La Police à Hem – 2

Le commissariat de Police de Hem, d’après l’annuaire de 1953, se situe ensuite rue Jules Guesde, au n°69, où le service n’est assuré que par 3 gardiens jusqu’en 1979. Pourtant la population hémoise fait face à une recrudescence des délits passés de 218 en 1967 à 855 en 1976. Le maire, Jean-Claude Provo, élu en 77, fait donc une demande au préfet pour obtenir un commissariat digne de ce nom. Le dossier est présenté au Ministère de l’Intérieur dès 1978. En 1979, la réponse tombe : le commissariat de police est officiellement transféré de Lannoy à Hem.

Photo du Commissariat de la rue Jules Guesde en 2016 et le bâtiment en 2020 (Document Google Maps)

Instantané de mémoire : « Lorsque je réussis mon concours me permettant d’intégrer la fonction publique en 1981, c’est dans ce commissariat que je suis convoquée pour une enquête de moralité. Je me souviens encore de mon entretien avec le représentant des forces de l’ordre qui me reçoit et vérifie mon casier judiciaire avant de me dire qu’un simple vol dans un magasin m’aurait empêchée d’intégrer la fonction publique… ».

C’est également à la révolution française que remonte la création de la police municipale dans les villes, chargée, sous l’autorité du maire, de « faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité, de la sûreté dans les rues, lieux et édifices publics ».

Sous la cinquième république et dès 1965, une commune de plus de 2 000 habitants peut être dotée d’une police municipale, laquelle est étatisée au milieu des années 1970. Concrètement c’est donc à partir de 1980 que les polices municipales se développent. Le phénomène s’explique par le sentiment d’insécurité grandissant ; les élus de nombreuses villes répondent donc aux attentes des citoyens en créant leur propre police.

Photo des policiers municipaux des années 80 et dessin de bande dessinée (Documents Hem 1000 ans d’histoire et Au temps d’Hem)

En 1983, une police municipale est donc créée à Hem pour être opérationnelle l’année suivante et, au fil du temps, son effectif passe de 4 à 10 gardiens sous la direction d’un chef de police qui travaille en parfaite relation avec la police nationale. A l’époque c’est l’ancienne conciergerie de l’ex-château Catrice (devenu la mairie de Hem en 1949) qui abrite la force de police municipale.

Bâtiment accueillant la police municipale jusqu’en 2019 (Documents collection privée)

A la fin des années 80, un redéploiement des forces de police, au niveau national, entraîne la fermeture du commissariat de police hémois, malgré les interventions répétées du maire et des communes voisines au plus haut niveau. Revenue 10 ans en arrière, la ville de Hem se retrouve avec un simple poste de police (toujours situé 69 rue Jules Guesde) constitué d’un gradé et de 3 gardiens, le commissariat compétent étant celui de Roubaix.

A partir de 2019, la police municipale de Hem est mutualisée avec celle des communes voisines et ce sont 14 gardiens qui se relaient au fil de la semaine pour couvrir l’ensemble des territoires concernés et y assurer la police de proximité.

Police municipale et nationale sont abritées depuis septembre 2018 dans les mêmes locaux, construits par la ville à cet effet entre la rue Victor Hugo et la rue du Général Leclerc.

Le bâtiment commun aux 2 polices vu côté rue Leclerc (sur le parking de la Mairie) et côté rue Victor Hugo (Documents Google Maps)

Outre le gain de locaux le commissariat commun doit engendrer un gain d’efficacité. Les contacts entre les 2 polices sont, de fait, plus fréquents, les échanges d’informations sont facilités et la complémentarité des équipes est renforcée.

Vue aérienne du bâtiment et photo de son enseigne (Documents Google Maps et Tout’Hem)

Enfin, depuis le 1er juillet 2021, la police municipale de Hem travaille 7 jours sur 7sur sur un secteur qui s’étend sur 5 communes Hem, Leers, Toufflers, Forest-sur-Marque et Lannoy Il y a eu notamment un recrutement de 4 nouveaux agents et l’effectif se monte, à présent, à 18 personnes. On note une hausse de l’effectif au sein de la brigade canine également, laquelle existe depuis 2017, avec l’acquisition d’un deuxième chien

Remerciements à la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Une entreprise leersoise

L’histoire commence par un mariage. Le 24 mars 1945, Achille Vantieghem fils de M. et Mme Vantieghem Beckaert épouse Marcelle Moreels, fille de M. et Mme Moreels Vosdey. La cérémonie a lieu en l’église Saint Vaast de Leers. À ce moment, Achille travaille en mairie puis il fait son service militaire. Pendant ce temps, Marcelle travaille encore chez Mme Delebois rue des lignes, déjà à faire des fleurs. Les fleurs, on en faisait aussi au 15 rue Victor Hugo, avec Joséphine, la maman, qui vendait aussi des articles funéraires.

15 rue Victor Hugo Leers photo familiale

Vient le jour de la libération d’Achille, et avec Marcelle ils prennent la décision de s’installer au 3 rue Thiers à Leers. Il fera le quincailler et elle continuera de faire des fleurs, ce qu’elle n’a cessé de faire depuis qu’elle a quitté Madame Delebois et qu’elle s’est installée artisane.

La biscuiterie Roussiaux 3 rue Thiers archives familiales

Le 3 rue Thiers fut autrefois une biscuiterie tenue par un oncle d’Achille, M. Roussiaux. Il y avait là un atelier et un four. On y entassa bientôt toutes sortes d’ustensiles : casseroles, seaux, ferblanteries domestiques diverses. Achille livrait les fleurs de Marcelle dans un grand carton à vélo. Henri Moreels, le beau père retraité, venait en demi-journée donner la main au découpage des matières pour les fleurs. Il y avait du papier, du rodoïde, du celluloïd. Les fleurs étaient faites à la main, avec des moules, on les montait pétale par pétale avec une tige.

Achille devant le 3 rue Thiers archives familiales

L’affaire prit de l’extension, on abandonna la quincaillerie, le vélo ne suffit plus aux livraisons, Achille acheta à vil prix une vieille jeep qu’il fallait pousser pour la mettre en route. Il fut décidé d’agrandir la clientèle et ils prirent des apprenties : deux filles de Leers et deux filles de Néchin et quelques ouvrières de l’atelier Delebois qui ne tournait pas bien.

En tête de facture archives familiales

Le manque de place et le démon du déménagement poussèrent Achille et Marcelle à chercher un endroit plus vaste. L’histoire se poursuit à Roubaix en 1950.

Garage Duquesne

Au début du siècle, l’actuelle rue du Général Leclerc à Hem comporte essentiellement , côté pair, des maisons jusqu’au numéro 28 . Plus loin, en partant du centre ville, il n’y a encore que des champs, comme le montre une carte postale des années 1900 de la rue Poivrée (ou rue de Lille), prise en regardant vers le centre.

L’atelier Nord-Vélo au premier plan à gauche et la même maison à la limite des champs au début du siècle avec une enseigne Cycles sur le pignon (Document Hem Images d’hier)

Le bâtiment sis au n° 28 abrite alors un atelier de construction mécanique, Nord-Vélo, qui fabrique des bicyclettes. Puis dans les années 1930, apparaît au n° 30 un garage à l’enseigne « Bifur-Garage » comme en témoigne une photo de 1936. Son nom commercial est dû à la proximité du carrefour d’ Hem Bifur reliant la rue de Lille et la rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde). Il fait également station service Antar pour les motocyclettes.

Le Bifur-Garage en 1936 (Document Historihem) et le garage Duquesne de nos jours (Document Google Maps)
La plaque rivetée du garage à l’époque (Document Duquesne)

C’est dans le Ravet-Anceau d’après guerre, en 1947-49, que l’on voit apparaître pour la première fois le nom d’ Emile Duquesne au 30 de la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) à Hem. L’ancienne enseigne Bifur-Garage n’est plus mise en valeur bien qu’elle apparaisse encore sur les factures et l’on parle dès lors plus sobrement du garage Duquesne.

Ancienne publicité (Document Historihem) et en-tête d’une ancienne facture (Document Duquesne)

Une ancienne publicité permet de constater que, s’il représente les marques automobiles Chenard et Walker, il assure les révisions et réparations de voitures toutes marques, la mécanique auto et le graissage par pression.

Voitures Chenard et Walcker années 1920 (Documents Hprint et Wikipedia)

Après guerre, comme en témoigne un vieux registre de copies de lettres, le garage entretient les véhicules de l’entreprise Meillassoux et Mulaton, sise un peu plus loin dans la rue de Lille, de l’entreprise Declercq Frères, autre Teinturerie de la rue mais située à l’extrêmité de celle-ci à Hempempont, ainsi que ceux d’ Emile Delmet, ancien maire de Hem de 1929 à 1935.

Vieux registre de l’établissement (Documents Duquesne)

Ce n’est que dans les années 1950 que le garage d’ Emile Duquesne est également répertorié dans les Ravet-Anceau, à la rubrique Station-Service Antar. Le garage fait station service jusque dans les années 1980, à une époque, pas si lointaine, où de nombreuses stations d’essence sont encore installées en centre ville.

Publicité de 1966 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1960, le garage Duquesne est devenu une agence Peugeot et emploie les 2 fils d’Emile : Gérard et Jean-Claude, comme mécaniciens. Il vend des véhicules neufs et achète et revend des voitures d’occasion au besoin en montant un dossier de crédit. En 1966, sa publicité propose à l’essai les 204, 403 et 404.

Extrait du Registre d’Entrées et Sorties du Personnel de l’époque (Document Duquesne)
Modèles 204, 403 et 404 (Document petites observations automobiles, caradisiac et news d’anciennes)

Au départ à la retraite d’Emile, Gérard et Jean-Claude lui succèdent naturellement à la tête du garage. Tout comme Emile et son épouse Agnès au début, leur fils aîné Gérard et son épouse Nadine habitent au n°30 qui est alors toujours une maison d’habitation pourvu d’un petit hall d’exposition à gauche de l’entrée du garage, pendant que Jean-Claude est logé avec sa famille au n°28, le 26 abritant alors Emile et son épouse.

Dans les années 1970 et 1980, les publicités dans le journal sont fort nombreuses et vantent chaque nouveau modèle de la marque Peugeot. Au fils des années chaque gamme fait ainsi l’objet d’une présentation à la clientèle sur une journée spécifique avec essais des nouveaux véhicules.

Publicités des années 1970 (Documents Nord-Eclair)
Publicité de 1970 (Document mémento public CIT de la ville de Hem) et de 1982 Peugeot-Talbot en commun avec le garage Lescouffe (Document Office d’Information Municipal de Hem)

En juillet 1994, au décès de Gérard suivi de la retraite de Jean-Claude, c’est Stéphane qui reprend l’affaire avec son épouse Valérie. Tous deux habitent d’abord sur place puis dans les années 2000, il refont un superbe hall d’exposition avec un bureau en enfilade là où se situait le rez-de-chaussée de l’habitation, tandis qu’à l’étage ils installent 2 appartements à louer.

Dans les années 2000, les publicités continuent à se succéder dans la presse locale mais une opération commerciale particulière a également lieu en 2003, avec l’association des « commerçants d’Hem j’aime », dans le cadre des 10 jours du commerce, au cours de laquelle le bulletin du couple Lecollier, tiré au sort, leur permet de gagner une journée en 206 neuve ainsi que bien d’autres cadeaux toute la journée chez une quinzaine de commerçants de la ville.

Publicités de 2000 et photo de la remise des clefs de la 206 par Stéphane Duquesne en 2003 (Documents Nord-Eclair et Guide Pratique Tout en Un de la municipalité de Hem en 2000)

A l’heure actuelle le garage est toujours un agent Peugeot et vend toujours des voitures neuves et d’occasion tout en assurant la maintenance et l’entretien des véhicules. Il réalise tous travaux de mécanique et d’électricité sur toute automobile et occupe une surface totale de 1351 mètres carrés.

Logos du garage Peugeot (Document logos internet)
Photos de façade du garage en 2008 et 2020 (Documents Google Maps)

Le garage d’origine est toujours en fonction au niveau de l’atelier, avec son sol de pierre bleue. A droite on voit encore l’emplacement de l’ancienne fabrique de vélos qui allait jusqu’au fond, dans lequel est installée la nouvelle cabine de peinture. A droite à l’entrée se trouve l’emplacement de l’ancienne cabine de peinture et au fond à gauche, après les ponts élévateurs, l’ancien bureau.

Photos de l’intérieur du garage (Document photo IT)

Dans la salle de droite qui correspondait donc initialement au n °28, se trouve une issue de secours qui donne sur des garages à louer dont l’entrée se situe dans la rue Victor Hugo. Il s’agissait auparavant sur cet emplacement de jardins ouvriers.

Plan cadastral parcelles 184 n°28 et 185 n°30 (Document cadastre)
Les garages donnant sur la rue Victor Hugo (Document photo IT)
Photo aérienne de 1962 (Document IGN)

Pendant près d’un siècle trois générations de Duquesne se sont donc succédées à la tête de cette entreprise emblématique du Centre Ville de Hem.

Témoignage : « En tant que cliente du garage Duquesne depuis une quarantaine d’années, j’ai toujours apprécié le contact avec Stéphane et Valérie, au service de leur clientèle. La compétence et le sérieux de Stéphane dans son travail permettent une entière confiance pour les travaux à réaliser sur les véhicules qui lui sont confiés. »

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem, Valérie et Stéphane Duquesne ainsi qu’à Joelle Lepers.