Les kiosques-abris des tramways

La municipalité, dans ses relations avec la compagnie des tramways, se réserve par le cahier des charges de 1875 le droit d’imposer l’emplacement des « bureaux d’attente et de contrôle ». Quel est le nombre et l’emplacement de ces bureaux ? Les cartes postales les plus anciennes nous montrent un tel édifice sur la grand place, construit avec un toit à deux pans, et placé devant l’église St Martin. Cet emplacement se situe à un endroit privilégié, point de rencontre des lignes A Croix-Tourcoing par grand place de Roubaix et la place de la Fosse aux chênes, B Roubaix-Lannoy, et C Mouvaux-Wattrelos. Dans un entrefilet du 6 octobre 1897, le Journal de Roubaix nous annonce la démolition d’un kiosque sur la grand place qui doit être immédiatement suivie de celle du kiosque situé sur la place de la Liberté.

Le premier kiosque grand place – documents archives municipales et coll. particulière
Le premier kiosque grand place – documents archives municipales et coll. particulière

Un nouveau cahier des charges, annexé à la convention signée par le Président de la République en 1905 prévoit 7 bureaux d’attente pour le service des voyageurs pour la ville de Roubaix. La compagnie des tramways de Roubaix-Tourcoing doit donc s’exécuter et construire ces édicules. L’implantation de ces kiosques est prévue grand place, place de la gare, place de la fosse aux chênes, la place Chaptal, le boulevard Gambetta, la place de la Fraternité , et le parc Barbieux. Ils sont pratiquement tous identiques, à deux exceptions près, constitués qu’ils sont d’un soubassement en pierre bleue, surmontée d’une armature métallique en fer forgé vitrée de glaces. Au dessus, une corniche en chêne couverte d’un toit de zinc. Le sol est en carreaux de céramique, et le plafond en pitchpin verni, ainsi que les banquettes. Seuls les abris de la grand place et de Barbieux ont en plus une avancée, fermée pour le premier, ouverte pour le second.

L'aubette de Barbieux – document archives municipales
L’aubette de Barbieux – document archives municipales

On fait les enquêtes administratives nécessaires, mais il se trouve que les riverains de la place Chaptal protestent contre l’emplacement prévu. La commission d’enquête municipale conclut que la compagnie doit louer une maison de la place et en transformer le rez de chaussée pour en faire un abri. Il reste six autres aubettes à construire, et la mairie rappelle à la compagnie l’urgence de ces constructions. En 1908, on modifie l’emplacement prévu du kiosque de Barbieux : destiné à l’origine à se dresser au coin du boulevard de Cambrai devant le café du Parc, il va être placé en face, au coin du boulevard de Douai. Mais il faut démolir pour cela le mur des serres de la ville, installées là. L’aubette est construite, mais les riverains se plaignent très vite de la présence d’immondices dans le kiosque. La compagnie se défend en déclarant qu’un homme est affecté à plein temps au nettoyage, mais que que la police ne fait pas son travail de surveillance. Cet échange de courriers nous apprend par ailleurs que les kiosques sont fermés la nuit. Six abris sont maintenant construits, mais il manque encore le septième, prévu place de la fosse aux chênes. On reste sur l’idée de louer une maison pour y aménager un abri et le septième est finalement construit sur la grand place de Wattrelos, avec la participation financière de l’ELRT, dont le nouveau réseau départemental dessert cette ville.

Le kiosque de Wattrelos – document Journal de Roubaix - 1930
Le kiosque de Wattrelos – document Journal de Roubaix – 1930

L’abri de la grand place a remplacé, sur le même emplacement, celui démoli précédemment. Il est plus vaste et plus commode que son prédécesseur.

La seconde aubette de la grand place et celle de la place de la Fraternité – documents médiathèqu
La seconde aubette de la grand place et celle de la place de la Fraternité – documents médiathèque

Nous allons passer en revue dans une prochaine livraison le destin des autres kiosques roubaisiens. A suivre …

 

 

Elargissement de la Grand Place

Visite de la Reine Elisabeth à Roubaix Photo NE
Visite de la Reine Élisabeth à Roubaix Photo NE

Nous avons évoqué il y a quelques temps la disparition de la rue Jeanne d’Arc[1], en 1968. Nous allons ajouter quelques précisions sur l’évolution de la configuration des lieux. Sur cette photo, prise lors de la visite de la Reine Élisabeth en avril 1957, on peut encore apercevoir un ensemble de maisons qui masquent l’espace laissé vide par la disparition des Halles un an plus tôt. Leurs numéros ont une particularité, pairs et impairs se suivent, car il s’agit de bâtiments comptabilisés Grand Place. En effet, à partir de la rue du Château, on trouve les n°18, 19, 20, 20bis, 20 ter et 20quater, puis commence la rue Pierre Motte avec le n°2, à l’angle de la rue Jeanne d’Arc.

Ouverture de 1958 Photo NE
Ouverture de 1958 Photo NE

La transformation de l’espace vide en parking amène bientôt quelques modifications. Dès le mois de décembre 1958, on dégage en partie l’entrée à la place des Halles : les premières maisons de la rue Pierre Motte et de la rue Jeanne d’Arc.

Percée de la rue du Château Photo NE
Percée de la rue du Château Photo NE

Puis, en février 1964, une percée est réalisée dans la prolongation de la rue de l’hôtel de ville, qui fait jour sur ledit parking, et qui ampute la rue du Château d’un certain nombre de maisons en son milieu. La construction d’un centre commercial de transit en attendant Roubaix 2000, est en marche, il faut en favoriser l’accès.

Plan du Lido 1965 Publié dans NE
Plan du Lido 1965 Publié dans NE

Sur le plan publié un peu plus tard, on peut constater que cette percée a entraîné deux conséquences. On peut s’apercevoir que les deux rues du Château et Jeanne d’Arc amputées d’un certain nombre de maisons, vont subsister un temps, en proximité immédiate du Lido dont la création est effective en 1965. De même résulte de cette percée la formation d’un dernier pâté de maisons formé par les premiers numéros de la rue du Château (de 1à 9), et les numéros de la Grand Place (18 à 20). Ce dernier carré sera démoli, suite à la décision prise en conseil municipal de novembre 1967, ce qui aura pour effet d’améliorer l’accès au centre du Lido. On plaça sur l’angle ainsi dégagé ainsi un petit square et des places de parking. Dans la foulée, au début de l’année 1968, disparaîtra la rue Jeanne d’Arc. Nous avons déjà relaté cet événement par ailleurs[2]. Une autre perspective motivait ces travaux : offrir à Roubaix une « vraie » grand place, au moment de la célébration de l’anniversaire de la Charte en 1969.

Amputation de la rue du Château Photo NE
Amputation de la rue du Château Photo NE

En 1972, on s’occupa de démolir les derniers numéros de la rue du Château jusqu’à la rue de la Sagesse. Il fallait élargir encore l’espace qui devait accueillir dix ans plus tard une nouvelle poste et la Médiathèque.

Plan 1972 publié dans NE
Plan 1972 publié dans NE

 

 


[1] Article : une rue disparaît (centre)

[2] Ibidem

La société Vroman Sports, une institution roubaisienne

Jules Vroman est né le 3 juin 1864 à Roubaix, rue du Calvaire (nom de la Grand–rue à l’époque). Ses parents étaient commerçants : le père Alexandre était boulanger et quand il décède,  Jules n’est âgé que de 13 ans. Sa mère reprend le commerce situé au 225 Grand Rue, elle apparaît au Ravet Anceau de 1883 comme épicière. Un article de journal retraçant sa carrière nous apprend qu’il est un élève d’une intelligence précoce et d’un amour ardent de l’étude. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans, avec des connaissances dans des matières aussi diverses que le solfège, le dessin de menuiserie.

Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx
Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx

A 20 ans, il est gymnaste à la Roubaisienne. Jules Vroman est un jeune homme sportif parmi les sportsmen de l’époque qui fréquentent cette  importante société de gymnastique. Cette pratique sportive l’amène à s’orienter vers la fabrication d’appareils de gymnastique. Habile menuisier, il crée ainsi dès 1884 sa société, dont les locaux se trouvent dans la maison maternelle, au 225 de la grand-rue. Le réseau grandissant des sportifs va constituer sa clientèle. Il fait preuve d’innovation, et d’un vrai sens commercial : son matériel est aisément démontable, avec des tarifs adaptés et il est testé par la Roubaisienne. A 29 ans, il devient aussi professeur de danse et de gymnastique.

La première société Vroman Coll Privée
La première société Vroman Coll Privée

Jules Vroman épouse Zoé Marie Millescamps le 31 mars 1894. Le commerce se développe et les locaux de la Grand Rue deviennent trop petits, Jules Vroman va s’installer rue des Fabricants au n°28 et il participe à la fondation de l’Ancienne le 14 juillet 1895. C’est une société de gymnastique et de jeux athlétiques et d’instruction militaire, dont il sera le directeur technique, puis le président. Les sociétés de gymnastique sont nombreuses et florissantes à cette époque. Comme elles voyagent et remportent de nombreux concours. Jules Vroman voit ses affaires prospérer avec le développement de son réseau sportif. Dans un premier temps, le siège de l’Ancienne est situé 28 rue des Fabricants, et Jules Vroman voit ainsi se développer la société sportive et sa société de fabrication.

En tête de l'Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée
En tête de l’Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée

Le 30 juillet 1898 naît Jules Vroman, deuxième du nom, qui prendra la succession de son père en 1928. Entretemps, le succès de la société Vroman nécessite de nouveaux locaux et la maison se retrouve au n°30 de la rue du Grand Chemin.

La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx
La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx

En 1900, Jules Vroman loue l’établissement sis Grand-rue n°50, jusque là occupé par un fabricant de cardes, M. Beaumont. Il y crée le franco-américain skating rink, lieu de loisirs inspiré des patinoires américaines, bientôt consacré aux patins à roulettes sur plancher de bois. Cette reconversion d’un vaste hangar rencontrera un grand succès. Le même type d’établissement existera au Fresnoy un peu plus tard. C’est sur cet emplacement du n°50 de la Grand-rue que sera créé le Casino Théâtre de Roubaix, grande salle de spectacles de music hall, qui deviendra un des grands cinémas de la ville.

Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx
Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx

Après la première guerre, la société Vroman a développé ses fabrications : la gymnastique les sports collectifs, la natation, pour lesquels sont fabriqués les installations et équipements appropriés.

à suivre

Merci à Mme Vroman pour les témoignages et les illustrations

L’alouette s’ouvre à la gare

Le projet de prolonger la rue de l’Alouette jusqu’à la rue de la Gare apparaît en 1936. Jusque là, la rue de l’Alouette partait de la rue du Grand Chemin et rejoignait la rue du Chemin de fer, qui fut historiquement la première rue de la gare. En effet la première station de Roubaix construite en 1843, puis la gare des voyageurs  se trouvaient dans la perspective de cette dernière rue. L’actuelle rue de la Gare, aujourd’hui avenue Jean Baptiste Lebas, fut ouverte en 1882, et la gare actuelle en 1888. La rue de l’alouette n’eut pas de débouché sur la nouvelle rue de la gare jusqu’à l’exécution à partir de 1942 de ce projet qui décida de la jonction des deux voies après démolition des bâtiments existants.

Les lieux en 1932 Photo IGN
Les lieux en 1932 Photo IGN

Que trouvait-on à cet endroit ? Il semble qu’un bâtiment d’un seul tenant occupait principalement la surface à démolir. Il fut construit spécialement pour l’exploitation d’une brasserie avec dancing. De fait, on trouve dès la fin du dix neuvième siècle, la trace d’un établissement dénommé Brasserie Universelle au n°32 de la rue de chemin de fer. Puis l’endroit fut longtemps occupé par les négociants en tissus Bossut père et fils, l’immeuble apparaissait au n°123 rue de la gare, et au n°32 rue du chemin de fer, où se situait l’entrée des marchandises. M. Léon Olivier Mazure est le propriétaire de cet immeuble, resté longtemps inoccupé, puis brièvement loué, à peine trois mois en 1933, à la société des Transports du Nord. Pendant les premières années de la guerre, la ville y avait installé un abri de défense passive.

Le dernier locataire RA 1933
Le dernier locataire RA 1933

Cependant, l’inoccupation du bâtiment depuis 1933 a entraîné sa dégradation : une visite d’experts effectuée en 1937 constatait le mauvais état de la toiture, des vols des lattes de parquet, de portes. En l’état, l’immeuble était donc impropre à la location. L’expropriation pour cause d’utilité publique fut prononcée le 9 juillet 1943. La démolition est décidée le 19 janvier 1944. Le percement entraîna également la démolition des maisons qui encadraient le n°32 de la rue du chemin de fer.

La façade du bâtiment côté avenue de la Gare Photo JdeRx
La façade du bâtiment côté avenue de la Gare Photo JdeRx

De cette époque date l’ouverture de la rue de l’alouette sur l’avenue de la gare, future avenue Jean Lebas.

Les lieux aujourd'hui Photo Google Maps
Les lieux aujourd’hui Photo Google Maps

 

 

Les magasins populaires

La rue Pierre Motte est de longue date une importante rue commerçante, du fait de sa proximité de la Grand place de Roubaix, mais également pendant plus d’un siècle de la présence des Halles centrales de Roubaix. Une rue perpendiculaire à la rue Pierre Motte en perpétue le souvenir. L’enseigne Darty a quitté Roubaix depuis le printemps 2013. En attendant de savoir ce qui lui succédera, nous nous sommes penchés sur l’histoire du 15 rue Pierre Motte .

Rue Pierre Motte, le futur emplacement des magasins populaires CP Coll Méd de Rx
Rue Pierre Motte, sur la gauche, le futur emplacement des magasins populaires CP Coll Méd de Rx

En 1898, le n°15 de la rue Pierre Motte est un estaminet, tenu par M. Turbe. Dix ans plus tard, les magasins Carré, puis Nollet Carré occupent l’endroit. Ensuite, ce sera le magasin « Au soldeur » dont le propriétaire était M. Henri Moha, et qui possédait également  tous les numéros de la rue jusqu’aux Bains Roubaisiens, soit du n°15 au n°29. Ce qui donne une idée de la surface présente. Une telle surface ne pouvait que convenir à l’emplacement d’un nouveau type de commerce, le magasin populaire à prix unique.

En 1879 est lancé pour la première fois le concept de magasins populaires. C’est aux Etats-Unis que Franck Winfield Woolworth choisit de privilégier l’emplacement en centre-ville, une surface moyenne, de nombreuses collections, des prix réduits[1]. Mais c’est seulement à partir de 1931 que l’idée vient à séduire l’Europe. C’est après la crise des années 1930, que s’ouvre à Rouen le premier magasin à prix unique, Monoprix.  Au même moment, les Nouvelles Galeries lancent Uniprix et les Magasins du Printemps créent Prisunic, tous sur le même créneau de magasins citadins à bas prix[2].

L'ouverture d'Unifix Pub Journal de Roubaix 1934
L’ouverture d’Unifix Pub Journal de Roubaix 1934

En 1934, la société roubaisienne des grands bazars modernes demande l’autorisation d’aménager le n°13 de la rue Pierre Motte en logement, et de démolir un vieil immeuble au n°15 occupé par le magasin « au soldeur », et enfin d’édifier sur cet emplacement augmenté de la propriété de M. Nollet, un immeuble dont l’enseigne sera UNIFIX. Le samedi 15 septembre 1934, les magasins UNIFIX procèdent à l’ouverture de leurs magasins au 15 rue Pierre Motte à 10 heures du matin.

La réouverture d'Unifix Pub Journal de Roubaix 1934
La réouverture d’Unifix Pub Journal de Roubaix 1934

Le 23 novembre 1934, un incendie détruit une bonne partie des magasins UNIFIX de la rue Pierre Motte. Le feu provoqué par un court-circuit a fait un million et demi de dégâts. La société demande l’autorisation de reconstruire le magasin et les réserves. Dès le mois de décembre 1934, UNIFIX reprend ses activités.

Il semble que les magasins du n°15 de la rue Pierre Motte soient devenus pendant la guerre la propriété de la société centrale de magasins à prix uniques sise 102 rue de Provence à Paris, sous l’enseigne PRISUNIC. En effet, un courrier adressé au maire de Roubaix et daté du 28 mai 1942 certifie que la dépense à effectuer pour les transformations de l’immeuble du 15 rue Pierre Motte ne dépassera pas les 100.000 francs. Le 20 août 1943, la même société demande l’autorisation d’établir sur la façade du magasin l’enseigne PRISUNIC. A-t-elle été posée ? Nous faisons appel aux témoins de l’époque.

L'ouverture de Monoprix en 1950 Pub NE
L’ouverture de Monoprix en 1950 Pub NE

MONOPRIX ouvrira ses portes le samedi 1er avril 1950 à 10 heures. Pendant plus de vingt cinq ans, Monoprix proposera le libre service intégral afin de rendre les magasins plus fluides, des produits à des tarifs plus compétitifs, ses propres marques : Montjoly et Beaumont pour l’alimentation, Florine pour le textile, Kilt pour le bazar, Sipratic pour l’entretien. A Roubaix particulièrement, on lui doit la création d’un parking supplémentaire de trente places sur le toit du magasin. Sa fermeture est annoncée en juillet 1976, en raison de la baisse du chiffre d’affaires, due à l’ouverture récente d’un supermarché Auchan dans le centre commercial Roubaix 2000.

Monoprix en 1973 Pub NE
Monoprix en 1973 Pub NE
Sources : archives municipales de Roubaix
Presse : Le Journal de Roubaix et Nord Eclair

 


[1] Extrait de jeanchristophe.canalblog.com Monoprix, sur le Magasin Populaire

[2] Extrait de Wikipédia sur Monoprix

Le peignage des bords du canal

Dès la fin des années 1840, Léon Allart introduit l’un des premiers peignages mécanisés de laine à Roubaix, profitant de l’invention récente de la peigneuse mécanique. Il installe son usine le long de l’ancien canal, comblé ensuite et devenu le boulevard Gambetta, et fabrique également du feutre pour l’habillement (en particulier pour les chapeaux) et l’ameublement.

Document archives départementales
Document archives départementales

Le peignage prend très vite de l’extension et participe à des expositions.

Le journal de Vienne 1905
Le journal de Vienne 1905

Il traverse grèves et incendies, mais aussi la grande guerre.

L'Egalité 1903 et l'Express du Midi 1904
L’Egalité 1903 et l’Express du Midi 1904

L’entreprise Allart devient ensuite Allart-Rousseau, puis la Compagnie Générale des Industries Textiles.

Document collection particulière
Document collection particulière

Mais l’usine, qui a employé jusqu’à 1200 ouvriers, est victime de la crise et doit fermer ses portes en décembre 1935. Le journal de Roubaix annonce en 1937 sa démolition prochaine, mis à part le bâtiment de gauche, relativement récent, qui va être épargné. Le journal évoque plusieurs projets possibles pour occuper le terrain, dont celui d’un lotissement. Il évoque également la possibilité d’élargir la rue Nadaud au même gabarit que le boulevard de Strasbourg. Une grande partie de l’usine est rasée en 1937-38, mais les bâtiments situés de l’autre côté de la rue Nadaud subsistent. Le même journal annonce en 1941 la démolition du cette partie de l’usine.

Documents Journal de Roubaix 1937 et 1941
Documents Journal de Roubaix 1937 et 1941

C’est l’entreprise Vandecasteele, rue du Fresnoy qui procède aux travaux. La démolition se termine par l’abattage de l’ancienne cheminée qui dominait le peignage. Le journal se félicite de l’élargissement de la rue Nadaud « admirablement dégagée, … [elle] ne fait plus qu’un avec le boulevard de Strasbourg, dont elle continue la sobre perspective ».

La cheminée et la rue Nadaud. Documents Journal de Roubaix 1942
La cheminée et la rue Nadaud. Documents Journal de Roubaix 1942

Le bâtiment épargné, près du petit Lycée est aujourd’hui reconverti en Lofts. L’ancienne ruelle des 15 ballots, reliant autrefois la grand rue et le boulevard, existe toujours, même si elle a perdu son nom et son statut dans la voirie urbaine pour devenir le parking privé de la résidence.

L'ancienne rue des 15 ballots, qui desservait l'usine – photo Jpm.
L’ancienne rue des 15 ballots, qui desservait l’usine – photo Jpm.

Sur l’espace libéré par l’ancienne usine vont se construire, au début des années 50, les collectifs du Galon d’eau.

 

Un nouveau centre culturel

La bibliothèque de 1959 Photo NE
La bibliothèque de 1959 Photo NE

En février 1977, la nouvelle poste centrale n’est pas encore terminée qu’on parle déjà de la nouvelle bibliothèque sur le carreau des halles, un plateau Beaubourg pour Roubaix (sic NE) !  Le samedi 12 février 1977, le Sénateur Maire Victor Provo pose la première pierre du nouvel édifice, dont l’architecte est M. Louis Georges Noviant, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux. L’immeuble aura quatre niveaux et surplombera la nouvelle poste. Un vaste patio éclairera les salles de lecture. L’ancienne bibliothèque créée en 1959 cédera la place à la recette municipale.

La pose de la première pierre (Photo NE)
La pose de la première pierre (Photo NE)

Il y a toujours de l’eau sous la place, c’est pourquoi il n’y aura pas d’installation en sous sol, ce qui était déjà le cas pour la poste. L’ensemble sera soutenu par des pieux forés de 15 mètres de profondeur. Son coût total est de près de 16 millions de francs (part ville 74%, part état 21% département 5%). Victor Provo se dit heureux de voir aboutir un projet qui lui tenait à cœur, et rappelle qu’un lectorat important  fréquente  l’actuelle bibliothèque. Il conclut avec ces mots : le bonheur est bien souvent dans le livre (.) Je n’ai qu’un seul regret, celui de ne pas avoir assez lu, de n’avoir pas eu suffisamment le temps de m’abstraire des réalités quotidiennes. 

Le chantier en septembre 1977 (Photo NE)
Le chantier en septembre 1977 (Photo NE)

Septembre 1977, les travaux avancent bien. La presse donne la description suivante du futur établissement : au rez-de-chaussée, l’accueil, le hall, la salle des journaux et périodiques, le déambulatoire, la salle polyvalente, une courette de service, l’appartement du concierge et l’atelier de reliure. Au premier étage, les salles de lecture, prévues pour 40.000 volumes en prêt direct, le service de prêt, le bureau du conservateur et de son secrétariat. Au deuxième étage, la section enfants, les bureaux de la centrale urbaine et de la conservation, les salles de manutention et de préparation, ainsi que celle du fonds régional. Enfin au troisième, des bureaux, une discothèque, une médiathèque, l’appartement du conservateur, les magasins et dépôts et le foyer du personnel. Ascenseurs et monte livres complètent l’équipement.

Le nouveau et l'ancien bibliobus (Photo NE)
Le nouveau et l’ancien bibliobus (Photo NE)

Mars 1978, en attendant l’ouverture, un nouveau bibliobus est présenté à la presse. Les travaux seront terminés fin 1978, et l’ouverture au public est annoncée à Pâques 79. Quelques chiffres à l’ouverture du nouvel établissement : 9366 inscrits, 6478 adultes et 1377 adolescents, 1511 enfants. 7689 roubaisiens, et 1677 provenant de communes extérieures. Le fonds contient 105.288 livres, 5421 disques et 424 cassettes. Dans les nouveaux locaux, il y a un auditorium avec cellules individuelles et casques. Personnel à l’ouverture : Melle Bertrand, conservateur dispose d’une équipe de 40 personnes.

A la sortie de l'inauguration (photo NE)
A la sortie de l’inauguration (photo NE)

L’inauguration se déroulera finalement le 18 mai 1979. La nouvelle bibliothèque est une maison de béton et de verre dont l’entrée principale donne sur la rue Pierre Motte, avec deux entrées secondaires sur la rue du Château. Deux façades vitrées donnent sur la rue, un patio central donnera davantage de lumière. On parle d’un nouveau forum  culturel, car la nouvelle bibliothèque sera intégrée à un futur ensemble piétonnier. Elle offre de la place, des salles d’animation, notamment pour l’heure du conte, et une salle d’études pour élèves accompagnés par leurs enseignants.

Le centre culturel (Photo NE)
Le centre culturel (Photo NE)

Le directeur du livre au ministère de la culture et de la communication, M. Jean-Claude Groshens préside, avec  M. Paraf Préfet, Victor et Jean Claude Provo, le nouveau maire Pierre Prouvost. Pour l’occasion, première exposition dans la salle polyvalente : 156 gravures de nus de Picasso !

 

 

Un nouvel hôtel des postes

L’augmentation des activités postales fait qu’il est question dès les années soixante, de construire un nouvel hôtel des postes. En effet le bel immeuble construit en 1927 ne suffit plus pour accueillir les tâches ordinaires, à savoir le tri, le départ et l’arrivée de courrier, les paquets, les guichets, le téléphone, auxquelles se sont ajoutés les chèques postaux, les virements, la vente par correspondance. Plus de trente millions de catalogues expédiés en 1963 ! En janvier 1964, on apprend que la Direction Départementale des PTT a jeté son dévolu sur la Place des Halles, pour une surface de 4.500 m². Entretemps le centre du transit du Lido s’est installé en août 1964 et occupera le terrain repéré jusqu’en 1973. Une fois démonté, ce centre commercial provisoire accueillera quelques démonstrations commerciales et circassiennes.

L'annonce du projet Photo NE
L’annonce du projet Photo NE

Puis le projet de poste centrale refait surface, et le début des travaux est annoncé pour le 24 mars 1975 pour une durée de 18 mois. Finalement le chantier est ouvert début mai. Cent vingt pieux de béton ont été réalisés pour soutenir l’édifice, et les bâtisseurs ont du creuser à plus de vingt mètres pour trouver un sous sol stable. Rappelons qu’autrefois le Trichon et les douves de l’ancien château étaient  situés à deux pas de l’endroit. La construction va pouvoir commencer et on attend l’ouverture pour la fin de l’année 1976.

Vue aérienne du chantier Photo NE
Vue aérienne du chantier Photo NE

Les travaux prendront un peu plus de temps. En avril 1977, le bâtiment est terminé et on annonce l’ouverture pour l’automne.

Ouverture à l'automne Photo NE
Ouverture à l’automne Photo NE

Le nouvel hôtel comporte deux étages, et se présente sous la forme de deux ailes en équerre. La façade principale est orientée vers la rue Pierre Motte. A l’intérieur, côté usagers, sont prévus quinze guichets et vingt cabines téléphoniques.

Intérieur de l'hôtel des postes Photo NE
Intérieur de l’hôtel des postes Photo NE

Finalement le nouvel hôtel des postes est ouvert au public le lundi 12 décembre. Il emploie à cette époque quatre cents agents, et se classe au 2ème rang d’importance de la région. Dès avant l’ouverture, le receveur déplore les conditions d’accès : un nouveau plan de circulation et l’absence de parking ne contribuent pas au bon fonctionnement de la nouvelle poste. Le maire de Roubaix lui répond que c’était à l’administration des PTT de prévoir un parking souterrain dès la construction de l’édifice.

Vue du chantier en 1977 Photo NE
Vue du chantier en 1977 Photo NE

Pour l’instant, les usagers roubaisiens utilisent l’espace situé devant la poste, mais ce parking sauvage va bientôt disparaitre, car la nouvelle bibliothèque est en voie de réalisation. Puis le secteur sera remodelé, avec des problèmes récurrents de l’époque à Roubaix, le stationnement et l’accès piétonnier.

Le parking temporaire Photo NE
Le parking temporaire Photo NE

Une rue disparue

C’est à l’occasion de la construction du marché couvert de Roubaix, en 1881 que l’on encadre ce terrain en forme de rectangle par trois nouvelles rues qui viennent compléter la rue Pierre Motte : la rue des Halles, la rue de la sagesse et la rue Jeanne d’arc. Si les trois premières ont survécu à la disparition des halles, en 1956, ce n’est pas le cas de la quatrième.

A gauche, le début de la rue Jeanne d'arc CP Médiathèque de Roubaix
A gauche, le début de la rue Jeanne d’arc CP Médiathèque de Roubaix

La rue Jeanne d’arc, c’était quoi ? Le côté des numéros impairs était entièrement occupé par  le marché des halles, l’autre côté étant constitué en partie des accès aux propriétés et maisons de la rue du Château, qui lui est parallèle et de loin antérieure. Les numéros pairs de la rue Jeanne d’Arc commençaient rue Pierre Motte avec un magasin de confection, auquel succédaient un magasin de soldes, un boucher hippophagique, un cordonnier, un marchand de fruits, un commerce de dentelles, un estaminet, un tonnelier, les halles Flipo, l’estaminet Monnet, un boucher, quatre estaminets.

Les Halles Flipo et la vitrine du café de l’URSA Photos Nord Eclair

La rue Jeanne d’arc était connue comme un haut lieu du sport, avec la présence d’une salle de gymnastique qui abritait depuis 1893 la société  la Roubaisienne au n°20, et qui sera transformée en magasin, les Halles Flipo. Il y avait aussi un haut lieu de l’haltérophilie au n°22, qui abritait l’Union Roubaisienne des Sports Athlétiques, et qui vit évoluer de nombreux champions, parmi lesquels Marcel Dumoulin, huit fois champion de France  d’Haltérophilie, qui participa aux jeux olympiques de 1928 et 1932.

Vue générale de la rue Jeanne d’arc Photo Nord Eclair

La rue Jeanne d’arc  disparaît donc en 1968 pour permettre l’implantation du Lido, centre commercial de transition entre la rue de Lannoy et Roubaix 2000[1].  La dernière démolition concerna  l’auberge des Halles, qui fut autrefois un vieux relais de poste, selon Nord Éclair.

Le projet Poste Bibliothèque Publié dans Nord Éclair

En 1972, c’est la rue du Château qui sera amputée de ses dix sept premiers numéros, parmi lesquels l’ancienne caisse d’épargne, et  quelques maisons d’industriels, ce qui permit de mettre en œuvre le projet d’une bibliothèque de vastes dimensions. En 1968 on prévoyait de construire un nouvel hôtel des postes et un hôtel financier (sic) regroupant l’ensemble des recettes et perceptions de la ville. Si la construction du nouvel hôtel des Postes fut bel et bien menée, c’est une médiathèque qui remplaça le projet d’hôtel des impôts, pour le plus grand bonheur des roubaisiens.

D’après Nord Éclair, Nord Matin et l’Histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs

 


[1] Voir nos articles précédents

 

 

 

Grand Marché Grand-Rue

Le magasin A la Pensée au CP Méd Rx
Le magasin A la Pensée au CP Méd Rx

L’entrée de la Grand Rue, côté pair, va bientôt accueillir une nouvelle surface commerciale. Il y a cinquante ans s’ouvrait au même endroit un magasin ultramoderne, le Grand Marché. Avant d’évoquer cet événement, il faut revenir sur la constitution de cet ensemble, n°4 à n°12, qui est bien antérieur, et que les roubaisiens ont mieux connu à une époque sous l’enseigne A la Pensée.

Le magasin Loucheur est créé en 1871 au n°10 de la Grand-Rue, c’est une mercerie tenue par le couple Loucheur-Facques. L’affaire se développe et le magasin se double du n°12, avant 1889. En 1895, le magasin de mercerie et d’articles de mode Loucheur-Facques s’est encore agrandi, il occupe désormais les n°8 à 12. En 1908, la société Loucheur Facques fait démolir la maison située au n°6 de la Grand Rue autrefois occupée par une chapellerie, et qui lui appartient, et fait reconstruire pour compléter le magasin. C’est la génération suivante, sous la raison sociale de Loucheur et fils, qui réalisera l’ensemble que nous connaissons de nos jours, du n°4 au n°12. Après la grande guerre, l’établissement Loucheur frères est un magasin de lingerie. On ne sait pas exactement quand l’enseigne « à la pensée » est apparue, mais certains cartons publicitaires l’emploient dès la première génération Loucheur Facques.

Buvard publicitaire Doc Méd Rx
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En 1953 le magasin est toujours au Ravet Anceau, mais dix ans plus tard, il va changer d’apparence et de vocation. En effet, en 1963, la société Loucheur propose sa nouvelle enseigne, un peu inspirée de son voisin de toujours le Bon Marché, située au n°2 de la Grand-Rue. Mais il s’agit de bien autre chose. Il est 14 heures, le 9 septembre, quand  le Grand Marché ouvre ses portes au public. On assiste à la création d’un grand magasin populaire proposant des articles de nouveautés, de bazar et d’alimentation générale, sur 1000 m² de vente, sur deux étages et autant de surface réservée aux stocks. Ce qui rompt avec la vocation première des établissements Loucheur. Un escalator permet l’accès à l’étage où se trouvent les produits d’alimentation, sous la forme d’un libre service avec des caddies. On y trouve boucherie, charcuterie, primeurs, produits laitiers.

Le Grand Marché sera inauguré le mardi 17 septembre 1963. Le directeur général de la société M. Michel Brémard et ses collaborateurs MM Brière directeur administratif, Pigny directeur commercial, et De Hooghe directeur du magasin, accueillent les personnalités au cours d’un cocktail. MM. Brière, Jacques Motte, président de la chambre de commerce, et Liébart président de l’union des commerçants du centre, rendent hommage au nom bien connu de Loucheur, à la transformation du magasin (impossible de reconnaître les lieux, selon l’un d’entre eux) et à l’évolution constante de Roubaix. Le Grand Marché fut donc officiellement installé à cette date. L’architecte de cette réalisation est le tourquennois M. Forest, et le chantier a mobilisé quelques entrepreneurs roubaisiens, parmi la quinzaine d’entrepreneurs cités : la Société Noral (41 rue Pellart) pour le bardage de façade en alliage léger, les carrelages Bonnet (158 rue de Lannoy), les Ets Jackson & Delbar (232 rue Edouard Anseele) pour l’installation du chauffage, les Ets Delannoy et Deparis (81/83 rue de l’Hommelet) chauffage et plomberie, les Ets Deschepper (63 rue de Béthune) menuiserie, aménagement intérieurs, l’entreprise Bourgois (30 rue du Trichon) couverture et plomberie, l’entreprise Zurawski (28 boulevard d’Armentières) plâtrerie et cimentage, les Miroiteries Gekière (56 rue St Hubert) miroiterie et portes en glace sécurit, et l’entreprise Fernand Gilmant (rue de Beaumont) peinture.

Vues de l’intérieur du Grand Marché Photos Nord Éclair

Le début des années soixante correspond à la période de création des supermarchés. Ainsi Auchan est-il apparu dans les quartiers sud en 1961. La Grand-Rue était alors une importante rue commerçante, qui possédait déjà son Minifix, sur le même trottoir que le Grand Marché, une vingtaine de numéros plus loin. Sans oublier le Monoprix de la rue Pierre Motte, ces deux dernières moyennes surfaces étant présentes depuis 1953, au moins. Que dire de la concurrence ainsi créée ? Au moment où nous rédigeons ces lignes, nous ne savons pas encore quand le Grand Marché a cessé de fonctionner. Il figure encore au Ravet Anceau de 1973. Les 3 Suisses vont occuper un temps cet emplacement. Qui va prendre le relais ? Cela rendra-t-il à la Grand-Rue plus d’attractivité ? Comment cette activité complétera-t-elle les commerces déjà existants ? Toutes ces questions se posaient déjà en 1963.

Les premières publicités du Grand Marché Nord Éclair