Bardahl

En 1939, Ole Bardahl est ingénieur à Seattle aux Etats-Unis. Il met au point un lubrifiant révolutionnaire pour moteurs. Il fonde la « Bardahl Manufacturing Corporation » et optimise sa formule en la testant lors de compétitions automobiles . Le succès est immédiat. Le développement est extraordinaire : vingt ans suffiront pour que Bardahl devienne N° 1 des ventes aux USA.

Ole Bardahl ( document Sadaps Bardahl )
document collection privée

En 1953, Jean Leplat est directeur technique dans l’entreprise textile de son beau-père René Vandendriessche à Roubaix. Il propose à la société américaine de devenir le distributeur exclusif des produits Bardahl pour la France. Il crée la SADAPS Société Anonyme Des Additifs et des Produits Spécialisés et s’installe au 35 rue du Chemin de Fer. C’est une maison de particulier, mais qui comprend à l’arrière un grand local. L’ensemble s’étend sur 589 m2

le 35 rue du chemin de fer ( photo BT )
Plan cadastral

Jean Leplat est un homme de communication. En 1960 Bardahl participe au tour de France avec des moyens publicitaires ; un Tube H Citroên, une motocyclette et une 2 CV fourgonnette

document collection privée

En 1962, Jean Leplat crée le Bardahl-club des Flandres au café du Bardahl-club. Son but est de réunir les utilisateurs des deux roues pour leur proposer des conseils techniques, des réductions aux assurances, des abonnements gratuits à la revue Bardahl-miroir etc Ce club regroupe rapidement des personnalités roubaisiennes tels que Mrs Pachy, Herkenrath, Picavet et bien d’autres encore. Le Bardahl-club sponsorise le tour de France cyclotouriste en 1963. Jean Leplat communique également lors de manifestations locales sur la commune

Le bardahl club ( document Nord Eclair 1962 )
document collection privée

Dans ces années 1960, Jean Leplat commence à fabriquer les produits Bardahl à Roubaix à partir de produits concentrés importés des Etats-Unis. ( les additifs en futs de 215 litres sont déchargés manuellement des camions ). Le succès est immédiat. En 1970, le fils de Jean, Dominique Leplat reprend l’entreprise. Les locaux deviennent trop petits, Dominique décide donc de déménager l’entreprise au 27 Boulevard Leclerc.

vue aérienne de Bardahl 27 boulevard Leclerc ( document archives municipales )
plan cadastral

En 1979, Dominique Leplat sponsorise 3 motos Honda qui participent au 2° Paris Dakar, en leur fournissant tous les lubrifiants pour leur motos, pour cette course très difficile pour les pilotes, mais aussi pour les mécaniques.

document Nord Eclair 1979

En 1990 Un déplacement de l ‘entreprise devient nécessaire et indispensable, vu le développement et la progression de la société, ainsi que les problèmes de circulation au centre ville de Roubaix mais également les problèmes de stationnement pour les 40 membres du personnel.

Dominique Leplat, avec l’aide de la SIAR, ( Syndicat Intercommunal de l’Agglomération Roubaisienne ) déménage son entreprise à la Zone Industrielle de Roubaix Est ( à Leers, rue de la Papinerie ). L’entreprise était occupée auparavant par Gestetner. Les locaux ont dix ans d’existence et sont donc en bon état. Dominique fait construire un entrepôt de stockage sur place, juste à côté des bureaux.

Bardahl à Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1990 )
Bardahl à Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1990 )

Les produits Bardahl arrivent en citerne et sont stockés dans d’énormes cuves pour être ensuite conditionnés sur place : mise en bouteille, étiquetage, empaquetage. L’entreprise investit d’ailleurs sur une nouvelle machine de conditionnement des produits, qui va permettre de doubler la production.

L’année suivante, en 1991, Dominique Leplat et Evelyne Bardahl ( la fille d’Ole ) s’associent. La SADAPS Bardahl devient le producteur des produits pour toute l’Europe. Avec 60 commerciaux dont 5 en Allemagne et 5 en Belgique, Bardahl France exporte dans une grande partie des pays européens.

document Nord Eclair 1995

En 1995, Bardahl est certifié ISO 9001. Cette norme européenne de qualité accordée est encore un challenge pour Bardahl, spécialisé en lubrifiants et additifs pour carburants. C’est une grande satisfaction pour l’entreprise, annonce Dominique Leplat. Tout le personnel s’est impliqué pour obtenir ce label de qualité qui est un gage de sécurité pour nos clients mais également auprès de nos fournisseurs.

Certification ISO ( document Nord Eclair 1995 )
Intérieur entrepôt Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1995 )

La marque Bardahl reste toujours le marque de référence pour les particuliers, les professionnels de l’automobile et les sportifs de haut niveau.

document Nord Eclair 1995

Le 1 Aout 2003,faute de place et de possibilités d’expansion l’usine Bardahl de la Zone Industrielle de Roubaix-Est déménage. L’usine de production est transférée à Tournai en Belgique. Ce site industriel mondial est le centre névralgique de la relance durable et inclusive de la marque, qui veut sans cesse progresser grâce à son implication dans l’innovation et la transition écologique.

En 2016 Bardahl devient partenaire officiel de l’écurie Sébastien Loeb Racing

Sébastien Loeb ( document Sadaps Bardahl )

Dominique Leplat décède en 2018. Sa fille Sonia Callens-Leplat reprend sa succession dans l’entreprise Sadaps Bardahl.

Témoignage de Sonia Callens-Leplat : Nous sommes aujourd’hui une source de production et de distribution pour plus de 40 pays. Nous développons et produisons nos propres formules. Nous sommes aussi un des seuls pôles qui détient une activité à la fois dans l’automobile, la moto et le vélo, le bricolage, le jardin, le nautisme et l’industrie. Nous fournissons les plus grands constructeurs automobiles Citroën, Renault, Volkswagen, Peugeot etc 

document L’Argus

De nos jours, SADAPS Bardahl Additives and lubricants , l’usine de production est toujours implantée à Tournai. Les bureaux de la maison mère Sadaps-Bardahl CORPORATION sont implantés à Marcq en Baroeul .

L’entreprise Bardahl France, créée en 1953 rue du chemin de fer est restée roubaisienne pendant 50 années.

document Sadaps Bardahl

Remerciements à Sonia Callens-Leplat ainsi qu’aux archives municipales.

ANTVERPIA ( suite )

Quand Emile Rosez décède prématurément en 1933 à l’âge de 70 ans, son épouse Julie et leur fils Elie restent dans l’immeuble de la rue Foch. Les bureaux restent au rez-de-chaussée et l’habitation est conservée aux étages supérieurs.

Le fils aîné, Octave, prend la Direction Générale de ANTVERPIA France Algérie, secondé par ses frères dans l’entreprise, prenant chacun des responsabilités dans les branches d’assurances : Abel s’occupe des contrats Incendie, André des contrats Assurance Vie et des rachats de contrats, ainsi que de l’accueil de la clientèle. Nestor gère l’administration et devient chef du personnel.

La plupart d’entre eux choisissent de résider dans des lieux différents, au 31, 31bis, 33 rue du Trichon, rue d’Inkerman et rue de l’Industrie, mais toujours à Roubaix.

document 1956 ( document collection privée )

En 1952, Julie Rosez décède dans ses appartements au siège rue Foch.. Octave Rosez souhaite alors transformer les étages supérieurs, et demande un permis de construire. L’architecte Leman 9 rue Daubenton est choisi pour réaliser les travaux. Au 1er étage on trouve le bureau du Directeur Octave et le service Incendie. Au 2ème étage l’appartement privé de Julie est transformé en bureaux et salles de réunion.

Bernard Fegueur entre dans l’entreprise en 1962 pour prendre la Direction France en prévision du remplacement prochain d’Octave Rosez prenant sa retraite.

buvard années 1960 ( document collection privée )

Chaque année, la direction organise une Assemblée Générale où tout le personnel est convié, et, en raison des résultats très satisfaisants, ANTVERPIA France est une des premières entreprises à proposer une participation aux bénéfices pour le personnel.

Témoignage de Charlyne, qui a débuté sa carrière à 16 ans, sous la bienveillance de André Rosez, comme assistante, puis secrétaire de Direction : « C’était une grande époque en effet, les patrons étaient très souvent proches de leurs employés, ils s’occupaient de la famille de ceux-ci en cas de difficultés passagères, et tout le monde oeuvrait pour la grandeur de l’entreprise. Il y avait de la reconnaissance en retour… »

le château Antverpia à Sint-Mariaburg à l’époque et de nos jours ( document T. Rosez et Google Maps )
Départ en bus pour Sint-Mariaburg en 1966 ( document T. Rosez )

Témoignage de Tanguy Rosez, arrière-petit-fils de Emile Rosez et petit-fils de André Rosez : « Je suis né et j’ai grandi avec Antverpia »

L’aventure familiale a duré 100 ans. En 1885, mon arrière grand-père Emile Rosez commence sa carrière dans les assurances Antverpia. En 1985 mon grand-père André Rosez à 82 ans, lâche définitivement prise, et Bernard Fegueur cesse son activité pour raisons de santé.

ANTVERPIA coule dans mes veines !

Je me souviens que petit, mon grand-père André Rosez me racontait souvent ses réunions, ses banquets lorsqu’il partait à Sint-Mariaburg, banlieue d’Anvers proche des quais portuaires, où s’érigeait le grand château, siège de la compagnie belge !

L’époque était fastueuse, le travail et le respect de chacun était mot d’ordre ! Mais on savait aussi gratifier les employés et les bons résultats comme il se devait ! … 

André Rosez décoré par son frère Octave Rosez ( document T. Rosez )

Avec le départ en retraite de Octave le fils aîné, chacun des frères Rosez va à son tour prendre la sienne entre 1965 et 1970.

André Rosez sera le dernier à partir en 1973 à l’âge de 70 ans et continuera à garder un œil bienveillant sur l’entreprise familiale, participant aux différentes réunions et banquets jusqu’au départ de son Directeur Bernard Fegeur. Il décède 20 ans plus tard, en 1993, à l’âge de 90 ans, alors dernier survivant de cette grande fratrie.

Publicité fin des années 1960 ( document collection privée )

Bernard Fegueur qui a pris la Direction vers 1965, devenu malade, démissionne en 1985.

C’est alors que repris par de jeunes affairistes au tempérament « moderne et ambitieux », ANTVERPIA France à Roubaix est métamorphosé en quelques années.

Document 1990 ( document collection privée )

Les nouveaux responsables d’Antverpia décident de céder l’immeuble du 4 rue Foch. Ils investissent alors dans différents immeubles et en particulier au 84 et au 2 boulevard Leclerc dont les « Paraboles »

Le 84 boulevard Leclerc ( document Google Maps )

S’ensuivent immédiatement et durant plusieurs années, investissements douteux, malversations et prises illégales d’intérêt de la part des nouveaux dirigeants… Les affaires partent aux tribunaux, et ANTVERPIA France s’éteint définitivement dans la douleur et le déshonneur, le 12 juin 2010.

La Compagnie d’Assurances ANTVERPIA France, fondée par le courage visionnaire d’un homme, Emile Rosez puis ses enfants, restera l’aventure d’un siècle prospère, et l’aventure d’une grande famille de Roubaix, unie et soudée, toujours proche de ses collaborateurs et de sa clientèle.

Tous les roubaisiens du vingtième siècle se souviennent des Assurances ANTVERPIA, de la famille Rosez, et de leur présence dans notre ville.

« L’assurance ne semble chère, que si l’on a la chance de ne point devoir y recourir un jour » Emile ROSEZ.

Remerciement à Tanguy Rosez et à Charlyne Dilullo, ainsi qu’aux archives municipales.

Les Derasse : tailleurs de père en fils.

Ferdinand Derasse est né en 1881.Il est propriétaire d’un magasin à Tournai : « La vierge Noire », célèbre commerce de vêtements, draperies, lainages et soieries.

La vierge noire ( document famille Derasse )

Au début des années 1900, il se rend à Roubaix pour rejoindre son frère Amédée, arrivé en 1898. Il s’installe à son compte en tant que maître tailleur au 243 rue Decrême.

le 243 rue Decreme de nos jours ( photo BT )
Ferdinand Derasse ( document famille Derasse )
document famille Derasse

Ferdinand se marie et a trois enfants : Clémence née en 1913, Fernand né en 1914 et Albert né en 1927

Clémence se marie avec Jules Leclerc qui est tailleur sur la Grand Place de Reims. Albert se dirige vers une carrière en banque. Fernand travaille avec son père, devient apprenti et s’installe ensuite également à son compte, au 26 rue de Beaurewaert.

Au rez de chaussée de cette immense maison, se trouvent l’habitation et un salon de réception pour que les clients puissent essayer leur costume sur mesure. Les chambres sont à l’étage. L’atelier très vaste, se trouve au fond de la cour, dans lequel on trouve les tables de travail mais également 5 à 6 machines à coudre professionnelles. Fernand embauche trois ouvriers, et fait travailler des personnes à l’extérieur à domicile, pour des travaux de couture sur des pantalons.

Fernand Derasse est particulièrement doué pour la création de costumes pour hommes. Pendant la période d’après guerre, les usines textiles sont à l’arrêt, les tissus sont rares et les roubaisiens ont peu d’argent. Fernand est ingénieux : il est le premier tailleur à récupérer des costumes usagés pour les retourner sur l’envers et leur donner une seconde vie.

Comme son père, Fernand est passionné par son travail. Il crée des costumes, des modèles sur patrons. Sa quantité de travail ne l’empêche cependant pas de se distraire, en effet Fernand a la réputation d’être un bon vivant.

Publicité 1974 ( document Nord Eclair )

Dans les années 1960, une partie de la rue de Beaurewaert ( qui fait partie du quartier des Longues Haies ) est rasée. Fernand, exproprié, décide donc de s’installer un peu plus loin au 151 de la rue Jules Guesde à deux pas de la rue de Saint Amand.

le 151 rue Jules Guesde de nos jours ( photo BT )

Fernand a trois enfants : Francis, Michel et Bernard. Francis s’installe artisan-tailleur à Mouscron, Michel devient directeur chez Mr De Fursac et installe des unités de production. Bernard, quant à lui, devient comédien à la Comédie Française et effectue de nombreux voyages en particulier au Canada.

Fernand Derasse cesse son activité dans les années 1980 – Ci-dessus, photo des années 1990 ( document famille Derasse )

Malheureusement, comme de nombreuses professions, les tailleurs disparaissent peu à peu suite au développement des magasins de prêt-à-porter. D’après le Ravet Anceau, on dénombre 189 artisans-tailleur en 1928 à Roubaix. Ils ne sont plus que 54 en 1968, et ont pratiquement tous disparu à ce jour.

Remerciements à Bernard et Christine Derasse

ANTVERPIA

Emile Rosez naît à Langemarck en Belgique Flamande le 18 février 1862. Après de brillantes études, il devient d’abord courtier en assurances à Gand puis ses bons résultats l’amènent rapidement à devenir agent général pour les Assurances Vie & Incendie ANTVERPIA, grande compagnie d’assurance en Belgique fondée vers la fin du XVIII siècle à Anvers par Charles Jean Michel de Wolf (1747-1806), et longtemps dirigée au XIX siècle par le Baron Pierre Joseph de Caters (1769-1861) à Anvers.

Parfaitement bilingue, ambitieux et visionnaire, Emile Rosez désire soumettre en 1890 à la Direction de ANTVERPIA basée à Sint Mariaburg en banlieue d’Anvers, son projet de conquérir une ville francophone prospère et en pleine expansion économique grâce au textile, celle qui fût en 1900 la ville la plus riche de France, Roubaix !

Le projet accepté, validé et financé par la Direction Flamande de ANTVERPIA, il se mit en quête d’une jolie petite demeure Roubaisienne, proche du Centre-Ville et de la Mairie, en plein coeur du quartier abritant les plus grandes et illustres familles roubaisiennes afin de signer les plus beaux contrats d’assurances.
Ce sera le Trichon, avec ses fameuses rue et place du même nom, abritant les halles et son Marché aux poissons aujourd’hui disparu.

Publicité 1901 ( document Gallica )

C’est en fin d’année 1893 qu’il emménage à Roubaix, avec sa femme Julie née Cardoen, et leur petite fille Martha âgée d’à peine 6 mois, au 18 rue des Fleurs, aujourd’hui rebaptisée rue Rémy Cogghe.

Le 18 rue des fleurs en 1904 ( document collection privée )

Emile Rosez commence à prospecter les entreprises textiles de la région de Roubaix et Tourcoing, et signe rapidement de nombreux contrats pour la Compagnie d’Assurances ANTVERPIA.

Emile Rosez ( document T. Rosez )

Sa famille s’agrandit d’un premier fils Octave en 1895 et huit autres naissances suivront jusqu’en 1906 : sa famille devient nombreuse. Les affaires sont florissantes et il faut absolument embaucher du personnel supplémentaire. La Direction d’ ANTVERPIA Belgique lui donne carte blanche et il investit alors dans une vaste demeure pour y déménager sa famille et ses bureaux en 1907, au 31 rue du Trichon. Il est alors nommé Directeur Général pour la France.

Antverpia au 31 rue du Trichon en 1914 ( document collection privée )

Fort de sa notoriété, récompensé de ses efforts, et alors que ses agents et inspecteurs travaillent sur la région, il décide de s’attaquer à un autre marché : l’Algérie ! Etat sous gérance française, ce pays est alors investi par les entrepreneurs et industries de la France, pour y bâtir toutes les infrastructures modernes du XX siècle ! Réseaux routiers, gaz électricité, usines et bâtiments, il faut absolument que nos compatriotes, travailleurs et investisseurs français expatriés puissent y trouver des assurances !

Il s’y engage de toute sa volonté, crée un réseau au-delà de la Méditerranée, puis est nommé Directeur Général pour la France et l’Algérie.

Antverpia au 31 et 33 rue du Trichon ( document collection privée )

Les affaires et le nombres d’employés grandissant, le manque de place se faisant déjà cruellement sentir, il investit la maison voisine au 33 rue du Trichon peu de temps plus tard.

L’immeuble de la rue du Trichon de nos jours ( Photo BT )

Le développement s’accentue chaque année. Sa grande famille est forte de 9 enfants dont 5 garçons ( Martha, Octave, Nestor, Blanche, Abel, Elie, André, Agnès, Jenny ) nés entre 1895 et 1906, qui deviennent adolescents autour de l’année 1915. Les employés sont également de plus en plus nombreux, il est absolument nécessaire de trouver d’autres locaux beaucoup plus vastes et prestigieux, d’autant que l’image de ANTVERPIA, grâce à Emile Rosez, entretient une réputation internationale.

La façade du 4 rue du Maréchal Foch ( document collection privée )

L’occasion se présente en 1928, lorsque l’Hôtel Particulier du 4 rue Neuve (aujourd’hui rue du Maréchal Foch) qui abritait la Banque du Rhin se libère. Cette immense bâtisse de 290 M2 au sol et sur 4 étages, était autrefois la propriété de Mme Vve Masure-Wattine.

Une partie de la famille avec les enfants les plus jeunes, ainsi que les bureaux y déménagent définitivement après quelques travaux d’aménagement en 1931 : logement de la Direction aux étages, construction d’une salle d’archives, d’un garage automobile, d’une buanderie et transformation de la loge du concierge avec création d’un étage.

Emile Rosez dans son bureau et photo de la cheminée qui existe encore de nos jours ( document et photo T. Rosez )

Déjà majeurs ou en couple, d’autres enfants restent au 31 rue du Trichon, devenu 31 et 31 bis séparant l’habitation d’un bureau-domicile loué à Mr Robyn, pour quelques années, lequel est assureur indépendant pour le compte de la compagnie d’assurances ANTVERPIA France.

Les cinq garçons du couple fondateur : Octave, Nestor, André, Elie et Abel travaillent avec leur père Emile Rosez.

Octave, André, Elie et Abel travaillent au siège de la rue du Maréchal Foch. Nestor reste assureur au 33 rue du Trichon.

À suivre . . .

Remerciement à Tanguy Rosez, et à Charlyne Dilullo, ainsi qu’aux archives municipales.

La boucherie Dekimpe ( suite )

La boucherie Dekimpe produit une charcuterie d’excellente qualité, les jambons bien sûr, mais surtout le saucisson fumé à l’ail, haché finement, qui devient leur produit phare. De nombreux clients viennent de très loin ( et même de Belgique ) pour leur en acheter. Ils arrivent à exporter leurs spécialités sous vide, à l’étranger.

Alain et Jean-Pierre installent le nouveau laboratoire ( document famille Dekimpe )

Au milieu des années 1970, la famille Dekimpe investit à nouveau en remettant aux nouvelles normes le laboratoire et en installant un nouveau comptoir réfrigéré près de la chambre froide, ainsi que des meubles à surgelés Findus et un présentoir pour les conserves HAK.

Le nouveau comptoir réfrigéré ( document famille Dekimpe )

Tous les membres de la famille ne comptent pas leurs heures. Le commerce demande beaucoup de travail, pour découper les morceaux de viande, fabriquer les saucissons, les jambons etc. Ils se lèvent très tôt, car le magasin ouvre à 8 h et ferme bien souvent après 20 h. Le commerce est ouvert 6,5 jours par semaine.

Ainsi, différentes étapes sont nécessaires pour savourer un délicieux jambon Dekimpe : saler, fumer, désosser, ficeler, mettre en moule et cuire.

Le jambon ( document famille Dekimpe )

Toujours à l’affût d’idées publicitaires inédites, ils proposent des opérations originales, au fil des années. Dans les années 1970 à Pâques, ils offrent un poussin pour tout achat d’un gigot d’agneau, ce qui fait le bonheur des enfants.

Dans les années 1980, c’est l’époque des pin’s et des magnets. Dans les années 1990, avec les commerçants Leersois, ils proposent à leurs clients de tester leur chance avec le robot Télélot. Puis c’est une carte de fidélité qui est créée dans les années 2000, pour faire bénéficier les clients d’une remise de 5 € par tranche d’achat.

Objets publicitaires ( document famille Dekimpe )

En 1986, les Télécom proposent aux commerçants de remplacer leur numéro de téléphone par un numéro que les clients retiennent facilement. Ils proposent à Jean-Pierre Dekimpe le numéro 75.50.50 facile à retenir ! Et les ennuis commencent, car le 74.50.50 c’est le poste des renseignements SNCF ! Et chacun peut faire une erreur en tapant sur un clavier, si bien que notre ami Jean-Pierre sature rapidement. Enfin tout rentre dans l’ordre, il retrouve son ancien numéro, et cela lui permet de faire un peu de publicité en communiquant l’anecdote dans la presse locale.

La vendeuse Martine, Andrée et Jean-Pierre ( document Nord Eclair )

En 1992 la famille Dekimpe crée le friand en forme de moulin, afin de célébrer la restauration complète du Moulin de Leers.

le friand ( document famille Dekimpe )
la façade dans les années 1990
Publicité 1994 ( document Nord Eclair )

Les fabrications de fin d’année telles que la galantine, le cochon de lait, le boudin blanc deviennent également des incontournables de la maison Dekimpe.

Une préparation minutieuse est nécessaire pour produire un cochon de lait : désosser délicatement le cochon pour ne pas percer la peau, laisser la tête et les pattes, farcir et refermer, emmailloter dans un linge avec bandelettes, cuire toute une nuit et enfin glacer le cochon pour lui donner un aspect appétissant.

Jean-Pierre, Alain et Francis préparent le cochon de lait ( document famille Dekimpe )
Le cochon de lait « Je suis délicieux de la tête à la queue » ( document famille Dekimpe )

A la fin des années 1990, la famille Dekimpe investit une nouvelle fois dans un nouveau comptoir réfrigéré.

document famille Dekimpe

En 2000, la modernisation du laboratoire devient à nouveau obligatoire, pour respecter les nouvelles normes sanitaires.

Façade décorée pour le passage à l’an 2000 ( document famille Dekimpe )

Jean Pierre prend sa retraite le premier en 2003 puis Andrée, Alain et Francis quelques temps après. Aucun de leurs enfants ne souhaite prendre la relève. Le magasin ferme donc le 30 Septembre 2008. Le plus jeune fils Francis reprend la boucherie chevaline 8 rue Gambetta à Leers en 2014 et prend sa retraite en 2021. Pendant 55 années, les deux générations de la famille Dekimpe ont marqué remarquablement le commerce Leersois.

Noël 2007 ( document famille Dekimpe )
Noël 2007 ( document famille Dekimpe )

Le N° 1 de la rue Jean Jaurès est reprise par la pharmacie Dolicque en 2010 et le N° 3 devient une friterie à l’enseigne « La Patatine ».

photo BT 2020

Remerciements à tous les membres de la famille Dekimpe

.

Droguerie Bernard Joseph

Armand Joseph et son épouse Palmyre née Vandystadt ouvrent, au début des années 1900, une épicerie-droguerie au 47 rue d’Antoing dans le quartier du Pile à Roubaix.

Armand est mobilisé en 1914. Il part sur le front, et ne reviendra malheureusement pas. Palmyre, sa veuve continue alors seule, l’activité et se spécialise exclusivement dans le commerce de droguerie. Elle développe fortement l’activité de sa petite boutique, les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

le 47 rue d’Antoing de nos jours ( document Google Maps )

Leur fils Victor Joseph, né en 1911, est artisan peintre. Il épouse Marie-Thérèse en 1946. Victor continue son activité d’artisan. Le couple habite sur place, rue d’Antoing.

Victor et Marie-Thérèse souhaitent ouvrir leur commerce. L’occasion se présente en 1956 : ils décident de reprendre le magasin de droguerie du 279 rue de Lannoy à l’angle du boulevard de Mulhouse. Ce commerce était autrefois une herboristerie créée par Louis Dours et transformée à son décès par son épouse en droguerie dans les années 1950.

plan cadastral
Palmyre et sa belle fille Marie-Thérèse dans le magasin de la rue de Lannoy ( document B. Joseph )
Marie-Thérèse Joseph ( document B. Joseph )

La surface importante de 102 m2 leur permet de développer leurs gammes de produits et en particulier de peintures. Victor et Marie-Thérèse deviennent les plus importants vendeurs de la ville grâce à leurs précieux conseils à la clientèle.

le magasin rue de Lannoy ( document archives municipales )
publicité Nord Eclair

Victor décède en 1961 à l’âge de 50 ans. Marie Thérèse continue seule l’activité.

Alain, le fils cadet, s’oriente plutôt vers la mécanique et reprend le garage de son ancien patron Mr Lemay, sur le boulevard Gambetta. Bernard, le fils aîné, né en 1947, après ses études de comptabilité et un premier emploi chez les assurances Verspieren, reprend la succession et continue de développer le commerce en 1972 avec son épouse Marie-Joële.

Bernard retape entièrement les deux étages supérieurs du bâtiment, pour pouvoir y loger avec son épouse et leurs deux enfants.

Il devient un des premiers dépositaire de la région, pour la fabrication de « peinture à la demande » avec l’installation de la machine à teinter, de la marque Valentine.

Bernard et Marie-Joële devant la machine à teinter ( document B. Joseph )

Bernard et Marie-Joële proposent à leur clientèle des marques réputées en peinture comme Avi, DeKeyn, Renaulac, Théodore Lefebvre, en droguerie comme la cire Starwax, en papier peints Décofrance, Vénilia, Leroy, et également en marques de revêtements de sol : Balatum, Gerflor

Intérieur du magasin ( document B. Joseph )

La concurrence est vive dans la ville, mais ils entretiennent d’excellentes relations cordiales avec leurs confrères roubaisiens : la droguerie Crombé et la droguerie Debril entre autres.

Dans les années 1980-1990 ils proposent différents services complémentaires : le service clé-minute avec un matériel professionnel de reproduction de clés, l’affûtage de couteaux et ciseaux, le dépannage en serrurerie, la vente de lampes berger etc

document collection privée

Bernard Joseph est commercialement très dynamique. Il communique énormément par de la publicité dans la presse locale, est régulièrement présent lors de salons des artisans commerçants, n’hésite pas à se transformer en père Noël pour offrir des bonbons aux enfants à l’entrée du magasin et organise des concours de dessin pour les enfants du quartier avec remises de cadeaux aux créateurs des plus belles œuvres.

Bernard Joseph au salon des commerçants ( document B. Joseph )
Le père Noël rue de Lannoy ( document B. Joseph )

Bernard continue sa formation professionnelle en assistant à de nombreux stages de perfectionnement organisés par leurs fournisseurs de droguerie. En 1989 Bernard est accepté à la confrérie Saint Luc de la droguerie, et en 1995, grâce à leur professionnalisme, les époux Joseph reçoivent un Mercure d’Or décerné par la chambre de commerce et l’union des commerçants de la rue de Lannoy.

document B. Joseph

Bernard prend sa retraite en 2009 à l’âge de 61 ans. Aucun des deux enfants ne souhaite reprendre le commerce. Le bâtiment est cédé à Eric Le Goff, infirmier libéral, qui le transforme, après quelques travaux de transformation en 2014, en cabinet paramédical composé de 4 infirmiers et de 2 orthophonistes.

Le magasin en 2008 ( document Google Maps )
Le magasin en 2023 ( photo BT )

Pendant près de 110 années, 3 générations Joseph se sont succédées dans le domaine de la droguerie roubaisienne.

Remerciements à Bernard Joseph ainsi qu’aux archives municipales.

L’îlot de la Halle

Depuis des décennies, les emplacements de la rue de la Halle ont toujours été occupés par des estaminets ou des grossistes en fruits et légumes. En 1968, sur 14 maisons, on dénombre 11 grossistes et semi-grossistes en fruits légumes et 3 cafés.

Citons entre autres, quelques entreprises de l’époque : Seynave, Mathis, Divol, Florin, VandenBroeke, Valcke, VanMoer, Prevost, Tack-Boutten-Kuhn, Ferreira.

la rue de la Halle ( documents archives municipales )

Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles pour cette activité de gros, en plein centre ville :

– La rue de la Halle est toujours très animée aux premières heures du jour et donc très bruyante

– Les problèmes de stationnement sont récurrents

– Le manque de place se fait cruellement sentir pour le stockage

– Les chariots élévateurs ont beaucoup de difficultés à manoeuvrer pour charger et décharger les camions

De ce fait, la concurrence du nouveau marché de gros de Lomme est d’autant plus vive, car certes, il est plus éloigné mais beaucoup plus facile d’accès et donc plus pratique pour les commerçants.

La ville souhaite effectuer une opération d’aménagement et de restructuration de cette partie du centre ville en Mars 1980 : rajeunir le triangle se trouvant en face de la Poste, et délimité par les rues de la Halle, Pierre Motte et par le boulevard Leclerc à savoir « l’Ilot de la Halle ».

le café de la Poste et la rue de la Halle ( document archives municipales )

Du côté du boulevard Leclerc, la Banque Populaire du Nord s’est déjà implantée à la place du café « La Rotonde ». Des bureaux sont programmés pour remplacer l’ancienne carrosserie « Van Den Hende ».

Pour la rue de la Halle, ce n’est pas une réhabilitation qui est envisagée mais un véritable curetage pour faire oublier les dents creuses correspondant aux anciens magasins de grossistes en fruits légumes, primeurs, beurre, œufs et fromages.

En 1982, les grossistes quittent la rue pour le Marché d’intérêt local du Pile rue de Valenciennes ( voir sur notre site un précédent article intitulé « Le Marché des Halles s’en va au Pile »)

document Nord Eclair 1982

Le projet initial prévoit la démolition de 22 immeubles sur les 3 rues, soit au total une superficie de 4983 m2. Sont concernés : les n° 5 au 29 rue de la Halle, les n° 10 et 12 rue Pierre Motte, et les n° 35 à 43 du boulevard Leclerc

document archives municipales

Finalement, la démolition ne concernera que la rue de la Halle et le n° 41 du boulevard Leclerc ainsi que le café de la Poste. Sur les plans ci-dessous on peut constater en effet que les 2 immeubles de gauche (grisés sur le 1er plan) ont été conservés.

document archives municipales

65 logements, bureaux et commerces sont construits par la Société d’HLM : « Le nouveau logis », pour un budget de 48 millions de francs. L’hôtel Ibis est construit à l’emplacement du café de la Poste. Les travaux s’étalent sur une durée de deux ans en 1987 et 1988.

Les travaux pendant la construction ( documents b.n.r Daniel Labbé )

 

Après l’achèvement des travaux en 1989 ( documents b.n.r Daniel Labbé )

Remerciements aux archives municipales.

La boucherie Dekimpe

André Dekimpe est né en Belgique en 1909. Au début des années 1920, il devient apprenti boucher, formé par son frère Aurèle Callens dans une boucherie située Grand Place à Wattrelos puis un commerce de la rue du Collège à Roubaix. André termine son apprentissage dans un établissement à Lille et s’occupe ensuite de l’entreprise de salaisons créée par son frère Aurèle à Lys lez Lannoy.

André et Yvonne Dekimpe ( document famille Dekimpe )

André décide de s’installer à son compte au dernier trimestre de 1953. Il arrive à Leers avec son épouse Yvonne et 4 de leurs enfants, Claude, Andrée, Jean-Pierre et Alain ( la fille aînée Jeanine, mariée récemment a déjà quitté le foyer familial ) Ils reprennent le commerce de boucherie-charcuterie d’Aimé Cnudde sur la grande place de Leers, plus précisément au 1 rue Jean Jaurès, à l’angle de la rue du général De Gaulle. André et Yvonne auront un 6° enfant, Francis, quelques temps après.

plan cadastral
la boucherie Cnudde ( document famille Dekimpe )

Le bâtiment doit dater des années 1820, c’était auparavant l’estaminet de la famille Meurisse. Un superbe balcon en fer forgé d’époque, existe toujours à la fenêtre du 1° étage. Le magasin est assez étroit, mais le bâtiment est grand et s’étale sur une surface de 210 m2.

Plan de la maison ( document famille Dekimpe )
André Dekimpe devant son billot ( document famille Dekimpe )

Dans les années 1960, Claude Dekimpe, le fils le plus âgé reprend un commerce de boucherie situé au 25 rue Joseph Leroy à Leers, et ce, pendant plusieurs années. Jean-Pierre, Alain et Francis, après un CAP de boucherie à Tourcoing, deviennent apprentis puis commerçants. Andrée s’occupe de la vente de produits à la clientèle, avec son frère Jean-Pierre. Puis les trois garçons se marient et quittent le domicile parental, pour vivre avec leurs épouses respectives. Seule Andrée reste vivre dans la maison familiale.

Yvonne Dekimpe et son fils Claude ( document famille Dekimpe )

En 1963, ils décident de moderniser le magasin : chambre froide et vitrine extérieure agrandie et modernisée. En 1965, ils démolissent un mur pour créer un nouveau laboratoire conforme aux normes sanitaires obligatoires.

la nouvelle vitrine élargie ( document famille Dekimpe )

Les affaires fonctionnent très bien, grâce à l’expérience et au sérieux d’André Dekimpe et de son épouse. En 1965, ils ont l’occasion d’acheter l’immeuble qu’ils louaient jusqu’à présent, ainsi que le commerce voisin au n° 3 de la rue Jean Jaurès, qui était occupé par un salon de coiffure. Ce petit local leur permet de stocker du matériel, et de décorer de superbes vitrines réalisées par Andrée, pour les grandes occasions : Pâques, Noël, etc

Le 1 et 3 rue Jean Jaurès ( document famille Dekimpe )

Andrée est spécialisée dans la préparation et la présentation de la charcuterie, elle est également une artiste douée dans l’art décoratif. A l’époque de Noël, elle se consacre avec une merveilleuse inspiration et une patience exemplaire, à la reproduction d’un édifice ou d’un monument. Elle crée l’église de Leers en saindoux et l’installe dans sa vitrine pour les fêtes de fin d’année 1966.

l’église de Leers en saindoux, devant le cochon de lait ( document famille Dekimpe )

En 1967, Andrée jette son dévolu, sur le château d’ Azay le Rideau qu’elle réussit à merveille en saindoux. Elle reçoit de très vives félicitations et le journaliste de Nord-Eclair ne manque pas l’occasion d’en faire l’éloge, même s’il commet une erreur sur le nom du château.

le château d’Azay le Rideau en saindoux ( document Nord Eclair )

La famille Dekimpe a l’occasion de louer un petit local à deux pas, en 1970, au 9 de la rue du général De Gaulle qui était auparavant la boucherie Verriest. Ce magasin n’ouvre que le lundi, puisque c’est le jour de fermeture hebdomadaire du magasin principal. Cela leur permet de satisfaire la clientèle 7 jours sur 7.

le magasin au 9 rue Charles De Gaulle ( document famille Dekimpe )
sac publicitaire avec les deux adresses ( document famille Dekimpe )

André Dekimpe décède en 1972 : Jean-Pierre, Andrée, Alain et Francis continuent l’activité du commerce. Il n’est pas toujours très facile de travailler en famille, mais l’ambiance est bonne entre les 3 frères et leur sœur : les garçons au laboratoire et Andrée aidée d’une vendeuse au magasin pour servir la clientèle.

à suivre . . .

Remerciements à tous les membres de la famille Dekimpe

Le blockhaus de la rue de Cartigny

Un blockhaus se trouve à hauteur du N° 130 de la rue de Cartigny à Roubaix , entre le cimetière et la rue d’Alger, curieusement posé, comme en équilibre sur le mur.

le blockhaus rue de Cartigny ( document BNR Daniel Labbé 1982 )

Il a été construit par les allemands au début de la seconde guerre mondiale. Les sentinelles étaient chargées de surveiller la rue, les soldats étaient équipés de mitrailleuses. Nul doute que cette casemate protégeait un lieu sensible derrière le mur, certainement un dépôt de munitions, ou le garage de véhicules militaires ou bien un atelier de réparation du matériel de défense anti-aérienne de la Luftwaffe. C’est l’une des rares constructions de la guerre 39-45 à Roubaix.

document archives municipales

En 2001, l’état du mur qui supporte le blockhaus n’est pas brillant, il y a des risques pour les piétons, et la mairie envisage de le détruire purement et simplement.

Une association est créée dont le but est de sauvegarder le blockhaus, vestige de la guerre et qui, de plus, fait partie du paysage du cimetière.

document Nord Eclair 2001

Au mois de Juin 2001, Thierry Delattre, conservateur du patrimoine de la ville, Jean-Louis Denis, membre de l’association Espace du Souvenir, Evelyne Delannay, conservateur du cimetière, Pierre Leman, membre de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) se réunissent sur place avec le propriétaire des lieux José Baptista.

document Nord Eclair 2001

L’accès au blockhaus se fait par un bâtiment industriel désaffecté. Une échelle de fer rustique et vacillante mène à la plate-forme de l’ouvrage. La construction est faite de plaques de béton. Des meurtrières offrent une vision rare des deux côtés de la rue et du cimetière.

document Nord Eclair 2001

Il faut absolument que le site soit classé au titre du patrimoine. On envisage même de le faire visiter par les roubaisiens, pour les prochaines journées du patrimoine du mois de Septembre. Certes, quelques travaux sont nécessaires : remplacer l’échelle, nettoyer l’accès, poser une porte et surtout consolider le mur du soutien…

Malheureusement deux années plus tard, la mairie décide de raser le blockhaus ! La demande de permis de démolir signée par J.F. Boudailliez le 30 Août 2003, est acceptée en Septembre pour risque de « péril ». On imagine donc que les commissions de sécurité ont estimé que le mur de soutien sur lequel est posée la casemate est trop fragile, et qu’il y a donc un risque grave d’effondrement sur le trottoir et la chaussée. Le blockhaus est démoli en fin d’année 2003.

la flèche rouge indique l’endroit où se trouvait le blockhaus ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Une grande couturière

Hélène Lobel naît à la fin des années 1890 à Roubaix. C’est une artiste qui se passionne pour les arts, chante et fait du théâtre. C’est également une artiste sur un plan professionnel puisqu’elle est une couturière talentueuse.

le 127 rue de Charleroi de nos jours ( photo BT )

Hélène et son mari Christian font l’acquisition d’une maison spacieuse au 127 rue de Charleroi. Elle y installe son atelier de couture à l’étage côté jardin, la chambre d’Hélène et de Christian se trouve côté rue et celles des deux enfants Jacques et Claudie, sont au 2° étage.

L’atelier de couture est une grande salle, ce qui lui permet de créer 4 à 5 postes de travail pour ses couturières. On y trouve 2 machines à coudre, une table de travail pour la couture, une pour le repassage, et une pour les fournitures avec d’innombrables bobines de fil. Les essayages des clientes se fait dans le salon, au rez de chaussée.

L’expérience et le talent d’Hélène, lui ont permis d’acquérir une solide clientèle bourgeoise, et en particulier les épouses des grands industriels textiles roubaisiens. La meilleure publicité étant le bouche à oreille, toutes ces femmes élégantes et distinguées se pressent pour se faire confectionner de magnifiques robes et de somptueux manteaux.

Hélène Lobel porte une robe qu’elle a confectionnée pour le mariage de sa fille ( document L. Vandergut )

Lucienne Vandergut se fait recruter par Hélène Lobel, en 1942, à l’âge de 15 ans. Elle est apprentie et particulièrement douée pour la couture. Elle devient rapidement ouvrière, puis première ouvrière de l’atelier. La création de robes, de bustiers ou de manteaux n’a pas de secret pour elle.

C’est d’ailleurs toujours Lucienne que le chauffeur personnel de Mme Lepoutre, en livrée et gants blancs, vient chercher à l’atelier pour la livraison d’une tenue, à leur domicile de la place de la Fosse aux Chênes, en vue d’une soirée mondaine roubaisienne.

Les affaires d’Hélène fonctionnent très bien. Son mari Christian est ouvrier mécanicien chez Stein et Roubaix à Lys-lez-Lannoy. Le soir, il est régulièrement mis à contribution, pour les livraisons, ou pour les achats de mercerie, chez Ducroquet.

L’atelier d’Hélène continue à fonctionner jusqu’au début des années 1970, quand elle prendra une retraite bien méritée.

Remerciements à Lucienne Vandergut