Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 1)

Plus loin vers la gare, au n°22-24 de l’avenue, se trouve le Crédit du Nord, qui traite toutes opérations de banque et de fonds publics. Cette banque a son siège social à Lille, une succursale à Roubaix et des comptoirs à Croix et Lannoy.

Publicités du Crédit du Nord au n°22 de l’avenue Jean Lebas en 1914 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble, qui abritait auparavant l’entreprise de broderies artistiques de Mme Fievet Mille, est alors bien intégré dans l’architecture générale de la rue comme on peut le voir sur une photo de la presse locale. Il est en effet dans un style conforme à tous les magnifiques bâtiments qui la bordent.

Publicités de Mme Fievet Mille et façade du Crédit du Nord dans l’immeuble d’origine au n°24 (Document Nord-Eclair)
Croquis et plans du rez-de-chaussée avant et après 1959 (Documents archives municipales)

Pourtant, en 1959, le Crédit du Nord cède aux sirènes de la modernisation et construit, en lieu et place de l’ancien immeuble, et après avoir racheté et démoli les maisons voisines, un horrible bâtiment à la façade bétonnée qui défigure l’ensemble de la rue.

Une photo de 1989 montre ainsi clairement le contraste entre le Crédit du Nord et l’immeuble voisin d’origine. C’est à cette même adresse que la banque demeure jusqu’à la fin des années 2000. Puis le bâtiment reste inoccupé avant d’accueillir un club sportif à l’enseigne Basic Fit.

Publicités du crédit du Nord en 1947, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
La façade du n°24 en 1989, 2008 et 2023 (Documents archives municipales et Google Maps)

En retraversant l’avenue on arrive au n°33 immeuble de caractère où se situe dès les années 1910 la Banque Scalbert. C’ est un établissement du Nord de la France fondé par Auguste Scalbert qui fusionne en 1976 avec la banque Dupont fondée dans le nord par Louis Dupont. La Scalbert-Dupont compte alors 154 agences.

La banque Scalbert en 1910 (Document BNR)
Publicités de la banque (Documents collection privée et Nord-Eclair)

En 2006, la Scalbert-Dupont est absorbée par le groupe CIC (Nord-Ouest) qui, dès les années 1920, avait pris une participation dans chacune des 2 banques nordistes d’origine. Depuis 1910, la façade de l’immeuble n’a guère changé si ce n’est la disparition des 2 colonnes d’origine encadrant l’entrée et supportant la grille, toutes deux disparues.

Façade de la Scalbert-Dupont dans les années 1970 et de nos jours (Document archives municipales et Google Maps)
Publicité de la Scalbert-Dupont groupe CIC (Document collection privée)

En remontant encore l’avenue vers la gare, sur le trottoir d’en face, on trouve un autre exemple du même ordre avec la Société Générale installée au n°40. Cette agence, qui a également des bureaux à Tourcoing et Croix, fait aussi escompte et opérations de bourses, et possède un service de coffres-forts. Elle a investi un magnifique immeuble de caractère comme le montrent deux cartes postales du début du siècle.

Publicités d’époque de la Société Générale (Documents collection privée)
Cartes postales de la façade initiale (Documents collection privée)

Comme le Crédit du Nord cependant, l’agence a elle aussi recours à une modernisation de sa façade en 1961 après rachat du 38 bis. Si les étages ne sont pas touchés le rez-de-chaussée est quant à lui bétonné. Ses publicités se modernisent également au fil du temps. En 1981, un guichet automatique très novateur est installé dans le passage menant à la rue Nain afin que la clientèle puisse y effectuer ses retraits sans descendre de voiture.

 

Croquis ancienne et nouvelle façade (Document archives municipales)
Le nouvel immeuble dans les années 1980 (Document archives municipales)
Publicités de 1928, 1965 et 1975 (Documents Ravet-Anceau et collection privée)
Installation du guichet automatique en 1981 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 2010, l’agence roubaisienne de la société générale quitte l’avenue Jean Lebas pour gagner des locaux plus petits, lumineux et modernes, construits en lieu et place d’une institution roubaisienne à savoir le Palais du Vêtement, sur la Grand Place de Roubaix. Sa nouvelle adresse devient le 1-3 Grande Rue à Roubaix. Quant au n°40 avenue Jean Lebas, il abritera après quelques temps divers cabinets médicaux.

La Société Générale avenue Jean Lebas en 2013 et 1-3 Grande Rue actuellement (Documents Google Maps)

En remontant encore vers la gare, un autre édifice abrite une banque dès le début du siècle. Il s’agit du n° 57-59, immeuble de style, et du Comptoir National d’ Escompte de Paris dont le siège se situe dans la capitale et qui possède également une agence à Tourcoing. Cette banque propose toutes opérations de banque et de bourse.

La façade du Comptoir National d’Escompte de Paris (Document collection privée)
Publicités de 1928 et 1955 (Documents Ravet-Anceau)

En 1962, le Comptoir dépose une demande de permis en mairie pour transformation et aménagement d’un immeuble à usage de banque. Il s’agit alors d’une mise en conformité du bâtiment existant aux normes d’hygiène et de sécurité, notamment avec l’installation d’une sortie de secours sur la rue de l’Espérance. Le plan joint à la demande donne une idée de l’aménagement intérieur du rez-de-chaussée où le public est reçu.

Plan joint à la demande de permis de construire (Document archives municipales)

Dans les années 1970, l’enseigne change car la  Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) et le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) ont fusionné en 1966 et c’est donc la Banque Nationale de Paris qui est installée dans les lieux, comme le montrent une publicité de 1975 et une photographie du bâtiment à l’époque.

Publicités de 1975 et 1979 et photographie d’époque (Documents Ravet-Anceau, Nord-Eclair et Archives Municipales)

Puis dans les années 1980, après le départ de la banque au n° 24 de la Grand’Place, l’immeuble est occupé par la compagnie d’assurances AGF. De nos jours c’est le groupe Gesco qui est installé dans les lieux et il est à noter que contrairement aux établissements bancaires précédemment cités, la façade de l’immeuble du 57-59 n’a pas connu de modification notable et a donc gardé son cachet d’origine.

Les assurances AGF : installation et photographie des années 1980 (Documents Nord-Eclair et archives municipales)
Photographie de Gesco en 2022 (Document Nord-Eclair et Google Maps)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Docteur Léon-Célestin Coubronne

Né en 1850, et arrivé à Hem en 1874, en qualité d’officier de santé, Léon-Célestin Coubronne y a exercé la médecine pendant près de 50 ans.

Il a son cabinet face au carrefour d’Hem-Bifur, au 59 de la partie de la chaussée de Lille, future chaussée à grande circulation n°6, puis route de Saint-Amand et enfin rue du Docteur Coubronne à partir de 1928.

Cabinet du Docteur, marqué d’une croix blanche, dans les années 1900 (Document collection privée)

Sa voisine Rosalie Mulliez est couturière. On raconte que quand il doit recoudre un patient il a recours aux services de celle-ci…

Célibataire, il vit, après la mort de ses parents avec sa gouvernante Mlle Berthe. Il effectue ses visites en voiture à cheval assis à côté de son cocher Auguste Debaisieux.

Berthe la gouvernante et Auguste le cocher (Document BD Au temps d’Hem)

Il ne se signale par aucun fait retentissant mais seulement par une bonté proverbiale, un désintéressement et une sollicitude qui lui attirent la sympathie de tous. Chacun bénéficie de ses soins et de ses attentions, surtout les pauvres.

Il s’efforce également d’améliorer les conditions d’hygiène dans la commune et mène un combat contre le déversement des eaux sales dans les rues et chemins et tente de faire fermer l’usine d’équarrissage. Il met en place une assistance médicale gratuite pour les plus défavorisés et prévoit une consultation de nourrissons.

Combat contre le déversement des eaux sales (Document BD Au temps d’Hem)
Visite à l’usine d’équarrissage (Document BD Au temps d’Hem)

Lorsqu’il décède, en Octobre 1923, la commune de Hem et les populations d’alentour (Lannoy, Lys, Forest et Annapes où il se rendait en visite chez ses patients) lui rendent hommage en nombre, avec beaucoup d’émotion, en présence de Mr. Delecroix, maire de la ville. La Musique Municipale exécute plusieurs marches funèbres.

Faire-part de décès (Document d’archive Historihem)

Henri Masquelier, prêtre-journaliste, assiste à la cérémonie. Né à Hem en 1856, dans une famille de cultivateurs du Petit-lannoy et ordonné prêtre en 1881 il fonde le journal lillois « La Croix du Nord » dont il prend ensuite la direction. Un compte-rendu des funérailles en forme d’hommage figure donc dans ce quotidien local en Octobre 1923.

Photo de Mr Henri Masquelier (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Dès le mois suivant, un Comité se constitue et lance une demande de contribution auprès de la population en vue d’ériger un monument à sa mémoire. La municipalité soutient cette démarche à l’origine de laquelle se trouvent de nombreux habitants de la ville et de ses environs immédiats.

Son buste, réalisé par Mr Herbaux, sculpteur, grand prix de Rome, est installé au cimetière de Hem près du grand calvaire dès 1924 et inauguré par la maire de Hem, en présence de plusieurs sociétés ( pompiers, harmonie municipale, élèves des écoles publiques et des écoles libres, sociétés de secours mutuel, etc).

Buste du Docteur Coubronne en 1924 au cimetière et Mr Delecroix déposant une gerbe de fleurs (Document d’archive Historihem)

Le buste se trouve actuellement Place de la République, contre l’église et face au café-brasserie de la mairie ; malgré un projet évoqué en 2010, il n’a pas été déménagé sur la nouvelle grand place de Hem, devant le jardin des perspectives, dans la rue qui porte son nom depuis 1928.

Buste du Docteur Coubronne contre l’église (Document Philippe Drouffe)

En 1944, les chars anglais puis américains défilent dans Hem qu’ils viennent de libérer. Le défilé photographié lors de son passage devant l’ancien cabinet du Docteur Coubronne, à priori occupé à cette époque par des particuliers, permet de se faire une idée des dégâts subis par l’immeuble et surtout par l’habitation voisine.

Défilé des chars (Document d’archive Historihem)

Dans l’après-guerre, comme durant près de 30 ans, il semble que l’ancienne demeure du Docteur ait été occupée la plupart du temps à usage d’habitation. Une photographie aérienne des années 60 permet de constater que le 59 comme la maison voisine ont été remis à neuf.

Photo aérienne d’Hem Bifur avec le n°59 marqué d’une croix blanche (Document collection privée)

Instantané de mémoire d’une personne habitant le centre d’Hem à l’époque : « je me souviens d’un magasin où l’on vendait un peu de tout, une sorte de bric-à-brac là où se trouve actuellement la clinique vétérinaire. Quant à la maison voisine, située à la place du parking actuel, elle servait de logement aux ouvriers agricoles de la Ferme Franchomme ».

Puis en 1970, le mémento public du commerce, de l’industrie et du tourisme de Hem prévient les habitants de l’ouverture très prochaine du Crédit du Nord à Hem Bifur et, en 1971, une publicité atteste de l’arrivée de cet établissement bancaire dans la rue et le journal Nord-Eclair publie un avis d’ouverture de la nouvelle agence bancaire hémoise.

Publicité 1971 (Document collection privée)

Avis d’ouverture 1971 (Document Nord-Eclair)

Instantané de mémoire : « Quand j’ai eu mon concours de la fonction publique en 1981, c’est au Crédit du Nord d’Hem-Bifur que je suis allée spontanément ouvrir un compte bancaire. L’accueil y était chaleureux et je me souviens que Mr Derache, l’un des employés, avait toujours un mot gentil pour ses clients et qu’il faisait tout pour leur rendre service ».

Le docteur Philippe Delforge ouvre ensuite, en juillet 1989, une clinique vétérinaire dans les anciens locaux de la banque. C’est l’établissement qui occupe les lieux encore aujourd’hui sous le nom de clinique vétérinaire de la Marque. La boucle est bouclée : l’immeuble sis 59 rue du Docteur Coubronne est à nouveau consacré à la santé.

Instantané de mémoire :« Quand j’habite rue du Docteur Coubronne j’ai quatre chats et les occasions ne manquent pas d’aller consulter le docteur Delforge. Il est très professionnel mais aussi très humain et sait accompagner sa clientèle au mieux même lorsqu’il arrive qu’il faille mettre un terme à l’existence de mes compagnons à quatre pattes ».

Clinique vétérinaire de la Marque en 2021 (Document Google Maps)

Remerciements à Philippe Drouffe, l’Association Historihem et la Ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui et à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem