En 1903, lors de l’électrification des tramways lillois, la ligne F reliant Lille à Roubaix voit son terminus supprimé de la grand place devant ce que nous appelons aujourd’hui la vieille bourse. La ligne passe alors de l’autre côté de la colonne de la Déesse, qui se trouve alors placée dans l’alignement de la rue des sept Agaches. Les voies placées le long de la bourse disparaissent définitivement. A ce moment, le terminus est reporté place de Tourcoing : les rames F ne font plus qu’un simple arrêt à la grand place et poursuivent leur route sans nécessiter de retournement. On remarque sur la photo qui suit un kiosque nouvellement construit près de la Déesse.
Après l’arrêt, les voies prennent à gauche pour se diriger vers la rue Nationale. On remarque le rail central qui alimente les motrices en électricité, alors que les trolleys ne sont pas utilisés. La caténaire était proscrite dans le centre pour des raisons d’esthétique.
La photo suivante prise depuis la grand place nous montre, vue de l’arrière, une rame F qui s’engage dans la rue Nationale, bien vide à cette époque. Au fond, l’église du Sacré Cœur dont le clocher n’est pas encore terminé.
La rue Nationale est tracée en 1862, au moment du rattachement des communes d’Esquerme, de Wazemmes, de Fives et de Moulins à Lille. Elle est rigoureusement droite et suffisamment large pour s’accommoder de deux voies tout le long de son axe.
Une première photo, prise au croisement de la rue de Pas nous montre à gauche une voiture de la ligne H en route vers la grand place et à droite une rame F qui se dirige vers la place de Tourcoing. A droite, l’immeuble du crédit Lyonnais, qui existe toujours aujourd’hui bien que méconnaissable, a été utilisé par l’occupant lors de la première guerre. On y distribuait des journaux allemands.
La photo qui suit est prise dans l’autre sens au niveau de la rue des deux épées et de l’actuel Printemps à l’époque de la construction de la nouvelle bourse dont on remarque le beffroi en cours d’édification.
Pour la photo suivante, le photographe se trouve un peu plus loin au croisement de la rue de l’hôpital Militaire à une période antérieure à la construction la nouvelle bourse, qui n’apparaît pas encore à l’horizon de la grand place. Le bâtiment à droite, bien reconnaissable grâce à son étage en retrait, est encore visible aujourd’hui, bien que modernisé. Le F se hâte vers la grand place, au milieu d’une circulation très clairsemée.
La ligne passe ensuite devant ce qu’on appelle aujourd’hui le square du p’tit Quinquin. C’est là qu’était alors installé, derrière le monument de Desrousseaux, mais aussi « l’Ideal Skating », remplacé à une autre époque le « Palais d’Eté ».
On rencontre un peu plus loin le boulevard de la Liberté, avec, à droite le café du Coq Lillois, qui a changé aujourd’hui de nom. Le F laisse à sa droite les voies qui s’engagent dans le boulevard pour rejoindre le boulevard Vauban, et continue, lui, sa route en droite ligne. Le rail central alimente encore les motrices
La photo suivante, prise au même endroit mais dans l’autre sens, nous montre la fin de ce rail central. En effet, à partir d’une certaine époque, ce rail d’alimentation qu’on voit au premier plan s’interrompt brusquement à cet endroit. A partir de là le tram va être alimenté par le fil de contact aérien soutenu par des pylônes situés sur les trottoirs. On remarque à droite le magasin de la manufacture d’armes et cycles de Saint Etienne, qui prendra plus tard le nom de « Manufrance ».
Un peu plus loin, les voies contournent le centre de la place de Strasbourg, connue également sous le nom de « place ronde », où un kiosque accueille les usagers du tram près du monument à Achille Testelin, héros de 1870. La statue disparaîtra durant la guerre 14 du fait des allemands et les rails traverseront la place en ligne droite jusqu’à leur propre disparition.
La ligne passe ensuite devant l’église du Sacré Cœur dont le clocher ne sera achevé qu’en 1928, 25 ans après la consécration de l’édifice situé au coin de la rue Solférino. Dans cette dernière rue, les voies de tramway sont alimentées par ligne aérienne également, mais par des poteaux centraux , alors que ceux des trottoirs de la rue Nationale vont disparaître, remplacés plus tard par des suspensions directes sur les façades des immeubles. Les photos, prises avant et après l’achèvement de la flèche, montrent la rue Nationale avec ses poteaux sur les trottoirs, et la rue Solférino avec ses poteaux centraux.
Un peu plus loin, les usagers du F rencontrent la rue Colbert. La photo montre, au premier plan, les voies de la rue Nationale, et, à angle droit, la voie unique de la rue Colbert vers Wazemmes. Cette rue est trop étroite pour autoriser une voie double. Plus tard, la rue sera mise en sens unique et la voie déplacée vers l’axe de la chaussée.
Nous arrivons finalement à la place de Tourcoing, aujourd’hui place du Maréchal Leclerc, très loin, là où se rejoignent le boulevard Vauban et la rue Nationale. Le terminus est situé sur la voie latérale, face au boulevard Vauban, sous les frondaisons. On y voit sur la photo suivante une rame en attente.
Les photos non légendées proviennent de collections particulières.
A suivre …