Auberge du Tilleul

C’est Jean-Louis Briffaut qui ouvre un café à l’angle de la rue du Cimetière (actuelle rue du 06 juin 1944) et de la rue du Saint-Amand (actuelle rue du Docteur Coubronne) à Hem en 1863. L’établissement à l’enseigne « Au Tilleul »est repris en 1874 par Rosalie Jouveneau.

Le choix du nom serait dû d’après les anciens à un gros tilleul qui pousse non loin de l’estaminet et auquel les coursiers peuvent attacher la bride de leur monture. La spécialité de l’établissement semble être le genièvre servi dans un verre spécial à gros fond.

Situation du café à l’angle des 2 rue au début du 20ème siècle (Document Historihem)

L’entrée est située juste au coin de la rue du Cimetière et les livreurs ramènent les boissons à l’aide de charrettes tirées par 3 ânes car les nombreuses côtes à monter sont trop épuisantes pour 2 animaux. Sur la photo, la carriole des livreurs vient d’arriver et prennent la pose avec les tenanciers de l’établissement.

Le café en gros plan au début du 20ème siècle (Document Historihem)

A l’époque, le dimanche, seul jour de repos est consacré par les hommes au cabaret où ils jouent aux cartes, aux fléchettes et aux bourles mais aussi fument et boivent, essentiellement de la bière et du genièvre mais jamais de vin, beaucoup trop cher. Alors qu’au début du 19ème siècle Hem comptait 11 estaminets, ceux-ci se sont multipliés.

6% des cabaretiers seulement sont propriétaires de leur établissement. Les locataires changent souvent mais les enseignes restent. Il y en a alors au moins 60 à Hem, même s’il est difficile d’en fixer le nombre exact tant la situation est fluctuante d’un mois sur l’autre. Au Tilleul, on danse beaucoup et les bals de la ducasse y sont organisés, durant lesquels les garçons de Hem et ceux de Forest, ville voisine, se disputent l’honneur de faire danser les jeunes hémoises.

Ensuite, c’est au tour de Georges Thieffry de reprendre le café. Pendant la première guerre, plus précisément en juin 1915, il combat avec vaillance au front quand il est atteint à la jambe par une « balle explosible ». Réformé en 1918, perçoit une pension d’invalidité et continue à souffrir de sa blessure jusqu’à son décès.

Lors de ses obsèques il reçoit un vibrant hommage de la fraternelle des anciens combattants dont il était l’un des membres fondateurs. Il reçoit également l’hommage de la municipalité en temps que conseiller municipal élu en 1929 et membre de la commission administrative du bureau de bienfaisance.

Le café du temps de Georges Thieffry (Document Historihem)

Ensuite Achille Delemme reprend la gestion du café pendant les années 1920 et sa fille, Denise Dal-Dellemme, lui succède à la fin des années 20 et jusqu’à la fin des années 1930. Durant cette époque la grande salle est prêtée gratuitement aux diverses sociétés hémoises :

Les anciens combattants y font leurs réunions ;la société mutuelle La Sécurité y tient son assemblée générale 2 fois par an et la société horticole des jardins ouvriers 2 fois par mois ; les démocrates populaires y font leur réunion mensuelle et la musique municipale sa réunion hebdomadaire ; c’est aussi Achille qui met en place le Tir à la carabine.

Le café géré par Achille Delemme (Document Historihem)

La culture n’y est pas oubliée puisqu’y siège le Comedia Club qui, dans les années 20 y présente ses représentations théâtrales telle que « Muerta la Valca » en 1924. Quant à Achille il fait lui-même partie de l’harmonie municipale et pose fièrement avec les autres musiciens au 3ème rang de la Photo prise en 1922.

La représentation de Muerta la Valca en 1924 (Document Histotihem)
L’harmonie municipale en 1922 (Document Historihem)

Mais l’établissement sert également de siège et de salle d’entraînement au club de lutte hémois dans les années 1930. Le Docteur Trinquet en est le président, Alphonse Pessé l’animateur et Stanis Drymala l’entraîneur. Le club marche fort et compte dans ses rangs plusieurs champions du Nord.

Entrainement du club en 1933 (Documents Historihem)
Le club de lutte hémois en 1934 ; sur la 2ème photo, debout au 1er rang en partant de la gauche Stanis Drymala.(Documents Historihem)

Pendant la 2ème guerre mondiale, la grande salle, auparavant dévolue aux bals, sert à entreposer les matériels réquisitionnés par les troupes allemandes d’occupation. A la fin de la guerre en 1945 c’est le ravitaillement qui est distribué par l’établissement. Le comité du ravitaillement fondé par la municipalité répartit les denrées entre les commerçants et distribue des cartes de ravitaillement aux familles pour chaque denrée.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Novembre 1902

Cyclisme. Les amnisties de l’Union Vélocipédique Française. À l’occasion de son congrès annuel, l’UVF a amnistié de toutes pénalités un certain nombre de vélodromes. Ainsi le vélodrome lillois disqualifié depuis 1900 pour des raisons d’ordre financier, le vélodrome d’Arras puni d’une amende pour avoir laissé courir des amateurs non licenciés, et le Vélodrome de Roubaix qui se voit dégagé d’une amende de 100 francs relative à son fonctionnement.

En tête du bulletin de l’UVF doc Gallica

Football. Les résultats des sociétés de l’U.S.F.S.A. Le RCR bat l’Olympique lillois par 3 bus à 2 après une belle partie. Le RCR bat le Sporting Club Tourquennois, 6 buts à 3.

Football. Les résultats des sociétés libres. Le match opposant l’Olympique Roubaisien et le Football Club Tourquennois a pris fin après 35 minutes de jeu, le FCT refusant de continuer à jouer après un regrettable incident. L’O.R. menait 2 à zéro. L’Iris Club Roubaisien rencontrait l’Étoile Roubaisienne et a remporté le match par 3 buts à 1. Le Club Sportif Roubaisien a battu le Sporting Club Roubaisien par un but à zéro, après une partie animée et une belle défense du CSR.

Cross Country. Premier entraînement de la saison de cross country au Racing Club Roubaisien, sur 5 kilomètres. Vainqueur Honorez en très grande forme, il court en 19’30, laissant son second Becquerel à plus de deux minutes.

Hockey sur gazon. Une partie opposait le RCR au Sporting Club Tourquennois, qui s’est terminée par un match nul 4 à 4, après un match très intéressant sur le terrain de Beaumont.

Antwerp FC le plus ancien club de Belgique

Football. Le challenge international du Nord. Il est organisé comme chaque année par le Sporting Club Tourquennois et ouvert à tous les clubs français et étrangers reconnus par l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (U.S.F.S.A). Les demi-finales et la finale se joueront sur le magnifique terrain de la rue de Dunkerque. Pour cette septième édition, voici les équipes présentes : l’Antwerp FC détenteur du Challenge, le Racing Club Roubaisien, champion de France, le Standard Athlétic-Club, le Racing-Club de Bruxelles, le Football-Club Liégeois, l’Union Saint Gilloise, l’Union Sportive Parisienne, la Nationale de Saint Mandé, le Football Club Courtraisien, le Cercle Sportif Brugeois, le Daring Brussels Club, l’Olympique lillois, l’Union Sportive de Calais et le Sporting Club Tourquennois.

Football. Résultats Championnats du Nord : le RCR bat l’Iris Club Lillois par 9 buts à 3. L’Olympique lillois bat le Stade Roubaisien par 3 buts à 2. Du côté des sociétés indépendantes, l’Iris Club de Roubaix bat le Sporting club roubaisien par 2 buts à 0. L’Olympique Roubaisien a battu le Football Club Courtraisien par 2 buts à 0.

Lutte. La fête de l’union des sports de Roubaix a accueilli un public nombreux. Le travail athlétique de MM. Bulteau, Desbouvries et Kochler et les exercices classiques de MM. Briche et Vanhuysse ont été très applaudis, de même que le travail aux anneaux de M. Liévens. Pour les numéros de lutte, le professeur Boghaert a tombé Vanhuysse par une ceinture avant après 18 minutes de lutte intéressante.

Croquis du Journal de Roubaix 1902

Cyclisme. La concurrence parisienne a été fatale aux pistes de province. Ainsi le vélodrome de Roubaix avait bien commencé par la course Paris Roubaix, avait bien continué par une belle rencontre entre Jacquelin et Ellegaard, le premier ayant remporté le Grand Prix de Pâques. Puis le vélodrome roubaisien se contenta de continuer la saison par des réunions évidemment intéressantes mais point sensationnelles. Pourquoi ? Les coureurs tout simplement attendent à Paris dans leurs cabines celui des deux vélodromes parisiens qui resterait le plus offrant et le dernier enchérisseur.

Octobre 1902

Octobre, le journal des sports 1902

Cyclisme : comme l’année dernière, le Grand Prix de Roubaix Professionnels n’aura pas lieu, annonce la Commission du Vélodrome Roubaisien. Cette information entraine une polémique. M.Breyer, directeur du Buffalo, exprime son étonnement et ajoute : l’affirmation de la commission est erronée, il a été en pourparlers avec la Société des Arènes de France, locataire actuel de la piste roubaisienne, pour organiser le grand prix. Les pourparlers n’ont pas abouti, en raison de la concession par ladite société du vélodrome à une autre personne qui devait y organiser de nombreuses courses, dont le Grand Prix. Qu’est devenue cette personne ? S’il fallait l’organiser, d’ici à deux semaines, M. Breyer s’en chargerait le tout premier. Au lieu de dire qu’on ne peut pas, il serait plus franc d’avouer qu’on ne peut pas ! Un télégramme de la direction du Vélodrome de Roubaix publié par le journal l’Auto-Vélo, met M. Breyer à même d’accomplir son projet. On attend sa réponse.

Le Vélodrome Buffalo à Neuilly doc Wikipédia

Football : le Stade Roubaisien qui se réunit au Café Belle-Vue Grand Place, prépare sa prochaine rencontre avec l’Olympique Lillois.

Cyclisme : le Vélodrome Roubaisien organise le Grand-Prix de Roubaix-Amateurs avec épreuves pédestres et cyclistes.

Cyclisme : alors que la soirée du Buffalo a été annulée pour cause d’intempéries, M. Breyer répond à la proposition du directeur du vélodrome roubaisien, M. Vitors. Il trouve ses prétentions financières trop élevées, ce que le journal l’Auto-Vélo traduit de la manière suivante : le directeur du Buffalo vient de commettre une nouvelle gaffe en avouant qu’il était incapable d’organiser le grand prix de Roubaix. Les roubaisiens n’auront donc pas de Grand Prix Professionnels pour la deuxième année de suite.

Football : le Sporting club roubaisien tiendra sa réunion mensuelle vendredi prochain en son local à la tête d’or, contour Saint Martin.

Gymnastique : après leurs succès au concours d’Issy-les-Moulineaux, les gymnastes de la Roubaisienne se sont remis au travail pour la préparation d’une grande fête d’hiver offerte aux membres honoraires ainsi qu’aux familles des gymnastes.

Médaille de la société Coll Particulière

Football : match retour entre l’équipe première du FC Mouscronnois et l’équipe 3 du RCR sur le stade de Beaumont. Sur le terrain des Villas, le RCR 4 reçoit le FC Mouscronnois 2. Le Sporting Club de Menin vient jouer contre l’Union Sportive Wattrelosienne, sur le terrain de l’USW. USW-Menin 7-3.

Cyclisme : le grand prix de Roubaix amateur a lieu sous la pluie. Mille cinq cents personnes y assistent. Pour les courses pédestres, ont participé les sociétés suivantes : sporting club roubaisien, jeunesse roubaisienne, Club des Sports. Pour les cyclistes, chez les tout petits amateurs libres âgés de moins de 16 ans, Crupelandt remporte sa série puis fait deuxième pour la finale. Chez les femmes il y a Mme Vanbelle, Melle Kindts, Mme Béranger. Chez les plus de 16 ans, on trouve les Delespierre, Dhulst, Hubert Desruelles, Léturgie…

Cyclisme : une course Roubaix Quesnoy organisée par un groupe d’amis établi chez M. Charles Lepercq rue Descartes 51 au Maréchal Ferrant à Roubaix pour le 12 octobre.

Lutte. Un championnat à Roubaix ouvert à tous les lutteurs du Nord aura lieu salle du Club Athlétique Roubaisien 34 rue de Lannoy le samedi 25 octobre.

Un défi roubaisien au jiu-jitsu

Le 26 octobre 1905, un combat organisé par le journal l’Auto opposait le boxeur Dubois sur la terrasse des usines Védrine à Courbevoie au professeur de jiu-jistu Ré-Nié, lequel a eu raison de son adversaire en 29 secondes. Les critiques ne manquent pas : le célèbre professeur Charlemont niait les qualités de M. Dubois et disait à qui voulait l’entendre qu’il n’était pas qualifié pour représenter l’école française. Théodore Vienne, le directeur de l’Éducation Physique, reproche à Charlemont de ne pas avoir relevé le défi du jiu-jistu, lui qui est un champion, et de ne pas monter sur le ring pour affronter Ré-Nié.

Le professeur Ré-Nié tel qu’il apparaît dans son livre Coll particulière

Mais qui est donc ce Ré-Nié et ce nouveau sport qui nous arrive d’extrême orient ? Le professeur Ré-Nié, de son vrai nom Ernest Régnier, enseignant et pratiquant de Jiu-jitsu, ayant une école à Paris, est célèbre pour avoir défié les pratiques de combat d’Europe dans le but de prouver la supériorité du Jiu-jitsu sur les autres pratiques à mains-nues. Il a écrit un ouvrage intitulé les secrets du jiu-jitsu dans lequel il présente ce nouveau sport venu du Japon et qu’il espère voir figurer bientôt aux côtés de la boxe française et de la boxe anglaise. Jiu-jitsu signifie « Brise-muscles » et il est le sport national japonais depuis plus de deux mille ans. Il peut être défini comme l’art de combattre et de vaincre la force brutale par la vitesse et l’habilité musculaire1 C’est après la guerre en Mandchourie qu’il a été introduit en Angleterre, aux États Unis et en France, nations qui ont permis par leur médiation que les russes vaincus par les japonais obtiennent un armistice, qui précède le traité de paix signé le 5 septembre 1905 à Portsmouth. La découverte du jiu-jitsu par le monde occidental est donc toute récente, et c’est un nouveau sport qui vient de faire son apparition.

Le jiu-jitsu vu par le Journal de Roubaix

Ce premier combat victorieux avec le champion Dubois lui fait une bonne publicité mais rencontre le scepticisme des champions français de l’époque.

Un défi roubaisien

Le champion de Jiu-jitsu Ré-Nié, directeur de l’école japonaise de jiu-jitsu de Paris rue de Ponthieu 55bis à Paris, reçoit un courrier de la part de Paul Boghaert champion athlétique de France depuis le concours d’Issy les Moulineaux en 1903, et vainqueur de divers concours de lutte libre. Cette lettre datée du 27 décembre 1905 l’informe que le mystérieux jiu-jitsu n’a pas convaincu le champion de lutte libre qui affirme s’entraîner avec ardeur, persuadé que la méthode du jiu-jitsu basée surtout sur l’agilité devra baisser pavillon devant la lutte libre. Et il propose un match avec l’enjeu qu’il plaira à son futur adversaire. Une seule condition, que cette rencontre ait lieu à Roubaix, la province pouvant bien pour une fois prendre sa revanche sur la capitale.

Boghaert, le challenger roubaisien doc JdeRx

Un défi crânement lancé, commente le Journal de Roubaix. Le défi est relevé et le professeur Ré-Nié exige un enjeu de 3.000 francs ! La réponse est parue dans l’Auto du 1er janvier. Le champion Boghaert est estomaqué par la somme qui ne se trouve pas journellement sur un tapis de lutte. Il pensait dans un premier temps se récuser mais des amis, partisans convaincus de la lutte libre, ont bien voulu appuyer le projet. La somme est donc réunie et sera déposée au journal l’Auto. Il est bien entendu que le match ne prendra fin que sur la demande de l’un des adversaires, suivant un règlement préalablement établi et devant un jury composé de trois personnes et désigné d’un commun accord.

Les avis et le combat

Le Journal De Roubaix consacre un article à la présentation du jiu-jitsu dans son édition du 28 janvier. On apprend que le match aura lieu à l’Hippodrome roubaisien le 3 février pendant une exhibition comme Roubaix sait en organiser. Le 2 février, on procède à la présentation des combattants : Ré-Nié a 36 ans, pèse 63 kilos et mesure 1 mètre 65, il a appris le jiu-jitsu avec les maîtres japonais Yukio-Tani et Miyaki. Il fut auparavant champion de lutte gréco-romaine (amateurs) champion de catch en Angleterre. Son challenger roubaisien est Paul Boghaert le lutteur roubaisien bien connu, si connu que le Journal de Roubaix en oublie de donner ses mensurations.

L’Hippodrome de Roubaix, lieu du combat doc BNRx

De l’avis de Jean Desruelles qui a vu travailler Ré-Nié, il l’a trouvé vif et agile, et il pense que s’il peut amener Boghaert au tapis, le roubaisien ne se relèvera pas. Le combat sera mené rapidement et ne durera peut-être que quelques secondes. Louis Delescluse, le dévoué chef moniteur de la Jeunesse Sportive du Blanc Seau, sera l’arbitre de la rencontre. Il connaît bien Paul Boghaert pour avoir été son professeur de lutte libre. Pour lui, s’il ne se laisse pas impressionner, il possède suffisamment de force et d’agilité pour triompher de son adversaire.

Ré-Nié croqué par le JdeRx

Finalement le match se déroulera en faveur de Ré-Nié, malgré la résistance et les attaques incessantes de Boghaert qui sera vaincu en 5 minutes et 21 sec sans avoir démérité. Une prise irrésistible sur la carotide lui fit crier grâce. Il sera le vainqueur moral de ce combat, mais le jiu-jitsu avait fait ses preuves !

1D’après les secrets du jiu-jitsu page 22

Mai 1902

Journal des sports mai 1902

Cyclisme : Maurice Garin engagé dans la course Marseille Paris organisée pour les 18 et 19 mai par l ‘Auto Vélo. Également partant Lesna, vainqueur de Paris Brest et Paris Roubaix, qui sera le vainqueur de l’épreuve.

Lucien Lesna vainqueur photo Jules Beau Collection Bibliothèque Nationale de France

Football : challenge international du nord. La seconde demi-finale mettra aux prises le Havre Athlétic Club et le Beerschot Athlétic Club d’Anvers, détenteur actuel du challenge. Ce sera le 4 mai sur le terrain du Sporting Club de Tourcoing.

Boxe : Jean Desruelles rencontre Mainguet dans la salle du Nouveau Théâtre à Paris. Les deux maîtres ont fait un très bon assaut qui a fait impression. Toujours sûr de lui, Mainguet a tiré aveec beaucoup de sang froid et de courtoisie, tandis que Desruelles avec sa fougue ordinaire arrivait à placer quelques bons coups et à réussir d’excellentes esquives.

Le circuit du Nord à l’alcool Maurice Farman vainqueur  Collection Jules Beau. BNF

Automobilisme : le circuit du nord à l’alcool. Voici le programme complet : une course de vitesse les jeudi 15 mai et vendredi 16 mai. Première étape Fort de Champigny-Arras (410 kms). Deuxième étape Arras-Saint Germain (arrivée à la grille d’Hennemont) (500 kms). Sont engagés neuf motocyclettes, huit motocycles, treize voiturettes, trente six voitures légères, dix sept voitures. Au total 83 engagés. Un concours de consommation (véhicules de tourisme) jeudi, vendredi et samedi. Première étape : Place de la Concorde-Arras (210 kms). Deuxième étape : Arras-Abbeville (260 kms). Troisième étape : Abbeville-Paris (260 kms). Sont engagés dix motocycles et motocyclettes, quatre voiturettes, vingt voitures légères, dix huit voitures. Au total 52 véhicules engagés. Une troisième épreuve pour les véhicules industriels consiste en une seule étape de Beauvais à Paris (85 kms). Sont engagés douze véhicules portant de 100 à 500 kilos, onze véhicules portant plus de 500 kilos. Au total vingt trois véhicules engagés.

Les champions de 1902 Doc Wikipedia

Football : le R.C.R. est champion de France après sa victoire sur le Racing Club de France. Une assemblée générale aura lieu dans un des salons de l’hôtel Ferraille en l’honneur des vainqueurs.

Cyclisme : les vrais pédaleurs de Wattrelos organisent une sortie à Lens pour participer aux courses organisées par Maurice Garin.

Course à pied : la coupe de Saint Omer s’est disputée pour la troisième fois et a été l’occasion d’une nouvelle victoire du Racing Club Roubaisien qui s’attribue de manière définitive ladite coupe offerte par le Sport Audomarois.

Lutte : un match au Club l’Aurore, rue de Menin à Roubaix à onze heures du matin entre MM. Paul Losfeld et Fleurisse Vromant. Enjeu : 25 francs. Arbitre : M. Gustave Lacroix.

Football : le sporting club roubaisien, l’iris club roubaisien, le red star club roubaisien et le football club wattrelosien ont programmé leurs rencontres.

Course à pied : réunions d’entraînement pour le Racing Club de Roubaix et pour le Stade Roubaisien et leurs champions.

Publicité JdeRx mai 1902

Cyclisme : Lesna et Maurice Garin s’abstiennent de participer au premier Bordeaux Paris. Les favoris sont Ambroise Garin, Wattelier, Frédéric et Chaperon.

Avril 1901

Cyclisme. Pour le prochain Paris Roubaix, pas moins de 70 engagements de coureurs professionnels et 47 amateurs. Jamais depuis sa création, l’épreuve n’a réuni un peloton aussi imposant. Par ailleurs, l’épreuve automobile a réuni 63 engagements avec des prix alternant sommes d’argent importantes et objets d ’art. Le Vélodrome roubaisien sera but de nombreuses excursions. On peut s’attendre pendant les deux journées de dimanche et lundi à voir des millions (sic le journal) de spectateurs (où vont-ils les mettre?) qui viendront chercher autour de notre piste (c’est sûr, il y en aura dehors) les émotions sportives. L’administration du Vélodrome annonce que pour les deux journées le prix des places est celui habituel et qu’on s’adresse pour la location chez M. Jubé 16 rue de la gare à Roubaix.

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U.R.S.A.

L’Union Roubaisienne des Sports Athlétiques (U.R.S.A.) a été fondée en 1892 par Edmond Desbonnet, le « père de la culture physique en France »1. Elle fut longtemps basée au 28 de la rue Jeanne d’Arc avant la disparition de la rue pour cause d’urbanisme. Quelques points de repére pour lancer la recherche historique.

Les premiers champions de la belle époque s’appelaient Raoul le boucher ou Constant le marin, noms qui les situaient entre les forains et les sportifs. Ils levaient la fonte et pratiquaient la lutte.

Les champions URSA 1912 Photo JdeRx

Les champions d’avant 1914 s’appelaient Goudnis, Charles Vanwinsberghe, Alphonse Pesez, Liévin Demey, Victor Lefebvre, Pierre Bogaert, Louis Vasseur. Le dernier nom de cette liste est sans doute le plus connu.

Passée la première guerre, l’URSA reprend ses activités et ce sera l’époque des Gaston Buter, Alfred Lounck, Démosthène Faith, Monnet, Léon Vandeputte, Vereecken, Jean Populier et Pierre Allène. La section de lutte compte aussi les César Luc, Charles Pâcome, Desnoullet, Stanys et Théo Drymala. La section haltérophilie est plus nombreuse encore. Citons Legleye, Herbaut, Debuf, Robert Cocheteux. En 1920, signalons deux adhésions importantes : Marcel Dumoulin et Georges Grisagelle.

Trois époques de l’URSA: Louis Vasseur, Charles Pacôme et Marcel Dumoulin Ph Coll Particulière

Tous ces noms vont de pair avec de nombreux titres de champions et des participations à des prestigieuses compétitions, du championnat de France aux Jeux Olympiques. Tout cela sera détaillé avec les portraits des différents membres.

Les champions URSA de 1953 Photo NE

Le comité de l’URSA en 1953 : Démosthène Faith président d’honneur, Marcel Dumoulin président actif, Georges Grisagelle secrétaire, Jean Populier, trésorier. En 1953 l’URSA compte une section haltérophilie, un groupe de judokas et des catcheurs. Le 27 septembre en la salle watremez à l’occasion d’un gala de catch, les professionnels viennent aider les amateurs et l’URSA, reconnu comme le plus ancien club de force de France.

d’après Louis Lampe NE

1Voir notre article à son sujet

L’application du lutteur tranquille

En 2009, Philippe Mathis nous avait fait l’honneur et la gentillesse d’être l’un de nos guides pour la journée du patrimoine consacrée cette année là aux sports. Voici l’hommage que nous lui avions rendu.

Philippe Mathis en 1976 Coll Part

Le palmarès de Philippe Mathis commence alors qu’il n’a que 11 ans ! Deux ans plus tôt, il choisit entre la lutte et la gymnastique, en entrant au lutteur club du Nouveau Roubaix, parce que, dit-il, c’était plus près de chez lui. Les débuts sont difficiles pour ce gamin de neuf ans, mais avec le travail et l’entraînement, le voici champion de France des benjamins en 1969. C’est le début d’une longue série de victoires et de titres, au plus haut niveau régional et national. Il rejoint le bataillon de Joinville, puis sera sélectionné une première fois avec les juniors français à Poznan en Pologne, où il sera champion d’Europe de sa catégorie. Il sera ensuite champion de France senior en 1979 et en 1980, ce qui lui vaut une autre sélection aux championnats d’Europe en Tchécoslovaquie en 1980 et à Lodz en Pologne en 1981. Il obtient ensuite un diplôme d’entraîneur à l’INSEP et revient entraîner les jeunes de son club. Philippe Mathis a été nommé « lutteur émérite », ce qui représente la distinction suprême de son sport. Une bien belle carrière au service de la lutte !

Un grand événement sportif

L’événement, c’est le match de lutte qui doit avoir lie le lundi 29 janvier 1900 à l’Hippodrome de Roubaix entre les lutteurs Nourlah et Peyrouse. Le colosse turc engagé dans la « ceinture d’or » à Paris, tombe tous ses adversaires avec une grande facilité. Sa masse prodigieuse de 154 kgs est un atout extraordinaire. Il n’a jamais été battu. Peyrouse est moins imposant mais il est un challenger intéressant. Très grand, sec et nerveux, il est capable dans un effort calculé de triompher de son adversaire, car il possède à fond la science de la lutte.

Les attractions diverses qui composent les autres parties en feront une véritable soirée de gala. La société de gymnastique l’Ancienne participe à la fête ainsi que l’excellente fanfare du centre (70 exécutants). M. Jules Vroman, chef de l’Ancienne a composé pour cette soirée un grand ballet en trois parties intitulé la Moisson. Ballet accompagné par la fanfare sous la direction de M. Albert Duhamel. Puis on prévoit une fine comédie représentant une scène de la vie militaire, un travail artistique de gymnastique et une batoude américaine (sorte de tremplin), il y en aura pour tous les goûts.

Nourlah, l’imbattable turc dessin JdeRx

Nourlah, ou Nouroula Hassan est né en 1866 à Sebournia (Bulgarie Turque). Il mesure deux mètres et pèse 155 kgs. D’une force herculéenne, il a étudié de manière approfondie la lutte et spécialement la lutte française dont il connaît toutes les finesses et qu’il pratique avec autant d’élégance que de souplesse. Venu en France pour la première fois en 1895 avec Youssouf et Kara Osman, il n’a jamais connu la défaite depuis.

Peyrouse le lion de Valence dessin JdeRx

Peyrouse dit le lion de Valence est le plus grand par la taille et le poids, de tous les lutteurs français. Il mesure 1,95 m et pèse 122 kgs. Né à Montélimar le 26 juin 1872, il a tombé tous les lutteurs du midi et a encore progressé depuis un an. Ce sera donc une vraie lutte de géants.

Nourlah a tombé successivement les plus redoutables lutteurs comme Constant le boucher, Dumont le havrais, Aimable de la Calmette, Cresté, Van den berg. D’autres ont préféré s’abstenir, comme Pons, Pytlanslovski malgré les dix mille francs de prime au défi.

Le règlement de la rencontre sera celui des championnats du monde à Paris avec interdiction des coups suivants : colliers de force, cravates, retournements de bras, crocs en jambe, torsions de doigt. L’adversaire soit être accompagné à terre ; la durée des reprises est fixée à 15 minutes. Bref, la lutte française à mains plates, dans son caractère de simplicité imposante.

Un jury impartial est composé de M. Victors directeur du Nord Sportif, Leplat du journal des sports et Damez du Vélo. L’arbitre sera M. Émile Truffaut un des sportsmen les plus compétents de notre ville.

L’hippodrome théâtre doc Coll Particulière

Les portes de l’hippodrome sont ouvertes à sept heures et demie et c’est salle comble ! Cependant Peyrouse fait défaut, empêché par la maladie. Heureusement les organisateurs ont un adversaire à opposer au turc, c’est un redoutable champion belge, Van Thys, qui a fait preuve de courage et d’une science approfondie de la lutte. Nourlah n’a pas pu en venir à bout en une reprise. Le belge avec crânerie attaque sans cesse le turc qu’il met au tapis plusieurs fois sous les applaudissements. Mais Nourlah a raison de Van Thys dès le début de la seconde reprise et lui fait toucher les épaules par un bras roulé à terre. L’arbitre siffle la fin. Le combat a duré 16 minutes et 3 secondes.

La société l’Ancienne doc AmRx

Les autres numéros ont été très appréciés : avec une réserve pour la scène militaire qui aurait pu être mieux choisie. La Fanfare du centre a ouvert avec deux morceaux bien exécutés, les mouvements ont été rendus avec une précision remarquable par les gymnastes de l’Ancienne, comme les exercices au tremplin, les luttes libres et les sauts périlleux font honneur aux gymnastes et à leur chef M. Vroman. Enfin une mention spéciale au ballet la Moisson. On a terminé avec le tirage de la tombola de l’Ancienne. Une belle soirée de gala.

Edmond Desbonnet à Roubaix

Quand il arrive à Roubaix, Edmond Desbonnet jouit déjà d’une certaine notoriété, comme professeur de culture physique, alimentée par le journal l’Athlète dont il est le rédacteur en chef. Venant de Lille, il gagnera ensuite Paris où il devait trouver la consécration. En attendant, il prospecte à Roubaix pour monter une quatrième école de culture physique.

Edmond Desbonnet à l’âge de 20 ans @ domaine public

Dans son journal, Edmond Desbonnet présente Franz Cyclops de son vrai nom Bienkowsky né à Tomken le 5 juillet 1862, un athlète extraordinaire qui a remporté un énorme succès au cirque royal de Bruxelles. Suit l’énumération de ses prouesses : deux haltères de 115 livres épaulées et poussées en haut des bras, une haltère de 200 livres dévissée d’une main très facilement, une haltère de 200 livres développée à deux mains, cinq fois de suite sans revenir toucher la poitrine. Ajoutés à cela un certain nombre de pièces, chaines, fils de laiton, courroies déchirés ou rompus, et un poids de 25 kg sur une table, soulevé par l’athlète assis le bras tendu jusqu’à hauteur d’épaule. Une véritable bête de foire entre le cirque de Bruxelles et les folies bergères de Paris !

Desbonnet annonce ensuite la soirée du 28 mars 1897 au Club athlétique roubaisien qui offre des primes afin d’attirer les compétiteurs. Arthur Leblond champion du nord pour le caoutchouc dorsal relève le défi. Cyclops sera également de la partie. Mais Desbonnet qualifiera le Cercle athlétique de Roubaix, de simple réunion de jeunes gens présomptueux. En effet, il ne se trouve aucun compétiteur à l’arrivée de Leblond et Cyclops. Leblond essaie l’extenseur roubaisien et le casse en deux. Il confie le sien au champion roubaisien qui ne le bouge pas. Après cette déception concernant le matériel, le lutteur Cyclops ne travaille pas, car il n’y a pas plus de défi que d’argent. Roubaix ne semble pas être à la hauteur.

Edmond Desbonnet écrit une chronique sur les trois célèbres lutteurs Youssouf, Nourouhlat et Kara-Osmann qui viennent en représentation à Lille. Ils ont pour barnum l’ancien athlète lutteur Doublier qui les a engagés à Constantinople. Ils sont turcs. Nouroulhat mesure 2 m et pèse 150 kg, Youssouf 1,86 et 115 kg et Kara-osmann 1,80 et 100kgs. Ce sont des lutteurs aguerris qui passeront par Roubaix à l’hippodrome un peu plus tard. Les turcs sont passés par le Cercle Athlétique Lillois puis sont rentrés à Paris où ils cherchent des engagements. On vend leurs photographies au journal.

Deux mois plus tard, l’attention de Desbonnet est retenue par les animations des cirques à Roubaix, qui en accueille deux à la fois, le cirque Diter et le cirque Lenka. L’athlète Léon Dumont est engagé au cirque Lenka obtient tous les soirs un grand succès. Il affronte quelques amateurs roubaisiens, Quivy, Desnoulez, le grand Jean, dont il est vainqueur. À l’occasion d’une rencontre de lutte au cirque Lenka entre deux roubaisiens Desnoulez et Jean Rousseau, le jury est composé de MM Parent, Desbonnet, Dubois, Février, Allemand, Leleu tous membres du Club Athlétique Lillois. L’enjeu est double, une prime de 100 frs et le titre de champion roubaisien. Les deux adversaires étant brouillés pour raisons privées, il n’y aura pas de compérage entre eux. Desnoulez est un lutteur amateur de première force et Jean Rousseau est le directeur de l’arène athlétique et du club de la rue de Lannoy. Rousseau est vainqueur de Desnoulez par un collier de force. Le frère de Desnoulez monte sur le ring et veut lutter, mais la police l’empoigne et l’expulse. Rousseau est champion de Roubaix 1897.

Le Journal d’Edmond Desbonnet in Gallica

Edmond Desbonnet semble être séduit par l’animation sportive roubaisienne. Il annonce la fête fédérale de gymnastique de Roubaix et publie le programme détaillé du 4 juin au 8 juin. Il signale également la création de la société de sport athlétique « la jeunesse roubaisienne » autorisée à se constituer chez M. Jean Burggrave quai de Rouen à Roubaix, par arrêté préfectoral du 25 juin.

Il consulte un peu les archives et relate dans son n°19 de juillet 1897 le concours athlétique de Mouscron s’étant déroulé le 25 décembre 1894. Y ont été primés les roubaisiens Emile Faucheux pour un épaulé et jeté d’un bras 140 livres, et Nauvelaerts troisieme du même concours.

Dans son N°22 d’ août 1897, Jules Parent et Edmond Desbonnet sont en visite chez les deux nouveaux clubs athlétiques de roubaix, l’un dirigé par Jean Burggrave 10 quai de rouen, et l’autre par M. Vancrayenest rue Philippeville. Ces deux sociétés sont amies et s’entraînent mutuellement. Parmi les athlètes recensés, on trouve les noms suivants : Henri et Jean Desnoulez, Jean Brys, Florentin, Scatteman, Davelos, Wotters, Lafrance, Dekayser, Vermersch, Rousselle.

Le professeur lillois est de plus en plus interessé par la vie sportive roubaisienne, il chronique dans la rubrique sports athlétiques le racing club roubaisien. Il donne le résultat des courses, les noms des racingmen, en tête Catteau, Bonnier, Reheiser, Dancette, Waeles, Vroman, Kaltemback, Loucheur, Kiebbe, Hargrave. Ces courses organisées par le racing club roubaisien se déroulent au vélodrome de Barbieux, et elles cloturent la saison sportive.

Publicité Extraite du Journal l’Athlète

En septembre 1897, Edmond Desbonnet fonde sa quatrième salle de sports à Roubaix. C’est une une école de culture physique super équipée qui compte rapidement trente élèves, et Jules Parent le champion du nord amateur vient y donner des leçons. C’est un club privé qui donne des leçons particulières. On photographie l’adhérent à son arrivée, ses mensurations sont régulièrement prises et reportées sur un registre. L’ouverture de la salle intervient dans les premiers jours d’octobre et son adresse est 28 rue Jeanne d’arc en face les halles. Edmond Desbonnet y transfère le bureau et la rédaction du journal L’athlète. Vingt membres s’y entraînent régulièrement parmi lesquels les sociétaires : Masson, Scrépel, Plateau, Lucien Monet, Desgranges, Vallet, Debryl, Danel, Six, Dubeaurepaire.

La même année, Edmond Desbonnet organise le championnat du monde de force pendant l’exposition internationale de Bruxelles. Le Français Noël Rouveyrolis, dit Noël le Gaulois, y sera sacré champion du monde.

On lira une notice complète sur Edmond Desbonnet sur Wikipédia