Rue Louis Loucheur

Dans le quartier des Trois baudets, cette rue, longue de 869 m, joint la rue Jean Jaurès à la rue d’Halluin, avant de se poursuivre jusqu’à Roubaix, rue Pierre Brossolette. Sans nom sur le plan cadastral de 1824, elle devient le chemin du Bas Voisinage sur celui de 1890, puis la rue du même nom au début du vingtième siècle, avant d’apparaître sous son nom actuel sur un plan de la fin des années 1960.

La rue du Bas Voisinage (CPA colorisée) dans les années 1900, vue de la rue Jean Jaurès, et la même vue en 2023 (Documents collection privée et Google Maps)

Dans la première partie de la rue, qui descend de la rue Jean Jaurès vers la rue Alexandre Ribot, on trouve, dès après guerre, des commerces très divers. Ainsi l’épicerie Tribalat puis Desmet Bonnaviat, alimentation générale, épicerie moderne, au n°39, au coin de la rue Ribot, qui sera ensuite reprise par les Thooris-Vergne au début des années 1960 avant de devenir, au milieu de la décennie, l’alimentation Dillies-Dupriez de Dominique Dillies sous l’enseigne « Dominique » jusqu’à la fin des années 1980.

Publicités Desmet-Bonnaviat (années 50) puis Dillies-Dupriez (années 1970) (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Photo du n°39 en 2008 et en 2022 (Documents Google Maps)

A la fin des années 1950 et jusqu’au début des années 1980, un horticulteur, A.Deligny est installé au n°19. « Célibataire, il vit avec sa sœur, institutrice. Il sortait son couteau pour couper des fleurs et en voyant une limace la piquait et la gobait. Il allait tout les jours au cimetière à vélo fleurir des tombes » d’après le témoignage d’un riverain.

Au milieu des années 1960, un marchand de charbon, Louis Vanbenneden, dit « le berger »occupe le n°2. Témoignage d’un voisin : « Ses deux fils, Achille et Louis, ont été les 2 derniers marchands de charbon avec des chevaux. L’écurie était en haut de la rue sur le coin de la rue Jean Jaurès, face à l’épicerie COOP. Mon père leur demandait, une fois par an, du fumier de cheval pour le jardin, avant l’hiver. Alors ils le livraient avec leur ancien tombereau sur le trottoir. Quand je rentrais de l’école Jules Ferry par la rue Alexandre Ribot, arrivé à l’angle de ma rue je voyais le tas énorme. Alors je savais que je ne pourrais pas jouer car il fallait tout rentrer avec des seaux jusqu’au fond du jardin avec mon frère. Quand le bus, qui passait par la rue à l’époque, glissait dans le fossé côté horticulteur, alors on allait chercher les chevaux du marchand de charbon pour l’en sortir. »

10 ans plus tard, le numéro 2 devient le siège d’un artisan en peinture vitrerie R.Voisart. A la même époque et jusqu’à la fin des années 1970, un artisan carreleur, Chantrie et fils, occupe le n°35.

Photo devant l’horticulteur dans les années 1970 et la même vue en 2022 (Document Patrick Debuine et Google Maps)

A l’époque, à hauteur du N°20, une palissade grise juste avant l’impasse Briffaut, délimite le terrain du patronage de Saint-Joseph, situé rue des Ecoles (Parallèle à la rue Loucheur), lequel accueille les activités sportives des enfants de la paroisse notamment le 1er terrain de volley. Témoignage d’un riverain, enfant à l’époque : « La soeur Agnés avec ses cornettes nous coursait avec son tisonnier quand on embêtait les filles ».

Le terrain du patronage délimité par une palissade en ciment juste avant l’impasse (Document Patrick Debuine)

Dans les années 1970, le terrain a été racheté et une maison y est construite pour abriter une entreprise de bâtiment ECH, entreprise de construction hémoise, également Z Dépannage, spécialisée dans le dépannage rapide de tous les domaines du bâtiment, laquelle fait sa publicité sur le pignon de la maison voisine. Dix ans plus tard, Mr Vanwynsbergue y est installé en qualité d’agence immobilière sous le sigle CIH. Puis la maison retrouve son usage d’habitation.

Publicités de Z Dépannage et ECH, en-tête de l’entreprise et photo de la maison en 2008 (Documents Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

Témoignage d’un riverain : « Dans l’impasse Briffaut il n’y avait pas d’eau, alors il fallait aller en chercher rue Jean Jaurès, en haut de la rue Loucheur, à la borne. Il y avait Georgette qui était déhanchée et marchait en se balançant qui allait chercher de l’eau avec ses deux seaux toute la matinée le jour de lessive, alors le trottoir en terre était trempé car elle en renversait beaucoup ».

Avec le n°39 ci-dessus, nous voici déjà au carrefour de la rue Alexandre Ribot (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Le contraste y est saisissant entre la vue d’une carte postale ancienne prise à cet endroit et la même vue en 2023. Finis les champs qui bordaient encore le côté impair de la rue du Bas Voisinage au début du 20 ème siècle. La rue Loucheur est à présent un alignement de maisons des deux côtés .

CPA du début du 20ème siècle et la même vue du croisement en 2023 (Documents Historihem et Google Maps)

Dans les années 1950, au n°42 s’installe la boucherie de J. Vandenberghe (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Un peu plus loin, au n°48, c’est une parfumerie qui ouvre ses portes, à la même époque, et reste sur place jusqu’à la fin des années 1960, celle de Mme. Meulebrouck. 10 ans plus tard et pour une décennie, c’est la pharmacie Vasseur-Dupriez qui y emménage et cédera la place par la suite à la pharmacie Lheureux. Aujourd’hui, c’est une habitation à cette adresse.

Publicités de la pharmacie en 1976 et dans les années 2000 et photo de celle-ci en 2008 (Documents Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

La maison voisine, au°50, accueille durant une quinzaine d’années, au milieu des années 1950, une fabrication de confection gérée par Mme Deblaere. C’est une quincaillerie qui se trouve au n°52, dans les années 1960, tenue par Cl. Froquet. Ces deux commerces, situés au coin de la rue du Maréchal Foch reprennent ensuite leur usage d’habitation.

Le n°50 en 2008 et 2023 (Documents Google Maps)

A la fin des années 1950, le n°56 abrite l’épicerie J.Mazurelle, puis l’alimentation générale J. Deschamps au milieu des années 1960. A la fin des années 1970, un salon de coiffure dames Deschamps-Janssens, qui fait également parfumerie, y côtoie l’épicerie Alain Deschamps, spécialisée dans la commercialisation des vins Nicolas. De nos jours le bâtiment est à usage d’habitation mais l’on y retrouve toujours le pignon en briques qui supportait la publicité des vins Nicolas.

Publicités des 2 commerces et photo en 2008 et 2023 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Le n°58 est la villa Mona Lisa de l’entrepreneur roubaisien Léon Degallaix-Vion, qui a fondé son entreprise de construction au 23, bd du Catteau à Roubaix et au 34 rue Ingres. Il est également le fondateur, en 1929, de la Société de briqueterie de l’entreprise dont il reste président pendant 37 ans. Il est enfin fondateur et vice-président de la caisse de congés payés du bâtiment ainsi que de la caisse de chômage et intempéries.

Le 23 bd du Catteau et le 34 rue Ingres à Roubaix (Documenst Google Maps)

Bien connu également dans la région du Touquet où il a oeuvré à la construction de nombreuses digues, hôtels et villas, il y possède une résidence secondaire et y fonde « La Touquettoise Immobilière » dont il est le président. En raison des nombreux services rendus à la corporation, il est promu officier de la Légion d’Honneur. Il décède, en 1966, à l’âge de 92 ans. Ses funérailles sont célébrées à l’église Saint-Joseph à Hem, en présence d’une foule imposante, constituée de nombreuses personnalités dont le maire de Hem, Jean Leplat. L’inhumation a lieu ensuite dans le caveau de famille, au cimetière de Roubaix.

Le décès de Léon Degallaix et la villa Mona Lisa à Hem (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

De 1979 au milieu des années 1980, la maison voisine, au n° 60, accueille l’auto-école de Marie-Louise Manche et, à la même époque, on retrouve au n°70 le piqurage à façon de H. Creton. Quant au n°78, il héberge, dès le début des années 1970 et durant une décennie, le salon de coiffure pour dames d’ Héléne Deblaere. Tous ces bâtiments ont retrouvé ensuite leur usage d’habitation.

Publicité de 1980 pour l’auto-école Manche et photo de la maison de nos jours, publicité de 1971 pour le salon Deblaere et photo de la maison en 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Evolutions d’une façade

A travers les années, la vitrine de la pharmacie de l’Avenir a bien évolué, en suivant les modes successives. La voici en quelques photos.

Années 50 : la façade a été rénovée. Signe des temps, remarquer le porte-vélos à droite de la porte d’entrée

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1970 : Deux vitrines, une de chaque côté de la porte. Le porte-vélo y est toujours. Le bandeau est éclairé par des spots

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1988 : le bandeau est refait, mais conserve le même graphisme. Les lettres sont rouge sombre . On ajoute les mentions herboristerie et homéopathie, et un rideau pare-soleil (associé à l’installation de la climatisation).

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2000 : Le graphisme de l’enseigne a de nouveau changé : lettres blanches de type Helvetica. Le porte-vélos a disparu. La pharmacie appartient alors à M . Challiez. Le bandeau est de nouveau éclairé par des néons.

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2010 : les lettres de l’enseigne sont désormais vertes et éclairées par des spots. On entre par la porte située à droite (agrandissement de la pharmacie). Ajout à même la façade sur le pan coupé avenue Linné du mot Orthopédie avec les mêmes caractères, ainsi que, sur les vitrines de Homéopathie, Hydrothérapie, Parapharmacie, produits vétérinaires, matériel médical.

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2013 : la vitrine principale, plus chargée, arbore maintenant, écrit verticalement : matériel médical, location-vente. La façade sur l’avenue Linné arbore Orthopédie.

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Documents collection particulière

La pharmacie depuis 1970

Mme CLERC et Mme DOOGBAUD témoignent

 On a agrandi assez vite, en 70. C’est une pharmacie qui se développait, et il n’y avait pas assez d’espace. On a élargi la vitrine en gagnant sur une pièce et en supprimant la fenêtre correspondante. La deuxième fenêtre est devenue une porte pour les livreurs, et le bureau restait sur l’avenue Linné. On a installé le chauffage central qui n’existait pas.

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L’officine en 1970 -photos collection particulière

 La façade a été agrandie, munie de deux portes, une pour la clientèle, et l’autre pour les livreurs, celle-ci donnant sur une pièce de déballage. Par ailleurs, l’espace client a été rendu plus spacieux par la suppression de la réserve attenante. Des petits comptoirs séparés ont été installés devant des armoires-tiroirs, nouveau mode de rangement des médicaments.

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L’aménagement dans les années 70

 En entrant dans la pharmacie, les clients avaient, sur la gauche, une partie en libre-service, signalée par « servez-vous », et une gondole tournante. A l’arrière, la petite cour couverte servait de réserve et de vestiaire pour le personnel. Les lois avaient évolué, et c’était devenu obligatoire.

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La vitrine dans les années 70 – photo collection particulière

 Au début des années 1980, on a créé une SCI, et on a racheté de l’immeuble, pour agrandir les locaux. On n’a pas touché à la façade, mis à part la modification du bandeau et l’ajout d’un pare-soleil : sur cette place il faisait très chaud ; on a aussi installé la climatisation, peu après. On a installé un escalier intérieur pour communiquer avec l’étage.

Au premier on a aménagé le préparatoire, le bureau et les réserves, ainsi qu’une chambre pour la garde. La réception des commandes continuait à se faire en bas. On a essentiellement fait des travaux à l’étage ; le rez -de- chaussée est resté inchangé, mise à part l’installation d’une réserve dans l’ancien bureau. A l’étage, il y avait le bureau sur la droite, puis la chambre pour la garde, le préparatoire sur la gauche suivi des réserves.

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Le plan de l’étage dans les années 80

 Auparavant, au premier, il y avait deux locataires, dont une vieille dame, qui y était déjà en 1936. On n’a jamais utilisé le deuxième étage. En 1990, on cède la pharmacie à M. Challiez. Il a racheté les murs par la suite. Il a pris sa retraite et a cédé aux pharmaciennes qui y sont actuellement. Depuis, il y a eu d’autres transformations, et, en 2013, la pharmacie a été transférée à la place du garage attenant.

La grande transformation aussi a été le passage du manuel à l’informatique dans les pharmacies. On l’a subi aussi… On a mis deux postes de travail pour la saisie. C’était imposant, ça prenait beaucoup de place. Je vois encore les gens qui me disaient « je suis dans l’ordinateur ! ». Au début, on a eu beaucoup de mal à s’adapter, ayant eu peu de formation. On a appris vraiment sur le tas. Mais on y est arrivé, parce qu’il le fallait bien. Il fallait tout entrer au clavier et ne pas oublier de sauvegarder chaque soir : il ne fallait surtout pas perdre le fichier clients !

C’était un handicap commercial, parce qu’on était tellement pris qu’on avait moins de temps pour écouter les patients. Ceux-ci devaient attendre. La carte vitale n’existant pas, on prenait une photocopie des renseignements concernant les assurés, qu’on entrait dans l’ordinateur par la suite. Ceci a modifié le temps de travail de la secrétaire qui est passé d’un mi-temps à un temps plein.

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Document Nord-Matin – 1952

La pharmacie de l’Avenir

La pharmacie de l’Avenir est familière à plusieurs générations d’habitants du quartier. Elle semble être implantée place Spriet depuis toujours.

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Photo Jp Maerten

Dans les années 20, le quartier se construit et commence à prendre l’aspect que nous connaissons aujourd’hui. C’est l’ époque où la plupart des maisons entre la place du travail et la place Spriet s’implantent. La construction des HBM ne va pas tarder.

En 1925, le terrain faisant l’angle de l’avenue Linne et du Boulevard de Fourmies fait partie de la propriété de M. Narcisse Jaune, qui possède un café au n° 103-105, devenus au moment de la renumérotation de la fin des années 30 les numéros 163 -165. Le terrain est ensuite cédé, et, le 21 Juin 1927, monsieur Lerouge, habitant Willems demande l’autorisation de construire un immeuble à cet endroit. L’architecte est J. Debonneville, rue St Georges à Roubaix. Le plan montre la vitrine d’une boutique au rez-de-chaussée, et l’immeuble est prévu pour plusieurs logements, desservis par une porte placée à gauche de la façade. Son plan correspond tout à fait à ce que nous connaissons aujourd’hui :

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Document Archives municipales

En 1929, l’immeuble n’est toujours pas en service (le numéro n’existe pas encore dans la rue), mais en 1932, on trouve M. Lerouge parmi les habitants du n° 111. En 1933 on trouve notamment à cette adresse R. Declercq, confections dames.

A partir de 1935, on rencontre la première mention d’un monsieur A. Lhuillier, pharmacien au 169 bis. A partir de 1955 le numéro deviendra le 171,et M. Lhuillier y figure encore. Il tiendra encore la pharmacie en 1965, trente ans après son arrivée.

En 1970, la dénomination devient la Pharmacie de l’Avenir. Deux pharmaciens figurent à cette adresse, C. Clerc et F. Doogbaud. La pharmacie est-elle devenue trop importante pour un seul pharmacien ? Qui pourra compléter l’histoire de cette pharmacie ?