Une vieille photo retrouvée dans un grenier et il n’en faut pas plus pour réactiver l’envie de faire quelques recherches. La photo est signée Alexandre Mischkind qui était un grand photographe roubaisien de l’entre deux guerres. Elle a été offerte comme souvenir de la fête en l’honneur des médaillés du travail qui s’est déroulée le 29 aout 1926. Bien qu’elle ait un peu souffert, elle reste un document de l’époque et notamment pour les salariés des établissements Motte-Bossut fils de Leers.
Nous parcourons la presse de l’époque et nous y trouvons un compte-rendu que nous vous livrons in extenso ci-dessous.
Une fête des médaillés du travail.
Trente cinq ouvriers de la maison Motte-Bossut récemment décorés de la médaille du travail ont été l’objet d’une charmante réception dimanche après-midi. Les décorés s’étaient réunis à l’usine où l’Harmonie municipale est allée les chercher pour les conduire à la Mairie, où ils ont été reçus par l’Administration municipale. Monsieur Joseph Leroy, maire, entouré du Conseil Municipal, a félicité chaleureusement les braves ouvriers, dont la vie de labeur vient d’être récompensée, et a formulé à leur adresse et à celle de leurs familles, les meilleurs vœux. M. Jules Couque, au nom des médaillés, a remercié en termes excellents l’Administration municipale. Après l’exécution de la Marseillaise et le chant d’un chaleureux vivat en l’honneur des décorés, un vin d’honneur a été servi et la fête s’est prolongée dans une atmosphère de franche et cordiale sympathie.
Au delà de son activité professionnelle, Jean Pennel a une passion : le jardin. Au début des années 1920, il a son jardin ouvrier, parmi d’autres, au bout de l’usine au 143 rue de Constantine à Roubaix. Puis d’autres se succèdent, parfois pour la saison, jusqu’à celui qu’il aménage derrière sa maison du boulevard Clémenceau à Hem et qu’il fait visiter.
Il décrit son jardin dans 3 albums réalisés en 1975, à l’adresse des jeunes auxquels il souhaite donner le goût des fleurs et des jardins. C’est lui qui crée l’Association des Cités Fleuries, avec laquelle il organise des concours de balcons et jardins ainsi que des concours de dessins dans les écoles primaires de l’agglomération.
Dans les années 1970 il multiplie les opérations portes ouvertes dans son magnifique jardin pour le faire découvrir au plus grand nombre, en présence parfois de membres de sociétés d’horticulture des environs, pour guider et renseigner au mieux les visiteurs.
Une dénivellation située à l’entrée du parc permet l’établissement d’un jardin de rocailles et une seconde partie est constituée par des murets fleuris et un plan d’eau situé derrière l’habitation. Dans cette partie poussent les plantes de rocailles, plantes grimpantes et plantes grasses, le fond du parc étant constitué par le verger, installé sur un gazon à l’état de prairie et la partie jardin d’agrément, jardin vert au superbe gazon. Enfin la roseraie occupe la partie centrale du parc.
Jean Pennel commente ainsi son jardin en 1979, soit au bout de 40 ans de soins : « L’utilisation de la pente du champ qui en fut le point de départ et l’installation d’un court de tennis ont conduit à des mouvements du sol qui en brisent l’uniformité et donnent un relief encore accentué par quelques rocailles où se complaisent des plantes alpines. »
Les serres dont l’une est un peu un jardin d’hiver permettent le développement ou la conservation de plantes méridionales ou tropicales. La prairie-verger est, à la bonne saison, constellée de crocus et de narcisses. Dans le petit bois fleurissent coucous, primevères, pervenches, anémones des bois, violettes et muguet.
Puis des plates-bandes de vivaces, un golf miniature sur gazon, parcouru par un ruisselet parsemé de petits rochers et encadré de massifs fleuris sur fond de verdure, arbres et arbustes complètent l’ensemble. Le parc permet de se détendre au chant des oiseaux et les vergers et fruitiers ajoutent à la diversité du site.
Multi récompensé Jean-Baptiste est médaillé de la Résistance du réseau WO (War Office), titulaire de la grande médaille d’or de la Fondation Kuhlmann, Officier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre du Mérite et Commandeur des Palmes Académiques. Veuf, il décède le 14 mars 1980, dans sa quatre vingt quatrième année et ses funérailles sont célébrées à l’église Ste Bernadette à Roubaix.
Le journal Nord-Eclair rend hommage au cofondateur des Ets Pennel et Flipo, au système social d’avant garde associant personnel et direction dans l’exploitation et l’intéressement aux bénéfices, entreprise cédée quelques années auparavant au groupe Prouvost-Masurel.
Il rappelle que Jean-Baptiste Pennel a contribué au lancement de 12 centres d’apprentissage et a également été le président fondateur du Centre de perfectionnement des cadres ainsi que du Centre d’orientation professionnelle de Roubaix.
Enfin il conclue sur les nombreuses responsabilités que Mr Pennel a exercées au sein d’organisations professionnelles notamment en tant que président fondateur de l’Union Régionale des Industries et Négoces de la Chimie du Nord et du Pas-de-Calais et en tant que président du Syndicat National des Industries du caoutchouc et du plastique…
Il laisse 3 enfants, une fille et 2 garçons. 20 ans plus tard en octobre 2001, son nom est donné au mail reliant l’avenue Jean Lebas au Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix. A cette occasion l’entreprise située au 384, rue d’Alger ouvre ses portes aux visiteurs désireux de découvrir le savoir-faire de Pennel Industries, comme a déjà pu le faire le maire de Roubaix René Vandierendonck.
L’entreprise compte alors encore 400 salariés et tous ainsi que leurs familles, les clients, les fournisseurs et des institutionnels et élus locaux profitent de cette journée portes ouvertes pour découvrir l’envers du décor et l’intérieur des bâtiments de cette entreprise fondée depuis un siècle par Jean-Baptiste Pennel et Joseph Flipo.
Des plaques représentant les 2 hommes sont posées à l’entrée de l’entreprise. C’est Jean Pennel, l’un des fils de Jean-Baptiste qui inaugure la plaque commémorative dédiée à son père sous le regard de Bernard Minvielle, directeur général de la société en ce début de nouveau millénaire.
En 2005 pourtant, l’entreprise roubaisienne ferme ses portes pour s’implanter à Mouscron (Belgique) où elle produit et distribue dans le monde entier sous la marque Orca, des tissus composites souples qui apportent des solutions techniques aux acteurs des industries nautique, ferroviaire, aéronautique et de la défense.
Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.