Lysia 130 rue de Lannoy

Emile Vanhonsebrouck et son épouse Germaine, née Pluquet, habitent à Lys lez Lannoy, au 146 rue du Vert Pré, à l’angle de la rue Franklin. Dans les années 1940, Emile travaille aux PTT, Germaine fabrique des canadiennes et des imperméables reversibles à la marque « Pile ou Face », dans son petit atelier de la rue du Vert Pré, pour sa clientèle fidèle.

document Ravet Anceau 1947

A la fin des années 1940, Emile souhaite ouvrir un commerce de vêtements pour son épouse Germaine, dans une rue très commerçante, dans une ville plus importante, tout en gardant son propre emploi à La Poste. L’occasion se présente lorsqu’on leur propose un commerce situé au 130 rue de Lannoy à Roubaix, à l’angle de la rue Sainte Thérèse. C’était un ancien estaminet tenu dans les années 1920-1930 par Mr Delmarle, et inoccupé depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

plan cadastral

Le local est très vaste. Le rez-de-chaussée de 105 m2 permet d’aménager un magasin de vêtements, et l’étage d’installer un atelier de confection, pour continuer à produire les canadiennes mais également à développer la production d’autres vêtements ( manteaux, robes, complets etc ).

document collection privée

Emile et Germaine commencent leur activité, après de gros travaux d’aménagement intérieur. En 1954, ils font transformer une partie de la façade en abaissant la vitrine et en posant une vitre convexe anti-reflet, côté rue de Lannoy, de façon à attirer le regard des passants. Ils gardent leur habitation de Lys lez Lannoy avec leurs deux enfants Yves et Yvette.

document Y. Vanhonsebrouck

Le couple commence à communiquer par de la publicité dans la presse locale dans les années 1950. Ils proposent de nombreuses possibilités de financement pour la clientèle : « Le vêtement de votre choix pour 3000 Frs et le reste à crédit en 6 mois ». Germaine reste fidèle à son principe : proposer des manteaux, pardessus, imperméables, vestons, parkas à des prix bas en proposant des moyens de paiement à l’amiable, c’est à dire des prêts personnels sans passer par une société de crédit.

document Nord Eclair 1955

En 1959, c’est la façade, côté Sainte Thérèse qui est modifiée. Les 5 petites fenêtres sont remplacées par 3 magnifiques baies vitrées. Huit personnes travaillent désormais dans le commerce : une vendeuse au rez-de-chaussée, et à l’étage, un coupeur et des ouvrières sur machines à coudre. Emile abandonne son emploi à La Poste pour se consacrer à plein temps au commerce de son épouse.

documents Nord Eclair 1964 et 66

Emile communique sur son magasin en annonçant le « Super Marché du Vêtement » car en effet, il propose un choix immense de complets à des « prix usine » défiant toute concurrence. C’est donc toujours avec surprise qu’il constate des actes de vandalisme, lorsque la vitrine est brisée pour le voler et s’habiller encore à moindre coût.

document Nord Eclair 1966

En 1982, Emile 68 ans, et Germaine 64 ans prennent une retraite bien méritée. Leur fille Yvette reprend le commerce cette même année. Son frère Yves quant à lui souhaite continuer dans une carrière professionnelle technique.

document collection privée

Yvette continue sur la même lancée que ses parents : proposer des vêtements de qualité à des prix bas en organisant des promotions régulières comme : la braderie de la rue de Lannoy en Septembre, la fête des mères et la fin d’année.

document Nord Eclair années 1990

En 2002, Yvette Vanhonsebrouck pense à prendre sa retraite à son tour. Elle communique pour annoncer la liquidation totale du magasin et cesse son activité en 2003, après 55 années d’existence.

document Nord Eclair 2002

Le magasin deviendra ensuite successivement un commerce de vêtements de type oriental, puis rapidement une agence de voyages « Cap découverte », puis une supérette, et depuis 2018, c’est une boulangerie qui est installée et toujours en activité de nos jours.

document Google maps 2008
Photo BT

Remerciements à Yvette Vanhonsebrouck, ainsi qu’aux archives municipales.

André Roose : maître-tailleur

André Roose est né en 1925. A 14 ans, il passe son certificat d’études. Il est passionné de menuiserie et d’ébénisterie, mais ses parents préfèrent l’orienter vers un métier plus  »noble » comme la couture. La mère d’André, Hélène Roose est d’ailleurs couturière à son domicile, au 3 avenue Anatole France à Lys lez Lannoy.

Document collection privée

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Les vêtements Selliez, rue Heilmann

Avec la société des vêtements Georges Selliez, nous allons évoquer une des plus importantes entreprises de confection de France, dont l’une des usines se trouvait au n°26 de la rue Heilmann. Georges Selliez (1869-1934) fils d’un négociant originaire d’Haspres, est né à Roubaix. Le jeune employé de commerce ne tarde pas à se lancer dans l’aventure textile : en 1898, il crée la première manufacture de draps pour hommes à Roubaix, rue Heilmann. C’est sa propre femme, Elise Desmarchelier qui va former les premières mains féminines de cette nouvelle industrie. Puis Georges Selliez va étudier, à Leeds et Manchester, l’organisation et les méthodes des grands ateliers collectifs anglais et les introduit en France avec des outillages inconnus jusqu’alors. En 1908, le Ministre du Commerce et de l’Industrie Jean Cruppi lui confie une mission aux U.S.A. Il part y étudier les méthodes du taylorisme pour les adapter dans l’industrie de la confection. Le rapport qu’il rédige à ce sujet fait quelque bruit.

Georges Selliez Photo Monde illustré 23

En 1912, Georges Selliez confie aux architectes Vandekerchove et Loof de Roubaix la réalisation de ses ateliers de confection. Ces messieurs sont les concessionnaires des bétons armés Hennebique et ils vont donner à l’usine de la rue Heilmann l’allure qu’elle aura longtemps, faite de grandes vitres et de supports en béton. Elle occupe un important espace entre la rue Heilmann, la rue de l’épeule et la rue de Turenne.

L’usine Selliez, Photo Monde illustré 1923

Pendant la première guerre mondiale, l’usine est réquisitionnée par les allemands pour fabriquer des sacs pour les tranchées, ce qui provoque une émeute et la répression allemande sous forme de rançonnement en argent ou de déportation d’otages. La fabrication n’aura qu’un temps, la matière venant bientôt à manquer. L’usine est alors transformée en caserne. Puis à leur départ, les allemands procédent à un nettoyage par le vide, comme partout ailleurs.

Intérieur de l’usine Selliez Photo Monde illustré 1923

En mars 1919, Georges Selliez aidé par deux jeunes associés, Paul et Eugène Prouvost Crépy, qui furent de glorieux aviateurs pendant la grande guerre, remet l’usine en route avec un personnel d’élite et expérimente de nouvelles machines. Dans des salles baignées de lumière, on coud des boutons, on monte des paires de manches. Des machines à points invisibles, à faufiler, à rabattre remplacent le travail à la main.

Intérieur de l’usine Selliez Monde illustré 1923

En 1923, la Société Anonyme des Vêtements Georges Selliez à Roubaix produit 1500 complets par jour et, de leur côté, ses usines de Tourcoing, Carvin, Paris, Vienne, totalisent 7500 pièces par jour, réalisant ainsi la plus forte production sur le continent.

En tête Selliez Coll Méd Rx

Esprit ouvert, homme tourné vers l’avenir, Georges Selliez s’investit aussi dans l’enseignement : il sera officier de l’Instruction Publique en 1928, membre du Conseil Supérieur de l’École Nationale des Arts et Industries Textiles, membre du Conseil Général de la Ligue Française de l’Enseignement et par ailleurs conseiller municipal de Roubaix, Vice-Président du Parti Radical Socialiste. Il sera également président de la FAL de Roubaix. Il décède en 1934. Ses associés Prouvost Crépy prennent la suite et gardent la marque. La société Flipo Manutention est propriétaire des locaux en 1980 et en sera vraisemblablement le dernier occupant avant que cette usine soit démolie. Un article de presse évoque le nouveau parking Flipo en janvier 1999. L’espace ainsi libéré forme ainsi une place qui accueille aujourd’hui le marché et à laquelle on a donné le nom d’un épeulois célèbre, Victor Vandermeiren.