Nord-Climatisation

En Novembre 1991, la presse locale annonce l’arrivée à Hem, en décembre, de l’entreprise Nord-Climatisation dans la zone d’activité du Rivage, située à l’ouest de la ville, en face de la mairie. Cette société louait jusqu’alors des bâtiments à Tourcoing et a décidé de s’installer sur les lots 2 et 3 de la ZAC, sur 3200 mètres carrés dont 600 mètres carrés de bâtiments, avec ouverture prévue en juin 1992.

Extrait du Ravet-Anceau de 1968 (Document Ravet-Anceau)

C’est Jacques Bayart qui a fondé l’entreprise en 1966, au 161 de la Chaussée Gramme (également appelée Boulevard Industriel), à Tourcoing. A l’époque c’est un pari audacieux car la climatisation en est encore à ses débuts. En effet, suite à l’invention du réfrigérateur au 19ème siècle, c’est un américain, Willis Haviland Carrier, qui est à l’origine, au tout début du 20ème siècle, du premier climatiseur.

Les anciens locaux Tourquennois en 2023 (Document Google Maps)

Il faut dire que Jacques Bayart était un visionnaire, et avant-gardiste puisqu’il avait déjà vingt ans plus tôt, en 1946, dans une région Nord qui, en cette période d’après-guerre, se chauffait encore au charbon, créé sa société de distribution de chauffage au fioul et au gaz, avant d’oser encore et toujours plus…

L’idée, au départ était de diversifier son activité et surtout d’avoir du travail l’été. En effet, son travail de chauffagiste les contraignait, son équipe et lui, au chômage technique à la saison chaude. C’est ainsi qu’il est convaincu de se lancer dans la nouvelle aventure de la climatisation, pari risqué mais qui s’avère attirer finalement rapidement une clientèle de professionnels particulièrement ceux qui commencent à posséder du matériel informatique et ont besoin de refroidir leurs locaux techniques.

A la foire de Lille en 1968, le stand de la société remporte un vif succès, grâce à son slogan : température constante (fraîcheur l’été et chaleur l’hiver) et air purifié. Mr Benoit, promoteur de l’entreprise, y présente toute la gamme des climatiseurs Technobel ainsi que les radiateurs électriques Radial. Etudes et devis précis y sont fournis en vue d’une installation de climatisation totale ou partielle.

Stand de la foire de Lille en 1968 (Document Nord-Eclair)

Emmanuel Bayart succède à son père dans les années 1980, alors que le secteur commercial se montrait à son tour friand de frais. Les magasins de textile et autres points de vente doivent alors eux aussi être climatisés pour supporter l’éclairage qui surchauffe les pièces. Le développement de l’entreprise se poursuit durant la décennie suivante alors que la climatisation se généralise dans les bureaux.

plan de situation de la zone d’activité du Rivage (Document Ville de Hem)

L’entreprise pose également du matériel de chauffage dans des entreprises et des magasins et, dans ce début des années 1990, elle emploie 20 personnes et exporte désormais au Cameroun et au Togo. La mairie de Hem se félicite de l’arrivée de ce nouvel acteur économique qui emploiera 22 personnes lors de son installation rendue possible par une action conjointe des services économiques de la municipalité et du SIAR (Syndicat Intercommunal de l’Agglomération Roubaisienne).

Pose de la première pierre avec Mme Massart maire de la ville en décembre 1992 (Document Nord-Eclair)

Son PDG espère alors continuer à se développer, le déménagement représentant un nouvel élan pour l’entreprise et le terrain choisi permettant des perspectives d’agrandissement. Nord-Climatisation est la première à s’installer dans la zone en Mai 1992 mais d’autres sont attendues et le SIAR (dont c’est le premier dossier à Hem) souligne que la zone d’activité « Le Rivage » est donc un bel exemple économique d’une friche industrielle.

Le discours de Mme Massart maire de Hem et une vue de l’entreprise Publicité de la nouvelle entreprise (Documents Nord-Eclair)

Emmanuel Bayart explique le déménagement de l’entreprise par le fait que Tourcoing était trop excentré par rapport à Lille mais aussi trop petit depuis le doublement du personnel. Par ailleurs il cherchait un environnement approprié car « pour bien travailler il faut être cool » : à Hem il y a de l’espace, des plantes un peu partout, des baies vitrées, un micro-ondes dans la cuisine…L’ambiance souhaitée c’est « travailler un peu à la japonaise, faire des prix mais avec la qualité ».

Emmanuel Bayart explique sa conception du travail et de l’environnement (Document Nord-Eclair)

La société explique alors dans sa publicité avoir travaillé pour les fourrures Kretzschmar-Jean Pierre Cortier à Lille ; il fallait procurer une température agréable en tenant compte d’impératifs différents selon les étages : un air plus chaud en bas et plus froid en haut, et ce en tenant compte des contraintes du bâtiment dont on ne peut modifier ni la structure ni la décoration. De petits climatiseurs sont donc encastrés dans les plafonds chaque zone étant ainsi autonome et pouvant régler son niveau de température par télécommande à infra-rouge.

Publicité pour l’installation réalisée chez Kretzschmar en 1992 (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Les Hauts-Champs

Sur ce plateau dominant la Marque s’étendait jadis, sur plus de 14 hectares, une plaine céréalière avec ses moulins. C’était de la bonne terre, ravinée de larges tranchées où l’on trouvait une argile bien grasse. Des vaches paissaient et il n’était pas rare de croiser un berger, appuyé sur sa houlette, attentif à son troupeau de moutons. Du passé de cette plaine on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il s’agissait d’un fief de la seigneurie d’Herseaux. Plus récemment, elle s’était couverte de jardins ouvriers.

Vue aérienne des Hauts-Champs dans les années 1950 (Document IGN)

Jusqu’en 1955, c’est donc une vaste étendue d’environ 145.000 mètres carrés, située à la limite des 3 villes d’Hem, Lys-lez-Lannoy et Roubaix, destinée à la culture et l’élevage. De nombreuses fermes s’y trouvent encore lorsque l’offensive des constructeurs se déclenche brusquement pour faire face à une demande accrue de logements (baby-boom) et l’on passe sans transition du bucolique à l’urbanisation. Bulldozers, grues, malaxeurs, bétonneuses s’intègrent au paysage : des rues sont tracées et des espaces verts dessinés avec en immense toile de fond des logements.

En effet, un ensemble de 1395 logements y est créé de toutes pièces dont 885 construits par les HLM du Nord et 510 par la société HLM « Le toit familial » de Roubaix. Dans cette cité il n’y a cependant aucun magasin ni aucune perspective d’installation de commerces dans l’immédiat. Les habitants ne peuvent se ravitailler à relative proximité qu’en se rendant au supermarché Auchan de l’avenue Motte à Roubaix ou aux boucheries Michel situées au rond-point du CIL à Hem.

Publicité des boucheries Michel dans un journal de 1961 (Document Liberté -archives municipales de Roubaix)

Les logements construits par l’office départemental des HLM sont répartis en blocs collectifs tandis que « Le toit familial » bâtit également un certain nombre de maisons individuelles. Le quartier est d’abord un labyrinthe, avec ses immeubles et entrées numérotées mais sans aucun nom de rue.

En août 1959, la plupart des immeubles sont arrivés à leur hauteur de 4 étages. Restent à faire : les travaux de viabilité et les aménagements intérieurs. C’est l’année ou apparaît la nouvelle rue Calmette et la restauration de la rue Briet à présent dotée d’une belle chaussée.

La grande barre en fin de construction ; apparition de la rue Calmette et restauration de la rue Briet (Documents Nord-Eclair)

A cheval sur les villes de Roubaix-Hem, au début des années 1960, le quartier des Hauts-Champs c’est un grand ensemble tout neuf : des bâtiments terminés la veille, des voies nouvelles, certaines à peine ébauchées, une population jeune et peu traditionaliste.

Des fourgonnettes de marchands ambulants sillonnent les rues, une bétonneuse gronde sur le chantier de la nouvelle école en construction, et une machine tasse le terrain des parkings situés le long de l’avenue du Docteur Calmette, longue de 448 mètres qui relie l’avenue Foch à Hem à la rue Joseph Dubar à Roubaix.

C’est le long de cette rue qu’est édifiée la Grande Barre (appelée aussi la Muraille de Chine), le bâtiment B12, longue série de 420 logements destinée à loger les habitants des courées insalubres de Roubaix et accueillir les jeunes ménages en cette période d’après-guerre. L’ancienne plaine est devenue une ville de 5000 âmes.

Photos de la Grande Barre avenue Calmette sur Hem et Joseph Dubar sur Roubaix en 1962 (Documents Nord-Eclair)

Sur le seul territoire de la ville de Hem, en l’espace d’un an, on y relève la construction de 427 maisons individuelles et 195 appartements soit le logement de 2500 habitants dont une majorité de familles nombreuses. Après accord du ministère de l’Education Nationale, la municipalité prévoit pour Pâques 1963 la nouvelle construction d’un groupe scolaire comprenant 5 classes pour garçons, 5 classes pour filles et une grande salle de sports.

Quant à la première réalisation sociale sur le territoire même de la cité en devenir, elle s’élève également sur le territoire de Hem, avenue Laennec, rue longue de 427 mètres reliant le Square Berthelot à l’avenue Calmette. Il s’agit de la maison de l’Enfance que fait bâtir le Comité de Gestion des Centres Sociaux dans les quartiers neufs.

La Maison de l’Enfance des Hauts-Champs en construction en 1962 (Document Nord-Eclair)

L’immeuble présente 3 corps de bâtiments, de plain pied et reliés entre eux par des corridors. La construction comportera un bureau pour l’assistante sociale détachée de la Maison de l’Enfance des 3 Baudets, un service médical avec soins à domicile et un Centre d’enseignement ménager qui préparera le CAP, un cours de couture mais ni bibliothèque, ni consultation de nourrissons déjà fonctionnelles aux Trois Baudets.

En revanche un cercle de loisirs y sera destiné aux jeunes gens dans une vaste salle pouvant, le cas échéant, abriter un ciné-club ou toute autre réunion culturelle ou sportive. (Sur le sujet du Centre Social des Hauts-Champs, voir un précédent article édité sur notre site).

Plan de la Cité des Hauts-Champs en 1962 sur les territoires de Roubaix et Hem (Documents Nord-Eclair)

Sur le territoire de Hem, les noms de médecins, chirurgiens et hommes de sciences se partagent les rues neuves, à peine achevées, telles que : Albert Calmette (bactériologiste découvreur du BCG), René Laennec (découvreur de la méthode d’auscultation), Villemin (chercheur sur la transmissibilité de la tuberculose), Dominique Larrey (chirurgien militaire de la grande armée), Jean-Henri Dunant (fondateur de la Croix-Rouge)…

Plan actuel des Hauts-Champs (Document IGN)

Pour remédier à l’isolement et au sous-équipement de la nouvelle cité, dès leur arrivée, les locataires trouvent, sous leur porte, un feuillet contenant le plan du quartier, les adresses principales des services officiels les moins éloignés et les directions des commerces les plus proches. Cette initiative est celle de l’APF (Association populaire Familiale) de même que la nomination de responsables de secteur qui logent au sein du quartier.

Une première action collective s’organise autour du chauffage en septembre 1960 car le mois est particulièrement froid cette années là et la mise en route du chauffage avant la date habituelle du 1er octobre s’avère nécessaire. Mais l’association possède aussi son service de prêt de machines à laver, aspirateurs et cireuses, ainsi qu’un service d’aides familiales. Le manque de loisirs pour enfants plus âgés pose question dans une cité où le seul terrain de sports existant est un terrain de volley-ball fait à l’initiative d’un locataire.

Le terrain de volley-ball créé entre les immeubles par un locataire et le manque de structures pour les enfants en vacances (Documents Nord-Eclair)

Sur ce point l’inquiétude des familles logées dans les petites maisons (en opposition aux blocs collectifs) est grande : même si les routes sont terminées, elles ne sont pas encore éclairées ; quant aux jardins ils sont boueux et dépourvus de pelouse. Sur la rue, des matériaux trainent encore ainsi que des déchets divers qui peuvent représenter un danger pour les enfants s’ils jouent devant les maisons et des trous d’eau dangereux persistent qui attirent les enfants désireux d’y trouver des insectes. L’idéal serait donc la création d’un square dans un quartier où la plupart des familles ont entre 3 et 7 enfants et se posent la question de partir dans un autre quartier. En attendant, autour des collectifs les cultivateurs passent encore la herse pour une dernière récolte, celle de l’année 1962.

Derniers cultivateurs autour des collectifs en 1962 et où faire jouer les enfants à défaut d’aire de jeux? Rester ou partir ? Le trou d’eau qui attire les enfants .(Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la ville de Hem.

Ecole Sainte Thérése (suite)

En 1988, Mme Massart met à l’honneur les enseignants des écoles libres lors d’une cérémonie en fin d’année, et félicite Mme Plouvier pour son départ en retraite en 1988 après 13 années passées à enseigner à Sainte Thérése. Elle récidive en 1989, avec un hommage appuyé au dévouement des enseignants et des félicitations à Mlle Delannay qui quitte Sainte Thérése pour une retraite bien méritée.

Mise à l’honneur des enseignants de l’école libre en 1988 (Documents Nord-Eclair)

En 2000, cette cérémonie traditionnelle perdure et Mr Vercamer organise une réception à la salle des fêtes avec Mr Grabowski, adjoint à l’enseignement. Tous deux mettent en avant les nombreux projets éducatifs menés à bien et « l’honorable mission » remplie par les enseignants. Trois enseignantes partant en retraite sont particulièrement mises à l’honneur et reçoivent la médaille de la ville parmi lesquelles Mme Demeulenaere, enseignante à Sainte Thérése.

Mise à l’honneur des enseignantes en 2000 à la salle des fêtes (Documents Nord-Eclair)

En 2004, François Bonte, directeur de l’école établit un projet d’école sur le thème « associer nos différences ». Il tient à rappeler qu’à l’origine, l’enseignement privé s’est installé là où il n’y avait pas assez d’écoles publiques et afin d’apporter l’enseignement à tous. Cette dimension d’accueil et d’ouverture a persisté pour toutes religions confondues. Le thème du spectacle de la kermesse de l’année est donc basé sur les rythmes des 5 continents.

Le spectacle de la kermesse de 2004 (Document Nord-Eclair )

A la fin de cette même année scolaire, la traditionnelle cérémonie consacrée aux enseignants par la municipalité est égayée par une prestation d’élèves de CM2 des écoles Saint-Exupéry et Sainte Thérése, qui, en l’honneur des instituteurs, présentent des extraits du spectacle Regards d’enfance. François Bonte, qui quitte Hem, est félicité ainsi que Laurent Alavoine qui l’a accompagné en classe de découverte.

Les instits… au tableau d’honneur (Document Nord-Eclair)

La presse locale met en avant les jeunes talents de l’école qui font chauffer les planches en 2014. L’école Sainte Thérése compte alors 10 classes avec un total de 273 élèves. Les maternelles jouent sur les couleurs et les primaires réalisent des chorégraphies endiablées pour cette kermesse offrant également animations, tombola et restauration.

Les jeunes talents font chauffer les planches en 2014 et photo aérienne de 2012 (Documents Voix du Nord et IGN)

Enfin en 2021, un important projet d’agrandissement voit le jour. L’objectif est double : accueillir les enfants inscrits sur liste d’attente et ceux de l’école Saint Charles Sainte Marie qui ferme ses portes. Laurent Alavoine, à la tête des deux écoles doit superviser le regroupement des deux établissements rue Jean Jaurès pour la rentrée 2022.

Laurent Alavoine chef d’établissement (Document Voix du Nord)

Pour ce faire un terrain mitoyen de 4600 mètres carrés a été acquis par l’Association Immobilière Roubaisienne, qui gère le foncier d’une partie des établissements relevant de l’enseignement catholique du diocèse de Lille. La maison de maître qui y était bâtie (une ancienne Maison d’Enfants) a été démolie et c’est là que vont être construits : une extension du réfectoire et des espaces administratifs, et un nouveau bâtiment accueillant 3 classes élémentaires supplémentaires.

L’ancienne Maison de l »Enfance et de la famille Les Loupiots mitoyenne (Document site agence immobilière)
Maison de maître rasée et préfabriqué installé dans le cour en Aout 2021 (Documents Voix du Nord)

Sur une autre parcelle, située au fond de la cour des maternelles, une autre extension va être réalisée, pour doter l’école d’une voire deux nouvelles classes de maternelle et d’une salle de garderie. L’école devrait ainsi pouvoir accueillir un effectif de 400 élèves dans 10 classes élémentaires et 4 classes maternelles. Dès la rentrée de 2021 une classe sera transférée de Saint Charles Sainte Marie (un préfabriqué est installé dans la cour dans l’attente de la fin des travaux) et les trois autres classes le seront à la rentrée 2022.

Projet de nouvelle école en façade sur la rue Jean Jaurès (Document Voix du Nord)

A la rentrée 2022, le chantier a pris du retard et tout n’est pas terminé mais le transfert des élèves peut avoir lieu comme prévu. Les anciens élèves de Saint Charles Sainte Marie seront accueillis dans le nouveau bâtiment flambant neuf qui a trouvé sa place au centre de la cour de récréation et accueille 3 classes de primaire ornées d’un tableau numérique.

Le bâtiment neuf accueillant 3 classes de primaires (Document Voix du Nord)

La classe de maternelle déjà installée depuis un an dans un préfabriqué va devoir y demeurer plus longtemps que prévu. Quant à l’extension de deux salles de classes prévues au fond de la cour, seule la dalle est actuellement existante.

Le bâtiment d’accueil, qui réunit les bureaux administratifs et le réfectoire, doit être étendu pour que ce dernier puisse accueillir confortablement maternelles et primaires. Les anciens locaux serviront à la création d’une salle de professeurs, l’équipe pédagogiques ayant été renforcée. A terme plus de 1000 mètres carrés auront été créés pour la rentrée 2023.

La dalle du futur bâtiment des maternelles et les classes initiales de l’école (Documents Voix du Nord)

En janvier 2023, les travaux avancent et le mur d’enceinte qui bordait le terrain est abattu et les fondations d’un futur bâtiment apparaissent (qui doit à terme accueillir le nouveau réfectoire et la nouvelle partie dédiée à l’administration) et le bâtiment destiné aux maternelles avance bien. Au printemps les deux classes de maternelle sont livrées et la salle de sieste déménage dans des locaux plus adaptés.

Les travaux avancent en janvier 2023 (Documents site internet)
Nouvelles classes et nouvel espace dédié à la sieste (Documents site internet)

La toute petite école de quartier, construite voici près d’un siècle, a bien grandi au fil des décennies et sa transformation apparaît à l’oeil nu tant lorsque l’on regarde sa façade sur la rue Jean Jaurès que lorsque l’on observe les photos panoramiques notamment celle de 2024 sur Google Maps et les photos de la cour de récréation avant travaux accolée à la maison de maître et après démolition de celle-ci.

Photos avant/après en façade, de la cour de récréation et photos aériennes (Document Google Maps, photos IT et site internet)

Remerciements à l’association Historihem

Affaire Leplat (suite)

L’affaire Leplat (livret de Jules Tardieu)

Inculpée de tentative de meurtre Adrienne Leplat est examinée par la suite par des médecins experts parisiens , lesquels concluent à sa folie et demandent son internement à vie qui a lieu à l’asile d’aliénés de Bailleul tandis que le magistrat instructeur signe donc une ordonnance de non-lieu. L’établissement psychiatrique s’étend sur plusieurs hectares, constitué de plusieurs pavillons noyés dans un parc et abrite plus de 900 femmes internées. Adrienne y reçoit les visites de son avocat, sa sœur et son fils Roger. Elle est très calme mais fait des projets d’évasion.

Portrait d’Adrienne et titres de journaux sur son état d’esprit et son évasion (Documents Le Matin et Bonsoir)

En janvier 1932, après avoir reçu une visite de son mari, puis d’une amie hémoise, elle s’évade de l’établissement par une fenêtre à l’aide de draps de lits noués entre eux et franchit le mur de clôture, mais elle se fait reprendre très vite, errante et blessée au pied. Rapidement, un groupement de défense se crée en sa faveur et une affiche signée « les amis réunis » invite la population hémoise à manifester pour sa mise en liberté.

Malgré une interdiction de la manifestation par la préfecture, des groupes munis de pancartes portant la mention : « Rendez une mère à ses enfants ; libérez Mme Leplat », constituent un cortège de près de 1.000 personnes qui voit bientôt les gendarmes intervenir pour les obliger à se disperser. La charge est rude et des manifestants sont blessés par les gendarmes ainsi que le maire de la ville Mr Delmet qui essayait de ramener au calme ses administrés.

Les manifestations en faveur d’Adrienne (Documents l’Humanité, la Dépêche et Paris Soir)
La manifestation de Hem (Document Journal de Roubaix)

Peu après, pour l’anniversaire du décès de sa fille, Adrienne commande des fleurs, depuis l’asile de Bailleul, à remettre à une voisine chargée de les déposer au cimetière sur la tombe de Gisèle, ce qu’elle effectue comme convenu. Pourtant lorsque la voisine retourne au cimetière plus tard c’est pour y retrouver la plante ensevelie sous un tas d’immondices et la photographie de la défunte placée dans un bloc de marbre ainsi que l’inscription gravée « Sa maman qui n’oubliera pas sa petite Gisèle chérie », souillées d’excréments elles aussi.

Titres de journaux sur l’acte odieux commis au cimetière de Hem (Documents l’Oeuvre et le Progrès de la Somme)

Une autre manifestation a lieu à Roubaix, rassemblant plus de 1000 personnes sur la Grand Place avant de se rendre en cortège jusqu’à la Place du Travail. Une autre encore est organisée à Lys-lez-Lannoy et plusieurs autres sont programmées. Elles ont pour but d’obtenir la libération de Mme Leplat, la révision de la loi de 1838 sur les aliénés et l’ouverture d’une enquête ministérielle, le tout en accord avec la ligue des droits de l’homme ; une pétition est adressée aux pouvoirs publics.

Philippe Coudert quant à lui dépose plainte auprès du procureur de Lille contre les docteurs Parmentier et Leplat pour établissement de faux certificat et internement arbitraire de sa fille. Le directeur de l’asile de Bailleul quant à lui fait état du calme de sa patiente et déclare qu’il ne peut rien faire puisqu’elle a été placée d’office dans son établissement sur décision de justice.

Le plaidoyer d’Adrienne Leplat, son portrait et le titre témoignage du directeur de l’asile de Bailleul (Documents l’Oeuvre et l’Excelsior)

Début 1933, une représentante de la Ligue des droits de l’homme rend visite à Mme Leplat qui y est internée depuis 2 ans. Calme et occupée à écrire sur son lit, l’intéressée remercie sa visiteuse, touchée que la Ligue s’occupe d’elle. Elle parle de son aînée, âgée de 15 ans, qui vit dans sa famille dans la Creuse. L’avenir de son petit garçon, qu’elle n’a vu que 4 fois en 2 ans et demi, l’attire à Hem et elle évoque avec douleur sa petite fille décédée là-bas. Sa santé est bonne et elle montre une résistance impressionnante à la détérioration de sa santé mentale.

Quelques mois plus tard, la même personne retourne voir Adrienne et constate que celle-ci n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle n’a plus d’appétit et a toujours froid. Elle est couchée car ses forces s’épuisent, au point qu’elle n’a plus le courage de s’occuper comme elle le faisait auparavant, et se révèle totalement découragée. Seuls ses enfants continuent à la préoccuper. La Ligue saisit le ministère de la Justice afin qu’une enquête soit ouverte concernant son cas depuis 1929.

Ensuite la situation n’évolue plus au niveau judiciaire et, à la fin de l’année 1933, il semble que la malheureuse Adrienne en raison de son isolement soit en voie de perdre la raison. Refusant de quitter sa chambre, elle refuse également de revêtir l’uniforme des aliénées. Elle a un sommeil hanté par les cauchemars et se trouve victime d’hallucinations. Son regard est devenu vide, son langage incohérent et ses propos inintelligents et elle n’exprime que dégoût pour sa personne d’après son avocat qui est désormais le seul à lui rendre visite.

Titres de journaux sur l’évolution de l’état d’Adrienne en 1933 (Documents l’Oeuvre)

Adrienne Leplat est morte en 1941 à Bailleul. Son cas a passionné non seulement la ville de Hem et le Nord de la France mais aussi l’ensemble du territoire national comme en témoignent les différents journaux dont les titres ont été repris en illustration. Il a même traversé les mers pour faire les gros titres de la presse américaine. Son cas reste emblématique de la question des internements arbitraires et de leurs dramatiques conséquences.

Article d’un journal américain (Document Chicago Tribune)

Ecole Sainte Thérése

En 1933, le vingt cinquième anniversaire de l’église Saint Joseph se fête dans le quartier des Trois Baudets. Les paroissiens pavoisent et, pour la circonstance, Mlle Pennel offre à la paroisse un terrain situé rue Jean Jaurès pour y construire une école privée: l’école maternelle et primaire Sainte Thérése qui reçoit la bénédiction le 1er Octobre.

Photo panoramique de la rue Jean Jaurès en 1933 (Document IGN)

Dix ans plus tard, alors qu’une Caisse des Ecoles Libres se crée dans la municipalité hémoise, on note que les quatre écoles privées de la ville (deux de garçons et deux de filles) regroupent 470 élèves contre 435 pour les écoles publiques. La cantine scolaire du quartier se trouve à l’école Paul Bert dans la rue des Ecoles voisine. En cette période d’après-guerre, c’est Mlle Lepers qui dirige l’école.

Photos de classe de l’école Sainte Thérése avant et après guerre et photo aérienne de 1947 avec la petite école sous forme d’un bâtiment allongé (Documents Historihem et IGN)

Dans les années 1950, chaque année, les anciennes élèves organisent, au profit de leur école, des séances cinématographiques tous publics à la salle des fêtes paroissiales. Ces comédies ravissent la population et assurent une rentrée d’argent pour l’école grâce au prix des places à réserver. Ainsi, en 1955, on note deux représentations du Manoir aux Oiseaux, alors que l’école est dirigée par Mlle Morel.

Publicité dans la presse locale en 1955 (Document Nord-Eclair)

Par ailleurs, en 1959, les parents d’élèves de l’association « Ecole et famille » de l’école Sainte Thérése assistent à une conférence donnée par Mr Henri Dubled, secrétaire général de la fédération des associations familiales d’éducation populaire de Lille et des Flandres, sur le thème de la situation de l’enseignement libre en France.

La situation de l’enseignement libre en France en 1959 (Document Nord-Eclair)

En 1964, l’école qui accueille 78 élèves dans une classe enfantine, un cours préparatoire et des cours élémentaires a besoin d’une rénovation. La restauration des classes est faite dans les meilleures conditions et aux moindres frais par une équipe dévouée de papas qui, durant les congés, apportent bénévolement la main d’oeuvre et les fournitures pour que leurs enfants bénéficient d’un cadre confortable et accueillant.

Restauration des classes en 1964 et photo de classe en 1965 (Documents Nord-Eclair et Copains d’avant)

Mlle Nelly Meunier, directrice de l’école, reçoit, en 1969, la croix de l’enseignement chrétien des mains de Mgr Gand, dans la salle des fêtes de l’évêché. C’est une récompense bien méritée pour ses 25 ans de dévouement dans les écoles du diocèse dont 12 ans dans la petite école hémoise.

La directrice décorée de la croix de l’enseignement chrétien en 1969 (Document Nord-Eclair)

Au début des années 1970, l’école a considérablement augmenté ses effectifs et compte 154 élèves. C’est la raison pour laquelle, en 1971, deux nouvelles classes sont construites, destinées aux élèves du cours moyen et du cours élémentaire 2. Une opération portes ouvertes a lieu à la rentrée de 1971, pour permettre aux enfants et à leurs parents de découvrir les nouveaux locaux et les enseignants.

Deux nouvelles classes pour l’école en 1971 et photo aérienne de 1976 où l’on constate l’allongement du bâtiment tout au fond (Documents Nord-Eclair et IGN)

Durant la décennie 70, les fêtes d’écoles se succèdent, dans les écoles libres comme dans les écoles publiques, et l’école Sainte Thérése n’échappe pas à la règle. La fête peut se dérouler dans la cour d’école comme dans la salle des fêtes de la rue Leclerc, voire même dans le cadre des installations sportives municipales de Beaumont afin d’accueillir le maximum de monde dans des conditions optimales.

Les fêtes d’école de la décennie en 1975 et 1978 (Documents Nord-Eclair)

Le directeur de l’école, dans les années 1980, Mr Gamelin, n’hésite pas à exporter la fête notamment, en 1982, à la salle Hieronsens, rue de Beaumont, les gains de la journée étant destinés à financer des classes vertes. Il est aussi de la partie quand ce sont les parents d’élèves qui font appel à un magicien lors de l’organisation d’un goûter de Saint Nicolas à la salle des fêtes.

La fête d’école de 1982 et le goûter de Saint Nicolas de 1984 (Documents Nord-Eclair)

1984 est aussi l’année de la première classe blanche ou classe de neige pour une cinquantaine d’élèves de l’école. Ceux-ci se livrent donc à une activité de lavage de voitures durant tout un week-end pour réunir des fonds supplémentaires, tandis que, dans la grande salle de l’école, les mamans procèdent à une vente de gâteaux et de billets de loterie.

Première classe blanche en 1984 et lavage de voitures pour les élèves (Documents Nord-Eclair)

Un an plus tard, la petite école, qui compte à présent 9 classes, fête avec quelques temps de retard ses cinquante bougies, son ouverture remontant à septembre 1933. La fête a lieu dans les locaux de l’école Notre Dame de Lourdes, plus apte à accueillir le public attendu. Les anciennes directrices de l’école ont également été conviées pour l’occasion.

Le cinquantenaire de l’école fêté en 1985 (Document Nord-Eclair)

C’est en 1988 que 225 enfants de l’école, âgés de 2 à 12 ans, jouent en public leur comédie musicale « SOS Loisirs » à la salle des fêtes et se mettent sous la baguette magique du « passeur d’ennui ». Ils emmènent les spectateurs en voyage à travers le monde en une succession de costumes superbes et de maquillages scintillants dans des décors féériques.

La comédie musicale SOS Loisirs en 1988 (Document Nord-Eclair)

Durant la même année, l’école Sainte Thérése est considérablement agrandie avec trois nouvelles classes de maternelle, flambant neuves, des nouveaux sanitaires, et fait sa rentrée avec un tout nouveau macadam pour sa cour de récréation. Mme Smeets et son équipe de 9 enseignants peuvent accueillir sereinement les 230 élèves.

Cet agrandissement permet le rapatriement et l’installation définitive dans les locaux de la rue Jaurès des trois classes de primaire jusqu’ici situées derrière l’église Saint Joseph. Après l’achat, l’année précédente, de la maison voisine pour y installer la cantine scolaire, l’acquisition d’un nouveau terrain a donc permis la construction de trois classes de maternelle et de sanitaires.

Une fois les anciens locaux repeints à neuf, l’agrandissement permettra l’ouverture d’une salle d’évolution ainsi qu’une autre salle réservée pour la sieste des petits. Les ouvriers ayant fait le maximum pour terminer à temps ce sont les enseignants qui ont mis la dernière main aux travaux en lavant, dépoussiérant et rangeant les différentes classes pour cette rentrée.

Agrandissement de l’école pour la rentrée 1988-89 et vue aérienne de 1989 (Documents Nord-Eclair et IGN)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Affaire Leplat

Lors de la première guerre mondiale Alice-Adrienne Coudert, née en 1897, fille de paysans, intelligente mais peu cultivée, est infirmière, travailleuse acharnée, et sa brillante conduite lui vaut une citation élogieuse et la croix de guerre. Elle met au monde un an plus tard, en 1918, une fille, Paulette, née de son aventure avec un major, le docteur Nicquet, rencontré à l’hôpital auxiliaire d’Amiens. Celui-ci reconnaît l’enfant mais, au lieu d’ épouser Adrienne, comme il l’avait promis, préfère se marier à une riche héritière.

Abandonnée par son amant elle l’assigne au tribunal devant lequel il prétend ne pas être certain que l’enfant soit le sien. Furieuse Adrienne se rend à son domicile où elle est reçue par sa rivale qu’elle blesse d’un coup de révolver. Laissée en liberté provisoire, elle se retrouve quelques semaines plus tard face à son ancien amant et c’est à son tour d’être grièvement blessée par balle par l’intéressé. Tous deux comparaissent donc en 1920 devant les assises de la Somme qui prononce leur acquittement en raison de leurs torts réciproques.

Elle part en Lorraine et y rencontre, à l’hôpital de Metz où elle officie comme infirmière, un étudiant en médecine, Jean Leplat, auquel elle raconte ses mésaventures. Il l’épouse à Paris en 1925, alors qu’il est médecin major, détaché en Allemagne tandis que la petite Paulette est confiée à ses grands-parents installés en Corrèze.

Quand le docteur Leplat quitte l’armée, le jeune couple s’installe à Hem où Jean ouvre un cabinet médical,  boulevard Delory (actuellement bd Clémenceau), avec l’argent de la dot de sa femme. L’année suivante les 2 époux, apparemment très unis, ont la joie d’avoir un petit garçon qu’ils prénomment Roger.

Le jeune couple accueille ensuite une petite fille Gisèle en 1927. Malheureusement celle-ci décède en 1929, à l’âge de 2 ans d’une bronco pneumonie. Dans l’attente d’une sépulture définitive, son cercueil reste durant un mois dans un abri provisoire au cimetière où sa mère lui rend visite tous les jours et, la veille de l’inhumation, Adrienne dévisse le couvercle du cercueil pour revoir sa fille une dernière fois et rentre raconter la scène, qui n’avait eu aucun témoin, à son mari, sans avoir trouvé la force de refermer la bière. Elle affirmera toujours qu’elle a alors agi sous l’emprise de la douleur et non sous le coup d’une crise de folie.

Titres de journaux sur l’internement d’Adrienne Leplat (Documents l’Oeuvre et Nord-Maritime 1929)

Les scènes de ménage, déjà fréquentes se multiplient et deviennent plus violentes au sein du couple et, à l’été 1929, son mari prend prétexte de ses « extravagances » pour la faire interner par surprise, à l’aide d’un certificat établi par son confrère de Lannoy, le docteur Parmentier, qui ne l’a pourtant pas examinée, dans une clinique de Lille, la clinique d’Esquermes, avant d’intenter une action en divorce contre elle, pour abandon du domicile conjugal. La clinique est un ancien couvent des Bernardines repeint à neuf dans le parc des la Châtaigneraie.

Au bout de 2 semaines, elle se sauve, après avoir crocheté des serrures à l’aide d’un tire-bouchon et avoir escaladé le mur d’enceinte. Elle se réfugie à Amiens chez sa sœur d’où son père, présent, prévient son mari. Elle réintègre alors le domicile conjugal mais décide de défendre ses droits. A cet effet elle porte plainte contre son mari pour coups et violence ainsi que pour internement arbitraire et obtient sa condamnation fin 1929 pour coups et blessures.

Portrait d’Adrienne et titre de journal sur la Clinique d’Esquermes (Document Le Journal)

La vie commune reprise par les époux après l’évasion se transforme en un combat réciproque judiciaire. Adrienne intente un nouveau procès contre son mari pour abandon de famille. Elle est en effet demeurée au domicile conjugal tandis que lui-même est parti vivre chez son père rue Jean Jaurés. Après une première comparution à Lille, une seconde a lieu à Douai et la pension alimentaire qui lui avait été initialement allouée est réduite de 2000 F à 1200 F.

En 1930, la situation s’envenime, cette fois entre Jean Leplat et son beau-père. Philippe Coudert réclame en effet la somme de 62.000 francs qu’il aurait prêté à son gendre, lequel refuse de lui payer quoique ce soit. Il admet ensuite une dette de 12.000 francs mais conteste celle de 50.000. Pourtant le Tribunal Civil le condamne au remboursement de l’intégralité de la somme réclamée par son beau-père.

Titres de journaux sur l’internement arbitraire et sa conséquence (Documents la Dépêche et l’Oeuvre)

En janvier 1931, à bout de ressources et en instance de divorce elle décide de faire un coup d’éclat pour tenter d’obtenir justice. En compagnie de son père, Adrienne se rend chez le procureur de la République pour lui demander audience mais il est absent. Elle se présente alors en consultation chez le Dr Raviart, directeur de la clinique d’aliénés d’Esquermes, contre lequel elle éprouve une vive antipathie en raison d’une part du poste qu’il occupe et d’autre part du conseil qu’il a prodigué au docteur Leplat en faveur d’un divorce. Elle fait feu sur lui à plusieurs reprises, le blessant grièvement, tandis que son père prend la fuite.

Photo du Dr Raviart et titres de journaux relatant le drame (Documents Le Journal, Ouest Eclair, le Petit Parisien et le Populaire)

Celui-ci, qui s’était réfugié chez sa deuxième fille après le drame, revient sur Lille et, après avoir rendu visite à son petit-fils Roger chez sa grand-mère paternelle, il est entendu par le juge d’instruction mais ne peut pas dire grand-chose, ayant accompagné sa fille Adrienne à sa demande chez le docteur, sans avoir la moindre idée de ses intentions, et ainsi dans l’affolement avoir pris la fuite sans réfléchir, tandis qu’Adrienne était arrêtée et menée à l’infirmerie de la prison pour soigner son bras luxé à la suite de la tentative du Dr Raviart de lui faire quitter de force son cabinet.

Titres de journaux suite au drame (Documents le Progrès de la Somme)

A suivre…

Le Parking (suite)

A l’époque, les publicités faites par l’établissement font état d’un café dineurs qui propose des repas, plats du jour, frites, sandwichs à toute heure et met un billard à disposition de sa clientèle. C’est également le siège sympathisant de l’USH : l‘Union Sportive Hémoise, née de la fusion du club de football du foyer Saint Corneille et du football club de Hem le 16 mai 1964, composée d’équipes de Jeunes et d’une équipe Seniors qui évolue en 3eme division terrienne.

Publicités des années 1960-70 (Documents Historihem)

En 1982, Brigitte Lamarque reprend l’établissement et conserve l’enseigne. Les affaires marchent bien car le café est situé au bord d’une route très fréquentée et elle n’hésite pas à prévoir des transformations pour rendre son café plus accueillant bien qu’on parle déjà d’un projet de voie rapide sur Hem car aucun des tracés pressentis ne lui est défavorable.

En 1985, le projet de l’antenne Sud tombe et en effet représente une aubaine pour Brigitte Lamarque qui y voit une augmentation potentielle de sa clientèle : deux carrefours à feux tricolores sont prévus dont l’un à quelques mètres du Parking. Elle rachète donc la maison et met en œuvre les transformations projetées.

Seuls les 4 murs d’origine restent, la toiture, le plancher et tout l’aménagement intérieur étant entièrement refaits. Le coût total pour le rachat et les aménagements représente 50 millions : un investissement important reconnaît la propriétaire mais pas excessif compte tenu de la fréquentation attendue.

Mme Lamarque devant son café en 1987 (Document Nord-Eclair)

Mais en novembre 1986, c’est « la tuile » : le tracé est modifié et, en lieu et place des 2 carrefours projetés, c’est un rond-point qui va voir le jour à mi-distance. La raison est simple : avec des feux tricolores sur 2 carrefours distants d’une centaine de mètres (l’un avenue Delecroix, l’autre rue du Calvaire), la voie rapide n’aurait plus de rapide que le nom d’après la DDE (Direction Départementale de l’Equipement).

De ce fait Brigitte Lamarque voit son avenir se boucher : au lieu d’être la patronne d’un bistrot prospère au bord d’une route à grand passage, elle risque fort de se retrouver dans quelques mois à la tête d’un établissement fantôme ! La présence du rond-point signifie en effet un défaut d’accès direct à l’établissement et de plus l’avenue Delecroix se terminera en impasse. Quel que soit le sens dans lequel on circule il faudra donc passer par le rond-point et faire un détour dans l’impasse pour aller boire un verre ou manger une crêpe au parking !

Publicité de novembre 1986 (Document Nord-Eclair)
Croquis de l’Antenne Sud coupant l’avenue Delecroix (Document Nord-Eclair)

Qeulle solution dans ce cas ? Brigitte Lamarque sollicite Mme Massart, maire de la ville, ainsi que Bernard Carton, vice-président du conseil général, lequel s’engage à venir visiter le site avec des ingénieurs de la DDE. Mais il est bien évident que le tracé ne sera pas modifié… Brigitte Lamarque propose donc l’aménagement d’un chemin d’accès depuis le rond-point jusqu’à son café sur l’ancienne voie de chemin de fer qui passe derrière chez elle.

Mr Carton rappelle cependant que même si la solution des 2 carrefours à feux tricolores avait été retenue cela n’aurait été que provisoire dans l’attente de la construction d’un pont dès le doublement des voies de l’Antenne Sud effectué. Il rejette par ailleurs l’éventualité de créer un chemin d’accès du rond-point au café.

Il propose donc de favoriser au maximum les facilités d’accès vers ce qui sera bientôt l’impasse Delecroix : en plaçant des panneaux publicitaires fléchant le chemin jusqu’au Parking, en servant d’interlocuteur avec la SNCF, propriétaire des terrains situés derrière le café afin que Brigitte Lamarque puisse éventuellement les utiliser pour y placer des jeux destinés aux enfants et y aménager des aires de pétanque, nouveautés susceptibles de lui amener de nouveaux clients.

La réunion de février 1987 au Parking (Document Nord-Eclair)

Le 31 décembre 1987, c’est la fin d’un établissement emblématique de la ville. L’essentiel du chiffre d’affaires était dû à la clientèle de passage sur cette avenue très fréquentée transformée en impasse avec l’arrivée de l’Antenne Sud. Les panneaux publicitaires proposés lors de la réunion de la dernière chance n’ont donc pas suffi.

L’établissement qui naguère ne désemplissait pas s’est transformé en quelques semaines en établissement fantôme suite à cette simple équation : plus de passage donc plus de clients. On peut maintenant ajouter : plus de clients donc on ferme…Les portes sont closes depuis le dernier jour de l’année 1987, 5 ans après la reprise de l’établissement par Brigitte Lamarque.

Le Parking c’est fini (Documents Historihem)
Photos aériennes de 1975 et 1989 avant et après le rond-point (Documents IGN)

Depuis aucune activité commerciale n’est intervenue dans l’ancien café dineurs. La bâtisse rénovée par Mme Lamarque est à présent à usage d’habitation. Sur les photos ci-après on la reconnaît parfaitement et sur les vues aériennes actuelles, on se rend très bien compte de l’impossibilité d’y recréer son activité commerciale historique.

Photos de la bâtisse actuelle (Documents Google Maps)
Vue aérienne de la zone englobant la bâtisse (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem.

Rue du Docteur Coubronne (suite)

Après guerre le commissariat de police occupe durant peu de temps le n°5 de la rue avant de déménager rue Jules Guesde (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Le bâtiment est ensuite occupé, à la fin des années 1940, par la bonneterie mercerie Ingelaere puis le tailleur Ellie Ingelaere jusqu’au milieu des années 1970. Le successeur, Mme Henze cède la place à Mme Lesage, spécialisée dans la layette, à l’enseigne Au Poulbot, commercialise également la laine Phildar.

Publicités Ingelaere et Au Poulbot (Documents Historihem, Nord-Eclair et Office Municipal d’Information)

L’institut esthétique « Votre Beauté » leur succède durant les années 1980-90 après avoir un temps partagé le bâtiment avec la mercerie Au Poulbot. Il propose les services classiques : soins, épilation, bronzage mais aussi des idées cadeaux : bijoux, parfums, foulards…Puis l’immeuble abrite l’auto-école Saint Corneille en 2000 et à nouveau des instituts esthétiques « Secrets 2 Beauté », « Graine de Beauté » et actuellement « La belle hémoise ».

Publicité commune Votre Beauté et Au Poulbot, Votre Beauté, et photos de la façade de Graine de Beauté dans les années 2010 et La Belle Hémoise en 2023 (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

C’est un marchand de tissus, Victor Lemaire, puis son successeur, J. Lemaire, qui s’installe au n°8, durant une vingtaine d’année, jusqu’au début des années 1960. Au milieu des années 1960, c’est le magasin Flor-Cado, commerce de vente de fleurs et cadeaux, tenu par les Doisne-Danjou, qui prend sa place. Au début des années 1970, le magasin est répertorié dans la rubrique épicerie fleurs, puis il disparaît, repris par les Ets Top Beghin qui s’agrandissent encore.

Bon de livraison de 1949 de Victor Lemaire et publicités de Doisne-Lerouge puis Top-Beghin (Documents collection privée et Historihem)

Après guerre également, au 68 rue du Docteur Coubronne, on retrouve, à partir des années 40, et pendant une vingtaine d’années, André Dusquesne et frères, propriétaires d’une fabrique de machines à laver et de bacs pour teinture mais aussi d’une tonnellerie. Puis dans les années 1980, une crèmerie et commerce de volaille s’y installe suivie de la boucherie Au Fin Palais (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Actuellement l’immeuble abrite le traiteur Fée Maison.

Bon de livraison de 1949 de Victor Lemaire et publicités de Doisne-Lerouge puis Top-Beghin (Documents collection privée et Historihem)

C’est la boulangerie J.Heras puis Dartois qui occupe le n°11 à la fin des années 1950, avant de laisser la place quelques années plus tard aux électriciens et entreprises de TSF de Pierre Florin (revendeur de téléviseurs Clarville) puis Jacques Desurmont. Un salon de coiffure pour dames y ouvre au début des années 1970, tenu par Mme Vermeersch. Puis Mme Mylle, les Ets Debaisieux et ensuite MP Eckhoutte y vendent des journaux, jusque dans les années 1980-90.

Publicités de la boulangerie Dartois puis de Pierre Florin qui s’installe et de la TSF Desurmont, de Mme Myle et des Ets Debaisieux (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Puis l’immeuble sera affecté un temps à usage d’habitation avant que, dans les années 2010, ces différents commerces cèdent la place à des salons de Coiffure : Roos and Co de Françoise Roos puis Salut les 60 et Image et Conseil de Lyes Addadaïne. C’est ensuite un opticien qui s’implante dans les lieux et s’y trouve encore à ce jour à l’enseigne La Lunetterie.

Photos et façades de Roos and Co, Salut les 60, Image et Conseil et La Lunetterie (Documents Ville de Hem et Google Maps)

La rue accueille également au n°31 une résidence pour personnes âgées. Le 26 janvier 1980 la première pierre du bâtiment est posée et c’est en 1981 que la Résidence de la Marque sort de terre, modifiant considérablement l’aspect de la rue. La Résidence a fêté son 40ème anniversaire en ce début de décennie 2020.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

La résidence de la Marque dans les années 1980 en carte postale et actuellement (Document collection privée et Google Maps)

Peu de temps après c’est une salle de sports qui y voit le jour presque en face. En 1982, la première pierre du chantier de construction de la salle Leplat est posée par Jean-Claude Provo, alors maire de la ville, mais c’est Marie-Marguerite Massart, nouvellement élue qui, en 1983, inaugure la salle qui porte le nom d’un ancien maire de Hem, Jean Leplat.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Elle à été démolie en décembre 2023 pour laisser la place à la construction d’un petit bâtiment devant comporter des cellules commerciales au rez-de-chaussée.

La salle Leplat en 2008 et le petit immeuble qui la remplace en construction en février 2025 (Documents Google Maps et photo IT)

Dès 2009, la municipalité décide de créer le jardin des perspectives, au « nouveau cœur de ville », sur 5 hectares entre la rue de la Vallée et la rue du Docteur Coubronne , entre les constructions de « la Vallée 2 ».L’objectif est de relier les anciens et nouveaux quartiers autour d’un espace central fédérateur offrant 2 km de chemins de promenade. Le jardin des perspectives est officiellement ouvert en Octobre 2010, remplaçant les champs qui bordaient la rue du Cimetière.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

La nouvelle Grand Place d’Hem (Documents Google Maps)

Le jardin est bordé de deux côtés par la rue du 06 juin1944 (ancienne rue du Cimetière) et la rue du Docteur Coubronne sur laquelle il aboutit dans la nouvelle Grand Place de la ville et du dernier par la rue du Tilleul. Le long de celle-ci se situent des maisons individuelles, vers la Vallée, la salle de spectacle Le Zephyr, quelques commerces et un immeuble abritant un commerce au rez-de-chaussée et des appartements à l’étage vers la rue Coubronne.

Vue aérienne du Jardin des perpectives de la rue de la Vallée à la rue du Docteur Coubronne (Document Google Maps)

C’est là qu’Olivier Bartier ouvre son huitième magasin de vélos dans la métropole lilloise en 2021. Sur 300 mètres carrés, il y propose de nombreux cycles, électriques ou non, du matériel et de l’équipement pour toutes les pratiques : VTT, route, vélos de ville. Grâce à son atelier tout équipé le magasin assure également les réparations sur place.

Le nouveau commerce du n°56-58 (Documents ville de Hem et Google Maps)

La rue du Docteur Coubronne reste à ce jour une artère très vivante de la ville même si le passage des décennies a entraîné la disparition de plusieurs commerces. Elle est la rue centrale par excellence puisqu’elle relie à la fois l’ancienne place du village devenue Place de la République à Hem Bifur et puisqu’elle comporte la nouvelle Grand Place de la ville d’Hem.

Vue aérienne du quartier en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Deleporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur ouvrage Au temps d’Hem.

Le Parking

Au début du 19ème siècle, l’actuelle avenue Henri Delecroix n’est qu’un chemin pavé qui d’une part relie tout droit le château Six à l’église Saint Corneille et d’autre part continue quasiment à angle droit pour devenir le chemin de Hem à Forest. A la fin du siècle la partie coudée est une partie de la route départementale de Saint Amand à Roubaix, tandis que l’autre partie devient l’avenue du Château, rebaptisée ensuite avenue de la Gare début 20ème.

Vue aérienne de l’avenue de la Gare de la place d’Hem à Forest en 1933 (Document IGN)

En effet, le chemin de fer de Tourcoing à Somain la traverse à hauteur du Rivage dans les années 1880, avec un passage à niveau et une halte implantée au point dit « Ronde du Château ». On trouve son appellation actuelle sur un plan de 1953 et elle sera quelques peu modifiée par la création de l’antenne Sud. En effet en 1984, un carrefour sera aménagé en vue de l’implantation de feux tricolores avant la construction d’un giratoire 4 ans plus tard.

CPA de la « gare » prise vers Forest (avec les colonnes du château Six au fond) et de la halte prise vers le centre d’Hem au début du 20ème siècle (avec au fond l’église Saint-Corneille) (Documents collection privée)

Comme le montre la carte postale ci-dessus 2 estaminets sont installés de part et d’autre de la route menant vers Hem afin que les voyageurs puissent se désaltérer : A l’Arrêt de Hem, tenu par J. Lefebvre, sur la gauche et l’Estaminet de la Gare sur la droite. Il reste en effet du chemin à faire à travers champs avant d’atteindre le centre du village.

Ainsi qu’on le voit également sur les deux cartes postales suivantes, hormis les 2 estaminets il y a très peu de bâtiments proches de la halte, aucune gare n’ayant été attribuée à la commune mais un simple arrêt de chemin de fer. Le seul bâtiment qui apparaît nettement avant la barrière est celui qui abrite les forgerons de la famille Roger (père et fils).

CPA de la halte vers Hem, avec barrière fermée ou ouverte (Documents collection privée)

L’Estaminet de la Gare est ouvert en 1887 par Louis Leclercq et repris par Séraphin Debraussere l’année suivante. L’établissement appartient à la brasserie Leclercq et on y achète également des billets de train. L’installation du tissage d’Henri Duprez en 1928, du 48 au 52 de la rue, juste en face de l’estaminet amène sans doute de nouveaux clients. Quant à la ligne de chemin de fer, elle est fermée en juillet 1939 à la veille de l’avènement de la seconde guerre mondiale.

Au cours de celle-ci, le garde barrière Louis Marga, né en 1900, s’illustre dans la résistance, après avoir été soldat lors de la première guerre mondiale alors qu’il était ouvrier des chemins de fer. Il organise ainsi le passage de deux soldats français évadés vers la zone libre puis fin 1942 rejoint le réseau de résistance du War Office avant de se rapprocher du mouvement de résistance Voix du Nord.

Fin 1943, il appartient au Groupe d’Ascq, qui procède à des actions de sabotage. Il place ainsi des explosifs sur la voie ferrée, et participe au déraillement d’un train militaire allemand à Ascq, acte qui entraîne une répression sévère. Il est arrêté par la Gestapo de Lille où il réside alors, interné à la prison de Loos, condamné à mort par le tribunal militaire allemand et exécuté au fort de Seclin au lendemain du débarquement.

Louis Marga et sa femme avant la guerre à la halte de Hem ( Document collection privée)

En 1950, la municipalité décide de rendre hommage à Henri Delcroix, député-maire de la ville pendant un quart de siècle, et à l’origine de nombreuses réalisations : œuvres sociales et projets d’urbanisme, ayant contribué au bien-être de la population hémoise, décédé en avril 1939. C’est l’avenue de la Gare qui est choisie pour porter son nom. L’inauguration a lieu le 1er mai 1950, en présence de nombreuses personnalités et sous la présidence de Jean Leplat, maire de Hem.

Changement de nom de l’avenue de a Gare en 1950 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1940 à 1960, on ne trouve plus trace de l’ancien estaminet de la gare puis en 1961, un cafetier apparaît au 51, avenue Henri Delecroix à savoir O. Canfin suivi de Mme Cl. Cappèle en 1965 jusqu’en 1970, et, en 1971, c’est le café Au Parking qui y est répertorié.

L’ancien Estaminet de la Gare et le 51 avenue Henri Delecroix en 2008 (Document collection privée et Google Maps)
Vue aérienne de l’avenue en 1962 (Document IGN)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem.

Rue du Docteur Coubronne

Au 17ème siècle cette rue, qui joint actuellement la rue Jules Guesde à la Place de la République, n’est qu’une portion d’un simple sentier de terre, impraticable en hiver, permettant le passage des brouettes dont les ouvriers hémois se servent pour porter à Roubaix les pièces de tissus qu’ils ont fabriquées dans leur maisons « à l’otil ». Deux siècles plus tard, elle figure sur le plan cadastral comme une partie de la chaussée de Lille à Hem.

Extrait du cadastre de 1824 (Document archives départementales)

A la fin du 19ème siècle elle est éclairée par des becs de gaz. C’est le sieur Zaingraff qui obtient la concession pour éclairer 4 mois par an de 17h à 23h et se charge de l’entretien des lanternes, de l’allumage et de l’extinction. Peu après, la rue faisant partie d’une route départementale, sa largeur est portée à 11 mètres. Elle prend alors le nom de route de Saint Amand puis, en 1928, elle prend celui du Docteur Coubronne, une personnalité hémoise décédée en 1923. (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Extrait du cadastre de 1824 (Document archives départementales)
La route de Saint Amand vue du centre au début du 20ème siècle en carte postale colorisée et la même rue vue de Hem Bifur à hauteur de Notre Dame de Lourdes (Documents collection privée)

L’école Notre Dame de Lourdes y est construite dès le début du 20ème siècle.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Puis, bien que cette route reliant le centre ville au carrefour d’ Hem Bifur soit encore bordée de champs des 2 côtés dans les années 1930, elle est ensuite très vite riche en commerces et activités de toutes sortes. Le docteur Léon Célestin Coubronne y exerce durant 50 ans au n°59 de la rue tandis que sa voisine du n°61 Rosalie Mulliez est couturière. (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Vue aérienne de la rue en 1933 (Document IGN)
. L’ancien cabinet du Docteur Coubronne et la petite échoppe de sa voisine à la libération de Hem en 1944 (Documents Historihem)

Mme Dupriez y installe ensuite brièvement un salon de coiffure pour dames dans les années 1960, avant de déménager rue du Maréchal Leclerc. Puis les années 1970 voient une agence bancaire y emménager à savoir le Crédit du Nord qui y reste durant une vingtaine d’année avant de céder la place à la clinique vétérinaire du docteur Delforge devenue ensuite Clinique Vétérinaire de la Marque.

Publicité de 1968 de Mme Dupriez, du Crédit du Nord et Façade actuelle de la Clinique vétérinaire de la Marque (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

L’estaminet Au beau coin y est installé au n°15, à l’angle de la rue Jules Ferry, et tenu par Lucien Mulliez et Félicie Prévost. Le couple, marié à Lannoy en 1885, a 3 enfants : Blanche-Marie, Jules et Raymond. Ils tiennent l’établissement durant plusieurs années et Lucien décède à l’hospice de Bondues en 1942. Comme souvent l’estaminet abritera ensuite également un réparateur de cycles. Depuis longtemps le bâtiment est revenu à usage d’habitation mais l’on distingue encore sur les briques de la façade rue Coubronne l’ancienne enseigne : Au beau coin.

Le couple Mulliez et 2 de ses enfants et plus tard les tenanciers du Beau Coin en famille sur leur pas de porte (Documents Historihem et collection privée)
La maison un siècle plus tard et un gros plan sur la porte et sur l’ancienne enseigne figurant encore sur les briques de la façade (Documents Google Maps)

Presqu’en face, c’est Jean-Louis Briffaut qui ouvre un café à l’angle de la rue du Cimetière (actuelle rue du 06 juin 1944) et de la route de Saint-Amand (actuelle rue du Docteur Coubronne) à Hem en 1863. L’établissement à l’enseigne « Au Tilleul » est repris en 1874 par Rosalie Jouveneau. Par la suite il deviendra l’Auberge du Tilleul. (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Le café du Tilleul au début du 20ème siècle et l’auberge en 2022 (Documents Historihem et Google Maps)

Au n°4 de la rue Coubronne, juste à côté de l’école Victor Hugo qui se situe sur la Place d’Hem, se trouve une quincaillerie. Cette toute petite échoppe abritera encore la quincaillerie Denonne, qui vend de tout et notamment des articles de ménage, après la seconde guerre mondiale et même jusqu’au milieu des années 1960.

Carte postale comprenant la fin de la place et le début de la rue Coubronne (Documents Historihem)

Comme le montre la carte postale le magasin est installé dans la partie gauche de l’immeuble tandis que le n°2, dans la partie droite, est une maison d’habitation. Au début des années 2000 c’est le coiffeur Sup’hair qui est installé au n°2 et s’y trouve toujours 25 ans plus tard.

Publicité du salon de coiffure en 2004 et photos de la façade en 2008 et 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

L’épicerie Dujardin se situe alors à l’actuel n°9 de la rue. Dans les années 1950, c’est l’épicerie Fardel qui s’y trouve, suivie un temps de la blanchisserie Lesaffre. A la fin des années 1960, la pâtisserie Lesage occupe les lieux avant de céder la place à la lingerie mercerie Lesage que l’on retrouve ensuite au n°5.

Photo de l’épicerie Dujardin au début du 20ème siècle et façade actuelle (Documents collection privée et Google Maps)

C’est au n°6 que Raymond Beghin-Droulez ouvre son petit magasin de droguerie, peinture, décors, vitrerie et décors funèbres. A la fin des années 1950, la droguerie devient une entreprise de pompes funèbres : Top Beghin. Ce commerce, très modeste à l’origine, est devenu une entreprise hémoise très connue (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Publicités de Raymond Beghin (Documents Historihem)
Carte postale reprenant les n°2 à 8 de la rue Coubronne (Document collection privée)
Photos de la façade en 2008, 2012 et 2023 (Documents Google Maps)

Un médecin s’installe dans la rue au n°19. Pendant la seconde guerre mondiale, le docteur André Trinquet fait partie de la résistance. Par ses fonctions de médecin, il a droit à un vélomoteur et à l’essence pour sa voiture, atout considérable pour l’action du réseau auquel il appartient. Pris sur le fait alors qu’il transporte des armes il est arrêté et fait prisonnier à Flossenburg où il décède après 15 jours de détention. L’immeuble a, par la suite, été un temps occupé par les cabinets médicaux des docteurs Charles Delebarre puis Claude Moulin avant de reprendre un usage d’habitation.

Une ordonnance du Dr Trinquet en 1936, la succession des Drs Delebarre et Moulin et l’immeuble abritant son cabinet médical (Document collection privée et Google Maps)
Le Dr Trinquet dans la résistance en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Deleporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur ouvrage Au temps d’Hem.