À la mémoire des résistants

Léon et Bernard Wolf doc NM

En ce mois d’août 1945, les leersois rendent hommage à la mémoire des résistants assassinés par les nazis. Une grande manifestation va être organisée par les Jeunesses Socialistes en hommage à Léon Wolf secrétaire de la section socialiste et Bernard Wolf secrétaire des Jeunesses Socialistes et de l’intercantonale de Roubaix, tous deux assassinés dans les bagnes nazis. Ils associent à cette manifestation Édouard Dubrunfaut des Jeunesses Socialistes de Leers dont on est encore à ce moment sans nouvelles. Ardent propagandiste du Parti Socialiste, résistant de la première heure, il fut arrêté par la Gestapo le 13 juillet 1943 en même temps que Pantigny, Wolf, Thiberghien (tous décédés depuis) Coquerel et Delabre. Il fut jeté en prison et odieusement torturé par les brutes nazies. Transféré dans divers camps, il a été vu la dernière fois en avril dernier à Buckenwald par Eugène Thomas. Des recherches entreprises par le Ministère des Déportés sont jusqu’alors demeurées vaines mais ses nombreux amis espèrent encore son retour.

Émile Dujardin résistant doc NM

Avant que cette manifestation du souvenir ait lieu, on apprend le décès d’Émile Dujardin. Depuis quelques semaines le bruit courait, mais nul n’osait y croire. Il n’y a plus de doute à présent. Un camarade de captivité vient de confirmer la triste nouvelle. Né le 26 août 1912, Émile Dujardin était dès son jeune âge membre du Parti Socialiste. Colporteur actif des idées socialistes, il fut mobilisé en septembre 1939 au 90e bataillon de chasseurs à pied. Fait prisonnier en juin 1940, il fut interné au Stalag IX A. Après 45 mois d’une dure et pénible captivité, il devait décéder le 20 mars 1945, victime d’un bombardement anglo-américain. Il sera associé à l’hommage de la manifestation souvenir du 19 août.

Augustin Laurent, Victor Provo et Léandre Dupré doc NM

Le dimanche 19 août, une émouvante manifestation se déroule à Leers où plus de 3000 personnes venues de toutes les communes environnantes se sont rassemblées en cortège derrière la clique Les Volontaires de Leers et la Fanfare La Paix de Roubaix. Les drapeaux d’une trentaine de sections flottent en tête du défilé. Parmi les personnalités, on reconnaît Augustin Laurent ancien ministre des PTT, A. Van Wolput, Just Evrard, Émilienne Moreau membres de l’assemblée consultative, Victor Provo maire de Roubaix, Marcel Guislain président de l’association des déportés, Camille Delabre et René Coquerel compagnons de captivité de Léon Wolf, A. Delebecque, secrétaire administratif de Nord Matin, le docteur Léandre Dupré, M. Dequenne maire de Flers, Lepoutre de Libé-Sud et le conseil d’administration de la caisse d’épargne sociale Le Travail.

Le cortège dans lequel a pris place la famille se rend au cimetière communal où une plaque et des fleurs ont été déposées au monument aux morts. Henri Sury de la fédération des Jeunesses socialistes et A. Van Gysel président du comité de Libération au nom de la section rendent un suprême hommage à ceux qui sont morts pour la France et le Socialisme.

Puis place Sadi Carnot a lieu un grand meeting. Augustin Laurent parle du rôle joué dans la clandestinité par ces héros de la Résistance dont on honore la mémoire. Pour leur rester fidèles, il faudra établir la France sur des bases solides qui ne peuvent être que socialistes. Roger Impens des Jeunesses Socialistes rappelle combien les socialistes et notamment les jeunes ont été nombreux dans les rangs de la Résistance et réclame pour ces combattants le droit à une vie normale et à l’éducation. Henri Massein secrétaire fédéral des J.S. de son côté salue la mémoire des camarades et réclame pour la jeunesse ouvrière l’échelle mobile des salaires et son droit au travail. Marcel Guislain parle ensuite de l’action menée dans la clandestinité par les Wolf, Dubrunfaut et bien d’autres. Leur tâche n’est pas terminée, déclare-t-il, il faut travailler pour instaurer la société socialiste qui nous débarrassera du capitalisme. C’est ainsi que nous resterons fidèles à l’idéal pour lequel nos camarades sont morts. Victor Provo associe à la mémoire des Wolf tous ceux qui ont fait le même sacrifice dans le combat pour la liberté. Le Parti fut dès le début au premier rang de la Résistance et peut réclamer sa place dans l’avenir du pays. Il termine en évoquant la grande figure de Jean Lebas, lui aussi victime du fascisme. Just Evrard qui fut le compagnon de Bernard Wolf dans la Résistance évoque le rôle joué à Lyon par ce héros. Devant le sacrifice de tels hommes, dit-il, nous ne pouvons désespérer des destinées de notre parti. Evrard insiste sur le sens de la prochaine consultation électorale qui assurera les idées de l’internationale socialiste. Il termine par ces mots : si le peuple ne vient pas au socialisme, tous nos morts seront tombés une fois de plus pour le capitalisme. Camille Delabre clôture cette cérémonie en demandant à tous de se mettre au travail pour le triomphe du socialisme. Et la foule se disperse en chantant l’Internationale.

Édouard Dubrunfaut résistant doc NM

Quelques jours après cette cérémonie du souvenir on apprend d’une camarade de captivité demeurant à Bruxelles la triste nouvelle du décès d’Édouard Dubrunfaut à la mi-avril 1943 en Tchécoslovaquie, des suites des privations et mauvais traitements de la barbarie nazie.

Chantiers leersois 65-66

Février 1965, l’administration municipale leersoise a réussi à équilibrer son budget, alors qu’elle a mis en chantier pour 130 millions de travaux. André Kerkhove, le maire de Leers fait le point sur les différents chantiers avec la presse. Ce sont d’abord de nouvelles voies qui ont été créées. Dans le quartier du centre, une nouvelle artère va relier la Place Carnot à la Croix des Bergers (rue Léon Gambetta), il y a aussi la rue Roger Salengro qui relie la rue de Néchin à la rue Molière, et la rue Clémenceau.

Travaux rue de Wattrelos photo NE

Puis il y a les rues qui ont été refaites : la rue du Général de Gaulle, la rue Jean-Jaurès, la rue Joseph Leroy. Actuellement en cours de réfection, la rue de Wattrelos sur toute la longueur. Le re-profilage de la place Carnot a été achevé à la satisfaction générale. Un peu partout des élargissements de voies ont été réalisés. Le réseau d’électricité est désormais assuré par des câbles souterrains. La commune est à présent totalement électrifiée. Le problème de l’extension du réseau d’eau potable est résolu. Un important programme de travaux d’assainissements (pose d’aqueducs) commencé en 1965 sera terminé en 1966. La réfection des trottoirs suivra.

Les logecoop de 1966 photo NE

La question du logement est l’un des principaux soucis de l’administration leersoise qui suit plusieurs projets actuellement en cours d’exécution. C’est ainsi que dans le quartier autour de la rue Pierre Catteau, trente deux logements seront habités au printemps prochain.

derrière l’église, le lotissement de 64 maisons et le collectif de 21 appartements Coll familiale

De son côté la Maison Roubaisienne fait construire derrière l’église au lieu dit le Village un groupe de soixante-quatre logements, en accession à la petite propriété. Au même endroit, on a prévu la construction d’un petit collectif de vingt appartements pour jeunes ménages. L’office HLM doit entreprendre en 1966 un programme de quatorze logements locatifs qui complètera le groupe d’habitations de la rue du Capitaine-Bauwens.

les dominos leersois aujourd’hui photo Google maps

Enfin, sur une initiative de M. André Kerkhove, l’administration a été amenée à se prononcer sur un projet de construction de logements pour personnes âgées (dits dominos) qui comprendra quarante cinq logements de plain-pied. Il y aura également une salle de réunions et une salle de soins incluses dans l’ensemble présenté par l’architecte M. Pucheaux. Ces logements seront construits par la Société anonyme d’HLM pour l’amélioration de l’habitat de la région du Nord à Roubaix. Les travaux débuteront dans un mois sur un terrain situé entre les rues Victor-Hugo et Franklin.

D’après NE

Les palmes académiques pour Edgar Deffrenne

C’est au mois de mars 1963 qu’Edgar Deffrenne, président de l’amicale laïque mixte de Leers, reçoit les insignes de chevalier des Palmes académiques des mains de M. Gaston Devriendt, sous directeur du lycée technique Turgot à Roubaix, son parrain dans l’ordre.

Étaient présents dans la salle du cinéma Réal rue Joseph Leroy, MM. Duchatelet représentant le bureau de l’Union des amicales laïques du Nord, Pottier, Président de la Fédération des amicales laïques du canton de Lannoy, Decoster, secrétaire et les membres du bureau de l’amicale de Leers, ainsi que Melle Leroy déléguée cantonale.

M. Henri Heye le premier remercie les personnalités et exprime sa sympathie pour le récipiendaire. Quelques personnalités sont excusées, M. Kints inspecteur primaire et Kerkhove maire de Leers. M. Decoster secrétaire de l’amicale et directeur de l’école de Leers, trace un portrait fidèle de son président honoré ce jour, bien connu de tous ses concitoyens. Il rappelle que M. Deffrenne est le petit-fils de M. Joseph Leroy qui fut maire de Leers pendant un certain nombre d’années. Il évoque l’attitude courageuse de M. Deffrenne durant la dernière guerre et sa volonté sitôt la Libération d’assurer un plus grand rayonnement de l’école publique.

Au nom de la Fédération des combattants républicains, M. Gaston Fiévet apporte le salut de cette organisation et rappelle l’action héroïque de M. Deffrenne pendant les durs combats de mai et juin 1940. Mais c’est surtout sur le rôle joué par lui comme président de la section locale des combattants républicains qu’il met l’accent en associant dans son hommage Mme Deffrenne.

Après la remise des insignes de son nouveau grade, Edgar Deffrenne remercie tous les amis venus lui apporter les marques de leur estime. On remarque la présence de MM Jean Delvainquière maire de Wattrelos, Kléber Sory et Georges Pluquet adjoints au maire de Roubaix, André Desmulliez maire de Lys, Roger Six président de la FAL de Roubaix, Dequesnes secrétaire cantonal du Parti Socialiste…

D’après La Voix du Nord

Leers haut lieu de concours halieutique

Les participants au concours international de Leers photo NE

Cent quatre-vingts pêcheurs ont participé au concours international du Grimonpont en ce mois d’août 1956. Ils venaient de 22 sociétés de Lille, Roubaix, Tourcoing et de Belgique participer à cette épreuve dotée de 33.000 francs de prix et de nombreux lots offerts par les sociétés. Ce concours a été organisé par les Goujonneux du Grimonpont dans le canal de Roubaix au lieu-dit du Grimonpont. Il a été mis sur pied par un comité placé sous la présidence d’honneur de M. Ferdinand Knoff et comprenant MM. Henri Pernoit, président des Goujonneux du Grimonpont, M. Paul Olivier vice président, Gustave Landrieux secrétaire et André Deronne trésorier.

Le contrôle des opérations était effectué par les membres de la société et la commission du Syndicat de Roubaix Tourcoing. Le pesage et la remise des prix ont lieu au café Deronne 94 rue de Wattrelos à Leers. Parmi les sociétés représentées, on trouve le Poisson d’Or de Roubaix, vainqueur de l’épreuve, l’Ablette de Roubaix, le Brochet argenté, la société d’Herseaux, les Municipaux de Lille, l’Amicale du Blanc Seau, l’Union Sportive de Tournai, les Joyeux Pêcheurs d’Ypres…

Le canal et les pêcheurs doc NE

L’année précédente, les berges du canal avaient accueilli plus de 200 pêcheurs qui pendant 90 minutes ont taquiné le goujon. Deux autres concours avaient précédé l’épreuve internationale. Le premier doté de la coupe Ernest Renard fut disputé entre 10 heures et 10 heures 30 entre huit sociétés du syndicat et fut remporté par le Brochet Argenté de Roubaix. Un challenge opposa ensuite dix pêcheurs de Roubaix à un nombre égal de pêcheurs lillois. Les Roubaisiens l’emportèrent de haute lutte.

Le concours international fut remporté par Charles Delzenne aux points avec le prix du plus gros poisson, le seul qu’il ait d’ailleurs pêché. Le Brochet Argenté de Roubaix s’est vu attribuer la coupe réservée à la société ayant trois de ses pêcheurs les mieux classés. Les Pauvres Pêcheurs Leersois (Belgique) enlevèrent la prime à la société belge la plus importante en nombre de sociétaires présents. Les dames furent également à l’honneur, la première place revenant à Mme Suzanne Maliar des Municipaux de Lille suivie par Mmes Béghin et Laurent du Poisson Rouge de Roubaix. À l’issue du concours une cordiale réception réunit concurrents et concurrentes dans le coquet jardin du café Deronne siège de la société Les Goujonneux du Grimonpont.

Les Pauvres Pêcheurs Leersois doc NE

La même année se déroule le traditionnel championnat annuel en territoire belge aux abords du café Louis Vantieghem, le président d’Honneur des Pauvres Pêcheurs leersois dont le siège se trouve au café Desmet à Leers-France. Deux heures durant, les concurrents s’affrontent et sont classés au poids et en points.

A propos du Nouveau Jeu

Voilà un quartier de Leers qui a disparu des plans cadastraux et de la mémoire des leersois. Le Nouveau Jeu. Depuis quand existait-il ? Où se situait-il ?

Le 17 juin 1850, c’est le début de la construction du pavé de Lannoy à Leers, pavé communal, célébré par les sociétés du village. Cette route passe au carrefour formé par les rues d’Audenarde, Longue Rue, futures rues Victor Hugo et Jules Leroy, c’est à dire par le Nouveau Jeu qu’elle effleure. Le Nouveau Jeu semble être antérieur à 1850, il existe bien avant la création de l’usine Motte-Bossut. Il se situe dans l’angle formé par la Longue Rue et la rue d’Audenarde.

Le Nouveau Jeu en 1890 site ADN

Pourquoi ce nom de nouveau jeu ? Une nouvelle activité s’est-elle installée là, bourles, tir à l’arc… La présence d’une société des bourleurs du Nouveau Jeu lors de la célébration de ce nouveau pavé laisse à penser que ce pourrait bien être l’origine du nom du quartier.

En 1901, le quartier du Nouveau Jeu est celui qui possède le plus de maisons et donc d’habitants. Le chef lieu est alors formé de la Place, la Longue Rue, le Nouveau Jeu, le Petit Tourcoing et la Mottelette. Le Nouveau Jeu compte 112 maisons contre 108 à la Place et 108 à la Longue Rue.

En 1906, le Nouveau Jeu est toujours un quartier important mais la Longue Rue l’a dépassé en maisons (la longue rue, future Rue Joseph Leroy) 136 maisons contre 113, le même nombre que la place. Cela veut-il dire que le Nouveau jeu a atteint son apogée en tant que quartier ?

En 1906, parmi les 113 maisons malheureusement dépourvues de numérotation, on trouve dans l’ordre d’apparition dans la liste : la Veuve Leblois cabaretière, Decalonne boulanger, Delreux coiffeur cabaretier, Elisa Rosier cabaretière, Julie Druon cabaretière, Jules Nys gérant coopérative, Henri Quique cordonnier, Jules Spriet boulanger cultivateur, Jules Deprat secrétaire de mairie, Léon Sheerspereil sabotier, Louis Decourcelle marchand de légumes cabaretier, Joséphine Duhem cabaretière, Jules Cardon boucher charcutier, Marie Marécaux épicière, Jules Plouvier cabaretier, Alfred Couque cordonnier cabaretier, Léo Fremont pharmacien, Jules Dereux fermier. Parmi les habitants du Nouveau Jeu, une centaine d’entre eux travaille à l’usine Motte-Bossut toute proche. Une vingtaine à l’usine Parent.

à gauche de l’usine, les premières maisons du Nouveau Jeu doc Leers historique

Pendant la première guerre, le Nouveau Jeu subit les bombardements allemands, dont les batteries sont installées au Mont de la Trinité (Mont Saint Aubert). L’abbé Monteuuis raconte : dans cette nuit du 5 au 6 novembre 1918, il se passa des scènes d’horreur dans tous les coins du village, car les obus étaient tombés dans toutes les directions : à la Petite Frontière, au Vieux-Bureau, à la Croix des Bergers, au Nouveau Monde, au Petit Tourcoing, au Lestocoi, au Nouveau Jeu, à la Mottelette et sur la place, tout à côté de l’église.

En 1926, le Nouveau Jeu n’affiche plus que 53 maisons ! La guerre est sans doute passée par là. En 1926, parmi les 53 maisons, elles sont à présent numérotées, on trouve Auguste Vandeputte marchand de moutarde au n°81, et Elise Verbeck épicière cabaretière au n°115. La numérotation va de 34 à 117. On peut dénombrer huit habitants qui travaillent à l’ELRT, sans doute dans le dépôt tout proche.

En 1931, le Nouveau Jeu n’apparaît plus en tant que tel. De nombreuses rues sont nées. Ainsi la Longue Rue est-elle devenue la rue Joseph Leroy. La rue de l’église est la rue Thiers. Et la rue d’Audenarde sera bientôt la rue Victor Hugo.

Sources

Lucien Demonchaux Leers et les leersois édité par l’ Association Leers Historique

Abbé Monteuuis Sous le joug allemand

ADN : listes de recensement 1901, 1906, 1926.

Les Mimosas du 7 rue Victor Hugo

Les parents avaient tenu un commerce de fleurs artificielles, sa sœur les fabriquait à Roubaix, il n’était pas dit que Gisèle, la petite dernière, n’aurait pas son magasin de fleurs à elle. D’autant que son mari André était jardinier à la ville de Roubaix et contribuait à embellir le Beau jardin.

En octobre 1954, Gisèle reprend donc l’ancien café de Marie et Émile Pottier qu’elle connaissait bien, au n°7 de la rue Victor Hugo à Leers. C’est là que la famille Moreels s’approvisionnait en bière. Le magasin prit l’enseigne Aux Mimosas, que Georges Degouhy peintre vint écrire sur la vitrine.

Le magasin côté vitrine doc Collection familiale

Gisèle vendait des fleurs, des mimosas qu’elle allait acheter aux Halles de Roubaix, des fleurs naturelles du jardin des parents, notamment des roses l’été. Elle faisait également la Toussaint et les chrysanthèmes. Elle se souvient d’avoir commandé des chrysanthèmes à Toufflers, il n’y avait pas de grossiste plus près. Mais ils fanaient trop vite et dans le noir, ils pourrissaient.

Elle travaillait avec le fleuriste Delfosse du Sartel à Wattrelos où elle achetait des plantes. Il y avait aussi un autre fleuriste rue du Moulin à Wattrelos. Elle se déplaçait en bus ou en tramways et la charge était bien lourde. Ses sœurs lui fournissaient des choses à vendre, Marcelle des fleurs artificielles et Flore des services à verre.

L’intérieur des Mimosas doc Coll familiale

Des représentants passaient au magasin, qui proposaient toute sorte de choses : des tableaux, ds faïences, de la porcelaine. Mais c’était trop cher pour Gisèle. Elle portait les gerbes pour les enterrements. Une autre fois elle s’est débrouillée pour trouver un bouquet de renoncules pour un mariage et elle est allée jusqu’à chez Gadeyne rue de Lannoy à Roubaix !

Giséle a tenu ce magasin jusqu’en février 1959. L’histoire se poursuivit quelques temps avec la vente de fleurs naturelles.

Remerciement à Mme Gisèle Hubrecht Moreels pour ses souvenirs

15 rue Victor Hugo

Le commerce, c’était déjà une affaire de famille chez les Vosdey-Heye. Ainsi Rosalie avait tenu boutique dans la rue, elle était épicière, elle vendait de l’huile, du fromage et du pétrole. Quand sa fille Joséphine Vosdey épouse Henri Moreels le 20 août 1909, ils ne sont encore l’un et l’autre qu’un éboueur et une tisserande. Ils reconnaissent une première fille Flore, née l’année précédente. Une deuxième fille est née en 1913, elle s’appelle Claire. La guerre intervient sur ces entrefaites. Quand Henri Moreels revient, il est fort affaibli. Une troisième fille naît en 1923, elle se prénomme Marcelle.

La maison Delebois (publicité) JdeRx

Les trois filles travailleront chez Mme Delebois qui tient une fabrique de fleurs artificielles à Roubaix. Cependant, Claire tombe malade et ne peut plus faire le chemin jusqu’à Roubaix. Ses parents décident alors de se mettre en commerce rue Victor Hugo. Nous sommes en 1927. Malheureusement Claire décède en 1929. Et en 1931, Flore se marie avec un poêlier wattrelosien originaire de Leers, Servais Renard et devient commerçante à Wattrelos. La même année, est née la quatrième fille du couple Moreels Vosdey, Gisèle. C’est elle qui nous délivre ses souvenirs.

Le 15 de la rue Victor Hugo Doc Collection familiale

Le magasin de la rue Victor Hugo, c’était une petite pièce sur le devant de la maison. On y vendait des fleurs artificielles, des vases, des globes. Des plaques funéraires, commandées chez Fouquet à Wattrelos. Après 1945, on se lance dans les farces et attrapes(faux doigts, lunettes faux nez…) qu’on achetait à Tourcoing.

Le magasin vendait beaucoup d’objets religieux, des plaquettes en bois avec des motifs religieux, des cierges de communion décorés avec des bouquets, des images de communion. On proposait aussi des postures en plâtre, des tirelires, des plateaux en relief avec des scènes de cuisine ancienne. C’est une maison de Wasquehal qui fournissait. Il y avait aussi de la faïence, de la porcelaine. On a également vendu des savons de chez Lelong à Tourcoing, des petits miroirs de poche ou pour mettre dans les sacs. Des représentants passaient régulièrement au 15 de la rue Victor Hugo. En 1938, Henri Moreels prend sa retraite d’épandeur de la ville de Roubaix. Il aidera désormais à la fabrication des fleurs et à la vente au magasin.

Publicité pour le magasin doc collection familiale

En 1945, c’est Marcelle qui se marie avec Achille Vantieghem, et elle s’installe artisane fleuriste au n°3 rue Thiers (Patriotes aujourd’hui). On lira par ailleurs dans notre site l’histoire de leur entreprise née à Leers, puis s’étant développée à Roubaix. Le commerce de la rue Victor Hugo s’est arrêté en 1954. Joséphine est décédée en 1957 et Henri en 1973.

Remerciements à Madame Gisèle Hubrecht Moreels

Ruelle des vicaires

La ruelle des vicaires est à peine ébauchée sur le cadastre de 1825 mais on peut discerner un chemin qui part de la longue rue (future rue Joseph Leroy) à hauteur de la ferme Desreux. Pourquoi ce nom ? Sans doute cette petite ruelle permettait le passage en toute sécurité des vicaires se rendant à l’église qui en l’empruntant ne subissaient pas le flux de la circulation de la longue rue.

Cadastre 1890

Sur le cadastre de 1890 la ruelle des vicaires est mentionnée comme chemin rural n°11. Une allée bordée d’arbres part de la ruelle des vicaires sur la droite et après un bel angle droit rejoint la longue rue. Un autre chemin rural n°18 dit ruelle Delcroix rejoint la ruelle des vicaires au moment où elle tourne sur la gauche pour rejoindre la rue de la mairie (?) et ainsi aboutir à une cinquantaine de mètres de l’église.

En 1926 la ruelle des vicaires comporte 71 numéros, elle part de la longue rue future rue joseph Leroy et rejoint en diagonale la rue de la Mairie (future rue du Général de Gaulle) à quelques mètres de l’église st Vaast. La directrice de l’école privée, Gabrielle Macron y habite au n°4, c’est une ruelle de tisserands et d’ouvriers avec aux n°49 et 51 des préposés des douanes. Le nom ruelle des vicaires disparaît en 1936, elle est devenue rue Marceau sur le cadastre de cette année là.

La ruelle des vicaires, derniers jours Photo NE

En 1952 le petit chemin caillouteux a cessé d’exister. Là où il ne pouvait être utilisé que par les piétons, c’est à présent une rue de trois mètres de large, qui peut livrer passage aux automobiles et aux camions, en sens unique bien entendu, ce qui facilite l’accès des livreurs et autres déménageurs. Un aqueduc a été installé. On a garni la route d’un fond de scories que l’on a recouvert d’une épaisse couche de terre. Dans quelques temps, la chaussée sera bien tassée et on la revêtira de ciment. Le revêtement en macadam est plus contemporain.

Rue Marceau Google maps

De nos jours, l’allée bordée d’arbres est devenue la rue Masséna, et le chemin rural n°18 a pris le nom de rue Marceau ce qui lui assure un deuxième débouché sur la rue Joseph Leroy, où se trouve l’école privée Jeanne d’Arc. Le tracé initial de la rue Marceau jusqu’à la rue du Général de Gaulle est conservé mais ce n’est qu’un petit boyau étroit qui longe le parking attenant au centre de soins infirmiers.

Rue des Patriotes

La rue de l’église sur le cadastre début XIXe extrait ADN

La rue des Patriotes commence au carrefour formé par la rue Joseph Leroy et la rue de Néchin, et se termine devant l’église Saint Vaast, ce qui lui valut d’être autrefois nommée rue de l’église. Elle devint ensuite la rue Thiers en 1927 puis par décision du 5 mai 1948, rue des Patriotes. C’est la rue commerçante de Leers qui s’est construite année après année, comme on peut le découvrir par la lectures des recensements.

La rue de l’église (>1926)

Elle n’apparaît dans les recensements qu’en 1926 entre la Place et la rue de Néchin pour une vingtaine de numéros. Côté impairs, la rue s’ouvre avec au n°1, une maison qui était un genre de café hôtel pour voyageurs de passage ou pour douaniers, et qui comportait cinq chambres pour logeurs. Au n°9 se trouvaient des charpentiers, au n°15 un commerce de lingerie.

La rue de l’église autrefois. CP Collection Particulière

Côté pairs, au n°10 un menuisier, au n°16 un maréchal constructeur et ses fils, au n°18 un commerce de phonographes. Au n°20 un commerce de lingerie, au 24, le boulanger, au 26 un marchand de tissus. À cette époque, la rue de l’église est donc majoritairement une rue d’artisans avec peu de commerces.

Rue Thiers (>1948)

En vingt ans, la rue a affirmé et diversifié sa vocation commerciale : des cafés, des épiceries côtoient désormais les artisans. Côté impairs, le café hôtel n°1 a été repris par un facteur et sa femme tient le café. Au n°3 une fleuriste s’est installée en 1945. Au n°7 un café s’est ouvert en 1933. Au n°9 les charpentiers sont toujours là, en 1946 leur succède un électricien. Une boucherie coopérative est mentionnée au n°13, une chapelière au n°17, puis en 1946 un imprimeur et une librairie. Au n°19 en 1936, des menuisiers, père et fils, en 1946 le fils a repris seul l’affaire. Au n° 27 en 1936 sont mentionnées deux épicières dont les enfants vont se marier et vont reprendre le magasin en 1946.

La rue Thiers et ses commerces CP collection familiale

Côté pairs, au n°2 se trouve un laitier devenu crémerie en 1946. Au n°6 une mercerie est indiquée en 1936. Au n°8 en 1936, un estaminet avec une bourloire. Au n°10 il y avait un bâtiment de boulangerie, bientôt remplacé en 1936 par un café. En 1946 le cafetier est receveur buraliste. Au n°12 on trouve le gérant d’une coopérative de boulangerie et au n°14 le gérant de la coopérative l’Avenir de Lannoy. Au n°16 le maréchal ferrant est toujours présent et sa femme tient une quincaillerie. Au n°18 l’électricien est toujours là. Au n°20 il y a un commerce de lingerie, qui deviendra une mercerie en 1946. Au n°24 le boulanger est toujours là. En 1946, la boulangerie se poursuit avec un successeur. Au n°26 une mercerie en 1936, reprise en 1946. Au n° 32 en 1936 une épicière, dont le commerce est repris en 1946.

L’alignement de 1953 Photo NE

En 1953, il est procédé à l’alignement de la rue Thiers et ainsi disparaît le n°7 bientôt remplacé par un nouvel établissement pour le café Vandamme.

Rue des Patriotes

Aujourd’hui la rue des Patriotes a conservé sa vocation commerciale, tout en accueillant de nouveaux services. Côté impairs, on trouve au n°1 marchand de fromages, au n°3 une mercerie, au n°5 une supérette. La poissonnerie de la rue du Général de Gaulle est venue s’adjoindre au café du n°7. Le n°13 est toujours une boucherie charcuterie, au n°15 il y a à présent un salon de coiffure. Au n°17 un magasin de vêtements. Au n°23 un établissement de vente à emporter précède la Caisse d’Épargne au n°25. Un salon de coiffure au n°27 et un magasin d’optique au n°29 terminent la rue.

La rue des Patriotes années soixante CP collection familiale

Côté pairs, une agence immobilière est au n°2, suivie de plusieurs deux instituts de beauté. Au n°14, un restaurant pizzeria fait aussi de la vente à emporter. On retrouve le café buraliste qui occupe à présent le n°16. Puis ce sont deux banques l’une à côté de l’autre, aux n°18 et 20. Un espace audition occupe le n°22, et le boulanger du n°24 a dû fermer. Un espace santé est mentionné au n°28, un marchand de fruits au n°32 et la rue se termine avec une agence immobilière au n°34.

La rue des Patriotes subit la concurrence des supermarchés tout proches mais continue de défendre ses services de proximité. La réfection prochaine de sa chaussée et de ses trottoirs devrait améliorer l’accès et l’attractivité de la rue des Patriotes moderne.

On lira avec intérêt les relevés effectués par Leers Historiques dans ses cahiers d’histoire locale de Leers : les estaminets leersois (2009) l’évolution du commerce à Leers (2020) pour y trouver les noms des commerçants.

Sources : recensements, Nord éclair

Edgar Deffrenne

Edgar Deffrenne (1911-1983) photo NE

Né à Leers dans le hameau du Grimonpont, le 8 octobre 1911, de parents également leersois, Anatole Deffrenne comptable et Rosa Leroy, fille de Joseph Leroy, ancien maire de Leers, Edgar Deffrenne a toujours manifesté un grand attachement aux œuvres laïques.

Membre de l’Amicale dès 1924, il en fut le secrétaire adjoint en 1932, puis secrétaire général en 1933 et ce jusqu’en 1946. Edgar Deffrenne fut aussi secrétaire du groupe Lyrique et acteur de ce même groupe de 1929 à 1951. Il s’est également consacré à la clique scolaire de 1932 à 1936.

Mobilisé en 1939, M. Deffrenne fut fait prisonnier, s’évada et fut déporté à ce titre au camp de Rawa Ruska. Chauffeur lors de son mariage en 1946, le 11 mai à Roubaix, il habite toujours le Grimonpont à Leers au 100 rue de Wattrelos.

En octobre 1951, il est élu vice-président de la FAL de Leers et c’est en 1954 qu’il succède à Alfred Heye décédé un an plus tôt, à la présidence.

Edgar Deffrenne reçoit le nouveau drapeau de l’Amicale laïque des mains de M. Pottier en 1958 doc NE

Le bilan de l’amicale de 1968 nous permet d’en savoir plus sur ses activités. Le Président est Edgar Deffrenne, JC Heye est le trésorier, Adelon Delrue le secrétaire. Une séance de cinéma est offerte aux enfants à la Saint Nicolas, l’Amicale organise des bals, participe à la fête fédérale de Willems.

La Bibliothèque dont s’occupent Claude Autern, Melle Yvette Fougnies, Melle Marie Claude Deffrenne et Jacques Deffrenne, compte 3000 volumes et fidélise 50 lecteurs. La section de Tir est dirigée par M. Lucien Rutten, M. Madern en est le secrétaire. La section de pétanque affiche 56 cpoupes et une plaquette. La section football compte 763 licenciés UFOLEP, sous le nom d’Union Sportive Leersoise. Une Caisse d’épargne vient d’être créée, ainsi qu’un club de dessin et peinture.

Edgar Deffrenne devient officier des palmes académiques en février 1973. Il décèdera en 1983. Une salle jouxtant l’Amical ciné porte désormais son nom. Son successeur est Adelon Delerue.