La tour du fer à cheval

C’est par une lettre du 26 avril 1957, émanant du service des permis de construire de Roubaix qu’on apprend que les travaux de construction de l’immeuble-tour sur le terrain municipal du Parc de Barbieux, au lieudit « Le fer à cheval » ont démarré, sans que l’administration en soit avertie. Cette lettre est adressée à l’architecte Guillaume Gillet, auteur des plans de la dite tour, domicilié à Paris. Erreur de jeunesse ? Problème de coordination dans les échanges administratifs ? Toujours est-il que cela représente un faux départ pour le chantier, car l’ordre formel d’arrêter les travaux est donné, à l’architecte et à son entrepreneur, la société Planquart et fils. Guillaume Gillet, responsable des travaux, doit se mettre en contact avec les services compétents, en vue de l’obtention du permis de construire.

l'architecte Guillaume Gillet Photo NE
l’architecte Guillaume Gillet Photo NE

Cela ne nuira pas à la carrière de l’architecte, ni à ses relations avec les autorités roubaisiennes, car on le retrouvera sur des chantiers importants et ultérieurs : il œuvrera à Roubaix de 1958 à 1972 dans le quartier Édouard Anseele, pour la construction de logements et du centre commercial Roubaix 2000, puis de 1961 à 1975 dans la zone à urbaniser en priorité (ZUP) des Trois Ponts, pour des logements et commerces. L’opération de la Tour du Fer à cheval s’inscrit dans un programme de constructions de tours (on construit également quasi simultanément quai de Marseille) voulu par le CIL dont l’architecte en chef Guy Lapchin avait réalisé les premières études avant de les confier à son jeune collègue. Le 17 mai 1957, une demande de permis de construire est dûment demandée pour l’édification d’une tour de 60 logements. Le 22 mai parvient une première réponse avec demande de modifications concernant la conformité des conduits, de la ventilation des toilettes et des salles de bains et des fosses septiques. Le 20 août, le permis est accordé sous réserve des modifications à opérer.

Situation du chantier en octobre 1957 Photo NE
Situation du chantier en octobre 1957 Photo NE

Le chantier redémarre, comme l’atteste un article de presse d’octobre 1957, qui nous en apprend un peu plus sur le programme des tours. On annonce l’édification de quatre tours d’une quinzaine d’étages. Sont citées la tour du quai de Marseille, et celle du fer à cheval, mais aucune indication pour les deux autres.

La tour du fer à cheval est située en bordure de l’avenue jean Jaurès, et à proximité de la résidence du Parc située à Croix, dont elle semble toutefois faire partie, bien qu’elle en soit séparée par un morceau de la rue Jussieu, à Croix. En octobre, les fondations sont faites et on a réalisé le sous-sol, deux rez-de-chaussées et le premier étage. On prévoit la fin du gros œuvre pour le mois d’août 1958, la fin des travaux pour la fin de l’année, et la réception des premiers locataires en 1959.

Le journaliste vante les matériaux employés : pierres blanches de l’Oise et panneaux d’aluminium. Quatre appartements sont prévus par étage, deux avec une chambre et deux avec trois chambres, et chacun aura son balcon. Le quinzième et dernier étage sera commun aux locataires : des salles de jeux, une bibliothèque y seront installées ! La tour de la Résidence, tel est son nom, est alors présentée comme une curiosité sur la route de Lille à Roubaix, et comme le symbole d’une architecture futuriste !

Mais il semble qu’on soit revenu sur l’utilisation du 15e étage, qui sera transformé en quatre appartements, portera donc le nombre à 64 logements, et nécessitera une demande de modification le 25 mai 1958, accordée en juillet de la même année.

Deux vues de la tour aujourd'hui Photo PhW
Deux vues de la tour aujourd’hui Photo PhW

Le Ravet Anceau de 1961 indique que la tour du fer-à-cheval accueille parmi ses locataires des représentants, des ingénieurs, des pharmaciens, des directeurs, des industriels, des professeurs, et même l’architecte Guillaume Gillet venu habiter l’un des quatre appartements du 15e étage.

Guillaume Gillet est un architecte français, né le 20 novembre 1912 à Fontaine-Chaalis (Oise) et mort le 23 septembre 1987 à Paris. Grand Prix de Rome, il est connu pour son architecture moderne, principalement dans le domaine de l’architecture religieuse et pénitentiaire. (d’après Wikipédia)

Le lycée Jean Moulin

Dans son numéro du 24 Août 1969, Nord Éclair annonce la construction d’un Lycée Technique Mixte boulevard de Paris, au milieu de « magnifiques parcs privés qui entouraient les châteaux bordant le boulevard ». Le journal se félicite, selon l’opinion couramment partagée à l’époque, de cet événement qui va contribuer à donner un visage moderne à la ville. Il s’agit de remplacer le Lycée de la place Notre-Dame, trop petit. Le nouvel établissement doit comporter des sections industrielles et commerciales et intégrer un collège d’enseignement technique jumelé. Une grande cuisine et sept salles à manger, nécessaires pour nourrir les 1500 élèves prévus, doivent compléter l’ensemble.

Document Nord Éclair
Document Nord Éclair

Le futur Lycée doit trouver sa place entre la rue du Général Chanzy et la rue Dammartin. Cette zone, construite à l’époque depuis près de cent ans, est constituée de beaux immeubles construits en front à rue et de magnifiques propriétés constituées d’hôtels particuliers qui s’élèvent au milieu de parcs ornés de pièces d’eau. On trouve, en 1885, entre les numéros 39 et 47 les familles Cavrois-Mahieu, Druon-Voreux, Wattinne-Hovelacque, Destombes, ainsi que les assurances Verspieren, et, en 1939, les familles Loridan-Dassonville, Cavrois, Dhalluin, Thibeau-Motte, Wattinne-Dubrulle, et Motte-Rasson. Les propriétés les plus importantes sont les numéros 39, le château Cavrois et 43, l’hôtel Thibeau-Motte, séparés du boulevard par un mur surmonté d’une grille imposante.

Il va falloir démolir tout ça.

 

Documents IGN 1953 – en encart l'hôtel Thibeau-Motte.
Documents IGN 1953 – en encart l’hôtel Cavrois.

Dès 1966 le conseil municipal a décidé du périmètre à consacrer au lycée dans le cadre de l’aménagement du boulevard de Paris. Les architectes désignés sont MM. Neveu, Spender et Aureau. On décide cette même année d’acquérir soit à l’amiable, soit par expropriation les propriétés et le préfet lance une déclaration d’utilité publique. Les travaux seront financés grâce à un emprunt d’un montant de 1 750 000 F contracté auprès de la caisse des dépôts. En 1968, on procède à l’expropriation pour cause d’utilité publique de la propriété appartenant aux consorts Thibeau (n° 43). C’est la communauté urbaine qui sera chargée de la construction. Les travaux de démolition commencent

Photo Nord Éclair. Au premier plan le bassin, au fond les restes de l'hôtel particulier
Photo Nord Éclair. Au premier plan le bassin, au fond les restes de l’hôtel particulier

La construction démarre au début de l’année 1971. Le temps est compté : le lycée doit ouvrir ses portes à la rentrée de septembre de l’année 72.

Le début des travaux - Photo Nord Éclair
Le début des travaux – Photo Nord Éclair

Tout se passe conformément aux plans, puisque la réception des travaux a lieu début Août 72. Le journal se réjouit du bel aspect de l’édifice. L’architecte a réussi à insérer les bâtiments en conservant certains des arbres centenaires. Face au boulevard de Paris, un bâtiment bas permet l’entrée des élèves et abrite les bureaux de l’administration. Sur la gauche, placé à angle droit, une vaste construction de trois étages rassemble les salles de cours. A droite, toujours perpendiculairement au boulevard, les logements sur trois niveaux, et, au fond, l’ensemble cuisine-réfectoire. On prévoit tout au fond, le long de la rue Coligny, une salle de sports. C’est Mlle Leroy, sa directrice, qui présidera aux destinées de l’établissement

La réception des travaux – photo Nord Éclair
La réception des travaux – photo Nord Éclair

L’inauguration conjointe du collège Samain, rue d’Alger et du lycée Jean Moulin, a lieu en février 1973, en présence d’Arthur Notebart, président de la Communauté Urbaine, et de M. Provo, le maire de Roubaix, parmi de nombreuses personnalités.

Le parking professeurs en 1993
Le parking professeurs en 1993

Les documents proviennent des archives municipales.

 

La pharmacie de Paris

Le conseil municipal du 7 février 1867 décide de créer l’avenue de l’Impératrice, qui prendra par la suite le nom de boulevard de Paris, sur l’emplacement du souterrain qui devait prolonger le premier tracé du canal vers Croix. L’état avait exproprié à cet effet un terrain de 20 mètres de large à partir de la rue du Moulin. Mais la largeur de la future promenade doit être de 40 mètres ; il faut récupérer de part et d’autre une bande supplémentaire de 10 mètres.

Situation en 1867
Situation en 1867

La presque totalité des riverains accepte d’offrir gratuitement à la ville les terrains nécessaires. Il demeure quelques parcelles à exproprier aux angles de la rue du Moulin. On démolit donc quelques maisons, puis on reconstruit selon le nouvel alignement.

Plan de 1884
Plan de 1884

En 1875, monsieur Guilluy est pharmacien au 20 rue du Moulin. Peu de temps après, en 1880, la pharmacie est remplacée par une autre située au numéro 16, au coin du boulevard. Le pharmacien est maintenant A. Constant, qui a repris l’officine et l’a déménagée vers un emplacement plus favorable. Il reste à changer l’adresse. Ce sera sans conséquence pour le bâtiment : l’entrée, située sur le pan coupé, ouvre sur les deux voies. La renumérotation est chose faite en 1885 : la pharmacie est maintenant située au 1 du boulevard de Paris et les numéros de la rue du Moulin débutent en conséquence au 18.

La pharmacie au début du siècle – document coll. particulière
La pharmacie au début du siècle – document coll. particulière

On retrouvera Monsieur A.Constant à cette adresse jusqu’en 1926. L’officine est alors reprise par F. Constant, (son fils?), qui y officiera jusque dans les années 50. La pharmacie figure en 1960 sous le nom de M. Malbranque-Constant (le beau-fils?), qu’on retrouve là encore en 1988. Trois pharmaciens en plus de 100 ans, une belle longévité !

La pharmacie en 1989
La pharmacie en 1989

La pharmacie est reprise ensuite par M. et Mme Pelaton, qui, perpétuant la tradition, y restent un nombre d’années important. Mais des projets de modernisation guettent la pharmacie : on construit en face au début des années 90 un immeuble moderne en forme de lame de couteau. Son tour va venir ; elle est démolie dix ans plus tard, remplacée par un nouvel immeuble. Mais l’officine ne disparaîtra pas pour autant : elle est réinstallée dans ce bâtiment neuf avant 2004. Elle a pris aujourd’hui le nom de grande pharmacie de Paris. M. Beaurain préside désormais à sa destinée au sein du groupe Giropharm.

Photo Jpm 2016
Photo Jpm 2016

Les autres documents proviennent des archives municipales.

Un grand prix automobile à Roubaix

Comment ? Des voitures de courses à Roubaix ? Et au parc de Barbieux en plus ! Il en aura vu de toutes les couleurs ce pauvre parc, depuis 1911 et 1939 ! C’est en effet en 1950 que l’automobile club du nord de la France dont le siège est à Roubaix, décide de fêter le cinquantenaire de sa création, en organisant un grand prix. La compétition automobile de l’après seconde guerre mondiale reprend doucement et commence à se structurer. On court depuis longtemps sur des circuits, pour des raisons de sécurité, et notamment des circuits urbains dont le premier fut celui du Mans. Le Grand Prix automobile de Roubaix entre dans cette catégorie, alors que la même année, la création du championnat du monde de formule 1 est décidée, le premier grand prix aura lieu à Silverstone, en Angleterre.

Plan du circuit par NE

Mais revenons à Roubaix. Dès la mi avril, on habille les rues alentour du parc de Barbieux en circuit de compétition automobile. Ballots de paille, barrières de protections, passerelles au dessus de l’avenue Lenôtre, montage de tribunes forment le décor de la future compétition. L’organisation d’un grand prix n’est pas une mince affaire : déjà, la ville de Roubaix investit vingt millions de francs pour remettre en état les 900 mètres de la ligne droite du circuit (l’avenue Jean Jaurès). Car le circuit entoure le parc de Barbieux : la ligne de départ se situe à l’entrée de l’avenue Lenôtre au bout de laquelle, les concurrents empruntent un premier virage vers le fer à cheval où un second virage les amène dans l’avenue Jean Jaurès, puis avenue Jussieu et avenue Le nôtre.

Affiche du grand prix Coll Part

L’Automobile Club du Nord de la France se charge de l’organisation : Marcel Leclercq Président, Marcel Dehédin, Paul Desruelles, chevilles ouvrières, avec toute une phalange de techniciens ! Le circuit est entouré d’une haute palissade de bois, tribunes et gradins peuvent accueillir quinze mille personnes ! Il y a deux grandes tribunes pour le public, une tribune officielle et une tribune de presse, un stand de ravitaillement et quartier des coureurs. On a prévu la sonorisation d’un bout à l’autre de l’immense enceinte. Un peu partout, les spectateurs pourront disposer de buffets et de buvettes, et même un restaurant, des chalets de nécessité. Pour la sécurité, des tonnes de bottes de paille ! Deux passerelles enjambent l’avenue Lenôtre, et huit kilomètres de barrières, pour empêcher les spectateurs d’approcher.

Le programme propose deux courses de motos organisées par le Moto-Club du Nord (6.000 membres) : une première course pour les 350 cm3 longue de 125 kms. quinze partants ; une seconde course pour les 500 cm3 longue de 140 kms. seize partants. On court sur Norton, Vélocette, AJS, Motorcense, Guzzi, Triumph. Une attraction, les boîtes à savon, petites voitures fabriquées par leurs conducteurs, dont le prix ne peut excéder 8.000 francs. Ce sont des voitures de Derby, pilotées par des moins de 15 ans. Une finale de championnat a lieu en juin à La Madeleine, et le titre national va se jouer à Paris. A Roubaix, ce sera juste une exhibition, les petits engins non motorisés seront tirés par des voitures.

La foule et les voitures Photo NE

Puis ce sera le Grand Prix Automobile sur le Circuit du Parc de Barbieux : quatorze partants vont parcourir 300 kilomètres, soit une centaine de tours. Les pilotes engagés sont Raymond Sommer et Giovanni Bracco, sur Ferrari, Robert Manzon, Maurice Trintignant, Aldo Gordini, André Simon, tous sur Simca Gordini, Alfredo Pian sur Maserati, Marcel Balsa sur BMW, René Bonnet sur Deutsch Bonnet, Georges Abecassis John Octave Claes et John Heath sur HWM (Hersham and Walton motors) et un amateur Fourry sur Servat spéciale.

Les voitures sont logées par écuries dans divers garages de la ville : Les Simca Gordini au garage Champier rue de Tourcoing, les Ferrari au garage Peugeot rue du Maréchal Foch, les argentins chez Renault, les anglais chez Citroën, et le coureur Balsa chez BMW au Modern Garage rue de l’alouette. Ces bolides sont arrivés par camions. Le pesage, le contrôle et la vérification des machines a lieu le samedi de 14 h à 17 salle Watremez rue de l’Hospice. On sait ce que gagneront les vainqueurs : pour le 1er : 300.000 francs, le 2e 150.000 francs, le 3e 100.000 francs, le 4e 80.000 francs, le 5e 50.000 francs. Pour le record du tour: 30.000 francs. Pour les mécaniciens, le 1er : 15.000 francs, le 2e 10.000 francs, le 3e 5.000 francs. La coupe Edmond Lefebvre sera attribuée au vainqueur de l’épreuve. La coupe Hector Franchomme au record du tour.

Pour accéder aux places, pour les pelouses, il y a deux entrées : avenue Gustave Delory et passage Loridan, la place est à 400 francs. Pour les gradins Edmond Lefebvre, l’entrée se situe rue Bossuet, la place est à 700 francs. Pour les gradins Franchomme, l’entrée est avenue Lacépède, la place est à 900 francs. On accède à la tribune Nadaud et à la tribune officielle par le boulevard de Paris.

Le vainqueur Sommer sur Ferrari Photo NE

Le départ est donné : Balsa accroche un autre concurrent, puis un peu plus tard, Heath est en panne au Fer à Cheval, Fourry l’amateur, aussi, les deux abandonnent. Sommer mène devant Manzon et Trintignant, puis Bracco, et Simon. L’argentin Pian abandonne sur problème mécanique.

Au 20e tour, Bracco et Simon abandonnent à leur tour. Plusieurs arrêts au stand pour Trintignant, alors troisième. Sommer est loin devant Manzon, et on lutte pour la troisième place : Abécassis, Trintignant, Balsa et Bonnet. Trintignant abandonne, puis Balsa, la troisième place se joue entre Abécassis et Bonnet. Trois tours avant la fin Abécassis qui était devant Bonnet, abandonne. Raymond Sommer est le grand vainqueur de l’épreuve devant Robert Manzon et René Bonnet.

Il y aura encore un grand prix automobile à Roubaix en 1952, le 14 septembre, qui sera remporté par Maurice Trintignant sur Gordini. Le dernier grand prix automobile de Roubaix aura lieu le 20 juin 1953 et sera remporté par René Bonnet sur Deutsch et Bonnet. Question de budget…

Formula E, la course de Formule 1 électrique, s’installe à Paris ce samedi 23 avril 2016 pour une course mémorable, autour de l’Esplanade des Invalides ! Une première exceptionnelle pour Paris, à ne pas manquer. Et pourquoi pas à Roubaix, où le circuit du Parc de Barbieux existe toujours ?

 

 

Vague de modernisme au boulevard de Paris

Dans les années 50 et 60 apparaît dans la presse l’idée de rénover le boulevard de Paris pour y construire une cité-jardin prolongeant le parc Barbieux, et pour cela, de « remplacer les immeubles existants par des bâtiments modernes, implantés de façon rationnelle » (La voix du Nord). On voit également se multiplier les demandes de permis de démolir pour certains immeubles anciens, difficiles à chauffer, dégradés, et dont la remise en état, selon les propriétaires, serait prohibitive.

C’est dans cette voie que s’oriente la société immobilière de constructions du boulevard de Paris, créée en 1955 par Albert Prouvost. (par ailleurs président du CIL de Roubaix-Tourcoing). Cette société à but non lucratif a pour Secrétaire général Cl. Diligent. Elle achète des immeubles situés en haut du boulevard, entre l’ancienne rue du manège (aujourd’hui Delattre de Tassigny) et le boulevard de Douai pour les démolir, et les remplacer par des immeubles de standing.

Les immeubles rachetés – document coll. Particulière
Les immeubles rachetés – document coll. Particulière

La première réalisation de la société sur le site est la résidence d’Armenonville, un immeuble de 11 étages et 63 mètres de long, offrant une soixantaine d’appartements luxueux allant du 130 mètres carrés au deux pièces pour célibataire. Ascenseurs, vide-ordures, chauffage par le sol sont de rigueur. On prévoit des duplex sur deux niveaux avec escalier intérieur. Elle doit être prolongée par une « cité marchande » au dessus de garages, et, le long du boulevard, par une aile à un seul étage composée d’habitations individuelles. La construction de l’ensemble, à l’ossature en béton armé est le fruit du travail des architectes Guillaume Gillet, grand prix de Rome, et Guy Lapchin.

La maquette du futur immeuble. Document la Voix du Nord
La maquette du futur immeuble. Document la Voix du Nord

On prévoit de poursuivre avec d’autres résidences. Un deuxième bloc côté boulevard de Douai et un troisième au coin de la rue de Barbieux et du boulevard de Douai. Il est également prévu un centre commercial côté avenue du Maréchal de Tassigny.

Les travaux démarrent fin 1956, salués par la Voix du Nord qui, soutenant le projet de rénovation complète du boulevard de Paris, explique : « La plupart de ces immeubles construits il y a seulement une soixantaine d’années sont d’un entretien très difficile…. Le moderne et son confort ont du bon. »

Document la Voix du Nord
Document la Voix du Nord

Le constructeur est la société civile immobilière de construction « la résidence d’Armenonville », dont le secrétaire général est M. Diligent (directeur de l’UMIC, liée à la CIL), et le président Philippe Motte.

L’achèvement des travaux est prévu pour 1958. Les acquéreurs peuvent obtenir un prêt complémentaire de l’UMIC si leur entreprise cotise à la CIL. Tous les appartements seront répartis en copropriété.

Document coll. particulière
Document coll. particulière

En 1960 la société est présidée par Philippe Motte. Devant le succès d’Armenonville, on démarre la construction du deuxième immeuble, la résidence Marly : deux bâtiments l’un de 11 étages perpendiculaire au boulevard de Paris et l’autre de deux étages le long de ce même boulevard. Elle a pour autre projet un immeuble, encore de 11 étages au coin de la rue Dammartin, cette fois-ci réservé aux bureaux et un centre commercial. Nord Éclair se réjouit de ce que, à la place des « beaux, mais vétustes immeubles… condamnés à la fois par l’âge et l’évolution actuelle… » sont édifiées des constructions où « …sont alliés le modernisme le plus poussé et les exigences du bon goût et de l’élégance des formes »

Photo Nord Éclair
Photo Nord Éclair

Les anciens immeubles, le long du boulevard cohabitent un moment avec les nouveaux, plus en retrait, avant de disparaître irrémédiablement. Le dernier, le 139 au coin du boulevard de Douai reste beaucoup plus longtemps. On le retrouve sur un cliché de 1980, caché par des affiches publicitaires, mais il finit par être abattu lui aussi.

Documents la voix du Nord 1960 et 1980.
Documents la voix du Nord 1960 et 1980.

Les photos suivantes, prises toutes deux du même endroit, nous poussent à nous demander si, tout en leur conservant leur aspect extérieur, on n’aurait pas pu tenter de rénover les immeubles existants en y installant des appartements dotés de tout le confort moderne …

Photos coll. Vanhove et archives municipales
Photos coll. Vanhove et archives municipales

 

 

Le mystère du vase de Sèvres

Parmi les monuments qui agrémentent çà et là le beau jardin, alias le Parc de Barbieux, se trouvait autrefois un imposant vase de Sèvres en grès céramique. L’auteur de cette œuvre était le sculpteur Gauvenet, entré à la Manufacture nationale de Sèvres en mai 1908, pour y être sculpteur de 1912 à 1925, puis artiste-sculpteur de 1925 à 1943. Il est l’auteur de nombreuses sculptures et formes, et notamment des vases.

Le pavillon des deux villes à l'exposition des arts décoratifs de 1925 Coll. Particulière
Le pavillon des deux villes à l’exposition des arts décoratifs de 1925 Coll. Particulière

Ce vase de couleur blanc crème provenait de l’Exposition des Arts décoratifs de 1925, à laquelle participèrent conjointement les villes de Roubaix et Tourcoing. Ses dimensions étaient considérables : 7 mètres 30 de hauteur, trois mètres de diamètre, à sa partie le plus ventrue. C’est une délibération du conseil municipal du 18 juin 1926 qui nous donne l’origine de la présence de cette urne monumentale. Il s’agit d’un don de l’État à la ville de Roubaix.

Le vase de Sèvres du Beau Jardin CP Méd Rx
Le vase de Sèvres du Beau Jardin CP Méd Rx

Nos édiles ne souhaitèrent pas le placer à l’intérieur du parc, dont il aurait immanquablement obstrué la vue. Ils préférèrent lui donner comme emplacement un rond-point situé en bordure de l’avenue Jean Jaurès, situé à égale distance de la Laiterie et de l’extrémité du parc côté Croix. C’était un des points les plus hauts du parc, qui conviendrait parfaitement à sa mise en valeur, sans gêner pour autant la perspective d’ensemble du parc. Il en coûta 12.200 francs pour installer ce monumental vase.

Victor Provo inaugurant le golf miniature Photo Nord Matin
Victor Provo inaugurant le golf miniature Photo Nord Matin

Il disparaîtra en février 1962, à cause de son mauvais état. Les concessionnaires du Bol d’Air utilisèrent son emplacement pour des pistes de pétanque plus prosaïques, la pelouse comprise entre le Bol d’Air et le vase étant reconvertie en un golf miniature. C’est un véritable centre de délassement, pour reprendre les termes de l’époque, que Victor Provo, maire de Roubaix,  inaugura début juillet de la même année. Le golf miniature et les cinq pistes de pétanque faisaient partie d’un ensemble de travaux comprenant également les nouvelles terrasses du Bol d’Air.

Le golf miniature Coll. Particulière
Le golf miniature Coll. Particulière

Quand les loisirs prenaient le pas sur les commémorations symboliques…

Un bol d’air dans le Beau Jardin

Près de dix ans après la démolition du cabaret de la Laiterie, le parc Barbieux manque d’animation. On évoque en conseil municipal l’installation d’une brasserie en novembre 1960, la création d’un centre de délassement en avril 1961. M. Horrent, rapporteur de la commission nommée à cet effet, remarque que « …la promenade pure et simple n’a plus l’attrait de jadis… » et déplore que le parc n’offre pas d’autres distractions. Il propose de créer des jeux pour enfants et adultes, ainsi qu’un établissement « attrayant et reposant » pour y « consommer en toute quiétude », et fait alors état de contacts avec la société anonyme « Loisirs et Sports », spécialisée dans ce domaine.

Cette société obtiendrait une concession de longue durée en échange de la construction des installations. La ville accorde cette concession pour une durée de quinze ans, et les travaux commencent très vite. Le maire de Roubaix inaugure les installations en juillet.

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Une première phase prévoit l’installation d’un embarcadère pour le canotage, des promenades en petit train et à dos d’animaux, et un établissement de consommation « pour l’attente et le repos ». On aménage les voies d’accès et les bords de l’étang, et on construit deux corps de bâtiments présentant un décrochement. Les barques sont installées et n’attendent plus que les plaisanciers. Une terrasse plantée de parasols prolonge les bâtiments.

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Cette première phase doit être complétée par deux autres, comprenant un golf miniature, une ou plusieurs salles de restaurant et de banquets, et des pistes de bowling.

Dans une édition de février 1962, la Voix du Nord salue le succès de l’établissement et annonce l’installation du golf miniature, l’extension des cuisines, et l’aménagement d’un sous-sol dans le bâtiment actuel. Le journal évoque par ailleurs la possibilité de construction d’un restaurant par la même société dans le centre du parc, près du kiosque à musique. Un bâtiment supplémentaire, présentant un deuxième décrochement est bâti dans l’alignement du précédent pour la saison 1962. Le golf miniature est installé près de l’embarcadère ; mais il n’est terminé qu’en fin de saison.

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En novembre de cette même année, on utilise le site pour des opérations de promotions : un défilé de modes, la présentation de la gamme Renault, avec, en vedette, la Floride…

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Les choses restent en l’état jusqu’en 1969, où on complète le centre avec une salle brasserie de 400 places. Le nouveau bâtiment est détaché du précédent. Placé le long de l’embarcadère, il en épouse la forme. Son ouverture a lieu fin juin, à temps pour la belle saison.

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Les documents proviennent d’une collection particulière, les journaux et délibérations des archives municipales.

 

 

 

La fin de la Laiterie

En 1907, la commission municipale du 8 février décide de la démolition de l’ancien cabaret des mille colonnes, placé au milieu du parc, et devenu trop vétuste. Dans son édition du 14 avril, le Journal de Roubaix explique qu’on déplacera le cabaret pour préserver « la superbe perspective ». Le nouvel établissement sera construit dans le massif de ceinture du parc avec sa façade sur l’avenue de Jussieu, presque en face du kiosque.

La Laiterie - document médiathèque de Roubaix
La Laiterie – document médiathèque de Roubaix

Cette situation excentrée devient cependant un inconvénient après la 1ere guerre lors du percement de l’avenue Jean Jaurès et le déplacement des voies du Mongy qui passent de l’avenue Le Nôtre à cette nouvelle artère. En effet, pour conserver un tracé rectiligne à celle-ci, on est contraint de la faire passer très près de l’arrière du débit de boissons, à tel point que la double voie du tram est obligée de faire un détour pour éviter la brasserie en empruntant la chaussée.

Photo IGN - 1950
Photo IGN – 1950

Au fur et à mesure que la circulation augmente, ce tracé présente des dangers d’accidents de plus en plus grands et oblige les wattmen à redoubler de vigilance en abordant cet endroit. Une carte postale nous montre les voies faisant une courbe pour éviter le café. Les poteaux supportant la caténaire indiquent bien leur position sur l’emprise de la route  :

Document coll. Particulière
Document coll. Particulière

En 1950, Nord Matin fait état de nombreux accidents, dont certains mortels, et nous apprend que la municipalité a décidé de supprimer l’établissement, envisageant de le remplacer plus tard par une nouvelle brasserie-restaurant, mieux placée pour attirer les roubaisiens et animer le parc.

Nord Matin 1950
Nord Matin 1950

La démolition a lieu, et une photo aérienne datée de fin mai 1951 nous montre l’ancien emplacement de la brasserie disparue. On y voit également que les voies ferrées contournent toujours la zone :

document IGN
document IGN

Très vite, on modifie le tracé des voies : pour les redresser, on les fait passer là où se trouvait la Laiterie.

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

On modifie également le carrefour, doté maintenant de deux branches en Y, et on installe près des rails, au milieu d’un massif, l’aubette en béton qui était placée un peu plus loin vers Roubaix.

documents Nord Eclair 1951 et Archives municipales 1953
documents Nord Eclair 1951 et Archives municipales 1953

Pourtant, ce nouveau carrefour s’avérera, lui aussi, très vite dangereux et, en 1957, on le modifie pour le simplifier. Il perd l’une de ses branches, qui sera transformée en parking, très vite réclamé par les utilisateurs du parc. Pour cela, il faut diminuer la largeur du massif de fleurs qui entoure l’aubette.

Photo IGN 1962
Photo IGN 1962

La situation va rester sans changement jusque dans les années 2000. L’aubette, supprimée, est remplacée par deux abris placés l’un côté Roubaix, l’autre côté Lille du carrefour.

L'ancien emplacement de l'aubette, et les deux abris – photos Google
L’ancien emplacement de l’aubette, et les deux abris – photos Google

 

 

Une ferme au Huchon

La cense du Huchon, qui a donné son nom au quartier, est très ancienne : en 1520 elle est tenue par Binet des Huçons. Elle est située près du chemin des Loups (dont la première partie conserve aujourd’hui le nom de la rue des Loups) non loin du chemin de Barbieux.

Plan cadastral 1805
Plan cadastral 1805

Au 18e siècle, la famille Lepers exploite la ferme, sans en être encore propriétaire. En effet, durant la révolution, celle-ci appartient au sieur Van der Cruisse émigré à l’étranger. Elle est alors rachetée par le censier Lepers qui la revend à son ancien maître à son retour de l’étranger. Celui-ci, pour le remercier, lui laisse la ferme et un verger, tout en gardant les terres. Les Lepers conservent la ferme tout au long du 19ème siècle, et finissent par acheter l’ensemble de la propriété. On trouve là successivement trois générations de cultivateurs du nom de Pierre Joseph Lepers, le dernier décédant en 1865.

Mais de profondes bouleversements menacent ce coin tranquille : il est question de tracer un canal entre la Deule et l’Escaut. Celui-ci s’arrête encore dans les années 1840 à la barque d’or, au bas de la rue du Moulin. Son prolongement vers Croix nécessite le creusement d’un souterrain sur le site de la ferme Le canal traversera ensuite l’actuel parc Barbieux.

Plan cadastral 1845
Plan cadastral 1845

Ce projet bouleverse une première fois l’existence de la ferme, dont une partie des terres doit être expropriée. Finalement les travaux de terrassement du tunnel sont arrêtés pour cause d’éboulements répétés, et le chantier reste « en plan » quelques années. Le projet est enfin abandonné en faveur d’un autre tracé et on décide, dans les années 1860, de la création du parc et d’une large voie, l’avenue de l’Impératrice, y conduisant. Cette avenue est rebaptisé boulevard de Paris après la fin de l’Empire. Plus tard, à la fin du siècle, est conçu également le projet de percement du boulevard de ceinture sur le site (boulevards de Cambrai et de Douai). Le tracé de ce dernier boulevard doit passer pratiquement sur la ferme, qui va connaître une deuxième expropriation et la cession d’une autre partie du terrain.

Projet de 1886 et ses deux options
Projet de 1886 et ses deux options

La propriété appartient alors à Marie Madeleine Villers, veuve de Pierre Joseph Lepers, cultivateur et dernier du nom. Ils ont eu quatre enfants, une fille et trois garçons. La veuve a quitté la ferme et habite en 1885 au 53, plus bas sur le boulevard. Les pourparlers pour les expropriations se poursuivent de 1889 jusqu’en 1893. Le boulevard de Douai est finalement tracé de façon rectiligne dans l’alignement de l’entrée principale du nouvel hospice : Il ne fait pas face au boulevard de Cambrai et épargne les bâtiments la ferme qui restent en place pour un peu de temps encore.

La situation en 1896
La situation en 1896

Le quartier prend à cette époque un caractère résidentiel et de beaux hôtels particuliers s’y construisent. Sur le coin, à l’emplacement de notre ferme s’installe la famille d’Ernest Roussel-Masurel avant 1900. En 1953, on y trouvera encore les familles Roussel-Masurel et Lefebvre-Masurel. La propriété étend son parc le long du boulevard de Douai jusqu’à la rue de Barbieux. L’occupation des locaux semble cesser entre 1960 et 1963.

 

La demeure Roussel-Masurel au 139 - Document P.Vanhove
La demeure Roussel-Masurel au 139 – Document P.Vanhove

En effet, le bâtiment ne survivra pas. Comme beaucoup d’autres boulevard de Paris, il est victime dans les années 60 d’une vague de démolitions liée à une aspiration au modernisme. Dès les années 50, un groupement, la « société immobilière de constructions du boulevard de Paris », se donne pour but de « remplacer les immeubles existants par des bâtiments modernes, implantés de façon rationnelle… » (La Voix du Nord du 25 février 1955). La première réalisation sur le site est la résidence d’Armenonville, qui va être suivie de plusieurs autres. Une photo aérienne de 1960 nous montre l’état des transformations. On y voit quelques hôtels particuliers survivants dominés par les nouveaux immeubles.

 

Photo La Voix du Nord - 1960
Photo La Voix du Nord – 1960

 Puis, on procède à la démolition du numéro 139, ce qui permet d’incurver le boulevard de Douai pour le faire déboucher en face de celui de Cambrai : il reprend le plan d’origine qui passe sur l’emplacement de l’ancienne ferme. Celle-ci continue pourtant à faire parler d’elle, puisque, en 1980, lors de travaux de réparation de la chaussée boulevard de Paris est mis au jour le puits de la la cense. On le comble alors, sans même entreprendre de fouilles. Aujourd’hui, à cet emplacement s’étend un espace vert.

 

La ferme et de son chemin d'accès replacés dans le quartier actuel. Photos Google et Jpm
La ferme et de son chemin d’accès replacés dans le quartier actuel. Photos Google et Jpm

Les autres documents proviennent des archives municipales.

 

 

Le 50 boulevard de Paris

Albert-Félix Prouvost fait construire sur les plans d’Achille Liagre une maison au 50 du boulevard de Paris, au coin de la rue Charles Quint. Elle sera terminée en 1889. Il l’habitera avec sa femme Marthe et ses enfants jusqu’à son décès. Selon Thierry Prouvost(1), le rez de chaussée était consacré aux enfants, les pièces où se tenaient les fréquentes et brillantes réceptions étaient au premier, et les chambres au second. Le grenier avait été reconverti en théâtre d’amateurs.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

A partir de 1930, l’hôtel appartient à Bernard Dhalluin-Lorthiois qui y réside jusqu’à la guerre. Après celle-ci, la maison est rachetée par un entrepreneur en menuiserie qui y installe son dépôt, mais qui, surtout, la dépèce pour en récupérer les richesses et les revendre morceau par morceau. La presse se fait l’écho de l’évènement.

Photos La Voix du Nord - 1960
Photos La Voix du Nord – 1960

 Pourtant l’immeuble, amputé de son clocheton, reste en place au milieu d’un parc en friche ; les photos aériennes successives nous le montrent encore au moins jusqu’en 1969.

Photo IGN 1965
Photo IGN 1965

Mais tout a une fin, la photo aérienne de 1971 nous permet de constater la démolition de notre hôtel particulier. En 1979, la société Le Toit Familial dépose une demande de permis de construire pour un immeuble qui sera situé du 44 au 48, c’est à dire jusqu’à la rue Charles Quint.

Le projet de 1979 – document archives municipales
Le projet de 1979 – document archives municipales

La construction a lieu, et c’est cet ensemble que nous trouvons aujourd’hui en face du Lycée Jean Moulin, à l’emplacement où Albert Prouvost s’installa presque un siècle plus tôt…

Photo Google
Photo Google

 

(1) le site de Thierry Prouvost (http://www.thierryprouvost.com/Boulevard-de-Paris-Roubaix-1912.html)