En 1900, à Hem, alors que se profile au plan national la séparation de l’église et de l’état, Henri Delecroix est élu maire et le conseil est de tendance Union Républicaine et anti cléricale. Les rapports avec les catholiques et le curé Edmond Pollet se durcissent.
Ce dernier refuse de remettre la clef de l’église au maire qui la lui réclame. Le conseil municipal vote alors une indemnité de logement pour le pasteur protestant de Roubaix et fait ériger un urinoir contre l’église Saint Corneille. L’abbé Pollet est furieux et décide de faire construire deux écoles pour que les enfants chrétiens de sa paroisse continuent à bénéficier d’une éducation religieuse à l’école.
C’est ainsi que deux écoles libres (écoles privées), une pour les filles et une pour les garçons, s’installent au centre de la ville, au début du 20ème siècle, à proximité de l’église Saint Corneille. L’école de filles est construite au 29 de la rue du Docteur Coubronne (appelée alors route de Saint Amand) et celle des garçons s’installe au 6 de la rue Jules Ferry, dans une ancienne bourloire devenue ensuite salle de cinéma paroissiale. Les 2 écoles se rejoignent par leurs cours de récréation.
Comme le montrent les deux cartes postales anciennes ci-dessus, l’école libre pour filles comporte deux entrées différentes, l’une à gauche du bâtiment pour l’école primaire, dirigée par Louise Vandoorne et l’autre à droite pour l’école maternelle, dirigée par Soeur Marie Louise Fournier de la Sainte Union des Sacrés Coeurs.
Le dimanche, après les vêpres, l’école fait office de patronage pour les fillettes qui jouent aux cartes, au jeu de l’oie, ou qui chantent en choeur, accompagnées au piano. Deux fois l’an elles préparent des pièces de théâtre et se déguisent. Les rôles masculins sont tenus par des filles car pas question de mixité. Mlle Dubois est la première directrice laïque de l’école.
Dans les années 1920, on retrouve dans l’école libre des filles :Notre Dame de Lourdes, l’institutrice Mme Angèle Zaingraff, née en 1888, qui, dès 1920, crée des petites pièces de théâtre avec sa troupe dans le cadre de son école. Des photos nous montrent ainsi Angèle avec sa classe et avec sa troupe en 1920. A cette époque, elle bénéficie d’une auxiliaire, Rose Pollet que l’on retrouve encore dans l’école 40 ans plus tard.
A la même époque, l’école libre de garçons: Saint Corneille, est dirigée pendant 17 ans par Fernand Guerrien, son premier directeur laïque, né en 1877, titulaire d’un brevet de capacité pour l’enseignement primaire. A son décès en 1929, son éloge funèbre le présente comme un éducateur dévoué, ne comptant ni son temps ni sa peine pour donner à ses élèves un enseignement complet.
Il est également fait état de son sens du devoir, l’ayant poussé, au moment de l’invasion allemande en 1914, à partir faire son devoir en bon et loyal soldat et à reprendre une fois l’armistice sonné, sa place de maître d’école patient et dévoué. Des photos nous montrent une classe en 1902, Fernand posant avec sa famille en 1914, puis son fils avec d’autres élèves.
Les garçons ont leur patronage séparé où existe une bourloire. Il est le siège d’une société de gymnastique dirigé par Jules Corman et d’une société de musique dont le fondateur est Charles Debacker.
C’est un ancien élève de l’école, Marcel Veckens, qui prend sa suite pendant 38 ans à la direction de Saint Corneille. Il voit passer dans sa classe plusieurs générations de petits écolier hémois avant de prendre une retraite bien méritée en 1966. Une photo le représente ici en 1920 alors qu’il est instituteur sous la direction de Fernand Guerrien.
En 1938, la paroisse décide la fondation d’une Amicale des Anciens Elèves et Amis des Ecoles Libres de St Corneille à Hem. Le but est de s’entraider moralement et matériellement afin de pouvoir continuer à procurer aux enfants de la paroisse une solide instruction et une éducation foncièrement chrétienne.
Pendant ce temps à Notre Dame de Lourdes, le théâtre continue à prendre toute sa place auprès de l’éducation classique. On le retrouve ainsi en petites saynètes lors des fêtes d’école mais également dans le cadre du patronage Saint Corneille pour les plus grandes.
En 1940, la directrice de l’école des filles depuis 1938, Marguerite Labaye, est décorée de la croix de l’enseignement chrétien par l’archiprêtre au cours d’une cérémonie qui a lieu dans l’école après la grand’messe à l’église Saint-Corneille.
L’article qui lui est consacré dans la presse relate comment, pendant la première guerre, alors institutrice à Marcq-en-Baroeul, elle s’était rendue tous les jours à son poste à pied depuis son domicile de Mouvaux, malgré les bombardements et les vicissitudes de la guerre.
Pendant la seconde guerre, l’école des filles devient un centre de distribution d’alimentation comme le montre le panneau figurant au dessus de la porte d’entrée de l’école sur cette carte postale : Unité d’alimentation du Nord de la France A.N.F.(manque le morceau gauche de la pancarte).
En 1956, une grande souscription est lancée dans la paroisse Saint Corneille pour sauver les deux écoles libres. En effet, la faillite les menace : plus assez de fonds pour payer les huit instituteurs ou institutrices, plus d’argent pour entretenir les bâtiments, repeindre les salles de classe et renouveler le mobilier scolaire, ni pour acheter le charbon.
La même année, en raison du très grand nombre de petits enfants accueillis par l’école Notre Dame de Lourdes, à savoir 80 filles de 3 à 6 ans, l’ancienne salle de classe enfantine doit être réaménagée afin de procéder à l’ouverture d’une deuxième classe pour cette tranche d’âge. La bénédiction de la nouvelle classe a lieu, à l’issue des travaux, retardés par manque de moyens financiers, en 1958, en présence d’un représentant du maire de la ville, Mr Leplat.
En 1963, Marguerite Labaye part en retraite et cède sa place de directrice à Marie-Louise Vanbesselaere, anciennement directrice de l’école de Camphin. Peu de temps après son arrivée à la tête de l’école celle-ci fait face à un cambriolage de nuit qui l’oblige à se barricader dans sa chambre.
Ses appels au secours sont fort heureusement entendus depuis le presbytère distant de 200 mètres environ, par la fenêtre restée ouverte en raison de la chaleur de cette nuit d’été. Pourtant quand les secours arrivent les cambrioleurs sont déjà repartis en vélomoteur.
Pour entrer, ils avaient escaladé la grille, puis le toit de la salle d’oratoire et de là en s’aidant du montant en fer du porte drapeau étaient entrés par une fenêtre en mauvais état du 1er étage, avant de descendre dans le bureau où ils n’ont finalement pas trouvé grand-chose : plus de peur que de mal donc pour la nouvelle directrice…
A suivre…
Remerciements à l’association Historihem