La rue de l’Espierre se situe à la limite nord du territoire roubaisien. Elle joint le canal de Roubaix, à la hauteur du pont des Couteaux, au territoire de Wattrelos. Nivelée en juin 1894, elle fait partie du projet de création d’un nouveau quartier du Hutin. Le 15 juin 1899 est organisée la vente des terrains qui sont pour la plupart la propriété de la société civile Dubar frères. Il s’agit de créer un nouveau quartier en viabilisant l’endroit, avec des rues bien tracées. L’ensemble est divisé en quinze lots dont le dernier constitue celui de la rue de l’Espierre. La première guerre mondiale perturbera la réalisation de ce projet.
Il faudra attendre avril 1930, pour que soit posée la canalisation d’eau potable dans la rue de l’Espierre. En avril 1931, on s’occupe de mettre une chaussée pavée entre le quai de Marseille et la rue Delespaul, puis en février 1932, on envisage le prolongement jusqu’au canal, qui sera effectif en 1933. Les travaux se poursuivent en mars 1934, avec la pose d’un aqueduc entre le quai de Marseille et la rue Delespaul, et en mai 1934, on réalise le pavage entre Pont des Couteaux et rue Thècle. Ce n’est que le 9 octobre 1942 que le conseil municipal crée officiellement la rue de l’Espierre et la classe dans le domaine public.
Après la seconde guerre, les travaux reprennent : en 1954, on envisage le prolongement jusque Wattrelos, et à ce moment le ruisseau de l’Espierre est « aqueduqué ». Il s’agit en effet de réaliser un grand ensemble de logements sur la plaine de la Mousserie à Wattrelos. En 1956, l’aqueduc de la rue va jusqu’à Wattrelos. De 1957 à 1959, la rue de l’Espierre obtient une chaussée en tarmacadam. Selon le Ravet Anceau de 1953, la rue de l’Espierre est alors longue de 215 mètres, part du quai de Marseille et s’en va dans les champs. Peu de commerces : au n°61, à l’angle de la rue Thècle, le cafetier Devudder, qui fera alimentation en 1960, au n°73, l’entreprise de vieux métaux Leleu.
Au début des années soixante, la rue se complète : des maisons du n°101 au 107 des maisons, et un immeuble aux n°117/123 de quatre appartements. Côté pair, sont alors construits six immeubles n°92 à 100 de 10 appartements chacun. Curieusement ces immeubles sont construits du côté impair de la rue, et forment une impasse gardant le nom de la rue de l’Espierre.
Quelques années plus tard, le projet de route de la laine vaudra à la rue de l’Espierre de perdre ses maisons du côté pair, lequel est désormais occupé par des arbres, de la verdure et des protections anti bruits.
Sources : Archives Municipales de Roubaix, Histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs, Témoignages et photos des membres de l’atelier, Google Maps