Le petit train du Parc de Barbieux

En 1911, le Parc de Barbieux, à Roubaix, accueille l’Exposition Internationale, événement considérable qui couvre une surface énorme entre l’avenue Le Nôtre et la commune de Croix, comme le montre le plan de l’époque. Eu égard à la taille de l’événement, un « mini railway », un train miniature tracté par une locomotive à vapeur, est mis à la disposition des visiteurs pour faire un circuit dans l’exposition.

Plan de l’exposition de 1911 (Document BNR)
Circuit du mini railway, cerclé de crayon rouge sur le plan général (Document centenaire de l’exposition)

A l’avant du mini train on peut remarquer les initiales MR qui signifient Mini Railway. A part le conducteur, la locomotive peut emmener 24 passagers soit 12 par wagon, comprenant 6 rangées de bancs de 2 personnes. Le train miniature a un bâtiment qui lui sert de garage, au bout de l’avenue Le Nôtre qu’il rejoint grâce à une voie munie d’un aiguillage.

Le mini railway (Document collection privée)

En 1939, l’exposition du Progrès Social se déroule en partie sur Lille et en partie sur Roubaix, encore une fois dans le magnifique cadre du Parc de Barbieux. A nouveau des petits trains, électriques cette fois, permettent aux visiteurs de faire, sans fatigue, la promenade autour du parc pour découvrir les différents pavillons. Et sur la rivière est installé un port d’embarquement sur des canots avec ou sans moteur.

Plan de l’exposition du Progrès Social à Roubaix (Document collection privée)
Photos des mini trains électriques (Documents collection privée)
Photo du « port » (Document médiathèque de Roubaix)

En 1961, le Parc de Barbieux est décrit, certes comme un beau jardin très majestueux, mais auquel manquerait un centre attractif qui en fasse non plus un simple lieu de promenade mais un vrai espace de détente. La municipalité décide alors de donner vie au projet élaboré par une entreprise offrant toute garantie.

Il s’agit en effet de celle qui, en 1939, avait réalisé le « délicieux petit port », et qui serait à l’initiative d’un nouvel embarcadère pour canots et pédalos, qui permettraient de faire le tour du lac. Le port devrait être doté d’un bâtiment central, de pergolas, de terrasses avec des installations sanitaires et de nombreux jeux pour enfants.

Dessin imaginaire de de que pourrait être la réalisation projetée (Document Nord-Eclair)

Sont aussi évoqués : bowling, golf miniature, pétanque, tir à l’arc et snack-bar voire même un musée local où serait installée une maison roubaisienne typique de jadis. Le journaliste de Nord-Eclair se prend, de ce fait, à évoquer le plaisir qu’éprouveraient les Roubaisiens à retrouver dans les allées du parc le petit train qui y circulait durant l’exposition de 1939 (ou un autre modèle).

Réminiscence du petit train électrique de 1939 (Document Nord-Eclair)

Ce n’est pourtant qu’en juillet 1984 qu’un nouveau petit train, qui roule sur pneus, revient parcourir les allées du parc les week-end, pour la période estivale et pour le plus grand plaisir des promeneurs, adultes et enfants confondus: « un train d’plaiji au beau jardin » vert comme le gazon, les bancs publics et les arbres !

Pour ce faire, la municipalité fait appel à la famille Lecocq, spécialisée dans les animations de fêtes et les animations commerciales. Elle s’occupe aussi du manège installé à proximité du Bol d’Air, de la buvette et de la location des barques ainsi que du golf miniature.

Retour d’un petit train dans les allées du parc (Document Nord-Eclair)
Cartes postales couleur et photo de presse couleur des années 1980 représentant le petit train vert du parc (Documents collection privée et Nord-Eclair)

Dix ans plus tard, le petit train enchante encore le Parc de Barbieux. Ainsi un groupe de pensionnaires de la Résidence Orchidée à Croix monte à son bord en 1994 pour parcourir les allées des 33 hectares que couvre le jardin public, promenade effectuée à l’initiative des Amis du Parc Barbieux, association présidée par Emile Duhamel.

La promenade des anciens en petit train en 1994 (Document Nord-Eclair)

Instantané de Mémoire : « La sortie dominicale au Parc de Barbieux, dans les années 1980-90 enchantait les enfants : plaine de jeux, minigolf, promenade en barque ou pédalo, manège et, pour clôturer la promenade, le petit train qui permettait de revisiter l’ensemble sans fatiguer davantage leurs petites jambes déjà bien mises à l’épreuve par les heures de jeux précédentes. Bien sûr les nids de poules des allées et les faibles amortisseurs du train provoquaient quelques secousses mais c’était l’occasion de fous rires supplémentaires, avant d’aller se régaler d’une bonne crêpe ou gaufre… »

Le petit train en 1994 (Document BNR)

Malheureusement ce petit train a disparu voilà bien longtemps. Alors, à quand le retour d’un autre petit train, électrique, écologie oblige, dans ce magnifique jardin qu’est toujours le Parc de Barbieux, surtout depuis sa rénovation, afin d’enchanter les promenades des petits et des grands ?

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

La poste au Carihem

Par une décision du 4 juillet 1963, la municipalité fait l’acquisition d’un terrain de 52 000 mètres carrés au sud est de Roubaix dans une zone située entre les voies de chemin de fer, la rue Boucicaut et la rue du Carihem. Ce terrain doit servir à constituer une réserve foncière pour l’implantation de services publics et, en particulier, d’un centre de tri postal. Cette décision est déclarée d’utilité publique en 1964. Cinq ans plus tard, une délibération municipale conduit à la cession de 47 000 mètres carrés de cet ensemble aux PTT pour édifier ce centre destiné à l’expédition des nombreux colis et catalogues en provenance des entreprises de vente par correspondance. Ce terrain est particulièrement adapté à sa destination, car, situé à proximité immédiate des voies de la gare du Pile, il est constitué essentiellement de jardins et de terres agricoles.

La zone en 1971 – photo IGN
La zone en 1971 – photo IGN

La première tranche des travaux démarre en 1973. On coule la plate-forme destinée à supporter les voies et les quais d’embarquement. Le trafic progressant d’année en année, il faut voir grand : on prévoit huit voies ferrées et quatre quais, ainsi que quatre voies de garage. Cette première tranche, comprenant les quatre premières voies, verra également la construction d’un bâtiment administratif provisoire en attendant des installations définitives. Le site abrite déjà le central téléphonique du Pile, construit récemment.

Les travaux de la première tranche – Photo la Voix du Nord
Les travaux de la première tranche – Photo la Voix du Nord

Il n’est que temps ! les entreprises par correspondance roubaisiennes ont expédié l’année précédente plus de 16 millions de catalogues et 22 millions de paquets, ce qui représente la moitié des envois du département. Les entreprises trient elles-mêmes leurs paquets qui parviennent au centre dans des sacs postaux prêts à l’expédition. Ceci représente jusqu’à 40 000 sacs et 80 wagons par jour, traités jusque là par le centre considéré comme vétuste de la rue de Menin, dans la gare annexe de l’Union. Le nouveau centre pourra, lui, expédier jusqu’à 160 wagons quotidiennement. Dans un premier temps, le centre traitera les paquets de Roubaix-Tourcoing, ainsi que les plis non urgents du département, triés jusque là à Lille. Une photo de 1976 ne montre toujours que quatre voies, alors que les 8 sont en service en 1978.

Le site en 1978 - photo IGN
Le site en 1978 – photo IGN

Cette année là voit une demande de permis de construire pour une extension au central téléphonique du côté de la rue Boucicaut. Le bâtiment existant (bâtiment blanc sur la photo) va quasiment doubler de surface. Par ailleurs, le centre de tri s’enrichit d’un nouveau bâtiment, qui s’élève le long du pont du Carihem.

Le nouvel ensemble - Document archives municipales et IGN 1982
Le nouvel ensemble – Document archives municipales et IGN 1982

En 1992 on termine de nouveaux aménagements : une plate-forme routière, construite le long de la rue Boucicaut, à l’intérieur de la boucle formée par l’ancienne voie allant vers la frontière par Wattrelos. Elle comporte 10 quais de déchargement et 37 quais de départ, et est destinée à diminuer la charge de l’ancien bâtiment arrivant à saturation. L’ensemble passe de 5 à 12 hectares. La Poste anticipe là un virage vers le tout-routier par abandon de l’acheminement ferroviaire. Les anciens sacs postaux sont désormais remplacés par des conteneurs, sortes de chariots filoguidés automatiquement entre le camion qui le livre et celui qui l’emporte. Aussitôt terminé, cet équipement est testé au mois de mars en grandeur nature à son débit maximum.

La nouvelle plate-forme – Document Nord Eclair.
La nouvelle plate-forme – Document Nord Eclair.

L’inauguration est prévue pour l’été, mais une grêve des poids lourds la repousse. C’est en septembre qu’Emile Zuccarelli, ministre des Postes et Télécommunications, se fait déposer en hélicoptère sur la plate-forme même, où il est accueilli par M. Dilligent. Parmi les invités, les responsables des principales maisons de vente par correspondance, qui viennent visiter ce fleuron de l’automatisation unique en France.

Photo Nord Eclair.
Photo Nord Eclair.

Les photos aériennes postérieures successives montrent d’abord la végétation croître sur les voies ferrées de la plate-forme, puis la disparition de celles-ci en même temps que de celles constituant le faisceau marchandises de la gare du Pile, dont une grande partie des emprises est finalement occupée par les bâtiments de Camaïeux. La plate-forme reçoit aujourd’hui des remorques routières en attente de chargement.

Le site aujourd'hui – Photo IGN
Le site aujourd’hui – Photo IGN

 

La gare de débord de l’Allumette

En 1906, la gare annexe de marchandises, construite depuis peu près du quai de Calais, à l’emplacement de l’actuel quartier de l’Union, traite les transports par wagons complets. Mais, faisant état de difficultés d’accès à cette gare, une pétition de commerçants et de transporteurs des quartiers du Fresnoy et de la Mackellerie réclament une gare de débord plus accessible au camionnage. Ils proposent pour accueillir ces installations, le lieu-dit l’Allumette, près de la halte du même nom, à peu de distance de la gare principale. La rue du Luxembourg permettrait d’accéder commodément à cette gares, située à son extrémité. Ils adressent une pétition à l’ingénieur en chef du service de l’exploitation des chemins de fer du Nord.

Document Archives municipales - 1899
Document Archives municipales – 1899

Cette demande des usagers potentiels est accompagnée d’un tableau précisant pour chaque signataire le nombre de wagons prévus. Ce nombre est variable selon les entreprises, allant de 500 wagons annuels pour Carette-Duburcq à 25 pour la société des glacières et 20 pour la brasserie des débitants réunis.

Le maire de Roubaix appuie cette demande auprès de la compagnie de chemins de fer. Celle-ci prépare un pré-projet et évalue la dépense à un total de 220 000 francs, dont 87 000 pour l’achat des terrains. La compagnie en prendrait la moitié à sa charge. La part de la ville se monterait donc à 110 000 francs, quelle pourrait financer grâce à un emprunt remboursable en 50 ans couvert par une taxe prélevée sur chaque wagon complet transitant par la gare de l’Allumette. On chiffre à 2400 wagons dès la 1ere année le nombre de wagons concernés. Certes, la somme encaissée dans ce cas couvrirait à peine les intérêts de l’emprunt, mais on espère un accroissement du nombre de wagons au fil des années.

Le projet – document archives municipales
Le projet – document archives municipales

La gare de débord doit être desservie par une voie de service qui longe les voies principales depuis la sortie de la grande gare de Roubaix. Prévue pour recevoir 60 à 70 wagons à la fois, elle comportera deux séries de voies parallèles, l’une le long des voies principales encadrée d’aiguilles permettant les manœuvres, l’autre, en tiroir, un peu plus loin. Entre ces deux paires de voies, un espace permettant le déchargement. Une voie supplémentaire, desservie par un pont tournant, pourrait être rajoutée (tracé en pointillés). Le projet précise que les marchandises seront « chargées et déchargées à découvert par les soins et aux risques et périls des expéditeurs et des destinataires ».

Le conseil municipal adopte cette proposition en 1907. Le projet est envoyé pour approbation au ministre des travaux publics. Mais, en 1909, le ministère de l’intérieur s’oppose au prêt sur 50 ans, limitant la durée maximale à 30 ans, ce qui augmentera la somme à rembourser chaque année. La municipalité, pensant que les taxes générées seront suffisantes pour couvrir ce montant, accepte la solution préconisée. La déclaration d’utilité publique est publiée cette même année. On décide de solliciter le prêt auprès de la caisse Nationale des retraites pour la vieillesse.

 

Document archives municipales
Document archives municipales

Les travaux durent deux ans et se terminent en 1911. Des pétitionnaires déplorent cet atermoiement, accusant la compagnie de n’apporter qu’un zèle modéré à la réalisation et à la mis en service, alors que la mairie doit payer de sa poche le prêt qui cour, sans entrée de taxes en contrepartie.

Toujours en 1911, la compagnie des mines d’Ostricourt, dont l’agent à Roubaix est E. Lecomte-Scrépel et Cie, rue du grand chemin, se porte acquéreur d’un terrain rue du Luxembourg pour profiter des installations de la gare de débord, et demande à la compagnie la pose d’un embranchement particulier. Elle offre un prix forfaitaire de 600 francs par an. Le conseil municipal accepte.

Document archives municipales
Document archives municipales

 Le maire demande l’ouverture de la gare. Cette ouverture a lieu le 20 décembre. Le premier wagon parvient à l’embranchement des mines d’Ostricourt au mois d’Août 1912. En1923 la surtaxe produit 1280 francs en janvier, ce qui permet de penser que le remboursement du prêt n’offre pas de problème pour la ville. Les diverses photos aériennes de la gare de débord montrent d’ailleurs toutes une activité importante.

La gare de débord et l'embranchement des mines d'Ostricourt – Photos IGN 1962
La gare de débord et l’embranchement des mines d’Ostricourt – Photos IGN 1962

Cette gare de débord sera finalement victime à la diminution et au transfert sur route du fret. Fermée, elle est aujourd’hui remplacée par un rond-point. Signe des temps ?

Photo IGN - Géoportail
Photo IGN – Géoportail

 

 

 

L’embranchement des mines d’Anzin

L’approvisionnement en charbon de la cité nécessite de multiples dépôts de combustible. Ceux-ci sont naturellement situés soit près du canal, soit près des voies ferrées pour faciliter les opérations de déchargement. Les compagnies minières cherchant à assurer un débouché pour leur production installent leurs annexes dans les villes importantes. C’est pour cette raison que s’établit le dépôt des mines d’Anzin dans la première moitié des années 1880 près de la gare de Roubaix. Le bâtiment correspondant apparaît sur le plan cadastral de 1884, alors que le dépôt figure au Ravet-Anceau rue de l’Alma après 1886.

Plan cadastral 1884 – document archives municipales
Plan cadastral 1884 – document archives municipales

L’embranchement se situe au coin de la rue de l’Alma et de la rue du Grand-chemin le long des voies de la compagnie des chemins de fer du Nord. Il rassemble un certain nombre de silos destinés à recevoir le charbon par gravité en profitant de la déclivité due au remblai du chemin de fer. Les installations comprennent également un bâtiment administratif et un escalier, situé près du pont, permettant d’établir la communication entre le niveau des voies et celui de la rue.

Document médiathèque de Roubaix A droite l'embranchement
Document médiathèque de Roubaix A droite l’embranchement

Le pont d’origine est étroit. Il n’offre la place que pour les deux voies principales. L’embranchement est donc en impasse, desservi depuis une aiguille venant du bâtiment des douanes par deux rebroussements successifs. Ce schéma est identique pour l’embranchement Macquart, placé de l’autre côté du pont.

Plan 1906 – document archives municipales
Plan 1906 – document archives municipales

En 1918, les allemands détruisent le pont, ainsi que que de nombreuses autres installations ferroviaires. Il est à reconstruire d’urgence et complètement.

Photo 1918 - collection Lucien Delvarre
Photo 1918 – collection Lucien Delvarre

Le nouveau pont est plus large ; il permet d’installer 4 voies dont une va desservir les deux embranchements de part et d’autre du pont. Le branchement côté gare est le même qu’à l’origine (double rebroussement), mais il se prolonge cette fois au delà du pont. On voit les modifications apportées au tracé des voies sur une photo aérienne de 1962.

Photo IGN 1962 – document archives municipales
Photo IGN 1962 – document archives municipales

 En 1920, les bureaux sont toujours situés au coin de la rue du grand chemin, alors que le représentant de la compagnie est M. J.Dernoncourt. Pourtant, peut-être pour gagner de l’espace pour le stockage du charbon, les bureaux déménagent et s’installent plus loin dans la rue de l’Alma, sur le même trottoir après la cour de la gare et l’estaminet Lecomte. C’est chose faite en 1925 , le nouveau représentant est P.Gourdin, remplacé pour 1930 au 1bis, par A.Courtinat.

Les bureaux disparaissent, et on n’en trouve plus trace dans le Ravet-Anceau de 1939. Pourtant, le dépôt reste en place : on le retrouve sur les photos aériennes jusqu’en 1964. A quelle époque a-t-il finalement disparu ?

 

Une passerelle longtemps attendue

L’arrivée du chemin de fer en 1842 produit une coupure dans le tissu urbain : le quartier du Fresnoy se trouve maintenant isolé du centre de la ville. Les seuls points de communication restent le pont de la rue de Mouvaux et un passage à niveau qui traverse les voies de la gare.

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Mais le passage à niveau est remplacé au début des années 1860 par le pont St Vincent de Paul, reporté plus loin, ce qui supprime toute communication directe pour les piétons. Très vite, les habitants du quartier réagissent et 174 d’entr’eux signent, en 1867, une pétition pour obtenir de la part de la compagnie du Nord la construction d’une passerelle au dessus de la gare entre la rue du chemin de fer et le hameau du Fresnoy. Le conseil municipal approuve la pétition à l’unanimité et contacte la compagnie du chemin de fer. Celle-ci répond dans une lettre datée de 1869 que le passage supérieur remplaçant le PN a été établi aux frais de la compagnie, qu’elle estime avoir fait suffisamment d’efforts pour sa part, et qu’elle refuse de financer une passerelle.

Vingt ans plus tard, en 1887, parvient au conseil municipal une nouvelle pétition sur le sujet. Le préfet estimée que la gêne causée par la passerelle pour les manœuvres, pousserait sans doute la compagnie à n’accepter la construction que dans le cas d’un financement par la ville, les pétitionnaires ne proposant pas de participation financière. La commission municipale concernée juge cette construction trop onéreuse pour les finances de la ville et les choses en restent là.

Le projet initial
Le projet initial

Entre temps, la gare initiale est remplacée par la gare actuelle.

En 1890, la compagnie étudie malgré tout la construction d’une passerelle à l’emplacement de l’ancien PN. Elle envoie à la mairie un plan, et évalue la construction à 58000 francs, alors que les riverains accepteraient de participer à hauteur de 15000 f. Elle serait implantée entre la rue de l’Avocat et la rue de l’Ouest à 200m avant le pont St Vincent. La commission trouve que la passerelle n’aurait pas de raison d’être à cet endroit, et le projet est de nouveau au point mort.

L’année 1891 voit de nouveaux débats à la suite du dépôt d’un avant projet de la compagnie chiffré à 72 000 f. La commission municipale suggère de financer d’autres projets plus urgents. M. Victor Vaissier, pourtant, plaide pour la construction de la passerelle et demande que l’étude soit reprise. Pourtant, le projet est de nouveau enterré.

Il faut attendre 1904 pour qu’un syndicat de riverains se crée autour d’Edmond Dujardin, marchand de charbon rue de l’Ouest. Les habitants réunissent cette fois une somme de 20 000 francs. Un article du Journal de Roubaix, daté de 1906 annonce que les choses évoluent et qu’un emprunt de 6 millions permet désormais d’envisager la réalisation du projet, qui fait alors partie du programme de grands travaux d’utilité publique. Le ministre des travaux publics envoie le projet au conseil d’état qui l’approuve. Les travaux sont lancés et la passerelle est finalement inaugurée en septembre 1908. Sa longueur est de 111 mètres. Elle est très différente de celle prévue au départ : c’est une passerelle-cage métallique offrant plus de sécurité pour les usagers. Elle est bâtie pratiquement dans l’alignement de le rue du Fresnoy et aboutit à côté du bâtiment voyageurs.

La passerelle – documents médiathèque de Roubaix et IGN 1962

Notre passerelle n’a décidément pas de chance : en 1918, l’armée allemande en retraite la fait sauter, de même que la verrière de la gare et le pont St Vincent. Elle est reconstruite après guerre par les troupes britanniques du 136 ème Royal Engineers.

La passerelle en 1918
La passerelle en 1918

Les années passent. En 1968 la passerelle est en mauvais état. On se demande s’il vaut mieux la démolir et la remplacer par une nouvelle ou la réparer. C’est le choix de la remise en état qui prévaut. Mais en 2001, elle est de nouveau dégradée, et vu son état, la communauté urbaine décide sa démolition. L’association art Action se mobilise et vient alors à son secours. Xavier Lepoutre relate dans le journal les arguments de l’association. Finalement, la passerelle disparaît ; seul un tronçon demeure aujourd’hui pour attester symboliquement de sa présence. Il est permis de se demander s’il n’y a plus de piétons pour se rendre du centre vers le quartier du Fresnoy ?

 

Documents archives municipales

 

La mise en service de la gare de débord

La voie nouvellement construite est reliée au faisceau des voies de sortie de la gare de Roubaix-Wattrelos (gare du Pile) à hauteur du passage à niveau des trois ponts.

Le passage à niveau des trois ponts Photo Journal de Roubaix

On peut voir sur la photo au premier plan la voie-mère, puis la voie de la ligne Tourcoing-Orchies, des voies de garage, la barrière roulante du passage à niveau, et au fond à droite, la rue de Carihem.

L’inauguration de la gare annexe est prévue le 1er Décembre. Cette gare doit assurer « …la remise au départ et à la livraison à l’arrivée des marchandises expédiées par wagon complet à manutentionner par le public » (Journal de Roubaix du 30 Novembre 1930). Une taxe additionnelle est prévue par la Compagnie du Nord pour l’acheminement des wagons jusqu’à la gare de Roubaix-Sud. Finalement, cette gare ne comporte que deux voies sur les six prévues, une pour les chargements et déchargements, et une autre de manœuvre. On se réserve pourtant la possibilité d’en créer d’autres si besoin en était sur le terrain restant.

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L’entrée de la gare – photo Journal de Roubaix

La photo est prise depuis le rond-point au carrefour des avenues Delory et Motte. On voit au premier plan la courbe de la voie d’accès à la gare, puis la barrière protégeant l’accès au débord. A droite se trouve le bureau administratif. Le bâtiment abrite aussi le bureau de l’octroi. Il est prévu un convoi quotidien pour livrer les marchandises et enlever les wagons chargés sur place et amener les wagons à décharger.

Le jour prévu, un seul wagon était à l’arrivée : c’était un wagon de pommes de terre. L’inauguration est donc annulée et renvoyée au lendemain. Fâcheux présage !

Par ailleurs, dès 1931, on s’aperçoit que le revêtement des chaussées du boulevard se désagrège : la faute en incombe au sous-sol argileux insuffisamment stable. Il faut prévoir un revêtement supplémentaire sur la chaussée. De même, les talus de la gare de débord s’éboulent continuellement, pour les mêmes raisons, et il faut procéder aux travaux nécessaires.

Peu d »entreprises se sont installées dans le quartier, et les transports routiers se sont développés. La gare de débord a été finalement assez peu utilisée : les destinataires ont sans doute préféré aller retirer les marchandises directement en gare du Pile, finalement assez  proche, plutôt que de payer un supplément pour pouvoir charger à l’autre extrémité du boulevard industriel.

Photo Journal de Roubaix

Les installations de la gare sont finalement détruites pendant la guerre, et en 1948, la municipalité demande à la SNCF  la désaffection de la plate-forme sur le boulevard et du terrain occupé par la gare. La Voix du Nord nous explique que ces installations ont perdu le caractère d’utilité publique qu’elles avaient en 1911…, en raison du peu d’usines qui s’y sont élevées et de la vulgarisation actuelle des transports lourds automobiles ». On pense alors planter deux rangées d’arbres, établir une piste cyclable sur le terre-plein central, et à construire des maisons sur l’emplacement du débord.

Chemin de fer et activités industrielles

Le quartier se développe avec la Gare

gdupileLa Gare du Pile Photo Archives Municipales

La présence industrielle s’est développée à partir de la Gare du Pile construite en 1878, agrandie et reliée à la Belgique par Wattrelos en 1897. La même année, le 11 juin, l’alignement de la rue Brame est décidé, ainsi que celui de la rue du Pile, avec les rues Molière et d’Anzin. C’est donc tout le quartier qui s’organise autour de la Gare dite de Roubaix Wattrelos.

vandecruxEn tête de lettre Vandecrux  Coll Méd Rx

Entreprises de la rue Brame

La caractéristique de la rue Brame, c’est de n’avoir longtemps eu que des numéros impairs où se trouvaient des entreprises, l’autre côté de la rue étant constitué de champs et de jardins, propriétés d’horticulteurs ou de cultivateurs.

Dans les années soixante, parmi les entreprises de la rue, il y a la Société de Teintures et de Produits Chimiques de Monsieur Vandecrux depuis 1894 au n°55. La Société Wattinne Bossut et fils, triage de laines, puis la fonderie de Croix. Le parc à charbon de la Société Gertgen Guiot est au n°19. La grande brasserie de Lille y eut un dépôt au n° 189. Des maraîchers y ont encore quelques arpents de terre, comme M. Delbecque du Carihem ou encore M Corne de la rue de Tournai. De nos jours, cette rue a changé: elle possède désormais deux voies séparées par un terre plein, et depuis le 27 janvier 1964, elle a pris le nom d’avenue Jules Brame, désignation plus en rapport avec sa taille, en hommage à la mémoire d’un important personnage politique nordiste du siècle dernier.

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Fonderie de Croix

Créée à Croix en 1896, rue de la fonderie, par M. Vanoverschelde, cette société ne prendra son nom actuel qu’en 1955, quand elle sera reprise par une entreprise …tourquennoise. En 1962, la Fonderie de Croix s’installe dans le quartier des Trois Ponts, à l’emplacement du triage de laine Wattinne Bosssut dont les bâtiments ont été complètement démolis pour laisser place à des installations neuves. La cité n’existait pas encore, il n’y avait que des champs en face. La Fonderie de Croix employait soixante ouvriers et produisait des pièces industrielles pour le textile, le bâtiment et le matériel agricole, et du mobilier urbain (bornes en fonte, barrières de protection, grilles).

fonderieLa fonderie de Croix aux Trois Ponts Photo Nord Éclair