Les cycles Vercoutère

Charles Jules Vercoutère est né en 1880. Il est mécanicien, passionné par le vélo. En 1908, il s’installe marchand de cycles au n° 113 rue de l’Epeule, à l’angle de la rue de l’ Industrie, sous l’enseigne « Au vélo d’or », et se met à la fabrication de tubes pour cadres de vélo.

( Document coll. priv. )

Il crée une bicyclette avec un cadre plus court, ce qui facilite le roulage, et le déplacement devient moins fatigant. Ce vélo connaît un succès immédiat. Rapidement Charles s’installe au 105 de la même rue, et bénéficie d’une double grande vitrine.

( Document BNR et coll. priv. )

Charles Jules se marie avec Ernestine Vandermaelen. Ils ont deux enfants : Charles-Georges né le 22 février 1913 et Maurice né le 24 juillet 1918. En 1925, Charles s’associe avec ses deux cousins : Philibert et Adolphe. Ils fabriquent un vélo auquel ils donnent la marque PAC ( les trois initiales des prénoms de chacun : Philibert Adolphe Charles ).

( Document coll. priv. )

Par la suite, les trois compères vont prendre des destinations professionnelles différentes ; mais Charles va garder la marque PAC, très connue, qui va devenir Pneus-Accessoires-Cycles. Les deux fils, Charles-Georges et Maurice, sont maintenant adultes et sont également passionnés par le vélo, comme leur père qui leur a transmis le virus.

( Document BNR )

Sur cette photo, de gauche à droite : Charles Vercoutère père, Maurice son fils cadet, Ernestine son épouse et Charles son fils aîné.

( Document coll. priv. )

Ils fabriquent les tubes de cadres sur lesquels ils posent les accessoires ( freins, selles de vélo, pédalier etc…). Ils peuvent donc créer des bicyclettes spéciales : des tandems, des triplettes et même des quadruplettes !

( Document coll. priv. )

Ils créent également des vélos excentriques, pour les acrobates du cirque, avec des roues carrées, des roues décentrées, des mono-cycles, des vélos avec une grande roue devant et une petite à l’arrière, etc…Ils les fabriquent bien souvent sur mesure. Leur magasin est un véritable musée de la petite reine ; ils présentent non seulement les bicyclettes qu’ils fabriquent, mais également de très belles pièces de collection acquises, comme le grand B.I, le vélocipède Michaux et bien d’autres, tous datant des années 1860 1870.

Rue de l’Épeule à l’angle de la rue de Turenne ( Document coll. priv. )

Les frères Vercoutère sont très connus dans la profession, et très demandés. Ils ont d’ailleurs eu l’occasion de prêter un de leurs vélos à Raymond Devos pour un de ses sketchs. Ils vendent également beaucoup d’accessoires, leur spécialité étant une petite coccinelle métallique qui maintient les câbles de frein les uns contre les autres.

( Document coll. priv. )

Mais leur plus grande fierté c’est de sortir leurs cycles lors des fêtes locales, comme la braderie de la rue de l’Epeule, ou les fêtes de quartier Epeule-Alouette ; à chaque fois, ce sont des attroupements de promeneurs surpris et ébahis de voir les frères Vercoutère se promener sur leurs vélos si originaux. Le père et les deux fils ne vivent que pour le vélo. Au milieu des années 50, Charles-Jules, à 74 ans, prend plaisir à faire plusieurs fois par semaine des aller-retour Roubaix-Tournai ( 40 km ) et ce, sans fatigue.

( Document Nord Eclair 1961 )

Charles et Maurice décident de créer l’événement en faisant une exposition unique de tous leurs vélos de collection dans le hall du Colisée à partir du 7 Septembre 1961. Cette exposition est organisée par le comité du quartier Epeule, et par l’association Nord Touriste présidée par M. Dupriez. Les deux frères Vercoutère prennent leur retraite et le magasin est cédé en 1985. Charles et Maurice n’ont pas de descendants si bien qu’avant leur décès ils ont décidé ensemble d’offrir leur prestigieuse collection de cycles à un grand musée Parisien.

Remerciements à la BNR et aux Archives Municipales

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L’hôtel Voreux

Le plan cadastral de 1884 nous montre, boulevard de Paris, une grande propriété comportant une pièce d’eau et un hôtel particulier construit autour d’une cour d’honneur. Cet hôtel, de même que les cinq autres bâtiments qu’on peut remarquer, constituent les premiers éléments de l’alignement des drapiers qui va se compléter dans les années qui suivent immédiatement.

Cet hôtel est édifié selon toutes les apparences par l’architecte Edouard Dupire Rozan, l’architecte du château Vaissier, pour la famille Voreux, négociants en tissus. Majestueux, il projette vers le boulevard deux ailes enserrant la cour, l’ensemble étant édifié de briques et de pierres de taille dans un style très classique.

On y trouve en 1885 Léon Louis Voreux et son épouse Jeanne Marie Hüe, qui y élèveront leurs deux filles. Le négociant va décéder en 1899 à 48 ans et sa veuve cède l’hôtel qui deviendra propriété de la famille Motte en 1902.

Photochateauvaissier.blogspot.fr

Edouard Motte-Lagache est un industriel, quatrième fils de Louis Motte-Bossut, co-fondateur de la société Motte-Bossut et fils. Il habite la propriété du boulevard de Paris avec son épouse Léonie Lagache, fille du maire de Roubaix, avec laquelle il élève six enfants. Après son décès en 1938, sa veuve continue à habiter l’immeuble avec la famille de sa fille Marguerite, qui a épousé Henri Prouvost.

Après la seconde guerre, le bâtiment héberge le Syndicat des filateurs de coton de Roubaix-Tourcoing et Syndicat des filateurs de coton teint et blanchi de France, puis est racheté en 1965 par la chambre de commerce de Roubaix. Celle-ci y installe PROCOTEX, Centre National de Promotion du Textile qui vise à former les futurs commerçants et cadres du commerce textile.

Nord Éclair du 22 mars 1966

A la suite du regroupement des chambres de commerce de la métropole lilloise, cet organisme change de nom en 1969 pour prendre celui de CEPRECO, qui continue à s’occuper de formations dans le tertiaire et la vente tout en s’ouvrant à la formation continue.

Photo la voix du Nord 1978

Mais les locaux deviennent trop petits pour accueillir les nombreux stagiaires, et il faut construire un nouveau bâtiment. Celui-ci trouve sa place dans le parc, à l’angle formé par la rue André Chénier, ancienne rue Voreux tracée sur l’ancienne propriété, dont le terrain appartient également à la chambre de commerce.

Le nouveau bâtiment en construction photo La Voix du Nord 1978

En 1980, la chambre de commerce rénove la façade et effectue des travaux de modernisation à l’intérieur du bâtiment libéré. C’est maintenant le CPLE, centre de pratique des langues étrangères qui s’y installe, venant de la rue de l’hôtel de ville.

Les installations du CPLE rue de l’hôtel de ville – photo la Voix du Nord

Cet organisme peut ainsi installer ses laboratoires de langue à destination des auditeurs soucieux de se perfectionner, par des sessions intensives avec des formateurs étrangers et des moyens audio visuels, à la pratique des langues.

Photo Nord Eclair 1980

Ce magnifique ensemble architectural, d’abord habitation familiale, puis centre de formation, est heureusement protégé et inscrit par les monuments historiques pour ses parties essentielles depuis 1998, ce qui nous assure de pouvoir le retrouver intact à l’avenir.

L’hôtel en 1989

Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

Les Ets Carrez-Bernard

Eugène Carrez est né à Merville en 1876. Il est commerçant et possède un magasin de chaussures-chemiserie-confection dans sa ville natale. Il se marie avec Albertine Bernard. Ils créent ensemble en 1898 l’entreprise Carrez Bernard au 322 324 rue de Lannoy à Roubaix. Eugène et Albertine ont un fils : André qui naît en 1902

( Document BNR et coll. priv. )

L’entreprise Carrez Bernard fabrique du savon mou ( savon noir d’entretien ). Il est fabriqué avec de l’huile végétale et de la potasse. De couleur noirâtre ou vert très foncé, on le trouve sous forme liquide ou semi-liquide. D’autres activités viennent en complément : le commerce en gros d’épicerie, la torréfaction de cafés, le négoce de pétrole, essence et huiles. Dans l’entreprise, c’est le palais des arômes ; d’un côté le sentiment de propreté ( le savon à l’huile d’olive ), et au fond du bâtiment, l’odeur de café (grâce au brûloir de torréfaction ).

Les attelages de livraison devant la façade du 324 rue de Lannoy ( Document ANMT )

Les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante ; si bien qu’en 1929 Eugène fait construire un 2° étage à la savonnerie. Les travaux sont réalisés par L Dugardin 67 Bld de Belfort et la charpente par Joseph Soudan 155 rue Jouffroy. Au début des années 1930, le fils d’Eugène : André aide son père à la gestion de l’entreprise. Adulte, il en devient le directeur commercial. Il habite au 48 avenue Jean Jaurès à Roubaix, dans une maison construite par l’architecte Jacques Barbotin.

Eugène Carrez en 1937 ( Document ANMT )

En 1937 Eugène achète un véhicule automobile : une Panhard, pour pouvoir effectuer les déplacements jusque Trungy, dans le Calvados, et séjourner dans la maison familiale. Hubert Carrez, le fils d’André naît en 1935 à Roubaix. il habitera sur place 324 rue de Lannoy.

( Document ANMT )

En 1940 la Mairie de Roubaix ordonne une réquisition de carburants ( essence et gas oil ) et également de produits d’épicerie sèche : biscuits, boites de lait sucré, et surtout conserves de poisson et de viande, pour subvenir aux besoins de la population.

Eugène Carrez décède en 1954. Après guerre, dans les années 50, l’importation de savon industriel, par de très grosses firmes américaines, vient concurrencer la production de Carrez Bernard. La fabrication du savon mou cesse en 1958. André Carrez continue de se spécialiser dans l’épicerie en gros et la production de cafés (torréfaction et ensachage ).

Sachets de cafés ( Document ANMT et coll. priv.)

1963 : L’entrepôt de 440 m2 étant trop petit, André Carrez fait une demande de permis de construire pour agrandir. Il fait appel à l’entreprise Jacquemart-Behal de Lens pour construire un hangar métallique de 442 m2 de stockage supplémentaire. En 1970 Hubert Carrez ( le fils d’André ) dépose une demande d’agrandissement pour son entrepôt ( hangar couvert ). André Carrez décède à son domicile du 48 avenue Jean Jaurès en 1972. Hubert Carrez qui habite au 324 rue de Lannoy continue seul à gérer l’entreprise

A la fin des années 1970, les premières difficultés se font sentir. L’arrivée des grandes surfaces fait énormément souffrir les commerces de détail, et par conséquent l’activité des grossistes alimentaires. Les salariés de l’entreprise reçoivent leur lettre de licenciement en rentrant de vacances en Août 1987. L’entreprise familiale s’arrête. Après le décès de Hubert Carrez à Roubaix en 2000, le bâtiment va rester inoccupé quelques années.

( Document Archives Municipales )

En 2006 Miguel Fernandes reprend une partie de l’entrepôt qui se trouve dans l’allée privée, pour le transformer en logement confortable

( Document Archives Municipales )

L’année suivante, la SCI Renaissance Immobilière propose de transformer la friche industrielle par l’architecte Gregory Boyaval de Roubaix, en 7 logements-loft et 2 cellules commerciales. Quant au bâtiment principal qui était le domicile de la famille Carrez, on trouve aujourd’hui un cabinet médical composé d’orthophonistes. Il ne reste plus que les deux initiales C B sur le fronton de la façade.

( Photo BT )

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Remerciements aux Archives Nationales du Monde du Travail ( ANMT ), aux Archives Municipales et à la BNR pour les documentations, ainsi qu’à Patrick Miette pour son témoignage.

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La société Vroman Sports, une institution roubaisienne

Jules Vroman est né le 3 juin 1864 à Roubaix, rue du Calvaire (nom de la Grand–rue à l’époque). Ses parents étaient commerçants : le père Alexandre était boulanger et quand il décède,  Jules n’est âgé que de 13 ans. Sa mère reprend le commerce situé au 225 Grand Rue, elle apparaît au Ravet Anceau de 1883 comme épicière. Un article de journal retraçant sa carrière nous apprend qu’il est un élève d’une intelligence précoce et d’un amour ardent de l’étude. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans, avec des connaissances dans des matières aussi diverses que le solfège, le dessin de menuiserie.

Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx
Jules Vroman La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx

A 20 ans, il est gymnaste à la Roubaisienne. Jules Vroman est un jeune homme sportif parmi les sportsmen de l’époque qui fréquentent cette  importante société de gymnastique. Cette pratique sportive l’amène à s’orienter vers la fabrication d’appareils de gymnastique. Habile menuisier, il crée ainsi dès 1884 sa société, dont les locaux se trouvent dans la maison maternelle, au 225 de la grand-rue. Le réseau grandissant des sportifs va constituer sa clientèle. Il fait preuve d’innovation, et d’un vrai sens commercial : son matériel est aisément démontable, avec des tarifs adaptés et il est testé par la Roubaisienne. A 29 ans, il devient aussi professeur de danse et de gymnastique.

La première société Vroman Coll Privée
La première société Vroman Coll Privée

Jules Vroman épouse Zoé Marie Millescamps le 31 mars 1894. Le commerce se développe et les locaux de la Grand Rue deviennent trop petits, Jules Vroman va s’installer rue des Fabricants au n°28 et il participe à la fondation de l’Ancienne le 14 juillet 1895. C’est une société de gymnastique et de jeux athlétiques et d’instruction militaire, dont il sera le directeur technique, puis le président. Les sociétés de gymnastique sont nombreuses et florissantes à cette époque. Comme elles voyagent et remportent de nombreux concours. Jules Vroman voit ses affaires prospérer avec le développement de son réseau sportif. Dans un premier temps, le siège de l’Ancienne est situé 28 rue des Fabricants, et Jules Vroman voit ainsi se développer la société sportive et sa société de fabrication.

En tête de l'Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée
En tête de l’Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée

Le 30 juillet 1898 naît Jules Vroman, deuxième du nom, qui prendra la succession de son père en 1928. Entre-temps, le succès de la société Vroman nécessite de nouveaux locaux et la maison se retrouve au n°30 de la rue du Grand Chemin.

La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx
La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx

En 1900, Jules Vroman loue l’établissement sis Grand-rue n°50, jusque là occupé par un fabricant de cardes, M. Beaumont. Il y crée le franco-américain skating rink, lieu de loisirs inspiré des patinoires américaines, bientôt consacré aux patins à roulettes sur plancher de bois. Cette reconversion d’un vaste hangar rencontrera un grand succès. Le même type d’établissement existera au Fresnoy un peu plus tard. C’est sur cet emplacement du n°50 de la Grand-rue que sera créé le Casino Théâtre de Roubaix, grande salle de spectacles de music hall, qui deviendra un des grands cinémas de la ville.

Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx
Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx

Après la première guerre, la société Vroman a développé ses fabrications : la gymnastique les sports collectifs, la natation, pour lesquels sont fabriqués les installations et équipements appropriés.

à suivre

Merci à Mme Vroman pour les témoignages et les illustrations

 

La droguerie Crombé

C’est l’un des commerces les plus anciens de Roubaix. En 1806, Louis Crombé ouvre une droguerie rue du Vieil Abreuvoir. C’est à l’époque un commerce de teintures, de couleurs, de pigments, de colorants pour le textile. En 1830, Louis fait construire les locaux actuels au 47 rue Nain.Puis les Crombé vont se succéder de père en fils, pendant plusieurs générations. Le petit commerce va se développer, de façon extraordinaire, grâce au textile et à l’explosion démographique.

Document Nord Éclair

Les produits vendus vont bien sûr évoluer au fil des années. On y trouve toujours les colorants mais également des peintures, des produits chimiques, des engrais, des fournitures pour artistes peintres ( dont Rémy Cogghe ), des appareils et produits photographiques. Madame Crombé se déplace à Lyon pour se fournir chez les frères Lumière.

Document coll. priv.

Sur cette facture de 1906, sur les deux colonnes latérales, on constate l’impressionnante liste de produits et références disponibles. A la fin des années 1920, un deuxième magasin ouvre, au 3 bis rue de Lannoy, et un troisième à Avesnes-sur-Helpe, géré par le cousin : M. Renard

Document coll. priv.

Tous les corps de métier viennent s’approvisionner chez Crombé : les peintres, les antiquaires, les photographes, les médecins, les dentistes, les entreprises, les mairies . . .

Dans les années 1960-1970, l’entreprise Crombé se spécialise davantage dans son métier de base : la droguerie, et abandonne la photographie et la fabrication des produits maison. Une petite dizaine de salariés travaille dans l’entreprise. Il n’est pas toujours très simple de travailler chez Crombé, vu la dangerosité des produits. Certains produits toxiques peuvent provoquer explosion, pollution. D’ailleurs le magasin possède une ligne rouge téléphonique avec le service de secours des pompiers.

En 1971, Jules Crombé prend sa retraite de conseiller municipal, mais continue à aider Albert Crombé à la direction de l’entreprise. Gérard Dumoulin, un ancien salarié de la CIMA à Croix, embauché en 1967, devient rapidement son bras droit. En 1987, Ludovic Crombé ( sixième génération ) reprend l’affaire de son arrière arrière arrière grand-père et continue l’activité. Gérard Dumoulin devient le pilier de la célèbre maison Crombé.

A droite Ludovic Crombe, le patron et Gerard Dumoulin ( Document Nord Eclair 1997 )

Monsieur Gérard, comme on l’appelle, est tout de suite reconnaissable quand on entre dans le magasin. Il est grand et porte toujours sa blouse blanche impeccablement propre.

Document Google Maps

La famille Crombé reprend la maison voisine au 49 rue Nain. Le rez de chaussée de cette habitation se transforme en bureaux et le garage permet une meilleure réception des livraisons de marchandise.

Toutes les références sont stockées par famille : les produits toxiques sont déposés dans la cour intérieure à l’air libre ; les plus dangereux sont entreposées au sous-sol, dans les magnifiques caves voûtées.

Quand on regarde la façade extérieure de la droguerie on a peine à imaginer l’importance des bâtiments. La surface totale avoisine en effet les 2000 m2.

Document G Dumoulin

Gérard connaît parfaitement les 10.000 références du magasin. Il est incollable sur les détachants, la restauration de vieux meubles, les produits d’entretien. Il teste tous les nouveaux produits proposés par les représentants, avant de les référencer. Sa devise est : la qualité, le service et le conseil en plus ! Et les clients sont ravis d’avoir trouvé chez Crombé, le produit miracle conseillé par un vendeur toujours aimable et sympathique.

Document G Dumoulin

Tous les produits doivent être parfaitement visibles et bien présentés, d’où l’importance de soigner de superbes étalages dans les 2 grandes vitrines extérieures.

Au début des années 2000, les premières difficultés apparaissent. La vente de certains produits chimiques dangereux est maintenant interdite dans les magasins de détail ; ces produits tels que formol, arsenic, benzine, ammoniaque pur, mono chlorobenzène, toluène, perchloréthylène, etc… représentent une bonne partie du chiffre d’affaires, et les produits de droguerie ( lessive et d’entretien ) sont malheureusement très concurrencés par la grande distribution. Il reste heureusement les peintures, articles de beaux arts.

C’est ainsi qu’en 2015 Ludovic Crombé cesse l’activité après plus de 200 ans d’existence. Par ailleurs, Ludovic a plutôt la fibre artistique, et aucun de ses fils ne souhaite continuer l’activité.

Photo BT

Aujourd’hui le magasin est vide. Depuis les vitrines extérieures, on peut encore apercevoir des anciens présentoirs publicitaires, des gondoles métalliques rouillées. La fin d’une époque. . .

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Remerciements à Gérard et Christiane Dumoulin pour leur témoignage et la documentation.

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Inauguration CPAM 1969

Situé en bordure de la place du Trichon, au n°6 de la rue Rémy Cogghe, le nouvel immeuble de la sécurité sociale est déjà mis en service depuis quelque temps quand on parle de l’inaugurer. Les travaux se sont terminés au cours de l’été 1969.

Invitation pour l’inauguration Doc Coll particulière

Caisse de seconde catégorie, la CPAM de Roubaix figure parmi les plus importantes de France. L’article de presse fait l’énumération des bonnes conditions qui permettent un travail et un accueil plus agréables. Les locaux sont spacieux, clairs, bien chauffés. Dix huit guichets gèrent les demandes. Quinze autres guichets sont installés dans les étages supérieurs pour d’autres régimes de prestation. Les paiements à vue sont gérés par un système de distribution de tickets, et les assurés sont appelés à leur tour. En attendant, ils peuvent patienter confortablement assis dans le hall. À cette époque, la caisse d’assurance maladie couvre les besoins de 100.000 assurés sociaux pour 300.000 bénéficiaires.

Inauguration par Victor Provo et Jean Delvainquière Photo Coll particulière

Finalement les nouveaux locaux de la sécurité sociale et de la caisse primaire d’assurance maladie sont inaugurés le 18 décembre 1969. Victor Provo maire de Roubaix et Président du Conseil Général coupe le ruban en présence de Jean Delvainquière maire de Wattrelos, mais également Président du conseil d’administration de la CPAM qui annonce : ce nouvel immeuble constitue un excellent point de départ pour l’humanisation souhaitée de la Sécurité Sociale. L’architecte est mis à l’honneur pour cette véritable prouesse. Victor Provo intervient à son tour. Il retrace un bilan de l’évolution des lois sociales depuis 1930, et conclut qu’une telle réalisation devrait permettre à notre population ouvrière de se sentir soutenue.

La foule pendant l’inauguration Photo NE

S’exprime ensuite M. Derlin Président du CA de la CPAM qui souhaite une heureuse retraite à M Leduc actuel directeur de la CPAM qui sera bientôt remplacé par M. Demonchaux. Il termine son propos sur la fonction nouvelle et humaine de la sécurité sociale, qui sera aidée en cela par l’électronique, perçue comme un moyen d’améliorer la gestion et non comme un concurrent déshumanisé du personnel.

Pendant la visite Coll particulière

S’ensuivent la visite des installations et un banquet servi salle du centre à Wattrelos. Parmi les personnalités on pouvait remarquer entre autres personnalités un grand nombre de maires des communes voisines (Croix, Wasquehal, Lys, Leers, et les divers représentants des directions de l’urbanisme, de la santé et de la sécurité publique.

Merci à Nicole Duhamel pour les superbes photos et le carton d’invitation !

Cet article est dédié à tous mes camarades du lycée VDM qui iront travailler dans ce nouvel immeuble quelques années plus tard. Ils se reconnaîtront.

Les papiers peints Hourez ( suite )

( Documents Isabelle Vervust )

Henri est intéressé par toutes sortes de publicités originales : il amène deux petits éléphants, devant et à l’intérieur de son magasin ! ce qui va bien sûr attirer clients et badauds.

( Document coll. priv. )

Il fait également beaucoup de publicité sur les bus et tramways, il fait peindre la camionnette de livraison en imitant un papier peint à fleurs, bleu et blanc.

Henri est marié avec Francine Suys. Ils ont deux filles. L’aînée Véronique travaillera avec ses parents dans l’entreprise. Isabelle la cadette donnera un coup de main appréciable lors des vacances scolaires.

En médaillon Henri Hourez ( Documents Nord Eclair 1969 et Isabelle Vervust )

Début Septembre de chaque année, c’est traditionnellement la braderie de la rue de l’Epeule ; c’est un événement incontournable et, bien sûr, Henri Hourez et sa fille Isabelle, sont présents.

( Documents Isabelle Vervust )

Henri innove également dans le matériel, comme cette machine qui découpe les bordures de papier peints, et cette vitrine composée de plusieurs miroirs posés côte à côte, qui permet de visualiser le résultat final de la cuisine ou du séjour et facilite le choix du client.

Henri et son épouse Francine travaillent énormément ; ils ne comptent pas leurs heures. Les moments de loisirs sont assez rares, si bien que, dès qu’ils en ont la possibilité, ils partent dans leur maison de campagne des Landes, avec leur véhicule : une Citroën SM Maserati ; Henri est passionné par les belles automobiles.

Au milieu des années 60, la maison Hourez reprend le 187 rue de l’Epeule au coin de la rue Watt, commerce tenu par Mme Dehaene café « chez Manu » et E. J. Dehaene coiffeur.

Henri et Francine ont maintenant 8 personnes pour les aider : 5 vendeuses, 1 comptable, 1 secrétaire et 1 chauffeur-livreur. A la fin des années 1970, la maison Hourez rachète le commerce de M Demey, la teinturerie Duhamel au 175.

( Document Archives Municipales )

Le commerce s’étend désormais du 175 au 187 de la rue de l’Epeule.

Henri, son épouse Francine et leurs deux filles habitent à l’étage et, comme le bâtiment est immense, il y a suffisamment de place pour stocker aussi les rouleaux de papier-peint. Un toboggan est d’ailleurs installé pour descendre plus facilement les rouleaux commandés par les clients.

Henri Hourez prend sa retraite au début des années 1980. Il cède son affaire à un confrère, Jean Devaux, qui possède plusieurs magasins à l’enseigne Murosol.

En 1983, Jean Devaux demande à son architecte JC Lequain à Wattrelos une étude pour rénovation de la façade et en 1984 il fait poser par l’entreprise « Publicart » une enseigne de 2,00m sur 2,50m sur la façade .

( Document Archives Municipales )

Malheureusement le succès ne sera plus au rendez vous ! La mode est, à présent, à la peinture sur les murs plutôt qu’au papier peint et les grandes surfaces spécialisées en bricolage-décoration font une rude concurrence au commerce de détail.

Murosol ferme donc ses portes à la fin des années 90 ; le bâtiment est rasé et on trouve aujourd’hui à cet emplacement un bureau de poste, le CCAS de Roubaix et aux étages, des logements sociaux.

( Document Archives Municipales et Photo BT )

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Remerciements aux Archives Municipales, à la BNR ainsi qu’à Isabelle Vervust et Véronique Toulemonde pour la documentation et leurs témoignages.

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Les drapiers

Au début des années 80, un plan de rénovation touche les numéros 52 à 60 du boulevard de Paris, à l’angle de la rue Charles Quint. Ces immeubles, font partie d’un imposant ensemble d’immeubles de style néo baroque datant de la fin du 19ème siècle qui se prolonge jusqu’au coin de la rue Colbert. Ils sont habités en 1900 par les familles Lefebvre au 52, dans le négoce, Cavrois-Lagache au 54, la filature, L.Cateaux au 56, un fabricant, Th Grimonprez au 58, un rentier, et, au 60, Voreux-Rammart. On y trouvera en outre, au fil des années la famille Lepoutre-Cavrois, puis Dazin-Leurent, puis Cavrois Deullin au 56, Parent-Pollet, puis Nollet-Lacroix au 58, la veuve Screpel au 60.

Photo La Voix du Nord 1980

Mais, lorsqu’on consulte le Ravet Anceau de 1970, on constate que les numéros 54 et 60 ne sont plus habités, suivis par le 58 en 1973, les deux derniers immeubles étant alors occupés par un ingénieur et un kinésithérapeute. Ces majestueuses habitations sont ensuite toutes abandonnées et, manquant complètement d’entretien, deviennent petit à petit des ruines.

État en 1982, au début des travaux

En 1980, la Société Centrale Immobilière de Roubaix-Tourcoing présente un dossier de permis de construire pour 51 appartements de standing sur l’emplacement de ces immeubles. L’idée est de conserver les façades, représentant une part du patrimoine roubaisien, et de démolir tout ce qui est en ruines. L’opération sera réalisée sous la houlette des architectes Martin, Van den Coorpe et Mareel.

Les démolitions, côté jardin. (Photo La Voix du Nord)

Les architectes, pour combiner les hauteurs sous plafond « modernes » et les fenêtres existantes beaucoup plus hautes, choisissent d’aménager le premier étage sur deux niveaux, en utilisant des mezzanines. Ces transformations permettront de créer 36 appartements. Pour rentabiliser l’opération, on profitera de la présence derrière cet ensemble d’un terrain libre rue Charles Quint pour construire un immeuble de 15 appartements neufs qu’on intégrera à l’ensemble. Des espaces verts vont permettre de préserver au maximum les arbres existants.

La fin des travaux est prévue pour fin 83. L’ensemble de l’opération est réalisé sous l’égide du C.I.L. Les nouveaux logements seront livrés en accession à la propriété. Le C.I.L offre des prêts conventionnés, et, dans le cadre de son quarantième anniversaire, il propose aux acheteurs de leur offrir les frais de notaire.

Les magnifiques façades sont conservées et rénovées, les logements s’intègrent parfaitement à l’existant. L’ensemble a fière allure et attire encore l’œil du passant d’aujourd’hui !

Pendant la construction – Photo Lucien Delvarre – médiathèque de Roubaix

Les documents proviennent des archives municipales.

La Sécu à Roubaix

Le Conseil national de la Résistance intègre à son programme « un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État. (Ordonnance du 4 octobre 1945).

Les locaux de la caisse la Famille en 1936 Photo JdeRx

A Roubaix, la Sécurité Sociale succède à La Caisse primaire d’assurances sociales « La Famille » qui se trouvait à l’emplacement d’une ancienne usine de la rue du Grand Chemin autrefois occupée par la société Masurel Leclercq fabricants textiles. Cette caisse avait fait construire ses nouveaux locaux en 1936 aux n°19 et 21 rue du Grand Chemin et les inaugura à l’occasion de son vingt cinquième anniversaire en présence du Cardinal Liénart. Jusqu’ici, cette caisse de capitalisation se trouvait rue du château. C’est là que s’installa la sécurité sociale à Roubaix au début des années cinquante.

Le futur emplacement de la caisse rue Rémy Cogghe Photo NE

Mais bientôt la progression du nombre des assurés, l’augmentation des effectifs de la caisse (292 agents en 1961, 341 en 1968) du nombre des assurés (95222 en 1961, 123000 en 1968) nécessitent une réimplantation des services pour de meilleures conditions de travail et une meilleure réception du public. En 1966, l’architecte roubaisien Omer Lecroart basé 10 rue du château présente un projet. À cette époque, le comité d’entreprise n’avait pas de local, les ateliers étaient au sous sol sans aération, il n’y avait pas de salles pour les cours professionnels organisés depuis 1964, les archives se trouvaient dans les couloirs ou dans un autre immeuble à une centaine de mètres. M. Leduc directeur de la caisse avait fait l’estimation suivante : 11500 m² étaient nécessaires, alors qu’il n’y en avait que 4668 m². En Janvier 1968, l’annonce est faite, les travaux des nouveaux bâtiments de la sécurité sociale vont commencer en février pour un montant de 600 millions d’anciens francs et pour une durée de dix huit mois. Pour réaliser ce projet, le conseil d’administration a acquis trois propriétés derrière l’ancien bâtiment donnant sur la place du Trichon.

Plan de situation 1967 Photo NE

Le bâtiment du grand chemin abritera l’ensemble des cabinets médicaux sur trois niveaux, et les nouveaux bâtiments qui vont du 16 au 20 rue Rémy Cogghe sur une longueur de 80 m seront édifiés en respectant le plan d’urbanisme. Il faut notamment tenir compte du Trichon qui traverse la propriété entre le bâtiment de la rue du Grand Chemin et la future implantation, pour aller rejoindre le grand collecteur par la rue des Fabricants. Il faut donc bâtir en dehors, et aussi respecter le front à rue, c’est à dire construire en deçà de la rue Rémy Cogghe. Le futur immeuble fera cinq étages, 56 mètres de long 13,5 de large avec un bâtiment perpendiculaire de 34 m sur 26. Le nouveau bâtiment accueillera dans un grand hall des prestations avec des guichets à boxes pour que la discrétion soit assurée, et on adoptera le système de tickets numérotés, afin d’assurer la fluidité des réceptions. Au premier étage se trouvera le service des accidents du travail, au second le service social, les pensions d’invalidité, les immatriculations, les tiers payants. Au troisième, il y aura le contrôle médical, neuf médecins conseils y seront réunis, alors que jusque là on devait louer l’immeuble n°20 de la place du trichon. Au quatrième, la comptabilité et le service du contentieux et au cinquième étage, la direction, avec la salle du conseil, des salle de cours et de commission et le service du matériel.

Le chantier en cours 1969 Photo NE

L’entrée du public se fera donc par la rue Rémy Cogghe et l’entrée du personnel par la rue du grand chemin. Une extension est prévue en prolongement du grand bâtiment à étages pour loger les cabinets médicaux et dentaires, ainsi que la cession des bâtiments actuellement occupés à d’autres locataires.

à suivre

Les papiers peints Hourez

Henri Hourez naît en 1860 à Croix au 117 rue Kleber. Il est maître-peintre. Pour compléter ses revenus, il décide d’ouvrir en 1889 une petite échoppe de papiers peints à Roubaix au 181 183 rue de l’Epeule. La Maison Hourez est créée.

( Documents BNR et Isabelle Vervust )

Il se marie avec Marguerite Pollet. Leur fils, Raoul, voit le jour en 1899. Adulte, Raoul devient peintre tapissier et continue l’activité.

( Documents coll. priv. )

Les affaires se développent. Un important choix de papiers peints est proposé à la clientèle malgré l’étroitesse de ce petit commerce. Il propose des revêtements de sol ( linoleum ), des toiles cirées et quelques articles divers comme des balais, des paillassons, etc…mais la spécialité de la Maison Hourez reste incontestablement le papier-peint.

Raoul n’hésite pas à présenter sur le trottoir, les papiers peints et les linos.
( Documents Isabelle Vervust )

Raoul se marie, en 1923, avec Valentine Haustrate. Leur fils naît en 1929 ; ils décident de le prénommer Henri, comme le grand-père.

En 1949, Raoul décède brutalement à l’âge de 50 ans. Son épouse Valentine se retrouve seule à gérer le commerce, si bien que son fils Henri abandonne ses études de tapissier à la célèbre école Boulle de Paris et remonte à Roubaix pour aider sa mère à la gestion de la petite entreprise. Henri a 20 ans, il est courageux et volontaire. Il a plein d’idées et de projets ambitieux en tête. Il va développer la « Maison Hourez » et lui donner une incroyable expansion. Au début des années 1950, Henri reprend le commerce voisin de graineterie de M. Derycke au 179 rue de l’Epeule.

Reprise du 179 rue de l’Epeule ( Document Isabelle Vervust )

En 1959, il reprend le commerce de l’autre côté au 185, tenu par M d’Albuquerque qui vend du beurre et des œufs. La façade fait alors 19 mètres de large et il décide de transformer sa devanture par une rénovation de façade avec remplacement des vitrines. Il confie les travaux à l’entreprise Waquier de Croix. Les travaux s ‘élèvent à 300.000 Frs.

( Document Archives Municipales )

En 1960, Henri Hourez reprend le 177 de la rue, à Georges Descat. C’est une maison particulière avec un très grand jardin. L’architecte Pierre Neveux de Roubaix est choisi pour la transformation de la façade avec un budget de 20.000 NF de travaux.

Le couloir principal avec d’un côté, les papiers peints et de l’autre, les revêtements de sol ( Documents Isabelle Vervust )

Les années 60 sont exceptionnelles. La Maison Hourez propose le choix le plus important de papiers peints de la région, la livraison à domicile, une collection complète avec les marques Leroy, Inaltera, Nobilis ou Décofrance. De nombreux artisans peintres-tapissiers viennent de toute la métropole pour s’approvisionner chez lui, vu le choix immense proposé.

( Documents Nord Eclair 1965 et Isabelle Vervust )

Henri a le sens du commerce : le superbe porte-clefs Hourez est offert gratuitement pour tout achat d’une valeur de 30 Frs. Il a aussi le sens du bon goût et de la présentation des produits qu’il vend. Il fait souvent appel au décorateur Dominique Lemaire qui décore ses vitrines extérieures comme par exemple celle du « manége enchanté » ci-dessus.

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à suivre . . .

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Rermerciements aux Archives Municipales, à la BNR ainsi qu’à Isabelle Vervust et Véronique Toulemonde pour la documentation et leurs témoignages.

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