En 1883, une voie privée et pavée se raccorde au boulevard de Paris et mène au chemin de Barbieux. Les riverains demandent son classement, la construction d’un aqueduc et son revêtement, en échange du don des terrains concernés et une participation aux frais. La rue ferait 15 mètres de large (8 mètres pour la chaussée et 3m50 pour chaque trottoir). Parmi les riverains on trouve les noms de Henri et Jean Baptiste Bossut, Motte-Bossut, Georges Motte, Vve Wattine-Bossut, Vve Lepers, et surtout la société civile Bossut-Fougasse, peut-être fondée pour l’occasion, qui détient la plus grande partie des terrains. Les riverains sont représentés par E. Barbotin.
La municipalité procède à des études en janvier 1884. Le service de la voirie conseille d’accepter la proposition, conforme à ce qui se fait couramment pour les rues nouvelles, la commission municipale nommée à cet effet, également. Le conseil entérine donc et lance l’enquête d’utilité publique. Le préfet classe la voie la même année.
Le plan du quartier de 1884 ne montre qu’une construction de chaque côté de la rue. Les propriétés existantes donnent sur le boulevard de Paris ; plus en retrait, aucun autre bâtiment jusqu’au chemin de Barbieux et, au delà, celui du petit Beaumont.
Dès 1889, on lance le prolongement de la rue dans le même alignement jusqu’à la rue de Beaumont.
Les constructions suivent à bonne allure. En 1891 le Ravet Anceau fait déjà état de 18 propriétés occupées, dont, déjà, les assurances Verspieren près du coin du boulevard de Paris. Une grosse partie des habitants de la rue sont négociants ou fabricants.
Une vue ancienne prise depuis le boulevard de Paris nous montre à droite, sur le coin la propriété Réquillart-Roussel, puis les mur et des bâtiments appartenant à aux assurances Verspieren.
Le bâtiment à droite, numéro 2, abrite notamment après guerre les bureaux de la société Rhovyl, ainsi que les services administratifs de la société Despatures dont les dirigeants Jules, Joseph et Paul inventent la fibre Thermolactyl, dont la composition inclut du Rhovyl, et créent la société Damart, nom tiré de celui de la rue. Cette construction disparaîtra au début des années 70.
Les assurance Verspieren, après de longues années, deviendront Lloyd Continental dans les années 70, puis Swisslife aujourd’hui.
Tout ce qui est avant ce bâtiment bas a aujourd’hui disparu pour faire place à des locaux modernes. A gauche l’alignement de bâtiments existe encore de nos jours, de même qu’à droite, le bâtiment bas Verspieren abritant désormais des garages
Des articles parus il y a quelque temps laissaient entendre que le café de la Basse Masure existait encore, et qu’il s’était transformé en boucherie. Il n’en est rien. Nous allons en faire la preuve, après un bref rappel des faits.
Le café de la Basse Masure était situé le long du chemin vers Mouscron au siècle avant dernier. Ses murs étaient recouverts de plâtre, et elle était déjà habitée en 1817 par une famille de 17 enfants ! Une « cantine » fut bientôt ouverte, où l’on vendait de l’épicerie et des alcools divers. Puis l’épicerie buvette devint un vrai café, qui fut une halte obligée pour les gens qui allaient de la Fosse aux Chênes vers Mouscron. Le café eut sa célébrité, en la personne de « Cho de l’Basse » François Fauvarque, son tenancier, lequel alliait bonne humeur et parties de boules mémorables. Le café se trouvait souvent sur le parcours des sorties carnavalesques et des cortèges ludiques. C’était un autre temps, sans voitures et sans télé.
L’urbanisation rattrape bientôt le café, et la Basse Masure devient un quartier, un genre de cité très animée. La maison tenait bon, elle restait le siège de tournois de boules, et s’associait régulièrement aux fêtes annuelles du Cul de four et de la Basse Masure. Le café de la Basse Masure a-t-il survécu ? A-t-il été transformé ? Un témoignage de l’ancienne bouchère de la rue des Récollets, dont le magasin est cité comme étant l’ancien café, vient démentir cette assertion. En effet, sa boucherie a toujours été recensée dans la rue des Récollets, au n° 36 en 1929, alors que l’estaminet a longtemps été au n°70 de la rue de la Basse Masure. Le café n’existe plus en 1973, alors que la boucherie existe toujours vaillamment au n°36 de la rue des Récollets. A-t-il été démoli comme le café de la planche trouée dans le quartier des longues haies ? La réponse est affirmative, la démolition a été effectuée à la fin de l’année 1961, alors qu’il n’était plus qu’une ruine. Alors pourquoi cette erreur ? Les photos que nous a aimablement confiées Mme Gauquie nous renseignent sur ce qui s’est passé.
Sur cette photo de 1973, on voit très nettement l’emplacement de l’ancien café, qu’occupe un parking de voitures garées en épi. La boucherie apparaît comme la dernière maison de la rue des Récollets, au n°36.
En 1979, M et Mme Gauquie, voulant profiter d’un éclairage supplémentaire pour leur magasin, firent procéder à des travaux. Ainsi la boucherie eut une ouverture sur la rue de la basse masure, ce qui a pu faire croire qu’elle en constituait l’angle.
Merci à Mme Gauquié de nous avoir expliqué l’évolution de ce bout de quartier, photos à l’appui.
Autres sources : le Journal de Roubaix , Nord Éclair, annuaires Ravet Anceau
Quelques nouvelles informations et découvertes nous amènent à évoquer de nouveau le café du Parc. Il se trouvait à l’angle du boulevard de Paris (aujourd’hui du Général de Gaulle) et du boulevard de Cambrai, à deux pas de l’entrée du Parc de Barbieux. Construit avant 1900, c’était un café de « bonne renommée », idéalement placé pour les promeneurs. Il dut faire d’excellentes affaires en 1911, car il était proche de l’entrée de l’exposition internationale et du terminus des tramways. Il disposait d’une terrasse vers le parc, et d’une salle de concert, dont la station service reprendra la surface. Cette petite scène accueillit nombre d’artistes : chanteurs, musiciens, acrobates, comiques. Maurice Chevalier en personne y aurait fait plusieurs apparitions ! Pour donner une importance de la clientèle, l’ancien propriétaire, M. Gaston Dutilleul, disait qu’il avait employé dans son café plus d’une vingtaine de garçons !
Le café du parc fut démoli début 1964, alors qu’il ne fonctionnait plus depuis quelques années. A sa place fut bientôt construit un ensemble comprenant un immeuble d’appartements et une station service.
Nous avons parlé de l’évolution de la station service aujourd’hui devenue une célèbre enseigne de boulangerie et de pâtisserie. Mais l’endroit est aussi bien connu des roubaisiens par sa maison de la presse, toujours bien achalandée. A l’occasion de son inauguration de la Presse du Parc, en août 1966, sa propriétaire de l’époque, Mme Cattoire, organisa un cocktail de bienvenue. On y trouve toujours la presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle, des articles de papeterie, mais c’est aussi une véritable librairie, où l’on est toujours très bien accueilli.
Roubaix se trouve au pays des braderies. Sur son territoire, elle en organisait traditionnellement plus d’une vingtaine chaque année. Une braderie d’un nouveau genre connaît sa première édition en décembre 1991 : la braderie de l’art. Le concept est à la fois simple et particulier : pendant 24 heures, des artistes vont créer des œuvres en partant d’objets de récupération. Le journal de l’époque situait le prix de ces objets qui étaient vendus au public entre 1 franc et 1000 francs !
Cette braderie existe toujours, et depuis quelques années, elle se déroule en décembre dans les locaux de la Condition Publique. Cet ancien établissement public, propriété de la Chambre de commerce de Roubaix, avait pour mission de contrôler et certifier la qualité de différentes matières textiles avant leur vente, essentiellement la laine, le coton et la soie. Sa reconversion en manufacture culturelle date de 1999, et la Condition Publique constitue un superbe écrin pour la braderie de l’art.
Mais d’autres lieux ont accueilli cette manifestation intra muros, organisée par l’association Art Point M. La piscine de la rue des Champs fut le premier décor de la braderie de l’art, pour ses quatre premières années. Fermée depuis novembre 1985, elle attendait sa reconversion en musée, laquelle sera effective le 21 octobre 2001. La piscine permit ainsi à la braderie de l’art de se mettre dans le bain et de faire ses premiers pas.
C’est Roubaix 2000, ou du moins son fantôme, qui recevra la braderie de l’art en 1995. La galerie commerciale en attente de démolition, offrit ses surfaces abandonnées pour l’expression des artistes et la vente de leurs créations. Il y aura aussi l’usine Cavrois de la Potennerie en 1996 et 1997, puis le parking de Mac Arthur Glenn, patrie des courants d’air. Mais depuis un certain temps la Condition Publique abrite désormais la Braderie de l’Art, chaque année début décembre. Les fans nous pardonneront d’avoir sans doute oublié d’autres lieux d’accueil. Nous les remercions à l’avance de compléter notre propos.
Après la révolution, la place du Trichon se trouve à l’extrémité de la ville à laquelle elle est reliée par la rue du bois et la rue du grand chemin. L’agglomération est prête à englober les fermes présentes à sa limite. Plus loin, les voies se perdent dans la campagne.
Ouvertures de rues et constructions se multiplient rapidement avec l’extension de la ville. La place, qui devient un nœud de communications important, n’est alors qu’un vague élargissement de la rue du bois entre le riez du Trichon et l’intersection du chemin du même nom. Il va falloir l’agrandir pour faciliter la circulation.
La place étant resserrée entre les habitations, il faut exproprier. D’autant qu’au début des années 1860, on projette d’y installer le marché aux poissons : l’espace est de plus en plus compté. Il faut prévoir de nouveaux alignements au détriment des constructions existantes, et, en particulier, tout un ensemble de maisons qui encombrent le centre de la place telle qu’on l’envisage.
Une première série de démolitions permet d’agrandir la place et de construire le Minck. Mais il reste un bloc d’habitations formant un triangle, propriété d’Auguste Tiers, le fermier du Trichon. Ces bâtiments empiétant sur la place, gênent l’accès à la rue du Trichon et à la rue Rémy Cooghe. On décide de les exproprier en 1867.
Ce bloc est constitué d’un certain nombre de logements sans étages, peut être aménagés sur des bâtiments dépendants de la ferme, ou bien encore un lotissement construit par M. Tiers sur ses terres. On remarque en haut à gauche sur le plan l’édicule des « lieux » situés dans la cour et partagés entre les différentes maisons.
La suppression de ces constructions permettra un accès plus aisé, et l’expropriation est décidée par le tribunal en avril 1867. On nomme l’architecte Emile Barbotin comme expert pour procéder au mesurage des parcelles concernées. Elles représentent près de 400 mètres carrés.
Sur la photo, les personnages du premier plan se trouvent sur l’emplacement du bloc exproprié.
Mais ce n’est pas terminé : on rectifie l’alignement côté gauche de la place en venant de la rue des fleurs (aujourd’hui rue Émile Cooghe) au début des années 1880. Ces opérations seront faites au détriment des propriétés de MM. Prouvost-Screpel, Delobel-Barrot, et Desrousseaux-Defrenne.
Auguste Tiers n’est pas au bout de ses peines : en 1888, il est condamné à démolir un mur qu’il vient de faire construire le long de la place, et frappé d »alignement… La vieille cense est réduite à peu de choses à cette époque : le plan cadastral de 1884 nous montre en vert les bâtiments subsistants de la ferme, en magenta l’immeuble construit sur l’emplacement du reste.
A l’instar de nombreuses autres villes qui, comme Lille, ont adopté ce dispositif qui facilite l’accès au stationnement pour une durée limitée, Roubaix saute le pas en novembre 1962. Cette instauration se fait à la demande notamment des commerçants du centre qui espèrent ainsi régler le cas des « voitures ventouses ». L’adjoint au maire, monsieur Loucheur, indique à Nord Éclair que « les parkings, les rues sont pleins de voitures statiques ». Ce même journal, interroge les roubaisiens, et il semble ressortir de cette enquête que la zone bleue est indispensable.
La durée maximale de stationnement est fixée à une heure et demie, les heures de début et de fin étant matérialisées par un disque de carton que l’automobiliste dépose derrière le pare-brise, à la vue du fonctionnaire chargé du contrôle. Il est interdit de modifier les horaires indiqués sur le disque sans avoir déplacé le véhicule d’au moins 100 mètres. Ces disques, financés par la publicité qu’ils présentent, sont offerts gratuitement aux usagers.
La zone bleue comprend le centre de Roubaix, et s’étend aux principales artères qui en sont issues : jusqu’à la place de la Fosse aux chênes, la gare et le début des rues de Mouvaux et de l’Epeule, une partie des rues de Lille, de Lannoy, et de la Grande rue. Elle concerne près de 18 kilomètres de voies.
La municipalité prévoit par ailleurs des parkings, où il sera permis de stationner trois heures (le même disque faisant foi pour l’heure d’arrivée). Sur les boulevards Gambetta et Leclercq, le stationnement sera limité à cinq heures.
Pierre Herman, adjoint chargé de la circulation fait, en septembre, une conférence de presse pour expliquer les raisons de la mise en vigueur de la zone bleue.
On estime qu’il faut une cinquantaine de personnes pour contrôler les véhicules en stationnement. La police urbaine est renforcée à cet effet, « d’éléments d’Afrique du Nord » (dixit Nord-Eclair). Dans un premier temps, les gardiens de la Paix se borneront à apposer sur le pare-brise des contrevenants un papillon indiquant l’infraction. Mais cette période d’adaptation devait être courte ; bientôt viendra celle des véritables amendes.
La zone bleue sera pourtant éphémère. On commence par la supprimer durant les vacances en 1972. 1973 voit apparaître les parcmètres boulevard Gambetta : la zone bleue, gratuite, cède la place au stationnement payant…
Les documents produits proviennent des archives municipales
A l’origine, les terres situées entre le Galon d’eau et Wattrelos se partagent entre différentes fermes, situées le long de l’ancien chemin de Wattrelos. Ce sont notamment la Digue du Pré (à l’emplacement de la place Nadaud) et la Laverie, ou Haverie (au niveau du coude formé par la rue d’Avelghem). Les douves de ces fermes sont alimentées par le Trichon qui s’y écoule, après avoir alimenté les fossés du vieux château seigneurial.
Puis on creuse le canal, bordé par un talus et le chemin de halage. La rive nord de la partie la plus ancienne, incluant l’actuel boulevard Gambetta est rapidement dénommée quai de Wattrelos.
En 1869, les propriétaires de la rive du canal consentent à céder du terrain sur huit mètres de largeur depuis la rue de Lannoy à condition que la ville pave le quai. On rédige dès l’année suivante le cahier des charges préalable aux travaux. La chaussée fera 6m70 de largeur, et sera encadrée par deux trottoirs. L’accès à la berge sera protégé par un garde-corps. Mais la guerre de 1870 stoppe les travaux. Après celle-ci, il est question de combler la première partie du canal pour y aménager un boulevard. En attendant, on sursoit aux travaux. Le quai de Wattrelos est alors officiellement limité au pont du Galon d’eau et au pont du chemin de fer. Vers la fin du siècle, le quai est encore à l’écart de toute agitation ; le Ravet-Anceau de 1891 cite les estaminets Nyckees et Dubenne, ainsi que le bureau des douanes. La rive est également fréquentée par les pêcheurs et les canotiers : le « Ro (a?)ving Club » y pratique les sports nautiques. L’estaminet situé au numéro 4 a pour enseigne « la réunion des canotiers ». La courbe du canal face au boulevard Gambetta est plantée d’arbres.
Mais l’atmosphère bucolique de cette partie du canal va changer radicalement : Les frères Florent et Henri Carissimo installent d’abord une filature entre la rue d’Avelghem et le canal, limitée par la rue des Soies, et c’est ensuite le tour d’Alfred Motte d’y construire un peignage qui s’étend jusqu’à la ligne de chemin de fer. Il est autorisé à construire une voie s’embranchant sur la voie ferrée. Elle forme une courbe serrée pour longer la rue d’Avelghem, et traverse l’usine pour rejoindre le canal qu’elle suit ensuite, les wagons étant orientés à angle droit grâce à une plaque tournante. Une distillerie s’implante également au n°101 la « société anonyme des levures et alcools de grains ». Le quai sert alors intensivement au chargement et déchargement des péniches.
En 1920, on autorise la société des levures et alcools de grains à installer un portique permettant de décharger les péniches de charbon et de grains. Elle est également autorisée à placer une voie Decauville sur trente mètres le long du quai. La société Alfred Motte et Cie à remplace par une plus grande la plaque tournante située sur le quai. Elle reçoit également en 1925 l’autorisation de placer une ligne trolley au dessus de la voie pour permettre la traction électrique de ses wagons. L’estaminet Godin apparaît au 22 , après la passerelle des soies.
Les usines étant desservies par le Trichon, on n’a pas éprouvé le besoin de creuser le quai pour y installer un aqueduc. De ce fait, la mairie est réticente pour attribuer des permis de construire pour des habitations en 1928 et 29. A cette époque, la société Carissimo a vendu du terrain pour y établir un lotissement. Ces habitations doivent écouler leurs eaux usées dans le riez du Trichon en traversant les autres propriétés, ce qui complique beaucoup les choses. On trouve néanmoins dans cette zone, au n°1 l’estaminet Colpaert (le 2 est maintenant une épicerie), Au 5 l’entreprise de bois Léon Delsalle et au 6 le marbrier Lamarque ; au 7 et 7 bis et 97 des maisons particulières ; au 99 un estaminet. En 1932 on considère que l’entrepôt de bois Léon Delsalle au n°5, le long de la cité Wallerand pose de sérieux problèmes en cas d’incendie. Au début des années 50 apparaît au 3 la cour Rousseau, au 9 une fabrique de grillages. En1960 s’installe au 10, avant la rue des soies une entreprise de transports, la SARL Bednar.
Mais la construction du pont Nyckees va profondément modifier le quartier en supprimant une bonne part des bâtiments de cette zone. On voit encore sur la photo aérienne de 1962 une série de maisons situées dans le virage du canal, alors que les jardins ouvriers s’étendant jusqu’à à l’entrée de la rue d’Avelghem semblent bien à l’abandon. Mais l’ensemble donne encore l’impression d’une vaste zone industrielle.
Pourtant, la désindustrialisation s’opère et les usines sont amenées à fermer. Cette partie du canal va perdre son côté « port de commerce » pour reprendre un aspect plus bucolique. Les sociétés de pêche s’y retrouvent, les sports nautiques également, avec l’installation en 1993 d’une base de kayak. On y trouve le Café « Bouchard Pêche ».
Les usines sont démolies ou reconditionnées dans la 2eme moitié des années 90. On crée un terrain de sports, un parking, et surtout, on réalise une promenade plantée d’arbres le long du canal. Les promeneurs, piétons et cyclistes, empruntent la passerelle des soies pour poursuivre leur chemin vers l’Escaut sur la rive droite du canal. Celui-ci devient à nouveau calme et verdoyant.
A l’instar de villes comme Dunkerque ou Calais, Roubaix eut son Minck sur la place du Trichon. C’était un marché aux poissons qui fonctionnait sur le principe de la vente à la criée. Il remplaça un marché aux poissons qui se tenait sur la Grand Place, laquelle n’était pas la grande esplanade que nous connaissons aujourd’hui. Elle se situait aux abords immédiats de l’église Saint Martin, et les exhalaisons de la marée devaient sûrement parfumer les sorties de messe. Quoique n’étant pas une ville portuaire, Roubaix consommait les fruits de la mer au moins depuis la construction du canal, en 1843. Le quai de Lorient fut longtemps le débarcadère des moules de Zélande.
Construit à partir de 1862, le Minck fut ouvert en février 1863. Ce bâtiment était constitué d’une structure en acier abritant la criée, désormais à l’écart du centre. Son éclairage était assuré par des ouvertures garnies de feuilles de verre disposées comme des lames de persiennes, qu’il fallut rapidement protéger de « l’instinct de destruction des enfants», par un treillis en fil de fer.
Il fut agrandi une première fois en 1881, sa surface carrée de départ devint un rectangle. On ajouta à la salle de criée, un ensemble de vingt quatre tables. Sa surface fut quasiment doublée. En 1885 il y eut des réparations et l’année suivante on pensa enfin à protéger le crieur du Minck, dont les activités et les registres étaient à la merci des conditions atmosphériques. On agrandira à nouveau le Minck en 1887, portant le nombre de tables à 38. On y épanchera régulièrement des tonnes de poissons pour leur livraison aux commerçants. Le marché aux poissons roubaisien fêta dignement son cinquantenaire, le 19 mai 1912, sous l’administration Motte, avec cortège et chars.
Après la seconde guerre, le développement des livraisons par la route eut raison du Minck. Les marchands de poisson se fournissaient directement aux mareyeurs. Le vieux bâtiment devient un obstacle à la circulation, et sa vieille carcasse est, selon la presse de l’époque, « une provocation à l’esthétique ». En septembre 1950, le principe de sa démolition est acté. En novembre 1950, sa double verrière est démontée, et son squelette d’acier va bientôt disparaître. C’est chose faite en janvier 1951. La place du Trichon y a gagné un petit jardinet, aujourd’hui cerné par les voitures, et ses exhalaisons n’ont plus pour origine le poisson, mais bien les déjections canines.
Le boulevard de Lyon compte peu d’entreprises. On peut cependant citer au n°108, l’entreprise de constructions mécaniques Platt frères, qui était située entre le boulevard de Lyon, la rue Ingres, la rue Jean Baptiste Corot, c’est-à-dire au beau milieu d’une zone résidentielle. Cette entreprise fabriquait autrefois des garnitures de cardes pour les machines textiles.
Puis, après la seconde guerre, l’entreprise poursuit ses activités de construction mécanique spécialisée dans la transformation de l’acier et la fabrication de machines-outil. A partir de 1954, la société PLATT FRERES développe des activités de forge, de martelage mécanique, d’estampage, de matriçage, de découpage et de métallurgie des poudres. Pour les besoins de l’activité, des produits tels que des solvants (dont des solvants chlorés), des gaz de soudure (acétylène…) et des carburants (gasoil, mazout, fioul…) ont été stockés sur le site.
Entre 2004 et 2008, la société BEKAERT reprend l’exploitation du site et poursuit l’activité de la société PLATT FRERES. La cessation définitive d’activité du site a été notifiée le 30 juin 2008.
Le projet de prolonger la rue de l’Alouette jusqu’à la rue de la Gare apparaît en 1936. Jusque là, la rue de l’Alouette partait de la rue du Grand Chemin et rejoignait la rue du Chemin de fer, qui fut historiquement la première rue de la gare. En effet la première station de Roubaix construite en 1843, puis la gare des voyageurs se trouvaient dans la perspective de cette dernière rue. L’actuelle rue de la Gare, aujourd’hui avenue Jean Baptiste Lebas, fut ouverte en 1882, et la gare actuelle en 1888. La rue de l’alouette n’eut pas de débouché sur la nouvelle rue de la gare jusqu’à l’exécution à partir de 1942 de ce projet qui décida de la jonction des deux voies après démolition des bâtiments existants.
Que trouvait-on à cet endroit ? Il semble qu’un bâtiment d’un seul tenant occupait principalement la surface à démolir. Il fut construit spécialement pour l’exploitation d’une brasserie avec dancing. De fait, on trouve dès la fin du dix neuvième siècle, la trace d’un établissement dénommé Brasserie Universelle au n°32 de la rue de chemin de fer. Puis l’endroit fut longtemps occupé par les négociants en tissus Bossut père et fils, l’immeuble apparaissait au n°123 rue de la gare, et au n°32 rue du chemin de fer, où se situait l’entrée des marchandises. M. Léon Olivier Mazure est le propriétaire de cet immeuble, resté longtemps inoccupé, puis brièvement loué, à peine trois mois en 1933, à la société des Transports du Nord. Pendant les premières années de la guerre, la ville y avait installé un abri de défense passive.
Cependant, l’inoccupation du bâtiment depuis 1933 a entraîné sa dégradation : une visite d’experts effectuée en 1937 constatait le mauvais état de la toiture, des vols des lattes de parquet, de portes. En l’état, l’immeuble était donc impropre à la location. L’expropriation pour cause d’utilité publique fut prononcée le 9 juillet 1943. La démolition est décidée le 19 janvier 1944. Le percement entraîna également la démolition des maisons qui encadraient le n°32 de la rue du chemin de fer.
De cette époque date l’ouverture de la rue de l’alouette sur l’avenue de la gare, future avenue Jean Lebas.