Les ordinateurs personnels

Les ordinateurs ont fait leur apparition au bureau dans les années 60, mais c’étaient des machines chères, imposantes, et multi-utilisateurs, c’est à dire que, grâce à des terminaux ou consoles, plusieurs utilisateurs pouvaient l’utiliser « en temps partagé ». De taille considérable, il était hors de question de les déplacer ; ils étaient réservés aux entreprises.

Photo Digital Equipment Corporation

La révolution va consister à fournir des ordinateurs mono-utilisateurs petits et bon marché, visant la catégorie naissante des amateurs individuels. Le premier micro-ordinateur à apparaître sera le Micral N, breveté en 1973 par le Français François Gernell et développé par la société française R2E.

On verra ensuite apparaître L’Apple II d’Apple, le PET de Commodore International, et le TRS-80 de Tandy en 1977.

L’apple II – Document Rama

Très vite viennent sur le marché des concurrents : l’Altair 8800, vendu en kit, le Sinclair ZX80, le Commodore 64, le plus vendu, le ZX Spectrum au clavier en caoutchouc, l’ Oric 1 et, en France, les Thomson TO7 puis MO5 qui pénètrent dans les écoles, tandis qu’Amstrad produit le CpC64, très répandu dans le grand public.
Ils sont tous animés par un micro-processeur unique capable d’effectuer des calculs sur 8 bits, et animés soit par un système d’exploitation dédié, soit par un nouveau standard, dénommé CP/M.

L’amstrad – Pages de la revue l’Ordinateur Individuel

Les acheteurs les utilisent le plus souvent pour jouer : les premiers jeux, aux graphismes rudimentaires, voient le jour (Pacman, Tennis…). Mais ils sont aussi équipés d’un logiciel de programmation, le Basic, qui permet d’écrire ses propres programmes. La revue l’Ordinateur individuel, par exemple propose à partir de 1978 une rubrique qui énumère des scénarios d’applications à réaliser, pour susciter l’imagination des programmeurs. Jeux et programmes sont enregistrés sur des lecteurs de mini-cassettes, et pour certains, sur des disquettes, beaucoup plus fiables.

Ping-Pong (document Youtube) et Pacman (Bandai Namco Entertainment)

E n 1981, IBM produit l’IBM PC qui va progressivement prendre le pas sur tous les autres. Et possède une carte graphique permettant, en plus du mode texte, d’afficher des dessins en 4 couleurs. Il sera copié de nombreuses marques qui produiront ce qu’on a appelé des « Compatibles PC ». Avec cette génération de machines émerge un nouveau système d’exploitation, MS Dos, produit par Microsoft.

Le PC d’IBM avec ses deux lecteurs de disquettes – Document Rama

A ce moment apparaît un concurrent au PC, basé sur un concept complètement différent qui fait appel à une interface nouvelle avec écran graphique et souris qui permettra de réaliser pratiquement toutes les actions sans faire appel au clavier. Ce sera le premier Macintosh d’Apple.

Le premier Macintosh – document Wikipedia

Pour répondre au défi d’Apple, le PC va se convertir également au graphique. Il se complétera d’une souris, branchée sur un port extérieur. Pour cela IBM va faire appel à Microsoft qui lance en 1985 Windows 1, très rustique encore, mais premier d’une lignée prolifique.

La version 1,0 de Windows

Après les grandes disquettes 5 pouces et les petites, rigides, de 3 pouces et demi, on stocke ensuite les données sur disque dur, d’une capacité de 10 Méga-Octets pour les premiers. Viendront ensuite lecteurs de CD/DVD enregistrables, alors que les calculs des processeurs se feront sur 16, puis 32, puis 64 bits. Pendant ce temps, les ordinateurs se connecteront en réseau, d’abord par Modem sur la ligne téléphonique, puis sur Internet, mais ceci est une autre histoire…

Les mini jupes

Au tout début des années 60, les femmes portaient des jupes au dessous du genou : robe Corolle avec bustier ajusté taille serrée, la corolle de la jupe est amplifiée par le jupon chez Christian Dior ; jupe crayon associée avec des chapeaux à larges bords et illustrée ici par Audrey Hepburn. Le comble de l’indécence était de laisser apparaître un genou.

Photos Marie Claire. A droite, Audrey Hepburn

Mais la jeunesse du « baby-boom », qui commence à représenter un pouvoir d’achat important pour l’industrie du vêtement, aspire à autre chose. Cette aspiration va se traduire dans la mode.

La première minijupe est imaginée par la styliste Marie Quant, qui la commercialise en 1962 dans sa boutique appelée Bazaar sur King’s Road dans le quartier de Chelsea à Londres. On dit qu’elle a été nommée ainsi par référence à la voiture anglaise. Elle voulait innover par rapport à la mode précédente :“Je voulais que ces vêtements soient en rupture totale avec ceux de nos mères” (Quant by Quant). Elle imagine de raccourcir les jupes ramenées à mi-cuisse. Les jeunes apprécient immédiatement la liberté de mouvements qu’elle permet.

Marie Quant à droite – photo Getty

Cette mode est liée au développement des collants importés des Etats-Unis en 1960, souvent associés à des bottes ou à des chaussettes longues. Elle sonne le glas des bas, tributaires de porte-jarretelles. En quelques années, on assiste à la quasi-disparition des bas nylons ; les collants conquièrent le marché pour les jeunes, puis, peu à peu, pour les moins jeunes. Dans ce domaine s’illustre la marque Dim, originalement « Bas Dimanche », fondée en 1953, dont les collants sont lancés 10 ans plus tard par les campagnes de Publicis, associées à une musique qui reste dans tous les esprits.

Photo Belle-en-collant.fr

En France, André Courrèges est le premier à amplifier le phénomène en faisant de la minijupe la pièce maîtresse de sa collection printemps-été 1965. Ceci provoque un scandale dans les esprits conservateurs : en 1964, Noële Noblecourt, présentatrice, est licenciée de la RTF pour avoir montré ses genoux à l’écran.

Document INA

Dans les années suivantes, le mouvement s’étend jusqu’à former une « mode mini » qui prône le raccourcissement des jupes et des robes, et qui les associent à des manteaux et imperméables. La chanson de Jacques Dutronc prend acte du phénomène.

Document Liberation.fr

Coco Chanel n‘a pas compris cette demande de la jeunesse ; elle déteste la minijupe : « Je me suis battue avec tous les couturiers pour ces robes courtes. C’est affreux de faire voir les genoux. Je trouve ça indécent ! (…) Je crois que quand on déballe tout comme ça, on n’a plus envie de rien ». Indépendamment de ce jugement, la mini jupe connaît un formidable essor dans la société et le mot « minijupe » fait son entrée dans les dictionnaires français dès 1966. Les femmes n’hésitent désormais plus à dévoiler leurs jambes, et on découvre qu’il n’y a pas d’âge pour porter la minijupe. Toutes les vedettes et idoles « yéyées » convaincues dès la première heure (sauf Sheila, qui commence sa carrière avec une robe écossaise longue), donnent l’exemple.

Stars en minijupes

La mini-jupe ne tarde pas à envahir nos rues…

Les ouvrières du Pas de Calais

Nord Eclair 1964

L’emploi du personnel a toujours été limité dans les mines : la loi leur interdit le travail « au fond » depuis la fin du 19ème siècle. On les limite au triage de charbon, ou à la lampisterie pour distribuer les lampes aux mineurs avant leur descente, mais les progrès technologiques et les réglementations plus soucieuses du bien-être vont progressivement leur fermer ces deux tâches. Elles se retrouvent petit à petit sans emploi dans le Pas de Calais qui n’offre pas, à l’époque, de solutions de remplacement.

Par ailleurs, dans le Nord, l’industrie textile manque de bras. Après guerre, on se tourne donc naturellement vers la main-d’œuvre féminine issue du Pas de Calais où les jeunes filles se sentent attirées vers les emplois stables qu’offre le textile dans la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing pour un personnel non qualifié.

Mais il est impensable de transporter cette population et on imagine d’organiser chaque matin un ramassage et un retour après chaque journée de travail, c’est à dire après-midi, pour l’équipe du matin,et le soir pour celle de la mi-journée. On emploiera pour ça dans des essaims d’autocars qu’on appelle les « bus des mines » . Nord Eclair en 1964 estime leur nombre à près de 400.

Photo L’Usine

Il faut se lever à 2h du matin pour prendre son poste à 5. Pour l’équipe du soir, le retour se fait à 22 heures 30. On se rend souvent à vélo sur le lieu de ramassage. Le temps de trajet est accru par le nombre d’arrêts pour ramasser ou déposer d’autres ouvrières. L’hiver, il faut braver brouillard et verglas pour faire les 60 à 80 kilomètres du trajet qu’elles parcourent, ensommeillées, chaque jour matin et chaque soir. Entre les trajets d’arrivée et de retour, une dure et longue journée de travail.

Photo Archives municipales

Les passagères doivent souvent participer aux frais de transport, le restant étant à la charge de l’entreprise. Elles sont jeunes, parfois très jeunes, tout juste titulaires du certificat d’études, et prêtes à prendre n’importe quel poste pour faire « bouillir la marmite ». Souvent, elles arrêtent le travail lorsqu’elles se marient pour se consacrer aux enfants. Parfois, elle reprennent le métier quelques années plus tard.

Un article de Nord Matin fait état en 1961 de 1000 ouvrières et ouvriers venus du Pas de Calais et précise que le pourcentage du personnel féminin est en décroissance, passant de 50 % en 1954 à 46 % en 1960. A partir de ce moment, la crise du secteur textile des années soixante-dix va entraîner progressivement des licenciements et finalement la fermeture des usines et la disparition des bus de ramassage.

Nord Matin 1961

Nord Matin 1961

Avec le plan de formation mis en place dans le cadre de la reconversion du Bassin minier, on tentera de leur trouver d’autres débouchés dans de nouveaux secteurs pour des emplois qui seront assurément situés plus près de chez elles.

Photo Médiathèque de la Source – Harnes – Pas de Calais

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

Les parcmètres

La zone bleue, instaurée en 1962 à la demande des commerçants du centre, ne montre pas beaucoup d’efficacité. On commence par la supprimer durant les vacances en 1972 et 1973, prélude à une disparition définitive. La zone bleue, gratuite, cédera la place au stationnement payant…

On utilise pour cela un appareil , le « parcmètres » doté d’un monnayeur et d’un mouvement d’horlogerie installé sur chaque emplacement de parking. Il suffit d’insérer sa pièce pour avoir droit à un temps défini de stationnement. Si l’usager dépasse le temps imparti, il trouve à son retour sous son essuie-glace un « papillon », ou formulaire de contravention. Les tarifs sont de 20 centimes le quart d’heure et 1 franc l’heure et quart.

Un parcmètre – photo La Voix du Nord

L’idée était dans l’air depuis un moment : Nord Matin publie en 1871 un article faisant état du refus du public. Les gens, prévoyant déjà d’aller se garer plus loin pour ne pas mettre la main à la poche, déplorent l’allongement du temps de trajet dû à la marche supplémentaire.

Nord Matin 1971

Les premiers emplacement seront situés place de la Liberté et le long des boulevards Gambetta et Leclerc. On a à cet effet, matérialisé des emplacements sur le sol et revêtu les terre-pleins centraux des boulevards de macadam. Un arrêté du maire fixe la mise en service pour le 1er mai 1972. L’été les journaux titrent sur les emplacements déserts.

La Voix du Nord 1972

On embauche des contractuels assermentés pour contrôler la validité des stationnement et pour verbaliser le cas échéant. Sur les deux boulevards, les parcmètres entrent en service en 1973 au nombre d’une centaine.

La Voix du Nord 1973

Mais le progrès fait rage et, en 1978, on abandonne l’idée des parcmètres pour équiper la grand place d’horodatrices qui délivrent des tickets de stationnement qu’il faut placer sur le tableau de bord de la voiture. Une page se tourne et les parcmètres disparaissent graduellement.

Une horodatrice – Photo La Voix du Nord

Les documents proviennent des archives municipales

Le nouveau franc

En 1958, le général de Gaulle doit faire face, au moment même de l’entrée dans le marché commun, à une forte inflation, due en partie à la guerre d’Algérie. Le franc est affaibli par des dévaluations successives. On met en place un plan d’assainissement monétaire (plan Pinay) qui prévoit notamment la création d’un création d’un « nouveau franc » dont la valeur est multipliée par 100. Cette opération est décrétée le 22 décembre 1959 et prévue pour le 1er janvier 1960. Tous les journaux s’emparent du sujet.

Document La Voix du Nord

L’affaire est d’importance et son impact est considérable : il faut modifier à temps tous les documents où figurent un prix, et notamment tous les catalogues, les timbres-poste, modifier les pièces et le papier-monnaie. On insiste sur les difficultés de l’opération.

La Voix du Nord Décembre 1959

Il est indispensable surtout de mener une campagne d’information pour habituer le public à cette idée, et lui faire prendre de nouvelles habitudes. Tous les médias se préoccupent de la façon dont les gens perçoivent l’évènement.

La Voix du Nord 1959

On parle de « franc lourd » pour le distinguer du précédent qui devient automatiquement le « franc léger », mais on emploie officiellement le terme de « nouveau franc ». Pour ne pas perturber les utilisateurs, on imprime des billets identiques à ceux en circulation surchargés de leur nouvelle valeur. Dans un deuxième temps, on supprimera l’ancienne valeur en francs, avant de passer à d’autres billets. Pour renforcer le sentiment de valeur pour la monnaie nouvelle, on crée une pièce de 5 francs en argent. Quant aux étiquettes des commerçants, elles affichent un temps les deux valeurs.

Document site trésor du patrimoine français

La télévision, la radio et la presse écrite multiplient les interviews et les micro-trottoirs pour prendre l’avis des citoyens. En majorité, les interviewés ne voient pas bien l’avantage de l’opération, ni ce qu’elle va changer. En contrepartie, les consommateurs ont peur de s’y perdre : Nombreux sont ceux, surtout parmi les plus âgés ont des difficultés pour faire la conversion et les commerçants prennent l’habitude d’annoncer leurs prix à la clientèle dans les deux monnaies, une habitude qui durera plusieurs années.

Nord Matin 1963

Au final, les gens se font au changement, mais, pour la plupart, ils continuent en calculer en anciens francs et effectuent la conversion à chaque transaction. Ce réflexe va durer de très nombreuses années, surtout pour les montants élevés. Ce réflexe ne cessera, pour certains, qu’à l’avènement de l’euro, 40 ans plus tard. Ce passage tardif assorti aux calculs qu’il nécessitera très longtemps va constituer un entraînement pour la population quand il s’agira de passer du franc à l’Euro.

Nord Matin du 6 Janvier 1963

Les documents proviennent des archives municipales, de la médiathèque de Roubaix, et de sites nommément cités

Tramways : la ligne 2 – Wattrelos

La ligne 2, ou ligne B traverse donc le pont du nouveau canal en direction de Wattrelos et la frontière. Quelques dizaines de mètres plus loin, il traverse la place Chaptal où l’attend un kiosque-abri. Ce kiosque sera démoli à la fin des années 50, car prenant trop de place et gênant le stationnement. Il sera remplacé par un plus petit, construit en béton. La photo suivante nous montre les deux abris qui coexistent en 1957, juste avant la disparition du plus ancien.

Photo Nord Eclair

Nous sommes dans le quartier de l’Entrepont et la ligne continue à suivre la grand rue. Cent mètres plus loin, la voie est dédoublée à hauteur de la rue de la Conférence. Le tabac à droite, tenu en 1920 par Alphonse Frankart et en 1939 par L. Liegeois est devenu une maison particulière. A gauche l’estaminet est tenu par M. Vanmaercke en 1920. C’est aujourd’hui le café « l’Escale »

Encore cent cinquante mètres, et la ligne traverse la rue d’Alger. Au coin à gauche la maison de la famille Motte pris sur le terrain de la filature, aujourd’hui occupé par le lycée Jean Rostand. A droite, l’estaminet Dehaene en 1908 et sous la férule de Mademoiselle Duhamel en 1939 offre aujourd’hui des repas rapides à l’enseigne du « P’tit Creux ». L’alignement des maisons qu’on voit à droite n’a pas changé depuis.

La ligne passe enfin devant le dépôt du laboureur au 453, le premier de la compagnie, où les machines produisant l’électricité pour la traction ont remplacé les écuries construites à l’origine. Au fond le pont du chemin de fer du Nord-Est menant à Somain. Celui-ci, démoli en 1918 sera remplacé par un pont à Caisson qui, sur la fin de sa vie, revêtira des noms de champions cyclistes.

Pour arriver à Wattrelos, « il suffit de passer le pont » comme le dit la chanson. Nous voyons sur la photo suivante, à gauche l’atelier de cuirs Plançon-Cognez, situé immédiatement avant la ligne de chemin de fer. Ce bâtiment existe encore de nos jours. A droite le bureau de l’octroi est situé au 392, juste avant le carrefour avec la rue d’Avelghem.

Le pont une fois passé, la ligne emprunte la rue Carnot, dont il a fallu attendre la construction pour prolonger la ligne jusqu’à la place. Elle se limitait, en attendant, au Laboureur. Cette ligne ne tarde pas à rencontrer la rue Faidherbe. On voit sur les photos qu’au début la voie était simple, mais qu’ensuite on l’a dédoublée.

La ligne traverse ensuite la place de la République, puis, suivant la rue Carnot, traverse la ligne du chemin de fer par un passage à niveau placé latéralement. Sur la photo, la passage est encore protégé par une barrière roulante, qui sera ensuite remplacée par une barrière oscillante. Aujourd’hui, plus de rails, ni pour le chemin de fer, ni pour le tramway. Un supermarché s’est installé à droite. A gauche, la maison qui forme le coin n’a pas changé aujourd’hui.

Après quelques centaines de mètres, la ligne parvient ensuite au carrefour avec la rue du Docteur Victor Leplat. Les bâtiments à droite ont été démolis, et remplacés par un immeuble abritant un commerce de voitures. Si la maison formant le coin n’a pas changé, les pavés ont disparu de nos rues.

Peu après, la voie parvient à la grand place. Sur la photo, prise vers Roubaix, on reconnaît la maison du coin, qui est restée identique à elle même aujourd’hui.

C’est sur la place qu’a été installé le kiosque-abri initialement prévu pour la place de la Fosse aux Chênes, mais refusé par les habitants qui ont trouvé qu’il aurait pris trop de place sur le trottoir. A Wattrelos, il voisine avec le kiosque à musique et celui à journaux. La motrice arbore sa belle livrée rouge d’origine.

La voie passe ensuite devant la mairie, remplacée aujourd’hui par une autre plus moderne, et se dirige vers la frontière par les rues Jean Jaurès et Jules Guesde. La motrice que nous voyons est du type 600, décorée aux couleurs vert et crême que l’ELRT avait choisies entre les deux guerres. Au premier plan une bretelle permet aux rames avec remorque de se retourner si une autre rame stationne devant le kiosque.

Arrivée à la frontière, au lieu-dit La Houzarde la ligne a connu différents terminus selon l’époque. Sur la photo suivante, datant de 1953, l’arrêt était situé à gauche au niveau de l’actuel numéro 253. La motrice 616 et sa remorque est cette fois dans leur couleur définitive.

Photo « Au fil des trams »

Dans une situation plus ancienne, à partir de 1909, la ligne a été prolongée jusqu’à la frontière belge et le bureau des douanes françaises, situé près de 20 numéros plus loin. La voie prenait à droite pour gagner un bâtiment partagé avec le bureau de douanes, situé en épi à droite par rapport à la route.

Entre ces deux périodes, c’est à dire dans les années 30, la ligne est prolongée. En 1931, on effectue les travaux de terrassement en vue de cette prolongation à partir de la Houzarde vers Herseaux. La ligne, contournant le poste de douane belge, prend alors à droite puis à gauche par la rue de la Houzarde et se prolonge quasiment jusqu’à la gare d’Herseaux en suivant le côté droit de la rue du petit Audenarde situé en France (la frontière suit l’axe de la chaussée). Sur la photo la voie, passée l’église et toujours sur le territoire français, est toute proche du terminus.

En 1934 on crée une ligne B barré limitée à la place de Wattrelos ce qui explique la bretelle vue plus haut sur la place. Enfin, en 1939, la ligne est limitée au bureau des douanes françaises. Quelques années plus tard, en 1956, la ligne est supprimée et remplacée par des autobus.

Les documents proviennent des archives municipales, et de la médiathèque de Roubaix que nous remercions une fois encore.

Tramways : la ligne 2 – la grand rue

Nous quittons la Grand-Place vers Wattrelos par la ligne 2 qui, à partir de 1900 est coupée en deux et prend, pour la partie qui nous occupe, l’indice B. Nous l’avons vu dans l’article précédent : au lieu d’emprunter la rue de Lannoy, nous effectuons un détour par la rue Pierre Motte, dans laquelle la voie unique voisine avec celles de la ligne F des tramways Lillois.

La photo suivante nous montre une voiture de type 600 aux couleurs de l’ELRT qui quitte la Grand-Place et entre dans la rue Pierre Motte par un virage serré, alors qu’au second plan, une motrice lilloise stationne à son terminus.

La photo suivante nous montre une motrice à hauteur de l’actuel « Celtic ». Dans sa livrée rouge d’origine, elle va dépasser la place des halles. Cette rue est toujours très animée, et plus encore les jours de marché. A cet endroit, la ligne F va tourner à droite dans la rue de la Halle pour se diriger vers la rue de Lille.

La ligne poursuit sa route en ligne droite et en voie unique dans la rue Pierre Motte. La photo nous montre une motrice parvenue à hauteur des bains Roubaisiens. A droite, au 49 l’enseigne d’un éphémère café cinéma Salle Philemon qui disparaît après 1914.

Après avoir suivi la rue Pierre Motte, la ligne 2 fait un virage à 90 degrés pour emprunter le boulevard Gambetta. La photo nous montre une motrice de l’ELRT dans sa livrée verte et crème inaugurée en 1922 qui, débouchant de la rue va négocier le virage vers le boulevard. Elle porte l’indice B.

La photo suivante nous montre une motrice 600 dans sa livrée des années d’après guerre et sa remorque devant l’arrêt doté d’un abri. Celui-ci sera plus tard reconverti plusieurs fois, jusqu’à abriter le syndicat d’initiative.

Quelques mètres plus loin, alors que la ligne 3 prend à droite dans la rue de Lannoy, la ligne 2 prend un nouveau virage à 90 degrés sur la gauche devant le Broutteux pour traverser la place de la Liberté. La courbe est prise au large, ce qui nécessite une contre-courbe pour reprendre l’alignement. On suit le trottoir de gauche, celui côté banque de France sera réservé aux Mongys, non encore présents sur la photo, prise avant 1908 (la motrice visible est dans son état d’origine).

La ligne reprend ensuite la grand rue par une courbe à gauche. On aperçoit sur la photo au premier plan la voie de retour qui mène directement à la Grand-Place, et, plus au fond, la courbe qui ramène sur la Grand rue par un aiguillage les trams à destination de Wattrelos. A gauche la rue Pauvrée.

Une centaine de mètres plus loin, la ligne 1 en direction de Tourcoing quitte notre ligne 2 à l’intersection de la rue du Collège. La courbe est brutale et oblige à décentrer la ligne 2 et rapprocher la voie du trottoir situé devant le magasin Bossu-Cuvelier pour obtenir un rayon de courbure plus large.

Plan des voies 1881

Un peu plus loin la ligne traverse la place Nadaud, où elle est dédoublée devant l’usine Allart qu’on voit à gauche de la photo. Cette usine va faire place dans les années 50 à la cité du Galon d’eau. On remarque l’alignement imparfait des pavés de la place.

Cinquante mètres plus loin, la photo suivante, prise vers le centre de Roubaix nous montre une motrice située sur la place Nadaud et au carrefour avec le boulevard de Strasbourg. A gauche au premier plan les maisons portent les numéros 192 et 190 dans la rue. L’aspect des maisons de la rue n’a pratiquement pas changé aujourd’hui.

Poursuivons notre chemin. Nous arrivons au canal, dont la traversée a donné lieu à la construction de plusieurs ponts successifs. Le premier fut un pont levis de deux mètres 50 de large, dont deux « trottoirs » de 22 centimètres. Il ne fallait pas chausser trop grand ! Il était assorti d’une passerelle pour les piétons. Le second, large de 7 mètres 20 était hydraulique et contre-balancé par quatre poids en facilitant la manœuvre. Sa renommée tient surtout à son inauguration, en septembre 1903. Ce jour là, les officiels, dont le maire Eugène Motte, sont venus de la grand place en tramway pour voir se lever le pont, mais force est de constater que celui-ci refuse tout service : Un tuyau hydraulique est coupé. Les ingénieurs découvriront plus tard que la coupure est due au courant électrique de retour passant par les rails du tramway qui a rongé le tuyau. Ceci n’empêchera pas les fêtes de l’inauguration de battre leur plein !

Ces courants vagabonds dus aux tramways vont entretenir les polémiques entre ingénieurs durant plusieurs années. En attendant, le public se gausse de l’incident et une chansons circule, relayée par le Journal de Roubaix :

Lève l’pont, Ugène,

Lève l’pont,

Y’a qu’ equ’ chos’ qui gêne,

Ugène, Ugène,

Tire d’sus la chaîne

Ugène, Lève l’pont.

Ce malheureux pont sera détruit en 1918 par l’armée allemande en déroute. Il sera remplacé dans les années 20 par celui qu’on connaît aujourd’hui.

Photo Lucien Delvarre

A suivre…

Les documents proviennent des archives municipales, et de la médiathèque de Roubaix que nous remercions une fois encore.

Tramways : la ligne 2 sur la Grand Place de Roubaix

Arrivant de la rue St Georges, sur la Grand Place se présente un faisceau de voies parallèles qui longe l’église et se poursuit par une voie unique dans la grand rue. A l‘époque des tramways hippomobiles, le faisceau comporte trois voies .

Photos Bibliothèque de Lille et B. Thiebaut

L’entrée sur la place se fait de façon à peu près rectiligne. La rue de la Gare n’est pas encore percée à l’ouverture du réseau, mais , dès 1882, c’est chose faite et les voies venant de la gare se mêlent à celles venant de Mouvaux, ce qui va compliquer un peu le plan des voies. Le plan suivant date de 1881, la photo est postérieure à 1909. A cette seconde époque, la voie de la ligne D forme un S pour accéder au faisceau devant l’église.

Par ailleurs, avec l’avènement de la traction électrique en 1895, le nombre de voies de garage augmente devant l’église. On dénombre d’abord 4 voies parallèles, comme le montre la photo suivante, sur laquelle l’abri pour les voyageurs est toujours celui d’origine, construit en 1878.

Mais cette voie unique de la grand rue devient très vite un problème. En effet, cette voie, empruntée par toutes les lignes à destination de Tourcoing, Wattrelos et Lannoy, est saturée. On voit sur la photo suivante la dernière aiguille du faisceau de la grand place et l’amorce de la voie unique de la rue de Lannoy avant 1894.

A partir de 1881, on songe à la dédoubler entre la Grand Place et la place de la Liberté. Mais la rue étroite. On ne peut dédoubler la voie qu’en rétrécissant les trottoirs et le conseil municipal refuse cette solution. On décide finalement, beaucoup plus tard et après bien des discussions, de dévier le trafic au départ par la rue Pierre Motte, et le boulevard Gambetta, le retour à l’itinéraire initial se faisant par la place de la Liberté. En venant de Wattrelos, dans l’autre sens, on emprunte la grand rue jusqu’à la place.

Dans un premier temps, on dévie la ligne pour porter le terminus de l’autre côté du terre-plein central, en face de la mairie. La photo où on voit, à droite, une motrice gagner son terminus, date d’avant 1908.

Puis, vers 1910 le faisceau devant l’église est porté à cinq voies. La voie supplémentaire est alors dévolue au terminus de la ligne D. La séparation en deux de la ligne est déjà un fait : on remarque à gauche une voiture de la ligne B en provenance de Wattrelos et à droite une autre de la ligne D.

Photo « Au fil des trams »

A ce moment et pour éviter d’encombrer la grand rue, la ligne, qui prend alors l’indice B, se poursuit par une courbe à angle droit vers la droite qui va rejoindre la rue Pierre Motte. La photo suivante montre cette courbe, qui longe la double raquette formée par les voies du tramway Lille-Roubaix de la compagnie des Tramways Electriques de Lille et de sa Banlieue, sur laquelle stationne une motrice et sa remorque.

Après la première guerre, la voie sera dédoublée pour servir de terminus à la ligne A (Roubaix-Tourcoing). La photo qui suit nous montre, à droite une motrice de la ligne A à l’arrêt, et, à gauche, une motrice TELB de la ligne F. Vous remarquerez la différence d’écartement des files de rail, 1 mètre 44 pour la ligne F de Lille, 1 mètre pour les lignes de la compagnie de Roubaix-Tourcoing.

C’est cette situation qui va perdurer jusqu’à la fin du Tramway. Les deux photos qui vont suivre, datées de 1953, nous présentent la première une photo aérienne de la place, l’autre une motrice 600 de la compagnie ELRT en stationnement au terminus de la ligne A.

A suivre…

Les documents proviennent de la bibliothèque de Lille, des archives municipales, et de la médiathèque de Roubaix.

Tramways : la ligne 2 entre Tourcoing et la Grand Place de Roubaix

Après avoir traversé une étroite bande du territoire de Tourcoing, la ligne pénètre dans Roubaix en traversant la rue de la Mackellerie. La rue ne change pas de nom en passant d’une ville à l’autre : les plaques portent toujours le nom de rue de Mouvaux. Au carrefour, la dernière maison côté Tourcoing est l’estaminet Decock qu’on voit sur la photo. C’est aujourd’hui une habitation ordinaire.

L’estaminet

En nous tournant côté Roubaix, nous nous trouvons face à l’Octroi, situé avant la première guerre côté pair dans les derniers numéros, puis, à partir de 1914, au 103, qui était avant guerre un estaminet. C’est d’ailleurs toujours un débit de boissons le « Café Inter Villes ».

L’octroi au 103

Avançons un peu. En nous retournant vers Mouvaux, nous voyons les deux emplacements successifs de l’Octroi d’abord à droite, puis au coin à gauche, face à l’estaminet dont nous venons de parler. La ligne à cet endroit forme une voie unique au centre de la chaussée.

La limite entre Roubaix et Tourcoing

Un peu plus loin dans la rue, nous sommes maintenant au niveau de la rue d’Italie dont on découvre le débouché à droite sur la photo suivante. Nous pouvons constater l’animation qui régnait à l’époque dans cette rue. La vue est prise en direction de Mouvaux.

La rue d’Italie à droite

Reculons encore de quelques mètres après une courbe modérée. Nous nous trouvons au niveau de 29 sur le trottoir de gauche et 34 en face. Les bâtiments restent les mêmes aujourd’hui, bien que manquant d’entretien. Les magasins si vivants à l’époque sont de nos jours à l’abandon.

En nous retournant, nous voyons au premier plan l’aiguille d’entrée à un garage, et, au fond, le pont du chemin de fer. A peu près au niveau de la croix nous devinons l’entrée de la rue du Luxembourg. La vue est prise vers Roubaix.

Nous allons passer sous le pont, et quitter la rue de Mouvaux pour celle du Grand Chemin.

Ce pont forme, dans sa première version, une voûte en plein cintre, construite en briques habillant une ossature métallique. Il est étroit et ne permet le passage que de deux voies. En 1903, la compagnie de chemin de fer demande à allonger une voie de manœuvre. Il faut élargir le tablier du pont pour accueillir cette troisième voie. La municipalité demande en contrepartie d’allonger la portée de l’ouvrage de 8 à 12 mètres, pour permettre d’élargir la rue de Mouvaux. L’ouvrage sera détruit par les allemands lors de leur retraite en 1918. Il sera reconstruit, mais sur un modèle différent : sa nouvelle voûte sera en forme d’anse de panier. La photo, prise vers Mouvaux, nous montre le pont d’origine.

Le pont de chemin de fer

La rue de grand Chemin commence ici, au carrefour avec la rue de l’Alma, dont on voit l’amorce à droite sur la photo précédente. C’est à cet endroit également que se séparait de la ligne 2 la ligne 1bis qui se dirigeait vers la gare. Aujourd’hui cette zone a été démolie pour faire place à une zone verte.

Poursuivons vers le centre de Roubaix. Deux cent mètres plus loin nous croisons les rues de l’Epeule et de l’Alouette. les bâtiments formant le coin sur la photo qui suit n’ont pas changé aujourd’hui, l’estaminet qu’on voit à droite est toujours un café. La voie suit une légère courbe, la rue formant un angle au carrefour. La ligne croisait ici la ligne G allant de la gare à l’Hospice Barbieux.

A peu de distance, la voie longe le Palais de Justice, situé au numéro 45, qu’on retrouve à droite sur la photo suivante. C’est un ancien hôtel particulier construit en 1880 pour Pierre Catteau, sur les plans de l’architecte Dupire-Rozan. La voie est dédoublée à cet endroit ; on distingue l’aiguille d’entrée du garage.

Le Palais de Justice

Juste en face du Palais de Justice, au coin de la rue des Champs, la ligne passe devant l’Institut Sévigné, qui offrait enseignements primaire et supérieur. Il sera transformé ensuite en collège, et reconstruit dans les années 90 à quelques mètres de là. (Un article de votre Blog est consacré à cet institut.)

L’institut Sévigné

Encore quelques dizaines de mètres, et la ligne emprunte, à partir du carrefour avec les rues du Bois et de l’Hospice, la courte rue St Georges. Pour cette rue, on peut difficilement faire le parallèle avec les photos actuelles, car la majorité des constructions d’origine ont été démolies et remplacées par des immeubles récents. La photo suivante est prise vers la grand place. A gauche au premier plan la rue de l’Hospice et un estaminet tenu par E.Verhaeghe en 1914.

Avançons encore. Quelques dizaines de mètres plus loin, la ligne côtoie l’institution St Agnès, une « pension de demoiselles », au 47. Le bâtiment, qui avait auparavant abrité l’amicale des Chargeurs de Teintures et Apprêts et le Cercle Sténographique, n’existe plus aujourd’hui. La vue est prise en direction de la Grand Place.

La photo suivante a été prise côté opposé, en regardant Mouvaux, vers milieu de la rue. Le bâtiment à colonnes à peu près au centre de la photo est le numéro 36, l’un des rares à avoir survécu de nos jours. Au fond, l’amorce de la rue du Grand Chemin, que nous venons de quitter.

Poursuivant son périple, le tram débouche finalement sur la Grand Place, par un carrefour qui a beaucoup changé lors du percement de la rue de la Gare, aujourd’hui Avenue Jean Lebas. La voie y forme un large S, d’abord à droite, puis à gauche pour pour se connecter au faisceau de voies de la place.

L’entrée de la rue

A suivre…

Les documents proviennent des archives départementales, des archives municipales, et de la médiathèque de Roubaix.

Tramways : la ligne 2 de Mouvaux à Roubaix

Nous avons vu dans l’article précédent que la ligne a son terminus à Mouvaux tout près de la ligne des TELB (il a été un temps question d’opérer un raccordement à l’époque des tramways à chevaux, quand les écartements étaient les mêmes). Ce terminus est situé non loin de la mairie et dispose de deux voies en cul de sac commandées par un aiguille. Aujourd’hui on trouve à cet endroit des immeubles modernes, la mairie et l’école ont disparu : On a ouvert une rue sur leur emplacement.

La mairie et l’école, au premier plan l’aiguillage du terminus

On voit ci dessous une motrice de type 600 de l’ELRT, construite à la fin des années 20, stationnée au terminus alors que la perche n’a pas encore été tournée pour le voyage de retour. La vue est prise côté opposé à la mairie

Photo Forbes in « Au fil des trams »

Quittons le terminus. En passant devant la mairie, on découvre à droite le commerce portant l’enseigne « Au Progrès », au coin de la rue Carnot, aujourd’hui devenu un commerce de tissus à l’enseigne Sylvie Thiriez

La photo suivante nous montre un peu plus loin la voie à la traversée du boulevard Carnot. Le bâtiment de l’étoile n’a pas changé, de même que celui qui lui fait face de l’autre côté de la rue. Le premier est devenu une banque, le second un cabinet d’immobilier. La photo est prise en direction de Mouvaux.

En se retournant vers Roubaix, on remarque le bâtiment de droite « aux trois suisses qui n’a pas changé aujourd’hui ; c’est devenu également une banque. En face s’est installé un restaurant « Courte Paille ». On reconnaît au centre de l’image l’arrière d’une magnifique Citroën « Trèfle ». Le constructeur les proposait souvent dans la couleur jaune, ce qui semble être le cas ici.

Au carrefour, il fallait également traverser les voies du « Mongy », ce qui se faisait à niveau et provoquait inévitablement des chocs au passage des roues. Le confort devait en souffrir ! La photo suivante nous montre ce double croisement à angle droit. On remarquera à droite le kiosque-abri du Mongy plutôt rudimentaire !

Avançons encore un peu, et retournons nous. La vue, prise en direction du centre de Mouvaux nous montre une voie unique décalée par rapport au centre de la chaussée. La première maison à droite porte aujourd’hui le numéro 137. La palissade que l’on remarque à droite au deuxième plan a cédé la place à un négociant automobile.

Reprenons notre chemin vers Roubaix. Nous sommes quelques mètres plus loin, au coin de la rue des Duriez. La belle maison au numéro 138, aujourd’hui magnifiquement restaurée, abrite de nos jours un cabinet médical. A cet endroit la voie se dédouble pour former un garage. La vue est encore prise en direction du centre de Mouvaux et le tram que nous voyons venir vers nous se dirige vers Roubaix.

Le carrefour avec la rue des Duriez.

Nous n’allons pas tarder à quitter Mouvaux pour pénétrer, à partir de la rue du Congo, dans une étroite excroissance de Tourcoing. La ligne longe le château Vaissier qui occupe l’espace entre la rue du Congo et l’avenue Désiré Six. La vue est prise en direction de Mouvaux ; à cet endroit, la voie est dédoublée et décentrée.

La photo suivante est prise dans la même direction en reculant de quelques mètres vers Roubaix. On y voit le poste d’Octroi situé sur le quai du Blanc Seau et l’aiguille séparant la voie en deux, ce qui permet aux deux motrices de se croiser. La légende de cette photo indique Roubaix par erreur. Elle a été prise aux environs de 1908 puisque la motrice de gauche est vestibulée, c’est à dire que ses plate-formes sont fermées, alors que l’autre est encore dans l’état d’origine.

Mais nous croisons à cet endroit le canal. La photo suivante, prise en reculant encore de quelques pas, nous montre que la voie traversait à l’origine sur un pont mobile étroit au point de ne permettre le passage que d’un tramway. C’était un pont tournant assorti d’une passerelle pour les piétons.. Nous pouvons admirer en gros plan l’une des 50 premières motrice, construite au 19ème siècle. Elle est dans son état d’origine avec ses plate-formes ouvertes. Elle ne possède que deux marche-pieds, un par extrémité, ce qui la place soit dans la série 1à 18 de 1894, soit dans la série 101 à 112 de 1896.

Ce pont fut détruit comme tous les ponts roubaisiens par les troupes allemandes en 1918. On construit après guerre un pont-levis provisoire à quelques mètres de là, ce qui oblige le tram à effectuer un court détour par les quais. On voit ci-après sur la première photo le tracé d’origine de la voie, et sur la deuxième cette même voie qui vire pour emprunter le quai devant l’Octroi.

La photo suivante nous montre ce pont provisoire, situé juste à côté de la rue de Mouvaux, dans l’alignement de la rue du Riez. Les rembardes
sont en bois. Remarquez le coffrage, lui aussi en bois, qui protège la
ligne aérienne des courts-circuits.

La photo qui suit nous montre que, passé le pont, la ligne suit la direction de Roubaix en ligne droite. On voit à l’arrière plan une motrice de type 300 de 1906, dans son état de 1927 après transformation.

Avançons encore un peu jusqu’au carrefour avec le boulevard Descat. Ici se séparent, après avoir partagé les mêmes rails, la ligne D et celle dénommée NP qui retourne vers le centre de Tourcoing par le boulevard. La largeur de la chaussée a permis l’installation de deux voies parallèlles. La motrice fait partie des premières séries, vestibulées en 1908. Les maisons basses au premier plan à droite on aujourd’hui disparu.

Passé le boulevard Descats, la rue de Mouvaux suit une ligne droite jusqu’au carrefour avec la rue de la Mackellerie, où la ligne va quitter Tourcoing pour pénétrer dans Roubaixoù nous suivrons la ligne dans un prochain article.

A suivre…

Les documents proviennent des archives départementales, des archives municipales, de la MEL, des sites municipaux de Mouvaux, de Tourcoing, et de la médiathèque de Roubaix.