Wattrelos et l’Espierre

En Juillet 1969, plus de cinq milliards ont déjà été engagés pour assainir le bassin de l’Espierre. Peu de rivières charrient une eau aussi nauséabonde et ont fait également couler autant d’encre. L’Espierre, c’est ce petit ruisseau transformé par la volonté des hommes en un collecteur serpentant parfois à ciel ouvert, plongeant à d’autres endroits de son parcours dans le sous-sol de l’agglomération. Le riez prend sa source sur les hauteurs de Mouvaux, mais son eau claire est bien vite polluée par les eaux résiduelles des teintureries et autres usines du Blanc Seau. Il coule ensuite dans le sous sol roubaisien avant d’arriver sur le territoire wattrelosien par un siphon passé sous le canal de Roubaix à hauteur du pont des Couteaux. L’Espierre poursuit alors son chemin vers le Nord puis vers l’est, pour aller enfin vers le sud et repartir vers l’est. Continuer la lecture de « Wattrelos et l’Espierre »

Ballon(s) et inondations

Une première question au moment d’entamer cet article. Parle-t-on du quartier du Ballon ou des Ballons ? Il semble que l’appellation soit issue de la partie belge herseautoise comprise entre les deux rivières Berckem et Espierre. Mais nos amis belges parlent du quartier des Ballons, alors que côté wattrelosien, nous avions une rue du Ballon venant de la Vieille Place et qui correspond aujourd’hui au tracé des rues Louis Dornier et Georges Philippot. Les deux rivières citées plus haut ont régulièrement fait du quartier du ou des Ballons des plaines d’inondations. Un rapport de 1925 signale une année particulièrement catastrophique, avec 3 à 400 habitations régulièrement inondées et contaminées. Le quartier du Ballon connaît de manière plus ou moins fréquente entre 20 et 30 inondations par an, entraînant la destruction de récoltes, la contamination des puits et la dégradation des immeubles. Le 8 janvier 1925, les prairies et le champs qui entourent le gazomètre de Wattrelos, situé non loin de l’abattoir, donnent l’impression d’être un vaste étang. De fortes pluies en avril, juillet et août 1928 entraînent des inondations dont les dégâts seront indemnisés pour certains agriculteurs, notamment Clotaire Flipot, demeurant 1 rue du Ballon et Louis Houzet pour les dommages subis par son champ de betteraves. L’Espierre débordera à nouveau en juin, juillet et août 1930. La même année est créée l’« Association des victimes de l’Espierre et du Berckem ».

Wattrelos au temps du Consultat ext ADN ca 1807

On peut apercevoir sur ce cadastre du Consulat le parcours de l’Espierre partant du hameau du Ballon, tout en haut du plan, et formant un arc de cercle au travers des Près, passant entre la Vieille Place et la grand Place et rejoignant par de légers méandres le Laboureur. Les inondations vont donc concerner une grande partie du territoire wattrelosien. Les fortes pluies orageuses sont à l’origine du phénomène mais pas seulement. Il apparaît que le lit des deux rivières responsables des inondations se sont progressivement comblés à la suite du développement industriel et des rejets des usines roubaisiennes, tourquennoises et wattrelosiennes. La configuration des lieux est également propice aux inondations. Les ponts ou passerelles sont positionnés trop bas et forment barrage lors de fortes pluies. Le cours de l’Espierre présente plusieurs coudes ce qui ne favorise pas l’écoulement des eaux. De plus, le Berckem qui rejoint l’Espierre, se jette à angle droit et augmente fortement l’arrivée d’eau dans le cours principal. Lors d’abondantes pluies, le niveau des eaux s’élève rapidement, et quelques minutes suffisent pour provoquer des envahissements de 40, 50 voire 60 cm d’eau ! Sans oublier les odeurs amenées par les eaux polluées par les nombreuses industries. Il faut incessamment curer les ruisseaux obstrués, élargir les berges, redresser le lit des cours d’eaux. Entre les deux guerres ont lieu les débordements les plus catastrophiques de l’Espierre.

Quartier du Ballon inondé en 1957 Photo NE

D’avril à septembre 1957, d’importants travaux sont menés qui aboutissent aux résultats suivants : côté français, on a redressé le cours de l’Espierre et établi un nouveau pont pour faire la jonction entre la Martinoire et les Ballons. La rectification du cours de l’Espierre a entraîné de gros travaux de terrassement sur plus de cent mètres pour établir le nouveau lit de l’Espierre, plus profond et plus large que l’ancien. L’ancien lit a été comblé et une route reliera désormais à cet endroit la Martinoire et les Ballons. Les travaux français ont entraîné des craintes côté belge, car l’arrivée plus directe des eaux risque d’entraîner des inondations plus massives encore de l’autre côté de la frontière. D’autres travaux sont à envisager sur le territoire de Wattrelos afin de contenir les eaux, comme l’amélioration de l’étroit Pont des Vaches situé dans la plaine des Près ainsi que la suppression de méandres existant encore au sud de la rue Pierre Catteau.

La cité du 11 Novembre sous les eaux en 1957 Photo NE

En 1961, en vue de régler le problème de l’Espierre, les villes de Roubaix, Tourcoing, Wattrelos, Mouvaux, Croix, Wasquehal, Lys lez Lannoy, Leers, Hem et Bondues s’associent sous la forme d’un syndicat intercommunal d’assainissement du bassin de l’Espierre et du bassin de Tourcoing, tributaire de la Lys. Le problème qui existait déjà en 1925 s’est amplifié au fur et à mesure du développement industriel de la région. Ces vingt dernières années, l’urbanisation intensive du bassin de l’Espierre a augmenté les surfaces de ruissellement imperméables et a aggravé l’insuffisance de débit provoquant des inondations fréquentes sur le territoire de Wattrelos dans les quartiers du Mont à Leux, des Ballons, de la Broche de fer, du Breuil, du Rivage, pareil sur Roubaix, en raison du refoulement des eaux dans les égouts.

Les Ballons en 1964 Photo NE

En 1964, un important programme de construction de collecteurs a été mis en place par ce syndicat, dont le financement sera pris en compte par l’État. Pour Wattrelos, il s’agit d’un collecteur d’assainissement démarrant au Mont-à-Leux, empruntant la rue de la Martinoire, le lit actuel de L’Espierre jusqu’à la gare de Wattrelos, avec une dérivation par la rue de l’abattoir, la rue du général de Gaulle, la rue des poilus, le cimetière pour aboutir à la station d’épuration du Grimonpont. D’autre part, l’Espierre et le Berckhem, son affluent, seront entièrement canalisés entre le quartier de l’Union et la cité Amédée Prouvost, ce qui signifie qu’ils seront convertis en collecteurs souterrains. La dérivation vers le Grimonpont doit permettre la suppression du lit actuel de L’Espierre entre la gare de Wattrelos et le Sartel, et son remplacement par un aqueduc de section moyenne, un diamètre de 1,80 m enterré à une profondeur variable de 9 à 14 mètres. Coût des travaux, près de deux milliards d’anciens francs. Roubaix de son côté creuse un collecteur qui part de Mouvaux jusqu’au Laboureur. Ces travaux suffiront-ils ?

à suivre

La plaine de Beaulieu

Vue aérienne IGN 1951

La vaste plaine de Beaulieu était constituée de terres agricoles. Entre le quartier du Beau Chêne (sur la gauche de la photo aérienne) et le hameau de Beaulieu (sur la droite de la photo) regroupé autour de l’église Notre Dame de Bon Conseil dont nous reparlerons bientôt, il n’y a que de larges espaces de forme rectangulaires avec quelques fermes : le grand Beaulieu, visible en bas à droite de la photo et le petit Beaulieu. C’est là que les urbanistes des années soixante vont implanter une nouvelle cité, estimant que le site est privilégié, par le fait qu’il soit le plus haut de Wattrelos, et qu’il soit à proximité du centre de la ville.

La maquette de la ZUP publiée dans NE

En février 1964, lors de la présentation de la maquette de la future zone de Beaulieu, on annonce la construction de 2.400 nouveaux logements et une augmentation probable de dix mille habitants pour la commune de Wattrelos. La réalisation se fera en trois étapes. La fin des travaux est prévue en 1970. Mais on voit plus loin que le logement. Il faut prévoir des équipements collectifs. Trois groupes scolaires d’un total de 23 classes de garçons et 21 classes de filles, 17 classes maternelles, deux écoles maternelles. Avec équipement sportif, salles vestiaires et douches.

Puis la ZUP qui fait 50 hectares va comprendre un stade de compétition, un gymnase, une piscine couverte, des terrains de jeux pour les enfants. Pour le domaine socio-médical, une halte garderie est prévue. Un équipement commercial, nécessaire à l’approvisionnement de la population : on prévoit trois centres principaux, l’un au cœur même de la cité, le second à l’ouest, le troisième à l’est. Une vingtaine de commerces seraient ouverts dans la cité ? On parle d’une nouvelle église à proximité de la Baillerie ?

Le premier chantier de Beaulieu Photo NE

En juin 1965, une première tranche de 342 logements (182 collectifs et 160 individuels) est commencée. La première tranche a démarré en octobre 1964, et le gros œuvre est bientôt en voie d’achèvement à la fin de l’année. Le samedi 12 juin 1965 à 11 heures, le Préfet du Nord Pierre Dumont inaugure ces logements qui ont été réalisés par le CIL de Roubaix Tourcoing pour le compte de la société anonyme le Bien être familial.

L’inauguration du 12 juin Photo NE

L’agencement intérieur de l’appartement témoin a été réalisé par les établissements Desmarchelier rue Henri Briffaut meubles et appareils ménagers, la décoration et l’ameublement ont été confiés à M. Henri Ducoulombier décorateur, maison Rido décor, place du Crétinier Wattrelos. Cette réalisation va entraîner des aménagements routiers, pour réaliser la future « ceinture routière » de la ZUP de Beaulieu : on va procéder à l’élargissement de la rue Leruste, de la rue de la Boutillerie, et de la rue de la Baillerie jusqu’à 8,50 ou 9 mètres. La rue Vallon et la rue de Beaulieu seront également restaurées.

L’appartement témoin Photo NE

à suivre