Un foyer d’éducation populaire

Le Foyer d’éducation populaire Jean Macé Pasteur est issu de la fusion de deux très anciennes amicales laïques : l’association amicale des anciens élèves de l’école publique de la rue Delezenne, et l’association amicale des anciennes élèves de l’école communale de la rue du Pile. La première est née le 4 septembre 1890, la seconde le 23 janvier 1896, toutes les deux après le visa préfectoral. A cette époque, le scénario de la création d’une amicale laïque est pratiquement toujours le même : sous l’impulsion du directeur ou de la directrice de l’école, des parents d’élèves, des élèves récemment sortis de l’école sont appelés à se réunir pour la défendre contre les adversaires de la loi Ferry. Il est vrai qu’à Roubaix, à partir de 1884 le pouvoir politique est retombé entre les mains des partisans de l’école « libre », qui ne pouvant remettre en question la loi, privilégient les subventions à l’élite et visent la maîtrise de l’enseignement supérieur. Les activités les plus courantes de ces amicales seront les suivantes : distributions de vêtements et chaussures aux enfants nécessiteux, récompenses et encouragements aux élèves méritants et assidus (médailles, livrets de caisse d’épargne,…), montage de bibliothèques populaires et scolaires, organisation de voyages et d’excursions (récompenses certificat, mais également plus tard pour les membres), organisation de conférences.

L’école de la rue Delezenne et l’école de la rue du Pile Photos Journal de Roubaix et PhW

L’école de la rue Delezenne, et l’école de la rue du Pile étaient très anciennes. L’école de garçons de la rue Delezenne datait de 1873, elle est laïcisée en 1881. On y crée des cantines scolaires en 1894, elle est agrandie en 1909. Une délibération du 28 décembre 1934 décide de sa démolition. Entre-temps, l’école Jean Macé a été édifiée.  L’école des filles de la rue du Pile, également appelée école Pasteur, fait partie de la série des écoles publiques dites de Mollins construites en 1877. Elle sera agrandie en 1908 et fera l’objet d’aménagements divers jusqu’en 1970.

Les recherches sont en cours pour retrouver les dates de changement du nom de l’amicale Delezenne en Jean Macé, et en Jean Macé Pasteur, sans doute avant la seconde guerre. On trouve dans les archives de l’amicale une déclaration en préfecture du Nord le 21 décembre 1950 : le siège était à l’école de garçons du boulevard de Mulhouse, il est transféré au n°4 rue d’Anzin. La modification de son titre est annoncée en association amicale des anciens élèves des écoles publiques Jean Macé et Pasteur. La réunion des deux amicales a-t-elle eu lieu à cette date ?

Au cours de l’assemblée générale qui se tient le 14 novembre 1965, l’amicale transforme une nouvelle fois son titre et l’article 2 de ses statuts :

Le Foyer comprend plusieurs secteurs d’activité : club de jeunes, secteur adultes avec ses sections culturelles spécialisées, sa section activités sociales, sa section parents d’élèves…, secteur enfance avec des activités organisées par les adultes au profit des enfants : patronages, centres de vacances, centres aérés, USEP…

Le Foyer met à la disposition de tous, les moyens de développement d’activités éducatives, sociales et récréatives : éducation physique, intellectuelle, artistique, information scientifique, technique, économique et sociale.

Par ces moyens, le Foyer contribue à l’émancipation intellectuelle et sociale et à la formation civique. Par son action, il entend manifester sa fidélité à l’idéal laïque et à l’enseignement public en prolongeant son œuvre dans le même esprit.

Le 22 décembre 1965, l’amicale prend donc le titre de Foyer Populaire Jean Macé Pasteur (foyer de jeunes et d’éducation populaire), qui est toujours son titre distinctif.

Le conseil d’administration de l’amicale Delezenne en 1923 doc archives Foyer Jean Macé Pasteur
Remerciements au Foyer Jean Macé Pasteur pour la consultation de ses archives
Extrait sur l’historique des amicales, in La Question laïque Philippe Waret Collection des Cahiers Roubaisiens Editions Lire à Roubaix

 

1967 : le groupe scolaire Jean Macé

GSJeanMacé1967

Le groupe scolaire Jean Macé qui ne comprenait jusqu’ici qu’une école de garçons se voit adjoindre en septembre 1967 une école de filles et une école maternelle. L’école de filles est composée de huit classes, réparties en deux étages, une salle d’enseignement ménager, un bureau de direction, une cour de 800 m², un préau de 200 m² et une salle de propreté. L’école maternelle comprend six classes, une aire de jeux, une salle de repos, une salle de propreté, un bureau de direction, un cabinet médical.

Un restaurant scolaire pouvant accueillir 680 couverts, une salle des sports et un groupe de logements de trois appartements complètent les installations. Le projet reçoit l’aval de l’Etat en juillet 1966, et le département et la ville contribuent également au financement de ce nouveau groupe scolaire. Les plans sont l’œuvre de  l’architecte Dessauvages.

L’inauguration aura lieu le samedi 16 septembre 1967, en présence du maire Victor Provo et de M. Treffel, inspecteur d’académie. Le premier intervenant sera Octave Vandekerkhove, délégué cantonal de l’école Jean Macé, qui souligne le caractère moderne de la nouvelle école, dont les élèves se rendront compte que ce n’est plus l’école caserne de jadis[1].

Puis il rend hommage à l’action de Victor Provo et de la municipalité : la Laïcité et l’Education Nationale avec de tels hommes se porteront bien. L’inspecteur Jacques Treffel le suit sur cet hommage, en qualifiant Victor Provo de très grand bâtisseur, avant de faire l’éloge des inspecteurs Mme Valade et M. Bouret. Il relève le choix judicieux du nom du Jean Macé, qui fut le précurseur de l’éducation permanente.

Victor Provo prend ensuite la parole pour évoquer la transformation du quartier des Trois Ponts en cours, qui devient une véritable petite ville dans la ville, et il évoque les prochaines constructions du quartier : un nouveau groupe scolaire (ce sera le groupe scolaire Léo Lagrange) et de la future passerelle du Carihem, destinée à permettre une liaison directe avec Wattrelos. Le grand plan de la mutation du quartier des Trois Ponts est lancé.


[1] Propos relatés par le journaliste de la Voix du Nord

1933 la nouvelle école Jean Macé

Inauguration de l’école Jean Macé en 1933 Photo JdeRx

C’est à la suite d’une visite d’inspection que l’école de la rue Delezenne[1] située dans le quartier du Pile est déclarée vétuste et ne répondant plus aux besoins. Dès la fin de l’année 1930, l’administration municipale décide de faire construire une école de garçons boulevard de Mulhouse, et confie les plans à l’architecte roubaisien Pierre Neveux.

Le nouveau bâtiment comporte cinq classes au rez-de-chaussée et cinq classes au premier étage, avec de larges baies vitrées donnant sur une grande cour. Plantée d’arbres et recouverte de tarmacadam, cette cour fait en effet 2500 m², et elle est bordée de deux larges préaux.

De manière générale, il a été prévu de l’espace pour les classes, elles font 70 m², et pour la circulation dans l’école : deux vastes escaliers donnent l’accès à l’étage, et les couloirs sont munis de vestiaires et de lavabos, afin que chaque classe en dispose.

L’école Jean Macé et la salle des fêtes en 1933 Photo JdeRx

Le chauffage central a été installé dans tout l’établissement, ainsi que l’éclairage électrique. Une salle de cantine est installée à l’angle de la rue d’Anzin : elle est composée par deux salles de cuisine, une pièce de distribution des plats et un vaste réfectoire. Une salle des fêtes a été annexée à l’école, qui comporte une salle de réunions longue de 20 mètres sur 13 de large, avec une estrade de 8 mètres sur 6, le tout ayant une capacité d’accueil de près d’un millier de personnes. Pour terminer la visite, deux logements sont placés aux extrémités du corps principal du bâtiment du boulevard de Mulhouse, destinés au directeur d’école et à un adjoint chargé de famille.

Vues de l’école Jean Macé Bd de Mulhouse Photo JdeRx

Cette nouvelle école, à laquelle on a donné le nom de Jean Macé, fonctionne depuis la rentrée de septembre 1933, mais son inauguration se déroule le 24 décembre, présidée par le maire de Roubaix Jean Lebas accompagné des députés Léandre Dupré et Launay. Auprès des membres de l’inspection académique, se trouve le président des amicales laïques Gaston Duburcq et Richard Lejeune, président de l’amicale laïque de l’école[2], ainsi que l’architecte Pierre Neveux.

La symphonie Delzenne et la section féminine de la Fédération des amicales laïques animent un moment artistique, puis viennent les allocutions : Richard Lejeune, puis Gaston Duburcq, le député Launay, et enfin Jean Lebas. Le public peut ensuite visiter les locaux qui font l’admiration de tous, avec une mention particulière pour le mobilier scolaire réalisé par une société parisienne.

Les photos sont extraites du Journal de Roubaix de 1933.

[1] L’école de garçons de la rue Delezenne fut construite en 1873 et vraisemblablement démolie en 1935 (délibération en décembre 1934)
[2] L’amicale de l’école Delezenne a été autorisée par le Préfet du Nord le 23 janvier 1896.

Les écoles entourent le quartier

Trois établissements scolaires

Les écoles ont entouré le quartier des Trois Ponts, bien avant qu’il soit question d’en faire une cité nouvelle. L’avenue de Verdun qui est aujourd’hui la voie principale du nouveau quartier, a aussi établi la jonction entre les trois établissements scolaires qui l’ont précédée.

JMACEMULHLe Groupe Scolaire Jean Macé boulevard de Mulhouse (photo PhW)

Le Groupe scolaire Jean Macé

L’école Jean Macé, boulevard de Mulhouse a été construite pour remplacer la vétuste école de la rue Delzenne. Bien que l’établissement fonctionne déjà depuis la rentrée d’octobre, il est inauguré le dimanche 24 décembre 1933, en présence du député-maire de Roubaix, Jean Lebas, des députés du Nord Bracke et Dupré et des représentants de l’académie et des amicales laïques. Quelques innovations sont remarquées: le sol sans joint de l’école, solide, résistant à l’usure, lavable et incombustible. Egalement le mobilier scolaire moderne de la société Fischer de Paris. L’ensemble est moderne, clair, harmonieux. Pendant la visite, un spectacle se déroule dans la salle des fêtes de l’école. Même si elle semble tourner le dos au quartier des trois Ponts, elle en sera longtemps le centre de la vie scolaire, sportive et culturelle.

027vdm01Le lycée Maxence Van Der Meersch photo Archives Municipales

Un nouveau lycée

Le principe de la construction d’un lycée complet de garçons est adopté en 1950. Il accueillera un millier d’élèves dans un quartier tranquille, bien exposé et aéré, affranchi des mitoyennetés. Le 1er octobre 1955, le lycée Maxence Van Der Meersch accueille 450 élèves pour sa première rentrée scolaire. La première tranche des travaux est terminée, elle comprend le bâtiment d’administration, deux bâtiments de classe et un réfectoire. La seconde tranche de travaux se termine en 1958 : un gymnase, un internat, deux nouveaux bâtiments d’étude viennent compléter l’ensemble. Entre-temps, le lycée a été inauguré par Guy Mollet président du conseil, le 30 septembre 1956.

ecolevachesLa future école Pierre de Ronsard en 1957 (photo Nord Éclair)

L’école des vaches

L’architecte Pierre Neveux est le concepteur de ce nouvel établissement scolaire qui comporte seize classes. L’avenue Julien Lagache s’arrêtant bien avant l’école, le groupe scolaire voisine encore avec pâturages et vaches, ce qui lui vaut le nom d’école des vaches. L’inauguration du nouveau groupe scolaire aura lieu le 21 septembre 1957 et sa première directrice sera Madame Julienne Pruvot Lozé. Il comporte dix classes de filles, avec une section d’enseignement ménager, six classes maternelles, et une cantine. Cette école perdue au milieu de terrains encore embroussaillés et de pâtures ne restera pas longtemps isolée. On l’appelle déjà l’école publique des Trois Ponts, car elle accueille des enfants de la rue de Cohem et du Carihem, avec ceux de la Fraternité et du Pile. Elle verra la cité des Trois Ponts se construire, et d’autres enfants arriver, en 1969 de la rue Léonie Vanhoutte et de l’avenue Kennedy, en 1970 de la rue Léo Lagrange… Le groupe scolaire devient alors l’école Pierre de Ronsard.