Docteur Jean Leplat (suite)

Durant cette décennie, le docteur Leplat est sur tous les fronts au plan professionnel. Secrétaire du conseil général et membre des commissions des finances, des travaux et du plan, il est désigné par ses collègues pour faire partie des commissions départementales de la famille, de la lutte contre la tuberculose et le cancer, de la commission départementale d’appel en matière d’aide sociale et du comité interdépartemental d’éducation sanitaire ainsi que de la commission de la protection maternelle et infantile. Il est également président du conseil d’administration du comité départemental d’hygiène et de prophylaxie dentaire, président d’honneur du comité de gestion du dispensaire d’hygiène sociale de la ville, administrateur du Centre Oscar Lambret et de l’association les papillons blancs.

Chevalier de l’ordre de la Santé Publique en 1957 (Document Nord-Eclair)

En 1957, la Croix de Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique vient récompenser cette grande activité au service de la Communauté. A l’époque, le nouveau chevalier est déjà titulaire de la Croix de Chevalier de l’ordre des Palmes Académiques et de la médaille de vermeil de la gendarmerie pour services rendus.

A l’occasion de cette remise de distinction, une manifestation est organisée dans la salle d’honneur de la mairie en présence de la famille du maire mais aussi de nombreuses personnalités telles que le docteur Leborgne et le chanoine Derville, ses amis, Jules Delsalle, maire honoraire et tant d’autres et un vin d’honneur clôture cet événement festif émaillé de discours en hommage au docteur Leplat.

Manifestation en salle d’honneur de la mairie (Document Nord-Eclair)

L’année suivante, au 14 juillet, Jean Leplat est nommé chevalier de la légion d’honneur. La remise de cette nouvelle distinction est réalisée par Louis Christiaens, député, ancien ministre et grand-croix de la Légion d’Honneur. Enfin il reçoit, en 1959, une nouvelle distinction en étant nommé Chevalier du Mérite Social.

Doc 7.0 Chevalier de la Légion d’Honneur et la foule qui assiste à la remise de sa distinction, puis du Mérite social en 58 et 59 (Documents Nord-Eclair)

Les années 1960 voient apparaître un groupe scolaire dans le quartier des Hauts-Champs comprenant une école maternelle, 2 écoles primaires (une de filles et une de garçons, une cantine et une salle d’éducation physique commune, l’école Marie Curie, puis le groupe scolaire Longchamp regroupant 2 écoles primaires, une école maternelle et une cantine. La décennie est également celle de la construction du CES Albert Camus rue Jean Jaurès, inauguré en 1970.

Ecole Marie Curie et groupe scolaire Longchamp (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Jean Leplat, maire de la ville (Document Historihem)

La fin de la décennie 1960 voit également adoptés différents projets par le conseil municipal de Jean Leplat : un club de jeunes aux Trois Fermes, l’inauguration d’une rue du Docteur Leborgne en hommage au médecin hémois fondateur du dispensaire d’hygiène social et la dissolution du corps des sapeurs pompiers de la ville suite à la réorganisation complète du service d’incendie de la communauté urbaine (sur ce sujet voir un précédent article intitulé Les pompiers à Hem), la construction de dominos avenue Foch et enfin la construction d’un nouveau bureau de poste (sur ce sujet voir un précédent article intitulé La Poste à Hem).

Le conseil municipal à la fin de la décennie 1960 (Documents Nord-Eclair et Historihem)

Puis, au cours des années 1970, toujours sous le mandat de Jean Leplat, l’école De Lattre de Tassigny est construite rue de la Vallée avec une école primaire mixte, une école maternelle et une cantine. En revanche, le collège technique un temps projeté ne voit pas le jour mais un deuxième CES est construit rue Jules Guesde à savoir le collège Elsa Triolet.

Ecole De Lattre de Tassigny (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

L’administration Leplat décide en 1972 un jumelage avec la cité anglaise de Moosley, petite ville de 10000 habitants du Lancashire, au sud-est de Manchester. La municipalité hémoise reçoit le maire, son adjoint, des conseillers municipaux et le secrétaire de la mairie anglaise. Le protocole de jumelage est officiellement signé et de nombreux liens durables sont ainsi noués avec la commune d’outre-manche.

Une délégation hémoise à Moosley (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Le conseil municipal en 1972 (Document Historihem)

Jean Leplat exerce toujours en qualité de médecin au 96 rue Jean Jaurès, comme le démontre un extrait du livret édité par la ville en 1970. En revanche en ce début de décennie 1970, Jean, maire de la ville depuis la fin de la guerre est remis en question par les jeunes élus, désireux de dynamiser la municipalité et le conflit de générations s’aggrave au fil du temps, les jeunes conseillers contestant l’autoritarisme du maire et son style de gestion. En octobre 1973, au cours d’une réunion des bilans des centres aérés dont Mr Leplat critique vivement la gestion, des propos assez vifs sont échangés et plusieurs adjoints adressent une lettre de démission au Préfet qui accepte.

Extrait du livret publicitaire de la ville édité en 1970 (Document collection privée)
Jean Leplat et son épouse dans les années 1970 (Document Historihem)

Cependant il n’y a pas d’élections partielles et c’est amputé de 7 membres que le conseil municipal prend ses décisions jusqu’en 1977 sous la présidence de Jean Leplat, nommé maire honoraire à la fin du mois de juin 1977. Venant de perdre son épouse il décide alors de ne pas se représenter aux élections de 1977 et va s’éteindre à son domicile le 22 août 1980, à l’âge de 80 ans.

Proche du Centre National des Indépendants et du mouvement gaulliste sur le plan politique il aura été maire de la ville de Hem pendant 30 ans puis maire honoraire durant les 3 dernières années de sa vie. Il aura été aussi conseiller général du canton de Lannoy pendant plus de 10 ans et conseiller à la communauté urbaine de Lille pendant 3 ans.

Ses funérailles sont célébrées à l’église Saint Corneille, place de la République, devant une foule nombreuse et recueillie, parmi laquelle nombre de familles hémoises dont il avait été le médecin, de nombreux représentants d’associations et de sociétés locales ainsi que de nombreux maires de villes voisines et enfin du nouveau maire de la ville Jean-Claude Provo.

Décès et obsèques de Jean Leplat en 1980 (Documents Nord-Eclair)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

Ecole Pasteur

Après la construction au milieu du 19ème siècle de l’école communale dénommée Victor Hugo (Voir sur notre site un article précédent intitulé « Ecole Victor Hugo »), école prévue pour les garçons mais accueillant un public mixte, le comité local de la ville de Hem émet le vœu que l’éducation des filles soit confiée à des sœurs de la Providence.

Monsieur Boussemart, qui tient un estaminet au coin de la place de la République, accepte de louer une maison en bois, située sur la place face à l’église ( la boulangerie actuelle), avec une chambre à l’étage pour le logement des soeurs et une pièce au rez-de-chaussée pour y installer une salle de classe.

Après une visite de la Révérende Mère ladite maison est pourtant jugée insuffisante pour y loger 2 religieuses, une salle de classe et un dortoir pour les pensionnaires. Or l’adjonction d’un bâtiment à la maison existante risquerait d’être beaucoup trop coûteuse.

La maison sur la place proposée par Mr Boussemart au début du 20ème siècle et dans les années 1950 (Documents collection privée et Historihem)

Le maire propose alors l’achat d’un terrain de 8 ares et la construction d’une maison d’école, subventionnée au 1/3 par l’état, et à laquelle par ailleurs propose de contribuer une personne bien intentionnée. La mairie prendrait également à sa charge le mobilier scolaire et le trousseau de religieuse.

Certains conseillers sont contre et pensent que la commune devrait se contenter d’une institutrice laïque qui coûterait moins cher et garder l’école dans la maison Boussemart. D’autres affirment qu’il faut profiter de l’instant pour donner naissance au projet, les subventions de l’ Etat risquant de disparaître si la décision tarde trop.

Le vote est limpide et une majorité très nette se prononce pour la solution la moins onéreuse à savoir : une école laïque. De ce fait l’école des filles s’implante dans la maison Boussemart, mais elle est remise en cause quelques années plus tard. En effet l’institutrice laïque a été mal notée par les inspecteurs qui ont visité son école.

L’école Pasteur rue Jules Guesde (Documents collection privée)

Il apparaît donc nécessaire de confier l’éducation des filles aux religieuses. Pour y parvenir cette fois le vote est unanime pour un crédit permettant la construction d’une école ou l’achat d’une maison. Il faut pourtant attendre encore 2 ans pour que le conseil municipal vote l’acquisition d’une parcelle de terre où construire l’école.

Les subventions attendues ne sont cependant pas versées par l’Etat au motif que l’école construite à Hem Bifur, au coin de la rue de Lannoy et de la rue de Lille (actuelles rue Jules Guesde et rue du Général Leclerc), et nommée école Pasteur, est trop petite. Les 2 institutrices trouvent pourtant les conditions satisfaisantes, les classes pouvant accueillir un total de 170 élèves alors que l’effectif réel ne dépasse pas 80 élèves. C’est le cultivateur Dufermont qui souscrit donc le montant nécessaire, montrant ainsi l’attachement d’un hémois à sa communauté.

Le traitement des institutrices est doublé lors de l’arrivée parmi elles, au dernier trimestre de l’année scolaire, d’une religieuse de la Congrégation des Dames de la Sainte Union de Douai comme institutrice communale. La supérieure exige qu’un mur de clôture soit édifié pour remplacer la haie sur 53 mètres de long. Les institutrices demandent à la fin des années 1850 un plafond au grenier pour pouvoir en faire un dortoir. ( Ce sera chose faite en 1872 puisque l’école est alors rehaussée d’un étage).

L’école Pasteur en gros plan (Documents collection privée)

Puis une troisième sœur est nommée pour renforcer l’effectif enseignant mais une condition est imposée pour ce faire par la municipalité : l’institutrice est augmentée à condition de prendre à sa charge la troisième religieuse et que les petites filles soient admises à l’école dès l’âge de 3 ans ; cet essai de jardin d’enfants est tout à fait nouveau et remarquable pour la commune.

Dans les années 1870, la commune compte 3000 habitants et les élèves étant de de plus en plus nombreuses, une quatrième religieuse est recrutée pour que Soeur Marie Lechef, qui dirige l’établissement puisse mener à bien l’instruction des 250 élèves (98 payantes et 152 gratuites). Des nouvelles armoires sont achetées pour le réfectoire et la cuisine, ainsi que des jeux pour les jeunes filles et 2 volumes de l’histoire sainte. Au 1er certificat d’études primaires de 1880 3 filles de l’école des sœurs sont reçues.

A la fin du 19ème siècle après la mise au point de cours de couture, c’est le pavage des locaux de la cour de l’école des filles qui est réalisé ainsi que l’installation de l’éclairage au gaz dans toutes les salles de classe. L’école maternelle séparée n’existant pas c’est la 2ème adjointe de l’école des filles qui en est chargée dans le cadre de l’école Pasteur et une 3ème adjointe est demandée pour la rentrée.

En 1902, appliquant les directives ministérielles, le maire et son conseil chassent les religieuses de l’école des filles. La Congrégation de la Sainte Union introduit alors une demande dans le but de fonder une autre école dans Hem mais cette demande est rejetée. Une troisième institutrice laïque vient aider les 2 premières, installées depuis 1901.

Arrêt des cars puis des bus dans les années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Devant l’école Pasteur se trouve l’arrêt fixe des cars Lille-Leers-Hem-Roubaix, comme en atteste le panneau mural figurant sur le pignon de l’estaminet voisin appartenant à Mr Madoux. Ce sera encore le cas dans les années 1960 au cours desquels l’arrêt de bus se situera toujours au coin des rues Jules Guesde et du Général Leclerc, matérialisé par une aubette en dur.

Pendant la 1ère guerre de nombreux bâtiments communaux sont sérieusement endommagés dont les écoles et le mobilier scolaire est détruit ou brûlé. Il faut donc procéder aux réparations nécessaires et au renouvellement du mobilier. En 1920, un poste d’adjointe à l’école du Centre et mis en péril et supprimé en raison d’un nombre insuffisant d’élèves. Le conseil municipal adopte alors des mesures pour que les enfants en âge d’aller à l’école soient incités à fréquenter régulièrement celle-ci. L’obligation scolaire est donc rappelée par voie d’affichage pour les enfants de 6 à 13 ans. Dans les années 1930, une quatrième classe est prévue à l’école Pasteur ainsi que le nouveau poste de 3ème adjointe et l’école fait l’objet de travaux d’agrandissement.

Photos de classe de l’école Pasteur au début du siècle et dans les années 1920 (Documents Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem