La Pâtisserie Rouvillain-Spriet

Pierre Rouvillain naît en 1923, à Roubaix. Ses parents sont commerçants, et tiennent une pâtisserie, au 103 rue Lacroix, à l’angle de la rue Pellart, juste en face de l’église du Sacré Coeur.

document M. Rouvillain

Après son certificat d’études, Pierre devient apprenti en pâtisserie. En 1940, c’est l’exode et Pierre se retrouve à Royan. Il trouve un poste d’apprenti chez R Quantin, un très grand pâtissier de la ville reconnu pour son célèbre gâteau : « L’étoile de Royan ».

document M. Rouvillain

De retour à Roubaix, il se marie, en 1949, avec Noëlla Spriet, la fille de Jules Spriet, boulanger-pâtissier au 125 rue Jules Guesde, à l’angle de la rue du coq Français.

Forts, tous deux, de leur expérience en pâtisserie, Pierre et Noëlla décident de créer leur commerce. Ils reprennent le magasin de rideaux de M. Vandemeulebroucke, au 142/4 Grande rue, pour créer leur pâtisserie en 1949.

document P. Rouvillain

Pierre et Noëlla aménagent le magasin et installent l’atelier de pâtisserie dans l’arrière boutique. Ils habitent à l’étage. Les affaires démarrent doucement, car nous sommes au début des années 1950 : période d’après guerre. Mais leur savoir faire, leur ténacité, et leur sens du commerce vont permettre de développer leur affaire assez rapidement. Noëlla sert les clients, Pierre fabrique ses gâteaux et propose une gamme assez classique de tom-pouce, éclair, carré aux fruits, baba au rhum, saint-Honoré, tartine russe, galette Bruxelloise, sans oublier bien sûr, les fameuses pièces montées, destinées aux communions et aux mariages.

Pièce montée ( document MD. Balenghien )

Pierre se souvient de « L’étoile de Royan » qu’il fabriquait, il y a quelques années, et qui se vendait fortement. L’idée lui vient alors de créer « L’étoile de Roubaix ». Ce gâteau est composé de meringue aux noisettes et de crème pralinée. Pierre apporte une petite touche de décoration avec un peu de massepain de couleur verte et en forme d’étoile. Ce succulent dessert, qu’il fabrique en exclusivité, lui apporte une nouvelle clientèle.

Le « Porte en ville » utilisé pour la livraison de pâtisseries au domicile des clients ( document M. Rouvillain )

Pierre est également confiseur et glacier. Il produit lui même ses glaces à la vanille, fraise, chocolat, etc mais également sa célèbre glace Dijonnaise. Ils proposent à la clientèle des boulots et des baguettes, car ils font office de dépôt de pain pour la boulangerie Dujardin à Roubaix. Ils fabriquent aussi des croûtes de vol-au-vent, car les bouchers-charcutiers de l’abattoir, juste en face, leur passent des commandes pour la fabrication de bouchées à la reine.

document P. Rouvillain

Pierre et Noëlla ne comptent pas leurs heures. Le magasin est ouvert 6 jours sur 7. Ils ferment le soir très tardivement car ils bénéficient de la clientèle des ouvriéres de l’usine Allart qui terminent leur journée à 20h et qui font quelques achats très régulièrement. Noëlla fait entière confiance à cette clientèle fidèle et n’hésite pas à noter leurs dépenses, sur un carnet, pour un règlement toutes les 2 semaines. Le dimanche après midi est bien souvent consacré à l’administratif. Une vendeuse est embauchée à mi-temps, surtout pour les samedi et dimanche matin. Un apprenti pâtissier aide Pierre à l’atelier.Les affaires fonctionnent correctement.

Le magasin et l’habitation ( document archives municipales )

Pierre et Noêlla ont quatre enfants : Patrick, Michel, Bernard et Bruno. Leur habitation à l’étage devient petite. L’occasion d’être moins à l’étroit se présente en 1968, quand la maison voisine se libère. Ils en font l’acquisition.

En 1970, la municipalité modifie la numérotation de cette partie de la Grande rue. Le magasin au 142/4 devient le 144 bis.

Le calendrier 1984 offert à la clientèle, comme chaque année ( document collection privée )

Pierre fait partie de la Confédération des artisans pâtissiers du département du Nord. Il en est le responsable pour les villes de Roubaix et Tourcoing. Des réunions régulières de travail permettent de créer un climat fort sympathique entre les artisans ; ils n’hésitent pas à échanger entre eux, des conseils, des recettes . . .

Pierre Rouvillain à l’atelier ( document P. Rouvillain )
Noëlla Rouvillain au magasin ( document P. Rouvillain )

Pierre et son épouse décident de prendre leur retraite en 1987. Sur la photo ci-dessus, le panneau d’information mural, précise :

Le 20 Octobre 1949, nous ouvrions notre maison avec comme devise « SERVIR » ayant le seul souci de ne jamais décevoir. Le 20 Septembre 1987, nous cesserons notre activité après avoir servi pendant 38 années. Nous vous remercions pour la confiance et l’amitié que vous nous avez accordées.

Ils restent sur place, dans leur habitation. En 1993, ils cèdent le magasin, qui devient : Asiafrica Distribution.

document archives municipales

Remerciements à Patrick et Michel Rouvillain ainsi qu’aux archives municipales.

Récréation

Jules Rouvillain est né à Roubaix en 1922. Après la seconde guerre mondiale, il part à Arras retrouver sa fiancée, Yvonne. Jules a un sens inné du commerce. Il commence sa carrière en vendant des sacs Delmar sur les marchés. Il trouve ensuite un emploi de représentant chez Berne distibuteur de jouets et de bimbeloterie.

( document collection privée )

En 1946, il se marie avec Yvonne à Arras. Il devient commercial chez GéGé, important fabricant de jouets : poupées, dînettes, jouets mécaniques, jeux scientifiques etc. Il visite les commerçants de la région.

( document collection privée )
Jules Rouvillain ( document F. Daulmerie-Rouvillain )

Ses affaires fonctionnent très bien. Jules est heureux, mais… son souhait le plus cher, est de pouvoir créer son propre magasin de jouets, car il est persuadé qu’il va réussir, au vu de son expérience acquise, depuis des années, dans son domaine.

L’occasion se présente, au début des années 1960, lors d’une visite à son client : le magasin Récréation au 15 Grande rue à Roubaix. Le commerçant, Henri Ducoulombier vient juste de reprendre ce magasin en 1959, qui a longtemps été tenu par L. Everaere.

Henri possède également le commerce de meubles Ducoulombier au 7 rue de Lannoy. Il vient d’ailleurs de recevoir un courrier de la mairie qui l’informe de sa prochaine expropriation car le centre commercial Roubaix 2000 va se construire.

Désabusé et déçu, Henri Ducoulombier décide d’arrêter sa carrière, et de revendre son magasin de jouets : Récréation.

le magasin au 15 grande rue ( document archives municipales )

Jules Rouvillain saute sur l’occasion. L’affaire est conclue. En 1964, Jules, son épouse Yvonne et leurs 3 filles s’installent à Roubaix.

Fort de son expérience, Jules Rouvillain communique par la presse locale, sur le changement de propriétaire, et devient rapidement le plus grand magasin de la ville, en Jeux, Jouets et Modélisme.

Publicité 1964 ( document collection privée )

Jules et sa famille habitent sur place, dans la maison séparée du magasin par une ancienne cour intérieure. Derrière le logement se trouve le jardin, et, au bout de cet espace vert, un local assez important pour le stockage des jouets. Le 1° étage du commerce sert à l’exposition de jouets de grande taille ( baby-foot, table de ping-pong etc ) Au 2° étage, se trouve la réserve.

Jules Rouvillain référence et propose toutes les grandes marques de jouet dans son magasin.

Toutes les grandes marques sont référencées dans son magasin

Jules continue son adhésion au groupement de commerçants : Élégance et Distinction. Il soigne en particulier le look de son magasin, en décorant et aménageant de superbes vitrines alléchantes, pour les passants qui déambulent dans la Grande rue. Bon nombre de roubaisiens se souviennent encore, à ce jour, de ce fantastique magasin, de ces magnifiques vitrines de poupées et de peluches.

( document archives municipales )

Tous les ans, Jules et son épouse, se déplacent à Paris au salon du jouet pour y faire leurs achats de fin d’année. Très régulièrement vers la fin Janvier, ils partent à Nuremberg en Allemagne, au salon international du jouet. C’est la plus importante foire du jouet au monde. Ils sélectionnent leurs fournisseurs, choisissent les jouets et en particulier les célèbres boites à musique Steinbach.

Une boite à musique Steinbach ( document F. Daulmerie-Rouvillain )

Il développe fortement le modélisme, et devient au début des années 1970, le plus grand spécialiste de la région en modèle réduit : trains, circuits électriques et maquettes. Il crée son propre catalogue : « Le Modéliste ».

Pour exposer ses nombreuses références, il crée une extension à son magasin, en transformant le sous-sol de son habitation, en salle spéciale de modélisme. L’accès à cette arrière boutique se fait par une légère descente dans l’ancienne cour intérieure.

( documents collection privée )

Yvonne, son épouse l’aide à la gestion et la tenue du commerce. 5 vendeurs sont présents toute l’année dont 2 pour les maquettes, et en Novembre Décembre, 10 vendeurs supplémentaires viennent renforcer l’équipe en place. C’est une vraie fourmilière, car bien sûr, la fin d’année ( St Nicolas, Ste Catherine et Noël ) est une période très importante et incontournable pour le magasin.

( documents collection privée )

Au début des années 1970, Jules Rouvillain adhère au groupement Jouéclub. C’est une coopérative qui permet l’achat de jouets en grande quantité, et donc au meilleur prix. Cette adhésion lui permet de bénéficier d’une publicité nationale, et en particulier la création et diffusion d’un superbe catalogue de jouets, distribué en fin d’année.

( documents archives municipales et collection privée )

Dans les années 1980, les jeux électroniques font leur apparition sur le marché. Jules Rouvillain souhaite bien évidemment proposer à la jeune clientèle les marques Atari, Nintendo et bien d’autres.

( document collection privée )

En 1988, Jules a 66 ans. Il décide de prendre une retraite bien méritée. Il cède son commerce au groupement belge Christiaensen. L’enseigne Récréation disparaît. Le nouveau directeur Hugues Robiche modifie le magasin et change complètement de stratégie commerciale. Le magasin se heurte également à la concurrence des grandes surfaces spécialisées en jouets, et malheureusement, les affaires ne sont plus aussi florissantes.

( documents archives municipales et collection privée )

Le magasin disparaît totalement en 1997, rasé car l’emplacement du 15 grande rue devient la deuxième entrée du centre commercial  »Espace Grand Rue ».

Remerciements à Françoise Daulmerie-Rouvillain, à Thierry Bausier ainsi qu’aux archives municipales