L’agence bancaire de la Société Générale à Hem

C’est dans l’annuaire de 1947 à 1949 qu’est répertorié pour la 1ère fois le n° 115 de la rue Jules Guesde, au nom de Lemenu, dans la catégorie peinture, droguerie, papiers peints. Toutefois son entreprise date déjà de plus de 10 ans à cette époque puisqu’une publicité figure dans la presse de 1935.

Publicité de 1935 au nom de Lemenu-Mathon (Document archives Historihem)

Ce commerce évolue par la suite vers la décoration intérieure et toute la partie décors funèbres figurant dans cette publication n’est plus évoquée dans une autre publicité, parue quelques années plus tard, au seul nom de Lemenu. On peut constater que la nouvelle activité de la maison est axée sur les rideaux, avec confection de panneaux de toutes dimensions.

Autre publicité au nom de Lemenu (Document archives Historihem)

Dans les années 60, le commerce est ensuite répertorié, dans la catégorie droguerie par le Ravet-Anceau de l’époque, sous les noms successifs de Lepers puis Burlin. Le bâtiment qui abrite ces magasins successifs est une petite maison à basse toiture dans une rangée d’habitations et commerces du même style.

C’est dans les années 1970 qu’une banque prend le relais des petits commerces précédents. Il s’agit d’une agence de la société générale qui dépend de la grande succursale roubaisienne, sise avenue Jean Lebas. L’aspect extérieur n’est que peu modifié si ce n’est la présence d’une grille protectrice de la porte d’entrée et l’agence est manifestement l’une des plus petites de la métropole.

Agence de la société générale dans les années 1970 (Document archives Historihem)

C’est l’époque où les agences bancaires distribuent chaque année des petits calendriers publicitaires de poche à leur clientèle et l’agence de Hem ne fait pas exception à la règle, en profitant pour diffuser un petit plan de sa situation dans la ville. Sur ses publicités parues dans la presse apparaît également le logo de l’association commerçante hémoise : les commerçants d’Hem, j’aime.

Calendrier publicitaire et publicité portant le logo de l’association commerçante de la ville (Documents collection privée et archives Historihem)

La Société Générale est facilement identifiable par les initiales «SG» et elle a longtemps utilisé ces deux lettres pour communiquer. Depuis 1969, elle s’est dotée d’un logo en forme de spirale qu’on appelle le logo Pasquier en référence à son créateur. C’est ce logo qui figure sur l’enseigne des agences dans les années 1970 ainsi que sur tous les documents publicitaires.

Monogramme SG et Logo Pasquier (Document Culture Banque)

Ensuite la banque adopte un logo rouge et noir de la forme d’un carré pour représenter la solidité et la rigueur d’un groupe qui s’internationalise. Ce logo est ensuite apuré sans le nom de la banque « Société Générale » qui se glisse sur le côté droit de la forme, une astuce qui permet à la banque d’harmoniser son identité visuelle à l’international.

Nouveau logo carré rouge et noir et évolution suivante (Document Culture Banque)

L’enseigne des agences suit exactement la même évolution comme le démontre les photos de l’agence hémoise en 2008 (carré avec le nom de la banque au milieu) et 2018 (carré apuré du nom avec une simple bande blanche au milieu).

La façade de la Société Générale de Hem avec sa nouvelle enseigne en 2008 puis 2018 (Documents Google Maps)

Pendant ces dix années, comme le montrent les photos, l’agence hémoise est munie d’un distributeur bancaire, lequel est signalé par le site du Petit Fûté. C’est à priori le seul Distributeur Automatique de Billets (DAB) figurant dans la rue Jules Guesde à Hem pourtant longue de plusieurs kilomètres.

Signalement du DAB de la SG par le Petit Fûté (Document site internet)

En 2018, la municipalité annonce dans Tout’ Hem un projet de nouveau centre commercial : « La Blanchisserie », rue Jules Guesde. La construction ne débute cependant qu’en mars 2019. Confiée à l’agence VDDT Architecte, l’opération consiste en la réalisation d’un pôle commercial constitué de 6 cellules commerciales livrées semi-finies, l’aménagement spécifique des locaux étant à la charge des futurs preneurs. 

Annonce de la municipalité (Documents Tout’Hem)
Nature du projet (Document site internet VDDT)

L’agence Hémoise de la société générale décide de déménager et d’occuper l’une des cellules de ce nouvel espace commercial spacieux et lumineux. Elle intègre donc en 2020 la cellule E de l’espace commercial « La Blanchisserie » sis au n° 348 de la rue Jules Guesde et s’éloigne ainsi du centre d’Hem vers la ville de Lannoy.

Nouvelle agence bancaire hémoise en 2020 (Document Google Maps)
Le 115 rue Jules Guesde en 2020, agence fermée et enseigne non encore démontée (Document Google Maps 2020)

Article dédié à Philippe Fontenay

Remerciements à la ville de Hem et l’association Historihem

Hem en Fête (Suite)

En 1979, des innovations viennent redonner un coup de jeune à la manifestation : concours de pétanque et petit train touristique dans le quartier de Beaumont, puis le lendemain dans les quartiers de la Lionderie et de la vallée, bal musette le soir rue de Beaumont derrière la mairie, matchs intervilles de volley ou hand ball au parc des sports, apéritif concert, démonstration de karaté et matchs de catch, et surtout envol du ballon : le Lion des Flandres avec à bord Mme Provo, épouse du maire, et Mr Muchery le pilote (président de l’association aérostatique de France), puis concert de trompes de chasse avant le bal, les allumoirs et enfin le feu d’artifice.

L’envol du ballon, les petits ballon pour tester le vent, Mr Provo saluant son épouse depuis le sol et Mme Provo et Mr Muchery à bord de la nacelle (Documents Nord-Eclair)

L’année suivante, en 1980, Hem en fête est l’occasion de présenter aux habitants le foyer logement qui ouvrira bientôt sous le nom de Résidence de la Marque. Une course de garçons de café est organisée par les cafés du Centre Ville, suivi d’un concert apéritif animé par la batterie-fanfare scolaire de Tourcoing, puis du concours de pétanque et du cortège mené par Gustave et le bal.

L’affiche annonçant les festivités (Document archives municipales de Roubaix)
Avant la course des garçons de café (Document Nord-Eclair)

Le lendemain débute avec le cyclotourisme, le match de foot entre l’équipe du personnel communal et celle des élus, puis se poursuit avec des activités pour les jeunes : courses en sac, tir à la corde, des démonstrations de parachutistes et d’équilibristes sur fil et échelles et enfin un spectacle comique avant les traditionnels bal, allumoirs et feu d’artifice.

Les diverses activités proposées aux jeunes et la démonstration des parachutistes (Documents Nord-Eclair)

Pour ses noces de bois, en 1981, l’événement renoue avec les classiques pour le programme du samedi : foire à la brocante, course des garçons de café, concert apéritif, concours de pétanque, cortège, concert et bal. Pour le dimanche sont ajoutés le concours de patins à roulettes et un spectacle sur podium avec illusionnisme, fakirisme et télépathie et enfin une soirée cabaret avant le traditionnel feu d’artifice.

Affiche annonçant l’événement (Document archives municipales de Roubaix)
Course des garçons de café et spectacle de magie (Documents Nord-Eclair)

1982 est l’année de la déconcentration au moins pour la journée du dimanche qui fait la part belle aux différents quartiers. Ceux du centre, de Beaumont et la Lionderie sont réveillés au son du clairon par les fanfares en cortège. Puis c’est l’animation à Beaumont, dans les Hauts-Champs, le Longchamp, la Vallée et les Trois-Baudets avec la participation de nombreux groupes belges et hollandais, lanceurs de drapeaux et groupes folkloriques.

Gustave le Teinturier quant à lui a la visite de « nains jumeaux » qui sont son exacte reproduction miniature. De plus les résidents du foyers logement ont confectionné à la main des centaines de petits « Gustave » qui sont lancés dans la foule qui pourra les garder en souvenir de cette journée mémorable de festivités.

Groupes folkloriques belges et lanceurs de drapeaux (Document Nord-Eclair)
Gustave et ses « mini-moi » (Document Nord-Eclair)

Dans les années suivantes, la recette qui a fait l’esprit de village de cette fête durant les premières années est reprise par le nouvel organisateur : l’association culturelle « Bien Vivre à Hem », en ajoutant par exemple en 1985 la soirée antillaise « Hem sous les cocotiers », ou en 87 une fête de la musique sur podium avec des groupes folkloriques bretons ou encore en 1990 un spectacle de théâtre de rue et un sculpteur à la tronçonneuse réalisant ses œuvres en direct suivi d’un spectacle de vaches landaises dans des arènes démontables entourées de gradins.

Le spectacle de vaches landaises clou de la fête en 1990 (Document Nord-Eclair)

C’est en 1994 que les fiançailles de Gustave le Teinturier avec Augustine la Tisserande sont célébrées à l’hôtel de ville de Hem, en présence de Mme Massart, maire de la ville. Le couple est entouré des élèves de l’école Saint Charles-Sainte Marie qui, dans le cadre d’un grand projet d’année : les traditions des Flandres, ont non seulement remis Gustave en état mais lui ont aussi fabriqué sa fiancée en travaillant à la fois menuiserie, peinture et sculpture.

Les fiançailles de Gustave et Augustine en 1994 (Documents Nord-Eclair)

Puis durant les années 2000, Hem en fête et en musique garde sa traditionnelle braderie tout en lui adjoignant en 2000, un village médiéval avec figurants en costume d’époque et démonstration de tir à l’arc, en 2001 les moules frites servies par les guides de France, les gladiateurs en 2010, le cirque en 2013, et l’édition nature en 2015.

Moules frites servies par les guides de France en 2001 (Document Nord-Eclair) , doc 13.5 les gladiateurs en 2010, doc 13.8 le cirque en 2013 et doc 13.9 l’édition nature de 2015 (Documents Magazine Tout’Hem)

Enfin, plus près de nous, dans les années 2010-2020, l’événement devient réellement thématique. Ainsi l’année 2017 renoue avec la période du Moyen-Age, 2018 avec les terres nomades, 2019 avec le Far-West et, après l’annulation des festivités de 2020 pour cause de crise sanitaire, 2021 avec les pirates et enfin 2022 avec le cinéma. Voilà donc maintenant 45 ans que la ville de Hem renoue chaque année avec la tradition festive de la ville et depuis 1994 Gustave le Teinturier y est accompagné de sa fiancée : Augustine la Tisserande.

Le Moyen-Age en 2017, doc 14.5 les Terres Nomades en 2018, doc 14.6 le Far-West en 2019, doc 14.7 les pirates en 2021 et doc 14.8 le cinéma en 2022 (Documents site internet Ville de Hem et la Voix du Nord)
Gustave et sa fiancée Augustine la Tisserande (Document Au Temps d’Hem et Ville de Hem)

Remerciements à la Ville de Hem, à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’Hier et d’Aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

Hem-Service

En 1960, la rue des Ecoles à Hem est encore très champêtre et l’église Saint-Joseph est un point de repère. C’est peut-être la raison pour laquelle la publicité de 1961, parue dans le journal Nord-Eclair, pour le magasin Hem-Service spécifie que celui-ci se trouve face à l’église, ce qui n’est, de fait, pas du tout le cas comme en témoigne la vue aérienne de 1962 sur laquelle il apparaît pour la 1ère fois.

Vues aériennes comparatives de 1957 et 1962 (Documents IGN)

En fait le magasin est situé au coin de la rue des Ecoles et de la rue de la Lionderie, ce qui explique qu’au gré des annuaires Ravet-Anceau, on le retrouve répertorié tantôt dans l’une des rues, tantôt dans l’autre. Il s’agit en fait d’une petite supérette plus que d’une alimentation générale mais avec un rayon frais particulièrement bien achalandé.

Publicités de l’année 1961 puis 1963 (Documents Nord-Eclair)

A l’époque le commerce fonctionne sous l’enseigne UNA. Instantané de mémoire :

« Quand j’emménage en 1968 avec mes parents dans le tout nouveau lotissement en face de l’église Saint-Joseph, l’existence de cette petite surface de proximité est un véritable atout. Si nous prenons l’habitude d’aller à Auchan Roubaix-Motte pour les provisions mensuelles le magasin du coin de la rue sert quotidiennement à faire l’appoint. Enfant je vais à UNA pour un oui ou pour un non… »

Photo d’un porte-clef publicitaire du magasin (Document collection privée)

Au fil des ans, bien que l’annuaire fasse toujours mention des Ets Hem-Service, l’enseigne change : UNA, Proxi, 8 à 8. Quant aux publicités elles ne font pas état des enseignes tout au moins dans les années 1960 et 1970 mais continuent à mentionner Hem-Service, comme cette publicité pour les fêtes de fin d’année.

Publicité Hem-Service de 1976 (Document Nord-Eclair)

Il en est de même pour les années 1970-1990, où l’accent est mis surtout sur les produits frais, l’argumentaire étant « Votre frais marché, le vrai spécialiste de l’alimentation » et la devise : « qualité, fraîcheur, prix ». La difficulté pour le commerce de proximité étant principalement la concurrence des grandes surfaces il convient en effet de mettre ses atouts en avant.

Publicités Hem-Service (Documents Historihem)

Comme les photos aériennes le démontrent, la rue des Ecoles a vu sa population se densifier au fur et à mesure que les champs qui la bordaient disparaissaient et la clientèle ne manque pas. Il faut juste trouver les bons arguments pour la faire venir et, sachant que les supermarchés sont proches (Roubaix et Leers), le meilleur moyen consiste à se démarquer des grandes enseignes comme Auchan.

Photos aériennes de 1969 et 1989 (Documents IGN)

Dans les années 1980, c’est l’enseigne Nova puis 8 à 8 qui s’affiche au fronton du magasin Hem-Service et là encore l’accent est mis sur les produits frais dans la publicité en l’occurrence le rayon boucherie. A cette époque ce ne sont plus les porte-clefs qui sont distribués mais des objets utiles pour la rentrée des classes des enfants tels que des règles plates.

Publicités Nova de l’année 1980 (Documents Nord-Eclair)
Publicité et objet publicitaire des années 80 (Documents Nord-Eclair et collection privée)

Puis, en janvier 1995, la presse locale annonce la réouverture du magasin, fermé depuis plusieurs mois, pour la mi-février. Les frères Maméche, possédant déjà plusieurs magasins sur Roubaix, tiennent à ouvrir une supérette de qualité privilégiant le frais, avec boulangerie, boucherie et fruits et légumes à arrivage journalier.

Le magasin fermé et sa réouverture en tant que Prosma (Documents Nord-Eclair)

Le nouveau magasin qui devait se nommer Prima se pare de l’enseigne Prosma. Il s’agit toujours d’un commerce d’alimentation générale/ épicerie à titre principal mais l’appellation Hem-Service a disparu. La cessation d’activité du commerce a lieu officiellement en 2013. Pourtant sur les photos de 2008 l’enseigne Prosma n’y figure plus et la vitrine laisse entrevoir des articles de bazar.

Photo du magasin Prosma puis du même magasin en 2008 (Document collection privée et Google Maps)

Enfin, en 2016, Karim Hamidi y crée une entreprise de restauration rapide à l’enseigne Point Thé qui est radiée l’année suivante. L’entreprise est alors reprise par Smail Benkouider et conserve la même dénomination commerciale et la même activité jusqu’à sa cessation fin 2020.

Photos du Point Thé en activité et en 2019 (Document Google Maps)

A ce jour il n’existe plus aucune activité dans cet établissement autrefois essentiel à la vie du quartier des Trois-Baudets/Lionderie.

Photos de l’ancien établissement en 2021 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Hem en Fête

En 1977, sous la mandature de Jean-Claude Provo, la commission culture décide de mettre sur pied une grande fête populaire début septembre. Les habitants sont appelés à faire connaître leurs suggestions et sont enthousiasmés. Avec les conseillers municipaux, les membres du syndicat d’initiative et les associations, ils planchent sur un programme complet et varié de festivités, une kermesse à l’échelle de la ville qui aura pour nom : « Hem en fête ».

L’affiche annonçant l’événement (Document archives municipales de Roubaix)

Le premier samedi de septembre une braderie a ainsi lieu, rue du Général Leclerc, rassemblant des marchands de légumes, de vêtements et d’objets divers. Les brocanteurs et forains sont également de la partie. Les habitants aussi vident leur grenier pour vendre des objets hétéroclites, transformant la rue en un véritable « souk ». Une exposition de voitures et une foire à la brocante ont également lieu sur le terrain de sports.

Braderie (Document Nord-Eclair)

Le dimanche des rencontres de football sont programmées au parc des sports et des élus municipaux y sont opposés à l’équipe de Saint-Corneille. Des cyclotouristes proposent un parcours « sport dans la ville » et l’Orphéon Jazz Band anime un apéritif concert. Par ailleurs une démonstration de stock-car avec modèles réduits radiocommandés est organisée.

Equipe des élus et seniors de Saint-Corneille (Document Nord-Eclair)

Le midi, sandwichs, frites et merguez sont proposés, dans des stands installés sur le terrain de sport de la rue de Beaumont, pour se restaurer, et un spectacle patoisant est offert par Julie et son équipe : « Y est toudis temps » tandis que des parachutistes des « Quasars du Nord-Para Club » descendent du ciel pour se poser sur le terrain de football.

Julie Ch’est Mi et doc 4.5 Les Quasars du Nord-Para Club (Documents Nord-Eclair)

Puis intervient le concours de pétanque, une exhibition de boxe, une grande parade venant de Beaumont formée des grosses têtes, des majorettes d’Hem, de la fanfare « la Gauloise », des mousquetaires du roi du club hippique Le Comte, des jeunes des Trois-Fermes, des équipes de basket, du groupe folklorique costumé du centre social des Hauts-Champs et des caravanes publicitaires des commerçants locaux.

Les Grosses Têtes, doc 5.2 les jeunes des Trois-Fermes et doc 5.5 Les majorettes de Hem (Documents Nord-Eclair) et doc 5.8 la fanfare la Gauloise (Document Historihem)

La grande parade ainsi constituée suit cet itinéraire : Beaumont, avenue de la Marne, boulevard Clémenceau, rue Jean Jaurès, rue Carnot, avenue Lyautey, centre social des Trois-Baudets, rue Louis Loucheur, rue Briet, avenue Calmette, centre social Laennec, avenue Foch, rue des Ecoles, rue Jean Jaurès, Parc des Sports. Ainsi une grande part des territoires de Hem participe de fait à l’événement. Un bus gratuit est également mis à disposition pour amener au Centre Ville ceux qui en sont le plus éloignés.

Le soir les jeunes du groupe d’animation culturelle de Hem organisent un spectacle pour enfants avec des clowns, avant de participer à une fête des allumoirs dont le départ est fixé dans les Hauts-Champs, avenue Laennec, à 20 heures. Enfin un feu d’artifice est tiré vers 21h30, donnant le coup d’envoi d’un bal populaire, animé par le célèbre groupe « Sympathie », qui dure jusqu’au petit matin.

Le week-end est un grand succès : 3000 tickets vendus rien que pour le parachutisme, 20.000 canettes de bière et de soda vidées, 2.500 kilos de frites, 8.000 sandwichs et 120 kg de viande en brochettes consommés. Le bilan est tellement satisfaisant, une vielle tradition populaire de fête ayant été relancée, que la municipalité décide d’adopter le principe d’Hem en fête pour chaque 1er week-end de septembre.

Gustave le teinturier (Document Au temps d’ Hem)

Dès l’année suivante le géant d’Hem, « Gustave le Teinturier », né pour la fête nationale de 1911, est ressuscité. A l’époque il avait été conçu par les ouvriers de l’usine de teinturerie Gabert rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc à Hem), soucieux d’avoir un représentant du savoir-faire hémois.

La naissance de Gustave en 1911 et son 1er défilé dans la ville (Document Au temps d’Hem)

Celui-ci aurait donc une origine corporative et représenterait la richesse du village due à son industrialisation au début du XXème siècle. Il avait été remis au goût du jour en 1955, sur décision du syndicat d’initiative pour la fête nationale du 14 juillet, avant de retomber dans l’oubli.

C’était alors un vannier de la ville qui l’avait conçu tandis qu’un deuxième artisan hémois se chargeait de la confection de ses sabots et qu’une firme textile locale offrait les 15 mètres de tissu nécessaires à la confection de son sarrau et de son pantalon, faite bénévolement par un couple de la ville. Sa casquette était aussi grande qu’une roue de vélo.

Le Gustave de 1956 (Document Hem d’Hier et d’Aujourd’hui)

En 1978, le nouveau Gustave, avec ses 4 mètres de haut et ses 25 kilos, est baptisé en grande pompe sur le parking de la mairie le samedi 2 septembre 1978 à 17h. C’est la compagnie de marionnettes Jacques Vincent de Roubaix qui le réalise et il doit son visage à Marguerite Doublet, sculpteur, sociétaire des artistes français, médaille de bronze.

Il est revêtu d’un sarrau bleu, d’un foulard rouge et bleu et tient à la main un écheveau de laine. Il est coiffé d’une jolie casquette à la mode roubaisienne et le groupe hémois « folk Renaissance » l’escorte dans son périple dans les rues de la ville. Jean-Claude Provo lui souhaite longue vie et succès tandis que la fanfare entonne le « P’tit Quinquin ».

Gustave le Teinturier, son visage en gros plan (Document site internet Ville de Hem) sa renaissance (Document Nord-Eclair)

Sa renaissance coïncide avec la deuxième édition d’ Hem en fête qui comprend une braderie étendue de la rue du Général Leclerc à la Place de la République, mais aussi des festivités non stop durant le 1er week-end de septembre : combats de catch de haut niveau, démonstrations d’aéromodélisme, fête des allumoirs dans la ville et feu d’artifice pour conclure l’événement.

A suivre…

Remerciements à la Ville de Hem, à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’Hier et d’Aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

Damart Hem partie 2

Damart Hem partie 2

Le centre d’expédition n’ouvre donc ses portes qu’en septembre 87 soit plus de 5 ans après la cession des terrains destinés à sa construction et son inauguration a lieu en Novembre en présence de nombreuses personnalités : parmi elles, Mr Longuet, ministre délégué chargé de la Poste et des Télécommunications, Mr Aurousseau, préfet de la région, Mr Diligent, sénateur-maire de Roubaix, et bien sûr Mme Massart maire de Hem.

Photos de l’inauguration (Documents Nord-Eclair)

C’est Paul-Georges Despature, président du directoire de la SA, qui accueille les prestigieux invités en compagnie des « pères fondateurs » de Damart : Joseph, Jules et Paul Despature, et de Xavier Ruyant, directeur du nouveau centre hémois. Sont également de la fête Nicolas Hulot, journaliste-aventurier, et Hubert de Chevigny, pilote d’ULM, ayant vaincu début 87 le pôle nord en ULM, équipés de sous-vêtements thermolactyl et sponsorisés par la Poste.

Lors de la visite Mr Longuet découvre la partie stockage cartons entièrement automatisée, la galerie de liaison où est coupé, à cette occasion, le traditionnel ruban, l’unité de prélèvement où le ministre s’entretient avec quelques ouvrières, l’unité d’emballage avec ses nouvelles machines automatiques, et enfin la zone d’expédition avec la toute nouvelle peseuse-affranchisseuse spécialement mise au point pour l’usine hémoise.

Le traditionnel ruban (Document Nord-Eclair)

Pour commémorer l’événement de l’inauguration d’un centre de vente par correspondance par le ministre de la Poste, un bureau de poste provisoire est installé où est apposé le cachet commémoratif de la manifestation, reprenant, comme il se doit, le désormais fameux slogan Damart « froid moi jamais ».

Cachet commémoratif (Document collection privée)

Au cours de son discours Mr Despature souligne la qualité des liens que son entreprise entretient avec la Poste « maillon vital, fournisseur indispensable et souvent unique pour la VPC (Vente Par Correspondance) » ajoutant que « pour que la Poste et la VPC restent compétitives il importe que l’évolution générale des tarifs s’oriente vers la stabilisation». Chez Damart en effet le budget annuel dédié à l’affranchissement dépasse l’investissement consenti pour la construction des bâtiments hémois soit quelques 100 millions de francs.

En réponse Mr Longuet s’engage donc, tant sur la fiabilité du service que sur la compétitivité des tarifs, avec en point de mire, l’horizon 92 et le marché unique européen, et se déclare désireux de rendre hommage par le biais de Damart à la VPC en général laquelle représente 10% du chiffre d’affaires de la Poste.

Photo aérienne du centre d’expédition en 1988 (Document IGN)

Ainsi que le souligne Mme Massart dans son discours ce bâtiment, très moderne, ne fait pas l’unanimité et représente la « cathédrale du thermolactyl » pour les uns et le « Beaubourg d’Hem » pour les autres, l’important étant que le dynamisme de Damart pourrait permettre aux hémois de bénéficier de nouveaux emplois.

Photo de Damart Hem (Document collection privée)

Quelques temps plus tard, un transporteur de la Somme perd le contrôle de son poids-lourd et , juste devant l’usine flambant neuve, finit sa course dans le fossé. Bilan de cet accident impressionnant: plus de peur que de mal pour le chauffeur, une circulation interrompue pendant 3 heures à hauteur de Damart en fin de voie rapide, et un pylône d’éclairage public renversé…

Photos de l’accident en 1987 (Document Nord-Eclair)

Soucieux de rassembler toute son activité logistique à Hem l’entreprise réalise en 2009 un agrandissement considérable du site inauguré en grande pompe 22 ans plus tôt. Deux bâtiments sont ajoutés : le premier, de 4.000 mètres carrés, doit permettre le stockage de catalogues et le routage des mailings. Le second, sur 10.000 mètres carrés, doit servir à la préparation des colis.

L’extension de 15.000 mètres carrés porte donc l’ensemble de l’usine à 50.000 mètres carrés. C’est désormais de Hem que partent toutes les commandes pour les clients de la VAD (Vente A Distance), les stocks pour les différents magasins et points de vente, ainsi que les 140 millions de catalogues envoyés chaque année en France et à l’étranger.

Un tel flux nécessitant de meilleures conditions d’accès aux axes routiers un aménagement de la voie rapide a été réalisé par le Département afin que le site hémois lui soit désormais directement raccordé.

Extension du site originel en 2009 (Document VDDT Architectes)

A l’occasion de l’inauguration du nouveau site c’est le premier ministre François Fillon en personne qui se rend sur place accompagné de deux de ses secrétaires d’état: Valérie Letard et Laurent Wauquier. Une salariée, parmi les 500 personnes (essentiellement des femmes) désormais employées sur la plate-forme, leur explique l’organisation mise en place pour éviter aux préparatrices de commandes de trop se déplacer. A l’issue de la cérémonie le 1er ministre rencontre les professionnels de la VAD en mairie de Hem puis prononce un discours à la salle des fêtes.

Inauguration de l’extension du site en Octobre 2009 (Document Alamy Banque d’Images)

Puis en 2015, dans l’optique de doper de 25 % ses performances opérationnelles et de diviser par deux ses délais de livraison, Damart annonce un investissement de 5 millions d’euros dans la modernisation de sa plate-forme logistique de Hem. Ce site doit en effet accompagner la croissance du réseau de magasins. De 85 points de vente en 2015, Damart devrait compter plus de 125 implantations en France d’ici huit ans.

De plus, les ventes sont très liées aux variations climatiques. Si chaque année 4 millions de Thermolactyl sont vendus, l’usine doit pouvoir faire face lors de grands froids à des pics atteignant 30.000 commandes par jour ! Le projet consiste donc en la mise en place d’un système de type « trieur à pochette ».

Enfin, cette mécanisation accrue doit permettre aux 450 salariés de la plate-forme de bénéficier de meilleures conditions de travail : réduction du nombre de tâches répétitives, diminution des ports de charges, simplification de l’organisation des ateliers…

Nouvelle machine à colis (Documents la Voix du Nord)

Comme le montre la photo aérienne de 2020 la physionomie du boulevard Clémenceau à hauteur de la sortie de la voie rapide a bien changé en presque 40 ans et les champs ont donc laissé la place à un énorme site industriel sur lequel plusieurs centaines de salariés travaillent.

Site Damart à Hem en 2020 (Documents Google Maps)

Café Janssoone (Suite)

Photo de Paul et Raymonde avec leurs parents et beaux-parents Janssoone (dont Jules) et Cristal

Jules a un fils, Paul, que l’on retrouve en 1955, au 96 rue Jean Jaurès, dans les rubriques cafetiers et débits de tabac sur le Ravet-Anceau. Il tient son établissement avec son épouse Raymonde comme en atteste cette photo du couple prise devant leur établissement.

Paul et Raymonde puis Jean-Paul et Daniel leurs fils devant la façade du café Janssoone (Documents Joffrey Janssoone)

Une publicité de l’année 1966 montre que le café est le siège de l’Union Sportive de Hem et de la société d’épargne « Les amis du Beau-Chêne ». la publicité vante des consommations de premier choix, des articles fumeurs, des cartes postales et de la confiserie.

Publicité de 1966 (Document collection privée)
Les fils de Paul et Raymonde dans le jardin qui donne sur le patronage et l’un d’eux, Daniel, dans la cour du café-tabac (Documents Joffrey Janssoone)

Instantané de mémoire de Joffrey Janssoone, petit-fils des exploitants: «Je me souviens d’un café bondé, le comptoir plein, les tables devant le comptoir prise par les habitués où, très jeune, je m’asseyais de temps en temps avec eux. Les tables derrières étaient prises par les « beloteux » et les flippers installés dans le fond. Ma grand mère était au service, mon grand père au tabac qui me donnait mon dimanche pour avoir rangé les cigarettes dans les présentoirs.

Le week-end toute la famille était là pour travailler : les belles filles donnait un coup de main en salle, les frères servaient au comptoir sur lequel se trouvaient des œufs durs. Parfois 3 rangées de clients patientaient devant ; j’étais petit et je devais me frayer un chemin entre eux pour passer. Mon père et mon parrain jouaient au bout du comptoir au 421 avec les clients en racontant des blagues.

Certaines femmes appelaient au café pour savoir si leur mari était toujours là à l’apéro… Avec les autres enfants nous jouions dans le jardin qui communiquait avec le patronage de l’église Saint-Joseph. Je me souviens également de ma grand mère et de son balai à l’heure de la fermeture, poussant les derniers clients vers la sortie: PRESSONS PRESSONS !»

Publicité pour le café tabac ( juke-box, tilt, billard, articles fumeurs, confiseries, cartes postales). (Document Historihem)
Paul et Raymonde au comptoir et au billard (Documents Joffrey Janssoone)

Instantané de mémoire de Patrick Debuine, ami de la famille : « Lorsque les juke-box ont été installés cela a créé beaucoup de contentement dans la jeune clientèle mais aussi beaucoup de mécontentement parmi les clients plus âgés notamment les joueurs de belote qui ne s’entendaient plus penser et ne parvenaient plus à se concentrer dans une atmosphère devenue beaucoup trop bruyante à leur goût».

Raymonde devant la façade du café-tabac et Jean-Paul avec des clients (Document Joffrey Janssoone)

Le café tabac reste au nom de Paul jusqu’aux années 1980. En 1982, la publicité parue dans la brochure de l’Office Municipal d’Information hémois, fait état du café-tabac Janssoone-Cristal, du nom de jeune fille de Raymonde. Enfin, en 1983, l’établissement est répertorié au nom de Veuve Janssoone, laquelle continue à exploiter seule l’établissement quelques temps après le décès de son mari. Le café tabacs Janssoone vante alors principalement ses bières : Stella, Pelforth et Palten.

Dernières publicités Janssoone de 1982 et 1983 (Documents collection privée)

Lorsque Raymonde prend sa retraite, elle déménage au n°94, dans la maison voisine, et le café est revendu à la famille Sales. Paul et Raymonde ont eu 2 fils : Jean-Paul et Daniel. Jean-Paul, marié à Maryse, a une fille Emilie en 1979 (puis 2 fils en 1992 et 1996). Ils habitent au n°92 et sont donc les voisins de Raymonde. Daniel quant à lui, marié à Josette, a un fils Joffrey, également en 1979, et se trouve domicilié dans la maison voisine de son frère, au n°90.

Daniel Janssoone crée une entreprise d’électricité générale à son domicile et fait de la publicité pour son activité en ces termes :tout dépannage électrique, installations industrielles, éclairage magasins, force motrice, installations encastrées, tous chauffages électriques, eau chaude, cuisines électriques.

Publicité Janssoone électricité générale (Document collection privée)

En 1984, ce n’est donc plus la famille Janssoone qui tient l’établissement mais François Sales et son épouse, d’après le répertoire des commerçants, artisans et professions libérales d’ Hem. Le café fonctionne sous l’enseigne Au Beau-Chêne, sans doute en référence au Beau-Chêne du début du vingtième siècle, qui a perduré ensuite même quand les Janssoone l’exploitaient mais que les clients avaient pris l’habitude de dénommer « Chez Janssoone ».

Publicité Au Beau-Chêne (Documents collection privée et Historihem)

L’établissement Au Beau Chêne a été répertorié au registre du commerce et des sociétés jusqu’en 2012, date de sa radiation. Puis le 96 rue Jean Jaurès a été la propriété de la SCI (Société Civile Immobilière) Dubois Immobilier de 2011 à 2021, avant d’abriter 2 entreprises individuelles à ce jour.

Le Beau-Chêne en 2008 puis en travaux en 2017 et le 96 rue Jean Jaurès en 2022 (Documents Google Maps)

Une pensée pour Emilie Janssoone disparue trop tôt, en Mars 2022, alors qu’elle se faisait une joie d’apporter son témoignage.

Remerciements à Joffrey Janssoone et Patrick Debuine, à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem, à Bernard Thiebaut pour son livre : Mémoire en Images de Hem.

La « Maison Hantée »

A la sortie d’ Hempempont, à la limite des territoires des villes de Hem et de Villeneuve d’Ascq, se situe une grande bâtisse en briques rouges, construite en 1939, qui semble à l’abandon. Entièrement claquemurée elle ne laisse deviner que des tentures en lambeaux aux fenêtres et des amoncellement de branchages devant la façade. A l’entrée un chien bruyant et agressif joue les cerbères.

Photos de la maison (Document collection privée)

Pourtant cette maison, tout droit sortie d’un film d’Alfred Hitchcock, a en fait toujours été habitée par des agriculteurs, connus du quartier pour vendre des pommes de terre. Un panneau de bois posé devant la grille fait en effet régulièrement la publicité de cette vente à tous les automobilistes qui passent devant pour rejoindre la voie rapide.

Pourtant la rumeur publique est tenace et veut que la demeure soit hantée par le fantôme d’un enfant de 5 ans décédé dans ses murs et dont les parents ont dès lors quitté la maison pour la mettre en location. Depuis, les différents occupants ne seraient pas restés, terrifiés par des pleurs d’enfant et des bruits de pas.

Différents propriétaires et/ou locataires s’y seraient également pendus dans la même pièce au fil des décennies. Par ailleurs il serait impossible de détruire l’immeuble car les engins de chantier y tomberaient en panne et les ouvriers y seraient blessés dans d’étranges circonstances.

Un étudiant en communication lui a consacré son mémoire de fin d’études et la propriété est devenue une star du Web, se classant dans le top cinq des maisons hantées recensées dans la région. De nombreux sites lui consacrent régulièrement des articles faisant d’elle une icône des phénomènes surnaturels.

Parallèlement, en raison de sa réputation, la demeure attire les jeunes en mal de sensations fortes et les buveurs de bière balancent des canettes sur la maison et ses occupants. Ceux-ci se voient donc contraints de murer les fenêtres afin d’éviter une casse permanente.

Photo de la façade avec ses menuiseries puis murée (Documents divers sites internet consacrés aux phénomènes paranormaux).

Pourtant en 2006, la maison quitte le domaine ésotérique pour le religieux. L’église évangélique d’expression africaine l’achète en effet pour y installer un centre culturel et le pasteur Emmanuel Kamondji explique dans le journal « La Voix du Nord » que la rumeur des fantômes pourrait avoir été propagée par un banal conflit de voisinage.

Photo du pasteur devant la maison en 2006 (Document La Voix du Nord)

Cette église cherchait en effet des locaux depuis une dizaine d’années pour y installer un temple, et un centre pour les associations de catéchèse, d’alphabétisation ou de soutien aux SDF et a été séduite par la situation de la propriété, au bord de la voie rapide, et par ses larges volumes.

Photo panoramique de la maison à l’époque et de l’emplacement de celle-ci en 2021 (Documents Google Maps)

Les paroissiens, qui doivent prendre possession des lieux dès 2007, commencent aussitôt à débroussailler le jardin avant que les travaux de réfection ne commencent, dès les financements trouvés. Les aménagements intérieurs permettent rapidement aux fidèles de se réunir dans les salles prévues à cet effet.

Photos de l’intérieur avant l’incendie (Document collection privée)

Fin 2014, un incendie, vraisemblablement d’origine criminelle, ravage la maison en fin de soirée. La porte d’entrée a en effet été fracturée et le feu s’est propagé dans les escaliers pour atteindre les combles. Plusieurs centre de secours des environs doivent unir leurs efforts pour venir à bout du sinistre.

Photos de l’incendie en décembre 2014 (Document La Voix du Nord)

Les dégâts occasionnés par l’incendie étant trop importants pour pouvoir envisager une rénovation l’église évangélique propriétaire des lieux doit se résoudre à faire abattre l’immeuble en juin 2015.

Le bâtiment après l’incendie (Documents collection privée)

Ainsi que le relate le journal La Voix du Nord, dans son article au titre évocateur : « la maison hantée ne fera plus peur », paru au lendemain de la démolition, malgré les anciennes rumeurs aucune avarie n’est venue perturber le travail de la pelle hydraulique, laquelle est venue à bout de la « maison hantée » en une heure et demie.

L’article précise toutefois que les ouvriers ont attendu que toute la maison soit par terre avant de faire le tri car on ne sait jamais : une tuile qui vole…

Démolition du bâtiment en juin 2015 (Documents collection privée)

Damart Hem partie 1

Héritiers d’une usine de draperie et tissage fondée en 1850 à Roubaix, et face au déclin du secteur textile, trois frères, Joseph, Paul et Jules Despature, recherchent une idée de génie pour sauver leur entreprise. Elle leur est soufflée par leur vieille tante, qui, victime de rhumatismes, ne jure que par les vertus de la triboélectricité (phénomène créé par la mise en contact de deux matériaux de nature différente).

En 1953, ils ont donc l’idée de créer des sous-vêtements réchauffant à partir d’une fibre synthétique, la chlorofibre, très efficace contre le froid, l’humidité et les rhumatismes. Par une alchimie savante, les micro-frottements du tissu créent, au contact de la peau, une énergie qui génère une chaleur électrostatique. Ils appellent leur création : le Thermolactyl et, comme leur entreprise se situe rue Dammartin à Roubaix, choisissent comme nom pour leur marque : Damart.

les frères Despature (Document site Damart)

L‘entreprise a alors la bonne idée de faire contrôler son nouveau produit par le milieu médical avant son lancement, puis d’éditer un petit catalogue de vente par correspondance, afin de vendre ses produits en direct de l’usine. Et elle bénéficie de la grande vague de froid hivernal de l’hiver 1954.

La société s’installe au 25 rue de la Fosse-aux-Chênes à Roubaix et se spécialise dans la confection de vêtements, sous vêtements, corseterie pour les personnes de 50 ans et plus, ainsi que des chaussures, y compris pour enfants.

siège de la société de nos jours (Document Google Maps)

A la fin des années 50, la société Damart s’installe également au 160 boulevard de Fourmies à Roubaix, sur le site de l’ancienne usine Ternynck (usine aussi vieille que le quartier, construite en même temps que le Boulevard de Fourmies), et prolonge le bâtiment de la filature vers le Boulevard de Fourmies. Ce site abrite les services des expéditions, la majorité des ventes se faisant par correspondance, qui emploient à cette époque 200 personnes.

Damart au Nouveau-Roubaix (Document collection privée et Google Maps)

Damart soigne avec humour ses slogans publicitaires qui sont restés gravés dans les mémoires. Dès la deuxième moitié des années 1960, elle détourne, pour la radio, le célèbre tube de 1965 du chanteur français Henri Salvador, « Le travail c’est la santé », devenu « Le travail c’est la santé, Thermolactyl, c’est la conserver !« . Puis la marque invente, en 1971, pour la télévision, le célèbre « Froid, moi ? Jamais ! Je porte Thermolactyl de Damart !« .

Publicité 1965 et 1971 (Document site j’aime les mots.com)

En 1982, un nouveau projet d’implantation voit le jour : Damart projette de construire une nouvelle unité, sur un terrain de 53000 mètres carrés en bordure du boulevard Clémenceau, dans la commune voisine de Hem. Après deux ans de négociations l’acte administratif de cession du terrain est enfin signé même si le projet n’est encore qu’à l’état d’ébauche.

A cette époque, comme le montre la photo aérienne ci-dessous, le boulevard Clémenceau à Hem est encore bordé de champs du côté gauche en venant du centre ville juste au bord de la voie rapide. Or le problème de l’emploi y est le même que dans tout le versant nord-est de la métropole, à savoir un taux de chômage élevé qui touche plus de 10% de la population active.

Photo aérienne de Hem Clémenceau (Document IGN)

C’est la raison pour laquelle depuis 5 ans, le maire de la ville, souhaitant drainer des emplois sur Hem a créé la commission d’emploi, et la municipalité intervient ainsi dans des opérations destinées à favoriser l’implantation d’entreprises créatrices d’emplois pour la commune, le projet Damart représentant à cet égard une inestimable opportunité.

Quant à l’entreprise, à l’étroit dans ses locaux du boulevard de Fourmies à Roubaix, elle voit dans la construction de cette nouvelle unité beaucoup d’avantages :

  • d’une part la proximité des unités déjà existantes devrait permettre un déplacement des services sans trop de difficultés.

  • d’autre part, une bonne partie du personnel de Damart Roubaix est originaire de Hem et le transfert des activités représente un avantage certain pour ces employés.

    Finalement, ce n’est qu’en 1986 que tombe l’arrêté préfectoral créant la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) et permettant aux travaux de débuter. En juillet 1986, camions et bulldozers font leur apparition entre le boulevard Clémenceau et la rue de Beaumont.

    Deux immenses bâtiments sont construits : l’un réservé au stockage, d’une surface de 5000 mètres carrés sur 20 m de haut, l’autre destiné à l’exploitation, composé de 2 niveaux d’une surface de 8000 mètres carrés chacun. Les deux sont reliés entre eux par une galerie de 64 mètres de long.

A suivre. . . 

Café Janssoone

La rue des Trois Baudets à Hem a donné son nom au quartier qui l’entoure. Au dix-septième siècle c’était un simple sentier de terre qui menait à Roubaix et ce n’est qu’au dix-neuvième siècle qu’elle apparaît avec le nom de Chemin de Hem aux trois Baudets. Au début du vingtième siècle comme l’atteste la carte postale ci-dessous elle prend le nom de Chemin des Trois Baudets.

Chemin des 3 Baudets (Document Mémoire en Images de Hem)

Elle doit son nom à la forte pente à monter en venant de Roubaix pour aller au centre de Hem. La diligence s’arrête alors au bas de la rue au lieu dit « Le pain d’or » (actuel coin des rues Jean Jaurés et Clémenceau) nom de l’estaminet qui s’y trouve et dont le propriétaire sort alors ses ânes pour aider les chevaux fatigués à monter la côte jusqu’au relais de diligence situé au coin de la rue du Bas Voisinage (actuelle rue Louis Loucheur).

3 ânes pour grimper la côte (Document Au Temps d’Hem)

A l’époque les estaminets sont déjà nombreux dans cette petite rue et aux alentours immédiats : le Pain d’Or, le Beau-Chêne, le Congo, le Chasseur Belge (devenu en 1902 le Grand Saint-Eloi), la Fosse de la Verrerie, la Gaité, l’Harmonie, le Mirliton, le Point du Jour, le Pont de Canteleu, le Plafonnier, le Saint-Louis (relais de diligence des Trois-Baudets) au coin de la rue du Bas Voisinage, le Vrai Bon vivant, la Truelle d’Or…

La rue des Trois Baudets puis rue Jean Jaurés avec le futur café Janssoone au n°96 (Document Mémoire en Images de Hem)

C’est donc vers le milieu de la rue, plus exactement au numéro 96, que, dans les années 1920, s’installe Jules Janssoone, fils de Achille Janssoone, tisserand à Roubaix, en qualité de menuisier/ébéniste et exploitant d’un café-tabac. L’établissement sert également de siège au comité local du syndicat des petits propriétaires et bénéficiaires des HBM (Habitations à bon marché) qui a pour objectif la défense de la petite propriété familiale. C’est aussi chez lui que se déroule la perception de la taxe sur le chiffre d’affaires.

Un Comité Républicain Démocrate est fondé à Hem en 1926, à l’initiative de Georges Bernard (Voir sur notre site un article sur cette personnalité intitulé Georges Bernard- La Villa Pax) au cours d’une réunion à laquelle Jules Janssoone participe et est élu membre du comité. Jules Janssoone s’implique dans la vie politique de la commune où il figure sur la liste de concentration républicaine au titre de candidat aux élections municipales de 1929, au cours desquelles il est élu.

Jules dans son atelier (Document Joffrey Janssoone)

Au début de la seconde guerre mondiale c’est l’affolement et l’évacuation de la population civile est prévue par le commandement militaire. Une commission municipale d’évacuation de la population est donc constituée à Hem comme ailleurs, dans laquelle figure Jules Janssoone. Une réunion en mairie à pour objet d’indiquer la mission de chacun de ses membres, fixer les points de groupement, des moyens de transport et des points de rassemblement de la population.

Une enquête fait ressortir 4550 personnes à évacuer, dont 408 malades et vieillards et 1635 femmes et enfants. Pour cela les industriels, agriculteurs, commerçants et particuliers peuvent mettre à disposition 2 camions de plus de 3 tonnes, 12 camions de moins de 3 tonnes, 97 camionnettes et voitures de tourisme, 18 chariots à 4 roues et 4 tombereaux.

Instantané de mémoire de Rose Gosman habitant rue Jean Jaurès (Document Historihem) : « Lundi 20 mai, tout le monde partait. Ma tante, marchande de lait au bidon, avait une voiture C4. Elle emmena ma mère, ma marraine, les parents de la marraine ; moi, j’étais assise sur le bidon d’essence, la tête baissée par le plafond de la voiture. Mon père partit en vélo…La voiture tombait constamment en panne, nous roulions au pas à cause de l’embouteillage des routes et les bougies s’encrassaient. Mon père avançait plus vite que nous en vélo ! Il demandait aux gens «  Vous n’avez pas vu une voiture avec un sac blanc sur le capot ? » Par manque de place, nous avions mis en équilibre sur le capot de la C4 un grand sac en toile blanche rempli d’effets. Nous avons été mitraillé par des avions à La Bassée. Nous avons dormi dans une ferme à Beuvry : c’est la première fois que je dormais dans du foin. »

Exemple de photos de l’exode en 1940 (Documents Wikipedia)

Pendant la guerre tout est bon à prendre pour venir en aide aux prisonniers. Ainsi des jeux sont organisés et chaque fois une recette assez rondelette est remise au comité local d’entraide. C’est dans ce cadre qu’un groupe d’amis a l’idée d’organiser une soirée chantante chez Jules Janssoone.

Le succès de la soirée dépasse toutes les espérances grâce au concours bénévole d’artistes réputés : « les Prudents » et « les Charlystes », duettistes (Personne qui chante ou qui joue d’un instrument en duo ou personne qui fait un numéro de music-hall, de cirque avec une autre) , « Raymolus » et « Marcel Eelbo », comiques, accompagnés au piano par Mlle Bauwens. Les jeux de 421 sont récompensés d’un lapin, don de Mr Balduyck et d’un filet d’Anvers, don de Mr Demaline, boucher dans la rue. Au total, la soirée permet de récolter la coquette somme de 2515,20 francs pour le comité d’entraide.

Exemple de duettistes des années 1920-1930 (Document les Amis du Louxor)

A suivre…

Une pensée pour Emilie Janssoone disparue trop tôt, en Mars 2022, alors qu’elle se faisait une joie d’apporter son témoignage.

Remerciements à Joffrey Janssoone et Patrick Debuine, à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem, à Bernard Thiebaut pour son livre : Mémoire en Images de Hem.

Teinturerie Lenfant

(suite de l’article précédemment édité et intitulé :Henri Delecroix)

Entre temps, Henri Delecroix a cédé son entreprise au fils de Louis LENFANT, le dernier tisserand à l’ « otil » de la rue du Calvaire, Rémy Lenfant. Celui-ci avait initialement créé une teinturerie à Willems au lieu dit « Le Robigeux », 32 rue d’Hem, en 1911. Il s’y occupait des écritures, son beau-frère Jules FONTAINE, était chargé de la clientèle, et Albéric PARENT y était technicien teinturier. Il abandonne donc l’activité brasserie de son prédécesseur pour rouvrir une teinturerie à Hem.

CPA de la 1ère teinturerie Rémy Lenfant à Hem ( Document collection privée)
Courrier de la teinturerie en 1929 (Document Historihem)

Dans les années 1920, Rémy Lenfant achète également 1.100 mètres carrés de terre agricole dans l’avenue de la Gare (actuelle avenue Delecroix, après s’être également appelée rue de la Place) et y construit sa résidence, presque en face de sa nouvelle usine, située dans la rue du Rivage, laquelle bien que prenant sa source dans l’avenue lui est presque parallèle.

Photo aérienne de la propriété en 1933 et en 2022 (Document IGN et Google Maps)
Photos de la maison de maître (Documents Historihem et Google Maps)

On retrouve la teinturerie « Remy Lenfant et Cie » dans l’annuaire dès 1923. L’ usine ayant brûlé en 1940, à l’exception des bâtiments situés en bordure de rue, est reconstruite après 1946 grâce aux indemnités perçues pour les dommages de guerre. A la fin des années 40, Rémy Lenfant possède également une usine au 45 rue Jules Guesde à Roubaix.

Vue aérienne de l’usine de Roubaix en 1951, et en 2022 le magasin Lidl à son ancien emplacement (Documents IGN et Google Maps)

L’usine de Hem pratique le blanchiment, l’apprêt et la teinture sur bobines et sur écheveaux des fils de laine, de lin, de coton et de fibres synthétiques ainsi sur les articles non confectionnés. L’activité de teinturerie des tissus reprend en 1951 et celle des fils vers 1970.

En-tête de facture de 1955 (Document Historihem) et en tête d’enveloppe (Document collection privée)
Publicités de l’entreprise dans les années 60 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de la teinturerie dans les années 60 (Document Historihem)

L’entreprise puise sa force dans son évolution constante au fil des décennies : dans les années 1950 la teinturerie se spécialise ainsi dans les revêtements de sièges et tissus d’ameublement. Puis 10 ans plus tard elle réalise des investissements lourds avec achat d’autoclaves pour teindre le fil.

Dans les années 1970-80, les investissements continuent et la teinture des rubans, ceintures et fermetures éclair débute. Puis dans les années 1990, l’usine s’ouvre à de nouveaux marchés avec la teinture de vêtements finis ou semi-finis, sans pour autant abandonner les tissus d’ameublement, fils et rubans.

Vues de l’usine en 1992 (Document Historihem) et publicité (Document collection privée)

A cette époque, l’entreprise est gérée par Jean-Pierre Lenfant et Géry Fontaine, les arrières petits fils des fondateurs. Ils emploient 14 personnes alors qu’avant 1940, les salariés étaient une cinquantaine. L’eau, pompée à 18 mètres dans le forage de la brasserie en 1910, est pompée, dès lors, à 160 mètres de profondeur.

Vues de l’usine de l’extérieur (Documents Google Maps et Historihem)
Vues des ateliers (Documents Historihem)

Dans les années 2000, la teinturerie Lenfant est titulaire du label Nord Terre Textile et a réalisé un important programme d’investissement dans une rame en grande largeur (3m20) qui lui permet de diversifier ses services aux clients et de renforcer encore la qualité. Le dirigeant de l’entreprise est désormais Jérôme Lenfant et François Fontaine est administrateur.

Logo et publicité de l’entreprise des années 2000 (Document site internet)

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem