anniversaire, le C.A.R organise le Concours International de Chant Lyrique Amateur, sous le patronage de la Fédération, avec l’aide de la ville de Roubaix et du Comité de quartier. 176 personnes participent à ce concours. Une semaine avant la date, le journal local précise qu’ il y a finalement près de 200 interprètes à cette manifestation et que les horaires prévus sont avancés de 30 minutes. Le jury est composé de personnalités nationales et internationales : des professeurs de conservatoire et des directeurs d’opéra de Paris, du Luxembourg, de Bruxelles, de Sarrebruck, de Gand, de Bordeaux, de Lyon . . .

Plusieurs catégories parmi les concurrents : Soprani et Barytons à la Bourse du Travail, Boulevard de Belfort, Mezzos-Contraltos, Ténors et Basses au Conservatoire de Musique, rue de Soubise. Une foule immense vient assister à cette fête

Le Dimanche 6 Juin en fin d’après midi, pendant la délibération du jury à la Bourse du Travail, a lieu un concert du cercle Orphéonique de Roubaix. Les prix sont ensuite décernés aux meilleurs chanteurs : dans chaque catégorie, 10 prix sont distribués pour un total de 70.000 Frs.

Concours international de chant ( Nord Eclair Juin 1954 )

Dans les années 60, les temps deviennent plus difficiles ; les jeunes délaissent de plus en plus l’art lyrique et se tournent plus volontiers vers le rock and roll et la musique pop. Mais le C.A.R ne se décourage pas et continue sa tâche : diffuser le chant et la musique, la seule langue connue de tous les peuples.

En 1961, au programme, figure « La Cocarde de Mimi Pinson » et « Les Mousquetaires au Couvent ». En 1966, le Cercle Artistique Roubaisien reçoit 3 000 F de subvention pour mettre en scène « Carmen » de Bizet.

Carmen ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

Prosper HOSTE, président honoraire du C.A.R et du cercle symphonique Jean Macé-Pasteur, est nommé chevalier du mérite philanthropique. En mai 1969, le Cercle Artistique Roubaisien remporte le prix du festival international d’art lyrique à Vichy. Au début des années 70, le Cercle Artistique Roubaisien organise une soirée cabaret flamand à l’amicale Pierre de Roubaix, et se distingue en présentant « les cloches de Corneville » au théâtre Pierre de Roubaix. En 1973, nouveau succès pour le C.A.R : « Le pays du sourire » en janvier et « la cocarde de Mimi Pinson » en septembre, une animation sous chapiteau place Carnot en avril, avec des airs de la belle époque. L’année suivante, le Cercle Artistique Roubaisien présente « les mousquetaires au couvent ». Cinq opérettes et pour la première fois un opéra font partie des projets pour la prochaine saison.

La fille du tambour major ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

Les mousquetaires au couvent ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

Mais malgré les succès des spectacles, les difficultés sont de plus en plus lourdes et s’amoncellent : recrutements difficiles, décors très coûteux, nécessité d’un éventail de costumes impressionnant, problèmes de trésorerie. L’âge d’or est terminé. Le Cercle Artistique Roubaisien aura donné à ce quartier du Pile le titre glorieux de dernier bastion du chant lyrique à Roubaix.

La troupe du CAR en 1978 ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

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Remerciements aux Archives Municipales pour la documentation.

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L’inauguration et la fête

La première passerelle du Fresnoy, on s’en souvient, fut réclamée par les habitants du quartier qui étaient obligés de faire un grand détour pour traverser les voies de chemin de fer. Elle fut construite grâce à la générosité de M. Edmond Dujardin et inaugurée le 14 septembre 1908, du moins ses fondations furent-elles posées ce jour-là, à l’occasion d’une grande fête. Les travaux ont été commencés pendant la deuxième quinzaine d’août. On prévoit qu’ils seront terminés dans les premiers jours de novembre. Deux mois et demi pour les travaux, beaucoup moins que pour les discussions.

La passerelle en construction Photo Journal de Roubaix
La passerelle en construction Photo Journal de Roubaix

Une grande fête est donc organisée le 14 septembre, pour marquer le coup. Ce sera d’ailleurs le début des grandes réjouissances dans ce quartier à ce point abandonné par la ville, que certaines cartes postales considéraient encore que la place de la Gare était l’entrée de Roubaix !

La journée commence avec la réception en gare de Roubaix des reines du Courgain de Calais. La philharmonique de la Planche du Riez ouvre la marche du cortège vers la mairie, suivie de la clique des marins du Courgain, d’un groupe important de matelottes calaisiennes. Dans des landaus, les trois reines : Louise Dutertre, Reine du Courgain, Marie Drolet, Reine de la Halle, Marie Randon Reine des matelottes. La première est accompagnée de son père, un brave sauveteur, la poitrine constellée de médailles !

Les invitées du Courgain Coll Particulière
Les invitées du Courgain Coll Particulière

Un peu plus tard, au pied de la passerelle, le maire Eugène Motte, est présent à la cérémonie de la pose de l’ossature. Écoutons-le raconter sa version de l’histoire :

C’est en 1865 que le quartier du Fresnoy sollicita pour la première fois le trait d’union par passerelle aux dessus des voies du chemin de fer. C’était prématuré, six cents habitants seulement étaient épars de ci de là, dans un vaste parterre de prairies. Le temps avait moins de valeur, le tissage mécanique n’était qu’au berceau… En 1890, (…) le quartier se remua à nouveau, à l’heure où Roubaix venait d’ouvrir la belle artère de la rue de la gare, pour supprimer un vilain serpentin de rues en boyaux. Il semblait naturel qu’on prolongeât l’effort et que les 3.000 habitants pussent jouir par la passerelle de la fierté roubaisienne devant cette belle œuvre de voirie. Mais certains voulaient la passerelle plus à droite, d’autres trop à gauche, et les gardiens du trésor municipal restèrent sourds à ces demandes contradictoires. Quatorze ans s’écoulaient et les champs, les pâtures, les oasis de verdure, les fils d’eau verdoyants, les hauts sureaux avaient disparu depuis longtemps, cédant devant l’invasion d’une population alerte et laborieuse. Nous étions en 1904. Vous avez été les bénéficiaires du sectionnement municipal. Vos conseillers locaux ont pris l’affaire en mains, l’ont traduit en vœu direct (…) ont sollicité les souscriptions que MM Dujardin et Hachet ont levées et l’affaire sortit des limbes et de la poussière des cartons. La compagnie du Nord nous a prêté le concours de ses ingénieurs et gratuitement sa bonne grâce ! La passerelle coûtera 70.000 francs, payés 50.000 francs par la Ville, 19.500 francs par les particuliers, mais que de services elle rendra aux 10.000 habitants qui peuplent maintenant votre quartier ! 16 heures par jour elle établira une communication incessante. A la suite de quoi, un procès verbal écrit sur parchemin est placé dans les fondations de la passerelle.

Marie Pratt, reine du Fresnoy, et Flore Guermonprez, reine de la passerelle Photos le Journal de Roubaix
Marie Pratt, reine du Fresnoy, et Flore Guermonprez, reine de la passerelle Photos le Journal de Roubaix

La fête a déjà commencé : dans la matinée une course vélocipédique a été offerte aux amateurs, de Roubaix à Fleurbaix. Puis une course de vitesse dans le quartier. De midi et demi à une heure et demie, concerts-apéritifs par la Fanfare de Beaurepaire, la Philharmonie de la planche au riez, et les Accordéonistes Roubaisiens. Une cantate est composée en l’honneur des membres du comité par la Philharmonie de la planche au riez, dont les solistes reçoivent une médaille. Puis c’est le clou des réjouissances, le cortège ! Il défile dans les rues du quartier devant une foule énorme qui s’entasse sur les trottoirs et déborde sur la chaussée. Un piquet de gendarmes à cheval ouvre la marche, suivi par la philharmonique du Jean Guislain et ses pas redoublés. Puis vient le char de la passerelle avec sa reine, Melle Flore Guermonprez, et l’harmonie l’Espérance. Ensuite voici le char du dragon fabuleux, surmonté d’une matelotte, les trois reines du Courgain, avec demoiselles d’honneur et parentes dans des landaus. La Grande Fanfare fait l’intervalle musical avec le char du Veau d’Or, la Philharmonie de la planche au riez précède des enfants costumés qui figurent le corps de ballet de la reine. Enfin voici le char de la reine du Fresnoy, la gracieuse Marie Pratt et ses demoiselles d’honneur, escortée par la Fanfare de Beaurepaire, le char aumônière, qui recueille au profit des pauvres. Un piquet de gendarmes à cheval ferme la marche.

Les reines du Fresnoy et celles du Courgain sont reçues à l’école de la rue de Naples, où un souvenir leur est offert et une coupe de champagne. La Philharmonie de la planche au riez donne une aubade à M. Pierre Vial, président du comité des fêtes.

Il y aura encore le départ du ballon, nommé le Fresnoy qui gonfle depuis le matin, et à midi se dresse majestueux, à l’angle des boulevards Descat et d’Armentières. M. Tiberghien l’aéronaute de service, s’élance dans les airs vers cinq heures avec un ami. La Marseillaise est jouée par l’harmonie l’Espérance. Le ballon atterrit à Pottes, en Belgique et en pleine kermesse.

La soirée commence à partir de six heures, avec trois concerts et des illuminations. De huit heures à dix heures une grande fête de gymnastique à l’angle des rues de Mouvaux et de Rome, par la Roubaisienne, et par la Jeunesse du Blanc Seau, avec le concours de la Philharmonique Jean Guislain, ainsi intervient la fin de la première journée.

Le lendemain, pour la journée de lundi, des concours sont organisés chez les cabaretiers membres du comité. À 3 heures, des jeux populaires sont proposés, à 5 heures une promenade-concert est emmenée par la fanfare du Nord Touriste. Une attraction sensationnelle de funambulisme est donnée par Mac Dauly dit le blondin américain. Et la fête se termine avec un concert donné par la Fanfare des Amis Réunis. L’organisation fut si efficace que le quartier renouvellera l’expérience, les années suivantes, pour le bonheur des commerçants et habitants du quartier du Fresnoy et bien au-delà, de celui des autres roubaisiens.

Fêtes quinquennales 1967

Les fêtes quinquennales de l’année 1967 se déroulent dans le quartier du Fresnoy-Mackellerie. Elles sont organisées par le comité officiel des fêtes du quartier, qui a six ans d’existence. Le président d’honneur est Monsieur René Vanhove, directeur de la société des transports de la rue de Rome,  le président actif est Monsieur Charles Farvacques, cafetier et marchand de vélos rue Cuvier, assisté de Monsieur Albert Stuer, débitant de tabacs, le secrétaire M. Henri Isebaert, de chez Guilbert, assisté de M. Roger Bouy, entrepreneur en électricité,  le trésorier Monsieur Jean Hébert, coiffeur, assisté de M. Jean Claude De Brigode, boucher chevalin.

Le comité des fêtes Photo NE
Le comité des fêtes Photo NE

Le vendredi 2 juin, avant les fêtes et comme une belle introduction, se déroule le 5eme circuit cycliste du Fresnoy-Mackellerie, patronné par Nord Eclair. La course emprunte l’itinéraire suivant : boulevard d’Armentières, rues de Lorraine, Ouest, Fresnoy, Rome, Naples, Ouest, Luxembourg, Danemark, Mackellerie, Mouvaux, Rome, Solferino, Cuvier, boulevard d’Armentières à parcourir vingt-quatre fois. Le départ est donné entre les cafés « au cristal » et « au pélican d’or » à l’angle des rues Cuvier et du Fresnoy. Il y avait soixante-quatorze partants et seulement quatorze à l’arrivée de ce long parcours que la chaleur a rendu pénible. Jacques Bommart de l’ASPTT de Lille remporte la course détaché.

Le cinquième circuit Photo NE
Le cinquième circuit Photo NE

Le programme des fêtes quinquennales se répartit sur deux journées, le samedi 2 et le dimanche 3 juin. L’ouverture des festivités est annoncée par une grande caravane publicitaire à 10 heures 30. L’après-midi, le public peut assister à un concours sur vélo excentrique rue Boucher de Perthes et rue de Naples. En début de soirée, à 18 heures 30, a lieu une promenade flamande avec la participation de la fanfare scolaire de la Fédération des Amicales Laïques. A 20 heures 30, sur le terrain des sports de la rue de Rome, sous un chapiteau, un grand bal est donné animé par l’orchestre Ray Lombrette et sa grande formation. A 22 heures, on procède à l’élection de la reine et de ses demoiselles d’honneur ; les photos des candidates ont été publiées dans le journal, elles sont au nombre de seize, toutes aussi charmantes les unes que les autres. Des cadeaux sont offerts par la Confiserie Saint Jacques, La Redoute et Nord Eclair.

La Reine et ses dauphines Photo NE
La Reine et ses dauphines Photo NE

Le lendemain matin, réveil en fanfare par la FAL à 8 heures 30. Dès 9 heures 30, on peut assister à une démonstration de judo par le Club Saint Martin. Une heure plus tard, la musique reprend ses droits avec un concert donné par la Grande Fanfare de Roubaix. A midi, le comité des fêtes reçoit le maire de Roubaix Victor Provo au terrain des sports de la rue de Rome. Il est accompagné de Pierre Prouvost adjoint, et de François Winants président du comité directeur des fêtes, entre autres. A 15 heures, c’est le grand défilé musical et carnavalesque avec la participation des sociétés suivantes : clique scolaire et fanfare de la FAL, les lurons du Fresnoy, le char « le broc géant de l’apéritif », le groupe « les marins acrobates », le bataillon des majorettes de Méricourt, la fanfare des trompettes et cors avionnais, le groupe « les vrais O’gustes » de Gand, le char « les anciens », le groupe « Drumband D.O.K.A » de Gand, le bataillon des majorettes du stade-parc, la clique et musique « l’étoile du Marin », la société de gymnastique « l’Ancienne », le char aumônière, le char de la reine et de ses demoiselles d’honneur.

Les marins acrobates Photo NE
Les marins acrobates Photo NE

Ce défilé parcourt toutes les rues du quartier, et la présentation de chaque groupe est faite rue de Naples vers 17 heures 30 avant dislocation. A 20 heures, un grand bal termine les fêtes sous le chapiteau de la rue de Rome.

On imagine le travail que représentait l’organisation d’une telle fête, et l’animation extraordinaire qu’elle représentait pour les commerçants et les habitants du quartier. Ces fêtes quinquennales ont repris une longue tradition de festivités de quartier qui faisaient de Roubaix une ville de musique, de carnaval et de convivialité. Si quelqu’un avait encore en sa possession la plaquette de présentation des fêtes de 1967, nous serions heureux de pouvoir la consulter.

Une maison tirée au sort

Après la première guerre, de grandes opérations de souscription sont lancées au profit des mutilés. C’est ainsi que le  14 octobre 1923, une maison du boulevard de Fourmies est proposée comme don en présence de Me Gaillard, huissier et de cinq orphelines de guerre. Tout cela se déroule place du Travail. La maison est le premier « lot », mais il y en a d’autres : une cuisinière émaillée, une bicyclette, une garniture de cheminée, une coupe de fruits, un lit, une bicyclette pour enfants et d’autres choses encore. La distribution de ces objets est effectuée chez M. Roger, 42 rue Daguesseau.

Villa La Délivrance en 1923 Photo Journal de Roubaix
Villa La Délivrance en 1923 Photo Journal de Roubaix

C’est à l’occasion des fêtes de la Délivrance, qui se sont déroulées dans les quartiers du Moulin, du Raverdi, de la Potennerie et du Nouveau Roubaix. Le tirage a eu lieu un dimanche à 10 heures, sur un podium de la Place du Travail, pavoisée de drapeaux français et belges. La maison a été nommée «maison de la Délivrance ». M. Friant président du comité des fêtes officie, entouré des membres du comité des mutilés et Me Gaillard. Deux mille personnes entourent le podium sur lequel se trouvent cinq orphelines de guerre : Melles Marcelle Jouvenaux, Raymonde Meunier, Marie Mouray, Marie Pardoen, Léonie Blondel, en costumes d’alsacienne ou de lorraine. Chacune est placée devant une roue.

Les orphelines Photo Journal de Roubaix
Les orphelines Photo Journal de Roubaix

Une symphonie sous la direction de M. Debeyne se fait alors entendre. Puis on procède au tirage, le n°5580 sort. Mais personne ne bouge, ni ne répond. On poursuit, la cuisinière est au n°38.985, à Melle Vandenbulck qui demeure rue Carpeaux. Près de 200 numéros sont ainsi tirés pour 90.000 billets au moins. Me Gaillard dresse le procès-verbal de circonstance. Mais qui est le gagnant de la Maison de la Délivrance ?

On fait des recherches et on trouve que l’heureux gagnant de la maison se nomme Théophile Declercq et qu’il habite rue de Naples cour Delacroix à Roubaix. Une auto est mise à la disposition des membres du comité qui se rendent chez le susnommé. Emotion, on ne veut pas croire au bonheur. M. Théophile Declercq est âgé de 67 ans et il travaille comme ouvrier tisserand chez Glorieux et Therpon rue du Favreuil, sa femme et lui originaires de Gand. Ils montrent une photographie de leur fils mort il y a deux ans des suites de ses blessures de guerre. Puis, on les emmène en auto à la Place du Travail où ils sont accueillis par la Marseillaise et la Brabançonne. Un Vin d’honneur est offert dans un café tout proche, les gagnants reçoivent les félicitations de M. Friant qui remercie également l’huissier et le Journal de Roubaix.

Villa La Délivrance aujourd'hui Vue Google maps
Villa La Délivrance aujourd’hui Vue Google maps

Il y eut de nombreux gagnants, et pour ceux qui n’ont gagné ni la maison, ni autre chose, l’horlogerie bijouterie Duhamel Lardé propose de rembourser un billet pour un achat de 20 francs en sa boutique. Le travail de mémoire n’est pas terminé, il faudrait pouvoir retrouver le nom de l’architecte qui a conçu la maison et celui de l’entrepreneur qui l’a bâtie.

Braderies

Après la seconde guerre, on dénombrait à Roubaix une vingtaine de braderies, dont les dates étaient fixées avec la municipalité, et qui constituaient des animations de quartier fort courues. Une braderie, aussi appelée ailleurs vide-greniers, foire aux puces, bric-à-brac, troc et puces, est un rassemblement populaire au cours duquel des particuliers exposent les objets dont ils n’ont plus l’usage afin de s’en départir en les vendant aux visiteurs. Par extension, et avec le temps, une braderie est devenue une manifestation commerciale se déroulant le plus souvent en plein air et permettant aux commerçants de liquider leurs marchandises à prix bas. En 1950, le quartier Alma-Fontenoy proposait  trois événements de ce genre : une braderie rue du Fontenoy, le 2e samedi de juillet, une braderie Alma Fontenoy, le lundi de la fête des fabricants, et une braderie rue Blanchemaille, le 1er samedi de septembre.

On peut supposer que la première braderie citée se situait place du Fontenoy, alias le marché des « noirtes femmes », autrefois cœur du quartier, et qu’elle s’étendait dans les rues avoisinantes,  rue de France, rue de Toulouse, rue Jacquart. Les lieux ont beaucoup changé, la place n’existe plus et la braderie elle-même n’est plus répertoriée au début des années soixante. De nos jours, une braderie brocante organisée rue de France le 1er mai perpétue cette animation. Autrefois le 1er mai était la date de la braderie de la rue du Collège.

Braderie rue de l'Alma en 1950 Photo NE
Braderie rue de l’Alma en 1950 Photo NE

La seconde braderie, dite Alma Fontenoy, s’est très longtemps tenue dans la rue de l’Alma, importante artère commerçante de Roubaix, de la rue Saint Vincent de Paul (aujourd’hui avenue des Nations Unies) jusqu’à la rue du Fontenoy, voire plus loin. Le nombre des cafés, des commerces, la présence de la Redoute, du cinéma le Royal, ont fait que cette braderie était fort fréquentée dans un quartier à forte densité de population, cela avant l’opération dite Alma Gare.

Braderie rue Blanchemaille en 1950 Photo NE
Braderie rue Blanchemaille en 1950 Photo NE

La troisième braderie de la rue de Blanchemaille, rappelle le caractère commerçant de proximité de cette rue, notamment dans sa partie entre la rue Saint Vincent de Paul et la rue Archimède. L’extension des locaux de la Redoute entraînera la transformation progressive de la rue du Fontenoy et de la rue de Blanchemaille. La braderie n’apparaît plus dans les années soixante.

On le voit, les braderies n’étaient pas l’apanage des grandes rues commerçantes de Roubaix. Certaines ont pu garder le côté animation de quartier qui les caractérisait. En effet, les braderies sont souvent associées à des fêtes ou à des animations de quartier, dont elles figurent bien souvent le moment de clôture. Des vingt braderies répertoriées en 1950, signalons qu’il en existe encore seize en 2015, mais peu dans les quartiers nord. Sans doute cela résulte-t-il des modifications urbanistiques du quartier, mais également de la disparition des commerces de proximité, qui commence au début des années soixante, avec l’apparition des grandes surfaces à l’orée de la ville.


Sources Nord Éclair, Ravet Anceau 1961



Une parfumerie libre service

Les établissements Marcel Glorieux  (Parfumerie De Glory) se trouvaient précédemment au 70bis rue Pierre de Roubaix, d’où ils venaient  d’être expropriés. Cela correspondait à la portion de la rue Pierre de Roubaix qui a disparu lors de la construction du bloc Anseele, entre la caserne de Pompiers (aujourd’hui la CAF) et le théâtre Pierre de Roubaix, du n°28 à 82. En 1961, l’entreprise avait pour voisins au n° 68 une dame Duthoit, marchande de vins, au n°70 il y avait deux vieilles demoiselles retraitées, et au n°72 un boucher, M. Cafier.

Le nouveau magasin De Glory photo NE
Le nouveau magasin De Glory photo NE

C’est en septembre 1963 que les établissements Marcel Glorieux créent un libre service de parfumerie pour leurs détaillants, au n°1 rue de l’Ouest. A l’époque, ils sont les distributeurs exclusifs des marques suivantes : « Souvaist, De Glory, Tresport, Softol, G. Morand, Atomisaure, Ilona, Ventalor, Robust, Don Jaime et Thérèse ». Cette création fait l’objet d’une inauguration, avec vin d’honneur. Vont y assister M. Verbrackel représentant M. Provo, maire de Roubaix et Monsieur Pierre Herman député, entre autres personnalités. Le magasin d’exposition a été réalisé avec l’aide d’artisans roubaisiens. C’était un grand magasin, avec de nombreux rayonnages, dans lesquels les détaillants venaient se servir avec des chariots. Une réception particulière fut prévue le 9 septembre pour eux.

Le tragique incendie Photo NE
Le tragique incendie Photo NE

La mémoire collective a retenu l’eau de Cologne et la laque de Glory. La marque De Glory était plus connue que le nom de l’entreprise Glorieux. Une participante se souvient que ses beaux parents tenaient une épicerie avec un petit rayon parfumerie et que le représentant de la maison Glorieux passait régulièrement. Il vendait des petits flacons selon les saisons, au mois de mai, c’était le muguet. Il y avait aussi les filets pour les cheveux, les petites pinces à cheveux qu’on appelait les invisibles, les savonnettes. Le représentant livrait un peu de tout aux petits commerces de quartier.

En mars 1964, c’est le drame. A peine un an après l’inauguration, un incendie ravage la parfumerie. Il y a des victimes : le directeur de la firme et son père. Le papa est malheureusement décédé, mais le directeur en réchappe. Il semble que la société ait repris ses activités, car le Ravet Anceau indique encore la présence de la parfumerie Glorieux en 1978. Les témoins du quartier confirment qu’elle fait partie du paysage du quartier, mais ne se souviennent pas jusque quand.

Les appartements d'aujourd'hui Photo Google maps
Les appartements d’aujourd’hui Photo Google maps

Maintenant, le bâtiment a été aménagé en appartements  individuels, qui forment le début de la rue de l’Ouest.

Remerciements aux participants pour leurs témoignages