Rue Jouffroy prolongée

Joseph Leconte est né à Namur (Belgique) vers 1800. Il est l’époux d’Isabelle Baillon. Receveur des contributions directes de Roubaix, receveur des hospices et du bureau de bienfaisance, décoré de la légion d’honneur, il est propriétaire de nombreux terrains à Roubaix. Sa fille Isabelle épouse Constantin Descat (qui sera maire de Roubaix en 1867). Joseph Leconte meurt peu après cette date.

En 1885, les héritiers Leconte-Baillon demandent l’autorisation d’ouvrir des rues sur leur propriété situées dans le quartier de Maufait, et, en particulier une rue reliant la rue du chemin neuf à la rue du Chemin vert, à la limite de Lys, en traversant l’avenue des Villas (Alfred Motte) dans le prolongement de la rue Jouffroy. A cet endroit, la propriété borde le domaine des Prés, appartenant à la famille Cordonnier, où se construiront les Stades Dubrulle et Maertens. L’autorisation d’ouvrir la voie est accordée, et la rue tracée prend le nom de Leconte-Baillon. Elle sera raccourcie d’une bonne moitié de sa longueur en 1933, la partie après l’avenue Motte prenant alors le nom de rue Jean Jacques Rousseau.

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Les héritiers Leconte-Baillon commencent à vendre des terrains situés le long de la nouvelle voie, et les acquéreurs construisent les premières maisons. Dès1894 Bernard Spriet, épicier rue de Lannoy, fait construire une petite maison pour entre la propriété Boittiaux et un terrain vague. En 1903, les héritiers Leconte-Baillon possèdent encore 420 mètres de front à rue. A ce moment, les riverains demandent le classement de la rue comme voie publique et la construction d’un aqueduc, s’engageant en contrepartie à faire don à la ville du sol de la rue sur 15 mètres de largeur. La chaussée doit être bordée de fils d’eau et revêtue de scories en attendant d’être pavée. La ville voit dans cette opération la possibilité d’améliorer l’écoulement des eaux du boulevard industriel, insuffisant jusque là, la mise en service imminente de l’usine de velours Motte-Bossut fils et Mangers risquant encore d’aggraver la situation. La rue compte alors 6 ou 7 maisons, toutes du côté impair, dont deux seules subsistent aujourd’hui, sises aux numéros 15 et 69, ainsi que l’estaminet propriété de M.Preys, à l’angle de la rue de chemin neuf.

Les premières constructions
Les premières constructions

La rue est classée, et on établit en 1904 le plan de mise en viabilité sur lequel figurent les noms des riverains. Les propriétés des héritiers Leconte-Baillon sont passées entre-temps dans les mains des héritiers Descat. L’adjudication pour les travaux est lancée, et l’adjudicataire est Léon Planquart, entrepreneur. La réception définitive des travaux est faite en 1906. Première construction du côté pair, sur la bande de terrain séparant la rue du stade, une maison à usage de commerce que Louis Scoufflaire a fait bâtir en 1911, à l’angle de l’avenue des villas. Il y vendra des vélocipèdes. Il changera de métier au début des années 20 pour ouvrir, à la même adresse, un estaminet qui prendra pour enseigne « le vélo », qu’il tiendra jusque la fin des années 30, et qu’on retrouve aujourd’hui sous le nom du « sport man ».

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En 1913 la chaussée en scorie souffre beaucoup des lourds charrois qui évitent la rue de Lannoy. Les riverains se plaignent des fondrières qui se forment. On prévoit de la paver. Ce ne sera fait qu’en 1930, les travaux étant réalisés par Jules Waquier. En attendant, les années 20 voient une deuxième vague de constructions ; c’est au cours de cette décennie que la plupart des maisons de la rue seront construites :

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La rue va rester sans changement plusieurs années, une photo nous la montre dans son état des années 50 :

Document l'Usine
Document l’Usine

Les constructions sont encore clairsemées et la végétation est encore très présente. On y voit de belles constructions, situées dans de grandes propriétés, qui disparaîtront par la suite, victimes de la fièvre immobilière des années 70 et 80…

Dessin la Voix du Nord
Dessin la Voix du Nord
Photos Jpm

 

 

Le cauchemar du PN 157

Le passage à niveau des Trois Ponts, alias PN 157 en 1963 Photo Nord Éclair

 Le passage à niveau du Carihem, alias le PN 157, situé entre les Trois Ponts et la route de Leers, était le cauchemar des automobilistes. Placé trop près des voies de garage, il était souvent fermé à cause des manœuvres de wagons, au moment de leur placement sur les embranchements des différentes usines auxquelles ils étaient destinés. La répartition des wagons selon leur destination respective alimentait 25 embranchements en 1963, ce qui entraînait que le PN 157 était pratiquement toujours fermé. Ce passage à niveau obligeait les automobilistes pressés d’aller vers Leers à retraverser le quartier des Trois Ponts pour aller rejoindre le pont de Beaurepaire. Il barrait également l’accès au stand de tir du Carihem, et à la décharge du même endroit. Un témoin nous rapporte que la SNCF a employé toute une famille comme gardes barrières, le père, la mère et les deux fils qui étaient jumeaux.

Vue aérienne du PN157 en 1962 Cliché iGN

Les files d’attente de véhicules ne favorisaient guère la circulation, aussi il est bientôt question d’établir une passerelle au dessus de la voie ferrée, pour désenclaver le quartier et faciliter la circulation vers Leers et Wattrelos. Le quartier est alors en plein développement, la cité des trois Ponts s’étend, on parle de la création d’un tri pour les colis postaux au Carihem, soit vingt wagons supplémentaires à prévoir, tout cela va donc augmenter encore la circulation.

Deux solutions sont à l’étude : soit  rectifier le passage à niveaux des Trois Ponts et le remplacer par un passage supérieur, soit le remplacer par un autre passage à niveau automatique situé plus loin, pour aboutir rue du Carihem par l’avenue du Parc des Sports prolongée, derrière le lycée. Le financement de ces travaux est assuré dès 1963 par le fonds spécial d’investissement routier, qui a planifié l’aménagement de la rue de Carihem et la suppression du PN 157.