Résidence de la Marque

En 1966, le centre d’Hem a encore des allures de village et la rue du Docteur Coubronne, qui mène de la place d’ Hem à Hem Bifur, est encore bordée de champs des deux côtés comme en témoigne la photo aérienne prise à l’époque. Le 26 janvier 1980, la première pierre est posée et c’est en 1981 que la Résidence de la Marque sort de terre au n° 31, modifiant considérablement l’aspect de la rue.

Photos aériennes de 1966 et 1982 (Documents IGN)

A la pose de cette première pierre Jean-Claude Provo, maire de la ville, est présent et, dès le mois de septembre 80, dans la foule d’Hem en fête plusieurs milliers de personnes se précipitent pour visiter l’appartement témoin.

Le 1er Septembre 1981, le foyer logement accueille ses premiers résidents. De par sa conception, cette grande maison a pour vocation de rester chaleureuse et familiale. Pour la directrice, Mme Masson, ancienne infirmière, le foyer doit être un lieu de rencontre entre les résidents, même s’ils ont chacun leur petit appartement fonctionnel.

La résidence en 1982 (Document collection privée)
La directrice de l’établissement (Document Nord-Eclair)

Ainsi le repas du midi se prend en commun et de nombreuses activités sont prévues pour compléter ce premier élément d’insertion : voyages, veillées, goûters, ateliers, travaux artistiques, etc

L’équipe de cuisine au service des résidents (Document Nord-Eclair)

L’inauguration a lieu le 27 février 1982 en présence de Jean-Claude Provo, maire de la ville, et de Joseph Franceschi, secrétaire d’état auprès du Ministre de la solidarité, chargé des personnes âgées, lequel déclare :

« Cette résidence est un modèle du genre. On y trouve tout ce à quoi les anciens aspirent ».

Les discours des officiels mettent l’accent sur les prestations exceptionnelles mises à disposition des locataires : canalisations en cuivre rouge (meilleur conducteur de chaleur), carrelage en grès d’Artois dans la grande salle de séjour, carrelage posé sur un matelas insonorisant dans les coursives (pour éviter les bruits de pas bruyants), menuiseries en aluminium laqué au four (pour éviter les problèmes de condensation).

Concernant les espaces verts les plantations ont été faites bien avant la fin du chantier afin qu’une première floraison intervienne dès le printemps prochain et choisies pour assurer un fleurissement multicolore du début du printemps jusqu’à l’automne.

L’inauguration (Document Nord-Eclair)

Les résidents conservent des habitudes personnelles acquises chez eux : téléviseur, médecin traitant, aide-ménagère ; mais ils ont également accès à un service de buanderie, de coiffure, de pédicure et de manucure.

Des événements particuliers leur permettent de ne pas vivre repliés sur eux-mêmes et de partager la vie de la commune. Ainsi, dès février 1982, le carnaval s’invite dans la résidence et les élèves de l’école De Lattre de Tassigny viennent y fêter leur traditionnel carnaval annuel avec les anciens de la commune.

Arrivée des élèves de l’école à la résidence (Document Nord-Eclair)

Peu après les résidents fêtent à nouveau le carnaval au cours d’un thé dansant organisé avec les clubs de 3ème étage de la commune et le club J4 de Roubaix venu prêter son concours avec son orchestre.

Thé dansant avec les clubs du 3ème âge (Document Nord-Eclair)

En 1984, c’est la résidence elle-même qui s’enrichit de son propre club du 3ème âge afin de s’ouvrir sur l’extérieur en proposant des activités qui collent à la réalité et aux besoins des personnes âgées. Pour fêter la naissance du club le bureau organise un « pierrot » où sont invités 140 convives.

La vie commence à 60 ans (Document Nord-Eclair)

En 1993, ne pouvant faire face à la demande croissante des seniors de la ville, le foyer logement se dote d’une extension de 16 studios et d’une chambre d’hôtes pour la famille. Le principe : des studios de 38 mètres carrés en plein pied que les locataires aménagent comme bon leur semble.

Les bâtiments sont à proximité des commerces, de la mairie, de la salle Leplat et de l’église tout en offrant à leurs occupants le calme de la campagne puisqu’un champ les sépare de la voie rapide. Le succès de la résidence et tel que son fonctionnement nécessite bientôt l’emploi de 12 employés municipaux dont 2 jardiniers.

Deux employés à l’entretien des espaces verts (Document Nord-Eclair)

En 2002, la résidence de la Marque, qui compte alors 96 studios, fête ses 20 ans en grande pompe, en présence d’une délégation de la Résidence des Quatre Vents de Leers, avec repas, spectacle et surprises : chants, danses et sketchs, journée animée par le club de gymnastique de la Résidence. Bien entendu les officiels sont de la partie pour fêter dignement cet anniversaire.

Les officiels participent à la fête (Document Nord-Eclair)

Un atelier informatique est lancé, en 2009, démontrant que les résidents du foyer logement restent « branchés ». Quant à la chorale de la résidence celle-ci devient intergénérationnelle en accueillant parmi ses membres tous les 15 jours de jeunes choristes scolarisés à Croix, lui insufflant ainsi un dynamisme renouvelé.

En 2012, la résidence fête ses trente ans. Pendant une semaine se succèdent discours, chants, danses, lancers de confettis, portes ouvertes au public, séances de cinéma, lotos, audition de l’école de musique et un mémorable repas cabaret.

Fête des 30 ans (Document Tout Hem)

La résidence de la Marque fête ses 40 ans en 2022 et, si elle a connu des extensions et des travaux de rénovation, elle reste dans l’esprit qui a présidé à son installation : des logements coquets dans un cadre de vie verdoyant et des parties communes agréables qui servent de lieux de rencontre aux résidents.

Studios et cadre verdoyant (Site internet de la Résidence)
Lieux de rencontre (Site internet de la Résidence)

Remerciements à la Ville de Hem

La Cantoria – 1

Partie 1 L’école Victor Hugo et l’ancienne mairie de Hem

En 1841, une école pour garçons est construite sur la Place d’Hem, dénommée ensuite école Victor Hugo. Auparavant l’école était assurée dans une pièce de la maison du maître qui enseignait tout en faisant la cuisine et en soignant ses enfants. Pas question pour le moment d’une école pour les filles « qui n’ont pas besoin d’instruction pour tenir leur ménage », la municipalité n’ayant pas les moyens financiers suffisants pour ouvrir 2 écoles.

Pas d’école pour les filles ! (Document Au Temps d’Hem)

L’école de la place est fonctionnelle et dispose de latrines alors que la plupart des écoles en sont alors dépourvues. Dans un premier temps, elle ne compte qu’une seule pièce qui reçoit finalement les élèves des 2 sexes, séparés par une cloison, au milieu de laquelle se trouve le ponton (estrade) du maître d’où il peut surveiller garçons et filles. Dans le corridor il existe donc une porte d’entrée dans la classe pour chaque sexe.

L’école Victor Hugo vue de la place, la façade en gros plan et l’arrière de l’école et le mur d’enceinte de la cour de récréation vus de la rue du Cimetière (Documents collection privée)

Ce n’est qu’en 1852 qu’une école de filles est construite à Hem Bifur : l’école Pasteur. Dès la rentrée des classes de 1858, un second maître est adjoint à l’école des garçons. Bientôt, dans l’école 103 garçons occupent 41 mètres carrés dans la 1ère classe et 43 élèves se retrouvent dans 30 mètres carrés dans la seconde.

Dès 1875, l’idée d’une nouvelle mairie germe dans la tête de la municipalité, car le conseil municipal siège toujours dans la maison commune à l’Auberge du Coq et, bien qu’un cabinet des archives ait été installé dans une pièce chez l’instituteur 2 ans auparavant, cela ne suffit pas et il faut faire quelque chose.

Une maison est à vendre sur la place d’ Hem mais le projet de mairie n’est pas retenu de suite. Il faut attendre 1881 pour que la décision soit prise. Les travaux sont achevés en mai 1884 et une joyeuse inauguration met le village en fête sur la Grand Place devant la nouvelle façade, contiguë à l’école Victor Hugo.

La façade de la mairie en 1884 (Document Hem Images d’Hier), bâtiment contigu à l’école (Document Hem Mémoire en Images)
La Mairie d’ Hem en BD (Document Au Temps d’Hem)

La place d’ Hem (actuellement Place de la République) garde le même aspect pendant plusieurs décennies. Devant la façade de la mairie ont lieu de multiples fêtes et/ou commémorations au fil du temps. Ainsi les photos ci-dessous montrent une fête, occasion pour la fanfare de la commune de jouer des airs républicains, et une commémoration après la 1ère guerre mondiale avec hommage rendu aux anciens combattants.

Fête avec fanfare et commémoration de la victoire (Documents Hem Mémoire en Image)

En 1946, l’assemblée municipale décide l’acquisition de la propriété Catrice au 42 rue de Lille (actuellement rue du Général Leclerc). La maison de maître va être aménagée en Mairie et 2 écoles seront aménagées dans le parc : l’une pour remplacer l’école Victor Hugo, trop vétuste, et l’autre pour remplacer l’école Pasteur, endommagée lors de la guerre.

la mairie en 1934 ( Document Hem 1000 ans d’histoire) et la mairie annexe dans les années 70 ( Document Historihem).

Mais ce n’est finalement qu’en 1957 que le projet de l’école du Centre est lancé, et cette nouvelle école ( dite du Parc, ou de Beaumont puis Victor Hugo) scolarise enfin des enfants en 1959. L’ancienne école Victor Hugo laisse alors la place aux ateliers municipaux tandis que l’ancienne mairie continue à abriter des services municipaux et devient la mairie annexe.

vue panoramique de la Place en 1962 avec l’école et vue aérienne de 1989 avec les ateliers municipaux qui ont remplacé l’école Victor Hugo (documents IGN)
vue aérienne des années 1980 où on distingue les ateliers municipaux et la mairie annexe (Document Hem mille ans d’histoire)

A la fin des années 1970, c’est précisément un instituteur de la nouvelle école Victor Hugo qui se trouve être le premier professeur de « L’école de Musique » de Hem et, par la suite, grâce au soutien de la ville, celle-ci se développe autour d’un objectif principal : faire découvrir des instruments de musique, le solfège intervenant comme une nécessité pour la maîtrise desdits instruments.

L’initiation musicale mise en place peu à peu par la ville de Hem est alors le fait de professeurs rémunérés par la commune, qui ne disposent pas d’un lieu unique pour assurer leurs cours et vont de salle en salle au gré des disponibilités. Même si cela permet à une petite centaine d’enfants de prendre goût au solfège et à la pratique d’un instrument, très vite il leur faut s’orienter vers un conservatoire de la région…

Dès 1981, l’OCAH (Office culturel d’animation hémois) décide de la première rencontre musicale hémoise. Au programme du classique et de la variété. Puis en 1983, son 1er après-midi musical à la salle des fêtes est une réussite dont le journal Nord-Eclair se fait l’écho. La preuve est faite : les hémois sont demandeurs ; ils aiment la musique et en souhaitent le développement dans leur ville.

1er après midi musical de l’OCAH

Dès 1990, c’est l’ADHIM ( Association hémoise pour la découverte et l’initiation à la musique) qui est créée, sur proposition de Mme Houdry, adjointe à la Culture, afin de permettre de structurer l’initiation musicale dans la ville. Le but dans un premier temps est de mieux structurer l’initiation musicale existante avant de penser à des projets plus ambitieux.

A suivre…

Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, Jacquy Delaporte pour ses ouvrages Hem Images d’hier et Hem 1000 ans d’histoire et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.

L’éphémère champ d’aviation de Beaumont

A l’occasion de l’Exposition Internationale du Nord de la France, qui a lieu à Roubaix de Mai à Novembre 1911, regroupant 3429 exposants français et étrangers, un champ d’aviation de 10 hectares est construit à Hem, dans les plaines de Beaumont et sur les pâtures de la ferme Gorghemetz. Ce terrain s’étend de l’Avenue des Villas à Roubaix (aujourd’hui Avenue Gustave Delory) à la ferme de Beaumont à Hem.

croquis du champ d’aviation et photo aérienne de 1932 montrant en partie son ancien emplacement (Document archives Historihem)

Les installations se composent comme suit : le champ d’aviation, six hangars individuels, une grande tribune, des gradins et un hangar provisoire pour les grandes journées. On y accède par 2 entrées aménagées de part et d’autre du champ d’aviation.

photos des hangars et du public qui se presse pour assister aux exhibitions aériennes (Documents Roubaix 1911 centenaire de l’exposition)

Les organisateurs obtiennent la participation de nombreux aviateurs à de multiples exhibitions sur une période de 5 mois de juin à octobre. Ainsi Edouard Beaud et Florentin Champel animent le champ d’aviation en multipliant les exploits : survol de l’exposition, vols jusqu’à 800 mètres d’altitude, évolutions spectaculaires en virages courts.

Atterrissage d’ Edouard Beaud sur biplan Farman (Document archives Historihem)
L’émoi des habitants face aux avions qui virevoltent (Document Au Temps d’Hem)

Le terrain est aussi une étape du Circuit Européen qui se déroule du 18 juin au 7 juillet 1911. L’étape est remportée par Vedrines, devant Roland-Garros puis Beaumont.

Arrivée des concurrents au champ d’aviation (Document du journal illustré quotidien l’ Excelsior) (Document Au Temps d’Hem)

Les aviateurs sont ovationnés par le public et se voient offrir des gerbes de fleurs par des petites filles.

Vedrines se voit remettre une gerbe de fleurs (Document du journal illustré quotidien l’ Excelsior) (Document Roubaix 1911 centenaire de l’exposition) (Document Au Temps d’Hem)

Le général Lalorre entouré d’officiers aviateurs assiste à l’arrivée des pilotes.

Le général Lalorre et les officiers aviateurs (Document du journal illustré quotidien l’ Excelsior)

Un monoplan, Le Vautour, construit par deux roubaisiens Mrs Allard et Carbonnier, effectue également ses premiers vols lors des exhibitions du champ d’aviation, piloté par Mr Cordonnier lors du meeting du 14 juillet. Enfin, le 30 juillet évoluent dans les airs non seulement Vedrines mais aussi une aviatrice Jeanne Herveux qui fait un vol remarquable sur son biplan.

Vedrines et Jeanne Herveux (Documents archives Historihem et Roubaix 1911 centenaire de l’exposition)

Une fois l’Exposition terminée, les pâtures de la ferme Gorghemetz sont rendues aux placides vaches laitières noires et blanches. La ferme entourée d’eau jusqu’au milieu du vingtième siècle est alors exploitée par la famille Lefebvre et son adresse se trouve au 58 avenue Gustave Delory, bien que ses terres, hormis la maison elle-même se trouvent, pour la plupart, sur la commune de Hem.

Sur la photo aérienne de 1947, on voit clairement la ferme au bord de l’avenue Delory quelques temps avant qu’elle ne soit détruite en vue de la construction du quartier de Beaumont.

Photo aérienne de 1947 (Document IGN)

Dès 1948, le quartier change radicalement d’aspect avec les constructions de la cité des 3 baudets en bas du boulevard Clémenceau. Comme on le constate au fond de la photographie de 1948, au delà de l’avenue Mozart (percée en 1931), les champs et pâtures sont toujours présentes là où s’était dressé le champ d’aviation éphémère près de 40 ans plus tôt.

Début de construction de la cité CIL des 3 baudets (138 logements) en 1948 et la même cité en 2016 (Documents archives Historihem)

Puis dans les 10 années suivantes c’est au tour de la cité jardin Beaumont (381 logements), de voir le jour dans la plaine de Beaumont de l’autre côté de l’avenue Mozart. En mémoire de l’exposition universelle de 1911les rues de la cité portent des noms d’aviateurs célèbres : Vedrines, Roland Garros, Santos Dumont, Hélène Boucher…

Passage d’une ville à l’autre entre 2 maisons de la même rue et dénomination Logicil « Beaumont les aviateurs » (Document collection privée)

La particularité de ce quartier tient au fait qu’il est situé à la fois sur les communes de Hem et de Roubaix mais aussi au fait qu’il est isolé du reste de la ville de Hem, en particulier depuis la mise en service de la voie rapide Roubaix-Villeneuve d’Ascq en 1973.

Les photographies aériennes de 1962 et plus encore de 2021 démontrent comment ce quartier rural aux portes de Roubaix s’est développé au point de ne plus laisser penser qu’une ferme, des champs et un terrain d’aviation ont pu y exister un jour.

Photos aériennes du quartier en 1962 et 2021 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à Philippe Waret, l’Association Historihem et la Ville de Hem

La ligne Lille-Leers – Sixième partie : Hem, la rue de Lille

Nous avons suivi la ligne à travers ce qui est aujourd’hui Villeneuve d’Ascq, et l’avons laissée à la croisée des chemins du Recueil et d’Hem. Ce dernier chemin, dit de grande communication numéro 6, marque, sur quelques centaines de mètres, la limite entre Flers et Annappes. A la création de la ligne, on est encore en pleine nature et le chemin n’est bordé que de rares constructions. Celles-ci disparaissent complètement après la courbe à droite qui nous fait abandonner Flers pour pénétrer complètement dans Annappes.

Plan cadastral 1890

Ici, le tramway circulera jusqu’à sa fin en plein champs, comme le montre cette photo aérienne de 1951.

Vue aérienne Annappes 1951 Photo IGN

Aujourd’hui le chemin est coupé dans sa partie centrale par un rond-point, puis longé ensuite par le remblai de la voie rapide.

Photo Jpm

Après une large courbe à gauche, nous abandonnons la campagne pour rencontrer les premières maisons de Hempenpont, l’entrée, tracée elle aussi en courbe, de Hem.

Photo Jpm

Ce hameau constituait le carrefour des chemins venant de Flers, qui menaient à Croix et au centre d’Hem. Le cœur névralgique en était une auberge spécialisée dans la friture d’anguilles, située sur le carrefour où se séparaient les routes de Croix et de Hem, et devant laquelle le tramway négociait une courbe brutale à droite pour se diriger vers le centre de Hem.

Entrée de la rue de Lille à Hem Document Historihem

Nous nous trouvons alors à l’entrée de la rue de Lille, qui a pris ensuite le nom du général Leclerc. La voie va emprunter cette artère en suivant de près le trottoir de droite.

Remarquez à droite sur la photo suivante, devant le mur de la teinturerie, l’abri pour les voyageurs, qui semble indiquer que l’arrêt desservant l’auberge était très utilisé par les clients. En dessous, la même vue, prise aujourd’hui.

Rue de Lille à Hem Photo collection particulière.
Photo Jpm

Le tramway poursuit sa route, remontant cette rue, l’une des plus importantes de la ville. La première partie est en ligne droite, et propose de la verdure à gauche et des constructions sur la droite. La voie est unique. L’aspect de ce tronçon a peu changé aujourd’hui.

Rue de Lille à Hem Photo collection particulière

Quittant Hempenpont, après avoir parcouru une centaine de mètres et dépassé l’intersection avec la rue de la Tribonnerie, menant aujourd’hui à la poste, nous abordons le quartier de la citadelle. Après un premier virage sur la droite, la ligne attaque un « S ». Au niveau de la première courbe, une grille marque l’endroit de l’actuelle avenue Pierre Bonnard qui dessert maintenant un quartier résidentiel. A cet endroit, on remarque l’aiguille de fin d’une zone de voie dédoublée. Les cheminées d’usine sont nombreuses à l’époque du tramway.

Photo collection particulière

Nous retrouvons ensuite sur environ deux cent mètres une zone moins lotie et plus verdoyante. Après une contre-courbe à droite, une portion droite que nous montre la photo suivante, prise vers Lille après guerre. Elle nous présente à droite une série de belles propriétés qualifiées de châteaux, et dotées, à l’époque, de grands parcs d’agrément. Le camion Renault AHN visible à gauche empiète sans vergogne sur la voie !

Photo collection particulière

Cent mètres plus loin, une large courbe vers la droite, vue vers Lille sur la photo suivante, nous approche du centre. Nous retrouvons ici des constructions serrées l’une contre l’autre de chaque côté de la rue.

Photo collection particulière

Au même endroit et dans la même courbe, mais en tournant cette fois le dos à Lille, nous apercevons tout au fond l’église de Hem :

Photo collection particulière

Poursuivant notre route, nous distinguons mieux l’église. Nous atteignons presque Hem-Bifur, le croisement avec la rue qui nous mènera à gauche vers Lannoy. Le mur blanc à droite est celui de la ferme Franchomme.

Devant cette ferme, plusieurs photos représentent des motrices de la ligne Lille Leers. En voici une mettant en scène la voiture 13, modernisée en 1934, et limitée à Hem-Bifur, ce qui place la photo dans les années peu après 1947.

Hem-Bifur Photo Historihem

Immédiatement après la ferme, l’aiguille et la courbe à gauche nous mènent dans la rue de Lannoy, qui a ensuite pris le nom de Jules Guesde. A l’angle des deux rues, un autre abri pour les voyageurs, construit sur le même modèle que celui rencontré à Hempenpont.

Photo collection particulière

A suivre la rue Jules Guesde, anciennement rue de Lannoy…

Maurice Van Den Bruwaene, pilote automobile

Dans le Ravet-Anceau de 1947-48-49, on découvre Maurice Van Den Bruwaene, en tant que garagiste, au 69 rue Jules Guesde à Hem, et ce n’est qu’à partir de 1955 que l’annuaire précise cette adresse en mentionnant : impasse Vandemeulebrouck. Ses publicités réalisées, en 1952 et 1954, dans le journal Nord-Eclair, ne font état que du 69 rue Jules Guesde, sans référence à l’impasse, et indiquent sa qualité de sous-agence Panhard.

Publicités de 1952 et 1954 (Documents Nord-Eclair)

Sans le témoignage des habitants de l’époque et les photographies il est donc difficile de localiser l’établissement à partir de sa seule adresse dans l’annuaire. En effet, dès 1953, on retrouve à la fois le commissariat au 69 et le garage Van Den Bruwaene à la même adresse mais quand on regarde la configuration des lieux, on s’aperçoit que le garage a toujours été dans l’impasse à l’arrière du bâtiment du 69 rue Jules Guesde, lequel a longtemps abrité la police nationale.

Carte postale du début du 20ème siècle (Document collection privée)
Photographie des lieux en 2020 (Document Google Maps)

Dans les années 1950 et 1960, Maurice Van Den Bruwaene est également connu comme pilote automobile. Il court, surtout sur Panhard, dans des grands prix. En 1953, il porte ainsi le numéro 35 dans une Dina Panhard, au Grand prix du cinquantenaire à Roubaix au parc de Barbieux. Il y termine à la sixième place au classement.

Photographie du grand prix en 1953 (Document D. Jouvenel)

Il participe également aux 12h de Reims, en 1953 dans une DB (Deutsch-Bonnet) Tank Rifflard avec laquelle il finit neuvième et, en 1958 dans une Panhard Monopole grâce à laquelle il se classe 1er dans la catégorie des 500 à 750 centimètres cubes. La même année il se classe 18ème au Rallye des routes du Nord dans une DB Panhard.

Résultat de la course et photo de Maurice près de sa voiture (Documents D. Jouvenel)

Pour le tour de France automobile en 1959, il conduit une Dina Panhard mais ne termine malheureusement pas la course dans laquelle il est contraint à l’abandon.

Photos du tour de France automobile de 1959 (Documents D. Jouvenel)

Enfin il compte plusieurs participations aux 24h du Mans. Ainsi, en 1960, il arrive 17ème au classement général et 2ème de sa catégorie sur sa DB Panhard HBR qui porte le numéro 47.

Photos des 24 heures du Mans en 1960 (Documents D. Jouvenel)

Sur une photo prise avec une de ses voitures de course on voit ses 2 mécaniciens devant l’atelier du garage de Hem dans l’impasse (à droite de la photo Georges Cau, chef d’atelier à Hem) ; puis sur une autre photo sont présents l’ensemble des mécaniciens de son garage.

Photo des 2 mécaniciens devant le garage ( Document D. Jouvenel) et photo prise en 2021 au même endroit (Document Google Maps)
Photo de l’ensemble des mécaniciens dans l’atelier de Hem (Document D. Jouvenel)

Il présente également au public Hémois sa voiture de compétition DB (Deutsch-Bonnet) avec laquelle il participe aux 24h du Mans. C’est son excellent mécanicien Georges Cau qui l’accompagne sur le circuit, considéré comme « un sorcier capable de sortir d’insoupçonnables chevaux supplémentaires d’un moteur » d’après les journalistes de l’époque.

Photo de la présentation de sa DB au public hémois dans la garage (Document D. Jouvenel)

Les publicités de 1963 font état du fait qu’il est concessionnaire pour les marques Panhard, René Bonnet (à la dissolution du groupe DB, René Bonnet fonde sa propre marque automobile à son nom, laquelle ne durera que 2 ans), Volvo et Neckar (Fiat Neckar constructeur automobile allemand filiale du groupe italien Fiat).

Publicité de 1963 (Document Nord-Eclair)
Publicité du véhicule Missile de René Bonnet et Photo de ce coupé sport des années 60 (Document Nord-Eclair et Wikipedia)

Dans les années 60, on retrouve enfin des publicités indiquant le garage de Hem comme atelier mais aussi deux magasins de vente et d’exposition, l’un à Lille, au 289 rue Léon Gambetta, l’autre à Roubaix, au 56 boulevard de la République, en tant que concessionnaire exclusif NSU (constructeur allemand spécialisé en moteurs rotatifs), Volvo et BMC (British Motor Corporation) Austin.

Publicité commune pour ses 3 garages (Document collection privée)

Lorsque Maurice Van Den Bruwaene décède, en 1974, l’église St Corneille à Hem est trop petite pour contenir l’ensemble de la foule venue assister aux funérailles. Celle-ci est désireuse de rendre hommage à la fois au brillant pilote automobile, virtuose du volant mais aussi au meneur d’hommes et d’affaires ayant implanté 5 garages dans l’agglomération lilloise. Nord-Eclair lui consacre un article avec photo au titre évocateur : le monde de l’automobile en deuil.

Annonce des ses funérailles (Document Nord-Eclair)

Pour rendre hommage à leur président d’honneur, les membres de la fanfare St Corneille montent une garde d’honneur avec leur drapeau. Le maire d’Hem, Mr Leplat est présent ainsi que Mr Yschard, du comité directeur de la fédération française du sport automobile et bien d’autres personnalités.

A Hem, 10 ans après c’est Pascal Delecroix qui est installé dans le garage. Il est agent Renault et fait de la publicité pour la R5. Par la suite, délaissant l’impasse Vandemeulebrouck, il installe son garage, qu’il occupe encore à ce jour, en tant qu’agent Renault et Dacia, au 63 rue Jules Guesde.

Publicité du garage Delecroix au 69 rue Jules Guesde (Document Nord-Eclair)
Publicité du même garage au 63 rue Jules Guesde et photo de celui-ci (Documents collection privée)

A Roubaix, un garagiste lillois, Mr Crequy, ouvre en 1975 un point de vente BMW, doté d’un magnifique hall d’exposition.

Publicité du garage Crequy de 1975 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 2000, la vente automobile y cède la place à un bar, billard, pizzeria à l’enseigne Le Shanon.

Photo du garage Crequy en 1975 (Document Nord-Eclair) et du Shanon en 2021 (Document Google Maps)

Remerciements à Damien Jouvenel ainsi qu’aux archives municipales de Roubaix

L’histoire de la poste à Hem

La poste en France est issue des relais de poste, mis en place par le roi au quinzième siècle pour transporter les messages royaux, et surtout des offices de messagers royaux créés au seizième siècle et autorisés à transporter le courrier des particuliers. L’administration des postes trouve quant à elle son origine avec la création de la « poste aux lettres» dirigée par le surintendant général des postes.

Messagers à cheval au 15 ème siècle (Document AFP)
Diligences dans le midi 19ème siècle (Document Wikipedia)

Le télégraphe quant à lui ne voit le jour qu’en 1845 et c’est seulement en 1879 que la poste fusionne avec le télégraphe pour devenir les PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) et se voit attribuer un ministère. L’acheminement du courrier se fait essentiellement par le rail à l’époque et seules les grands villes sont munies de bureaux de poste.

A Hem, à la fin du dix-neuvième siècle, seule une boîte aux lettres, modernisée en 1880 par l’achat d’une belle porte à cadran indiquant le passage du facteur, existe encore. Les industriels qui s’installent dans la commune réclament à grands cris l’ouverture d’un bureau de poste.

ancienne BAL de 1900 et 1925 (Document musée de la Poste)

Mais ce n’est qu’en 1891 que le Ministre autorise la création d’un bureau de quatrième classe, et à la condition que la commune fournisse durant 18 ans les locaux gratuitement. L’autorisation obtenue, dès 1892, la ville fait donc construire celui-ci à l’angle de la route de Lannoy et de la carrière de Beaumont (aujourd’hui rues Jules Guesde et de Beaumont) .

C’est l’architecte Mr Deregnaucourt, de Roubaix, qui est chargé de la réalisation du projet qui comprend le bureau de poste et le logement du directeur. Sur la façade du bâtiment, côté route de Lannoy, apparaît l’inscription « Postes et Télégraphes ».

carte postale début du 20ème siècle (Document collection privée)

Pierre Gosman, cabaretier, est alors nommé porteur de télégrammes. Enfin en 1898, le téléphone est installé et la receveuse des postes, surchargée, prend une aide à son compte.

dessin du bureau (Document Tout’Hem)
dessin ajout du téléphone et télégramme (Document Tout’Hem)

La Mairie n’est raccordée qu’en 1905 et, dès 1910, des réclamations commencent par suite d’encombrement du circuit téléphonique, obligeant les PTT à prévoir une seconde ligne mais pas immédiatement en raison d’un problème de manque de crédits.

dessin encombrement des lignes (Document Tout’Hem)

Avec la croissance rapide de la ville de Hem, un nouveau bureau de poste, répondant aux besoins d’une ville moyenne, est mis en chantier, à l’angle du boulevard Clemenceau et de la rue Jean Jaurès en 1968 pour être ouvert au public au début de l’année 1969.

chantier de la nouvelle poste en 1968 et bureau finalisé en 1969 ( Document Nord-Eclair et bulletin municipal de Hem)

Le nouveau bureau de poste bénéficie de places de parking ainsi que d’un distributeur de billets de manière à améliorer la vie des habitants du quartier des 3 Baudets, où un nouveau lotissement vient de voir le jour en face de l’église Saint-Joseph. Par ailleurs, s’il n’est plus à proprement parler en centre ville, il n’en est pas très éloigné.

Depuis 1970, si l’immeuble a connu quelques rénovations, notamment en matière de réfection des peintures de façade, il n’a pas été fondamentalement modifié comme le montrent ces 2 photos des années 70 et 2020. Seul le parking, régulièrement encombré en raison du grand nombre d’usagers a fait l’objet d’un agrandissement.

photos années 70 (Document collection privée) et 2020 (Document Google Maps)

Quant à l’ancien bureau de poste de la rue Jules Guesde, les locaux, un temps inoccupés ont accueilli ensuite les marbreries Scopi puis Piccini. A partir de 2020, cette dernière a diversifié ses activités en adjoignant à sa fonction première celle d’entreprise de pompes funèbres.

publicités marbreries (Documents collection privée)

Si, côté rue de Beaumont, une exposition de monuments funéraires a été aménagée à 10 mètres de l’entrée sur le coin et si la façade a subi un ravalement complet il est aisé de retrouver dans l’aspect du bâtiment actuel les vestiges de l’ancienne poste de Hem.

extrait d’une carte postale du début du 20ème siècle (Document collection privée) et vue similaire en 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à la ville de Hem.

Robert Jonckheere : l’Observatoire de Hem (suite)

Dès la 3ème semaine d’Août 1914, les astronomes de l’observatoire de Hem entendent tonner le canon presque chaque jour. Bientôt les troupes allemandes envahissent la région. Ayant mis sa femme et ses enfants à l’abri en Angleterre, Robert compte regagner son observatoire mais celui-ci, de même que l’entreprise familiale, est occupé par les allemands, qui vont y installer un casino restaurant.

Observatoire occupé par les allemands (documents collection privée)

Il s’ exile alors lui aussi en Angleterre, pour la durée de la guerre, et se trouve rattaché au service d’optique de l’arsenal royal à Woolwich, passant ses nuits à l’observatoire royal de Greenwich.

Robert en exil à Woolwich (document JC Thorel)

De retour en France en 1919, il découvre les déprédations commises par l’armée d’occupation dans son observatoire et l’entreprise familiale :

– dans l’observatoire : le vol des pièces de précision et des instruments d’astronomie, la disparition des livres de la bibliothèque, le saccage de la maison d’habitation, la détérioration du matériel trop lourd pour être emporté et le sabotage de la coupole ainsi que la destruction du poste météorologique. Il doit donc commencer la remise en état de son observatoire qui sera longue et coûteuse…

-dans l’entreprise textile : le pillage des tissus et étoffes par les allemands mais également des machines et de l’outillage de l’usine. Son frère aîné, successeur de son père en 1910 à la direction de celle-ci, revenu diminué de la guerre et n’étant plus apte à remplir cette fonction, Robert en héritera à son tour en 1922.

Robert Jonckheere (Document association Jonckheere)

Robert est dès lors très pris par ses affaires s’occupant à la fois de la gestion de l’entreprise familiale et de la restauration de son observatoire pour laquelle il recherche activement des financements. Toute cette activité ne lui laisse que peu de temps à consacrer à sa famille et la séparation des époux intervient en 1926.

Le divorce est acté en 1927. Cette même année, le gouvernement anglais interdit l’importation de draperies étrangères et Robert, qui commerçait beaucoup avec ce pays, reste avec tout son stock de draperies de style anglais et se voit contraint de déposer le bilan de son entreprise de filature.

Il rencontre également trop de difficultés financières pour pouvoir continuer à supporter les frais et charges occasionnés par un observatoire et son personnel.

Après avoir vendu quelques parcelles de terrain de l’autre coté du boulevard, il se résout donc à vendre son matériel scientifique à l’université de Lille.

lunette astronomique à Hem en 1909 puis à Lille 100 ans plus tard (Documents association Jonckheere)

Le 12 décembre 1928, après de longs pourparlers avec celle-ci, le journal de Roubaix annonce le transfert de l’observatoire de Hem à Lille. Ce n’est pourtant qu’en 1929 que la vente est enfin conclue, Robert ayant tenté jusqu’au bout, sans succès, d’obtenir la direction du futur observatoire. L’observatoire astronomique disparaissant de Hem le boulevard qui portait son nom devient le boulevard Gustave Delory, du nom du député du Nord.

transfert de l’observatoire de Hem à Lille (document journal de Roubaix)
vente du terrain (document JC Thorel)

La propriété est quant à elle mise en vente dès le mois de mars 1930 en plusieurs parcelles. C’est Pierre Verspieren, assureur, qui se porte acquéreur de la 1ère parcelle, « en nature de jardin bien planté », avant de la revendre, en 1945, à Pierre Motte père. Quant à la 2ème parcelle comprenant la maison d’un étage avec terrasse, l’habitation du concierge et les chambres des observateurs, les bureaux et la bibliothèque un garage et les restes de la coupole, en partie démolie pour en extraire la lunette, elle est achetée par des épiciers grossistes en 1935 et revendue à Pierre Motte en 1948.

C’est dans les années 50 que les nouveaux propriétaires agrandissent le rez-de-chaussée et surélèvent la maison d’un étage la rendant telle qu’elle est actuellement toujours visible au n°80 du boulevard, devenu Clémenceau dans les années 30.

photos années 1950 et 2020 (documents collection privée et google maps)

Plus rien ne retenant Robert dans la région lilloise, il quitte celle-ci pour s’installer dans le sud, à Marseille où, après avoir exercé de multiples métiers, il obtient enfin, en mars 1930, un poste à l’observatoire de Marseille, où il travaillera jusqu’en 1962, année de sa retraite. Quand il décédera, en 1974, il laissera derrière lui, à Lille, une des plus importantes lunettes encore en service en France.

Pendant ce temps, en 1933, l’observatoire de Lille sort de terre rue du Faubourg de Douai, construit dans un style très semblable à celui de Hem ; il est inauguré fin 1934.

observatoire de Lille 1934 (Documents association Jonckheere)

La même année celui de Hem est pratiquement rasé en dehors des bâtiments d’habitation : l’ancienne habitation de Robert et les 2 garages au 80, et la maison du concierge au 82.

Le reste du terrain est devenu un lotissement de maisons bourgeoises dont l’accès est baptisé Allée de l’Observatoire.

Vue aérienne actuelle (Document Google maps)

Remerciements à Mr Jean-Claude Thorel, auteur du livre : Le ciel d’une vie- Robert Jonckheere.

Remerciements à l’Association Jonckheere pour son document : Extrait des premières publications de l’observatoire de Hem, édité en 2009.

La ferme des 4 vents

Au dix-septième siècle, la ferme, située à l’extrémité de Hem, aux confins du territoire de Sailly-lez-Lannoy, est exploitée par la famille Castel et le reste jusqu’au vingtième siècle. La ferme est alors reprise par Victor Ruscart et son épouse Marie-Louise Delrue. L’exploitation comprend 16 ha et l’étable se situe à moitié sur le territoire de Sailly. Aucun tracteur n’est alors utilisé sur le domaine.

Ferme Ruscart (Document archives Historihem)

Vue aérienne de 1951 (Document IGN)

Lorsque Victor Ruscart cède la ferme pour prendre sa retraite, en 1970, il la vend à M. Henri Masquelier, pépiniériste à Lys-lez-Lannoy. L’entreprise de celui-ci fondée à Hem en 1874 par son aïeul, et transférée à Lys-lez-Lannoy en 1905 où elle occupait 2 ha, avait connu un nouvel essor en 1919 et porté sa surface à 7 ha et un nouveau bâtiment. En 1946, apparaissait la profession de paysagiste et l’entreprise connaissait une extension importante.

Dans les années 70, les jardineries en libre service se créent et la société Masquelier s’emploie à développer ce secteur, notamment en se réimplantant sur Hem où l’exploitation comprend alors 21 ha et prend pour nom commercial La Pépinière des 4 Vents.

Pépinières Masquelier (Documents collection privée)
Plan et photo aérienne 1971 (Document IGN)
Publicité de 1981 (Document collection privée)

La famille Masquelier la revend à son tour à Gonzague Pierchon et son épouse en 1987.

Ancienne Ferme Ruscart (Document archives Historihem)

La ferme reçoit alors l’appellation commerciale de Maison des Pâtures. Le journal Nord-Eclair se fait écho de cette incursion du Périgord dans le Nord.

Gonzague Pierchon vend du foie gras en 1987 (Document Nord- Eclair)

En effet, Gonzague Pierchon est à l’origine comptable et s’est retrouvé employé à la Chambre d’agriculture de Périgueux. Intéressé par le monde de l’agriculture, il a quitté son emploi pour étudier l’aviculture à Rambouillet. Ayant trouvé un corps de ferme à louer à St Amand les Eaux il y a développé son 1er élevage d’oies nordiste avant de se rapprocher de l’agglomération lilloise, où le foie gras se vend traditionnellement mieux, en s’installant à Hem.

Elevage des oies à l’extérieur (Document Nord-Eclair)

Il y pratique l’élevage extensif en pâture comme cela se fait traditionnellement en Dordogne, laissant les oies et canards gambader en pâture puis les nourrit de mais à volonté toujours à l’extérieur avant de passer à la phase de gavage.

Vue aérienne de l’exploitation en 1997 (Document IGN)
Vue de la ferme en 2008 sur Hem et sur Sailly lez Lannoy (Document Google Maps)

Après le départ en retraite du couple Pierchon, la ferme du 207 rue du Calvaire déviée est rachetée en 2016 par Nicolas Mulliez. Celui-ci, charpentier de formation, mais sensible aux thématiques agricoles, s’est formé dans une ferme proche d’Orléans, pionnière en agriculture biologique. Après le rachat de la ferme il décide de faire de son exploitation un véritable laboratoire pour la permaculture.

Vues de la ferme en 2019 sur Hem et sur Sailly lez Lannoy (Documents Google Maps)

Ses produits sont certifiés bio et il fournit aussi bien les particuliers que les magasins bio des environs mais aussi les restaurateurs. Avec son épouse il a aussi créé des gîtes tout confort et met également à disposition de sa clientèle une salle de réception pour les événements privés.

L’intérieur de la ferme (Document site internet de la ferme des 4 vents)

Il est curieux de constater comment cette ferme, exploitée à l’origine par des familles d’agriculteurs puis par un horticulteur, est ensuite devenue par l’intermédiaire d’un comptable de formation le domaine du foie gras avant d’être aujourd’hui une exploitation bio grâce à un charpentier de formation.

Remerciements à Historihem et la Ville de Hem

La ligne Lille-Leers 5e partie : la traversée de Flers

Venant de Lille, la ligne quitte Hellemmes au carrefour avec la rue Jules Ferry : elle oblique alors vers la droite le long de ce qui est aujourd’hui le centre commercial Cora. Elle va traverser Flers, toujours sur le chemin de grande communication numéro 6, qui a pris ici au 20ème siècle le nom de rue Jules Guesde.

A partir de ce point, à l’origine, le trajet va devenir franchement campagnard, après les constructions relativement clairsemées sur le territoire d’Hellemmes. A Flers, le plan cadastral de 1890 n’indique pratiquement aucune habitation, mis à part un petit groupe au droit du bourg de Flers et quelques rares fermes éparses : le tramway y circule au milieu des champs.

Plan cadastral de 1890 – Document archives départementales

Il est à noter que 50 ans plus tard, la proportion de terres agricoles n’a pratiquement pas diminué. Comme le montre cette photo aérienne IGN de 1947, peu avant la fermeture de la ligne, la fièvre bâtisseuse ne s’est pas encore manifestée :

Photo IGN

Parmi les bâtiments que la ligne dépasse au niveau du Bourg, on remarque sur les photos qui suivent, juste après le carrefour avec le chemin menant au Sart, un petit groupe de constructions et une grande ferme, dénommée, sur le plan cadastral de 1825, la « ferme de la Frannoy ».

L’un de ces bâtiments est l’école des filles. On retrouve cet ensemble quasiment inchangé aujourd’hui.

Photos coll. Particulière et Google

De même, la très ancienne ferme existe toujours elle aussi ; elle est aujourd’hui dénommée de « ferme du haut » après avoir été connue sous le nom de ferme Delesalle. Elle offre maintenant au public des animations culturelles et artistiques.

Photo Google

Mais le bourg s’étend, et le côté impair de la rue ne tarde pas à se bâtir. En face de la ferme, plusieurs maisons sont érigées aux numéro 247 et suivants. La photo suivante, des années 30, nous montre les constructions bordant la rue et la voie du tramway.

Photo collection particulière

Ces maisons sont toujours présentes aujourd’hui. L’aspect du quartier n’a pas tellement bougé, même si le revêtement de la rue a changé et que les voitures qui parcourent celle-ci se sont modernisées.

Photo Google

Un peu plus loin, la rue, laissant à sa droite l’ancien château, s’étire quasiment en ligne droite, passant devant le lieu-dit Tiraloque entre les hameaux de la Cousinerie et de Canteleux. Ici alternent aujourd’hui maisons anciennes et habitations récentes, mais on continue toujours à suivre sans peine l’ancienne ligne du tramway.

Photo Google

De nos jours pourtant, la proportion des constructions neuves augmente petit à petit et le quartier prend un aspect plus aéré alors qu’on approche de l’autoroute de Gand. Enfin, celle-ci coupe notre route. Pour retrouver notre chemin, il faut la traverser. De l’autre côté, on peut de nouveau la suivre sur une centaine de mètres à hauteur du Mac Donald. On arrive à l’endroit où elle remontait par un coude brusque vers le nord et le hameau du Recueil en longeant la commune d’Annappes. Ici, plus question de suivre quoi que ce soit, car toute cette zone a été bouleversée lors de la constitution de Villeneuve d’Ascq et l’édification du quartier de la Cousinerie dans les années 1970.

Avant et après l’autoroute urbaine – photos Google

Dans cette zone, il est pratiquement impossible de retrouver l’emplacement de la ligne. Mais nous pouvons en superposant les cartes anciennes sur une carte IGN moderne parfaitement y tracer le parcours disparu de notre ligne de tramways.

Carte IGN au 25 000ème.

Il est possible de nous imaginer ce tracé à la sortie de la Cousinerie : il traversait pratiquement la voie rapide là où s’étend aujourd’hui l’échangeur donnant accès au quartier. La voie traversait le rond-point qu’on connaît de nos jours.

Photo Jpm

Mais, de l’autre côté de l’échangeur de la voie rapide, nous retrouvons l’ancien chemin numéro 6 qui, débouchant du passage souterrain, va nous amener à Hemponpont et au Recueil.

Photo Jpm

Ici, on retrouve un peu l’environnement de l’époque : maisons anciennes et verdure. Après environ deux cents mètres, nous laissons sur la droite la route conduisant au Recueil et nous prenons à droite pour arriver à Hem.

Photo Jpm

A suivre…

Robert Jonckheere : l’Observatoire de Hem

Fils de Louis Jonckeere, dirigeant d’une manufacture de lainage et draperie, rue Pasteur à Roubaix, Robert Jonckeere vient au monde, en 1888, dans cette même ville. Comme son frère aîné il effectue, au début des années 1900, un séjour en Angleterre pour y apprendre la langue et y suivre des cours à l’Ecole Polytechnique et à l’Université de Londres ; c’est dans ce pays qu’il rencontre sa future épouse Thirza.

Robert en 1904 (document JC Thorel)

En 1904, son père le rappelle en France pour commencer à l’initier à ses affaires. Cependant son travail à la manufacture ne le passionne pas même s’il a réussi à obtenir la confiance de son père pour représenter l’entreprise en Angleterre où il peut ainsi revoir fréquemment sa bien-aimée, tout en prospectant de nouveaux clients.

Il commence alors à passer ses nuits à observer les étoiles, d’abord avec un verre de monocle et une loupe avant de se procurer des lunettes de plus en plus puissantes, et se plonge dans la lecture de nombreux ouvrages traitant d astronomie. Puis il s’inscrit à différentes sociétés astronomiques : de France, d’Angleterre et même des Etats-Unis.

Domicilié chez ses parents, au 137 boulevard de Paris à Roubaix, il parvient à persuader son père de lui faire construire un petit observatoire sur le toit de la maison familiale, au dessus de sa chambre, opérationnel pour les fêtes de Noël de 1905 et appelé Stella, qui lui permet de se lancer, dès 1906, dans des observations astronomiques assidues et méticuleuses.

Robert devant son observatoire Stella (document JC Thorel)

En guise de cadeau paternel, pour sa majorité, il envisage la construction d’un véritable observatoire et finit par trouver le site idéal, de près de 2 ha, au lieu dit La Citadelle, hameau des 3 baudets à Hem, sur une petite colline de 53m d’altitude,lieu où avait été installé par l’armée, à la fin du siècle précédent, le Fort de la Lionderie.

Observatoire route d’Hem (document collection privée)

Ce terrain est acheté par parcelles à des cultivateurs de Hem en janvier 1908. L’accès se situe sur un boulevard ouvert à la circulation en 1902 et qui prendra le nom de boulevard de l’Observatoire. En Août 1908, tandis que les travaux se poursuivent, Robert épouse Thirza et les époux s’installent dans leur logement de l’Observatoire en Mai 1909.

Mariage de Robert et Thirza en 1908 (document JC Thorel)
Leur habitation au centre de la photo (document collection privée)

A l’entrée du terrain se trouve la conciergerie et, au 1er étage, le logement pour les aides attachés à l’Observatoire. Puis sont construits 3 corps de bâtiments reliés par des galeries :

Plan (document JC Thorel)

-au centre la grande coupole d’un diamètre intérieur de 8,24 m

-au sud la salle de la lunette méridienne

-au nord l’appartement de la famille, les bureaux et la bibliothèque,

soit un total de 57 mètres de façade

-un peu plus au Nord le chalet de météorologie

Robert sur sa chaise d’observation dans la coupole (document collection privée)
la lunette méridienne (document JC Thorel)
la bibliothèque riche de plus d’un millier de volumes (document JC Thorel)

En1909, Robert effectue ses premières mesures et, pour publier rapidement ses mesures et découvertes, il crée le Journal Astronomique de l’Observatoire de Hem dont le numéro 1 paraît dès septembre 1909.

Journal Astronomique 1909 (Document association Jonckheere)

Les observations météorologiques commencent en mai 1909 et un Journal Météorologique de l’Observatoire de Hem est créé en 1910 dont le 1er numéro paraît début 1911.

Journal Météorologique 1911 (Document association Jonckheere)

Le 22 Mai 1910, Robert est le 1er à retrouver la comète de Halley dans le ciel de la région : « astre chevelu qui donne l’impression d’une nébulosité vague et inconsistante, suivie d’une longue queue » ; sa publication contribue ainsi à la campagne d’information destinée à contrer une presse sensationnaliste annonçant la fin du monde.

Comète de Halley 1910 et Annonce fin du monde 1910 (document JC Thorel)

En 1911, il reçoit la visite de personnalités et d’astronomes éminents tel que Mr Benjamin Baillaud, directeur de l’observatoire de Paris, et Georges Lyon, recteur de l’académie de Lille, qui par leurs rapports extrêmement favorables sur ses travaux, lui font augmenter la subvention départementale dont il bénéficie.

Robert et Benjamin Baillaud 1911 (document JC Thorel)

A suivre…

Remerciements à Mr Jean-Claude Thorel, auteur du livre : Le ciel d’une vie- Robert Jonckheere ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Remerciements à l’Association Jonckheere pour son document : Extrait des premières publications de l’observatoire de Hem, édité en 2009.