Gilbert Leman

Gilbert Leman est né à Mouscron le 24 Mai 1908. Dans les années 30, il habite rue du Collège, avec Angèle, son épouse. Dans les années 40, il est répartiteur de « produits de matière grasse », c’est à dire que c’est un grossiste, désigné par le Ravitaillement Général, pour fournir de la margarine et du saindoux à la population, contre des bons d’approvisionnement établis par le service compétent.

( Document coll. priv. )

Après guerre, il devient grossiste alimentaire ; il continue à vendre de la margarine et du saindoux et développe son activité en ajoutant des produits complémentaires : café, biscuits, chocolat, huile, vinaigre, boites de conserve…


( Document coll. priv. )

Il s’installe au 166 rue de l’Hommelet, et commence à vendre et à livrer ses produits aux épiciers de Roubaix, avec son camion. Malgré la situation économique difficile d’après guerre, les affaires de Gilbert se développent. Il embauche un représentant, un chauffeur et un magasinier. Angèle l’aide pour l’administration du bureau.

La façade actuelle ( Photo BT )

Au début des années 50, il demande aux Ets Kiebbe, rue de Rohan, un devis pour construire une charpente métallique dans la cour arrière, pour un montant de 350.000 Frs, afin que ce futur entrepôt puisse abriter le stockage de ses produits toujours plus nombreux.

L’année suivante, en 1951, il demande déjà, un permis de construire pour une extension de sa charpente métallique par la Sté Metallia, rue du Nouveau monde, pour un montant de 150.000 Frs.

Gilbert Leman ( Document A. Delporte )

En 1953, il fait percer le mur d’enceinte au fond de son terrain, ( donnant sur l’impasse Beaufort ), pour un meilleur accès des camions de livraison sur la rue Lacroix, afin d’atteindre plus facilement la place de la Nation.

Les affaires sont florissantes et les agrandissements successifs de l’entreprise de la rue de l’Ommelet ne sont pas suffisants. Le manque de place évident amène Gilbert à acheter, en 1955, un entrepôt, au 20 rue Richard Lenoir, local occupé autrefois par les Ets Leclercq, fabricant de caisses en bois.

Photos actuelles ( Document Google Maps et Photo BT )

Au centre de la façade, il y avait une porte cochère pour l’accès des camions ; à gauche il y avait l’habitation de Gilbert, Angèle et leur fille Annie, et à droite, se trouvaient les bureaux.

Ces locaux beaucoup plus spacieux, permettent à Gilbert Leman, dans les années 60, de développer sa gamme de produits en y ajoutant des produits d’entretien, des collants, des chemises, du couscous pour faire face à la nouvelle clientèle et, plus tard, des couches pour bébés.

Angèle et sa fille Annie dans l’entrepôt en 1957 ( Document A. Delporte )

Annie, la fille de Gilbert et Angèle, vient aider ses parents, à la fin les années 60, à la gestion du commerce, la facturation, la livraison des clients, les déplacements pour chercher les produits chez les fournisseurs très proches, comme les gaufres Rita rue Daubenton.

Pub 1968 (Document coll. Priv. )

Après le décès d’Angèle en 1969, Gilbert prend sa retraite en 1970. Leur fille Annie et son mari Jean-Bernard reprennent alors l’activité familiale. En 1975, 20 personnes travaillent désormais dans l’entreprise. Au début des années 80, les premières difficultés apparaissent. Le développement croissant des grandes surfaces alimentaires entraîne la disparition du petit commerce, et, par voie de conséquence, des grossistes alimentaires.

L’entreprise ferme ses portes en 1984. Le dynamisme d’ Annie et Jean-Bernard leur permet, fort heureusement, de trouver un emploi salarié très rapidement.

Le bâtiment de la rue de l’Hommelet est occupé, en 1968, par Guido Magris (monuments funéraires ) et aujourd’hui, par une entreprise de bâtiment. Celui de la rue Richard Lenoir est à ce jour transformé en salles de classe pour le Lycée professionnel St François d’Assise.


Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Annie et Jean Bernard Delporte-Leman pour la documentation et leur témoignage.


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Nations Unies : dernières démolitions côté nord

Les démolitions se poursuivent par la zone située entre la rue Blanchemaille et le pont Saint Vincent, constituée pour l’essentiel par l’hospice dénommé à l’origine Hôpital Napoléon, puis, à la chute de l’Empire, Hôtel-Dieu, et enfin hospice civil, et, plus récemment, hospice Blanchemaille. Il occupe depuis 1865 tout l’espace compris entre les rues St Vincent, Blanchemaille, Isabeau de Roubaix et de l’Alma. Le fronton qui surplombe l’entrée montre Isabeau de Roubaix soulageant la misère.

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Cet hospice a le grand tort d’avoir une de ses ailes sur le trajet direct de la future pénétrante. Il faudra évidemment la raser, mais on ne s’en tient pas là : la vétusté du bâtiment civil le plus ancien de Roubaix va entraîner sa démolition complète, la municipalité étant décidée à ne sauvegarder que le fronton de l’édifice. D’ailleurs, la construction de l’hôpital Victor Provo permet de faire de la place dans celui de la Fraternité où on pourra installer un service gériatrique qui accueillera une partie des pensionnaires, le reste étant installé à l’hospice Barbieux et au V360 du Carihem. L’hospice Blanchemaille est donc vide et vulnérable. On commence par démolir l’aile côté St Vincent de l’édifice, laissant en place l’autre aile ainsi que la façade principale, la cour d’honneur et la chapelle. L’édifice va rester ainsi amputé quelques mois avant de disparaître complètement du paysage roubaisien.

Photos IGN
Photos IGN

On remarque sur les photos de 1981 que l’hospice est amputé. Les pioches des démolisseurs ne dépassent pas encore la rue de l’Alma. La rue Saint Vincent reste intacte au delà, et présente toujours une rangée de maisons suivie des halles à marchandises. Rien ne presse, car les travaux pont sont au point mort. On attend que la SNCF effectue les travaux de pivotement de l’ouvrage pour le mettre dans l’alignement de la nouvelle avenue, et de construction d’un deuxième tablier à côté de l’ancien pour obtenir la largeur nécessaire. Ces travaux d’envergure vont durer plusieurs mois, au grand dam des automobilistes forcés d’effectuer un détour.

Photos IGN et la Voix du Nord
Photos IGN et la Voix du Nord

1982 voit la poursuite des travaux. L’hospice a fait place à un terre-plein, le bloc de maisons et la halle marchandises situés rue SaintVincent entre la rue de l’Alma et le pont disparaissent également ; et l’avenue, limitée à la rue de l’Alma jusque là, prend sa largeur définitive jusqu’au pont. L’ancien pont est réouvert à la circulation en décembre 1982, alors qu’on édifie encore le second tablier. C’est chose faite en 1983 : cette fois, les deux tabliers sont en place, et le goulot d’étranglement entre Roubaix et Tourcoing disparaît. L’ensemble des travaux sur le pont se terminent ; il ne reste, après la pose des canalisations, qu’à mettre les deux chaussées en service.

Photo Delbecq
Photo Delbecq

A suivre…

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix

Nations Unies : le projet se précise

La loi du 31 décembre 1966 prévoit la création de communautés urbaines dans plusieurs villes, dont Lille. Elles auront, en particulier dans leurs compétences le plan local d’urbanisme et l’habitat. C’est donc la nouvelle communauté urbaine qui va reprendre en 1969 le projet de rénovation de l’Alma-Gare, présenté par l’agence d’urbanisme. Dans ce projet, le pont St Vincent de Paul serait réorienté et doublé, l’hospice Blanchemaille disparaîtrait. L’atelier d’Urbanisme mis en place au niveau préfectoral prévoit deux voies nouvelles menant au futur centre complémentaire situé au delà de la gare, l’une de ces voies reliant le centre au pont Saint Vincent.

Les premiers travaux concerneront l’avenue de la République qui va être aménagée pour tenir sa place dans la nouvelle voie d’accès : La chaussée va notamment être élargie au détriment des trottoirs.

Photo Nord Matin 1965
Photo Nord Matin 1965

En 1972 on annonce que « l’opération Alma-Gare comprend la création d’une voie structurante, voie nouvelle qui joindra le centre de Roubaix à Tourcoing soit par la place de la liberté, soit, plus loin par la rue Pierre de Roubaix et la rue de l’Hommelet, qui franchira les voies ferrées par un ouvrage nouveau conçu aux dimensions modernes ».

Nord Éclair présente en décembre 1972 l’état du projet. La pénétrante frôle l’hospice Blanchemaille et, passant sur l’église Notre Dame, aboutit quasiment en ligne droite au carrefour des rues Pellart du Curé et du Vieil abreuvoir. Elle doit ensuite emprunter la rue Pellart et se raccorder à la grand rue par deux « antennes », l’une suivant la rue de l’Hommelet, pour se raccorder à la rue Pierre de Roubaix l’autre la rue Pauvrée pour aboutir à la place de la Liberté. Cette voie nouvelle aura une largeur de 30 mètres et comportera un terre-plein central où circuleront les autobus.

Document Nord Éclair 1972
Document Nord Éclair 1972

Les choses avancent de manière significative, et une première tranche de réalisation est inscrite au sixième plan ; il est question de lancer les acquisitions avant 1975.

On cherche à mettre au point un plan d’ensemble pour un secteur qui représente 50 hectares entre l’avenue Jean Lebas et la rue de Tourcoing. Le secteur devient une zone d’aménagement différé (ZAD) : la communauté peut exercer un droit de préemption sur les propriétés mises en vente. Le projet s’est en effet enrichi et on parle maintenant de rénovation Alma-gare-Notre Dame. On y intègre en 1973 le projet de métro qui doit relier la place de la liberté et Tourcoing. Cette ligne, venant de Lille le long de la ligne de Mongy, suivra la direction de la nouvelle pénétrante vers Tourcoing en passant par le boulevard de la République. On ne sait d’ailleurs pas encore si ce métro sera aérien, en surface, ou en souterrain.

 Document Nord Eclair 1973

Document Nord Eclair 1973

 

On prévoit de démarrer les chantier Alma-Gare avant la fin de l’année. La ville procède au recensement des îlots « à forte majorité d’état insalubre » pour faire établir un schéma d’aménagement sous la responsabilité de M. Deldique, architecte-urbaniste. Le premières expropriations ne devraient pas se faire attendre, le ministre ayant « pris en considération l’opération ».

Alors que les études se poursuivent, 1974 voit fleurir les pétitions en faveur de la sauvegarde de l’église Notre Dame. L’association amicale Notre-Dame est créée, qui fait entendre sa voix.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

 

Les premières décisions sont prises et la communauté urbaine décide en 1973 d’acquérir les immeubles pairs rue Pierre de Roubaix entre la grand rue et le boulevard Gambetta et en 1976 rue de l’Hommelet entre la rue du Ballon et la grand rue pour prévoir le passage de la pénétrante.

Le projet continue à évoluer : la largeur de la future avenue sera portée à 40 mètres, avec 2×2 ou 2×3 voies et un espace pour le transport en commun (Mongy qui relierait directement Roubaix à Tourcoing ou encore métro…)

La suppression de Blanchemaille semble liée à la construction du nouvel hôpital, mais les plans montrent qu’il est possible d’en sauvegarder l’essentiel. Notre Dame échappe à la destruction : la voie nouvelle ne fera que la longer. Un collège va prendre place au creux du coude formé par cette artère. Finalement, on abandonne l’idée de déboucher sur la place de la Liberté. La pénétrante va parcourir un grand S et aboutir directement grand rue par la rue de l’Hommelet.

Document Nord Eclair 1976
Document Nord Eclair 1976

A suivre…

Tous les documents proviennent des archives municipales

100 ans avant les Nations Unies

Dès la fin des années 1860 on recherche une voie de communication plus directe entre les centres de Roubaix et de Tourcoing que la route n°14, ou rue de Tourcoing. Les deux municipalités se concertent et, en Mai 1872 se réunit le conseil municipal roubaisien pour voter un projet d’ouverture de voie entre le boulevard d’Armentières et le champ des Nonnes à Tourcoing. Au mois de juin M. Motte-Bossut, rapporteur d’une commission d’examen nommée à cet effet, donne lecture d’un rapport sur le sujet. Il souligne l’accord entre les deux villes pour partager le coût de la réalisation. On pense notamment construire un pont, comptant une participation financière de l’État.

Plan 1872
Plan 1872

En ce qui concerne le territoire de Roubaix, la voie emprunterait la rue d’Alsace alignée à 20 mètres de large. De même, il faut élargir la place de la Patrie.

Passage obligé de la voie nouvelle, le pont St Vincent a été construit en 1863. Il est très étroit, au point de susciter les critiques de tous par son côté peu pratique et les dangers que représentent ses garde-corps à claire-voie. La municipalité, relayant les pétitions des habitants, va réclamer qu’on double la largeur du pont pour la porter à 15 mètres. La compagnie des chemins de fer est prête à accéder à cette demande, pourvu que la ville finance les travaux.

Le pont en 1867
Le pont en 1867

Le projet comprend également l’élargissement de la rue St Vincent qui passerait de 12 à 15 mètres en mordant sur l’école des filles et sur l’hôpital.

Enfin, on prévoit la prolongation de cette rue au delà de la rue de Blanchemaille jusqu’à la rue de l’Ermitage et l’église Notre Dame, au chevet de laquelle on veut créer un élargissement facilitant l’écoulement de la circulation. C’est là le « gros morceau » du projet : en effet, il faut pour opérer cette prolongation traverser deux pâtés de maisons séparés par la rue St Honoré. Le premier, outre les maisons en front à rue, comprend plusieurs courées, et notamment les cours Joye, Duquenne, Delobel et Vandekerkhove, situées sur le passage de la voie nouvelle.

Plan parcellaire 1872
Plan parcellaire 1872

Pour le deuxième bloc d’immeubles, et hormis les maisons en front à rue, le tracé passe sur un jardin, des hangars, mais aussi au beau milieu du tissage Grimonprez et traverse les maisons d’extrémité de plusieurs courées avant de déboucher derrière l’église.

Plan parcellaire 1872
Plan parcellaire 1872

Cette prolongation aura certes un coût élevé, mais on pense qu’elle est nécessaire pour compléter l’avenue nouvelle qui reliera directement les centres villes. L’ensemble du projet est adopté par le conseil municipal le 17 juin 1872. Le préfet lance l’enquête d’utilité publique en mai de l’année suivante.

Dans les années qui suivent, on multiplie études et états estimatifs fondées sur les plans parcellaires, on rachète les parcelles nécessaires à l’élargissement de la rue St Vincent. 1878 voit une nouvelle enquête d’utilité publique pour la prolongation qui conclut encore à son bien fondé.

La rue St Vincent vue depuis la rue de Cassel. Au fond, les bâtiments à abattre
La rue St Vincent vue depuis la rue de Cassel. Au fond, les bâtiments à abattre

Cependant, le projet de prolongation ne voit pas le jour, les priorités de la municipalité se portant plutôt alors sur le percement de l’avenue de la Gare, dont l’avant-projet datant de 1871 entre à la fin des années 1870 dans une phase de concrétisation qui débouchera sur les premiers coups de pioche en 1882. On estime sans doute que le trafic pourra rejoindre le centre en empruntant l’avenue nouvelle rejoindra par la rue de l’Alma ou celle de Blanchemaille.
Pourtant un partie du projet se réalise et le journal de Roubaix annonce en 1888 l’élargissement du pont à 15m, la ville ayant accepté de financer cet aménagement. La réception de ces travaux en 1891 clôturera le projet de « l’avenue de Tourcoing » qui aura quand même permis de créer une rue d’Alsace bien dimensionnée et d’élargir la rue St Vincent d’une manière significative.

Le premier pont St Vincent élargi, démoli en 1918
Le premier pont St Vincent élargi, démoli en 1918

En ce qui concerne la prolongation de la rue St Vincent, il faudra attendre un siècle pour que, le projet revenant au goût du jour, elle se réalise finalement avec le percement de l’avenue des Nations Unies…

Les documents proviennent des archives et de la médiathèque municipales

Nations Unies : origine du projet

Les rues de Roubaix ont été tracées un peu au hasard, au fur et à mesure des besoins et au gré de l’implantation des usines. Malgré des efforts de redressement et d’élargissement constants depuis le dix neuvième siècle, elles sont relativement étroites et peu propices à la traversée de la ville.
Dans les années 50, l’artère principale de la ville, constituée par les boulevards Gambetta, Leclerc et de Paris, est un peu le fruit du hasard : elle a pu être constituée sur l’ancien canal, remblayé. Très large, elle permet de relier pratiquement en ligne droite la route de Lille et celle de Belgique par rue principale de Wattrelos.
Pour ce qui est des relations Roubaix-Tourcoing, la seule voie large est celle constituée par les boulevards de Strasbourg et de Metz, prolongée jusqu’à celui de Beaurepaire par celui de Colmar, grâce à l’élargissement récent de la rue Nadaud. Elle a l’inconvénient de ne desservir directement ni le centre de Roubaix, ni celui de Tourcoing. L’accès direct au centre de Tourcoing pourrait être le boulevard de la République et le Pont St Vincent, mais cet itinéraire se perd dans le dédale des petites rues du quartier Notre Dame. La rue de Tourcoing manque de largeur et, après la Fosse aux chênes, oblige à emprunter soit la rue du Collège soit les rue Pellart ou des Lignes. La voie large et moderne qu’est l’avenue Jean Lebas bute d’un côté sur le bâtiment de la gare, et de l’autre sur la Mairie.
Les accès au sud-est se limitent aux rues Pierre de Roubaix et de Lannoy -la seconde menant directement au centre- mais leur étroitesse est un fort handicap…

Roubaix en 1936 - Document coll. particulière
Roubaix en 1936 – Document coll. particulière

Les projets d’urbanisme d’après guerre ne visent pas l’amélioration des communications, mais sont centrés sur l’amélioration de l’habitat par la création d’ensembles collectifs. Ces constructions, terminées à la fin des années 50, vont faire place à d’autres types de réalisations.
Dès 1957 divers projets d’urbanisme apparaissent, dont la priorité reste la disparition des îlots insalubres. En 1960 sont publiés une série d’articles dans la presse. On y évoque les liaisons de Roubaix avec le futur réseau d’autoroutes, mais surtout la suppression des taudis de l’îlot Anseele et leur remplacement par des logements modernes aux trois ponts, bien qu’on on envisage également le remplacement du pont Nyckes pour prolonger le boulevard Gambetta vers Wattrelos.

Alors que ces projets sont en bonne voie, une grande opération en 1962 concerne le périmètre Gare-Alma-Notre Dame. Cette zone va faire l’objet d’une enquête prévisionnelle pour connaître « le plan d’occupation des sols, le tracé des voies, et l’emplacement des services publics nécessaires à la vie propre du quartier, les mesures de sauvegarde à l’égard des constructions à maintenir ou à construire aux abords de la zone à rénover ».

Document la Voix du Nord 1962
Document la Voix du Nord 1962

C’est la première fois à Roubaix qu’on lie dans des projets rénovation de l’habitat et création d’une voie moderne de communication. 1965 voit un projet issu de l’atelier d’urbanisme, prévoyant la création de deux voies, dont l’une se dirigerait depuis le centre vers le pont St Vincent, point de passage idéal vers le centre de Tourcoing. L’idée est cette fois, au lieu d’élargir les voies existantes, d’en percer de nouvelles à travers les îlots vétustes et insalubres qu’on va reconstruire en adoptant des normes actuelles. Les projets vont alors se succéder tout en se précisant…

Le carrefour Bd Gambetta-rue Pierre de Roubaix, vers l'Hommelet- la Voix du Nord 1971
Le carrefour Bd Gambetta-rue Pierre de Roubaix, vers l’Hommelet- la Voix du Nord 1971

 

 

Braderies

Après la seconde guerre, on dénombrait à Roubaix une vingtaine de braderies, dont les dates étaient fixées avec la municipalité, et qui constituaient des animations de quartier fort courues. Une braderie, aussi appelée ailleurs vide-greniers, foire aux puces, bric-à-brac, troc et puces, est un rassemblement populaire au cours duquel des particuliers exposent les objets dont ils n’ont plus l’usage afin de s’en départir en les vendant aux visiteurs. Par extension, et avec le temps, une braderie est devenue une manifestation commerciale se déroulant le plus souvent en plein air et permettant aux commerçants de liquider leurs marchandises à prix bas. En 1950, le quartier Alma-Fontenoy proposait  trois événements de ce genre : une braderie rue du Fontenoy, le 2e samedi de juillet, une braderie Alma Fontenoy, le lundi de la fête des fabricants, et une braderie rue Blanchemaille, le 1er samedi de septembre.

On peut supposer que la première braderie citée se situait place du Fontenoy, alias le marché des « noirtes femmes », autrefois cœur du quartier, et qu’elle s’étendait dans les rues avoisinantes,  rue de France, rue de Toulouse, rue Jacquart. Les lieux ont beaucoup changé, la place n’existe plus et la braderie elle-même n’est plus répertoriée au début des années soixante. De nos jours, une braderie brocante organisée rue de France le 1er mai perpétue cette animation. Autrefois le 1er mai était la date de la braderie de la rue du Collège.

Braderie rue de l'Alma en 1950 Photo NE
Braderie rue de l’Alma en 1950 Photo NE

La seconde braderie, dite Alma Fontenoy, s’est très longtemps tenue dans la rue de l’Alma, importante artère commerçante de Roubaix, de la rue Saint Vincent de Paul (aujourd’hui avenue des Nations Unies) jusqu’à la rue du Fontenoy, voire plus loin. Le nombre des cafés, des commerces, la présence de la Redoute, du cinéma le Royal, ont fait que cette braderie était fort fréquentée dans un quartier à forte densité de population, cela avant l’opération dite Alma Gare.

Braderie rue Blanchemaille en 1950 Photo NE
Braderie rue Blanchemaille en 1950 Photo NE

La troisième braderie de la rue de Blanchemaille, rappelle le caractère commerçant de proximité de cette rue, notamment dans sa partie entre la rue Saint Vincent de Paul et la rue Archimède. L’extension des locaux de la Redoute entraînera la transformation progressive de la rue du Fontenoy et de la rue de Blanchemaille. La braderie n’apparaît plus dans les années soixante.

On le voit, les braderies n’étaient pas l’apanage des grandes rues commerçantes de Roubaix. Certaines ont pu garder le côté animation de quartier qui les caractérisait. En effet, les braderies sont souvent associées à des fêtes ou à des animations de quartier, dont elles figurent bien souvent le moment de clôture. Des vingt braderies répertoriées en 1950, signalons qu’il en existe encore seize en 2015, mais peu dans les quartiers nord. Sans doute cela résulte-t-il des modifications urbanistiques du quartier, mais également de la disparition des commerces de proximité, qui commence au début des années soixante, avec l’apparition des grandes surfaces à l’orée de la ville.


Sources Nord Éclair, Ravet Anceau 1961