L’incendie de la rue de Naples

Le 6 Janvier 2002, la société « Les Compagnons Menuisiers du Nord » rue de Naples, est fermée car c’est dimanche. Vers 15h30, le feu se déclare dans l’entreprise. Les riverains alertent les secours. Les pompiers arrivent rapidement et commencent à arroser le foyer. Le feu se propage et les fumées noires sont épaisses.

Document Nord Eclair

Au moment où les sapeurs arrivent à pénétrer dans l’entreprise, on entend des craquements et le commandant donne l’ordre de repli. Un pompier n’a pas le temps de reculer : la façade et une partie de la toiture s’effondrent sur lui. Il est mortellement blessé. Michael Dufermont avait 27 ans.

Document Nord Eclair

C’est la stupeur dans toute l’équipe des pompiers, mais il faut continuer à combattre l’incendie qui risque de se propager aux maisons à proximité, et surtout au dépôt de pneus de l’entreprise « Crépy pneus »

La façade ( Document Nord Eclair )
Le mur de la menuiserie s’est effondré dans l’entreprise  » Crépy Pneus  » (  Document Nord Eclair )

Le feu est maintenant maîtrisé. Mais cette énième victoire contre le feu a un goût amer. Le commandant Bruno Moulard est effondré. Il vient de perdre un de ses hommes. Et pourtant le sinistre n’était pas un feu exceptionnel d’après lui. C’est presque un cas d’école : un local industriel très enclavé, dans un tissu urbain, comme c’est souvent le cas en ville. Le feu a été violent, les poutres métalliques brûlantes ont fait vaciller toute la structure de briques et de béton.

Michel Leminque ( Document Nord Eclair )

« Les Compagnons Menuisiers du Nord » est une SCOP : une coopérative dont le capital appartient aux ouvriers. C’est « leur » entreprise. La menuiserie a été créé en 1985. Michel Leminque, le gérant, est particulièrement choqué par le désastre, mais ce n’est rien par rapport à la mort de ce jeune pompier.

Michael Dufermont ( Document Nord Eclair )

Michael Dufermont avait 27 ans. Il devait se marier en Juin avec sa compagne Cécile Huygue qui attend son enfant pour le printemps. Quelques jours plus tard, a lieu la cérémonie, empreinte d’émotion, à l’église Saint Pierre de Croix. Daniel Vaillant, le ministre de l’intérieur et Noël Dejonghe le directeur de la SDIS ( Service Départemental d’Incendie et de Secours ) ont surtout mis en avant l’altruisme, la générosité et la motivation de Michael Dufermont.

Photos BT

Michael est en quelque sorte, un compagnon du devoir et, les Compagnons Menuisiers savent bien ce que ce mot veut dire.

Quelques temps après, une plaque est apposée sur la façade de la menuiserie. Elle y figure encore de nos jours.

Remerciements aux Archives Municipales.

Vingt ans de Bol d’air

Les équipements du Bol d’air vont bientôt se compléter. Le vase de Sèvres en grès disparaîtra en 1962, à cause de son mauvais état. Nous avons déjà raconté son histoire dans un article antérieur. Les concessionnaires du Bol d’Air utilisèrent son emplacement pour établir des pistes de pétanque, et l’espace compris entre le Bol d’Air et le vase est reconverti en golf miniature. Victor Provo, maire de Roubaix, viendra inaugurer début juillet 1962 le golf miniature et les cinq pistes de pétanque qui faisaient partie d’un ensemble de travaux comprenant également de nouvelles terrasses.

Vues aériennes de 1962 et 1971. ext IGN

L’activité du Bol d’Air est également commerciale. En octobre 1962, sept commerçants roubaisiens viennent présenter la mode automne hiver 62/63, parmi lesquels Dany Laure prêt à porter 39 grand rue, Vick grand prix national de coiffures dames 163 rue de lannoy, Elle et lui parfumeur 36 rue de lannoy, Véronique modiste rue Pauvrée, Lucien maroquinier 56 rue de lannoy, la ganterie Ganord et le chausseur Termeulen 138 rue de l’alma. La Régie Renault s’associe et présente entre autres véhicules la Floride dont Brigitte Bardot fit la promotion. A Lobry et son quartette pour l’ambiance musicale et christiane Rabiega speakrine de la radio télévision lilloise depuis 1957 au commentaire. Quatre mannequins Brigitte, Corinne, Rosine et Virginie présentent les modèles avec le sourire, malgré la chaleur. Robes de flanelle, robes du soir en mousseline, mais aussi coiffures agrémentées de paillettes, de plumes ou d’un nœud de velours de maître Vick. Sans oublier les chapeaux qui accompagnent les robes, manteaux, redingotes et tailleurs de Dany Laure. Melons, toques, bonnets et casquettes, et même un ravissant chapeau de plumes de faisan. Lucien le maroquinier intervient pour l’indispensable accessoire de la femme moderne, le sac, dont il propose d’innombrables versions, en daim, en vachette, en lézard ou en agneau. Les mannequins étaient gantés par Ganord, et chaussés avec les escarpins de la maison Termeulen. Une tombola dotée de parfums par le parfumeur « Elle et lui » clotûre l’événement. Roubaix a le goût de ce genre de défilés, qu’on retrouve dans des endroits aussi divers que la salle Watremez ou la Grand Place de Roubaix.

Grande salle en construction photo NE

Mais la question du restaurant n’est pas résolue, comme le souligne un article de novembre 1962. Signes positifs, on pense déjà fléchage spécial en ville et éclairage décoratif pour indiquer et mettre en valeur le futur restaurant. Mais il faudra attendre quelques années encore avant que Victor Provo inaugure le dimanche 29 juin 1969, une nouvelle et immense salle de restaurant de 400 places, sans doute à l’occasion des fêtes célébrant les cinq cents ans de la Charte (ou de la promesse de Charte) accordée par Charles Quint aux roubaisiens. En cette année 1969, la convention du Bol d’air est renouvelée à Loisirs et Sports. C’est également en 1969, au mois de juillet que le 24° Championnat de France de pétanque est organisé à Roubaix1.

Les lieux en 1969 CP Méd Rx

Mais les choses changent en 1981. La société « Loisirs et Sports » se retrouve en règlement judiciaire et sa gestion est assurée par un syndic. Résultat, les jeux ne sont plus réparés ni entretenus et le golf n’a pas réouvert en 1980, les barques et pédalos n’ont pas été remis à l’eau à Pâques. Le lieu est mal protégé, et il y a des risques d’accident. Ainsi un enfant s’est-il déchiré la jambe en jouant sur un toboggan dont une tôle dépassait. Le restaurant et la brasserie sont restés ouverts, et M Colin en a la gérance depuis 1976. Il y a 800.000 francs de travaux pour remettre en état la partie jeux, mais M . Colin ne veut pas prendre en charge. Il fermera le restaurant le 30 septembre 1981. On pense tout raser pour mettre fin au vandalisme, et en mairie, on émet le projet d’un hôtel Sofitel.

Incendie de janvier 1982 Photo NE

Le 15 janvier 1982, un incendie se déclare dans le restaurant qui n’offre plus les garanties de sécurité nécessaires. Le bâtiment se fissure et la société sports et loisirs déclarée en faillite ne peut procéder aux réparations. L’incendie se déclare vers 19 heures dans le restaurant. Il y a deux foyers : l’un au centre du restaurant, près de la cheminée, et l’autre dans la rotonde où se trouvaient les archives de la société sports et loisirs. L’éventualité d’un acte criminel n’est pas exclue.

En juillet 1982, la mairie fait débarrasser les décombres et envisage de remettre en service une buvette et l’aire de jeux, avant un programme plus important comprenant un café, un restaurant et peut-être même un hôtel, à condition de trouver les exploitants pour tous ces services. Comme le dit ironiquement la presse, c’est reparti comme en 1960 !

à suivre

Remerciements à Jean Pierre pour les éléments et l’iconographie

1Voir l’article de Bernard Termeulen dans le site http://roubaix-sports.com

Une casserole à un milliard

En 1984, c’est la pose de la première pierre de la salle des sports de la rue Delespaul, à l’angle de la rue de Philippeville. M. Gilles Neveux vainqueur du concours, sera son architecte, pour un coût global de 660 millions de francs. Un square est prévu à l’angle de la rue des pyramides et de la rue de Philippeville pour permettre une sortie en sécurité. L’installation comprend trois batteries de deux vestiaires, avec installations sanitaires, ce qui rend possible un roulement d’occupation. Le terrain présente une forte pente avec une déclivité de 1,80 m entre la rue Delespaul et la rue des pyramides, une partie de la salle sera donc enterrée du côté de la rue Delespaul. Le bâtiment est en briques, avec des parties en verre, une cafétéria, et un hall d’entrée donne sur le square. De grandes arches donnent sur la rue de Philippeville, et une terrasse doit être aménagée côté rue Delespaul.

Maquette de la salle des sports publiée par NE
Maquette de la salle des sports publiée par NE

Cette salle de sports n’est pas un équipement de compétition, mais plutôt d’appel. Il s’agit de donner envie de faire du sport, plutôt que d’attirer les gens à des rencontres de sport spectacle.
C’est la vocation initiale du lieu, car les travaux ont notamment entraîné la disparition des locaux du foyer Paul Bert.  Le stand de tir qui s’y trouvait fut condamné. Sur l’espace occupé par la salle, en 1926, il y avait le terrain de basket de l’amicale Paul Bert, à l’époque, l’un des premiers clubs de la Région. Des noms sont cités par un témoin. (Picavet, Tjoen, témoin M. Delnatte) Une histoire à retrouver…A quelques mètres de la salle des sports, une petite salle de réunion avec trois bureaux a été mise à disposition pour les associations locales, le comité de quartier et des permanences, il y a également un logement de fonction pour le gardien.

Inauguration en juin 1986 Photo NE
Inauguration en juin 1986 Photo NE

Juin 1986, c’est l’inauguration après deux ans et demi de travaux. Le sénateur maire Diligent a cette pique en direction de son prédécesseur, présent à la cérémonie : c’est une casserole à un milliard que vous nous laissez là ! Pour l’occasion, une démonstration de volley ball et de basket est effectuée par les membres de Bulgomme sports et de l’EPI (Education Physique Interentreprises). On y présente aussi la gymnastique d’entretien pour les anciens du foyer Paul Bert, et une activité de danse par Manou pour les adolescentes du Gai Hutin.

Le hall d'entrée Photo NE
Le hall d’entrée Photo NE

L’équipement est placé sous la responsabilité de M. et Mme Vincke. La presse signale qu’il a déjà été trois fois vandalisé depuis son ouverture en mars 1986. Il est néanmoins utilisé en permanence à raison de 51 heures 30 d’occupation par semaine. On y trouve les enfants de l’enseignement primaire à 50% du temps, puis ceux de l’enseignement secondaire à raison de 5 heures, les écoles municipales de sport pour 3 heures, le Foyer Paul Bert pour 4 heures, Bulgomme sports à raison de 6 heures et l’EPI pour 3 heures.

Aujourd'hui Vue Google
Aujourd’hui Vue Google

La salle de sports Delespaul revient dans l’actualité en avril 2013 : elle a été entièrement détruite par un incendie criminel, qui s’est déclaré pendant la nuit. A l’arrivée des pompiers, la salle de sports était entièrement embrasée. La toiture de l’édifice a été en partie détruite tout comme les équipements se trouvant à l’intérieur. Que va-t-on faire de cette ruine ?
En août 2015, toujours inutilisée depuis le violent incendie d’avril 2013, la salle de sports Delespaul du quartier Oran-Cartigny est une nouvelle fois incendiée. Les sapeurs-pompiers de Roubaix ont rapidement stoppé le feu de détritus visiblement allumé dans l’entrée de la salle inoccupée. Une lueur d’espoir pour terminer : d’après les témoins, habitants du quartier, les travaux de réaménagement devraient commencer en 2016. Affaire à suivre !

Incendie au Chemin neuf

Dans la nuit du 28 au 29 mars 1967 un incendie ravage les entrepôts des établissements Salembier, négociant en bois, installés alors depuis une trentaine d’années au 51 rue Léon Marlot. Cette société, lancée par Jules Salembier, puis reprise par son épouse et enfin par ses enfants, alimentait les menuisiers et ébénistes, mais aussi les industriels de la région. L’entreprise employait une vingtaine de personnes. Les entrepôts, érigés à l’origine sur des terrains vagues, ont été assez vite englobés dans les constructions : celles en particulier de l’allée Henri Matisse et la cité du Chemin Neuf, construite par le CIL et propriété de la SARHO.

Salembier-96dpiLes hangars et le dépôt de bois – Photo IGN 1962

D’origine inconnue, le feu aurait pris naissance dans les entrepôts situés le long de l’allée Matisse. La Voix du Nord précise que les flammes, alimentées par ce combustible de choix, étaient visibles à plus de 20 kilomètres à la ronde. Les pompiers venus de Roubaix et Tourcoing luttent toute la nuit contre l’incendie, mais 1500 m3 de bois entreposés tant dans les hangars qu’à l’air libre, sont détruits par les flammes. Les habitants du quartier, tirés de leur lit, assistent au désastre en tenue de nuit. Nord Matin titre « nuit tragique au nouveau Roubaix ».

pompiersnuit-96dpiPhoto Nord Matin

Les habitations et les bureaux de la société sont intacts. Par contre les logements situés près du foyer de l’incendie doivent être évacués dans la précipitation : la chaleur dégagée par le brasier est telle que le zinc des toitures fond. Les familles les plus menacées doivent abandonner leur logement en n’emportant que l’indispensable. La Voix du Nord précise : Mme Paul Renault, dans sa précipitation, est partie pieds nus. « On a oublié, nous dit-elle, le chien, les poules et les canaris. Ils sont tous morts. » Les voisins font la chaîne pour essayer de sauver ce qui peut l’être.

pompiers-96dpiPhoto Nord Matin

Un mouvement de solidarité se met rapidement en place. Dès le lendemain, des tracts appellent les habitants du quartier à la générosité : 1700 francs sont collectés ce même jour. Cinq familles sont sans abri : tout le monde est hébergé pour la nuit dans le quartier, pour parer au plus pressé. Les services de la C.I.L., avec le concours de la S.A.R.H.O et du Toit Familial relogent finalement les familles sinistrées à Roubaix et à Hem, et une souscription est lancée à leur profit. Les services techniques de la ville mettent des camions à disposition pour transporter le mobilier qui a pu être préservé des flammes. Les dons s’avèrent très nombreux, les établissements Salembier n’étant pas en reste de générosité. Le secours catholique intervient également. L’association des locataires du Chemin Neuf organise et centralise les actions. La Voix du Nord parle d’un « magnifique élan de solidarité ».

soli-96dpiUne partie des dons recueillis – Photo Nord Matin

Deux mois plus tard, les travaux de remise en état des logements sont en cours. Les établissements Salembier cessent ensuite toute activité à cet endroit. Le terrain est aujourd’hui occupé par un béguinage.

Ces événements sont-ils restés dans les mémoires ? A vos témoignages !

beguinage-96dpiPhoto Jp Maerten