En cet après-midi ensoleillé de Juin 1964, rien ne semble pouvoir troubler la douce quiétude des allées fraîches et ombragées du parc de Barbieux à Roubaix.
Soudain, un homme tout habillé se jette à l’eau ! Les promeneurs ébahis pensent tout de suite à une tentative de suicide et s’apprêtent alors à sauver le désespéré.
document Nord Eclair 1964
Mais les spectateurs sont étonnés de voir l’homme rejoindre la rive, et de voir un photographe prendre de nombreux clichés. Mais qu’est ce donc ? Que se passe t il ? Le journaliste et le photographe informent alors les personnes présentes afin de les rassurer. Non, non, cet homme n’est pas fou, il a fait cet incroyable plongeon dans le lac de Barbieux, tout simplement pour démontrer les qualités exceptionnelles d’un costume vraiment miracle : le Zefal Tergal de Devianne.
document Nord Eclair 1964document Nord Eclair 1964
Et le lendemain, un article publicitaire paraît dans la presse locale, pour cet événement, et pour mettre en avant les avantages exceptionnels de ce costume en Tergal, très léger et idéal pour la saison printemps-été. Encore un bon coup de publicité, de la part de la maison Devianne.
Au début des années 1930, Jean Tanghe et son épouse, née Adelphine Ferrant, s’installent commerçants au 90 rue de Lannoy à Roubaix. Leur commerce baptisé : « Lino Roubaix » propose à la clientèle des linoléums, et revêtements de sols plastique. C’est une petite boutique située à deux pas du boulevard de Belfort.
Publicité 1959 ( document collection privée )
Ils développent leur activité, au début des années 1950, en ajoutant une gamme complète de papiers peints, de couvre parquets et couvre-pieds. Jean Tanghe devient alors le spécialiste roubaisien en matière de lino, papiers peints et peintures. Les affaires fonctionnent très correctement.
Jean Tanghe a un sens inné du commerce, il communique énormément dans la publicité par des encarts dans la presse locale ou en offrant des petits objets cadeaux comme des petites balles pour les enfants.
document bnr
Au tout début des année 1960, les commerçants de la rue de Lannoy, situés entre la place de la Liberté et le boulevard de Belfort, s’inquiètent car cette partie de rue va disparaître. Le projet Roubaix 2000 arrive à grand pas, la démolition de cette partie de la rue est programmée pour 1965.
Une centaine de commerces doit donc déménager. Chaque commerçant va devoir trouver un nouveau local dans le centre ville, ce qui risque de créer une forte demande, et d’être un peu compliqué. Jean Tanghe en profite pour prendre sa retraite. Son fils Jean-Claude, né en 1932, et son épouse Francine née Debruyne reprennent alors l’affaire, et décident d’anticiper leur départ. Le magasin du 90 de la rue de Lannoy devient alors, de 1962 à 1965, la vitrine d’un commerçant voisin : « Au Petit Joseph », situé au n°94, et ce jusqu’à sa démolition.
le 90 rue de Lannoy en 1962 ( document archives municipales )
Le couple trouve un superbe local, à l’angle de la rue Pierre Motte et du boulevard Leclerc, en 1962, en plein centre-ville. C’était auparavant un café restaurant bien connu des roubaisiens : « La Rotonde » qui vient de fermer ses portes.
La Rotonde ( document collection privée )
Les travaux d’aménagement pour le nouveau magasin durent près d’un an, et Lino Roubaix ouvre en Avril 1963. L’emplacement du point de vente est idéal à l’angle de deux artères importantes de la ville. Un seul point de vente mais deux adresses pour communiquer : 16 rue Pierre Motte et 47 boulevard Leclerc. De plus, pour les clients motorisés, des parkings sont à leur disposition sur le boulevard Leclerc et sur l’ancien emplacement des Halles pour un stationnement aisé.
Publicité 1963 ( document Nord Eclair )
Le magasin est magnifique, la situation d’angle ayant permis l’installation de nombreuses vitrines, ainsi qu’un système rationnel de présentation et de vente des produits, à l’intérieur du magasin très vaste, installé sur 229 m2 au sol qui permet au couple Tanghe d’exposer un choix immense de linos ( Sarlino en particulier ), revêtements plastiques, papiers peints ( à tous les prix ) peintures de grande qualité ( Valentine ).
document Nord Eclair
Pour son inauguration, Victor Provo n’ayant pu se déplacer, est remplacé par Georges Pluquet, adjoint, qui exprime sa surprise devant une telle réalisation d’un magasin moderne et attrayant dont les installations ne manqueront pas d’attirer de nombreux Roubaisiens.
Un an plus tard, en 1964, Jean Claude et Francine décident de doubler leur surface de vente, en aménageant le premier étage. De nombreux tapis et carpettes y sont exposés dans un cadre ravissant et de haut goût. Un choix impressionnant est proposé, allant de la moquette en fibre végétale jusqu’aux somptueux tapis en passant par les carpettes en fibres synthétiques.
En 1973, Jean Claude modifie la présentation des papiers peints dans son point de vente. Chaque rouleau de marque française ou étrangère, est proposé à la clientèle, sur un pan de mur, de façon harmonieuse, ce qui permet de mieux visualiser et d’imaginer le résultat dans une pièce complète. Un personnel compétent conseille les clients et un service décoration à domicile est tout à fait possible.
Publicité 1973 ( document Nord Eclair )
Au milieu des années 1970, les affaires deviennent de plus en plus difficiles, car les grandes surfaces spécialisées en bricolage décoration s’implantent en périphérie de ville. Le point de vente essaie de s’en sortir en ajoutant des gammes complémentaires de produits, comme des objets cadeaux gadgets.
document Nord Eclair
Mais malheureusement, le magasin Lino Roubaix ferme définitivement ses portes quelques temps après. En Avril 1977, l’enseigne TMF qui possède déjà 4 magasins sur la région, à Lille, Tourcoing, La Madeleine et Calais, reprend le fonds de commerce pour s’installer à Roubaix en tant que spécialiste de produits électro-ménager ( machines à laver, réfrigérateurs, cuisinières etc )
Publicité 1977 ( document Nord Eclair )
L’enseigne TMF ne reste que très peu de temps, et ferme ses portes également. La Banque Populaire reprend le bâtiment, y fait effectuer de gros travaux d’aménagement intérieur, en 1978. La nouvelle agence bancaire ouvre en Mai 1979, et est toujours présente de nos jours.
Dans les années 1930, trois immeubles imposants se trouvent au début de la rue de Lille, côté pair. Le numéro 26 appartient à Auguste Wattinne-Lestienne, le 26 bis à A Wattinne-Toulemonde et le 28 quant à lui, est occupé par le cours Lacordaire.
le 26 de la rue de Lille en 1899 ( document archives municipales )Vue aérienne des 3 immeubles en 1947 ( document IGN )
En Février 1944, l’architecte Albert Bouvy s’inquiète de l’état insalubre de ces immeubles et en particulier des champignons du bois qui ont attaqué les murs, les planchers et les menuiseries. L’occupation allemande de l’époque n’a pas arrangé les choses ! Les trois immeubles sont donc rasés au début des années 1950. Les terrains restent en friche durant quelques années. En 1967, l’Union générale de distributions de Produits Pétroliers, demande un permis de construire pour une station essence à l’enseigne Elf et un logement. Les travaux démarrent en Octobre 1967.
SONY DSCVue aérienne 1976 ( document IGN )
Le « Garage des Amis » ouvre ainsi au 26 28 rue de Lille. Il propose bien sûr, la vente de carburants, mais également de nombreux services complémentaires pour l’entretien des véhicules : vidange, graissage, réparation de crevaison, plaquettes de freins etc. Le gérant, qui habite sur place, devient peu de temps après agent Renault pour véhicules neufs et d’occasion.
document collection privéedocument Nord Eclairdocument Nord Eclair
En Mars 1988, un changement d’enseigne intervient et la station Elf devient ALTY.
document collection privée
Malheureusement ce changement d’enseigne n’est pas très positif et la station-service ferme ses portes peu de temps après.
En Mars 1992, un permis de démolir est demandé pour la station service par l’entreprise Marignan Immobilier à Lille, qui dépose en même temps un projet de construction de 96 logements pour étudiants : « Les Studiantes de Roubaix ».
Projet ( document Nord Eclair )
Marignan Immobilier, filière du Crédit Foncier, est un groupe privé qui construit et finance cette résidence de 96 logements d’environ 20m2, sur 5 niveaux. Les risques encourus sont minimes, car la demande de logements est très forte, et le restera encore quelques années, vu la proximité des grandes écoles, des lycées, du Mongy, du futur Métro et du resto U de la rue de Crouy.
Pose de la première pierre, rue de Lille ( document Nord Eclair )
La résidence « Les Studiantes » est construite sur 1500 m2, à l’emplacement des 26, 26 bis et 28 de la rue de Lille, et donc située entre le cabinet Kimmel-Briet au 24 et le Crédit Municipal au 30. Les travaux commencent en Septembre 1992 et se terminent à la rentrée 1993.
Au début des années 1900, Henri Carpentier est cartonnier. Il réalise dans son atelier, au 80 rue de Lannoy à Roubaix, des contenants luxueux ( boîtes, étuis et cornets ) composés de plusieurs éléments en carton, qu’il plie ou découpe à l’aide d’un massicot, Ces boîtes en carton sont livrées aux nombreux confiseurs pour la vente de dragées.
Les affaires fonctionnent très correctement, l’activité est florissante car des dragées, on en distribue alors à toutes occasions : les baptêmes bien sûr, mais aussi les mariages, les communions et certaines manifestations officielles. Dans les années 1930, Henri et son épouse ont une idée pour développer encore davantage l’entreprise : c’est de vendre eux-mêmes des boîtes remplies de dragées directement aux particuliers. Ils trouvent un fournisseur de dragées et commencent leur activité dans leur point de vente de la rue de Lannoy.
La façade du 80 rue de Lannoy ( document archives municipales )publicité de l’époque ( document collection privée )
Le commerce s’appelle désormais « La Maison du Baptême ». Henri et son épouse soignent particulièrement leur vitrine. De grandes bonbonnières en verre sont exposées, pleines de dragées. Dans la vitrine, un décor suranné est aménagé pour mettre les produits en valeur : une procession de petits personnages dans des couleurs pastelles, rose et bleu.
bonbonnière de présentation en vitrine ( document collection privée )
La boutique fait partie du paysage commercial de la rue de Lannoy, au début des années 1950, parce qu’elle est unique dans son genre, et que son activité la met de toutes les fêtes, joyeuses, forcément ! « La Maison du Baptême » devient une référence dans toute la ville, en matière de dragées.
Henri et son épouse devant leur magasin ( document Nord Eclair )
Au décès d’Henri, sa fille, Renée, prend le relais. Les affaires restent encore satisfaisantes au début des années 1960. Mais en 1965, la portion de la rue de Lannoy où se trouve le commerce, disparaît. C’est la catastrophe. Une bonne centaine de commerces sont expropriés pour laisser place au centre commercial Roubaix 2000. Renée trouve fort heureusement un local à proximité, au 2 et 4 boulevard de Belfort, en 1965 et s’y installe.
Publicité ( document Nord Eclair )La façade du 2 boulevard de Belfort ( document archives municipales )
Dans les années 1970 1980, les affaires deviennent de plus en plus difficiles. Renée doit affronter la concurrence des pâtissiers qui se mettent à vendre des dragées et puis, il faut bien reconnaître que les cérémonies religieuses perdent de leur faste. Mais Renée reste fidéle et continue seule l’activité, envers et contre tout, avec une obstination qui ressemble presque à de l’entêtement car elle n’entend pas fermer boutique.
Renée décède en Décembre 1991, à l’âge de 81 ans, dans son arrière boutique. Le magasin n’ouvrira plus.
La façade ( avec la plaque cuivrée sur la porte ) définitivement fermée( document Nord Eclair )Renée Carpentier ( document collection privée )Photo BT 2024
La boutique FOUF s’ouvre en 1974 à ce même emplacement du 33 Grand Place à Roubaix. Cette création marque incontestablement une petite révolution au style novateur dans le domaine des ventes de vêtements de prêt à porter.
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Avec la façade extérieure en crépi blanc, et le décor intérieur résolument contemporain, FOUF Boutique affirme sa volonté de sortir des sentiers battus et d’offrir à la clientèle de tous âges, l’aspect d’un commerce d’avant garde.
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Mme Wattiez, la directrice, entourée d’une équipe de vente particulièrement dynamique souhaite développer une formule nouvelle de la conception de se vêtir, pour la femme, l’homme et l’enfant.
En 1980, le propriétaire Mr Doise décide de rénover la façade en installant une nouvelle baie, puis quelques temps plus tard, de transformer complétement celle-ci de façon moins moderne mais plus élégante.
document archives municipales
Le magasin FOUF sera ensuite transféré au 17 grand rue, au début des années 1990 et fermera en 2009.
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Le 9 Mars 1996, Claire Otdjian ouvre sa librairie « Les Lisières » au 33 de la Grand Place, avec son associé Erwan Leroux.
document Nord Eclair
Ancienne vendeuse à la FNAC de Lille, Claire a longuement réfléchi à son projet de librairie classée par thèmes : arts, polars, littérature étrangère, sciences humaines etc, sans oublier les ouvrages traitant du textile, surtout pour les étudiants de l’ESAAT pour leur éviter d’aller chercher ailleurs des bouquins introuvables dans la région.
document Nord Eclair
L’emplacement est idéal, une librairie sur la Grand Place, juste en face de la Médiathèque, cela ne peut que marcher ! Les gérants vont déménager leur commerce quelques temps après, en 2005, dans un local plus spacieux, juste à côté au N°32, à la place de la mercerie Margaret. En effet, la commerçante Jeanine Van Hooland vient de prendre sa retraite dernièrement. ( voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé : Mercerie Margaret ).
Photo BT
Cette même année, Mustapha Bendib ouvre son agence immobilière « Abrisur » au n °33 à l’emplacement initial de la librairie. Cet agent immobilier est toujours en place, de nos jours.
Le N° 33 de la Grand Place à Roubaix, se trouve juste à l’angle du Contour St Martin, côté droit.
Pan cadastral
Depuis le début du siècle dernier, et pendant de très nombreuses années, ce commerce, d’une surface de 100 m2, a été occupé par un estaminet-café-restaurant.
document collection privée
En 1900, le « Restaurant du Midi » est tenu par Rammaert Soete, puis en 1909 par Van Welden, et en 1910 par H. Bourghelle. François Décarnelle qui gère l’établissement dans les années 1920, aménage quelques chambres à l’étage, et l’établissement devient « Hôtel du Midi ».
En 1928, Cappe Laval reprend l’affaire, et en 1930, la grande brasserie de Beaurepaire, propriétaire des lieux, demande un permis de construire pour la transformation complète de la façade.
documents archives municipalesl’Hotel du Midi en 1939 ( document Marcel Bourghelle )
Après la seconde guerre mondiale, l’activité redémarre et l’Hôtel du Midi propose des menus pour le réveillon à 800 F pour le Nouvel An 1950.
Publicité Nord EclairPublicité Nord Eclair
La concurrence devient serrée entre les grands restaurants de la Grand Place, dans les années 1950. Les établissements Maurice, Le Lapin Blanc, Le Grand Cerf font preuve de beaucoup d’imagination pour attirer les clients. L’Hôtel du Midi communique alors sur la bonne chair à prix compétitif.
document collection privée
Georges Agré reprend le restaurant en 1954. Originaire de Roubaix, Georges vient de Détroit aux U.S.A ou il a créé son french restaurant « La Vie en Rose ». Il revient donc, dans la région et change l’enseigne de son établissement ; l’Hôtel du Midi devient « A l’Ecu de Flandre ». La spécialité de Georges est la « timbale Richelieu » aux crevettes mayonnaise et surtout son célèbre « Poulet Marengo »
document Nord EclairPublicité Nord Eclair 1955
Mr Bonnel reprend le commerce en Mars 1964 et le transforme complétement en une Librairie-Papeterie-Disques à l’enseigne « La Centrale ».
M Bonnel a en effet constaté qu’aux Etats Unis, le livre et le disque sont associés dans un même magasin. Il s’est donc inspiré de la formule pour créer son point de vente sur la Grand Place.
Publicité Nord EclairDocument collection privée
Le décorateur Claude De Plasse est chargé d’aménager l’intérieur. Les livres de poche et disques vinyls 45 tours sont des valeurs sûres à la portée de toutes les bourses, au début des années 1960. Pour l’ouverture, 3200 livres de poches à 2 Francs , et 7000 disques vinyls sont proposés à la jeune clientèle.
A la fin des années 1960, Le magasin se spécialise davantage dans le domaine du disque, 45t et 33t, et devient « La Centrale du Disque ». Les vinyls et enregistrements sont proposés par Reine Genot, animatrice de l’émission : « Entendre et choisir pour vous » . Sa compétence exceptionnelle et ses précieux conseils sont appréciés par la clientèle, que ce soit en variété, classique ou jazz. M Bonnel propose également des chaînes mono et stéréophoniques.
Suite d’un précédent article édité et intitulé : « Une entreprise Leersoise »
Achille Vantieghem et son épouse Marcelle, née Moreels, créent leur entreprise de fabrication de fleurs artificielles, à Leers, à la fin des années 1940. Les affaires fonctionnent parfaitement bien et leur petite maison de Leers s’avère rapidement trop petite. En 1950, Achille et Marcelle décident donc de transférer leur entreprise à Roubaix. Ils s’installent dans un bâtiment au 31 boulevard de Paris. Sur la photo ci-dessous, Marcelle se trouve sur le pas de la porte ; la rue perpendiculaire est la rue Chanzy, et le bâtiment de l’autre côté de la rue, est le magasin de meubles Mac Mahon de Louis Delescluse.
Le 31 boulevard de Paris ( document R-M Renard )
L’entreprise continue de fabriquer ses fleurs artificielles de façon artisanale. Elle découpe les matières : du tissu, du rhodoïd, du celluloïd. Les fleurs sont faites à la main avec des moules et les pétales sont fixés sur une tige.
document R-M Renard
Les affaires continuent de se développer, et le local, si grand soit-il, ne convient plus, ni pour l’atelier, ni pour le stockage. Achille et Marcelle déménagent leur entreprise et leur domicile au 172 174 et 176 rue Jouffroy, en 1961. C’était auparavant la manufacture de bonneterie G. de Brauwere. La surface importante du lieu, de 300 m2, leur permet de tenir quelques années, face au développement de l’entreprise.
Marcelle supervise la production avec l’aide de sa sœur Gisèle, Achille quant à lui, développe le service commercial. Il prospecte la clientèle et en particulier les entreprises de pompes funèbres. Ils proposent un choix considérable de fleurs, plantes, gerbes et couronnes d’une qualité irréprochable. Des représentants sillonnent les routes de nombreuses régions pour proposer les produits chez les fleuristes, les entreprises de Pompes Funèbres, et autres commerces.
Dans les années 1970, les époux Vantieghem ont une cinquantaine d’années. Ils n’ont pas eu d’enfants, mais ils pensent à l’avenir, car ils souhaitent plus que tout, que l’entreprise reste familiale. Ils proposent alors, en 1975, à leur neveu Marc Hubrecht et leur nièce Rose-May Renard de les rejoindre dans la société.
En 1981, vu le développement des affaires, les locaux de la rue Jouffroy deviennent trop exigus. l’entreprise trouve alors un bâtiment beaucoup plus spacieux au 118 rue Decrème, autrefois occupé par l’entreprise Carissimo qui fabriquait des tissus d’ameublement.
document R-M Renarddocument archives municipales
La production a évolué : à Leers, c’était plutôt des fleurs montées à la main avec du tissu, puis boulevard de Paris c’était l’époque du celluloid avec des moules, une découpeuse et des gaufroirs. Rue Jouffroy c’était le plastique de la région d’Oyonnax, et les premières fleurs en tissus importées de Chine. Rue Decrême, beaucoup moins de plastique et plus de fleurs et de plantes en tissu (polyester notamment). L’usine de Roubaix se spécialise donc en montage de compositions florales.
Malheureusement, dans la nuit du 14 au 15 Août 1991, un incendie ravage les locaux du 118 de la rue Decréme. Les pompiers, arrivés rapidement sur place, découvrent un véritable brasier. L’atelier et la salle de stockage ont été très endommagés. Seule la salle d’exposition des produits et échantillons a été épargnée par le feu. C’est un gros coup dur pour l’entreprise familiale, car les fleurs artificielles étaient prêtes pour être expédiées dans les points de vente, pour la Toussaint toute proche.
document Nord Eclair 1991
Tous les membres du personnel sont bien décidés à repartir. D’importants travaux de rénovation sont alors entrepris pour redémarrer l’activité. Achille et Marcelle prennent leur retraite, Rose-May Renard et Marc Hubrecht, leur nièce et neveu, deviennent alors co-gérants de l’entreprise. Malheureusement, un deuxième incendie intervient en Mai 1992. L’atelier de confection est anéanti, le stock est parti en fumée. C’est de nouveau la désolation. Selon les pompiers, cela ne fait aucun doute : l’incendie est d’origine criminelle. La production va cependant continuer dans une autre partie des bâtiments. Tout le personnel va s’atteler à nettoyer, réparer, reconstruire et redémarrer .
document Nord Eclair 1992
La direction s’efforce de maintenir le cap. Elle prend la décision de négocier directement les achats, lors des déplacements chez les gros fournisseurs en Chine, et développe le marché commercial, lors de différents salons comme à Villepinte en région parisienne.
document R-M Renard
En 2005, un important promoteur immobilier propose aux dirigeants de l’entreprise Vantieghem de racheter les locaux du 118 de la rue Decrême, car il a un projet ambitieux pour la création de 35 lofts : « Factory 118 ».
document Nord Eclair 2005
L’affaire est conclue en Mars 2005 par l’intermédiaire du cabinet Immo Saint Martin de la Grand’Place. L’entreprise Vantieghem déménage à nouveau et part au 128 rue de la Vallée à Hem, dans un local en location de taille plus modeste et plus fonctionnel, pour aménager l’atelier et le stockage sur un seul niveau.
Cependant, dans le secteur du funéraire, les ventes de fleurs s’effondrent, car les familles des défunts choisissent de plus en plus la crémation plutôt que l’enterrement. Les fleurs disparaissent des cérémonies. Puis les départs en retraite sont envisagés. L’entreprise ferme définitivement ses portes en 2009.
Remerciements à Rose-May Renard ainsi qu’aux archives municipales
Depuis des décennies, les emplacements de la rue de la Halle ont toujours été occupés par des estaminets ou des grossistes en fruits et légumes. Dans les années 1950, sur 14 maisons, on dénombre 11 grossistes et semi-grossistes en fruits légumes et 3 cafés.
Plan cadastral
L’estaminet du numéro 1 de la rue de la Halle ( à l’angle de la rue Pierre Motte ) est tenu, dans les années 1930-1940 par L. Blondel. L’établissement est ensuite repris par Fortuné Fournier, au début des années 1950, qui le transforme en dépôt de fruits et légumes, tout en gardant une salle à usage de café.
document archives municipales
Puis en 1956, les Halles sont rasées pour cause de vétusté. Les grossistes en fruits et légumes quittent leur emplacement et les cafés ferment les uns après les autres.
Le numéro 1 de la rue de la Halle n’échappe pas à la règle et ferme également en 1956. La société Dulfrance dirigée par Antoine Caulliez, le reprend et le fait transformer par l’architecte Forest à Tourcoing, en pressing-rapide avec une enseigne originale « Vite et Bien ».
documents archives municipales
Antoine Caulliez exploite déjà avec succès, la station de lavage de Lille au 60 rue de Paris. Dès les travaux terminés, le commerce ouvre en avril 1957, dans ce local de 109 m2.
Publicité 1957 ( document Nord Eclair )
Aves ses grandes baies vitrées, le commerce est clair, élégant et ventilé. La façade immaculée ouvre sur un sanctuaire moderne de la propreté.
Le client est accueilli par la vive couleur du comptoir. Une imposante machine située juste derrière, ne l’effraie nullement, mais bien au contraire dégage une impression de perfection mécanique.
Publicité 1957 ( document Nord Eclair )
L’enseigne choisie « Vite et Bien » est méritée. Tous les vêtements sont nettoyés et rajeunis en 60 minutes avec le matériel de nettoyage à sec ultra moderne et performant, à des prix imbattables. L’enseigne « Vite et Bien » s’enorgueillit d’être la station service de nettoyage à sec la plus élégante de la région.
document archives municipales
Antoine décide, à la fin des années 1950, d’investir dans la publicité pour développer les activités complémentaires de son commerce : teinture, blanchissage, stoppage, remaillage, réparation de vêtements, antimite, délustrage etc. Il communique également dans la presse locale pour annoncer régulièrement des ventes promotionnelles.
Publicité Nord Eclair
A la fin des années 1970, Antoine décide de la réfection de la façade avec un nouvel habillage des murs. Après quelques soucis de désaccords sur les autorisations municipales, le décorateur Jean-Claude Lequain, basé à Wattrelos, effectue les travaux.
documents archives municipales
La concurrence est vive dans le domaine du nettoyage à sec, et, malheureusement, « Vite et bien » ferme définitivement ses portes au début des années 1980.
document archives municipales
Le pressing est ensuite transformé en laverie libre service à l’enseigne LAV-MATIC par la société Lavanor à Tourcoing. Le principe du libre service est plus adapté à la clientèle et le commerce est toujours en place de nos jours.
Les affaires se développent de façon très importante. Il est absolument nécessaire de modifier la structure de l’entreprise et de la logistique. Il est en effet impératif pour René Monnier de satisfaire ses innombrables et fidèles clients de la région Nord, Pas de calais, Picardie et Ardennes. Il décide alors, d’ouvrir un entrepôt sur un terrain de 15.000 m2 dans la banlieue lilloise à Wattignies, au 205 rue Clemenceau. Les nouvelles installations modernes du café Grand Mère sont regroupées dans une ancienne usine pour abriter également les services administratifs et commerciaux.
( document Nord Eclair )Vue aérienne de l’entrepôt de Wattignies ( document Nord Eclair )
Désormais, l’entreprise, c’est : 10.000 m2 de bâtiments composés de hangars de stockage pour les 2000 références du catalogue, 100 véhicules de livraison, 200 personnes dont 40 représentants, 10.000 clients sur la région et deux entrepôts régionaux à Dunkerque et Avesnes.
Une partie de la flotte de véhicules ( document Nord Eclair )L’intérieur de l’entrepôt ( document Nord Eclair )Les entrepôts régionaux ( document Nord Eclair )
Le 30 Octobre 1965, c’est l’inauguration officielle du nouvel entrepôt de Wattignies. René Monnier PDG, et ses deux directeurs M Spileers et Jansen accueillent les personnalités et invités pour cet événement.
René Monnier PDG pendant son allocution ( document Nord Eclair )
En moins de 15 années d’existence, les cafés Grand Mère ont acquis une extraordinaire renommée, si bien qu’en fin d’année 1965, est proposée à la clientèle, une nouvelle gamme de « cafés Tradition » en paquets bleu vert ou havane. En 1965, un million de tasses de café Grand Mère sont consommées chaque jour en France.
lancement du café Tradition ( document café Grand Mère )lancement du café Tradition ( document Nord Eclair )document café Grand Mère
En 1968, Lucette Monnier accueille des hôtes européens pour la réouverture de la cafétéria ultra moderne de la rue Pierre Motte : des élus des villes de Bradford et de Verviers pour la visite de leur commerce et bien sûr pour la dégustation du fameux café « moka » et la nouvelle gamme de thés.
nouvelle cafétéria ( document Nord Eclair )nouvelle cafétéria ( document Nord Eclair )
Le développement de la publicité continue en 1969 par la diffusion du premier film publicitaire Grand’mère au cinéma dans les salles régionales.
En 1971, un incendie se déclare au siège de la rue Pierre Motte dans un torréfacteur et un conduit de cheminée, sans faire de gros dégâts grâce à l’intervention rapide des sapeurs pompiers de Roubaix.
L’incendie du 55 de la rue Pierre Motte ( document Nord Eclair )La façade du magasin ( document collection privée )
Dans les années 1970, la vente de café Grand’mère, couplée à la promotion par catalogue, participe à la notoriété et au succès grandissant de la marque. Le slogan publicitaire de l’époque est : « Café Grand’mère, la tradition du Nord, Café Grand’mère, la qualité d’abord ». La marque Grand’mère bénéficie encore d’une large exposition en 1976 avec le premier film publicitaire à la télévision.
publicité années 1970 ( document café Grand Mère )publicité années 1970 ( document café Grand Mère )
En 1977, c’est la création de la marque « Carte Noire ». Encore une fois René Monnier se lance dans un pari risqué et audacieux d’un nouveau produit, surtout après les fortes hausses de prix du café du Brésil, et de surcroit avec un code couleur jamais utilisé dans l’alimentaire.
Carte Noire ( document café Grand Mère )
La concurrence des grands producteurs de café est rude. Pour émerger face aux géants nationaux, les Monnier décident de réinvestir leurs bénéfices via des opérations de promotion, comme le lancement d’un généreux paquet de 500g pour répondre aux demandes familiales. En 1978, le couple mise sur le café moulu alors que les Français consomment essentiellement du café en grains qu’ils passent au moulin à café, chaque matin. Et c’est encore un succès. Comme son slogan devenu culte « Grand’Mère sait faire un bon café ».
Document INA
En 1982, René Monnier vend 63 % de ses actions de café Grand’Mère au groupe suisse Jacobs Suchard qui possède déjà Jacques Vabre. Cette décision est prise pour que le café Grand Mère s’implante encore davantage sur un plan national. La marque rejoint ensuite dans les années 90, le groupe Kraft Foods.
( document café Grand Mère )
En 1987, le café Grand’mère continue à créer l’événement et fait le buzz en célébrant la première fête des grand’mères, célébrée depuis, tous les premiers dimanches du mois de Mars. C’est une pure opération de marketing et de communication bien pensée, de la marque créée à Roubaix.
En 1990, le magasin de la rue Pierre Motte ferme définitivement ses portes. Le fonds de commerce devient alors en 1991, la pharmacie Eurotéléport créée par Philippe Vermés et reprise en 2022 par Charlotte Guillain.
document Nord EclairPhoto BT
La marque « café Grand’mère », née à Roubaix, existe maintenant depuis 70 ans et sa santé est toujours éclatante avec 24 millions de paquets de café vendus en 2023. La marque Café Grand Mère fait de nos jours, partie du groupe international Mondelez.
Depuis le début du siècle dernier, le 55 rue Pierre Motte à Roubaix a toujours été occupé par un estaminet. Dans les années 1910-1920 le café était tenu par S. Lagache et dans les années 1930-1940 par Jean Poulin. Ce dernier était non seulement cafetier mais également musicien violoniste et organisait dans son établissement : « La Taverne Franco-Belge » des concerts avec son orchestre.
l’estaminet de S. Lagache ( document collection privée )Jean Poulin, à gauche sur la photo et son orchestre ( document collection privée )
En 1951, René Monnier, né en 1925 à Roubaix, et son épouse Lucette, habitent 82 rue d’Anzin à Roubaix. Ils reprennent le fonds de commerce du 55 rue Pierre Motte et le transforment en épicerie. Ils font appel à l’architecte C. Verdonck pour aménager l’intérieur du point de vente. L’enseigne choisie : « A l’Abondance » a pour origine, l’époque d’après guerre ; les Français ont en effet, terriblement souffert pendant ces quatre années de privations alimentaires et commencent à retrouver des produits conformes à leurs attentes.
façade de l’épicerie A L’Abondance ( document archives municipales )plan du point de vente ( document archives municipales )
Maurice Monnier, le père de René, gère une crémerie, depuis quelques années, au 51 de cette même rue Pierre Motte, : la «Laiterie des Halles». Maurice vend du beurre des œufs, du fromage, mais également du jambon, du café et des conserves.
publicité La Laiterie des Halles ( document collection privée )
Entre les deux commerces 51 et 55 des père et fils Monnier, il existe au 53 une toute petite échoppe qui vend des articles de confiserie tenu par A. Domen : « Aux Spécialités ». Les trois commerçants s’entendent bien et communiquent ensemble, pour éditer des publicités communes dans la presse locale.
Plan cadastraldocument Nord Eclair
Au début des années 1950, la région manque encore de tout. Les besoins sont énormes et de nombreuses denrées alimentaires de première nécessité transitent en fraude depuis la Belgique toute proche : le tabac, le chocolat, le café et en particulier le café « Grootmoeder » qui signifie grand’mère en flamand.
Pour développer leur commerce, René et Lucette commencent à torréfier eux-mêmes quelques cafés, c’est l’occasion de créer leur propre marque : le « café grand’mère », un clin d’oeil au café belge bien connu.
René et Lucette créent des mélanges de grains pour produire un café, familial et simple, mais de qualité avec de nouveaux goûts et arômes, à des prix compétitifs. Ils développent ainsi la torréfaction de différents cafés qui répandent dans tout le quartier une odeur de café agréable, et attire les passants. Le succès est immédiat, René et Lucette ont, tous deux, un sens inné du commerce, ils lancent des offres promotionnelles régulières sur leurs produits et communiquent par de la publicité dans la presse locale. Ils ouvrent un deuxième magasin à Tourcoing au 5 rue de la Cloche.
document collection privée
René est très proche des consommateurs et sensible à toutes les remarques, il n’hésite pas alors, à organiser des concours pour savoir quelle serait la meilleure campagne de publicité possible, pour son café Grand Mère.
document Nord Eclair
En 1958, René et Lucette souhaitent développer encore leur activité, mais le manque de place se fait cruellement sentir. Ils reprennent le commerce voisin de confiserie au N° 53 « Aux spécialités » et le 51 la « laiterie des Halles » de Maurice Monnier lequel prend une retraite bien méritée. René et son épouse créent alors la SMPM « Société nouvelle des Magasins de la rue Pierre Motte » pour la création d’un seul et même commerce sur une parcelle de terrain qui s’étale désormais sur 269 m2. Les travaux de transformation et d’agencement du nouveau magasin sont confiés à l’agence Antoine Addic à Lille.
document archives municipales
Au début des années 1960, les grandes surfaces font leur apparition et elles sont manifestement une menace pour les petits détaillants. A l’inverse, René et Lucette vont rapidement comprendre les possibilités de développement qu’offre ce nouveau mode de distribution. Le café Grand’mère est référencé au premier supermarché Auchan de l’avenue Motte à Roubaix. René et Lucette ont désormais des ambitions nationales de développement.
document Nord Eclairdocument café Grand Mère
En mai 1961, un pan de mur branlant, situé au 3° étage de l’immeuble menace de s’effondrer. René Monnier fait évacuer immédiatement le magasin, puis prévient les services de secours, avant que le mur ne s’écroule sans faire de victimes. Une entreprise se déplace ensuite pour démolir et supprimer complétement le dernier étage et, ensuite, la marquise endommagée qui abritait les piétons sur le trottoir.
document Nord Eclair
René Monnier adore la publicité et la communication. En Novembre 1962, il fait venir le sympathique et infatigable animateur Marcel Fort, pour animer une journée complète dans son magasin en partenariat avec le fameux camembert « Révérend » fabriqué en Lorraine. De nombreux cadeaux ( dont beaucoup de fromages ! ) sont alors offerts à la clientèle.
documents Nord Eclair
Quelques années plus tard, Fabrice, le célèbre animateur de la station de radio RTL, se déplace à Roubaix pour animer une émission de jeux, diffusée à la mi journée sur l’antenne pour faire gagner des paquets de café à la clientèle venue nombreuse.
documents RTL
En 1962, René Monnier est nommé président de l’Union des commerçants de la rue Pierre Motte. Le bon sens de René et Lucette Monnier est la clé de la réussite de la marque des cafés « Grand’mère 59 ». Ils proposent aux autres détaillants de la métropole de leur fournir leur café, et n’hésitent pas à apposer leur publicité sur les fourgons de livraison aux particuliers.
Le fourgon Citroën publicitaire d’un commerçant de Hem ( document collection privée )