Janvier 1901

Football : le RCR a rencontré le CS Bruges à Bruges et s’est incliné sur le score de 2-1 après une partie des plus intéressantes. Le 6 janvier le RCR affrontera l’UST rue de Beaumont pour le Championnat du Nord. À l’aller, l’UST l’avait emporté par 3-0, le RCR ayant joué à dix pratiquement toute la partie. Le match retour s’annonce passionnant.

Escrime : le Contre de Quarte réuni en assemblée générale a nommé sa commission pour 1901. Présidet A. Leriche père, vice président L. Delaplace, secrétaire A. Leriche fils, trésorier G. Christian, chef du matériel Huvenne, commissaire général Louis Gros. Le Contre de Quarte entièrement réformé s’occupe exclusivement d’escrime, de canne et de boxe. Le siège de la société a été transféré, il se trouve à présent rue du Fontenoy, chez M. JB. Mariage. Continuer la lecture de « Janvier 1901 »

Décembre 1900

Publicité Journal de Roubaix

Lettre de l’automobile club du Nord à la Mairie de Roubaix au sujet du projet de taxe sur les motocycles automobiles (entendre motocyclettes ou motos). Ces véhicules sont déjà très imposés et une nouvelle taxe nuirait grandement au développement de la locomotion nouvelle et porterait un grave préjudice à une industrie essentiellement nationale. Le motocycle ne peut être assimilité à une voiture automobile, son prix d’achat tendant à diminuer chaque jour. Ce n’est pas une machine de luxe qui remplace simplement la bicyclette. Si l’on peut éviter la taxe sur les véhicules automobiles, qu’il en soit de même pour les motocycles. D’après un courrier de Félix Devouge, secrétaire de l’automobile club du Nord.

Le Racing Club de France 1900 Site Gallica

Les traditionnelles rencontres de football entre le Racing Club de France et le Racing Club Roubaisien. Les deux équipes parisiennes ont vaincu sur le terrain roubaisien.

Jean Rousseau le lutteur, champion de Roubaix, est le seul qui ait pu résister pendant 35 minutes devant le fameux lutteur turc Youssouf. Il rencontrera Jules Lesauvage athlète champion du nord, dans la salle de gymnastique de l’Ancienne rue Neuve à Roubaix, le jour de Noël. Enjeu, 200 francs. Le match a lieu devant 500 personnes et fut décevant, les deux lutteurs restant perpétuellement sur la défensive.

Un challenge international de cross country vient d’être créé au RCR, en attente de la validation de l’USFSA. Des clubs étrangers ont promis de participer, l’objet d’art qui sera le trophée de l’épreuve sera exposé prochainement.

Le concours de la Fédération des sociétés de Tir de la région du Nord organisé par le Tir National de Roubaix pour 1901 s’annonce de manière favorable : les administrations publiques, grandes compagnies, municipalités du Nord de la France viennent d’accorder leur généreux concours au comité d’organisation. Le conseil municipal d’Abbeville a accordé cent francs pour le concours et celui de Boulogne sur mer a envoyé une médaille de vermeil.

Le Cercle sportif de Bruges en 1914 site wikipedia

Pour le 31 décembre le RCR se rend à Bruges pour un match amical contre le Cercle Sportif Brugeois.

Les huit de Ptit Louis

Un marcheur roubaisien

Tout comme Maurice Garin dans un autre sport, Louis Lebacquer est un roubaisien d’adoption qui a déjà brillé dans sa discipline la marche, avant que la guerre n’interrompe sa carrière. Né à Paris en Janvier 1919, il a passé ensuite de nombreuses années à Le Cateau dans le Nord avant d’arriver à Roubaix. Louis Lebacquer est un artisan ravaleur de façades, il habitait était 6 rue Inkermann à Roubaix et il avait un garage rue Miln pour entreposer son matériel.

Louis Lebacquer ravaleur de façade en 1965 Photo NE

Le néo roubaisien devient membre de l’académie des sports de Roubaix où il peut ainsi reprendre la pratique de son sport, la marche, que les années de guerre et de captivité ont interrompue. Il participe aux 28 heures de 1961, et finit 4e alors que l’aulnésien Charles Guny réalise le triplé en remportant l’épreuve. Louis Lebacquer est alors âgé de 42 ans. En 1962, il mène l’épreuve de bout en bout et marchera 242 kms. C’est sa première victoire avec une tactique qu’il n’abandonnera pas les années suivantes.

Victorieux en 1962 Photo NE

En 1963, Louis Lebacquer gagne les 28 heures pour la seconde fois, un tantinet déçu de ne pas avoir battu le record de distance de Gilbert Roger (250 kms), il s’en faut de quatre kilomètres. En 1964, l’épreuve se déroule en juin et se trouve réduite à 22 heures. Louis Lebacquer l’emporte pour la troisième fois devant un autre membre de l’ASR, Francis Strunc. L’épreuve de 1965 retrouve le mois de septembre et un Louis Lebacquer arborant un beau maillot de champion de France. Bien qu’il soit l’homme à battre, il ne change rien à sa tactique, attaque très tôt et creuse l’écart. Il remporte les 28 heures pour la quatrième fois. En 1966, Louis Lebacquer, devenu Ptit Louis pour ses supporters, s’est fixé comme objectif de battre le vieux record de Gilbert Roger. Ce qu’il fera en remportant l’épreuve pour la cinquième fois et en parcourant 255,540 kms.

L’année du record 1965 Photo NE

En 1967, populaire et imbattable sur son épreuve de prédilection, Louis Lebacquer parle de retraite, il est vrai qu’il approche la cinquantaine. Néanmoins il remporte les 28 heures pour la sixième fois. En 1968, malgré des conditions atmosphériques difficiles, il est à nouveau vainqueur, pour la septième fois. 1969 est l’année de la transition pour les 28 heures. L’organisation de l’épreuve passe de la défunte Académie des Sports de Roubaix au toujours vaillant Racing Club Roubaisien. Louis Lebacquer a cinquante ans et il a déjà remporté quelques épreuves avant de s’aligner au départ des 28 heures. Subissant une défaillance, il est contraint à l’abandon. Il sera tout de même à l’arrivée pour féliciter le vainqueur, le normand Landreau. Ptit Louis sera au départ de l’édition de 1970. Après un beau duel avec le luxembourgeois Josy Simon qui restera toujours à une quinzaine de minutes de lui, Louis Lebacquer sera intraitable et remportera l‘épreuve pour la huitième fois. C’est là sa dernière participation en tant que marcheur.

La huitième victoire Photo NM

Novembre 1900

Football : match décevant entre le RCR et l’UST, pluie, nombreux blessés. Le RCR gagne 3-1.

Joseph Charlemont Art de la Boxe Française Et de la Canne: Nouveau Traité Pratique Et Théorique. Paris. Domaine public

Boxe : le maître Charlemont est à Roubaix à l’invitation du professeur Jean Desruelles. Cela se déroule à l’hippodrome où Charlemont et Desruelles font ensemble un assaut de canne et un assaut de boxe française. Gustave Sandras champion du monde de gymnastique, le lieutenant Sée et JJ Renaud escrimeurs d’élite sont également au programme, ainsi que les haltérophiles Deroubaix et Jules Lesauvage. La partie comique est réservée au Broutteux.

Victor Castérès https://jossavate.com

L’Union des sports athlétiques organise une grande fête de bienfaisance le 11 novembre au profit des blessés des armées de terre et de mer. Elle se déroule dans la salle de la Société Artistique sous la présidence d’honneur de M le commandant Dubrulle, chevalier de la Légion d’Honneur. Escrime, boxe, gymnastique, athlétisme et lutte sont au programme. Victor Castérés l’émule de Charlemont sera présent.

Le wattrelosien Dhulst remporte la course Lille Templemars.

Raoul le Boucher en pleine action doc Gallica

Match de lutte entre le champion russe Pytlasinski et Raoul le boucher organisé par l’Union des sports Athlétiques de Roubaix dans la salle artistique rue de l’alouette.

Eugène Nizette, l’un des fondateurs de la société de gymnastique La Roubaisienne est conduit à sa dernière demeure par l’ensemble des gymnastes de la société. Parmi les anciens, Clément Florin, Henri Valcke, Jean Frère, Paul Ducatteau tenaient les coins du poële. Lucien Mouraux président et Paul Durand membre du comité les accompagnaient.

Maurice Garin doc wikipedia

Maurice Garin confirme auprès du Journal de Roubaix qu’il est et restera installé boulevard de Paris 17, la société La Française lui ayant renouvelé sa confiance.

Raymond et ses frères

S’il est une famille qui a beaucoup donné pour le football roubaisien et en particulier pour le Racing Club de Roubaix, c’est bien la famille Dubly. Le négociant Henri Dubly (1842-1918) et son épouse Hermance Parent (1850-1922) ont en effet eu neuf enfants dont la plupart ont pratiqué ce digne sport. Suivons donc chronologiquement leur descendance et évoquons les souvenirs qu’ils ont pu laisser.

Il faut tout d’abord préciser que ces jeunes gens n’étaient pas que des footballeurs. En effet, une fois la saison terminée, ils s’adonnaient à d’autres activités sportives telles que la course à pied, l’aviron entre autres sports. Ils incarnaient alors la figure des sportsmen, et cela leur valait une condition physique irréprochable.

Léon Dubly photo Bibliothèque Nationale de France

L’aîné, Léon Dubly né le 23 septembre 1874, fut le capitaine de l’équipe du RCR qui fut cinq fois championne de France, en 1902, 1903, 1904, 1906 et 1908. Maurice Dubly né le 17 juillet 1876, fut international, c’était un joueur fort brillant doué d’une force herculéenne. On n’a pas d’information précise sur les cinq suivants : Léon Ernest né le 29 mars 1878 est voyageur de commerce pour la maison parentale, il se marie à Lille en 1904. Paul Louis né le 17 janvier 1880 s’est marié au Havre en 1910. Albert né le 3 septembre 1881 était docteur en médecine. Pierre Raymond né le 13 septembre 1883 était agent de change. Rien de particulier sur André né le 17 novembre 1884. Il est probable que ces jeunes gens sont passés par le RCR avant d’aller construire leur vie sous d’autres cieux.

Par contre Jean Dubly, né le 9 août 1886 à Roubaix, évoluait au poste de défenseur au RCR de 1908 à 1909. Durant cette saison, il connaît sa première sélection en équipe de France de football qui lors des Jeux olympiques de 1908 rencontre l’équipe du Danemark de football le 22 octobre. Les Danois s’imposent largement sur le score de 17 à 1. Il sera équipier de Bradford City lorsqu’il partira s’installer en Angleterre.

Raymond Dubly photo site Le Ballonrond.fr

Puis sans doute le plus connu, Raymond Dubly né le 5 novembre 1893, le cadet de la fratrie. Il pratique le football en Angleterre de 1909 à 1910 à Uckfield FC durant ses études. De retour en France, il rejoint le club de ses frères en 1911 : le Racing Club de Roubaix. Il s’impose rapidement comme un titulaire de l’équipe première. L’USFSA le sélectionne dès 1911 pour affronter la Bohème. Raymond Dubly comptera 31 sélections en équipe de France entre février 1913 et mai 1925 pour 4 buts et 16 passes décisives. En plus de ces matchs « officiels », il convient d’ajouter les Jeux Interalliés et les tournées de l’équipe de France restées officieuses en Yougoslavie (1921) et en Norvège (1922). Dubly était alors capitaine des Bleus.

Un Jules Dubly était membre de l’Union Sportive Tourquennoise, autre grand club de l’époque. C‘était sans doute un cousin. On imagine sans peine une équipe spécifiquement Dubly, n’était-ce la différence d’âge entre les membres de la fratrie.

Octobre 1900

Cyclisme : le Grand Prix de Roubaix au vélodrome roubaisien. C’est le départ des séries. Les amateurs de Roubaix et de la Région sont privilégiés car ils pourront voir s’affronter les deux premiers sprinters du monde, Jacquelin et le hollandais Meyers. Les portes du vélodrome seront ouvertes à une heure et un service d’omnibus et de tramways fonctionnera toutes les cinq minutes.

Edmond Jacquelin Dessin JdeRx

Escrime : l’union des sports athlétiques a organisé dimanche dernier une séance intime qui a remporté un franc succès. Les assauts ont été organisés par l’excellent professeur Dubar, ils ont opposé MM Léon Poissonnier et André Desreumaux, L. Cresson et René Dubrulle, H Cresson et Georges Schiller, A. Valcke et Jean Dubrulle. Les exercices d’athlétisme ont eu leur part de succès avec Achille Scrépel qui a soulevé toute la série des poids jusque 110 kilogs. Un jeune athléte, Monsieur Boussier, s’est également distingué. Pour terminer le programme, une partie de lutte s’est déroulée entre MM Dewas et Desmet. Les spectateurs se sont retirés enchantés.

Le vélodrome de Barbieux CP Méd Rx

Cyclisme : la reprise possible du vélodrome roubaisien. Suite à la liquidation judiciaire de la société anonyme du Vélodrome Roubaisien, Me Buns, huissier, procédera le lundi 12 novembre prochain à la vente aux enchères publiques de tous les bois dépendant de la construction des arènes et de tous les bois et objets mobiliers et matériel du Vélodrome. On parle d’une nouvelle société composée de sportsmen acharnés qui se formerait pour empêcher la disparition irrémédiable de la piste.

Football : sur le terrain du RCR, match comptant pour le championnat du nord entre les équipes premières du Sporting club Tourquennois et du Racing Club Roubaisien.

Joseph Charlemont

Escrime : la fête du contre de quarte accueillera le champion national de boxe Charlemont. C’est une fête qui est donnée au profit des pauvres et qui se déroule à l’Hippodrome le dimanche 4 Novembre. Le champion du monde Gustave Sandras sera également de la fête. On annonce également la présence du sympathiqe et intéressant « Broutteux ».

Cyclisme : une course Roubaix-Armentières est remise au 28 octobre pour cause de mauvais temps.

Tir : le tir national de Roubaix dont le stand se trouve au n°311 de la Grand Rue a organisé un grand concours le 28 octobre. Ce concours se déroule en deux catégories : les tireurs ayant été classés une fois dans les cinq premiers ou deux fois dans les dix premiers lors des concours fédéraux antérieurs. À Roubaix se trouvent dans ce cas, MM Arthur Desrousseaux, Victor Leclercq, Henri Vandaele et Gustave Vouzelle. La deuxième catégorie comprend tous les autres tireurs.

U.R.S.A.

L’Union Roubaisienne des Sports Athlétiques (U.R.S.A.) a été fondée en 1892 par Edmond Desbonnet, le « père de la culture physique en France »1. Elle fut longtemps basée au 28 de la rue Jeanne d’Arc avant la disparition de la rue pour cause d’urbanisme. Quelques points de repére pour lancer la recherche historique.

Les premiers champions de la belle époque s’appelaient Raoul le boucher ou Constant le marin, noms qui les situaient entre les forains et les sportifs. Ils levaient la fonte et pratiquaient la lutte.

Les champions URSA 1912 Photo JdeRx

Les champions d’avant 1914 s’appelaient Goudnis, Charles Vanwinsberghe, Alphonse Pesez, Liévin Demey, Victor Lefebvre, Pierre Bogaert, Louis Vasseur. Le dernier nom de cette liste est sans doute le plus connu.

Passée la première guerre, l’URSA reprend ses activités et ce sera l’époque des Gaston Buter, Alfred Lounck, Démosthène Faith, Monnet, Léon Vandeputte, Vereecken, Jean Populier et Pierre Allène. La section de lutte compte aussi les César Luc, Charles Pâcome, Desnoullet, Stanys et Théo Drymala. La section haltérophilie est plus nombreuse encore. Citons Legleye, Herbaut, Debuf, Robert Cocheteux. En 1920, signalons deux adhésions importantes : Marcel Dumoulin et Georges Grisagelle.

Trois époques de l’URSA: Louis Vasseur, Charles Pacôme et Marcel Dumoulin Ph Coll Particulière

Tous ces noms vont de pair avec de nombreux titres de champions et des participations à des prestigieuses compétitions, du championnat de France aux Jeux Olympiques. Tout cela sera détaillé avec les portraits des différents membres.

Les champions URSA de 1953 Photo NE

Le comité de l’URSA en 1953 : Démosthène Faith président d’honneur, Marcel Dumoulin président actif, Georges Grisagelle secrétaire, Jean Populier, trésorier. En 1953 l’URSA compte une section haltérophilie, un groupe de judokas et des catcheurs. Le 27 septembre en la salle watremez à l’occasion d’un gala de catch, les professionnels viennent aider les amateurs et l’URSA, reconnu comme le plus ancien club de force de France.

d’après Louis Lampe NE

1Voir notre article à son sujet

Septembre 1900

Aviron : le cercle nautique l’Aviron de Roubaix, champion de France avec une longueur d’avance à Paris. Parmi les concurrents, l’Union nautique de Lyon, le Rowing Club de Castillon, Société Nautique de Soissons, l’Union Rowing de Paris, le club nautique dieppois, le cercle nautique de Lyon, et la société nautique de la Marne.

L’aviron, sport des élites CP Méd Rx

Les champions du monde célébrés par Victor Vaissier :

Ce sont les équipiers de notre Club Nautique,

Et c’est le Congo fin, le savon poétique

Qui l’emporte toujours, en prose comme en vers

Sur les autres savons que produit l’Univers.

Le café moderne siège de nombreuses sociétés sportives roubaisiennes CP Coll Particulière

Aviron : les champions du monde de l’Aviron et leurs amis sont réunis au café Moderne pour fêter les brillants succès remportés à Paris. De nombreux vivats ont été chantés et des bans vigoureusement frappés en l’honneur des quatre seniors roubaisiens : MM. Delchambre, Cau, Bouckaert et Hasebroucq et de leur dévoué président Emile Truffaut.

Cyclisme : la société les vrais pédaleurs établie chez Remy Waelkens, Vieille Place à Wattrelos fait courir le dimanche 16 septembre à l’occasion de leur championnat une course sur route Wattrelos Quesnoy soit 35 kilomètres pour tous coureurs amateurs.

Football : l’Association Sportive Roubaisienne a décidé d’ouvrir la saison de football le 9 septembre. L’entraînement aura lieu sur l’ancien terrain du club hippique à Croix.

Natation : la section de natation du Racing Club Roubaisien aux Bains lillois, pour le championnat du Nord. Water polo, 100 mètres à la nage font l’objet des engagements des roubaisiens.

L’Union des sports athlétiques prépare sa saison d’hiver en vue des championnats du Nord qui auront lieu en novembre. La section d’escrime est guidée par l’excellent professeur Dubar. La section d’athlétisme est menée par MM Dubeaurepaire, Dubly, Cresson, Scrépel, Masson et Bousin.

Au vélodrome de Barbieux, l’engouement des roubaisiens pour le cyclisme CP Coll Particulière

Cyclisme : le Grand Prix de Roubaix va réunir en octobre un beau plateau d’amateurs et de professionnels dans le cadre d’un grand tournoi international. De même que Paris Roubaix ouvre la saison pour le Vélodrome Roubaisien, de même le Grand Prix de Roubaix indique de façon non moins brillante la clotûre de la saison. Ces deux épreuves, la première pour le fond, la seconde pour la vitesse sont depuis six ans deux événements importants de l’année dans la série des fêtes roubaisiennes.

Les arrivées du Paris Roubaix entre les deux guerres

Le vélodrome roubaisien de Barbieux situé sur la commune de Croix avait été bâti en 1895 à l’initiative de Théodore Vienne et Maurice Pérez. Il fut le lieu d’arrivée des 19 premiers Paris-Roubaix, dont la première édition s’est déroulée le dimanche 19 avril 1896. En 1910, une nouvelle piste en bois était posée au vélodrome et les tribunes étaient aménagées de manière à accueillir plus de 10.000 spectateurs. À l’issue de la Première Guerre mondiale, la piste en bois du vélodrome a disparu, probablement utilisée comme bois de chauffage par l’occupant allemand. Le vélodrome finira par être détruit pour laisser place à des habitations individuelles.

L’avenue Jaurès qui fut l’avenue Jussieu en 1919 CP Méd Rx

L’épreuve reprend en avril 1919 et faute de vélodrome en état, l’arrivée va se dérouler sur l’avenue Jussieu dont on vient d’élargir le parcours et qui deviendra l’avenue Jean Jaurès, il s’en faut d’un mois, le 10 mai 1919. C’est une ligne droite propice à un sprint à trois que remportera Henri Pélissier.

Le stade Dubrulle Verriest de nos jours Photo PhW

Les deux années suivantes, c’est le stade Jean Dubrulle, du Racing Club Roubaix qui accueille Paris-Roubaix. C’est en quelque sorte un renvoi d’ascenseur puisque le grand club omnisports roubaisien avait fait ses débuts au sein du vélodrome de Barbieux en faisant des démonstrations de course à pied et en y jouant ses premiers matches de football. Deux monuments du sport roubaisien collaborent ainsi pendant deux ans, avec sans doute l’intérêt de pouvoir faire des entrées payantes. Plusieurs milliers de spectateurs vont ainsi assister à l’arrivée du belge Deman sous une pluie torrentielle en 1920. L’année suivante, en réunion d’attente, les spectateurs peuvent assister à deux matchs de football et à des prestations musicales de la Concordia Harmonie. La piste avait été spécialement préparée par le RCR et c’est Henri Pélissier qui signe un second succès.

arrivée sur l’avenue des villas Coll Particulière

De 1922 à 1928, l’arrivée s’effectuera ensuite pendant sept ans sur l’avenue des Villas, une longue ligne droite propice aux sprints. Cette importante artère commence avenue Le Nôtre pour se terminer au rond point qu’elle forme avec le boulevard Clémenceau (vers Hem) et l’avenue Alfred Motte. Cette belle avenue mesure 1.840 mètres de longueur sur 30 mètres de largeur. Elle permet aux coureurs de disputer un long sprint sans être gênés par la foule qui est maintenue des deux côtés de l’avenue par des barrages. Après leur arrivée, les coureurs descendent en ville par le boulevard de Paris.

l’entrée sur le stade Amédée Prouvost, avant la chute Coll Particulière

Inauguré en septembre 1927, le stade Amédée Prouvost situé à Wattrelos est tout neuf. Il accueille l’Excelsior Athlétic Club de Roubaix fondé en 1928, issu de la fusion du Football Club de Roubaix et de l’Excelsior Club de Tourcoing. Ce club dispose de belles installations sportives de pointe et il est également largement aidé par les établissements Charles Tiberghien de Tourcoing et par le groupe Prouvost. L’arrivée du Paris-Roubaix cycliste de 1929 s’y fera pour la première et dernière fois. Pour pouvoir faire payer des droits d’entrée, rien de tel qu’un stade du point de vue des organisateurs. Mais il n’est guère facile de rouler sur la piste en cendrée de Wattrelos, et aumoment du sprint final le belge Georges Ronsse qui a course gagnée, dérape dans le dernier virage et brise sa roue, entraînant dans sa chute Déolet qui le suivait. La victoire revient au troisième, le jeune belge Charles Meunier. Les deux sprinters terminent à pied, le vélo sur l’épaule. La confusion gagne le stade, le service d’ordre est débordé et le public envahit la piste, empêchant ainsi le bon déroulement de la course ! Cette fin d’épreuve fera très mauvais effet auprès de la presse et des amateurs de cyclisme.

La fanfare cycliste du Nord Touriste CP Méd Rx

Et l’on repart pour cinq ans (1930-1934) sur l’avenue des villas. La fanfare cycliste du Nord Touriste fera partie du rituel de l’arrivée. Elle fait patienter la foule toujours aussi nombreuse derrière les barrages en jouant des morceaux et en effectuant des pas redoublés. L’arrivée est toujours jugée face au n°33 de l’avenue Delory nouveau nom de l’avenue des villas. Soixante gendarmes et vingt agents de police assurent le service d’ordre d’une épreuve dont l’engouement ne se dément pas. À la tête de l’organisation on trouve des noms célèbres à Roubaix, Jean Desruelles et même Constant Niedergang. Le système de doubles barrières est très au point, l’une en madriers, l’autre en claire-voie assurent la sécurité et annihilent toute poussée intempestive. L’ambiance est généralement assurée par le public belge, dont les coureurs vont rafler toutes les éditions de cette période.

Affluence aux abords de l’hippodrome des Flandres Photo JdeRx

En 1935-1936, Paris Roubaix se termine à l’Hippodrome des Flandres. Conçu en 1930 par l’architecte Jean Papet sur un terrain de 55 hectares en pleine campagne, il a été inauguré le 15 mars 1931, en présence d’une foule innombrable. En 1935 et 1936, il accueille l’arrivée du Paris-Roubaix. Jules Ladoumègue vient y courir un 1.500 mètres qu’il remporte dans la réunion sportive d’attente. Courses hippiques au galop, au trot et quelques épreuves cyclistes. Selon la presse de l’époque, ce n’est pas la grande foule qui attend les coureurs. De plus, pas de tour d’honneur, absence de l’hymne (la Brabançonne, le belge Rebry étant vainqueur) ni même de bouquet au vainqueur ! Le monde des turfistes était-il celui des amateurs de cyclisme ? On peut en douter.

La grande ligne droite de l’avenue Delory doc AmRx

En 1937-1939 c’est le retour de l’arrivée à Roubaix avenue Gustave Delory, On retrouve avec plaisir la longue ligne droite du sprint encadrée par un nombreux public le tout bien organisé. Des courses préliminaires font patienter la foule. Un italien gagne, surprise ! L’année suivante même dispositif, avec barrières de la rue Édouard Vaillant jusqu’à la rue Verte à Croix. Storme gagne, bouquets, ovations et comme il est difficile aux coureurs de s’extraire de la foule !

Pourquoi pas au parc municipal des sports ?

Les travaux du parc municipal des sports démarrent en mars 1929, il couvre huit hectares et l’architecte en est Jacques Greber, à qui on doit également les plans de l’école de plein-air. Le journal de Roubaix, dans une édition du mois d’août 1930 évoque une ouverture prochaine des installations. Mais le nouveau vélodrome ne voit le jour qu’en 1936. Contrairement à son prédécesseur, il n’est pas cerné de tribunes. Sa piste, longue de 500 m, est en ciment. Le Paris-Roubaix « officiel » reste cependant fidèle à l’avenue Delory. La Seconde guerre mondiale interrompt à nouveau l’épreuve. Elle reprend sous l’Occupation, en 1943. C’est justement cette année-là que l’arrivée est jugée sur le vélodrome du parc des sports pour la première fois, mais c’est une autre histoire.