A l’origine, cette rue, dont l’orthographe a beaucoup changé avec le temps, est un très ancien chemin vicinal bordé de nombreuses fermes qui quitte, au hameau de Lomelet, entre la Grande Vigne et la Fosse aux chênes, le chemin de la Vigne pour mener à celui des trois Ponts. Il longe successivement le Galon d’eau, le Tilleul, et traverse finalement le hameau du Pile. Ce chemin, bordé de fossés, ne figure plus dans la liste des chemins vicinaux en 1838, et la nomenclature de 1861 indique qu’il a été converti en rue et qu’il est pavé sur toute sa longueur.
Un dernier élargissement
Le coin de la grand rue et des rues de l’Hommelet et Pierre de Roubaix n’a pas fini d’être élargi : la pioche des démolisseurs va maintenant s’attaquer aux deux angles Est.
Le plan cadastral de1845 nous montre un bâtiment formant l’angle sud-est du carrefour. Il est composé de plusieurs propriétés, numérotées 134bis, 136 et 138 sur la grand rue, et 1 sur la rue du quai . Le 138 est prolongé parallèlement à la rue du quai par un bâtiment long qui forme un retour à angle droit pour rejoindre cette même voie, enserrant ainsi un terrain clôturé par un mur. La propriété porte les numéros 3 à 9 dans la rue.
Un article de la Voix du Nord publié en 1958 nous apprend que c’est justement au 138 qu’Eugénie Scrépel-Pollet transfère le magasin de pianos et instruments de musique qu’elle a ouvert en 1880 rue des Champs. Très vite, M. et Mme Marcellin Willot-Scrépel prennent une part active dans le commerce qu’ils reprennent rapidement. En effet, en 1893, monsieur Willot-Scrépel , négociant, domicilié au 70 boulevard de Strasbourg, est propriétaire du 138. L’enseigne affiche toujours néanmoins le nom de Scrépel-Pollet.
Il procède à des aménagements (installation d’une vitrine grand rue, et percement d’une grand porte et de fenêtres sur l’ancienne rue du quai, devenue rue Pierre de Roubaix.
Marcellin Willot-Scrépel était employé de commerce lors de son mariage avec Justine Scrépel-Pollet, fille de François Scrépel et de Marie Françoise Pollet. Leur gendre, Amand Lecat, les aide dans le commerce qu’il reprendra à son tour dans les années 30.
Il installe sur la rue Pierre de Roubaix des ateliers, car il fabrique également sa propre gamme d’instruments.
Très tôt, le commerce s’élargit par la commercialisation de machines parlantes, mais aussi de pianos automatiques à cylindres et et pneumatiques. L’entreprise suit les évolutions de près : avec l’avènement du pick up, on assiste à l’ouverture d’un rayon de disques. Apparaissent les premiers postes de radio ; l’enseigne a des relations suivies avec la maison Philips, dont elle deviendra distributeur officiel. On passera ensuite à la télévison et la Hi-fi, mais aussi à l’électroménager.
Durant cette période, les numéros 134 bis et 136, ainsi que le numéro 1 rue Pierre de Roubaix abritent encore d’autres commerces. On trouvera longtemps un estaminet au numéro 134 bis, un coiffeur au 136, une épicerie, puis une école de coupe au 1. cette situation dure jusque dans les années 50, où, finalement, Scrépel Pollet rachète les propriétés formant le coin.
En 1958, M. Francis Lecat étant responsable du commerce, la presse nous annonce l’ouverture d’un magasin agrandi et rénové, dont les vitrines ouvrent désormais sur les deux rues. L’inauguration réunit de nombreuses personnalités.
Le magasin s’agrandit encore au détriment des anciens ateliers de pianos rue Pierre de Roubaix. Les vitrines sont surmontées d’un bardage métallique reprenant le sigle stylisé de la société. La propriété s’étend désormais jusqu’au boulevard Gambetta.
En 1984 le magasin est repris par les établissements Leroy-Horinque. A cette même époque, les travaux de l’avenue des nations-unies avançant, supprimant le dernier tronçon de la rue de l’HOmmelet, et obligeant à un élargissement de la rue Pierre de Roubaix jusqu’au boulevard Gambetta. Le magasin, désormais frappé d’alignement, est démoli, ainsi que la belle maison située en face, de l’autre côté de la grand rue.
On reconstruit un nouveau magasin dans l’alignement, situé du côté du boulevard Gambetta.. Celui-ci changera de nom, la nouvelle enseigne arborant Leroy-Horinque, avant de disparaître victime de la concurrence des grandes surfaces. Il est désormais remplacé par un centre de remise en forme.
Les autres documents proviennent des archives municipales.
On élargit à l’Hommelet
La rue de l’Hommelet est classée au réseau communal en 1838. En 1848, une commission municipale se penche sur l’opportunité de paver ce chemin, reliant le hameau de l’Ommelet et celui du Tilleul, sur une largeur de 3 mètres, à condition que les riverains abandonnent gratuitement le terrain nécessaire, pour transformer ce chemin en une rue de 10 mètres de large, la chaussée étant alors bordée de deux fossés « larges et profonds ». Le plan cadastral de1845 nous montre que le chemin fait un coude pour se raccorder à la rue du Quai (qui deviendra le début de la rue Pierre de Roubaix), et présente un étranglement au carrefour avec la rue du Galon d’eau (future grand rue), causé par des bâtiments qui débordent sur le chemin tant du côté pair que du côté impair. Ces bâtiments semblent très anciens, puisque, déjà présents sur le plan cadastral du Consulat daté du 25 vendémiaire an 13 (1804), ils persistent à marquer un état très antérieur de l’alignement du chemin. Cette situation, bien qu’incommode pour la circulation, va pourtant perdurer très longtemps.
Le bâtiment carré qui empiète du côté pair disparaît le premier (les photos aériennes de 1932 montrent qu’il a été remplacé par une maison de belle apparence construite en suivant l’alignement). Il n’est pas numéroté dans la rue de l’Hommelet, mais dans la Grand rue où on trouve en 1920 au 159 J. Flipo-Cousin, propriétaire, au 161 Eugène Leclercq, fabricant, et au 163 la pharmacie A. Delabaere. En 1939, on retrouve les mêmes propriétaires, sauf au numéro 161 où habite M. Flipo-Guerre-Tissot, industriel.
Cet immeuble va marquer le coin du carrefour jusqu’à la disparition de cette partie de la rue.
En revanche, le bâtiment situé à droite en débouchant sur la grand rue, au numéro 1, va connaître une carrière très longue. C’est d’autant plus étonnant que, dès 1866, le directeur des travaux municipaux conseille de racheter la parcelle pour dégager le carrefour.
Mais, très curieusement, cet avis n’est pas suivi d’effet et le bâtiment n’est pas démoli, puisqu’il va gêner la circulation au carrefour jusqu’au milieu du 20ème siècle. Côté numéros impairs, on trouve en 1920 au 1 R. Vandewille (-wiele?), fripier. En 1922 l’estaminet Verhoeve (157 gde rue), s’agrandit en achetant le 3 rue de l’Ommelet (ancienne tannerie Flipo). En 1939, on trouve au 1 M. Van de Wiele, qui est camionneur, et, au 3 E. Pennel, coiffure dames et la maison Paul fils, fripier.
Ce bâtiment ne va pas disparaître avant 1952 où, qualifié d’inutile et de vétuste, rendant le carrefour très dangereux, il sera finalement démoli à la suite d’une décision du conseil municipal.
Cette construction aura alors plus de 150 ans : bel exemple de longévité !