Tramways : la ligne 2 entre Tourcoing et la Grand Place de Roubaix

Après avoir traversé une étroite bande du territoire de Tourcoing, la ligne pénètre dans Roubaix en traversant la rue de la Mackellerie. La rue ne change pas de nom en passant d’une ville à l’autre : les plaques portent toujours le nom de rue de Mouvaux. Au carrefour, la dernière maison côté Tourcoing est l’estaminet Decock qu’on voit sur la photo. C’est aujourd’hui une habitation ordinaire.

L’estaminet

En nous tournant côté Roubaix, nous nous trouvons face à l’Octroi, situé avant la première guerre côté pair dans les derniers numéros, puis, à partir de 1914, au 103, qui était avant guerre un estaminet. C’est d’ailleurs toujours un débit de boissons le « Café Inter Villes ».

L’octroi au 103

Avançons un peu. En nous retournant vers Mouvaux, nous voyons les deux emplacements successifs de l’Octroi d’abord à droite, puis au coin à gauche, face à l’estaminet dont nous venons de parler. La ligne à cet endroit forme une voie unique au centre de la chaussée.

La limite entre Roubaix et Tourcoing

Un peu plus loin dans la rue, nous sommes maintenant au niveau de la rue d’Italie dont on découvre le débouché à droite sur la photo suivante. Nous pouvons constater l’animation qui régnait à l’époque dans cette rue. La vue est prise en direction de Mouvaux.

La rue d’Italie à droite

Reculons encore de quelques mètres après une courbe modérée. Nous nous trouvons au niveau de 29 sur le trottoir de gauche et 34 en face. Les bâtiments restent les mêmes aujourd’hui, bien que manquant d’entretien. Les magasins si vivants à l’époque sont de nos jours à l’abandon.

En nous retournant, nous voyons au premier plan l’aiguille d’entrée à un garage, et, au fond, le pont du chemin de fer. A peu près au niveau de la croix nous devinons l’entrée de la rue du Luxembourg. La vue est prise vers Roubaix.

Nous allons passer sous le pont, et quitter la rue de Mouvaux pour celle du Grand Chemin.

Ce pont forme, dans sa première version, une voûte en plein cintre, construite en briques habillant une ossature métallique. Il est étroit et ne permet le passage que de deux voies. En 1903, la compagnie de chemin de fer demande à allonger une voie de manœuvre. Il faut élargir le tablier du pont pour accueillir cette troisième voie. La municipalité demande en contrepartie d’allonger la portée de l’ouvrage de 8 à 12 mètres, pour permettre d’élargir la rue de Mouvaux. L’ouvrage sera détruit par les allemands lors de leur retraite en 1918. Il sera reconstruit, mais sur un modèle différent : sa nouvelle voûte sera en forme d’anse de panier. La photo, prise vers Mouvaux, nous montre le pont d’origine.

Le pont de chemin de fer

La rue de grand Chemin commence ici, au carrefour avec la rue de l’Alma, dont on voit l’amorce à droite sur la photo précédente. C’est à cet endroit également que se séparait de la ligne 2 la ligne 1bis qui se dirigeait vers la gare. Aujourd’hui cette zone a été démolie pour faire place à une zone verte.

Poursuivons vers le centre de Roubaix. Deux cent mètres plus loin nous croisons les rues de l’Epeule et de l’Alouette. les bâtiments formant le coin sur la photo qui suit n’ont pas changé aujourd’hui, l’estaminet qu’on voit à droite est toujours un café. La voie suit une légère courbe, la rue formant un angle au carrefour. La ligne croisait ici la ligne G allant de la gare à l’Hospice Barbieux.

A peu de distance, la voie longe le Palais de Justice, situé au numéro 45, qu’on retrouve à droite sur la photo suivante. C’est un ancien hôtel particulier construit en 1880 pour Pierre Catteau, sur les plans de l’architecte Dupire-Rozan. La voie est dédoublée à cet endroit ; on distingue l’aiguille d’entrée du garage.

Le Palais de Justice

Juste en face du Palais de Justice, au coin de la rue des Champs, la ligne passe devant l’Institut Sévigné, qui offrait enseignements primaire et supérieur. Il sera transformé ensuite en collège, et reconstruit dans les années 90 à quelques mètres de là. (Un article de votre Blog est consacré à cet institut.)

L’institut Sévigné

Encore quelques dizaines de mètres, et la ligne emprunte, à partir du carrefour avec les rues du Bois et de l’Hospice, la courte rue St Georges. Pour cette rue, on peut difficilement faire le parallèle avec les photos actuelles, car la majorité des constructions d’origine ont été démolies et remplacées par des immeubles récents. La photo suivante est prise vers la grand place. A gauche au premier plan la rue de l’Hospice et un estaminet tenu par E.Verhaeghe en 1914.

Avançons encore. Quelques dizaines de mètres plus loin, la ligne côtoie l’institution St Agnès, une « pension de demoiselles », au 47. Le bâtiment, qui avait auparavant abrité l’amicale des Chargeurs de Teintures et Apprêts et le Cercle Sténographique, n’existe plus aujourd’hui. La vue est prise en direction de la Grand Place.

La photo suivante a été prise côté opposé, en regardant Mouvaux, vers milieu de la rue. Le bâtiment à colonnes à peu près au centre de la photo est le numéro 36, l’un des rares à avoir survécu de nos jours. Au fond, l’amorce de la rue du Grand Chemin, que nous venons de quitter.

Poursuivant son périple, le tram débouche finalement sur la Grand Place, par un carrefour qui a beaucoup changé lors du percement de la rue de la Gare, aujourd’hui Avenue Jean Lebas. La voie y forme un large S, d’abord à droite, puis à gauche pour pour se connecter au faisceau de voies de la place.

L’entrée de la rue

A suivre…

Les documents proviennent des archives départementales, des archives municipales, et de la médiathèque de Roubaix.

Tramways : la ligne 2 de Mouvaux à Roubaix

Nous avons vu dans l’article précédent que la ligne a son terminus à Mouvaux tout près de la ligne des TELB (il a été un temps question d’opérer un raccordement à l’époque des tramways à chevaux, quand les écartements étaient les mêmes). Ce terminus est situé non loin de la mairie et dispose de deux voies en cul de sac commandées par un aiguille. Aujourd’hui on trouve à cet endroit des immeubles modernes, la mairie et l’école ont disparu : On a ouvert une rue sur leur emplacement.

La mairie et l’école, au premier plan l’aiguillage du terminus

On voit ci dessous une motrice de type 600 de l’ELRT, construite à la fin des années 20, stationnée au terminus alors que la perche n’a pas encore été tournée pour le voyage de retour. La vue est prise côté opposé à la mairie

Photo Forbes in « Au fil des trams »

Quittons le terminus. En passant devant la mairie, on découvre à droite le commerce portant l’enseigne « Au Progrès », au coin de la rue Carnot, aujourd’hui devenu un commerce de tissus à l’enseigne Sylvie Thiriez

La photo suivante nous montre un peu plus loin la voie à la traversée du boulevard Carnot. Le bâtiment de l’étoile n’a pas changé, de même que celui qui lui fait face de l’autre côté de la rue. Le premier est devenu une banque, le second un cabinet d’immobilier. La photo est prise en direction de Mouvaux.

En se retournant vers Roubaix, on remarque le bâtiment de droite « aux trois suisses qui n’a pas changé aujourd’hui ; c’est devenu également une banque. En face s’est installé un restaurant « Courte Paille ». On reconnaît au centre de l’image l’arrière d’une magnifique Citroën « Trèfle ». Le constructeur les proposait souvent dans la couleur jaune, ce qui semble être le cas ici.

Au carrefour, il fallait également traverser les voies du « Mongy », ce qui se faisait à niveau et provoquait inévitablement des chocs au passage des roues. Le confort devait en souffrir ! La photo suivante nous montre ce double croisement à angle droit. On remarquera à droite le kiosque-abri du Mongy plutôt rudimentaire !

Avançons encore un peu, et retournons nous. La vue, prise en direction du centre de Mouvaux nous montre une voie unique décalée par rapport au centre de la chaussée. La première maison à droite porte aujourd’hui le numéro 137. La palissade que l’on remarque à droite au deuxième plan a cédé la place à un négociant automobile.

Reprenons notre chemin vers Roubaix. Nous sommes quelques mètres plus loin, au coin de la rue des Duriez. La belle maison au numéro 138, aujourd’hui magnifiquement restaurée, abrite de nos jours un cabinet médical. A cet endroit la voie se dédouble pour former un garage. La vue est encore prise en direction du centre de Mouvaux et le tram que nous voyons venir vers nous se dirige vers Roubaix.

Le carrefour avec la rue des Duriez.

Nous n’allons pas tarder à quitter Mouvaux pour pénétrer, à partir de la rue du Congo, dans une étroite excroissance de Tourcoing. La ligne longe le château Vaissier qui occupe l’espace entre la rue du Congo et l’avenue Désiré Six. La vue est prise en direction de Mouvaux ; à cet endroit, la voie est dédoublée et décentrée.

La photo suivante est prise dans la même direction en reculant de quelques mètres vers Roubaix. On y voit le poste d’Octroi situé sur le quai du Blanc Seau et l’aiguille séparant la voie en deux, ce qui permet aux deux motrices de se croiser. La légende de cette photo indique Roubaix par erreur. Elle a été prise aux environs de 1908 puisque la motrice de gauche est vestibulée, c’est à dire que ses plate-formes sont fermées, alors que l’autre est encore dans l’état d’origine.

Mais nous croisons à cet endroit le canal. La photo suivante, prise en reculant encore de quelques pas, nous montre que la voie traversait à l’origine sur un pont mobile étroit au point de ne permettre le passage que d’un tramway. C’était un pont tournant assorti d’une passerelle pour les piétons.. Nous pouvons admirer en gros plan l’une des 50 premières motrice, construite au 19ème siècle. Elle est dans son état d’origine avec ses plate-formes ouvertes. Elle ne possède que deux marche-pieds, un par extrémité, ce qui la place soit dans la série 1à 18 de 1894, soit dans la série 101 à 112 de 1896.

Ce pont fut détruit comme tous les ponts roubaisiens par les troupes allemandes en 1918. On construit après guerre un pont-levis provisoire à quelques mètres de là, ce qui oblige le tram à effectuer un court détour par les quais. On voit ci-après sur la première photo le tracé d’origine de la voie, et sur la deuxième cette même voie qui vire pour emprunter le quai devant l’Octroi.

La photo suivante nous montre ce pont provisoire, situé juste à côté de la rue de Mouvaux, dans l’alignement de la rue du Riez. Les rembardes
sont en bois. Remarquez le coffrage, lui aussi en bois, qui protège la
ligne aérienne des courts-circuits.

La photo qui suit nous montre que, passé le pont, la ligne suit la direction de Roubaix en ligne droite. On voit à l’arrière plan une motrice de type 300 de 1906, dans son état de 1927 après transformation.

Avançons encore un peu jusqu’au carrefour avec le boulevard Descat. Ici se séparent, après avoir partagé les mêmes rails, la ligne D et celle dénommée NP qui retourne vers le centre de Tourcoing par le boulevard. La largeur de la chaussée a permis l’installation de deux voies parallèlles. La motrice fait partie des premières séries, vestibulées en 1908. Les maisons basses au premier plan à droite on aujourd’hui disparu.

Passé le boulevard Descats, la rue de Mouvaux suit une ligne droite jusqu’au carrefour avec la rue de la Mackellerie, où la ligne va quitter Tourcoing pour pénétrer dans Roubaixoù nous suivrons la ligne dans un prochain article.

A suivre…

Les documents proviennent des archives départementales, des archives municipales, de la MEL, des sites municipaux de Mouvaux, de Tourcoing, et de la médiathèque de Roubaix.

Tramways : la ligne 2

Cette ligne fait partie des trois premières lignes ouvertes en 1877, et relie Mouvaux à Wattrelos en traversant Roubaix. Le projet de 1875 situe les terminus à l’angle des rues du Fresnoy et de la Mackellerie d’un côté, et, de l’autre, au Laboureur, à l’entrée de Wattrelos.

Plan du projet de 1875

La voie sera établie avec des rails de type Marsillon, à l’écartement normal (1 mètre 44) pour les tramways à chevaux, qui font leur apparition à Roubaix et Tourcoing à cette occasion. Le journal de Roubaix du 10 février 1877 annonce le début des travaux et précise que « Les cars sont depuis quelques temps arrivés à Roubaix. Ils sont au nombre de six remisés dans la rue de l’Ouest. »

Extrait du Journal de Roubaix – Février 1877

Cette même année 1877, on s’active à réaliser le redressement de la route de Wattrelos, future Grand rue, entre la place Chaptal et la limite des deux villes. mais, en attendant, on prévoit de faire passer la voie par la rue d’Avelghem avec un raccordement au dépôt du laboureur, lui-même construit le long du futur alignement. On voit sur le plan précédent le détour initialement prévu. Après redressement, la voie pourra emprunter notre actuelle Grand rue et se raccorder directement au dépôt par un branchement en triangle.

Plans de 1877 et 1878

Il faudra traverser le canal sur le pont levis de Wattrelos, ce qui occasionnera quelques difficultés d’alignement des rails. Ce pont, installé lors du creusement du canal, est très étroit ; lorsque le tramway l’emprunte, il prend toute la largeur du pont ! Celui-ci sera remplacé en 1903 par un autre, nettement plus large et permettant le croisement des véhicules : le pont hydraulique que nous connaissons.

Le premier pont – plan cadastral 1884

Il est difficile de dater exactement l’évolution de la ligne, les mises en place des voies ayant souvent lieu sans attendre l’autorisation officielle et les délibérations municipales ne faisant état que de projets.

On peut pourtant dire que l’exploitation commence en 1877 entre la grand place et le Laboureur, à la limite de Wattrelos. Le 19 mars, le Journal de Roubaix annonce un service entre la gare et la place Nadaud, empruntant les voies des lignes 1bis et 2. Les services des ponts et chaussées ayant refusé la traversée du canal pour des raisons techniques. Dès 20, le même journal indique que le tram circule jusqu’au Laboureur. Des membres de l’administration municipale ont inauguré la ligne quelques jours auparavant, le 16.

Journal de Roubaix

Très vite et sans doute en 1878, la ligne est prolongée dans la rue de Mouvaux jusqu’à la rencontre de la rue de la Mackellerie, à la limite de Tourcoing. Cette année voit également la construction d’un kiosque sur la grand place pour abriter les voyageurs.

Le premier kiosque de la Grand Place

On projette la prolongation de la ligne jusqu’au Blanc Seau, à Tourcoing en traversant le pont mobile sur le canal, ainsi que le prolongement vers Wattrelos, mais la commission municipale préfère attendre le redressement du chemin numéro 9 dans cette dernière ville.

Plan de la route de Wattrelos 1835

En 1880 la date butoir arrivant, la compagnie est mise en demeure de terminer les lignes rétrocédées. Deux ans plus tard, la compagnie est déclarée en faillite et les prolongations ne sont plus d’actualité. Au contraire, le terminus est ramené à l’angle de la rue du grand chemin et de celle de l’Alma. Pourtant, la préfecture souhaiterait une extension depuis le carrefour rue de la Mackellerie jusqu’à la route départementale 22 et la ligne suburbaine des tramways de Lille en empruntant le pont mobile sur le canal. Mais la compagnie, sous gérance d’un syndic, se contente tant bien que mal de gérer l’existant.

Journal de Roubaix 1882

Si bien que le syndic fait état en 1887 des pertes de la ligne Gare-Laboureur, et évoque une prolongation vers Mouvaux et Wattrelos qui rendrait cette ligne bénéficiaire. Pourtant, la ville constate en 1890 que les travaux de prolongation rue de Mouvaux n’ont pas encore été effectués. Il faut préciser que les villes de Roubaix et de Tourcoing ne sont pas d’accord sur les solutions à apporter : soit une régie, soit une nouvelle compagnie. Le Journal de Roubaix fait état d’une pétition des habitants.

On constitue une compagnie nouvelle en 1891. Les municipalités exigent d’elle l’exécution des lignes non construites, ainsi que, pour la ligne 2, les prolongations du Laboureur à la Place de Wattrelos, et du carrefour avec la rue de l’Alma (pont du chemin de fer) jusqu’au centre de Mouvaux. En 1894, la ligne est électrifiée et passe à l’écartement métrique. Elle relie la mairie de Mouvaux à celle de Wattrelos.

Plan cadastral 1909

Cette ligne prend l’indice B peu après. Lors de la construction des kiosques-abris sur les lignes en 1906, on en installe un sur la place de Wattrelos.

Le kiosque Photo Le Journal de Roubaix 1930

Par ailleurs, en 1900, la ligne devenue trop longue (près de 5900 mètres), est coupée en deux tronçons qui prendront un peu plus tard les dénominations de ligne B pour la Grand Place-Wattrelos, et D pour celle de Mouvaux à la Grand Place.

Enfin, en 1909 est déclaré d’utilité publique le prolongement jusqu’à Herseaux et la frontière. Ce nouveau tronçon entrera en service l’année suivante. Le terminus est placé à la Houzarde. A cet endroit, on trouve aujourd’hui un arrêt de bus qui porte ce même nom.

Le Journal de Roubaix du 26 septembre 1931 nous montre les travaux de prolongation de la ligne jusqu’au Château d’Or, non loin de la gare d’Herseaux.

Le journal de Roubaix 1931

Dans un prochain article, nous suivrons la ligne pas à pas.

A suivre…

Les documents proviennent des archives départementales, des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

Le Square Gambetta

La partie du canal de Roubaix qui menait du Sartel à la barque d’Or, rendue impraticable par manque de profondeur, est désormais inutile par suite du choix d’un autre itinéraire qui contourne la ville. C’est par ailleurs devenu un égout à ciel ouvert à l’odeur pestilentielle, même s’il figure en bleu pastel sur le plan cadastral de 1845.

Plan cadastral 1845

Les riverains aimeraient qu’ils soit comblé pour en faire une promenade, un boulevard ou un square et ils seraient prêts dans ce cas à céder gratuitement les terrains limitrophes des quais. Le terrain de 35000 mètres carrés, qui appartient à l’état, est d’abord loué à la ville pour le franc symbolique par arrêté préfectoral en 1881.

La municipalité se décide à combler l’ancien canal, en le déclarant zone de décharge publique. La partie comblée s’étend progressivement depuis la barque d’or (rue du Moulin) d’abord jusqu’au pont de l’Union (rue du Coq Français), puis celui de la gendarmerie (rue de Lannoy), celui du Galon d’eau, (rue Pierre de Roubaix), jusqu’à atteindre le nouveau canal. Enfin, comblement achevé, on nivelle le terrain et on y crée en 1887 une voie centrale et deux voies latérales séparées par des terre-pleins.

Finalement, les terrains, domaine de l’état, seront échangés en 1905 avec la Ville contre d’autres, expropriés pour créer un port au Sartel. On remarque sur le plan ci dessous l’élargissement du canal pour permettre le retournement des péniches.

Plan 1887

On voit sur la photo suivante, prise avant 1909, que le boulevard Gambetta était alors très industrialisé. On y distingue au premier plan à gauche le peignage Allart, puis la rue Nadaud, très étroite à l’époque, et le tissage Muliez-Eloi, qui prendra en 1910 le nom de tissage Deveer. On distingue au fond le nouveau canal et le bouquet d’arbres derrière le quai de Wattrelos, au premier plan l’un des deux terre-pleins et la voie centrale, réservée à l’époque aux cavaliers et « voitures suspendues ». On voit également que le transport était dévolu aux camions à chevaux et voitures à bras.

En décembre 1907, un rapport commission présenté par Jules Cléty acte la décision municipale de créer un square sur les terre-pleins et la voie centrale du boulevard. Ce square, représentant 2350m² doit se situer à l’extrémité du boulevard, entre le boulevard de Colmar, là où débouche la rue de Longues Haies, et le canal. La dépense prévue est de 6800 francs. Les travaux seront réalisés par une entreprise, alors que les services de la voirie auront à charge de rapporter les terres nécessaires.

La réalisation suit très vite la décision et, en Août 1909 a lieu la réception de ces travaux, exécutés par M. Ponthieux, entrepreneur à Tourcoing. Le plan prévoit un square tout en longueur, conservant les deux chaussées latérales. On y voit un massif central circulaire fleuri, encadré de deux pelouses, l’ensemble formant un ovale allongé. Une grande partie du terrain est réservé à des allées pour la promenade et des espaces pour les jeux des enfants. Le pourtours est garni d’arbustes. La photo suivante nous présente le square au début de son existence ; les plantations sont récentes et n’ont pas encore eu le temps de prendre de l’ampleur.

Photo 1909

On y voit au fond la courbe du canal, au premier plan à droite le débouché de la rue des longues Haies et du boulevard de Colmar, qui forme un espace libre triangulaire. A gauche le tissage Deveer, flanqué de l’estaminet Lietar. Les promeneurs ont déjà investi les allées.

Très vite, on vote l’installation d’une grille de clôture, qui sera réalisée par l’entrepreneur roubaisien Lauwers-Lemaire. Les travaux sont réceptionnés en juillet 1910.

La grille d’entrée

La première guerre voit l’armée d’occupation utiliser toutes les ressources locales : Les espaces verts servent de pâture pour les chevaux, les arbres et arbustes sont utilisés comme bois de chauffage. En 1920, le conseil municipal décide de remettre en état les plantations dévastées par les troupes allemandes dans tout Roubaix. Il est question de replanter plus de 1400 arbres. L’année suivante on achète une tonne et demi de semences pour gazon.

Notre square va alors traverser une période tranquille qui se prolongera jusqu’après la seconde guerre. Le tissage prend le nom en 1922 de P Hennion, et la végétation prend de l’ampleur, comme on le voit sur la photo aérienne qui suit, datée de 1932. Le bâtiment qu’on remarque sur le terre-plein à gauche du square et en face de l’usine Allart est un poste de distribution électrique.

Photo IGN

Mais le square vit ses dernières années. Un court article de la Voix du Nord de 1964 évoque les derniers temps du square : on y explique qu’ayant été vandalisé puis remis en état de nombreuses fois, on a fini par l’abandonner à son sort. Alors, en 1950, la création de immeubles Galon d’eau correspond à la période où le square est délaissé. Les plantations disparaissent, l’espace est en friche.

Photo IGN 1951

En effet, c’est l’époque où la circulation automobile prime et on trace une voie de circulation sur l’ancien square. Il faut dire que, dès 1952, on envisage de construire un nouveau pont à l’emplacement de l’ancien ; il faudra renforcer les accès à ce pont. En attendant, on utilise cet espace en 1953 pour y installer une partie des manèges de la foire.

Photo 1953

Le projet définitif de 1959 prévoit un pont beaucoup plus large dont la rampe d’accès sera dans le prolongement du boulevard Gambettta et aboutira rue d’Avelghem. Il concernera directement l’emplacement du square, qui est remblayé en 1965 comme en atteste la photo aérienne des travaux qui suit.

Photo IGN 1965

Le nouveau pont aura sonné le glas de notre square, placé là un peu par hasard, sans qu’on sache trop pourquoi, et de taille trop modeste, pour peser suffisamment lors du choix des nouveaux schémas de circulation.

Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

Le Square Notre Dame

Le cimetière originel de Roubaix était situé autour de l’église St Martin. A la fin du 18ème siècle, on le déplace au lieudit « champ de Beaurewart », mis à disposition par M. Floris Delaoutre, maire de Roubaix près de l’actuelle rue de Valmy. Puis, il est redéplacé en 1809 sur un terrain appartenant à l’Hospice, à l’extrémité de la rue Nain, le long de la rue du Fresnoy qui prendra à cet endroit le nom de rue du Cimetière. Devenu trop petit pour la population, le cimetière du Fresnoy sera finalement remplacé en 1850 par celui du quartier de l’entrepont que nous connaissons aujourd’hui.

C’est ainsi que les plans cadastraux de 1816 et 1826 montrent un terrain baptisé « Champ de repos » qui borde la rue du Frenoy.

En 1860, la ville se propose d’établir un square sur l’emplacement de l’ancien cimetière. Le projet est d’importance : ce sera le premier square à Roubaix. Le conseil municipal sous la direction de Julien Lagache l’entérine fin novembre. Un premier plan est établi en 1861 par l’architecte Lepers. Il prévoit une disposition à la française basé sur la symétrie de deux parterres rectangulaires centré sur un motif circulaire, et séparés par une allée centrale.

On choisit le modèle des grilles qui clôtureront le parc en remplacement des murs de l’ancien cimetière. Elles sont réalisées par l’entreprise Griaux Frères de Roubaix. Les arbres plantés proviennent du jardin de M. Leconte-Baillon. L’entreprise Frère frères s’engage à réemployer les anciennes briques des murs du cimetière pour la construction des aqueducs et les soubassements des grilles

Le modèle des grilles

L’an1862, on édifie dans le parc une serre pour protéger les plantes craignant les gelées, et, en 1863, on projette d’installer une fontaine au centre du jardin. Elle comportera bassin de 8 mètres de diamètre.

La fontaine projetée

Après les fêtes du 15 Août 1863, fête Nationale en l’honneur de l’Empereur, et célébration de l’arrivée des eaux de la Lys, il faut récupérer les quatre statues de Charles Iguel (représentant les Arts, L’industrie, l’Agriculture et la Paix) qui ont contribué provisoirement à orner la place de la mairie avec la fontaine des trois grâces, du même auteur. Dès Septembre, il est décidé que ces statues seraient placées dans le square. A cet effet, on prévoit de les jucher sur des piédestaux en pierre de taille.

En 1865, on remplace la grille d’entrée, jugée trop faible et pas assez monumentale par une autre, beaucoup plus imposante.

La nouvelle grille

Un peu plus tard, en 1880, on installe deux kiosques à musique l’un dans le parc Barbieux, l’autre dans notre square. Ce dernier compte dix mètres de diamètre. L’usine St Sauveur est responsable du dessin et doit en exécuter la superstructure, alors que les infrastructures sont confiées aux opérateurs d’entretien. L’ossature métallique extérieure est due à M. Mery-Picard.

Mais, à ce moment, le square vit ses dernières années, car il est question d’installer à sa place l’école des arts appliqués. En 1886, une partie des habitants pétitionnent pour conserver le square, mais c’est peine perdue, et l’année 1888 voit l’érection de l’école et la disparition du square dont l’existence aura été de courte durée.

Les illustrations proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing – fin

Aussitôt passé le dépôt de l’Union, la ligne 1 se dirige vers la place, en empruntant la rue de Roubaix. Au carrefour de la rue Cadeau, les bâtiments de l’usine à droite sont occupés dans les années 2000 par Standard Wool France. A la fin du 19ème siècle, l’endroit est densément construit avec une alternance d’usines et d’habitations. Aujourd’hui, la zone, après démolitions, attend des constructions nouvelles. Les maisons anciennes réapparaissent, à partir du numéro 153 du côté droit et du 206 à gauche.

Photo 1953 – Archives municipales

La photo suivante, prise à hauteur des numéros 128-130, nous montre un mur bordant un parc. À cet endroit on remarque l’aiguille d’entrée d’une double voie qui commande une zone de croisement. Les bâtiments à gauche existent encore de nos jours, alors que le parc à droite a été utilisé en partie pour l’édification de logements collectifs. Il ne reste qu’un tronçon du mur, le reste étant remplacé par une grille.

Quelques mètres plus loin, nous atteignons le coin de la rue de la Fonderie – rue des Omnibus. Aujourd’hui café au 122 est dénommé Le Jean Bart, alors qu’à droite s’est installé un cabinet de Pédiatrie. On voit au premier plan l’aiguille terminant la double voie.

Un peu plus loin, nous approchons du pont du chemin de fer qui supporte les voies d’accès à la gare. Ce pont a bien changé aujourd’hui. Le bâtiment au premier plan à gauche est le numéro 88, et le premier à droite, au numéro 79, est devenu un centre médical. les bâtiments qu’on voit à gauche sont restés tels qu’il étaient, alors que ceux de droite, bien que d’origine, ont changé d’aspect.

Continuant notre chemin, nous sommes maintenant au coin des rues St Eloi et Boilly. La vue a été prise vers Roubaix. La maison de gauche, au 67, a été amputée d’une travée, correspondant au pan coupé, à deux fenêtres à l’étage et de la vitrine du rez de chaussée. Le bâtiment de droite, bien rénové, est resté à l’identique.

Reprenant la direction du centre de Tourcoing, nous passons sous les voies de chemin de fer. Le passage inférieur est précédé par la rue d’Hondschoote. Après le pont nous laissons à droite la bonneterie Callens-Boussemart.

Encore quelques dizaines de mètres et nous parvenons à la place Sebastopol que nous voyons ci-dessous alors qu’une motrice de la ligne M, qui suit un parcours circulaire, partant de et revenant à la place prête à prendre la courbe.

La ligne va emprunter à droite la rue Louis Leloir, puis à gauche la rue Ferdinand Buisson. A partir de 1897, le parcours est simplifié et la ligne poursuivra tout droit par la rue Carnot vers la Place où elle passera dès lors devant l’entrée de l’église, et non plus derrière son chevet. La photo est prise non loin de la grand Place. Le quartier, complètement transformé, est méconnaissable de nos jours.

Revenons au tracé originel. Nous voyons la voie formant une courbe pour passer de la rue Louis Leloir à gauche dans la rue de la Gare, aujourd’hui Ferdinand Buisson, en face. Les trois premières maisons à droite existent encore aujourd’hui ; la première est devenue le tabac PMU « Le Croisé ». A gauche une bonne partie des bâtiments a disparu lors du tracé de l’avenue Gustave Dron qui mène à la gare.

Sortie de la rue de la gare, la ligne va suivre à droite la rue Léon Salembien jusqu’à la rue de Tournai où elle virera à gauche. La photo suivante nous montre, dans la rue de Tournai, une motrice de la ligne 1 venant de la place. Les deux premières maisons à droite ont été remplacées par des constructions récentes, mais les suivantes, aux numéros 109 et 113, bien restaurées, existent encore aujourd’hui. Les bâtiments du couvent à gauche, constituent de nos jours l’hospice d’Havré au numéro 100.

A partir de l’hospice et face à lui, tout ce qui figure sur la photo suivante, prise au coin de la rue d’Havré, a disparu, remplacé par des bâtiments récents.

Encore quelques centaines de mètres, et la ligne passe derrière l’église Saint Christophe et atteint la grand place. Une photo ancienne nous montre deux tramways à chevaux devant l’ancienne mairie au débouche de la rue de Tournai. A l’arrière plan, le clocher de l’église.

Photo Au fil des trams

Plus tard, la ligne a été prolongée vers la rue de l’Abattoir Hôtel des voyageurs par la rue St Jacques, aujourd’hui voie piétonne, puis la rue Nationale. La photo suivante est prise dans cette dernière rue au coin de la rue de Wailly. Au fond l’église Notre Dame.

La ligne atteignait finalement son terminus de la rue de l’Abattoir que l’on voit sur la photo à sa limite avec la rue de Paris.

Les photos non légendées proviennent de collections particulières.

La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing – deuxième partie

Après avoir remonté la rue du Collège, la ligne numéro 1 parvient à la place de la Fosse aux Chênes, et l’élargissement de la chaussée permet alors le croisement des motrices.

A cet endroit, la ligne 9, Gare de Roubaix-Crétinier, formant un S, croise à niveau notre ligne 1. Il faut un double croisement pour que cette voie unique puisse traverser les deux voies du garage.

La photo suivante montre la place de la Fosse aux Chênes avec, au premier plan à gauche les voies vers Tourcoing, à droite celle vers la gare.

En 1906 on prévoit un kiosque sur le même modèle que les autres. la décision du conseil municipal est réservée, car les riverains protestent. On nomme une commission pour étudier la question. L’enquête est close le 19 mai 1907 le conseil propose de convertir en salle d’attente le rez de chaussée l’une des habitations de la place. Un kiosque prévu reste donc à construire. Il sera finalement installé sur la place de Wattrelos.

Passée la place, la voie s’engage dans la rue de Tourcoing. Le bâtiment au numéro 11, au coin de la rue Henri Carette est aujourd’hui une pâtisserie. En face, le café Delattre est toujours un débit de boissons, à l’enseigne « Air France ». On voit qu’une bretelle permettait de raccorder les lignes 1 et 9.

Quelques mètres plus loin, l’immeuble du 21, au coin rue de la Rondelle, a aujourd’hui disparu. Il est désormais remplacé par un bâtiment à un seul étage, occupé par un restaurant « Palace ». Au premier plan, l’aiguille donnant accès à la bretelle.

Arrivée au croisement avec la rue de l’Alma, notre ligne rencontre la prolongation de la voie 1bis, venue de la Grand-Place vers la Gare. Elle poursuit son chemin dans la rue de l’Alma comme voie de service pour rejoindre le dépôt. Cette ligne s’embranche ici à la ligne 1, devant l’usine à gaz.

Plus loin dans la rue, les immeubles figurant sur la photo suivante ont aujourd’hui disparu, notamment le tabac au numéro 113 qui figure sur la photo. A leur place, une zone d’habitations collectives modernes. La voie est unique est tracée dans l’axe de la chaussée pour laisser l’espace nécessaire au stationnement de chaque côté.

La photo suivante est prise du pont de l’Union en direction de Roubaix. Sur la droite le quai de Dunkerque, en face la rue de Tourcoing. Formant le coin à droite, le tissage Richardson, est venu s’installer en 1898, au 129. Tous ces bâtiments ont aujourd’hui complètement disparu. La belle maison de maître entre 1957 et 1962, les bâtiments de l’usine qu’elle cache sont démolis peu à peu, les derniers atteignant les années 90.

La ligne passe alors le canal, et traverse le quartier de l’Union, puis quitte le territoire de Roubaix pour entrer à Tourcoing en empruntant la rue de Roubaix. Pratiquement à la limite des deux villes, elle passe à hauteur du dépôt de la rue Cadeau, remplacé en 1925 par celui dit de l’Union, situé rue de l’union sur la droite. Dans cette rue, deux voies permettent de rejoindre la rue de Roubaix dans les deux sens de circulation en évitant les courbes trop prononcées.

Le dépôt de l’Union – photo Coquet – Au fil des Trams

Le dépôt sera reconverti plus tard en pour abriter les bus et sera utilisé jusqu’à l’époque de Transpole. Désaffecté, il a été démoli récemment avec tout le quartier.

Photo La Voix du Nord

Les documents non légendés proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

A suivre…

Tramways : La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing

 

Elle fait partie des trois premières lignes mises en service. Longue de 3800 mètres, Elle démarre de la limite de Croix (bureau de l’octroi) au bout de la rue de Lille, suit la rue Neuve jusqu’à la grand Place, puis emprunte la grand rue, et la rue du Collège, traverse la place de la Fosse aux chênes avant de suivre la rue de Tourcoing. A Tourcoing, elle emprunte la rue de Roubaix et la rue de la Gare jusqu’à la grand place. Très tôt aussi, la ligne est prolongée vers le nord jusqu’à la rue de l’abattoir.

La voie est à l’écartement normal (1m 44,5) choisi pour pouvoir y faire circuler des wagons de la compagnie du Nord. On prévoit pour un total de 10 voitures et 80 chevaux pour assurer les circulations le long de la ligne. Celle-ci est mise en service en 1877, sans qu’on puisse donner de date précise, car la compagnie a agi sans attendre les autorisations municipales. Les travaux sont menés activement : la rue de Lille est équipée en 15 jours ; une semaine plus tard, le journal de Roubaix du 21 avril indique que la grand place est reliée à Croix… L’adjoint Deleporte-Bayart l’inaugure aussitôt, et la compagnie promet le début de l’exploitation de ce tronçon pour le lendemain !

Une voiture à chevaux à l’arrêt devant le kiosque grand place

 

L’origine de la ligne est donc le bureau de l’octroi. Les tramways à chevaux vont donc cohabiter jusqu’à la grand place avec les trams à vapeur du réseau de Lille jusqu’à la grand place. Ce tronçon sera très vite abandonné et réservé à la compagnie Lilloise, qui se chargera de l’exploitation entre Lille et Croix au nom des deux compagnies. La tête de la ligne 1 est alors ramenée à la grand place de Roubaix en 1880, puis, la même année, reportée à la place de la gare qu’elle atteint par les rue Saint Georges, du grand chemin en suivant la voie de la ligne 2, puis de l’Alma. Deux ans plus tard, la tête de ligne revient à la grand place.

Les premières modifications de la tête de ligne

 

Sur la grand place, les voitures stationnent devant le kiosque érigé en 1878. A cet endroit s’étire un faisceau de trois voies emprunté par les trois lignes existantes. Les voies et les aiguillages vont ensuite se multiplier.

Le premier état des voies de la grand place

 

Passé l’aiguillage extrême du faisceau, la ligne s’engage dans la grand rue en passant devant l’« Automatic Bar », qui deviendra plus tard le « Palais du Vêtement ». Le nombre de motrices et de remorques est à certains moments impressionnant !

Le passage de la ligne à cette extrémité de la grand rue a fait couler beaucoup d’encre. En effet, cette section a tout de suite peiné à accommoder le trafic des lignes. Très vite, on se pose la question de dédoubler les voies à cet endroit. Mais l’étroitesse de la rue est un obstacle qui interdit cette solution. Une partie des lignes sera détournée au sortir de la grand place par la rue Pierre Motte et le boulevard Gambetta pour soulager l’encombrement dans la grand rue. A la demande des commerçants, on se borne à créer un simple dédoublement au niveau de la place de la Liberté pour permettre les croisements.

Dépassé le dédoublement, la voie s’avance sur une courte distance dans une grand rue très fréquentée. Nous distinguons à l’arrière-plan de l’image suivante une motrice en circulation.

Au niveau de la rue du collège, il faut effectuer un virage à gauche, serré à cause de l’étroitesse des rues. La voie est placée près du trottoir dans la grand rue. Mais, à cet endroit se trouvent les établissements Bossu-Cuvelier, qui s’insurgent contre le tracé initial, qui gêne le déchargement des marchandises le long du trottoir. On modifie ce tracé en 1877. Il faut alors frôler le trottoir de la rue du Collège pour conserver un rayon de courbure suffisant (tracé rouge sur le plan).

La ligne s’engage vers le nord dans la rue du Collège où elle forme une voie unique. En 1895 s’installe à gauche au numéro 37 l’Institut technique roubaisien.

Un peu plus loin elle longe l’Institut Turgot installé au 76 en 1903, à l’endroit où était située l’institution Notre Dame des Victoires. La photo est prise au carrefour avec la rue Latine.

On prévoit une zone en voie double pour les croisements dans la courbe à la rencontre de la rue des Charpentiers, non loin de la place de la Fosse aux chênes.

La rue monte de manière continue d’une extrémité à l’autre. Les chevaux des premiers tramways devaient peu apprécier cet effort supplémentaire !

Profil en long de la ligne

A suivre…

Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales.

La place de la Fraternité – deuxième partie

Je vous convie aujourd’hui à une promenade autour de la place. Nous avons vu qu’elle n’avait attiré que peu de commerces, mais nous allons voir qu’un certain nombre de ses maisons ont leur intérêt et méritent l’attention du promeneur.

On remarque déjà que les propriétaires ont souvent fait construire une série de maisons identiques sur leur terrain. Au final, seules une dizaine des 41 maisons ceinturant la place sont construites à l’unité.

Suivons d’abord l’alignement sud, celui qui est loti le premier, à partir de 1908. Pratiquement toutes les maisons de ce côté sont déjà édifiées dès 1910.

L’alignement sud – photo Jpm

Le numéro 1 est réservé pour la maison qui fait le coin, bien qu’elle soit numérotée dans la rue de Lannoy, où elle porte le numéro 248. Cette belle maison apparaît dans les années 1920. Elle est successivement la propriété de deux industriels, Emile Degraeve l’habitera jusqu’à la deuxième guerre. Ensuite, ce sera monsieur Pureur, jusque dans les années 80. Restaurée récemment, elle a maintenant fière allure.

La maison d’angle

Le numéro 3 est également une très belle maison, ornées de pierres et présentant une belle hauteur sous plafonds. On y trouve en 1910 un rentier, monsieur Vergotte-Vanhoutteghem, qui aura vu les deux guerres depuis cette maison, puisqu’on l’y retrouve encore en 1953.

La façade du numéro 19 retient l’attention avec ses fenêtres à petits carreaux au premier étage, dont deux sont jumelées, et ses briques de couleur.

Les numéros 3 et 19 – Photos Jpm

Du 23 au 29, un groupe de quatre maisons identiques ornées de motifs en briques de couleur dues à Henri Agache dont les plans datent de 1910.

Les numéros 23 à 29

Une autre série de maisons, qui terminent la numérotation impaire, comprend six constructions, identiques et plus communes, numérotées du 37 au 47. Elles datent de 1908 et ont été construites elles aussi par l’architecte Henri Agache pour Mme Lestienne, dont le mari était négociant.

Par ailleurs, il existe encore sur cet alignement des maisons agréables à regarder, telles les numéros 13 et 31, cette dernière réalisée en 1911 pour Mme Delplanque.

Les numéros 13 et 31 – Photos Jpm

Remarquons que cet alignement sud ne comporte pas de numéro 33. Comment l’expliquer ?

De l’autre côté de la place, au nord, s’édifie en 1914 une pharmacie au coin de la rue de Lannoy. Nous l’avons évoqué dans le premier article consacré à la place. La demande de permis est faite au nom de Monsieur Donzalat, pharmacien. Le plan annexé comprend l’officine et l’habitation, dont la porte s’ouvre sur la place. L’immeuble est prolongé sur la gauche par une cour.

En 1941, le pharmacien d’alors, monsieur Torck, demande l’autorisation de faire réaliser des travaux de modernisation. Cette demande est refusée en 1946, les travaux demandés « n’offrant aucun intérêt immédiat en ce qui concerne la reprise économique du pays ». Ils seront néanmoins acceptés par la suite et le bâtiment actuel n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était avant la première guerre.

Le plan original et la pharmacie actuelle – photo D.Labbe

On rencontre également des maisons de caractère sur cet alignement. Les numéros 10 et 12 par exemple. Le 10, dû aux architectes Tromon et Rasson d’Armentières a pour propriétaire le négociant M. Lacroix et date de 1926. Il présente un bow window surmontant deux oeils de bœuf qui surprennent dans la façade. Le 12 abrite en 1935 l’industriel Bossu-Jouret.

Les numéros 10 et 12 – photo Jpm

Les numéros suivants, aux façades ornées, ne manquent pas d’intérêt pour le promeneur : le numéro 18, de 1910 et, en particulier, les numéros 20 et 22, jumeaux, avec leur chien-assis à charpente apparente et leurs fenêtres du rez de chaussée à tendance art nouveau. Ces deux maisons datent de 1911

Les numéros 16 à 22 – Photo Jpm

Nous retrouvons ensuite une série de trois maisons identiques, aux numéros 24 à 28, datant de 1912. Elles font partie de celles décorées de briques de couleurs blanche et bleue qu’on rencontre beaucoup autour de la place, notamment aux numéros 8, 16, 36, 38, 46, 48, et au sud, aux 15, 19, et du 23 au 29. On en trouve également tout à côté au 5 avenue Linne. Les architectes s’étaient-ils donnés le mot ?

La dernière maison de l’alignement, celle qui fait le coin, est plus récente, puisqu’elle date de 1926. Elle n’a pas échappé aux ornements en béton chers au style de l’époque.

Les numéros 26 à 30 – Photo Jpm

Passé le coin de la place, qui donne sur les rues St Simon et Screpel, le côté ouest présente un aspect plus composite. On y remarque pourtant deux maisons jumelles placées en retrait de l’alignement, qui portent les numéros 38 et 40, ce dernier numéro ayant été doté d’un garage en 1931.

Photo Jpm

La place a été réaménagée ces dernières années avec une végétalisation partielle qui concourt à attirer le flâneur.

Photo Jpm

Les documents non légendés proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

La place de la Fraternité

L’histoire de cette place commence à la fin du 19ème siècle, lorsque la municipalité se préoccupe de créer des places publiques à Roubaix dans les zones encore peu construites. Le quartier du pont rouge correspond à ce critère : il est constitué d’immenses terrains encore libres. A cet endroit est prévue la construction un hôpital près duquel on veut adjoindre une place publique. A cet effet, des propriétaires proposent à la municipalité l’achat d’un terrain de plus de 10 000 m² bordant la rue de Lannoy.

Plan de Roubaix en 1881

Un accord pour une option d’achat en date du 5 Juillet 1890 est signé entre les propriétaires et la ville. Ce sont la veuve Bossut-Delaoutre, M. Jean Bossut, et M. et Mme Georges Hendrickx-Bossut. Le terrain est métré et le prix au mètre carré est fixé à 7 francs. Toute la zone est encore constituée de champs, et à cette époque, la rue de Lannoy est encore parcourue par des tramways à chevaux.

La place, qui prendra le nom de place de la Justice, sera de forme carrée, plantée d’arbres, et ceinturée de trois rues nouvelles. Deux autres rues projetées en seront issues les futures avenue Linné, proposée par M. Cordonnier, propriétaire du domaine des Prés qu’elle traversera, et Achille Screpel.

Le tracé de la future place et l’avis officiel

Il faut alors niveler, creuser un aqueduc, et installer les bordures délimitant le terre-plein central, dont le périmètre sera planté de deux rangées d’arbres. Les bordures seront choisies en granit de Normandie. La place est classée dans les voies publiques en 1893, et les travaux sont réceptionnés en 1894.

En 1907 on construit un kiosque pour les tramways en face de l’avenue Julien Lagache, qui mène à l’hôpital.

Le Kiosque

La place est rebaptisée place de la Fraternité en 1908, d’après le nom de l’hôpital et pour éviter la confusion avec le quartier de la Justice situé non loin de là. On commence à construire des maisons autour de la place à partir de cette année. Jusque là, les seules érigées bordaient la rue de Lannoy.

C’étaient pour la plupart des commerces, et en particulier des estaminets comme détaillé dans un autre article sur notre Blog.

On évoquera pourtant au 379, au coin de l’avenue Julien Lagache, le cabaret, dirigé par monsieur Loridan jusqu’en 1907, construit dès l’ouverture de l’avenue. Aujourd’hui, le café est toujours en activité ; il est animé par Jean Claude Galand.

L’estaminet au 379 rue de Lannoy – A gauche l’avenue Lagache

En face, au 377, un autre estaminet, tenu en 1908 et jusqu’à la première guerre par F. Delfosse, au moment où qu’il devient débit de tabacs. Les propriétaires du café-tabacs se succèdent et aujourd’hui, il arbore l’enseigne du Renouveau et attire la clientèle grâce à des jeux à gratter.

Photo Jpm

Juste à côté vers le centre, aux 375 et 373, le Ravet-Anceau de 1908 indique Demoucron-Baudart, estaminet. Au fil des ans, on retrouvera ce commerce sous les numéros 373, puis 373-375 après la première guerre, puis de nouveau 373, le numéro 375 ayant disparu. Les photos d’époque nous montrent des vitrines étroites de part et d’autre de la porte. Le commerce deviendra une « Epicerie-Buvette », puis une boucherie après la première guerre, et de nouveau un café avant la seconde guerre, avant de devenir une pâtisserie. C’est aujourd’hui une boulangerie.

Au 371, Louis Lemaire, est propriétaire en 1907. Il fait imprimer des cartes postales pour faire de la publicité. Le commerce est un débit de boissons, doublé d’une distillerie. Après la deuxième guerre Le commerce change plusieurs fois : cycles, puis un lavoir, et finalement le Crédit Mutuel qu’on retrouve encore de nos jours.

Sur la place même, peu de commerces. On peut pourtant évoquer une pharmacie. En effet, M. Donzalas, habitant le numéro 6 sur la place demande en 1914 l’autorisation de construire une pharmacie au 2, à l’angle de la rue de Lannoy, où elle portera le numéro 416, et de la place. Monsieur Dupont y est pharmacien dans les années 20 et 30, alors qu’en 1939, c’est un dénommé J. Torck, qui n’est que locataire des lieux. Il restera à ce poste jusqu’au milieu des années 70, remplacé par M. Grave.

Photo D.Labbe

Du côté opposé de la place, au coin de l’avenue Linne dans laquelle il porte le numéro 2, se trouve un immeuble qui date de 1909. C’est d’abord une maison d’habitation, puis un estaminet. tenu en 1922 et en 1930 par G.Duchatelet. Dans les années 50,60 et 70, c’est une Droguerie. Depuis les années 80 et encore aujourd’hui, on y trouve un coiffeur.

Photo Jpm

Peu de commerces, donc, autour de la place, mais nous verrons dans un prochain article que cette place est surtout intéressante par certaines belles maisons d’habitation qui la bordent.

Les documents présentés proviennent des archives mun icipales et de la médiathèque de Roubaix.

A suivre…