Rue Jules Guesde : entre le boulevard Clémenceau et la rue de la Vallée (suite)

Dans les années 1950, la vue aérienne de cette portion de la rue ne présente pas beaucoup de différences avec celle de la décennie précédente. Pourtant nombre de nouveaux commerçants et artisans s’y installent ainsi que le commissariat de la ville qui prend place au n°69, au coin de l’impasse Vandemeulebrouck. Auparavant un salon de coiffure se trouvait à cette adresse, tenu d’abord par Mme Delhaye puis par Mme Duthoit. 25 ans plus tard, comme il n’est plus question de la construction d’un nouveau commissariat, une cure de rajeunissement est prévu pour ces locaux. (sur le sujet de la police à Hem voir un précédent article édité sur notre site).

Vue aérienne de cette portion de rue en 1951 (Document IGN)
Le commissariat de police en 1979 et en 2018 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Ensuite apparaît une nouvelle épicerie, au n°78 : l’épicerie Lefebvre, qui sera remplacée 10 ans plus tard par l’épicerie/alimentation générale Leroy, laquelle assure les livraisons à domicile et fera également commerce de chaussures (d’après l’annuaire) dans les années 1980. Cette adresse accueillera par la suite un prothésiste dentaire.

Publicités et photos intérieures du magasin dans les années 70-80 et photo de la façade actuelle (Documents Historihem et Google Maps)

Le coiffeur Roussiaux s’installe à la même époque au n°87 où est également exploitée une boutique de parfumerie d’après le Ravet-Anceau, mais n’y demeure pas longtemps. Au 98, c’est l’entreprise de mécanique générale Beulens qui voit le jour et cédera la place à la fin de la décennie suivante aux ateliers Defebvre Frères. Ensuite la cordonnerie Kostec, auparavant installée 25 rue du Docteur Coubronne, occupera les locaux jusqu’à sa cessation d’activité.

Publicité Kostec, carte de visite et photo de la façade en 2016 (Documents Historihem, collection privée et Google Maps)

Puis, au, n°123 s’installe la fonderie d’aluminium Vanende G., au coin de l’impasse Briffaut. Ensuite c’est une boulangerie qui ouvre au n°134, au coin de l’impasse Lienart, d’abord tenue par Mrs Gesquières puis Olivier qui vendent également confiserie et vins au détail, boulangerie reprise au début des années 1960 et durant 2 décennies par Joseph Kolodziejczak.

Publicité de la boulangerie Kolodziejczak (Document Historihem)

En 1980, Mr. Kolodziejczak junior, Michel, de retour du service militaire crée un palais de Dame Tartine en chocolat qui a les honneurs de la presse locale. La boulangerie devient « la Maison Polonaise » et Michel expose plusieurs œuvres en chocolat dans sa vitrine, en particulier le stadium. Lui succédera la boulangerie de Michel Sagnier puis le salon de coiffure Valérie dans les années 1990.

La maison polonaise fait sa publicité au début des années 1980 (Documents Nord-Eclair)
Publicité boulangerie Michel Sagnier et publicité du salon Valérie et photo du n° 134 en 2008 (Documents Historihem, collection privée et Google Maps)

Face à la boulangerie, sur l’autre coin de l’impasse, au n°132, c’est la boucherie Lepers qui a ouvert ses portes et fait sa publicité sur sa spécialité de jambon et de lard fumé du pays préparé par la maison Lepers-Tournemine, qui assure également des livraisons à domicile pour sa clientèle.

Publicités de la maison Lepers-Tournemine (Documents Historihem)

La boucherie cède ensuite la place, dans les années 1960, à la maison Vanhasbrouck-Cimetière, spécialisée dans le hachis et les saucisses. Dans les années 1970-1980, Jean Vanhasbrouck varie son activité de boucher en proposant des hors d’oeuvre et spécialités puis des pains surprise et des plats préparés.

Publicités de la maison Vanhasbrouck-Cimetière, de Jean Vanhasbrouck dans les années 1970-1980 (Documents Nord-Eclair et Historihem)

Au début des années 1990, c’est Didier Vanhasbrouck qui reprend l’affaire avec son épouse Christine jusqu’en mai 2024. La façade de la boucherie connait plusieurs transformations au fil des décennies. Quant à Didier il est fier de sa certification artisan en or qu’il met en avant par une petite vidéo sur Facebook en décembre 2023 avant d’y annoncer sa retraite en 2024.

Publicité de 2004, et photo du comptoir en 2017, de Didier Vanhasbrouck et de la façade en 2022 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

L’épicerie R. Delhaye-Pollet est installée également, au début des années 1950, au n°160, où elle tient commerce d’alimentation générale, fruits primeurs et vins. S’agit-il de la même maison que celle que l’on retrouve en 1955 au n°50 de la rue (comme indiqué dans l’article consacré à la première portion de la rue Jules Guesde). Toujours est-il que le 160 disparaît alors des Ravet-Anceau…

Publicité de la maison Delhaye-Pollet et photo de la façade en 2008 (Document Historihem)

C’est au milieu des années 1950 qu’apparait le café Chastain, au n°106. Le café sera repris par la suite par Mrs Lapage puis Hayart avant de laisser la place à une crèche (sur le sujet voir un précédent article édité sur notre site). A la même époque au n°121, est installé un magasin de chaussures anciennement tenu par M. Loosfeld devenu la maison « Chaussures Duquenne-Loosfeld ». Puis le commerce devient le salon Joelle de Mme. Legrand Van Wambeke et, dans les années 1970-80, le salon de coiffure Nady Coiffure. Dans les années 2000, c’est l’alimentation générale De Oliveira qui occupe les lieux.

Publicité du café Hayart et annonce de la transformation du café en crèche en 2008 puis logo de la crèche (Document collection privée, Tout Hem et site internet)
Publicités Loosfeld, Duquenne-Loosfeld, Nady Coiffure et photo de l’ancien commerce en 2022 (Documents Historihem, Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

Au n°162 est alors installée la quincaillerie Mol-Homerin puis Vandenabeele, reprise au début des années 1960 par Gérard Leysens. C’est dans l’ancien magasin de ses parents que Marie-Paule installera ensuite sa fameuse boutique Marie-Paule Cadeaux (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Après sa cessation d’activité, c’est l’auto-école Olivier qui occupe les lieux.

Publicités Mol-Homerin, Leysens, Marie-Paule Cadeaux et Olivier et photo de l’auto-école (Documents Historihem, Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

Le Tissage de la Vallée d’Hem est installé au n°144 durant la 2ème partie de la décennie 1950. Il sera remplacé par la fabrique de gants Flinois durant la décennie suivante. Puis les lieux hébergeront le garage du tissage et, dans les années 1997à 1999, la société de menuiserie bois et matière plastique : Idéal Concept.

En-tête de lettre et publicité du Tissage de la Vallée, publicité du garage fiat WilliamTuszynski (Documents collection privée, Historihem et Nord-Eclair)

Dans les années 1960, la vocation agricole de Hem commence à faiblir et la présence des commerces dans cette rue principale de la ville s’accroit. Ainsi, c’est un autre commerce de chaussures : Bernard Chaussures qui ouvre, au début des années 1960, au n°110. Louis Bernard était auparavant cordonnier au 35 rue Victor Hugo. C’est sa veuve qui reprend la boutique après son décès, et ce jusqu’au milieu des années 1970.

Vue aérienne de 1964 (Document IGN)
Publicités de la maison Bernard et façade du N°110 en 2022 (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

L’ébéniste Marcel Desloovère est installé au n°109 où il a pris la suite d’Albert Desloovère-Bauduin. Ce dernier était spécialisé dans les cabinets de travail de tous styles et proposait des bureaux et classeurs pour usines en chêne, noyer, acajou et plaquage en tous genres et par la suite du formica pour les comptoirs. Marcel quant à lui se spécialise en cuisines sur mesure salons et literies et ce jusqu’à sa retraite dans les années 2000.

Publicités d’Albert et Marcel Desloovère (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Photo de la vitrine du magasin au début des années 2000 et de la façade en 2008 (Documents Historihem et Google Maps)

Ajoutons qu’au n°170 l’imprimerie Brissart s’est installée durant quelques années. Par ailleurs l’impasse Briffaut, située entre le 121 et le 123 accueille les menuiseries Deroissart puis Duforest et Monagheddu ainsi que l’entreprise de couverture Vanhuysse. L’impasse Lienart entre les n°132 et 134 abrite un temps le garage Scopi. Enfin les charbons Dhulst s’installent au n°95 dans les années 1970 après avoir été un temps au n°15.

Les impasses Lienart et Briffaut et publicités Duforest et Monagheddu (Documents Google Maps et Historihem)
Publicités des charbons Dhulst aux N° 15 et 95 (Documents Historihem)

Aujourd’hui cette portion de la rue Jules Guesde n’a plus du tout l’apparence encore fortement agricole du début du vingtième siècle. Elle reste très animée même si elle a perdu nombre de ses commerces emblématiques des années 1950-60, comme bon nombre d’autres rues commerçantes des environs.

Vues aériennes de cette portion de rue en 2008 et 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Un étrange commissariat

La ville de Wattrelos fut longtemps desservie par un commissariat dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’avait rien d’un commissariat. Ce bâtiment se situait dans l’alignement de la rue des otages. Bien avant la construction de la salle Roger Salengro et du Centre Socio-éducatif, il y avait là un genre de jardin sur l’emplacement de l’ancien cimetière où venaient évoluer les défilés des écoles. À l’occasion, cela pouvait servir de terrain de sport pour les jeunes collégiens qui occupaient l’ancienne gare et on passait en courant autour du commissariat. Les murs sombres et la toiture en zinc indiquaient l’ancienneté de ce bâtiment. Autrefois, avant 1900, ce local servit à héberger une centrale électrique dont le but était l’éclairage de la ville de Wattrelos, à une époque où rares étaient les communes qui le tentaient. De nombreux incidents et dysfonctionnements firent qu’on abandonna l’électricité pour en revenir au gaz.

L’ancien commissariat de Wattrelos Photo NE

Le local étant libre, fut réaffecté en 1920 pour accueillir les services de la police. Trente cinq ans plus tard, alors qu’on évoque sa démolition, il n’a pas changé. L’humidité suinte sur les murs lors des fortes pluies et il arrivait fréquemment que le téléphone soit en dérangement. L’unique cellule non chauffée pouvait à coup sûr entraîner la congestion pulmonaire du moindre délinquant égaré là en hiver. Certaines jeunes pousses du collège installé dans l’ancienne gare se souviennent d’y être allées pour faire établir une carte d’identité. Elles évoquent un décor sombre, un mobilier sommaire tout à fait à l’opposé de la gentillesse et de la prévenance des agents de police qui l’occupaient. Les policiers méritaient d’être mieux installés.

Le nouveau commissariat en chantier Photo NE

Ce sera chose faite en 1965. On pensa dans un premier temps reloger la police au 22 de la rue Faidherbe où se trouvaient déjà les services de la perception municipale et le dispensaire venant tout droit de la gare. Finalement un nouveau bâtiment sera construit à deux pas du centre, à côté de la maternelle dans la rue Saint Joseph où il y avait encore quelques jardins !

Démolition de l’ancien commissariat Photo NE

En juillet 1965, le nouveau commissariat est inauguré au 21 de la rue St Joseph et l’ancien local entre ainsi dans l’histoire sinon dans les mémoires. En fait, il est détruit quelques temps après l’ouverture du nouveau.

L’actuel commissariat Vue Google Maps

Le commissariat du boulevard de Belfort

Le vendredi 27 Novembre 1982, le secrétaire d’état à la sécurité publique, Joseph Franceschi est à Roubaix, pour visiter le commissariat au 301 avenue des Nations Unies. Il constate qu’il va être manifestement très difficile d’agrandir les locaux devenus trop étroits (voir sur notre site, l’article intitulé : le commissariat de la rue Pellart). Pourquoi, dans ce cas, ne pas créer un nouveau commissariat ? Il lorgne alors sur le terrain vide, juste en face, de l’autre côté de l’avenue. Ce terrain était l’emplacement de l’ancienne usine textile Lepoutre, rasée depuis. M Franceschi propose à la ville de Roubaix, un échange entre ce terrain de l’ancienne usine Lepoutre qui appartient à la Mairie, et le monument historique du commissariat actuel, appartenant à l’état, et qui peut devenir un lieu culturel. L’échange est conclu tacitement.

( Document NE 1982 )

Finalement, la municipalité propose un autre terrain situé boulevard de Belfort, qui est l’emplacement de l’ancienne usine textile : la SATAIN, juste à côté de la Bourse du Travail. Un accord est signé entre le Ministère de l’intérieur, M. le Préfet, le SGAP (Secrétariat général de la Police à Lille) et M. le Maire de Roubaix André Diligent.

Terrain vierge au début des années 1980 ( Document Archives Municipales )

Le terrain est loué provisoirement, en 1984, à la concession Renault, pour y présenter des voitures d’occasion. Sur la photo ci-dessous, on distingue les véhicules exposés, l’abri pour recevoir la clientèle, et surtout l’immense fresque Renault, que le garage a fait réaliser sur le mur latéral de la Bourse du Travail.

Terrain avec Renault 1984 ( Document Archives Municipales )

Le terrain de 4529 m2 est idéalement placé, à proximité du centre ville, au milieu des grandes artères de circulation ( les boulevards de Beaurepaire et Belfort, la rue Pierre de Roubaix élargie qui donne sur les boulevards Gambetta, Leclerc et l’avenue des Nations Unies ) afin que les véhicules de Police-Secours puissent arriver rapidement sur les lieux d’intervention. Une demande de permis de construire est déposée en 1986. Le cabinet d’architectes Bassez et Franck à Lille, est choisi pour mener à bien le projet.

Façade ( Document Archives Municipales )

Après avoir visité quelques commissariats sur la métropole, les architectes ont défini un projet avec des objectifs fonctionnels, comme par exemple :

– une cour intérieure ( pour les véhicules de police ) à l’abri des regards, et avec deux sorties ( boulevard de Belfort et rue Pierre de Roubaix )

– des cellules de détention avec un accès discret, à l’écart du domaine public.

Le confort de travail, la circulation, la commodité ont été pris en compte dans le projet.

Les surfaces au sol sont importantes : Bureaux 2200 m2, Garage 1100 m2, Parking 1200 m2.

Le rez de chaussée est fonctionnel et accueillant. On y trouve : le salon d’attente, le chef de poste, le service des étrangers, les renseignements, le service des accidents, le bureau des objets trouvés, la permanence pour les services de nuit.

La façade extérieure est en briques rouges.

Plans ( Documents Archives Municipales )

Les bureaux se situent aux étages. Ils sont confortables et nombreux, car affectés à un ou deux agents. Aux étages, on trouve le bureau du commissaire, le poste de commandement, la salle de réunion, une salle de cours, le fichier de l’identité judiciaire, et l’appartement de fonction du Commissaire principal.

Le stand de tir pour l’entraînement des policiers, se trouve à l’extérieur du bâtiment pour éviter les nuisances sonores, bien que l’isolation phonique soit performante.

Une cafétéria, une salle de sports avec douches sont à disposition pour l’ensemble du personnel.

Les espaces verts ne sont pas oubliés, puisqu’on décompte 240 m2 de terrasses et jardinières.

Construction ( Photos Lucien Delvarre )

Le Permis de construire est accordé et les travaux de construction commencent le 12 Janvier 1988. Plus de deux ans de travaux sont nécessaires pour la réalisation de l’ensemble, car la date de déclaration d’achèvement des travaux est le 29 Mars 1990.

Le déménagement se fait progressivement pendant le printemps et l’été 1990.

( Document NE 1989 )
( Photo Lucien Delvarre )
( Photo Google Maps )

En Octobre 1990, les policiers apprécient ce nouveau commissariat flambant neuf. Bien sûr le cadre a totalement changé, mais c’est surtout l’ambiance qui s’est métamorphosée. La tension est palpable, car le projet de réforme des services de ce nouveau commissariat, présenté par le commissaire M. Le Roy et le Directeur Départemental des Polices Urbaines M. Morineaux a du mal à être accepté par l’Intersyndicale et en particulier pour la fermeture la nuit, des commissariats des villes voisines comme Wattrelos, Wasquehal et Hem.

Les conflits de cette fin d’année 1990 sont-ils à l’origine du report de la date d’inauguration officielle de ce nouveau commissariat de police ?

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Remerciements aux Archives Municipales.

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Le commissariat de la rue Pellart

Dans les années 1930, le commissariat principal se trouve dans les locaux de la Mairie. Le commissaire divisionnaire, M. Mulot, dirige tout le personnel; il est également responsable des 5 postes de Police de quartiers. Après la libération, le commissariat principal déménage au 36 rue Pellart, ( aujourd’hui le 301 avenue des Nations Unies ).

Vue aérienne ( document IGN )

C’est un hôtel particulier, construit vers 1868, pour Amédée Prouvost, gros industriel dans le domaine du textile, fondateur du Peignage Amédée, dont les descendants créeront la Lainière de Roubaix. En 1902, le bâtiment est repris par A. Lepoutre, également industriel dans le textile. Son usine est située juste en face, de l’autre côté de la rue. En 1940, l’hôtel, vide, est loué aux sergents de ville, et devient en 1945 : «  le Commissariat Central de Police ». Honoré Dieu en est le commissaire divisionnaire et le restera jusqu’à la fin des années 1950.

Vue générale ( document Google Maps )
Le bâtiment principal ( Document Photo BT )

Cet hôtel particulier a été construit entre cour et jardin. Depuis la rue, on ne voit que la conciergerie et la porte cochère, qui permet d’accéder à la cour intérieure. La façade extérieure ne laisse pas deviner le prestige du bâtiment principal, dans la cour centrale.

Plan du rez de chaussée ( Document ARA )
Le hall ( Document Photo BT )
( Document Photo BT )

Au rez de chaussée, le grand hall crée une séparation entre toutes les pièces donnant sur la cour et sur le jardin. On y trouve le bureau du commissaire, qui était la salle de réception de la famille Lepoutre. Le secrétariat est disposé dans la pièce voisine, qui était la salle à manger.

Plan de l’étage ( Document ARA )
Le couloir de l’étage ( Document Photo BT )

L’escalier principal en marbre est magnifique; il mène à l’étage où se trouvent les bureaux des officiers et des inspecteurs. Autrefois, ces pièces étaient les chambres à coucher; le couloir ressemble à celui du rez de chaussée, mais plus sobre, car l’étage n’était pas destiné à accueillir des convives. Au sous sol, des cellules de détention sont aménagées ( une grande salle et 5 cellules individuelles ).Le 2° étage, surnommé  »Le Pigeonnier », abrite les archives et le service des « stups ».

Le porche ( Document photo BT ) Le policier en tenue, avec son célèbre képi, son bâton et ses manchettes blanches : les crispins, ( Document amicale police patrimoine ).

A la conciergerie, un planton, chef de poste, est à l’entrée et filtre les arrivées. Au rez de chaussée, Jules est responsable du « foyer ». C’est un endroit convivial, un lieu d’échange réservé aux policiers, pour leur pause. Un distributeur de café est à leur disposition. Tous les bénéfices du foyer sont destinés aux œuvres sociales de la police. Trois bureaux de la sûreté sont à l’étage. Les véhicules de police sont garés dans la cour pavée intérieure.

La 403 Peugeot du commissaire divisionnaire, dans la cour du Commissariat Central (Document F. Bauwens )
Le fourgon Citroen Type H ou Tube des années 50 ( Document amicale police patrimoine )
Le J 9 Peugeot des années 60,  surnommé : le panier à salade ( Document caradisiac )

A la fin des années 1960, le commissaire divisionnaire est André Dierickx. Il est également responsable des 5 postes de police de quartiers qui se situent :

– rue St Vincent de Paul ( à deux pas de la rue de l’Alma )

– 8 rue des Fossés ( Place de l’église Ste Elisabeth )

– 14 place du Travail

– 297 Grande rue ( Place Chaptal )

– 37 rue du Général Sarrail

Dans les années 1960, le développement de la population, dû au baby-boom, nécessite bien évidemment des policiers supplémentaires. Ils sont environ 200 au Commissariat Central, dont 70 en permanence ( au bureau et sur le terrain ), car le commissariat est ouvert non stop 24h/24.

36 et 34 rue Pellart ( Document D Labbé )

Le commissariat se développe encore dans les années 1970. Les commerçants de la rue Pellart et de la rue Pauvrée commencent à se plaindre des stationnements des véhicules de police, et également des véhicules du personnel : cela empêche les roubaisiens de se garer, pour effectuer leurs achats. La toiture du bâtiment principal fuit ; le service des « stups » déménage au poste de police de la rue Saint Vincent, où 9 bureaux sont disponibles. Un manque de place évident se fait sentir. Le commissaire trouve un accord avec le voisin, au 34 rue Pellart, pour y aménager des locaux d’accueil du public, plus sécurisés, ainsi que le service des policiers en tenue et le chef de la sûreté générale. En 1980, le Commissaire principal Lucien Ripoll envisage une réfection de façade du 34. Il est temps de songer à trouver des locaux mieux adaptés.

Le 34 rue Pellart ( Document Archives Municipales )

Le Ministère de l’Intérieur décide la construction du nouveau commissariat sur un terrain vierge, au 72 Boulevard de Belfort, à côté de la Bourse du Travail. Le déménagement a lieu, au début des années 1990, dans des locaux neufs, plus vastes, plus modernes et plus fonctionnels.

L’emplacement du futur Commissariat Bd de Belfort ( Document Archives Municipales )

De 1990 à 1993, le 36 rue Pellart est utilisé comme annexe du Lycée Saint Martin ( actuellement rue de Lille ). A partir de 1993, des associations s’y installent : Radio Boomerang, puis l’ARA ( Autour des Rythmes Actuels ) qui est toujours présent aujourd’hui.

En 2003, l’édifice est menacé de démolition, avec le projet du Géant Casino. Fort heureusement, le bâtiment a été classé Monument Historique. La rénovation est faite de 2002 à 2005 ; les locaux sont réhabilités pour répondre aux besoins des activités musicales de l’ARA ( insonorisation des salles, création d’un studio d’enregistrement, mini salle de concert … ).

Le 301 avenue des Nations Unies ( Document photo BT )

Remerciements aux Archives Municipales, à l’ARA, ainsi qu’à Eric Eudes, Franck Bauwens et Luc Watteau

Luc Watteau ( ancien inspecteur de police de Roubaix ) sur les marches du perron du Commissariat Central de la rue Pellart en 2015, lors de la sortie de son livre : Le dossier SNK ( Document Photo Nord Eclair )

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La disparition de la rue Pellart

L’avancée des travaux de percement de la future avenue des Nations Unies va durement toucher la rue Pellart, qui va disparaître de plus de la moitié de son parcours. Elle s’étendait autrefois de la la jonction de la rue du Curé et de la rue du Pays jusqu’à la place d’Audenarde où se trouvait autrefois l’église du Sacré Coeur. Elle faisait huit cents mètres de long sur 7,50 de large, sa largeur dénotant de son ancienneté, les rues plus contemporaines atteignant au moins 9 mètres. Le devenir du côté impair a été abordé dans un article précédent (Nations Unies : Les premiers travaux), examinons ce qu’il reste du côté pair. Tout le début de la rue, jusqu’au n°36, a laissé place à l’arrière du centre Géant Casino et à la sortie du parking. Ajoutons que la rue Pellart à cet endroit a cédé la place à l’avenue des Nations Unies.

Publicité Stiernet 1965 parue dans NE

À cet endroit se trouvaient autrefois le centre d’apprentissage de filature du coton (atelier collectif n°12/14), l’entreprise de chauffage Stiernet , la cour Fontier (n°20) les docteurs Renard au n°26 un foyer Adataréli au n°30. Arrêtons nous un instant au n°36, seul bâtiment subsistant de l‘époque. Les flâneurs ont raconté son histoire : dans les années 1870, Amédée Prouvost se fit construire un hôtel particulier au n° 36 il mourut en 1885. Sa veuve l’habita jusqu’en 1902 puis lui succédèrent M. et Mme Auguste Lepoutre. Après la seconde guerre mondiale, l’hôtel fut transformé en commissariat central. Le bâtiment est préservé lors des travaux de démolitions récents, inscrit à l’Inventaire des Monuments historiques en 1998. Il est devenu le 301, un lieu d’activités musicales géré par l’association ARA (Autour des Rythmes Actuels) qui propose d’apprendre à jouer de la musique, développer des projets de création et cultiver le plaisir de l’écoute.

La maison d’Amédée Prouvost Photo AmRx

Après le croisement de l’ex rue Pauvrée, aujourd’hui Jean Monnet, et la rue du collège, la rue Pellart ne reprend son alignement qu’à partir du CCAS situé aux n°9-11. Entre la rue Pauvrée et la rue du collège, la rue Pellart a disparu, permettant ainsi au square des Mulliers d’avoir pignon sur l’avenue ainsi que le lycée Saint Rémi. Vont disparaître des institutions comme le syndicat des cadres du textile, des contremaîtres et techniciens et l’union locale CGC (n°66). Des rues font également les frais de cette réorganisation urbaine : la rue Jean Baptiste Glorieux, la rue Choiseul, la rue du Ballon, de part et d’autre de la rue du Collège.

L’ouverture de l’avenue devant le square des Mulliers Photo AmRx

L’avenue des Nations Unies se présente donc maintenant sous la forme d’une large artère construite sur le parcours de la rue Pellart et sur l’emplacement des rues que nous venons de citer, ce qui lui assure une largeur de plus de quarante mètres. L’avenue des Nations Unies occupe même l’ancien tracé de la rue Pellart, côté numéros pairs du n°26 au N°44 sur le mur duquel on peut encore découvrir une plaque « rue Pellart » (de quoi perturber un peu plus le facteur ou le flâneur). La rue Pellart reprend donc après le carrefour de la rue de l’Hommelet pour les numéros pairs.

Les démolitions de la rue Pellart Photo AmRx

Ainsi a disparu en partie, l’une des rues les plus anciennes de Roubaix au profit d’une large pénétrante moderne reliant Tourcoing à Roubaix.

Aujourd’hui avenue des Nations Unies et rue Pellart Photo Google maps