Salle des fêtes, bains-douches et dispensaire

Dans la seconde partie du 19ème siècle, des festivités collectives se déroulent dans la commune de Hem telles que le carnaval mais ce ne sont pas les seules réjouissances . En effet, de nombreuses sociétés voient le jour, lesquelles offrent des loisirs variés : société des archers et arbalétriers, société philarmonique, société des joueurs de boules, sociétés chorales, les francs-amateurs (colombophiles), etc

Sous la mandature de Henri Delecroix la demande de surélévation de l’école du centre (Victor Hugo Place de la République) pour y faire une salle des fêtes est rejetée en 1914. La commune juge en effet préférable d’envisager la construction d’une salle spéciale au centre ville pouvant servir à toutes les œuvres post-scolaires et associatives.

Photo de Julien Lallart maire de Hem (Document Historihem)

En 1925, Julien Lallart, cultivateur succède à Henri Delecroix en tant que maire de Hem. Son grand projet, malgré des finances limitées est de munir la commune d’équipements lui faisant défaut et en premier lieu d’une salle des fêtes pour assurer le bien-être des hémois.

La transformation de l’école Pasteur est évoquée. Y seraient érigés : une salle de consultation de nourrissons, les bains-douches, la salle des fêtes et un foyer pour les œuvres post-scolaires. Mais il faudrait alors construire une nouvelle école et tous les projets échouent les uns après les autres.

La chute du franc est à cette époque vertigineuse et il est en réalité impossible d’envisager un projet aussi ambitieux. Pourtant fin 1927, profitant d’une accalmie dans le marasme économique, la municipalité se décide à voter un emprunt pour faire construire par l’architecte Albert Rouzé une salle des fêtes, rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) sur un ancien terrain du Bureau de Bienfaisance racheté par la ville.

Le terrain racheté par la ville pour y construire la future salle des fêtes (Document Hem Images d’hier)

Cette salle doit permettre, avec le concours des Amicales, d’organiser les jeudis des enfants de la commune ; séances de cinéma éducateur et goûter substantiel leur seront offerts gracieusement. Il s’agit manifestement de l’amorce de l’oeuvre plus importante à venir : camps de vacances et jeudis récréatifs.

Bien entendu la salle est également destinée à toute société subventionnée hémoise ayant besoin d’une salle propice à l’organisation de petits concerts annuels. Un simple acccord avec les Amicales sur la question des dates leur permettra de bénéficier de la salle des fêtes municipale.

Julien Lallart, le jour de l’inauguration, va jusqu’à affirmer que la ville bénéficie de l’une des plus belles salles des fêtes de la région. Il ajoute que : « l’Art est aussi nécessaire à l’homme que le pain et le socialisme n’est pas l’ennemi du beau ».

La façade de la salle des fêtes à l’époque de sa construction (Document Hem Images d’hier)
La rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) avant et après la construction (Documents Hem 1000 ans d’histoire)
Les associations hémoises devant la salle en 1947-48 (Document Historihem)

Le programme municipal prévoit alors aussi l’instauration de l’éducation physique dans les écoles avec installation de cabines de douches rudimentaires. Mais des difficultés d’ordre matériel mettent un terme au projet, l’exiguité et la vétusté des 2 écoles publiques du centre ne permettant pas leur installation.

A cette époque l’hygiénisme est une grande cause nationale et la politique de santé publique gouvernementale a pour objet d’empêcher le retour des grandes épidémies du siècle précédent : peste, tuberculose ou choléra. En outre l’hygiène des populations des villes est l’un des défis de l’industrialisation.

Il faut donc profiter de donner à l’ensemble de la population hémoise des moyens d’hygiène plus complets et cela passe par la construction d’un établissement de bains-douches à laquelle les ministères de l’Agriculture et de l’Hygiène participent à la dépense pour moitié.

Les bains-douches (Document Hem Images d’hier)
La salle des fêtes et les bains-douches en bd (Au temps d’Hem)

Cet établissement est contigu à la salle des fêtes et occupe le coin de la rue Henri Ghesquière, (actuellement rue Victor Hugo) et de la rue du Général Leclerc.

Si la construction est retardée par l’hiver très rigoureux de 1928, une fois l’établissement achevé, les habitants de Hem peuvent jouir des bains-douches à un prix très modéré et les enfants des écoles peuvent quant à eux en bénéficier gratuitement car ils y sont conduits à tour de rôle par leurs maîtres.

Ces bains-douches continuent à fonctionner jusqu’en 1980, date à laquelle l’installation vieillissante nécessite une complète rénovation. Or à cette date, la plupart des particuliers bénéficient d’une salle de bains à leur domicile et la municipalité fait le constat que la majorité des utilisateurs vient des communes voisines, raison pour laquelle elle décide de ne pas engager de dépenses inconsidérées pour maintenir un équipement qui n’est plus nécessaire.

Les anciens bains-douches en 2008 (Documents Google Maps)

Enfin, dans le but de venir en aide aux déshérités, les élus hémois décident d’annexer à la salle des fêtes et aux bains-douches, avec façade sur la rue Ghesquière, entièrement ravagée en 1944 avec l’explosion du Château de la Marquise, une salle qui, plus tard, va servir de dispensaire municipal. Dans un 1er temps elle sert à la consultation de nourrissons assurée par le Dr Leborgne.

Ce médecin, arrivé dans la commune en 1920, en remplacement du Dr Coubronne, est installé au 40 rue de Lille dans le 1er château Gabert et n’hésite pas à faire 80 km par jour à bicyclette pour visiter ses patients de la commune et va même jusqu’à Forest, Ascq et Annappes, et ce à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

Ancien interne des hôpitaux et de la maternité de Lille, il est médecin de l’Etat Civil, inspecteur des Ecoles, de la SNCF et de la gendarmerie. Sa réputation dépasse les limites communales et dès 1931, à la création du sanatorium de Sailly-lez-Lannoy, il y est nommé médecin chef.

Partageant son temps entre sa patientèle et ses malades du sanatorium il contribue, en 1933, à la fondation du Dispensaire d’Hygiène Social de Hem, desservant 13 des 16 communes du canton de Lannoy. Il deviendra Chevalier de l’Ordre de la santé publique puis Chevalier de la Légion d’Honneur en 1953 avant de décéder à son domicile en 1968.

Photo du Dr Leborgne (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

L’inauguration du dispensaire a lieu le 25 juin 1933 et c’est Emile Delmet, ancien prisonnier civil à Holzminden en Allemagne, pendant la 1ère guerre mondiale, représentant de commerce, maire de Hem de 1929 à 1933, ayant succédé à Julien Lallart, qui préside la cérémonie.

Photo d’Emile Delmet, maire de Hem et de l’inauguration du dispensaire en 1933 (Documents Historihem)
La façade du dispensaire rue Victor Hugo ( Document Hem 1000 ans d’histoire)

A la fin des années 1980, n’étant plus à la dimension de la ville, celle-ci ayant connu une très forte croissance, le dispensaire sera tranferré rue Dominique Larrey, dans le quartier des Hauts-Champs, et le bâtiment devient, pour quelques temps, le siège du Bureau d’Information Jeunesse.

Rue Victor Hugo en 2020, les bâtiments des bains-douches et du dispensaire (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui, Jacquy Delaporte pour son ouvrage Hem 1000 ans d’histoire et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

A suivre…

Pompes funèbres Top Béghin

C’est au n°6 de la rue du Docteur Coubronne, qui mène à la Grand-Place, que Raymond Beghin-Droulez ouvre son petit magasin de droguerie, peinture, décors, vitrerie et décors funèbres, dans les années 1930. Il y commercialise également les papiers peints Leroy (récompensés aux expositions universelles de 1855 et 1867), des toiles cirées, des linoleums, des chaises, des fauteuils et des berceaux…Dans l’annuaire de 1945, il est répertorié à la rubrique peinture.

Carte postale reprenant les n°2 à 8 de la rue Coubronne, photographie d’Isidore Leroy et publicités de Raymond Beghin-Droulez (Documents collection privée, Historihem et papiers peints Isidore Leroy)

Son commerce est si proche de la Place que l’adresse figurant sur les publicités est double : à la fois 6 rue du Docteur Coubronne et Place d’Hem. Par ailleurs, on retrouve une publicité de Léon Beghin-Gauquié, lequel a pour adresse Grand-Place à Hem, et qui commercialise : papiers peints, toiles cirées, linoleums, mais aussi chaises, fauteuils, berceaux, décors funèbres, plaques en marbre, ripolins, émail et couleurs.

Publicité de Léon Beghin Gauquié (Document Historihem)

Ce n’est qu’au milieu des années 1950 que la droguerie devient également une entreprise de pompes funèbres et apparaît dans les 2 rubriques de l’annuaire Ravet Anceau. Dix ans plus tard R.Beghin est toujours répertorié comme peintre tandis que Mme JP Top Beghin tient la droguerie.

En février 1968, la droguerie Top-Beghin inaugure un magasin agrandi et rénové. Le commerce reprend en effet les n° 4 et 6 de la rue du Docteur Coubronne. Le couple Top y a convié de nombreuses personnalités de la municipalité et de la chambre de commerce. Du champagne est offert et Jean-Pierre Top propose à ses invités de circuler dans les rayons pour y admirer l’immense choix de peintures et papiers peints mais aussi la gamme d’outils et produits d’entretien.

Inauguration du nouveau magasin en février 1968 (Document Nord-Eclair)

Malheureusement, 3 ans plus tard, l’immeuble abritant le magasin refait à neuf est la proie d’un incendie qui démarre à l’étage dans la cuisine tandis que Mr et Mme Top terminent leur journée de travail au magasin. Les époux parviennent à grand peine à sortir leurs enfants qui dormaient au second étage du n°6, tout juste restauré, avant l’arrivée des pompiers. L’habitation est inhabitable mais le magasin ne subit que peu de dégâts dus essentiellement aux fumées et à l’eau déversée par les soldats du feu pour venir à bout du sinistre.

Une maison ravagée par le feu à Hem (Document Nord-Eclair)

Le commerce peut donc continuer son activité et proposer en 1971 ses rayons spécialisés : papiers peints, peintures, revêtements de sol, mais aussi ses services : décolleuses, tables à repasser et livraisons à domicile. Mieux, un an plus tard c’est Service Top, supérette d’alimentation, qui est proposée à la clientèle avec son alimentation générale mais aussi ses rayons spéciaux : frais, surgelés, et cave aux vins.

Publicités de 1971, 1975 et 1976 (Documents Nord-Eclair)

Service Top obtient en 1974, après l’achèvement d’importants travaux d’agrandissement et de rénovation, un quart de page dans la presse locale pour vanter : « la solution idéale pour votre problème décoration ». 600 modèles de papiers peints se trouvent alors en exposition permanente dans le secteur du magasin qui leur est consacré, la partie réservée à la peinture et la droguerie fait également l’objet d’un soin extrême notamment pour la présentation de l’éventail des couleurs proposées, et les moquettes sont positionnées sur des présentoirs grande largeur…

Un quart de page pour Service Top en 1974 et publicité de 1975 (Documents Nord-Eclair)

C’est en 1978 que Top-Beghin met en service une chambre funéraire pourvue de salons et équipements annexes et conçue pour offrir aux familles des défunts un cadre propice au recueillement. C’est Jean-Claude Provo, maire de la ville, qui inaugure l’établissement en présence de nombreuses personnalités locales et des communes voisines. L’accès se fait par le n°6 rue du Docteur Coubronne mais l’établissement donne également sur la rue du Cimetière, juste après les salons de l’Auberge du Tilleul.

Ouverture de la chambre funéraire en 1978 et sa façade sur la rue du Cimetière en 2008 et rue du 06 juin 1944 en 2022 (Document Nord-Eclair et Google Maps)

L’année suivante une vente à prix cassés est organisée avant transformation et les années 1980 voient la disparition du rayon alimentation au seul profit de la droguerie ( la restauration de l’église Saint-Philippe à Lannoy est une des réalisations de l’entreprise) et des pompes funèbres avant l’apparition, au milieu de la décennie, d’un rayon cadeaux (lequel propose des listes de mariage).

Vente à prix cassés avant transformation en 1979 et recentrage sur la droguerie et les pompes funèbres dans les années 1980 (Documents Nord-Eclair et Ville de Hem)
Ouverture en 1985 de Top Cadeaux et publicités diverses (Documents Nord-Eclair)

Durant les années 1990-2000, l’activité cadeaux continue à se développer et à faire l’objet de nombreuses publicités dans la presse locale notamment à chaque occasion festive : fêtes des pères et des mères, fêtes de Noël… Le slogan est vite trouvé : « le cadeau qui sera sûr de lui faire plaisir ». A noter que ces publicités font état de la Place d’Hem en tant qu’adresse bien que le commerce se situe rue du Docteur Coubronne. En revanche les publicités de la droguerie mentionnent bien l’adresse véritable.

L’activité cadeaux dans les années 1990 et les publicités pour la droguerie en l’an 2000 (Documents Nord-Eclair)

En ce début de vingt et unième siècle, la façade du magasin est à nouveau refaite et elle continue à évoluer au fil des décennies de même que l’activité. Si en 2008, l’enseigne fait encore état de Top-Beghin et les étalages présentent encore des produits de droguerie, il n’en est plus de même en 2012. L’enseigne fait alors état des pompes funèbres Top-Beghin et l’activité droguerie disparaît.

La façade du commerce en 2008 et 2012 (Documents google Maps)

Ces dernières années la façade a été à nouveau rénovée et fait état des pompes funèbres et de la marbrerie Funéraire Top. Les pompes funèbres Top ont actuellement 3 agences à Hem, Lannoy et Villeneuve d’Ascq. Entre 2004 et 2022, l’entreprise a été dirigée par Olivier puis Sylvie Top. Elle est actuellement dirigée par le groupe Segard Buisine et ce depuis 2022.

La façade actuelle du magasin hémois puis vue sur l’entrée de la chambre funéraire et une photo aérienne de l’entreprise avec sa chambre funéraire donnant sur la rue perpendiculaire (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

La Police à Hem – 2

Le commissariat de Police de Hem, d’après l’annuaire de 1953, se situe ensuite rue Jules Guesde, au n°69, où le service n’est assuré que par 3 gardiens jusqu’en 1979. Pourtant la population hémoise fait face à une recrudescence des délits passés de 218 en 1967 à 855 en 1976. Le maire, Jean-Claude Provo, élu en 77, fait donc une demande au préfet pour obtenir un commissariat digne de ce nom. Le dossier est présenté au Ministère de l’Intérieur dès 1978. En 1979, la réponse tombe : le commissariat de police est officiellement transféré de Lannoy à Hem.

Photo du Commissariat de la rue Jules Guesde en 2016 et le bâtiment en 2020 (Document Google Maps)

Instantané de mémoire : « Lorsque je réussis mon concours me permettant d’intégrer la fonction publique en 1981, c’est dans ce commissariat que je suis convoquée pour une enquête de moralité. Je me souviens encore de mon entretien avec le représentant des forces de l’ordre qui me reçoit et vérifie mon casier judiciaire avant de me dire qu’un simple vol dans un magasin m’aurait empêchée d’intégrer la fonction publique… ».

C’est également à la révolution française que remonte la création de la police municipale dans les villes, chargée, sous l’autorité du maire, de « faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité, de la sûreté dans les rues, lieux et édifices publics ».

Sous la cinquième république et dès 1965, une commune de plus de 2 000 habitants peut être dotée d’une police municipale, laquelle est étatisée au milieu des années 1970. Concrètement c’est donc à partir de 1980 que les polices municipales se développent. Le phénomène s’explique par le sentiment d’insécurité grandissant ; les élus de nombreuses villes répondent donc aux attentes des citoyens en créant leur propre police.

Photo des policiers municipaux des années 80 et dessin de bande dessinée (Documents Hem 1000 ans d’histoire et Au temps d’Hem)

En 1983, une police municipale est donc créée à Hem pour être opérationnelle l’année suivante et, au fil du temps, son effectif passe de 4 à 10 gardiens sous la direction d’un chef de police qui travaille en parfaite relation avec la police nationale. A l’époque c’est l’ancienne conciergerie de l’ex-château Catrice (devenu la mairie de Hem en 1949) qui abrite la force de police municipale.

Bâtiment accueillant la police municipale jusqu’en 2019 (Documents collection privée)

A la fin des années 80, un redéploiement des forces de police, au niveau national, entraîne la fermeture du commissariat de police hémois, malgré les interventions répétées du maire et des communes voisines au plus haut niveau. Revenue 10 ans en arrière, la ville de Hem se retrouve avec un simple poste de police (toujours situé 69 rue Jules Guesde) constitué d’un gradé et de 3 gardiens, le commissariat compétent étant celui de Roubaix.

A partir de 2019, la police municipale de Hem est mutualisée avec celle des communes voisines et ce sont 14 gardiens qui se relaient au fil de la semaine pour couvrir l’ensemble des territoires concernés et y assurer la police de proximité.

Police municipale et nationale sont abritées depuis septembre 2018 dans les mêmes locaux, construits par la ville à cet effet entre la rue Victor Hugo et la rue du Général Leclerc.

Le bâtiment commun aux 2 polices vu côté rue Leclerc (sur le parking de la Mairie) et côté rue Victor Hugo (Documents Google Maps)

Outre le gain de locaux le commissariat commun doit engendrer un gain d’efficacité. Les contacts entre les 2 polices sont, de fait, plus fréquents, les échanges d’informations sont facilités et la complémentarité des équipes est renforcée.

Vue aérienne du bâtiment et photo de son enseigne (Documents Google Maps et Tout’Hem)

Enfin, depuis le 1er juillet 2021, la police municipale de Hem travaille 7 jours sur 7sur sur un secteur qui s’étend sur 5 communes Hem, Leers, Toufflers, Forest-sur-Marque et Lannoy Il y a eu notamment un recrutement de 4 nouveaux agents et l’effectif se monte, à présent, à 18 personnes. On note une hausse de l’effectif au sein de la brigade canine également, laquelle existe depuis 2017, avec l’acquisition d’un deuxième chien

Remerciements à la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

La Police à Hem – 1

Après la révolution française, la loi confie aux communes rurales la lourde charge de recruter des gardes-champêtres. Ceux-ci doivent avoir au moins 25 ans, savoir lire et écrire, avoir une bonne condition physique, faire partie des vétérans nationaux ou des anciens militaires pensionnés ou munis de congés pour blessures.

Ils prêtent serment devant le juge de paix du canton «de veiller à la conservation de toutes propriétés qui sont sous la loi publique et de celles dont la garde leur est confiée». Il deviennent des agents de la force publique par leur inscription au registre de la gendarmerie qui peut les requérir et avec qui ils partagent une mission de police commune: la surveillance des campagnes.

Une peinture de garde-champêtre (Document Wikipedia)

Au dix-neuvième siècle, le garde-champêtre abandonne le bicorne au profit du képi. En plus de la surveillance des propriétés rurales et forestières ainsi que de la chasse, le garde champêtre se voit attribuer un accroissement de compétences résultant de lois spéciales : pêche, plantation d’arbres, sel, tabac, voirie, etc. Il relève les contraventions et délits constatés par procès-verbal.

Au début du 20ème siècle entre également dans ses fonctions le rôle de crieur public qui proclame à la cantonade, sur un roulement de tambour ou à son de trompe, diverses décisions officielles (arrêtés municipaux, décrets préfectoraux, ordres de mobilisation générale). Le garde champêtre devient un personnage incontournable dans la vie du village. Il est reconnu par la population comme auxiliaire de la gendarmerie et du procureur. Les contrevenants le craignent.

Un garde-champêtre au 20 ème siècle (Document Wikipedia)
Le garde-champêtre, crieur public (Document Au temps d’Hem)

A Hem, à la fois agent communal, agent de la force publique et officier de police judiciaire, il porte une plaque avec le nom de la commune et le sien et il est armé d’un sabre ou d’un fusil. Au début du vingtième siècle, c’est l’un des rares fonctionnaires avec l’instituteur, le facteur et les douaniers.

Depuis 1907, devant l’église St Corneille, a été édifié un bâtiment communal comportant morgue, prison et pompe à incendie, salle pour les blessés et urinoir public…Le garde-champêtre y dispose d’une prison à deux lits, dans laquelle il fait séjourner les délinquants, sous sa surveillance, avant qu’ils ne soient écroués.

Le bâtiment abritant la prison avant sa destruction en 1962 (Document Nord-Eclair)

Le 04 décembre 1920, le conseil municipal se prononce favorable au principe de l’institution de la Police d’ Etat mais proteste énergiquement contre la suppression des gardes-champêtres, agents absolument indispensables dans les communes rurales pour le maintien de l’ordre et pour veiller à la conservation des récoltes.

Le comité des fêtes existant dans chaque quartier procède, chaque année, à l’élection de son maire (président du comité) et cette élection donne lieu à des festivités avec cortège, concert, course cycliste, jeux divers, bals publics… A cette occasion le rôle incontournable du garde-champêtre est tenu par un habitant.

Mr Lesafre dans le rôle du garde-champêtre en 1926 à Hem 3 Baudets (Document Hem Images d’Hier)

A l’époque, le véritable garde-champêtre se nomme Henri Lescouffe. Nommé à cette fonction en mai 1899, en remplacement d’Oscar Gosmans, titulaire de la médaille de la police depuis 1920, il prend sa retraite en mars 1930, et devient administrateur du Bureau de Bienfaisance, restant ainsi au service des Hémois.

Pendant la seconde guerre mondiale, en 1940, un comité de guerre est constitué pour assurer tous les services de la mairie et le ravitaillement de la commune. Arthur Duprez, garde-champêtre, en fait partie en tant que chef de police.

Par ailleurs, pour assurer l’ordre public et la sécurité des habitants, 30 hommes de police auxiliaire sont choisis parmi la population pour leur valeur morale et physique qui se voient allouer une somme modique pour chaque nuit passée en service.

Enfin, la ville, qui compte plus de 5000 habitants a le droit d’avoir un commissariat de police. Le comité de guerre demande donc l’affectation d’un commissaire de police à Hem et prend l’engagement d’assurer toutes les dépenses afférentes au service.

Dès 1942, un commissariat est implanté à Lannoy, chef-lieu du canton, et l’annuaire de 1945 nous apprend que le 1er commissariat de Hem se situe au n°5 de la rue du Docteur Coubronne, non loin de la prison.

Photo de rue et aérienne de l’immeuble situé n°5 rue du Docteur Coubronne en 2020 (Document Google Maps)

Après la Libération, à l’occasion de la Ducasse, Charles LESIRE, membre du Comité des Anciens du quartier du Centre, assure les fonctions fictives de garde champêtre et dresse des procès verbaux, fictifs eux aussi, aux automobilistes et aux cyclistes, afin d’alimenter la caisse du Comité.

Photo de Charles Lesire dans le rôle du garde-champêtre (Document Hem d’Hier et d’Aujourd’hui)

Remerciements à la ville de Hem et à Historihem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

A suivre…

Tissage et impression sur étoffes Henri Duprez (Suite)

A titre personnel Henri Duprez a été profondément bouleversé par la tragédie du train de Loos, convoi de déportés, résistants et politiques, affrété par les allemands en septembre 1944, le dernier à avoir quitté la France vers les camps de la mort, et qu’il se sent coupable de n’avoir pu empêcher. Il est aussi révolté par la situation des parvenus au lendemain de la libération, des gens assoiffés d’honneur, entrés dans la résistance quand tout danger était écarté…C’est peut-être pour ces deux raisons qu’il n’ écrit son livre que 35 ans après la fin de la guerre.

Photo d’Henri Duprez en 1980 (Document Nord-Eclair)

Ce n’est qu’en 1979 en effet qu’Henri Duprez écrit un livre sur la résistance dans le Nord, intitulé : « 1940-1945, même combat, dans l’ombre et la lumière ». Il s’agit d’un livre poignant sur le quotidien de la France résistante, de ses tous débuts à la fin de la guerre. Il y relate le cortège de sacrifices et de souffrances endurés la plupart du temps par des « Monsieur ou Madame tout le monde », anonymes juste guidés par l’humanisme.

Couverture du livre d’Henri Duprez édité en 1979 (Document Musée de la résistance)

A l’occasion de la sortie du livre il se raconte un peu à Nord-Eclair, malgré sa discrétion habituelle. Ainsi il révèle avoir fait ses premières armes à l’âge de 13 ans, alors qu’il était élève à Saint-Louis, dans Roubaix occupée, quand il transportait en Belgique, sous la première occupation, des exemplaires du journal clandestin : l’Oiseau de France, son « cours préparatoire » en vue des années noires de 1940 à 1944.

En-tête du journal clandestin : l’Oiseau de France (Document BNF)

Entretemps, après-guerre la société s’est encore développée et c’est dans les 25 années qui suivent que son activité est à son apogée. L’usine comporte un atelier de fabrication sur 2 étages, un bureau d’entreprise, une cour, un château d’eau, un logement patronal avec un étage et un magasin industriel.

Photo aérienne de l’entreprise en 1950 La rue de la gare est devenue rue de la Place (Document IGN)
Photos de l’intérieur de l’usine dans les années 1950-1960 (Documents Historihem)

C’est le moment où Henri Duprez commercialise les draps ton sur ton, les coutils et matelas, les couvre-lits confectionnés en tissu d’ameublement sous la marque « Lisières étoilées ». Son entreprise est ainsi présente sur un stand à la foire de Strasbourg en 1951 pour y présenter ses créations.

Lisières Etoilées affiche publicitaire (Document collection Privée)
Le stand Lisières Etoilées à la foire de Strasbourg en 1951 (Document Historihem)

Dans les années 1960, un magasin d’usine, destiné à vendre le blanc (draps de lit et linge de maison) et les fins de série des tissus d’ameublement voit le jour à Roubaix au n° 26-28 rue du Château, dans les anciens locaux d’Auguste Wattinne (fabricant de tissus dans les années 1920), puis Innovex (bonneterie dans les années 1940) puis Lalouette-Parent (négociant en tissus dans les années 1950). Ce magasin va fonctionner une dizaine d’années quotidiennement pour le linge de maison et ponctuellement pour les tissus d’ameublement avant d’être transféré à Hem en 1970.

Publicités du magasin d’usine de Roubaix en 1962 et 63 et en 1970 et Carte Publicitaire (Documents Nord-Eclair et collection privée)
En-tête de facture et différentes publicités des années 1960 (Documents collection privée et Historihem)

En 1967, Henri Duprez et Cie est devenue une grosse entreprise qui emploie 220 personnes. C’est durant cette année qu’un incendie se déclare dans la salle d’encollage et fait de gros dégâts. Malgré l’intervention du personnel, qui pense un temps parvenir à enrayer l’incendie, les pompiers de Hem et de Roubaix, lors de l’inspection de la toiture s’aperçoivent que le feu couve toujours et interviennent pendant une heure pour en venir à bout. Au total les dégâts sont de l’ordre de 15 à 20 millions d’anciens francs.

L’incendie de 1967, au dessus de la machine la toiture endommagée par le feu (Document Nord-Eclair)

Au début des années 1970, les établissements Duprez sont toujours répertoriés comme fabricants de tissus dans l’annuaire. Au cours de ces années les publicités se succèdent pour le magasin d’usine de Hem qui vend à prix imbattables son linge maison sous la marque Lisières Etoilées, organisant même des braderies et foires aux affaires sur de courtes périodes.

Publicités diverses de la marque (Documents Historihem)
Publicités braderies et foires aux affaires aux début des années 1970 à Hem (Documents Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1971 (Document IGN)

Mais en 1974, l’entreprise est vendue et scindée en 3 parties : la SIH (société d’impression d’Hem) pour la teinture et l’impression, Domotex pour le négoce et la commercialisation sous la marque Lisières Etoilées, et Texdecor pour les revêtements muraux. Dès lors l’annuaire indique au n°48 Domotex, fabricant de linge de maison et au n°52 Société d’Impression d’Hem (SIH) impression sur tissus.

Domotex est immatriculé au registre du commerce et des sociétés comme commerce de gros de textile. L’établissement de Hem est un établissement secondaire de Domotex SA et fermera en 1995 tandis que l’établissement principal situé, depuis 1995, 169 rue Sadi Carnot à Saint-André lez Lille est toujours actif de nos jours.

Site internet Domotex de nos jours (Document site internet)

Domotex continue pendant 20 ans la commercialisation de la marque Lisières Etoilées, comme le montre une lettre de change de 1976 ainsi que de nombreuses publicités des années 1975 (dans un magasin d’usine agrandi et rénové) à 1995 annonçant les braderies de blanc au magasin d’usine de Hem. Mais de février à mars 1995 c’est la liquidation totale en raison du déménagement à Saint-André.

Lettre de change de 1976 (Document collection privée)
Publicités de 1975, 1985 et 1995 pour les ventes en magasin d’usine à Hem (Documents Nord-Eclair)

Texdecor est immatriculée au RCS comme commerces de gros d’appareils sanitaires et de produits de décoration. La société est située à Willems, au n°2 rue d’Hem à partir de 1974. Elle est spécialisée dans la commercialisation des revêtements muraux, revêtements acoustiques, tissus d’ameublement, papiers peints et panneaux acoustiques. La société est encore active de nos jours.

Photos de l’entreprise et publicité des années 1970 (Documents collection privée et Nord-Eclair)
Site internet Texdecor de nos jours (Document site internet)

Quant à SIH, la société d’impression d’Hem, l’entreprise de teinturerie a pour activité l’ennoblissement textile, et s’établit à l’endroit où se situaient les Ets Duprez. En 1974 elle compte alors 72 salariés et 20 ans plus tard ses effectifs sont passés à 230 personnes et elle souhaite s’agrandir dans la zone humide de la Marque où elle a acheté un terrain. Pourtant en 2019 la société fait l’objet d’une liquidation judiciaire.

Photos de l’entreprise SIH (Documents collection privée)
En-têtes de factures des années 1990 (Documents collection privée)
Photos aérienne de 1992 et 2004 (Documents IGN)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui

Tissage et impression sur étoffes Henri Duprez

La société Duprez, fondée en 1919, s’établit à Hem, des n°46 à 52, avenue de la Gare, actuelle avenue Henri Delecroix, en 1928, au lieu-dit les Bas Prés, au milieu des champs. L’usine est consacrée au tissage, la teinture, l’apprêt et l’impression sur tissu de coton, spécialisée dans la toile à matelas.

Photo aérienne de l’usine en 1933 (Document IGN)

Né le 15 février 1904 à Wattrelos, fils d’Alcide Duprez, industriel, et de Léonie Vanhoutte, Henri Duprez a épousé en 1927 Agnès Leman, avec laquelle il aura cinq enfants. Il est ingénieur de l’école du génie civil, après des études au pensionnat « La Visitation d’Audenarde », à Saint-Louis et Notre Dame des Victoires à Roubaix, où il rencontre Jean Catrice avec lequel il noue une amitié durable.

Une des premières cartes de visite de l’entreprise (Document collection privée)

Bien vite cette société à responsabilité limitée, teinturerie, tissage et apprêts, spécialisée en toile à matelas, qui fonctionne avec des représentants dans les environs de Roubaix, se développe dans le domaine des coutils et literie en tout genre, velours et tissus d’ameublement et se voit adjoindre des « maisons » à Paris, rue du Faubourg Saint-Antoine, à Lyon, 156 rue Vendôme, à Marseille, 33 rue Sainte et à Bordeaux, 41, cours Victor Hugo. L’usine hémoise reproduit également des œuvres d’art sur textile.

Une des cartes de visite suivantes (Document collection privée)
Reproduction d’oeuvre d’art (Document Proantic)

En 1934, celle-ci est répertoriée dans l’annuaire de la production de Roubaix, comme tissage, teinture et apprêt de coutils et tissus d’ameublement. Deux ans plus tard, Henri Duprez fonde également la société africaine de tissage et teinture à Casablanca, puis, 11 ans plus tard la Cotonnière africaine à Alger, une usine de filature, tissage et teinture. Patron aux idées sociales avancées il crée les premiers congés et instaure l’intéressement des ouvriers aux bénéfices de l’entreprise.

Extrait de l’annuaire de la production de Roubaix en 1934 (Document collection privée)

Lors de la seconde guerre mondiale, il est mobilisé fin août 1939 mais libéré dès le mois d’Octobre pour raisons familiales. Mais en juin 1940, réfugié avec son épouse et ses 5 enfants à Fort-Mahon, et malgré la présence des allemands, il installe un poste radio sur accus, la ville étant privée d’électricité, pour écouter la diffusion publique des appels du Général De Gaulle, et pense rejoindre l’Angleterre. Mais tout compte fait, il estime avoir beaucoup à faire en restant en France et commence son travail de résistant, grâce à l’obtention d’un laisser-passer de la part des autorités allemandes lui permettant de rentrer à Hem.

Il s’occupe des prisonniers français stationnés en France et en Belgique. Il essaie, en vain, de retrouver dans les camps de prisonniers en Belgique et en Hollande, son ami Raoul Broutin, neveu de Jean Lebas. Mais il ne revient pas bredouille car il ramène une valise de lettres remises par des prisonniers n’ayant aucun moyen de correspondance.

Puis il part voir d’autres prisonniers en France et facilite l’évasion de plusieurs d’entre eux. Chaque fois il ramène des paquets de lettres et fait même insérer une annonce dans l’Echo du Nord en 1940 pour informer le public que partout dans la région bordelaise il se charge de lettres et commissions, avant de partir pour Bordeaux chargé de 3 valises.

En-tête du journal l’Echo du Nord (Document BNF)

A Toulouse, la même année, il tient une réunion publique devant les réfugiés du Nord, au cours de laquelle il tient des propos anti allemands qui lui valent d’être ramené à la gare par un chef de sûreté qui le menace d’arrestation. Il retrouve l’usine de Hem sinistrée et emploie toute sa main d’oeuvre disponible à sa reconstruction, en espérant n’avoir jamais à travailler pour les allemands.

Un an plus tard, il réunit les délégués du personnel pour leur exposer le choix qui s’offre à l’entreprise : « travailler en partie pour l’ennemi ou fermer l’usine jusqu’à la fin de la guerre ». A l’unanimité la reprise du travail est décidée, mais ne sont acceptées que des matières premières de provenance allemande et toutes les astuces sont bonnes pour retarder les livraisons des articles tissés. Les seules livraisons sont effectués aux dépôts allemands de Croix où elles sont bloquées jusqu’à la libération.

Photos de la Sainte-Catherine dans l’entreprise en 1942 (Documents collection privée)

Henri Duprez est le premier maillon de la chaîne constituée à Hem par les mouvements de résistance. En mettant en place son service postal clandestin il devient le messager anonyme qui rend service à la population hémoise. Parallèlement il constitue un groupe de résistance avec Jean Chevalier, imprimeur, du nom de « La Vraie France » dont il est responsable et qui assure différentes missions :

-la rédaction et la diffusion de journaux clandestins : « les Petites Ailes », journal créé par Jacques-Yves Mulliez, et la « Vraie France », journal du réseau.

En tête du journal clandestin dactylographié : les petites ailes (Documents Wikipedia )

-l’hébergement des anglais bloqués dans les environs ; ainsi, plusieurs centaines de britanniques ont trouvé refuge dans des familles modestes de Hem et des environs.

-la conduite de ces anglais en France Libre ; quelques 200 soldats sont ainsi passés du Nord vers le Sud.

-la réunion de documents pour les services secrets : renseignements militaires, mouvements de trains, effectifs, plans…, transmis à l’Etat-Major allié par radio, à l’aide d’un poste clandestin

-fourniture de fausses cartes d’identité : environ 5000 cartes sont ainsi délivrées aux soldats anglais, aux prisonniers, aux réfractaires, aux juifs…

-constitution du premier corps francs : unité spéciale d’infiltration et de reconnaissance en profondeur, qui devient ensuite la 17ème compagnie du MLN (Mouvement de Libération du Nord) en 1944 lequel fournit les cadres de l’état major FFI de la place de Roubaix et de ses cantons.

Fin 1942, Henri Duprez, avec le pasteur Pasche et Gustave Leignel de Marcq-en-Baroeul, est à l’origine du Secrétariat d’assistance judiciaire devant les tribunaux allemands. Le but de ce comité est de procurer des avocats français parlant allemand pour assurer la défense des détenus de la prison de Loos dirigée par le capitaine allemand Otto Simbler.

C’est la preuve éclatante que les français n’abandonnent pas à leur triste sort les résistants capturés et emprisonnés. Leur réconfort matériel et moral et celui de leur famille est une priorité et des fonds sont ainsi mis à disposition des familles privées de ressources. Au sein même de la prison est installée une cuisine qui assure des repas chauds aux frais de l’organisation.

Certificat d’emploi d’une employée en 1944 (Document collection privée)

Toutes ces actions n’empêchent pas Henri Duprez d’être dénoncé par un « ami » auprès du Commissaire de la République à la fin de la guerre : lui sont reprochés ses nombreux voyages, dont la cause est pourtant connue, sa collaboration avec l’ennemi, alors qu’il s’est publiquement opposé au travail pour celui-ci, d’avoir fait du marché noir dans son usine de Gironde, alors qu’il y recueillait les réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire), d’avoir hébergé un homme recherché par la résistance ou de n’avoir pas dénoncé la cache d’un milicien…

Fort heureusement les faits parlent pour lui et le Commissaire de la République le missionne pour assurer les réquisitions et protections de locaux, notamment ceux du Journal de Roubaix. Par ailleurs, capitaine FFI, il est nommé président du comité local de libération de la ville de Hem. A cette époque il est domicilié avec sa famille au n°5 place de la Liberté à Roubaix à côté de la Banque de France, où il réside encore dans les années 1950.

Le n°5 Place de la Liberté de nos jours (Document Google Maps)
Le brassard Commissariat de la République d’Henri Duprez (Document Musée de la résistance en ligne)

Dans le Ravet-Anceau de 1945, l’entreprise apparaît au nom de Duprez et Cie, toiles à matelas, avenue de la Gare. Tout en dirigeant son entreprise, de mars 1945 à octobre 1946, Henri Duprez dirige également les activités du Service Régional des recherches des crimes de guerre ennemis commis dans le Nord sauf en ce qui concerne le massacre d’Ascq, sur lequel il publie néanmoins plusieurs rapports.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui

Rue Jules Guesde : entre Hem Bifur et le boulevard Clémenceau (suite)

Au 39 de la rue Jules Guesde, au coin du boulevard Clémenceau se trouve au début du vingtième siècle un estaminet nommé : A l’arrivée du boulevard. Dans les années 1950, c’est le café Debaisieux puis durant la décennie suivante le café de Constant Rondeau. La société d’épargne : Les amis du boulevard, y a alors son siège et y organise régulièrement des lotos et festivités diverses.

Photo de l’estaminet : A l’arrivée du boulevard et fête de Saint-Nicolas organisée par les Amis Réunis en 1960 (Documents Hem Mémoire en Images et Nord-Eclair)

Le café-brasserie : le Clémenceau prend la suite dans les années 1970, tenu par JM. Deboeuf. Puis la décennie 80 y voit s’installer le marchand de cycles et motocycles, agent Peugeot, M.Tondereau. C’est ensuite le pédicure-podologue Jean-Claude Kerkhove qui y tiendra son cabinet jusqu’à sa retraite.

Publicité du café-brasserie Le Clémenceau en 1974 et du commerce de cycles M. Tondereau en 1980 et photo du bâtiment en 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Au milieu de la décennie 1960, le garage Devreese s’installe au n°17. Louis Devreese fait aussi station essence dans les débuts et se spécialise dans la mécanique agricole. Il devient également agent Citroën et fait sa publicité notamment sur le lancement de la Dyane en 1969. Le garage reste en activité durant une vingtaine d’années avant que le bâtiment reprenne un usage d’habitation.

Publicités du garage en 1968 et 69 et photo du bâtiment en 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Durant la même période c’est la société de transports d’Edmond Delecroix qui occupe le n°10. Ce bâtiment abrite aujourd’hui la maison David, spécialisée en cannage et rempaillage de chaises. Au n°13, c’est un artisan en bonneterie G. Dupretz qui s’installe et reste en activité juqu’au début des années 1980, en la modifiant au milieu des années 1970 époque à laquelle il devient vendeur de textiles en soldes puis marchand forain.

Carte postale aérienne de la première portion de la rue à la fin des années 1950 et photos du bâtiment du 10 et du bâtiment voisin en 2008 et 2023, ainsi que du n°13 en 2023 (Documents Google Maps)

Le négociant grossiste en fruits et légumes Albert Delhaye occupe quant à lui le n°50 durant la décennie 1960, avant de céder la place à l’auto-école de Jean Merchez dans les années 1970. Son auto-école cohabite durant la fin de la décennie avec la bibliothèque pour tous avant que celle-ci ne déménage. L’auto-école hémoise quant à elle reste en activité jusque dans les années 2000.

Publicité des années 1970 pour l’auto-école et photos de la bibliothèque pour tous ainsi que de l’auto-école hémoise en 2008 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Cette ancienne maison se situe au milieu des n°48 et 52. Si le 52 n’a hébergé que durant quelques années le cordonnier Achille Malfait à la fin des années 1960, le 48 a connu une belle activité durant les décennies 1980-2010 avec le Hem Pressing de R.Chiloup-Coupé puis le pressing Rossel. Les maisons des n°48 puis 50 ont ensuite accueilli en 2018 la boutique Little Cécile, toujours en activité, tandis que le n°52 a disparu pour laisser place à la nouvelle rue qui continue le boulevard Clémenceau.

Publicités d’Hem Pressing et Rossel, photos des établissements et de Little Cécile (Documents Historihem, guide pratique de Hem et Google Maps)
Protège-cahier publicitaire avec le cachet de la cordonnerie et l’ancien emplacement du 52 en 2008 (Documents collection privée et Google Maps)

Pour compléter ce tableau de la première portion de la rue Jules Guesde, citons l’installation de l’ancienne poste au n°19, remplacée par la marbrerie Piccini dans les années 1970, et du collège Elsa Triolet au n°20 à la même époque (sur ces sujets voir nos précédents articles édités sur notre site).

CPA de l’ancienne poste et photo de la marbrerie, photo du collège Elsa Triolet et photo actuelle de son emplacement et photo aérienne de 1976 avec le collège en construction (Documents collection privée, Google Maps et IGN)

Enfin, dans les années 1970, s’installe au n°2 bis la boucherie chevaline Mylle, durant une dizaine d’années, avant que Jean-Noël Craissin y ouvre son salon de coiffure à la fin des années 1980. Il était auparavant installé Place de la République et reste rue Jules Guesde jusqu’à son départ en retraite. Le bâtiment héberge alors une pizzeria.

Publicités de la boucherie en 1977 et 79 (Documents Nord-Eclair)
Publicités du salon de coiffure des années 90 et 2000 et photo en 2000 puis photo de la Pizzeria (Documents Historihem, Nord-Eclair, guide pratique 2000 et Google Maps)

Enfin, à la fin des années 1980, la friterie Dudu élit domicile au n°3, sur le parking qui a pris la place de l’ancienne école communale de filles Pasteur, et y fait le bonheur des habitués qui font régulièrement la queue devant la camionnette, notamment les week-end. Cet établissement appartient maintenant au passé et le parking a repris sa vocation initiale.

Publicité de 1989 et photo de la friterie en 1990 et photo aérienne de 1989 (Document Nord-Eclair, Historihem et IGN)

Depuis l’avènement du vingt et unième siècle, la première portion de la rue Jules Guesde qui correspond à Hem Bifur a beaucoup évolué, surtout côté pair, avec la nouvelle avenue d’Aljustrel qui prolonge le boulevard Clémenceau mais aussi avec la construction du complexe d’appartements et de la Résidence Seniors qui bordent la nouvelle rue du Lin, à l’ancien emplacement du collège, dans le prolongement de la rue de Beaumont.

Vue aériennes de 2004 et 2023 (Document IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Rue Jules Guesde : entre Hem Bifur et le boulevard Clémenceau

Ancienne route départementale n°19, de Lannoy à Saint-Amand, cette rue, longue de plus de 2 kms, s’est aussi appelée rue du Petit Lannoy jusqu’aux Quatre Chemins, avant de prendre le nom de rue de Lannoy puis, en 1925, son nom actuel : rue Jules Guesde. Elle part d’Hem Bifur et se termine rue de Lille à l’entrée de Lannoy.

Dans un premier temps notre étude se consacre à sa première portion entre Hem Bifur et l’intersection du boulevard Clémenceau. Au début du vingtième siècle, si le côté impair de la rue est déjà bordé de maisons, le côté pair quant à lui ne compte que fort peu d’habitations car de grands champs la bordent encore.

CPA du début du 20ème siècle et vue aérienne de cette portion de la rue en 1933 (Documents collection privée et IGN)

Au début du vingtième siècle, c’est le bourrelier et sellier F. Madoux qui y ouvre son estaminet au n°5 juste à côté de l’école communale Pasteur (sur le sujet de l’école voir un précédent article édité sur notre site). Sa publicité insiste sur le fait que l’on peut y manger à toute heure et il est fort bien positionné puisque l’arrêt des transports en commun se trouve juste devant son établissement.

Dans les années 1950, c’est une épicerie tenue par le couple Vaussy Delescluse qui investit le bâtiment avant de céder la place à Adrienne Picard et son entreprise de confection à façon durant les décennies 60-70 puis à la confection de Mme Vaussy dans les années 1980. Enfin, un agent d’assurance Axa, René Masquelier, s’y installe dans les années 1990.

CPA du début du vingtième siècle avec l’estaminet et sa publicité sur le pignon, sa publicité papier et la même vue en 2008 et publicité de l’agence d’assurances AXA en 1994 (Documents Historihem et Nord-Eclair et Google Maps)

Le premier artisan à s’installer du côté impair de la rue, dans les années 1920, est un entrepreneur en maçonnerie : les frères Delecroix sont les successeurs de Charles Delecroix et installent leur petite entreprise au n°27 de la rue de Lannoy, où ils exercent encore à la fin des années 1930 mais on ne les retrouve plus dans les annuaires d’après-guerre. Actuellement le bâtiment est à usage d’habitation. Quant à la pharmacie Cauty voisine, au n°29, le bâtiment est incendié durant la 2ème guerre mondiale et n’est pas reconstruit dans l’immédiat.

Papier à en-tête de l’entreprise dans les années 1930 et le bâtiment en 2023 (Document collection privée et Google Maps)
Buvard publicitaire de la pharmacie Cauty, photo aérienne de 1947 avec l’emplacement du n°29, photo du n°29 actuel (Document collection privée et Google Maps)

Puis un négociant en vins et spiritueux, Jean Debay, installe son commerce au n°7 de la rue et y reste jusqu’au début des années 1960, ajoutant même à son activité le lavoir de Bifur, durant la 2ème partie des années 1950. Le bâtiment est ensuite repris par un fabricant de toiles, Jean Hotot, qui y exploite son activité durant une vingtaine d’années. Au début des années 2000, c’est l’entreprise Bauffe ; couverture, zinguerie, plomberie, qui investit les lieux et s’y trouve encore aujourd’hui.

Publicité de Jean Debay en 1958, publicité de l’entreprise Bauffe en 2000 et photos du bâtiment en 2008 et 2023 (Document collection privée, guide pratique de Hem et Google Maps)

Côté pair, c’est Jules Duquesne qui s’ installe au numéro 2 rue Jules Guesde en tant que tonnelier et tenancier d’un café. Celui-ci a pour enseigne : « A Hem-Bifur » et la tonnellerie s’appelle Tonnellerie de la Bifurcation. Après-guerre le café reste dans la famille Duquesne puis le Crédit Mutuel Agricole s’installe juste derrière. (sur le sujet du café voir un précédent article édité sur notre site). Actuellement une agence de la Banque Populaire s’y trouve.

CPA représentant l’estaminet/tonnellerie (Documents collection privée)

Puis le charron et maréchal ferrant Desmettre les rejoint en s’installant au n°6 après-guerre. Il y sera remplacé, au début des années 1970, par un négociant en fruits et légumes, H. Duthoit, qui y demeure une bonne dizaine d’années. Le bâtiment reprend ensuite un usage d’habitation.

Le n°6 actuellement (Document Google Maps)

Arthur Picard installe son commerce au 10 bis de la rue du Petit Lannoy, à Bifur, au début du vingtième siècle. Il y exploite une lingerie, bonneterie, mercerie, draperie, parfumerie, soierie. Il est également tailleur pour homme, femme et enfant. On retrouve la mercerie Picard également après la deuxième guerre mondiale, au n°16 de la rue Jules Guesde (le n°10 bis n’existe plus) où elle demeure jusqu’au milieu des années 1950. Puis le bâtiment abrite un domicile.

Publicité pour la mercerie d’Arthur Picard et photo du bâtiment du n°16 au 21 ème siècle (Documents collection privée et Google Maps)

Au début des années 1950, Raoul Blaze, négociant en confiserie, installe durant une quinzaine d’années son entreprise au n°18 de la rue qui reprend ensuite un usage d’habitation. Il semble y avoir eu un charron à hauteur du n°15, comme on le voit sur une carte postale du début vingtième siècle. Le bâtiment sera ensuite occupé par le marchand de charbon Dhulst puis par l’entreprise de plomberie Bauffe dans les années 1950 et pendant une trentaine d’année avant le déménagement de celle-ci au n°7 tandis que l’ artiste peintre P. Dupretz y installe son atelier .

Bâtiment situé au 18 de nos jours, (Document google Maps)
Publicités Dhulst puis Bauffe et CPA du début du siècle avec l’atelier du charron au n°15 et photo du même endroit en 2023 (Documents Historihem, publicité autour d’un plan de la ville, guide de la ville de 1982, autocollant collection privée et Google Maps)

Le peintre Marcel Castil, installe son entreprise artisanale de peinture au n°12, également dans les années 1950 et pour une trentaine d’années avant de déménager. C’est le couple Rollin, Christine et Bernard, qui prend sa suite après quelques travaux d’aménagement, en 1982, avec sa boutique Hem Optique, jusqu’en 2016, année durant laquelle leur fille Audrey leur succède avec Nathalie Dubois, commerce toujours en activité de nos jours après quelques modifications de façade au fil des décennies.

Photo de la future boutique avant travaux puis évolution de la façade jusqu’à ce jour (Documents collection privée et Google Maps)
Publicité des années 1980 et 2000 (Documents guide de la ville et Nord-Eclair)

Remerciements à l’association Historihem

A suivre…

Presbytère de l’église Saint-Corneille (Suite)

Dans les années 1930, la location se poursuit entre le dirigeant de la municipalité Emile Delmet et le curé de la paroisse Saint-Corneille Edmond Delecroix. Puis en 1939 le nouveau maire Jules Delesalle procède à nouveau à la location du bâtiment mais cette fois, non plus avec Mr le Curé, mais avec l’Association Diocésaine de Lille, en la personne de son secrétaire.

Photos des maires Emile Delmet et Jules Delesalle (Documents Historihem)
Photo aérienne de 1976 : le petit bâtiment situé à l’avant n’existe plus (Document IGN)

Au cours des décennies suivantes l’Association reste locataire des lieux, renouvelant son bail avec les maires successifs de la commune. Mais en 1995, le presbytère, devenu vétuste, sous occupé et inadapté aux besoins de l’Association, n’est plus reloué par celle-ci.

La ville signe donc un bail de réhabilitation de 21 ans avec la Cal-Pact qui transfère, en quelque sorte, la propriété de l’immeuble pour une durée limitée. L’organisme, en tant que centre d’amélioration du logement, est chargé d’y réaliser deux logements d’insertion destinés à des familles en difficulté, et d’aménager les locaux restant disponibles en locaux d’animation paroissiale.

Sur la toiture, des tuiles neuves viennent donc consolider les tuiles vernissées, conservées par souci d’esthétique. L’isolation est renforcée dans les combles et au niveau des menuiseries extérieures par la pose de doubles vitrages. Sont également refaits le chauffage et l’alimentation en gaz et électricité, sans oublier l’aménagement d’un accès pour handicapés et des sorties de secours.

Bienvenue au 22, Place de la République (Document Voix du Nord)

Les 2 logements de type 3 sont situés dans la partie droite du bâtiment, dans l’avancée. Celui du rez-de-chaussée est de suite occupé et celui de l’étage doit être rapidement prêt à accueillir des locataires. Une trentaine de personnes, en contrat emploi solidarité, ont effectué la réfection complète des peintures extérieures, retapissé les pièces, posé les revêtements de sol et effectué les finitions de peinture, ainsi qu’aménagé les espaces verts.

Dans la partie centrale du presbytère ont été aménagées de spacieuses salles de réunion ainsi que des bureaux et celle-ci s’appelle désormais : la Maison Saint Corneille. Elle est ouverte également aux paroissiens des églises Saint-Joseph de Hem et Saint Jean-Baptiste de Forest pour l’édification d’une paroisse nouvelle ainsi que l’indique l’Abbé Vandeputte.

Mme Massart, maire de la ville, se félicite de l’initiative qui a permis au public en insertion du chantier école du Cal-Pact de réaliser, grandeur nature, des travaux complets, encadrés par des moniteurs qualifiés et en présence d’entreprises spécialisées. Elle forme le souhait d’une multiplication d’initiatives du même genre, susceptibles de combler les attentes sociales en matière de logement comme en matière d’emploi.

Logement social et emploi : discours de Mme Massart, maire de Hem (Document Voix du Nord)

Dans les années 2000, l’ancien presbytère a donc à la fois une vocation de logement social et à la fois une vocation paroissiale. La photo aérienne de 2000 ne présente guère de différence avec celle qui avait été réalisée 25 ans plus tôt et l’on y voit nettement le grand jardin à l’arrière du bâtiment et le jardinet à l’avant. L’ensemble semble bien entretenu comme le montrent les photos depuis la rue en 2008.

Photo aérienne de 2000 (Document IGN)
Photos de 2008 (Documents Google Maps)

Pourtant il semble que l’organisme social rende ensuite le bâtiment à la commune dans un état désastreux. A part la salle louée par la paroisse le reste du bâtiment est pourri et la présence de mérule est même évoquée. Toutefois la mairie à l’époque ne réagit pas et le bâtiment ne cesse donc de se dégrader au point que sa restauration à l’heure actuelle coûterait très cher.

Le bâtiment en 2023 (Documents Voix du Nord)

Or avec le projet actuel de tramway, la MEL a lancé une étude en vue du réaménagement du centre ville de Hem pour y fluidifier la circulation. Trois hypothéses seraient envisagées concernant l’ancien presbytère :

  • raser le bâtiment et aménager un parc public dans son jardin

  • le détruire et construire à sa place un immeuble d’une dizaine de logements

  • conserver le presbytère et en faire un tiers lieu pour les associations et laisser la paroisse continuer à occuper une partie du bâtiment comme aujourd’hui

Le jardin en 2023 (Document Voix du Nord)

La décision est pour le moment en suspens mais il faut reconnaître que, s’il n’a pas grande valeur architecturale, l’immeuble reste un symbole et tient à choeur aux hémois qui y ont suivi le catéchisme. La paroisse tient à le sauvegarder et à conserver un local proche de l’église et surtout à préserver le grand espace vert que constitue le jardin.

Par ailleurs, ainsi que le rappelle Jean-Louis Rémy, historien local, il faut le préserver, ne serait-ce que parce qu’avec l’église et la maison commune, ancienne Auberge du Coq (Voir sur ce sujet un précédent article paru sur notre site), face au choeur de l’église, c’est tout ce qui reste du XIIIème siècle sur la place de la République, époque où Hem était encore un petit village de 1500 âmes…

Vue aérienne du presbytère en 2023 (Document Google Maps)
Vue aérienne de la place de la République en 2023 et vue de l’ancienne maison commune et de l’église Saint Corneille (Documents Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

Presbytère de l’église Saint Corneille

Dans le livre Hem d’Hier et d’Aujourd’hui, co-écrit par André Camion et Jacquy Delaporte, la première mention concernant le presbytère porte sur son incendie en 1692. Il s’agit d’« un feu de meschef », autrement dit d’un feu involontaire. André Camion ajoute que dans « Une description des paroisses du diocèse de Tournai » il est indiqué que le presbytère va être reconstruit « beaucoup mieux qu’il n’estoit auparavant ».

Détail de la carte particulière des environs de Lille de 1726 (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Essai de reconstitution de la place d’Hem au XIII ème siècle par André Camion (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Jean-Louis Rémy, professeur d’histoire géographie, retrouve quant à lui aux archives départementales un inventaire des biens du clergé de 1790, attestant l’existence du presbytère à cette époque. Le presbytère, contrairement aux autres biens du clergé n’a pas été vendu lors de la révolution.

La commune l’a alors récupéré pour le transformer en école et ce jusqu’en 1801, date à laquelle la paroisse en a récupéré l’usage tandis qu’il restait propriété de la mairie. Jean-Louis Remy trouve un cadastre de 1824 où l’on distingue clairement l’église et le presbytère, bâtiments séparés par un ancien cimetière, ainsi qu’un document datant de 1845 où il est fait mention du jardin entourant le bâtiment.

Le cadastre de 1824 (Documents Voix du Nord)
Le cadastre actuel nous indiquant une surface totale de 2170 mètres ( Document France Cadastre)
Convention de 1845 entre le maire et Achille Bouchery (Document Voix du Nord)

Avec la loi de séparation de l’église et de l’état de 1901, les rapports entre le maire de Hem et les catholiques se durcissent. Il est même question après les nouvelles élections municipales de 1906, de transformer le presbytère en service municipal et de sommer Mr le Curé de quitter les lieux. Mais un groupe de paroissiens ayant fait pression sur le conseil municipal, ce projet est abandonné au profit d’une solution amiable.

Cette même année, un document est donc signé entre le maire de Hem, Henri Delecroix, et l’abbé Edmond Pollet, curé de Hem, attestant de la location à ce dernier d’une maison à usage de presbytère avec dépendances et jardin entouré de murs moyennant la somme de 600 francs par mois . La location est faite pour un an et reconductible tacitement chaque année sauf préavis de trois mois donné par l’une ou l’autre des parties.

Elle est personnelle à l’abbé Pollet qui ne peut la transmettre à un tiers. Pourtant, à la mort de celui-ci deux ans plus tard, son successeur, l’abbé Victor Denhaene, obtient du Conseil la location du presbytère dans les mêmes conditions, mais pour 9 années.

Convention de location de 1907 (Document Historihem)

Un état des lieux établi par la mairie de Hem en 1907 permet de se faire une idée générale de l’immeuble :

-au rez-de-chaussée un couloir d’entrée carrelé, avec à gauche un grand salon parqueté avec cheminée en marbre et cloison donnant sur une grande véranda plafonnée et carrelée, avec grands vitrages sur le jardin et cheminée, dont une porte se situe au bout du couloir où se trouve également l’escalier menant à l’étage.

L’autre partie du couloir longe la façade, sur lequel donnent 3 salles munies d’un plancher, chacune éclairée d’une ou deux fenêtres et pourvue d’une cheminée. Au fond de ce couloir se trouve un bâtiment de dépendance avec cuisine carrelée éclairée d’une fenêtre et munie d’une cheminée, ainsi qu’une arrière cuisine avec carrelage en pierre, pompe et évier en zinc, communiquant sur le cabinet d’aisance.

Se trouve également au fond du couloir une porte donnant sur la serre, dallée avec grand vitrage sur le grand jardin entouré de murs, très bien planté et avec pièce d’eau.

A l’avant de l’habitation, se trouve un jardinet avec allées pavées en pierres bleues qui le contourne et mène également de l’entrée sur la rue jusqu’à la maison.

Essai de plan du rez-de-chaussée (Document BT)

-à l’étage: à mi-hauteur de l’étage un petit cabinet débarras, et au premier un couloir longeant la façade dessert toutes les chambres dont une à chaque bout contre les pignons, sur toute la largeur du bâtiment, éclairées de fenêtres et munies d’une cheminée.

Puis à mi-étage à nouveau un cabinet débarras et un grenier qui couvre la plus grande partie de l’habitation et où se situe également une chambre plafonnée et plâtrée contre le pignon opposé à l’escalier

-en dehors du bâtiment d’habitation, un autre bâtiment existe à l’entrée, le long du mur de façade vers la place, avec petit vestibule ouvrant sur deux salles carrelées, dont l’une, à usage de buanderie, munie d’une cheminée et d’une pompe de citerne. Ce deuxième bâtiment possède une sortie de service directement sur la rue, fermée par une porte en bois.

Photo aérienne de 1933 (Document IGN)

Au cours de l’année 1926, la presse locale relate un acte inouï de sauvagerie à Hem, un malfaiteur ayant profité de l’absence du curé, occupé par la messe de 8 heures, pour s’introduire dans le presbytère, afin d’y commettre un vol. Dérangé dans sa tâche par la mère de Mr le Curé, le voleur, qui s’est introduit dans la maison par la serre, frappe celle-ci à la tête à coups de sécateur avant de la baillonner, mettant en danger la vie de cette femme de 89 ans.

Un acte inouï de sauvagerie en 1926 (Document Journal de Roubaix)

A suivre…

Remerciements à l’Association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.