André Roose est né en 1925. A 14 ans, il passe son certificat d’études. Il est passionné de menuiserie et d’ébénisterie, mais ses parents préfèrent l’orienter vers un métier plus »noble » comme la couture. La mère d’André, Hélène Roose est d’ailleurs couturière à son domicile, au 3 avenue Anatole France à Lys lez Lannoy.
Camus Duhayon
Émile Camus naît à Roubaix en 1882. Il effectue son service militaire au début des années 1900, dans un atelier qui confectionne des uniformes militaires. Il se passionne pour cette activité très nouvelle pour lui : la confection, les tissus, la couture.
La chemiserie René VIOLETTE (suite)
Du château Ternynck à l’école Jeanne d’Arc (suite)
L’école des sœurs dominicaines se situe au 25 rue de Lille (bâtiment acheté à la famille Ternynck en 1919). Les locaux deviennent trop petits car l’école ne cesse de se développer. Il faut donc songer à s’installer ailleurs. Le président de l’école, Fernand Lepoutre, fait l’acquisition du château Ternynck le 1er Juin 1946. Le financement a pu être réalisé grâce à des emprunts, des dons de la congrégation et des familles, mais aussi par des ventes de charité et des séances théâtrales.
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La chemiserie René VIOLETTE
René VIOLETTE est coupeur de vêtements chez un industriel fabricant de chemises : »les gendres de Désiré Delbarre » au 64 rue d’Alsace, maison fondée en 1898. Il rencontre sur son lieu de travail Odette Bouquet, la fille d’André et Yvonne Bouquet-Delbarre.
Après leur mariage, René et Odette VIOLETTE souhaitent créer leur commerce de détail. En Octobre 1945, ils signent un bail pour un local commercial, situé au 70 rue de Lannoy, une des artères les plus commerçantes de la ville. Puis, en Février 1946, ils ouvrent leur commerce de chemiserie et accessoires, en lien étroit avec la production des beaux parents.
La situation économique, après la 2° guerre mondiale, est difficile. Odette gère seule le magasin et René continue son activité chez »Les gendres de Désiré Delbarre » pour subvenir aux besoins du ménage. Les affaires se développent et, en 1949, René décide de suivre des cours de coupe de vêtements par correspondance ( enseignement théorique et pratique de coupe pour chemises, caleçons, pyjamas )
Suite à cette formation, René fabrique, dans l’arrière boutique, des vêtements sur mesure (en particulier des chemises). Odette s’occupe du magasin.
René s’approvisionne en coton chez des fournisseurs roubaisiens, et en particulier les tissus Hallynck avenue Jean Lebas et les Éts Jean Deffrenne rue Dampierre. Après avoir pris les mensurations de la personne, René découpe le tissu choisi par le client, suivant la forme des patrons qu’il possède et qu’il adapte, puis dépose les morceaux de tissus et triplures au domicile de la couturière, Mme Rachel Spielers à Leers, qui les assemble à l’aide de sa machine à coudre,
Dans les années 1950, le commerce se développe de façon très satisfaisante, grâce à la qualité de fabrication des chemises, et également à la vente de produits complémentaires ( sous-vêtements, pyjamas, cravates, maillots de bain, boutons de manchettes etc ) de marques prestigieuses : Eminence, Valisère, Hom, Pierre Cardin, Ted Lapidus, Jockey, Rasurel…
René et Odette sont les premiers dépositaires de la marque Lacoste à Roubaix.
Les époux ne comptent pas leurs heures de travail. René travaille très tard à l’atelier, mais trouve le temps de pratiquer son sport : il fait partie de l’équipe compétition de water-polo du S.C.R : le Swimming Club de Roubaix, à la piscine de la rue des champs. Sa dévotion au sport l’a conduit à être médaillé par le ministre des sports de l’époque, Maurice Herzog.
En 1954, ils achètent la maison du 70 rue de Lannoy qu’ils occupaient en tant que locataires. René devient membre de la chambre syndicale des chemisiers de France, en 1957. Chaque année, il distribue à ses clients, un calendrier rappelant la fête des pères du mois de Juin.
Au début des années 1960, les commerçants de la rue de Lannoy apprennent qu’ils vont être expropriés, pour permettre la construction du centre commercial Roubaix 2000. Les commerçants commencent à quitter les lieux. Le commerce de lingerie voisin, de A. Carette, au 72, étant libre, René expose ses chemises dans la vitrine, pour quelques mois.
Le 24 Avril 1964, René et Odette VIOLETTE reçoivent leur lettre d’expropriation. En Juin de la même année, ils créent leur SARL : »René Violette et Cie » et ouvrent leur magasin au Lido en 1965.
À suivre . . .
Remerciements à Jean-Pierre, Nicole et Marc VIOLETTE, ainsi qu’aux Archives Municipales
Du château Ternynck à l’école Jeanne d’Arc
Henri Ternynck est un industriel roubaisien, dans le domaine du textile. Il possède une usine de tissage et filature, située sur le Boulevard de Fourmies ( voir un précédent article sur notre site, intitulé : l’usine Ternynck ) ainsi qu’une entreprise rue de la Fosse aux Chênes. Ses immenses bureaux se situent au 50 rue de la gare ( à l’angle de la rue de l’hospice ). Henri Ternynck gère ses affaires avec ses enfants, et crée l’entreprise Henri Ternynck et fils. Tous les membres de la famille Ternynck habitent dans différents endroits à Roubaix.
Un des fils d’Henri, Edmond Ternynck, se marie avec Marie Dormeuil, en 1878. Il décide de faire construire son hôtel particulier vers 1880. Il fait l’acquisition d’un terrain vierge de 13.519 m2, situé au 32 rue de Barbieux, pour y faire construire sa demeure. L’extrémité de cette immense parcelle se situe avenue Le Notre, en bordure du parc de Barbieux. Il confie le projet à l’architecte M. Dupire, qui s’inspire du château de Raray dans l’Oise, pour édifier les plans de la demeure.
Le château du Huchon, comme on l’appelle à l’époque, est très imposant, Il est composé de très nombreuses pièces, sur trois niveaux. Au rez de chaussée, une galerie de 24m de long fait face à la rue, c’est une galerie de façade pour y exposer des tableaux et œuvres d’art. La décoration des salles est luxueuse : cheminée dans chaque pièce, moulures bois, portes intérieures monumentales. Au 2° étage, se situent les chambres pour le personnel : les femmes de chambre et les femmes de ménage sont en effet très nombreuses et nécessaires pour le service des châtelains.
A l’extérieur, côté sud, est édifiée une terrasse couverte pour les beaux jours.
De chaque côté du château, ( côté rue ) sont édifiés deux bâtiments séparés. Le premier est réservé aux écuries, car les déplacements à l’époque se font essentiellement en véhicules hippomobiles ( fiacres, calèches ). Le deuxième, appelé bâtiment des communs, est consacré aux nombreux jardiniers. On y trouve la resserre et un hangar pour stocker le matériel. Le long du mur de clôture, se trouvent un clapier et un poulailler.
Dans les années 1920, de nombreuses nouvelles constructions sont érigées dans la rue de Barbieux. La municipalité décide alors d’une nouvelle numérotation des habitations. C’est ainsi que le 32 rue de Barbieux devient le 68.
Edmond décède en 1914. Son épouse, Marie Ternynck, continue à gérer seule la demeure. La propriété est immense. Une partie du château ( la moitié du rez de chaussée et la moitié du sous sol, sur le côté sud ) est louée, en 1929, à Léon Tack et son épouse Gabrielle née Catry.
Léon Tack est grossiste et importateur en fruits, primeurs et légumes. Son entreprise est installée au 23-25 rue de la Halle, où la famille occupe le 1° étage. Le couple et leurs enfants apprécie alors ce nouveau logement spacieux, dans un cadre idyllique et verdoyant.
Marie Ternynck décède en 1934. La famille Tack reste locataire de la demeure rue de Barbieux. En Mai 1940, Léon Tack, son épouse et leurs 7 enfants quittent Roubaix, et partent à Mélicourt dans l’Eure, pour quelques mois, puis descendent dans le sud de la France, et résident à Tarbes pendant quelques mois également. La famille Tack est de retour à Roubaix en 1941 ; les allemands occupent la moitié de la demeure. Léon Tack déménage à la fin de l’année 1942, et part s’installer au 52 rue Dammartin.
À suivre . . .
Remerciements à Carole Baccarrere, Annick Charpentier, Gabrielle et Dany Tack, Béatrice Martin, Florence Tellier, Virginie Samyn ainsi qu’aux Archives Municipales.
Les Maisons des Docteurs
Deux maisons ont été construites en 1897, par l’architecte Dupire, pour Louis Derville, sur le boulevard Gambetta ( entre l’usine Motte Bossut et la rue de Lannoy ). Aujourd’hui, le boulevard a été rebaptisé boulevard du Général Leclerc ( entre les Archives Nationales du Monde du Travail et Mac Arthur Glen ).
On a appelé ces grandes bâtisses : les Maisons des Docteurs, car de nombreux médecins se sont succédé dans cet immeuble depuis la construction. Notons au passage au N° 80 les présences des docteurs De Gandt et Puistienne, au 82 le docteur ophtalmologiste R. Laude, au 86 le docteur Boudailliez-Loridan, au 88 et 90 les dentistes Jacques Prouvost et P. Ferrette,
Les deux maisons sont remarquables, de style florentin, composées de briques et de pierres, avec la présence de médaillons, d’impostes en terre cuite et des loggias à l’italienne, parfaitement dans le style de fin XIX siècle. C’est un patrimoine architectural inestimable, et de surcroît, une valeur « sentimentale » pour bon nombre de Roubaisiens.
Mais voilà, l’ensemble de ces maisons est en danger car la municipalité a programmé de les raser en 1988. Elles sont condamnées pour des raisons techniques et financières.
En Octobre 1988, tout le monde n’accepte pas la démolition programmée de ces maisons ; l’association Art-Action qui veut remettre en valeur le patrimoine roubaisien est prêt à se battre pour éviter cette hérésie.
L’ensemble des maisons des docteurs, offre un prolongement naturel avec l’ancienne usine Motte Bossut, qui, après sa restauration complète, va retrouver une fière allure.
Pourquoi démolir ? Ravaler ces deux bâtisses ferait un ensemble harmonieux, de même type que ce qui a été réalisé avec les Drapiers du boulevard De Gaulle : conserver la façade, tout en construisant par derrière des logements ou des bureaux.
Mais la municipalité en a décidé autrement. Mr Tachau, responsable des services techniques de la ville, précise que le nouveau bâtiment sera composé de bureaux intelligents, c’est à dire équipés des toutes dernières technologies de communication. L’ensemble sera sur 6 niveaux, et garder l’ancienne façade engendrerait un surcoût considérable pour la commune, comme ce qui a été réalisé pour la résidence « Hotelia » pour personnes âgées du 7 Grande rue ( ancienne C.A.F ).
De plus la future station de métro « Eurotéléport » va se trouver en partie, sous l’ensemble des maisons des docteurs. L’ensemble des maisons est donc rasée en début d’année 1989.
Remerciements aux Archives Municipales
L’Auberge de Beaumont
Dans les années 1920, au 143 rue de Beaumont, se trouve l’épicerie de L. Nisse. Ce commerce est repris, dans les années 1930, par E. d’Havé. Le magasin est situé dans un quartier calme, à proximité de la rue Payen, et à deux pas de la ferme de M. Cruque, agriculteur, sur la place du Travail.
Ce commerce devient ensuite un estaminet, géré successivement par Mme Ledocte dans les années 1940 et L. Grave dans les années 1950.
Dans les années 1960, le café se nomme : « Au Moniteur » Peut-être y avait il un rapport avec l’endroit tout proche place du Travail, où se déroulaient les épreuves pour passer le permis de conduire.
En 1964, le tenancier Kurt Gronow, qui demeure 121 rue Pierre de Roubaix, demande au bureau d’études Clément Dassonneville, à Menin, une modification complète de la façade de son établissement. Les travaux s’élèvent à 14.220 Frs. Dans les années 1970 1980 l’établissement change plusieurs fois de propriétaire. Les enseignes se succèdent également : La Serre et Le Rustique.
A la fin des années 1980, Jean Pierre Pirlet reprend l’établissement qui devient « l’Auberge de Beaumont ». Deux ans plus tard, en 1990, aidé par son chef de cuisine Alain Dequidt, il ajoute à ses deux menus existants de 75 Frs et 125 Frs, des plateaux de fruits de mer.
On peut déguster désormais, le plateau du mareyeur de 24 huîtres fines de claire d’Oléron pour 120 Frs, et le plateau de fruits de mer composé d’huîtres, langoustines, crevettes, bouquets, amandes et un tourteau, pour le prix de 150 Frs. Un arrivage quotidien des fruits de mer et crustacés assure une fraîcheur des produits inégalable. Jean Pierre Pirlet propose également la livraison de plateaux à domicile et la vente à emporter. Il fait aussi profiter sa clientèle de son expérience en matière de champagnes et de vins blancs.
En 1996, Frédéric Mégnien et son épouse Kira reprennent l’auberge de Beaumont. Ils arrêtent la vente de fruits de mer et se dirigent vers une cuisine plus traditionnelle, avec un accueil sympathique et convivial. Frédéric devient »Maître Restaurateur » ( titre honorifique délivré par l’Etat )
L’engagement de Frédéric : une cuisine réalisée sur place à partir de produits bruts, majoritairement frais, intégrant les circuits courts. Il cuisine des produits de saison, comme les asperges en Avril, le gibier et les champignons à l’automne…
Dans les années 2000, un incendie ravage le premier étage ; l’établissement reste alors fermé plusieurs mois pour travaux. En 2007, les époux Mégnien quittent l’auberge pour ouvrir un établissement à Lille puis à Villeneuve d’Ascq.
En 2008, l’auberge de Beaumont est reprise et devient : L’Expresso. Le nouveau gérant, Jean François Choquet propose désormais une cuisine italienne et française : restauration traditionnelle, vente de pizzas sur place ou à emporter.
Remerciements aux Archives Municipales.
Les tissus Hallynck
Dans les années 1920, le jeune Emile Hallynck entre dans la vie active. Il trouve un poste d’employé chez un négociant en tissus et draperies : J. Houzet au 18 et 20 rue de la Fosse aux Chênes. En plus de son activité, et pour compléter ses revenus, il vend des pièces de tissus dans différents commerces : forains, tailleurs, etc. Il parcourt à bicyclette les rues de la région pour laisser des coupons d’étoffe en dépôt chez ses clients.
Émile se marie avec Marthe, née Leclerc. Ils habitent au 196 rue de l’Hommelet. Émile a un sens inné du commerce et les affaires deviennent très rapidement florissantes. Il crée, avec son épouse, au début des années 1930, l’entreprise »Émile Hallynck-Leclerc ». Ce commerce de détail de tissus se trouve à son domicile. En 1938, ils déménagent au 198 bis de la même rue, pour un local plus spacieux. Émile et Marthe ont 5 enfants : Pierre, Jean, Marguerite, Marc et Michel. A l’adolescence, ceux-ci aident leurs parents à tenir le commerce.
Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent. Marthe et Émile souhaitent ouvrir un commerce dans le centre ville et trouvent, dans la rue du Vieil Abreuvoir, deux endroits complémentaires : au N° 8, un magasin de détail ( tissus, lainages et soieries ) pour Marthe et sa fille Marguerite. L’enseigne « A la Petite Jeannette » est gardée car très connue des roubaisiens. Au N° 28, un local qu’ Émile Hallynck transforme en commerce de draperies, gros et détail. Il crée ainsi, en 1949, la société »Hallynck et fils » avec ses enfants Pierre, Jean, et Marc. En 1951, son gendre Gilles Nuytten (le mari de Marguerite) rejoint l’équipe dirigeante. Michel, le cadet, s’oriente vers une brillante carrière musicale avec son épouse Jacqueline.
Dans les années 1950, la société Hallynck et fils couvre le marché des DOM-TOM par l’envoi massif d’échantillons. Le succès est immédiat, l’offre répondant à un besoin important, et les prix étant très attractifs. La société garde ce marché jusqu’à l’indépendance de ces territoires.
En 1962, Marthe Hallynck transfère son commerce de détail au 16 avenue Jean Lebas. Elle entretient de bonnes relations avec ses confrères du centre-ville : Pauchant et Segard. Ils publient régulièrement des publicités communes dans la presse locale.
La nouvelle société »Hallynck et fils » est très dynamique. Jean et son épouse Angèle, Gilles et Marc participent avec leur père à l’évolution de l’entreprise et développent la clientèle : artisans tailleurs, confectionneurs, créateurs de mode, commerçants en »mesure industrielle » pour la confection. Les tissus proviennent principalement des usines textiles de Roubaix et de ses environs : Louis Lepoutre, Auguste Lepoutre, César Pollet, Jean Deffrenne, Motte-Bossut, P et J Tiberghien, Prouvost-Bernard et bien d’autres. Toutes ces usines ont aujourd’hui disparu.
L’entreprise est ensuite transférée dans un local plus spacieux, au 15 de l’avenue Jean Lebas. Puis, dans les années 1970, le Crédit Lyonnais, situé au 17 de l’avenue souhaite prendre possession de ce local ; les tissus Hallynck et fils déménagent à nouveau pour le 29 de la même avenue. Cet immeuble, alors vide, avait longtemps été occupé par un confrère : les Ets Noblet, fabricant de draperies haut de gamme.
A ce jour, la famille Hallynck a développé son activité et la vente par correspondance, dans une ambiance familiale, avec un personnel attaché à l’entreprise, comme par exemple, Marie-Claude Berthe, entrée à l’âge de 14 ans et qui en est à sa 60° année de carrière ! Les relations avec les fournisseurs, clients et prestataires sont également privilégiées. Ainsi, si l’imprimerie Truffaut n’existe plus à ce jour, les relations très amicales avec Mr Truffaut existent toujours. La famille Hallynck, en plus de ses valeurs morales et relationnelles a eu une gestion rigoureuse et une capacité d’adaptation à l’évolution du marché.
Depuis de nombreuses années, tout en continuant de vendre de la draperie pour costumes et de beaux lainages, Jean, Angèle et leur fille Isabelle ont élargi les gammes de tissus en privilégiant toujours la qualité et le haut de gamme. Les tissus pour femmes, les soieries pour robes de mariées, tissus pour enfants, tissus d’ameublement, ont pris place dans les rayons et sont très appréciés par la clientèle.
Les tissus Hallynck, sous l’impulsion d’Isabelle (fille de Jean) dévouée depuis 35 ans à l’entreprise, continuent l’activité grâce à 90 années d’expérience et de passion, une très forte notoriété sur le marché et un choix important de tissus.
Remerciements à Jean et Isabelle Hallynck.
Les ressorts Delescluse
Albert Delescluse naît à Roubaix en 1890. Il entre en tant que coursier au Journal de Roubaix en 1905, puis devient maréchal-ferrant vers 1910. Après la première guerre mondiale, en 1919, il reprend l’affaire de son ancien patron Jules Hauguet, au 45 rue Newton.
Albert Delescluse se marie avec Marie Vandenbroucke, dont le père est également maréchal-ferrant. De cette union naît leur fille Odette en 1920. L’atelier dont dispose Albert est bien équipé pour produire les fers à cheval, bien sûr, mais également pour cercler les roues en bois, fabriquer des ressorts à lames, et des épures (cadres en bois montés sur les châssis des premiers véhicules automobiles).
Albert décroche de très gros marchés pour son activité de maréchalerie, comme La Lainière, puis il se spécialise rapidement dans la fabrication de ressorts pour toutes marques automobiles ainsi que pour les camions. Son entrepôt lui permet de stocker de nombreuses pièces pour satisfaire la demande de plus en plus importante. Albert est le seul fabricant de ressorts à Roubaix.
Face à son développement, à la fin des années 1920, son atelier de la rue Newton devient trop petit. Il fait l’acquisition du 17 bis boulevard de Beaurepaire, qui a l’avantage d’avoir un accès direct à son atelier de la rue Newton.
Les années suivantes, le développement devient très conséquent, et l’atelier du 17 bis est à son tour trop petit. Albert fait alors l’acquisition d’un terrain, en 1947, au 19 boulevard de Beaurepaire, et demande l’autorisation de construire un atelier. Il confie l’exécution des travaux ( la construction d’une nef ) à M Browaeys, de la rue Boucicaut, pour un montant de 350.000 Frs. Ce nouvel entrepôt lui permet de stationner les véhicules en attente de réparation, et de stocker ses pièces détachées. Le 19 du boulevard de Beaurepaire est séparé du 17 bis, par l’atelier de menuiserie de Désiré Lepers au 17 ter.
En 1945, Odette Delescluse, la fille d’Albert, se marie avec Albert-Hector Antoin. Ce dernier entre dans l’entreprise Delescluse en tant que forgeron. De leur union naît, en 1948, leur fils Albert-Ange Antoin. Pour trouver un logement à Odette et Albert-Hector Antoin, Albert Delescluse fait construire un appartement, en 1954, au dessus de l’atelier du 19. Il confie le dossier à l’architecte G. Verdonck avenue Jean Lebas.
A la fin des années 1950, les constructeurs automobiles réalisent d’énormes progrès techniques sur les nouveaux véhicules. Les ressorts à lames deviennent des amortisseurs télescopiques. L’entreprise Delescluse s’adapte et change de stratégie. Elle abandonne peu à peu la fabrication de ressorts et devient Centre Officiel des amortisseurs De Carbon. Albert-Hector Antoin diversifie alors son activité en distribuant des accessoires automobiles, comme des attelages de remorque, embrayages, échappements, transmissions, et, par la suite, des garnitures de freins.
Albert Delescluse décède en 1963, et son épouse l’année suivante. Albert-Hector Antoin et Odette continuent l’activité de l’entreprise. Le développement de la société à cette époque est important ; ils rachètent le 19 bis, en 1958, à Mme Vve A Pruy-Plateau et le 17 ter, en 1963, au menuisier D. Lepers.
La reprise de la menuiserie permet de refaire la façade du 17 bis et 17 ter. Au début des années 1970, leur fils Albert Ange Antoin a 22 ans. Il entre dans l’entreprise pour aider ses parents à l’atelier.
En 1979, Albert-Hector Antoin rachète l’épicerie-alimentation de Charly Lagaise, au 19 ter, rase le commerce, et construit une porte de 5,50m de hauteur, et large de près de 8m, pour faciliter l’entrée et la sortie des camions. La façade totale mesure désormais près de 40m de large. La superficie totale est d’environ 1400 m2.
Albert Antoin ( père et fils ) continuent de développer le commerce de pièces automobiles. En 1974, ils ajoutent une activité : la pose de tachymètres sur les Poids Lourds pour le contrôle de vitesse, et en 1976, l’installation de compteurs pour les chauffeurs de taxi. Les ressorts à lame que produisait Albert Delescluse ne se vendent plus : 75 tonnes de ressorts ont été mises à la ferraille. L’entreprise Delescluse gérée alors par Albert-Ange Antoin, en Septembre 1998, est la première entreprise du Nord à passer aux 35 heures pour le personnel, ce qui débouche sur une accélération, quant à sa croissance interne et externe. Au début des années 2000, Albert-Ange aligne les différentes parties de l’entreprise sur une longueur de 50m. La superficie totale de l’entreprise est alors de 1800 m2.
Au milieu des années 2000, l’entreprise Delescluse est rebaptisée DLC ( De.Les.Cluse ) pièces auto. Entre 2000 et 2003 Albert-Ange rachète 2 entreprises dans la région, puis 3 en région parisienne ; il les transforme sous la bannière DLC, ce qui permet de multiplier le chiffre d’affaire de façon très conséquente. En 2008, les parts sociales sont confiées au gérant Brice Pouill. Albert-Hector Antoin décède en 2016. L’entreprise est cédée en Décembre 2018 et l’enseigne devient « Auto Plus Roubaix ».
De la création, en 1919, jusque la cession, en 2018, les 3 générations ont connu ( pendant un siècle ) une énorme évolution : le fer à cheval, les ressorts à lames, les amortisseurs, et les accessoires auto. Il y a une cinquantaine d’années, existaient encore 44 grosses entreprises de distribution d’accessoires ; il n’en reste plus que 2 aujourd’hui. Les ventes se sont reportées sur des détaillants.
Remerciements à Albert-Ange Antoin, et aux Archives Municipales