Réputée pour sa fameuse course cycliste, la cité du textile s’affirme comme une véritable ville de sport au cours du XIXe siècle. Philippe Waret et Jean-Pierre Popelier, deux passionnés de l’histoire roubaisienne, retracent le passé sportif de la ville jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ils décrivent une épopée intimement liée aux évolutions économiques, sociales et culturelles. Des bourles à la gymnastique en passant par la lutte, sans oublier les deux incontournables, cyclisme et football, ils évoquent de nombreuses activités sportives. Exploits, champions, victoires, défaites, grande et petite histoire prennent vie à travers un texte passionnant et une sélection iconographique variée. Aux Editions Sutton, juillet 2005
Championnat de France de pétanque au parc de Barbieux

En 1969, le 24° Championnat de France de pétanque est organisé à Roubaix. C’est un événement exceptionnel pour la commune, car c’est la première fois que cette compétition nationale est disputée au Nord de Paris !
Ce sport de détente, né sur les bords de la Méditerranée, a parcouru bien du chemin pour arriver jusqu’à nous et les gens du Nord sont très fiers d’accueillir cette manifestation. La pétanque est de plus en plus populaire dans le Nord : 2000 licenciés dont 1000 nouveaux ces deux dernières années.
Ce championnat, organisé par le Comité Départemental du 59 62 de la Fédération Française de Pétanque, se déroule les 26 et 27 Juillet 1969 au parc de Barbieux. 196 équipes-triplette sont venues de toute la France pour participer à ce championnat, soit environ 600 participants.
A noter que 5 équipes représentent le Nord – Pas de Calais, dont une triplette locale, composée de Gilbert Serbini, de Jacques Verslype et de Guy Friederich (ancien footballeur, conseiller municipal de Roubaix et gérant du célèbre café de la Betterave du 175 rue de Lannoy ).

De nombreuses récompenses sont offertes. L’équipe-triplette gagnante reçoit 3 téléviseurs couleur.
La veille du concours, le vendredi, une permanence est organisée à la gare SNCF pour accueillir les participants et, en début de soirée, une saucissonade-party est offerte par une célèbre marque d’apéritif anisé, à la salle Watremez, à tous les participants.

Le samedi 26 Juillet, P. Prouvost donne le coup d’envoi le matin à 9h15 au parc de Barbieux, avenue Le Nôtre, où 98 terrains de pétanque de 36m2, délimités par des barrières en châtaignier, sont aménagés sur une longueur d’1 km de long. L’organisation est impeccable et le tournoi commence.

Les boules de pétanque s’entrechoquent ; les joueurs sont reconnaissables car les équipes-triplette ont un polo ou chandail de même couleur. Les méridionaux cherchent le soleil encore timide. Les participants, entre 2 parties, se désaltèrent dans des petites échoppes, disposées près du stand de contrôle, où l’on peut consommer, bien sûr, le traditionnel Pastis et le rosé de Provence bien frais.
L’après midi se déroulent les 32° et 16° de finale.

Le samedi soir, à la salle Watremez, un banquet réunit les différentes sociétés participantes et les organisateurs. Mr le Maire est venu saluer ses hôtes. Le repas, très agréable, est agrémenté d’un spectacle de qualité avec l’orchestre d’Eddie Erickson.

Dimanche 27 Juillet, la compétition continue. La journée est animée par des promeneurs curieux de cette animation insolite pour des « Ch’tis ». Des gradins ont été installés pour le public à côté du carré d’honneur. Et puis il y a surtout, cette saveur d’un accent méridional, qui fleure bon la lavande, lorsque les joueurs se parlent entre eux « Eh té, tu tires ou tu pointes ? »
Beaucoup de monde vient assister à cette journée, dans une ambiance agréable et sympathique, jusque la finale à 16h.

Victor Provo remet les prix dans la salle de mariage de l’Hôtel de Ville à 18h30 à l’équipe du Gard, composée de René Macari, Denis Salvador, et Raoul Bonfort, qui a battu en finale les Girondins.
Alors, certes il n’y a pas d’équipe du Nord-Pas de Calais, dans les hauts du classement, mais cette manifestation a permis de mieux faire connaître notre ville aux participants qui ont tous apprécié l’accueil chaleureux, l’organisation, et le superbe parc de Barbieux.
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Remerciements aux Archives Municipales.
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La société Vroman Sports, une institution roubaisienne
Jules Vroman est né le 3 juin 1864 à Roubaix, rue du Calvaire (nom de la Grand–rue à l’époque). Ses parents étaient commerçants : le père Alexandre était boulanger et quand il décède, Jules n’est âgé que de 13 ans. Sa mère reprend le commerce situé au 225 Grand Rue, elle apparaît au Ravet Anceau de 1883 comme épicière. Un article de journal retraçant sa carrière nous apprend qu’il est un élève d’une intelligence précoce et d’un amour ardent de l’étude. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans, avec des connaissances dans des matières aussi diverses que le solfège, le dessin de menuiserie.

A 20 ans, il est gymnaste à la Roubaisienne. Jules Vroman est un jeune homme sportif parmi les sportsmen de l’époque qui fréquentent cette importante société de gymnastique. Cette pratique sportive l’amène à s’orienter vers la fabrication d’appareils de gymnastique. Habile menuisier, il crée ainsi dès 1884 sa société, dont les locaux se trouvent dans la maison maternelle, au 225 de la grand-rue. Le réseau grandissant des sportifs va constituer sa clientèle. Il fait preuve d’innovation, et d’un vrai sens commercial : son matériel est aisément démontable, avec des tarifs adaptés et il est testé par la Roubaisienne. A 29 ans, il devient aussi professeur de danse et de gymnastique.

Jules Vroman épouse Zoé Marie Millescamps le 31 mars 1894. Le commerce se développe et les locaux de la Grand Rue deviennent trop petits, Jules Vroman va s’installer rue des Fabricants au n°28 et il participe à la fondation de l’Ancienne le 14 juillet 1895. C’est une société de gymnastique et de jeux athlétiques et d’instruction militaire, dont il sera le directeur technique, puis le président. Les sociétés de gymnastique sont nombreuses et florissantes à cette époque. Comme elles voyagent et remportent de nombreux concours. Jules Vroman voit ses affaires prospérer avec le développement de son réseau sportif. Dans un premier temps, le siège de l’Ancienne est situé 28 rue des Fabricants, et Jules Vroman voit ainsi se développer la société sportive et sa société de fabrication.

Le 30 juillet 1898 naît Jules Vroman, deuxième du nom, qui prendra la succession de son père en 1928. Entre-temps, le succès de la société Vroman nécessite de nouveaux locaux et la maison se retrouve au n°30 de la rue du Grand Chemin.

En 1900, Jules Vroman loue l’établissement sis Grand-rue n°50, jusque là occupé par un fabricant de cardes, M. Beaumont. Il y crée le franco-américain skating rink, lieu de loisirs inspiré des patinoires américaines, bientôt consacré aux patins à roulettes sur plancher de bois. Cette reconversion d’un vaste hangar rencontrera un grand succès. Le même type d’établissement existera au Fresnoy un peu plus tard. C’est sur cet emplacement du n°50 de la Grand-rue que sera créé le Casino Théâtre de Roubaix, grande salle de spectacles de music hall, qui deviendra un des grands cinémas de la ville.

Après la première guerre, la société Vroman a développé ses fabrications : la gymnastique les sports collectifs, la natation, pour lesquels sont fabriqués les installations et équipements appropriés.
à suivre
Merci à Mme Vroman pour les témoignages et les illustrations
Salle des sports boulevard de Mulhouse

C’est au mois d’août 1969 que Victor Provo, maire de Roubaix inaugure la nouvelle salle des sports située 248 boulevard de Mulhouse, déjà prévue dans les projets de 1966. Cette salle omnisports est présentée comme un modèle du genre. Elle mesure 40 mètres de longueur sur 20 de large, pour une hauteur de 7 mètres. Elle comprend des vestiaires et des douches hommes et femmes, le chauffage est assuré par la chaufferie du groupe scolaire.
Dans son discours, le maire évoque l’inauguration récente de la salle Buffon, et les projets dans les quartiers Edouard Anseele et Potennerie, comme autant de signes de la volonté de développer le sport de masse à Roubaix.
Puis vient le moment de la remise des palmes académiques à Robert Hétuin, en reconnaissance des services rendus à la cause du sport postscolaire. Le récipiendaire est en effet l’un des fondateurs du basket féminin UFOLEP, et plus particulièrement celui du Club Sportif Féminin Pasteur en 1947, devenu depuis le Cercle Sportif Jean Macé Pasteur.
Ensuite les jeunes filles de l’Ancienne enchaînent avec des évolutions gymniques fort appréciées par l’assistance, avant que l’Évolution Sportive et le Club Sportif Jean Macé Pasteur ne donnent une démonstration de basket-ball féminin.
Stade Dubrulle-Verriest

Ce stade est construit en 1920 par une société immobilière sur les terrains d’une ancienne propriété appartenant à l’industriel Cordonnier au début du XXème siècle, d’abord transformés en jardins. On lui donne le nom d’un grand sportif du Racing Club de Roubaix, Jean Dubrulle, qui fut également un héros de la grande guerre. Une autre figure légendaire du même club viendra le rejoindre : Georges Verriest, qui fut capitaine de l’équipe première du Racing Club de Roubaix quand celui-ci fut finaliste de la coupe de France à plusieurs reprises, dans les années trente. Il fut également entraîneur de l’équipe de France de football pendant les années soixante. Ce haut lieu du sport roubaisien voit évoluer les membres du club omnisports qu’était le Racing Club de Roubaix, athlétisme, hockey, football…puis il y aura les tournois du Racing Stade de Roubaix… Ce stade mérite qu’on complète la liste et qu’on rassemble ses souvenirs ! La recherche est ouverte !
Qui était Maurice Maertens ?
La première guerre mondiale vient de se terminer. Dès 1919, on va rejouer au football. Le Stade Roubaisien va retrouver le terrain qu’il occupait déjà depuis avril 1903, appelé le terrain du Parc Cordonnier au Pont Rouge. En hommage à un de ses membres mort pour la France, ce terrain devient le stade Maurice Maertens.

Né à Roubaix le 31 décembre 1882, Maurice Maertens est le fils d’un père né en Belgique, Florentin Maertens, marchand épicier rue Ma Campagne, et de Marie Augustine Planchon. Il est employé de tissus à son recensement militaire. Il est dit fondateur du club, selon l’historique, en 1896, iI a quatorze ans à peine. Le Stade Roubaisien, à l’époque l’amical club de Roubaix, c’est un club omnisports qui pratique la course à pied, la vélocipédie et le football. En 1901, le Stade Roubaisien demande son affiliation à l’U.S.F.S.A (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, la Fédération Française de Football de l’époque) et se trouve engagé dans le championnat du Nord en 1901. Maurice Maertens fait partie de l’équipe première. Il effectue son service du 8 octobre 1905 au 18 septembre 1906 au 148 RI. A son retour, il réintègre l’équipe et devient un pilier incontournable du stade roubaisien. Ses qualités de footballeurs lui valent d’être appelé souvent en sélection du nord. Maurice Maertens joue dans la ligne des demis, est capitaine de son équipe et dirigeant de son club. Il se marie le 25 juillet 1914 avec Juliette Pollez. Puis survient la guerre. Il est mobilisé et envoyé sur le front en Belgique. Alors que la course à la mer a pris fin du côté de Dixmude, à partir d’octobre 1914, la 1ère bataille d’Ypres commence. Les troupes françaises se trouvent dans les secteurs d’intervention entre Zonnebeke, Zillebeke, Wallemolen, Vlamertinghe, Fortuyn, Wieltje, … Nombreux sont les soldats qui tombent en terre de Flandres. Maurice Maertens est de ceux-là. Il est mort pour la France et pour la Belgique, à Zillebecke en Belgique, le 16 décembre 1914, Il avait 32 ans.

En 1952, lors de l’ouverture de la rue Braille, on aménage une partie des terrains dépendant du stade Roubaisien, les tribunes et les vestiaires du stade sont démolis, pour laisser place à un groupe d’immeubles à usage d’appartements résidentiels construits par la Maison Roubaisienne. Le nom de Maurice Maertens fut retenu pour l’allée nouvelle.
Les merveilleux fous volants

En 1911, il y eut à Roubaix un aérodrome, plus précisément un champ d’aviation, pendant la durée de l’exposition internationale du Nord, qu’accueillait notre ville cette année là. L’aérodrome se situait non loin de l’Exposition, le long de l’avenue des Villas sur les terres de la très ancienne ferme de Gourguemez. Il se trouvait au-delà de la rue de Beaumont, en face de la rue Carpeaux et la rue David d’Angers. C’était un champ d’aviation de dix hectares sur les pâtures de la ferme, avec comme installations, six hangars individuels, une grande tribune, des gradins, un hangar provisoire pour les grandes journées. Deux entrées sont aménagées de part et d’autre du champ d’aviation sur l’avenue des Villas. L’ouverture du champ d’aviation fut annoncée pour le 4 juin.

Les organisateurs ont obtenu l’aval de nombreux aviateurs pour leur participation. Quoique l’aviation ait beaucoup progressé, elle en est encore à ses débuts. En 1909, Blériot vient de traverser la Manche en aéroplane. Les roubaisiens auront donc des exhibitions pendant cinq mois, de juin à octobre. On leur promet des spectacles inédits : transports de passagers en aéroplane, randonnées aériennes fertiles en enseignements au dessus de la campagne, prouesses aéronautiques… En principe, on vole tous les jours au champ d’aviation de 6 h à 8h quand le temps le permet. Les roubaisiens ont également obtenu que leur ville soit la quatrième étape du Circuit Européen. Les organisateurs devront très vite compter avec les conditions météo. Des signaux sont placés à l’angle des rues de la gare, du vieil abreuvoir et de la Grand Place: une flamme rouge indiquera qu’on vole au champ d’aviation, une flamme noire qu’on ne vole pas, et une flamme blanche qu’on volera… peut être.

L’arrivée du circuit européen est prévue le mercredi 28 juin dans la matinée. A 9 heures, plusieurs milliers de personnes attendent déjà les aviateurs sous la surveillance d’un service d’ordre important. A 11 h 10, Védrines, vainqueur de l’étape, atterrit sous les accents de la Marseillaise. Trois minutes plus tard, c’est au tour de Roland Garros, puis Beaumont, et Kimmerling. Les exhibitions se poursuivront jusqu’en septembre, malgré le temps venteux et incertain. On pourra ainsi voir à Roubaix Mesdames Hélène Dutrieux et Jane Herveux. Ces dames firent aussi bien que les messieurs, en risquant leur vie au cours de vols rendus dangereux à cause du vent capricieux.

Le meeting de clôture d’octobre sera d’ailleurs annulé, à cause d’un ouragan qui causera d’énormes dégâts : hangars disloqués, barrières et palissades arrachées, portes et cloisons enlevées, tribune et buvette renversées. L’Exposition elle-même eut à souffrir de ce très mauvais temps.
En piste avec le Vélo Club de Roubaix
C’est en 1966, lors d’une réunion dans un café de la rue de Lannoy,« La Betterave », le 24 février, qu’est créé Le Vélo Club Roubaisien, appellation qui perdurera jusqu’en 1970. L’idée est partie du constat, principalement de Jean-Claude Vallaeys et d’André Pétrieux, que la piste du vélodrome de 1936 ne sert qu’une fois par an pour l’arrivée de Paris-Roubaix et, occasionnellement, à l’arrivée d’une étape du Tour de France.
Créer un club va permettre une utilisation plus régulière de l’équipement et la municipalité voit l’initiative d’un bon œil puisqu’elle vient d’investir 13 millions dans la rénovation de la piste. De plus, d’autres disciplines sportives sont présentes au plus haut niveau dans le Nord (football, basket, water polo, volley, …) mais pas le vélo. L’objet de l’association est : « le développement du cyclisme de compétition en général, l’initiation à la piste en particulier par des entraînements et des compétitions. »

Dès sa première année d’existence, le Vélo Club Roubaisien organise les 1er, 2 et 3 juillet les championnats de France Amateurs sur piste. Parmi les participants,on retrouve de grands noms : Daniel Morelon et Pierre Trentin dont les palmarès sont prestigieux. Malheureusement, cette compétition ne rassemblera que 300 spectateurs sur les trois jours et l’opération se révélera un échec sur le plan financier malgré les initiatives des dirigeants pour faire entrer de l’argent : galas de catch, vente de porte clefs, tombola…Mais cela n’entame en rien l’enthousiasme des responsables.

1967 sera ainsi l’année de création de l’école de cyclisme dont l’un des premiers inscrits n’est autre qu’ Alain Bernard qui reste encore aujourd’hui une figure historique du club. L’effectif théorique de cette école s’établit à 50 mais, victime de son succès elle atteindra au fil des années un nombre d’inscrits tel qu’il sera nécessaire de limiter les effectifs. A noter, pour ne citer qu’eux, qu’Alain Bondue et Arnaud Tournant ont été élèves de cette école.
1967 est également l’année du premier Paris Roubaix Amateurs qui sera couru le 18 Juin. Des entreprises comme Café Grand Mère et la GBM sont sollicitées pour le financement de cette course.

Cette épreuve existe toujours aujourd’hui, sous le nom de Paris Roubaix Espoir depuis 1996. Nombreux sont les coureurs arrivés dans les cinq premiers à devenir professionnels. Quelques exemples : Stephen Roche, Marc Madiot, Thierry Marie, Dirk Demol, Frédéric Guesdon, Thierry Gouvenou.
A suivre…
Article réalisé à partir d’archives et souvenirs personnels, d’échanges avec Jean-Claude Vallaeys et du livre d’Audrey Ferraro : »Vélo Club de Roubaix, Au coeur de la Légende »
Le tour à Roubaix en 1967
On a récemment annoncé le Tour de France à Roubaix pour 2018 ! Les relations entre notre ville et la grande boucle ne datent pas d’hier. La première édition du tour de France s’ouvrait en 1903 par une étape Paris Roubaix ! Il en sera de même de 1907 à 1910. Après la première guerre, Roubaix n’aura pas la faveur d’être ville étape. Il faudra attendre 1948 pour avoir une étape de clôture Roubaix Paris. Puis en 1952, les coureurs arrivent à Roubaix venant de Rouen avant de repartir vers Namur. De 1955 à 1967, Roubaix accueille le tour tous les deux ans, et gardera cette position de ville étape entre la Normandie et la Belgique : ainsi Dieppe et Rouen seront des débuts de parcours ouest est ou inversement, par Roubaix pour aller rejoindre la Belgique, avec des villes comme Namur, Charleroi, Jambes, Liège. En 1967, les coureurs arriveront d’Amiens, et partiront vers Jambes.
La ville s’organise pour accueillir la grande boucle. On « neutralise » les rues, avenues, boulevards qui seront empruntés par les coureurs. L’arrivée de l’étape Amiens Roubaix est prévue le 3 juillet aux alentours de 16 heures au Parc des Sports. Il est donc interdit pendant le temps de l’épreuve, de stationner, de circuler sur le parcours défini par les organisateurs, à savoir Willems, Hem, la côte de Beaumont, les avenues Delory, Motte et Salengro. Les autobus sont déviés, les lignes 13, 15, 18, 19, 20 et 21 sont concernées, et les rues perpendiculaires au trajet sportif sont mises en sens unique.

Une réunion d’attente sur piste est organisée au parc des sports, avec des champions comme Bernard Guyot ou Jacques Anquetil, alors en fin de carrière et en pleine affaire de dopage suite à son record de l’heure. Le tour innove cette année avec un prologue, et on court par équipes nationales. L’étape Amiens Roubaix est remportée au sprint par le belge Guido Reybrouck et son compatriote Jozef Spruyt s’empare du maillot jaune.

Après l’arrivée, une kermesse aux étoiles se déroule sur la Grand Place devant des milliers de spectateurs. Dalida, Harold Kay, Monty, Sim se succèdent sur la scène pour le plus grand bonheur de l‘assistance. On pouvait aussi revoir sur grand écran en plein air le résumé de l’étape du jour.

Le lendemain on se prépare pour l’étape Roubaix Jambes. À dix heures, les coureurs viennent à l’hôtel de ville pour signer les listes de contrôle. Le tout se déroule dans une ambiance festive, avec le défilé de la caravane publicitaire et des voitures officielles. À 11h30, la grand place bourdonne, un quart d’heure plus tard Jacques Goddet donne le coup de sifflet du départ aux 124 coureurs, aux suiveurs, aux motards, aux journalistes, au camion pharmacie, et à la voiture balai. L’intinéraire est le suivant : grand place, rue Pierre Motte, de la Halle, du Coq français, Jouffroy, Lecomte Baillon, avenue Motte côté impairs, rue de Lannoy vers Toufflers.

Après soixante kilomètres d’effort solitaire sur des pavés comparables à ceux de Paris-Roubaix, Roger Pingeon réalise un véritable exploit. Il remporte l’étape à Jambes et le maillot jaune en reléguant les favoris à plus de six minutes ! C’est le futur vainqueur du tour qui s’est affirmé là.
Roubaix aura encore maintes fois l’occasion d’accueillir le tour, après le rendez-vous annuel, celui-là, de la « Pascale », de la reine des classiques, alias Paris Roubaix !
Sources
les journaux Nord Eclair, Nord Matin et la Voix du Nord
le site http://www.lagrandeboucle.com
Roubaix Ville de Sports Philippe Waret et Jean Pierre Popelier Editions Sutton 2004
les photos des champions proviennent des sites suivants :
Guido, commons wikimedia.org, Joseph ledicodutour.com et Roger cyclopassion.blogspot.com
Quand le basket occupait la place
Parmi les grandes figures du sport roubaisien évoquées lors des récentes journées du patrimoine, il y avait Jean Pierre Rousselle, qui nous a quittés en novembre 2015. Le basket, c’était sa vie. Il découvre le basket à l’école et il en fera son métier, en tant que joueur, moniteur et entraîneur. Il joue à l’AS Denain Voltaire, avec le célèbre Jean Degros. Ce club français de basket-ball fondé en 1947 va grimper dans la hiérarchie du basket français jusqu’à atteindre l’élite en 1960 et remporter la Coupe de France alors qu’il évolue en Excellence. Cinq ans plus tard, il réalise l’exploit de remporter le titre de champion de France avec plusieurs écoliers de Voltaire dans l’effectif. Puis Jean Pierre entraîne le Clermont Université Club, champion de France 1979 1980, qui fera un beau parcours en coupe d’Europe…

Il arrête le basket de haut niveau en 1981, devient moniteur à Roubaix en 1984 et entraîneur au Stade Roubaisien. En Janvier 1992, Jean Pierre Rousselle devient le Monsieur Basket de Roubaix, avec une mission pour trois ans : en tant que moniteur municipal dans les écoles primaires. Il prend la direction de l’école municipale des sports de Roubaix, option basket, et il encadre les 7 à 14 ans, tous les mercredis matin dans la salle des sports de la rue du Pays. Enfin il est le responsable technique du stade roubaisien pour toutes les équipes du club, et entraîneur manager de l’équipe première féminine. Roubaix est une ville de basket : l’Évolution Roubaix basket est première de son championnat, de même que le Stade roubaisien. Il y a donc deux équipes de basket qui jouent au même niveau à Roubaix, et Jean Pierre milite pour un seul grand club.

En mars 1994, démarre l’opération Basket en liberté, dans un esprit d’animation des quartiers avec la dynamique suivante : former des animateurs basket, organiser des matchs, des tournois, créer des terrains en libre accès. Treize entreprises roubaisiennes sont impliquées parmi lesquelles Camaieu, Chaussport…En avril 1995, c’est l’organisation d’un tournoi inter quartiers, avec des matchs d’une demi heure, de 10 heures à 18 heures. Huit équipes sont engagées : celles des centres sociaux de l’ Hommelet, des 3 Ponts, de l’Alma et la Maison des 2 quartiers, l’ASCO, animation 92 et une équipe de la police qui en finale bat le CS Hommelet, la coupe du fair-play revenant à animation 92. Le calendrier de l’année est éloquent : 15, 16, 17 avril tournoi de street basket, 23 juillet tournoi logicil 3 Ponts, le 27 août tournoi Quick, le 4 septembre tournoi GTI Sodifac et chaussport. Le 23 et 24 septembre, l’opération nationale France basket tour passe par Roubaix, au parc des sports : 800 jeunes jouent ensemble, l’accueil du france basket tour est financé par les entreprises Flipo Manutention, Hutchinson, GTI Sodifac, Sodexo, Logicil, la SRIEM…L’année se termine avec le tournoi Westaflex qui a lieu le 22 octobre. En avril 1996, le France basket tour repart de Roubaix. On joue sur la grand place.

Puis en février 1997, treize jeunes s’étant distingués comme acteurs et pratiquant le basket dans leur quartier, sont sélectionnés par les centres sociaux et les comités de quartier pour aller à New York. Jean Pierre Rousselle a pu convaincre les entreprises déjà impliquées dans Basket en liberté et d’autres de financer ce voyage. Ambassadeurs et reporters, ces jeunes roubaisiens vont aussi jouer au basket en découvrant New York, l’espace d’une petite semaine. Ultime hommage, la salle de basket où joue le Stade roubaisien porte désormais le nom de Jean-Pierre Rousselle.

La presse de l’époque parle de 28 terrains de basket fonctionnant pour l’opération basket en liberté à Roubaix. Saura-t-on encore les situer aujourd’hui ?