Janvier 1971, la communauté urbaine décide d’aménager l’avenue Julien Lagache, qui reliera désormais le quartier des Trois Ponts à la place de la Fraternité. Cette opération de voirie soulève des protestations, car on commence par abattre les arbres qui bordent l’avenue, qualifiés par la presse de vénérables sycomores, c’est dire leur âge et leur taille. L’abattage durant plusieurs jours, un matin, les bûcherons ont la surprise de trouver des affiches apposées sur les arbres libellées comme suit : arbre destiné au domaine du monument historique. Après vérification auprès des services de la communauté urbaine, il s’agit d’un canular qui a retardé l’échéance de quelques heures. Les arbres ont donc été abattus. Cet acte écologiste inédit dénonce la destruction d’arbres qui aident la ville à respirer et ajoutent beaucoup au charme de la vie urbaine. Un inventaire des implantations d’arbres est alors effectué, et l’on constate que vingt boulevards, sept avenues, huit places et quinze rues sont plantés d’environ 1.500 arbres ! Ce qui entraîne le vœu d’un conseil municipal : si l’on peut admettre parfois la nécessité absolue d’abattre des arbres lors de la réfection d’une rue, il devrait être admis et rendu obligatoire par décision du nouveau ministre de l’Environnement, que pour chaque arbre abattu un nouvel arbre soit planté. Du pain sur la planche pour Robert Poujade, chargé du nouveau ministère de la Protection de la nature et de l’environnement, créé en janvier 1971 par Jacques Chaban-Delmas !
Concernant l’avenue Julien Lagache, elle prend à ce moment la configuration qu’on lui connaît encore, avec l’aménagement de deux chaussées séparées par un terre-plein central. Elle commence désormais rue de Lannoy pour rejoindre l’avenue de Verdun, et les arbres ont fait leur réapparition, au milieu de l’avenue, pour donner de l’ombre aux voitures…