En 1954, un terrain à l’angle de la rue de l’Espierre est cédé par la ville au CIL. A cette époque démarre le grand chantier de la Mousserie, dont on retrouvera les modèles de bâtiments au Fromé, à deux pas de là. En Mars 1957, à proximité du pont des Couteaux, le CIL programme la construction d’une tour de 16 étages, qui abritera 64 logements, sur le quai de Marseille. L’article de presse précise qu’avec la Mousserie, le Fromé et la nouvelle cité du Hutin, c’est la campagne qui recule…
Août 1958, un drapeau tricolore en son sommet signifie que la tour a atteint sa hauteur définitive. Le gros œuvre est désormais terminé, et d’ici la fin de l’année 1958, tout sera achevé. La presse parle de seize étages et précise que le rez-de-chaussée est surélevé, que le seizième étage est en retrait par rapport aux autres, et qu’il est entouré par une sorte de loggia circulaire. Avril 1959, en haut de la tour du Hutin, un splendide appartement est meublé pour accueillir les visiteurs. Le journaliste glose sur la beauté du canal, vu du quatorzième étage. A raison de quatre appartements par étage, la tour du Hutin propose donc 64 logements. A l’occasion d’une visite de chantier, M. Ignace Mulliez président du CIL est accompagné de M. Dutilly architecte, Jack Menu directeur des travaux et Debus directeur du « Toit familial ». La presse les accompagne, et constate qu’il y a encore des peintres au travail ainsi que des ouvriers « de la dernière heure ».
Les appartements de la tour sont dotés du chauffage central, l’eau chaude coule par les robinets de la cuisine et de la salle de bains. La salle de séjour et les chambres sont spacieuses, le tout compose un « home confortable et élégant ». Un ascenseur dessert tous les étages. Avec cet appartement aménagé, le CIL propose une formule de l’habitation verticale qui offre la lumière et l’air qui « semble pur et léger ». La société civile immobilière de la caisse des dépôts et consignations et le CIL sont partenaires pour cette réalisation, comme ils l’ont été pour la tour du fer à cheval, à l’orée de Croix. Ces deux tours considérées comme des essais. Elles inaugurent ce qu’on pourra appeler le temps des tours, qu’on trouvera bientôt un peu partout, dans les quartiers des Hauts Champs, des Trois Ponts, rue Carpeaux et dans le bloc Anseele. On apprend que ce genre de logement ne s’adresse pas aux familles ayant des enfants turbulents. Ils sont proposés à une clientèle sélectionnée, avec des loyers supérieurs à ceux des HLM. C’est la modernité de l’époque.
Le chantier n’est pas tout à fait terminé, les abords et vestibules sont encore encombrés de matériaux divers, quand a lieu le samedi de l’inauguration, au mois d’avril 1959, en présence de nombreuses personnalités politiques et du monde du bâtiment. Avec l’appartement du 14e décoré par l’ensemblier spécialiste MAP 84 rue de Paris à Lille, Ignace mulliez se fait le propagandiste de la construction verticale, plutôt qu’à ras du sol. Le maire Victor Provo lui répond en disant que compte tenu de l’espace restant, on est condamné à construire en hauteur, et que nécessité prévaut. Mais il ajoute que tout le monde n’est pas d’accord. Un autre appartement témoin a été aménagé au 1er étage par la maison roubaisienne des meubles Debeyne, l’électricité ayant été confiée à la société Lemahieu frères de Wattrelos. Parmi les entreprises associées, la société Ferret Savinel est également citée.
Un immeuble de cinq entrées et quatre étages appartements, -les témoins disent la barre de la tour-, complète l’ensemble. Ce qui nous vaut le jeu de mots suivant : tu habites quai de Marseille à la tour ou autour ? L’immeuble est déjà occupé, quand la tour en est à ses finitions. Il forme avec elle une véritable cité selon la presse. Alors que la tour est en voie d’achèvement, le quai de Marseille présente un chemin de halage fait de boue et d’ornières. Cependant le CIL entoure le collectif d’une route macadamisée et de gazons.
à suivre
Merci aux témoignages de l’atelier ECHO, recoupés avec la presse de l’époque