La galerie Dujardin

Les frères Liagre, serruriers sont installés en 1886 en bas de la rue du Moulin, mais ils cherchent un emplacement plus favorable et bientôt remplacés rue du Moulin par un ferblantier, ils transportent leur commerce vers le bas du boulevard de Paris. En 1892 ils demandent l’autorisation d’effectuer quelques travaux modifiant la façade de l’immeuble situé dans les premiers numéros pairs pour y installer un magasin. La propriété est vaste, constituée de plusieurs corps de bâtiments. Elle va permettre plus tard la cohabitation de plusieurs activités à la même adresse. La propriété, comme celles situées entre la rue de Lille, la rue des Loups et le boulevard de Paris appartient aux hospices de Roubaix.

Le numéro 14 en 1962 – Photo IGN

La façade comprend un rez de chaussée où s’ouvre une large porte et, à sa droite, une grande vitrine. L’ étage est surmonté d’ un fronton central. Tout au long de son existence, cette façade semble avoir été blanche.

Le bas du boulevard vers 1930

Les frères Liagre sont donc installés boulevard de Paris avec un magasin dont le numéro est le 2, puis le en 8 en 1894-1900, et enfin le 14, à la suite de renumérotations successives. Toujours serruriers, ils étendent leurs champs d’activité à la poëlerie, la tuyauterie et la fumisterie. Ils se spécialisent notamment dans la fabrication de cuisinières. Derrière le magasin se situent les ateliers de fabrication.

Ils partent ensuite s’installer au 8 de la rue Neuve (voir à cet égard le sujet consacré aux frères Liagre) et, en 1910, on trouve à leur place Eugène Louis Dujardin qui fait commerce d’ameublement, et à la même adresse, la veuve Marie Dujardin, sa mère née Rudent (son père, Eugène Théodore, négociant, est décédé en 1899). Sa mère est une ancienne institutrice, qui tient alors un magasin d’antiquités..

Parallèlement à ses activités dans la vente de meubles, Eugène Louis Dujardin ouvre en 1905 avec Jean Courier la première galerie d’art de Roubaix, hébergée dans ses locaux du boulevard de Paris où il fonde la société des artistes roubaisiens. Des liens familiaux ne tarderont pas à se nouer entre les deux familles, puisque Eugène Louis épousera en 1913 Jeanne-Marie Courier, tandis que sa sœur, Rose Marie, va épouser Maurice Courier, le frère de Jeanne Marie. Tous deux ont pour père le co-fondateur de la galerie. Le recensement de 1906 fait donc état de trois habitants au numéro 14 : Eugène, sa mère et sa sœur, avec le concours de laquelle il exploitera la galerie.

La galerie Dujardin contribuera à faire connaître des artistes roubaisiens, tels ceux du « groupe des 10 » en montant de nombreuses expositions. Sa renommée débordera largement du strict cadre roubaisien. Sans doute pris par le développement de la galerie, les Dujardin cessent dans les années 20 leur commerce d’ameublement. Seule la mère continue d’exploiter son magasin d’antiquités .

La galerie en 1928

Les années 30 verront se modifier l’environnement immédiat de la galerie : en effet, tout ce qui restait du bloc d’immeubles près du carrefour avec la rue de Lille va être démoli pour être remplacé par l’immeuble que nous connaissons aujourd’hui, à commencer par les commerces formant anciennement les premiers numéros de la rue du Moulin, dont l’estaminet de la Barque d’Or. Très vite suivront les autres constructions avec, en 1930, la demande de démolition des numéros 2 à 12 sur le boulevard, appartenant à la Foncière des Flandres. Parmi ces numéros se trouvent les boutiques du photographe Shettle et du pâtissier Vanhaelst. Il faut bien reloger ces locataires en attendant la construction du nouveau bâtiment. Ils vont donc être provisoirement casés au 14 près du magasin d’antiquités de Marie Dujardin.

Documents collection particulière

Le nouvel immeuble est alors bâti ; il arrive à la limite du numéro 14 qui paraît bien petit sur la photo à côté de lui. Les boutiques de Vanhaelst et Shettle s’installent dans leurs nouveaux locaux, et libèrent le 14.

Les hospices de la ville de Roubaix demandent en 1939 l’autorisation d’effectuer des travaux visant à démolir le fronton menaçant de ruine. Il va être rasé jusqu’au niveau de la corniche du premier étage. En 1952 Rose-Marie Courier-Dujardin décède. Les destinées de la galerie sont alors prises en charge par sa belle-fille, Josée Courier-Meyer, mariée avec son fils Jacques. Elle se tourne vers des artistes contemporains.

Josée Courier-Meyer assure la promotion d’artistes qu’elle réunit dans «le « groupe de Roubaix », puis le « groupe des jeunes ». En 1960, les locaux abritent toujours la Galerie Dujardin, mais Josée maintient également le commerce d’ameublement. Les locaux étant suffisamment vastes, apparaît également au 14 l’enseigne Flandre sports, qui commercialise, signe des temps, des articles de sport et de loisirs de plein-air.

La cohabitation se poursuit jusqu’à l’orée des années 70, puis des changements interviennent : la galerie déménage et, après un bref passage rue du Vieil Abreuvoir, s’installe à Lille pour finalement disparaître à la suite d’un incendie. Le magasin de sports est repris par l’enseigne Cabanon et, en 1972, Nord Éclair annonce la démolition de l’ancien bâtiment. A sa place, Cabanon envisage d’installer un terrain d’exposition avant de reconstruire un immeuble neuf.

Photo Nord Eclair

Mais cette société va s’implanter ailleurs et, en 1976, la société SCC résidence les Edelweiss à Hem demande un permis de construire pour édifier sur le terrain 18 appartements et des commerces au rez de chaussée. Le projet n’aura pourtant pas de suite et le site servira longtemps de parking.

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Finalement, c’est une station de nettoyage de voitures qui s’implante sur le terrain, alors qu’en 2011, le musée La Piscine organise une exposition consacrée à la galerie Dujardin.

Photos collection particulière

Les documents non légendés proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

Roubaix ville de sports

Réputée pour sa fameuse course cycliste, la cité du textile s’affirme comme une véritable ville de sport au cours du XIXe siècle. Philippe Waret et Jean-Pierre Popelier, deux passionnés de l’histoire roubaisienne, retracent le passé sportif de la ville jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ils décrivent une épopée intimement liée aux évolutions économiques, sociales et culturelles. Des bourles à la gymnastique en passant par la lutte, sans oublier les deux incontournables, cyclisme et football, ils évoquent de nombreuses activités sportives. Exploits, champions, victoires, défaites, grande et petite histoire prennent vie à travers un texte passionnant et une sélection iconographique variée. Aux Editions Sutton,  juillet 2005

Championnat de France de pétanque au parc de Barbieux

( Document coll. priv. )

En 1969, le 24° Championnat de France de pétanque est organisé à Roubaix. C’est un événement exceptionnel pour la commune, car c’est la première fois que cette compétition nationale est disputée au Nord de Paris !

Ce sport de détente, né sur les bords de la Méditerranée, a parcouru bien du chemin pour arriver jusqu’à nous et les gens du Nord sont très fiers d’accueillir cette manifestation. La pétanque est de plus en plus populaire dans le Nord : 2000 licenciés dont 1000 nouveaux ces deux dernières années.

Ce championnat, organisé par le Comité Départemental du 59 62 de la Fédération Française de Pétanque, se déroule les 26 et 27 Juillet 1969 au parc de Barbieux. 196 équipes-triplette sont venues de toute la France pour participer à ce championnat, soit environ 600 participants.

A noter que 5 équipes représentent le Nord – Pas de Calais, dont une triplette locale, composée de Gilbert Serbini, de Jacques Verslype et de Guy Friederich (ancien footballeur, conseiller municipal de Roubaix et gérant du célèbre café de la Betterave du 175 rue de Lannoy ).

( Document coll. priv. )

De nombreuses récompenses sont offertes. L’équipe-triplette gagnante reçoit 3 téléviseurs couleur.

La veille du concours, le vendredi, une permanence est organisée à la gare SNCF pour accueillir les participants et, en début de soirée, une saucissonade-party est offerte par une célèbre marque d’apéritif anisé, à la salle Watremez, à tous les participants.

( Document Nord Eclair 1969 )

Le samedi 26 Juillet, P. Prouvost donne le coup d’envoi le matin à 9h15 au parc de Barbieux, avenue Le Nôtre, où 98 terrains de pétanque de 36m2, délimités par des barrières en châtaignier, sont aménagés sur une longueur d’1 km de long. L’organisation est impeccable et le tournoi commence.

( Document Archives Municipales )

Les boules de pétanque s’entrechoquent ; les joueurs sont reconnaissables car les équipes-triplette ont un polo ou chandail de même couleur. Les méridionaux cherchent le soleil encore timide. Les participants, entre 2 parties, se désaltèrent dans des petites échoppes, disposées près du stand de contrôle, où l’on peut consommer, bien sûr, le traditionnel Pastis et le rosé de Provence bien frais.

L’après midi se déroulent les 32° et 16° de finale.

( Document Nord Eclair 1969 )

Le samedi soir, à la salle Watremez, un banquet réunit les différentes sociétés participantes et les organisateurs. Mr le Maire est venu saluer ses hôtes. Le repas, très agréable, est agrémenté d’un spectacle de qualité avec l’orchestre d’Eddie Erickson.

( Document Nord Eclair 1969 )

Dimanche 27 Juillet, la compétition continue. La journée est animée par des promeneurs curieux de cette animation insolite pour des « Ch’tis ». Des gradins ont été installés pour le public à côté du carré d’honneur. Et puis il y a surtout, cette saveur d’un accent méridional, qui fleure bon la lavande, lorsque les joueurs se parlent entre eux « Eh té, tu tires ou tu pointes ? »

Beaucoup de monde vient assister à cette journée, dans une ambiance agréable et sympathique, jusque la finale à 16h.

( Document coll. priv. )

Victor Provo remet les prix dans la salle de mariage de l’Hôtel de Ville à 18h30 à l’équipe du Gard, composée de René Macari, Denis Salvador, et Raoul Bonfort, qui a battu en finale les Girondins.

Alors, certes il n’y a pas d’équipe du Nord-Pas de Calais, dans les hauts du classement, mais cette manifestation a permis de mieux faire connaître notre ville aux participants qui ont tous apprécié l’accueil chaleureux, l’organisation, et le superbe parc de Barbieux.

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Remerciements aux Archives Municipales.

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Église Saint Sépulcre, église de l’Épeule

C’est en 1869 que des propriétaires du quartier de l’Epeule offrent à la Ville un terrain pour y faire bâtir une nouvelle église. Monseigneur Berteaux, Doyen de Saint Martin, qui était l’instigateur du projet, choisit pour ce nouvel édifice le vocable de Saint Sépulcre, pour perpétuer la mémoire de la Chapelle qui fut construite en 1463 par Pierre de Roubaix à son retour de Terre Sainte, et qui se trouvait Place de la Liberté jusqu’à sa démolition en 1844.

L’église St Sépulcre d’autrefois Coll Méd Rx

Le 4 mars 1870, le Conseil Municipal accepte l’offre du terrain et le principe de la construction de l’église. La guerre va différer l’exécution du projet. Puis en 1871, l’architecte roubaisien Fernand Deregnaucourt présente les plans du futur édifice. La première pierre sera posée le 30 mars 1873. Après s’être assemblés en l’église Saint Martin, les adjoints et membres du Conseil Municipal et la foule des fidèles se rendent en cortège sous la conduite de Monseigneur Monnier évêque de Lydda, revêtu de ses ornements pontificaux, jusqu’au site de la nouvelle église. Il bénira la première pierre et les fondations avant de prononcer un discours. L’ouverture au culte se déroulera le 5 avril 1875, et la première messe est célébrée par l’abbé Plancke, dans une église où tout reste à faire, excepté les murs et le maître autel. Son successeur, l’abbé Debacker exprime des craintes quant à la solidité de la voûte. C’est ainsi qu’en 1888 et 1889, l’architecte Dupire Rozan fera consolider les colonnes et doubler les arcades de voûtes en les appuyant sur des colonnes carrées en pierre de Boulogne. Une tour est construite jusqu’à la hauteur de la nef, mais on abandonne le projet d’y élever un clocher. Un incendie se déclare dans la sacristie le 22 août 1893. Les dégâts sont importants : toutes les armoires ont été la proie des flammes, les ornements et les registres paroissiaux ont été détériorés par la fumée, les flammes et l’eau. En 1896, M. Henri Bossut Pollet fait don à l’église d’une très belle chaire de vérité. Mais l’humidité, le mérule et sa faiblesse de construction fondamentale auront finalement raison d’elle.

L’église au moment de sa fermeture Photo NE

Le 17 janvier 1960, on y célèbre la dernière messe, et le conseil municipal décide le 25 janvier 1960 de sa démolition et de sa reconstruction au même emplacement. Le 1er mars 1961 commencent les travaux de démolition. Le chantier a démarré le 25 octobre 1961, bientôt freiné par la pluie, le gel et la neige. Pendant les travaux, les lieux d’offices de secours suivants sont utilisés : la chapelle du couvent des Clarisses, la chapelle de l’institution de sainte Marie rue d’Inkermann et la chapelle de l’institution Ségur rue Colbert.

L’intérieur de l’église avant la démolition Photo NE

Les architectes roubaisiens Marcel Spender et Luc Dupire sont les auteurs des plans du nouvel édifice qui sera plus modeste dans ses proportions et pourra contenir 800 fidèles. Diverses procédures administratives mais surtout le temps rigoureux de l’hiver 61-62 feront prendre du retard à la construction. En mars 1962, compte tenu de l’avancement des travaux on estime sa mise en service pour la fin de l’année.

L’avancement du chantier en mars 1962 Photo NE

La nouvelle église du Saint Sépulcre sera consacrée le 23 décembre 1962 par Mgr Prévost, Mgr Fabre et le chanoine Callens. Le Cardinal Liénart viendra bénir le maître autel deux jours plus tard.

La bénédiction de la nouvelle église 23 décembre 1962 Photo NE
La bénédiction du maître autel par le Cardinal Liénart Photo NE

Voici comment la nouvelle église est décrite dans le site du patrimoine des Hauts de France :

L’église du Saint-Sépulcre présente une structure rectangulaire en briques, de plan allongé comme une grande halle. Son toit à longs pans est revêtu d’ardoises. Avant d’entrer dans cette halle, il faut passer par un narthex rectangulaire flanqué d’une chapelle des Morts et d’une chapelle des fonts baptismaux, toutes les deux de plan hexagonal. Cette halle qui sert de nef a une capacité de huit cents places. Derrière l’espace légèrement surélevé qui sert de chœur se trouve une chapelle secondaire pour les offices de semaine qui ouvre légèrement à droite de l’autel. L’édifice est surmonté d’un petit campanile translucide éclairant l’autel. Les murs de côté sont recouverts d’étroits vitraux monochromes (bleus, rouges, jaunes ou transparents) en forme de meurtrières, réalisés par la société Six-Sicot. Un grand vitrail abstrait couvre le milieu de la contre-façade en haut de la tribune, tandis que l’orgue se trouve du côté droit de la tribune.

La nouvelle église de l’Épeule Photo NE

 Sources Bulletin de la SER, article Jacques Prouvost dans Quartier Libre, presse locale

 

Les cycles Vercoutère

Charles Jules Vercoutère est né en 1880. Il est mécanicien, passionné par le vélo. En 1908, il s’installe marchand de cycles au n° 113 rue de l’Epeule, à l’angle de la rue de l’ Industrie, sous l’enseigne « Au vélo d’or », et se met à la fabrication de tubes pour cadres de vélo.

( Document coll. priv. )

Il crée une bicyclette avec un cadre plus court, ce qui facilite le roulage, et le déplacement devient moins fatigant. Ce vélo connaît un succès immédiat. Rapidement Charles s’installe au 105 de la même rue, et bénéficie d’une double grande vitrine.

( Document BNR et coll. priv. )

Charles Jules se marie avec Ernestine Vandermaelen. Ils ont deux enfants : Charles-Georges né le 22 février 1913 et Maurice né le 24 juillet 1918. En 1925, Charles s’associe avec ses deux cousins : Philibert et Adolphe. Ils fabriquent un vélo auquel ils donnent la marque PAC ( les trois initiales des prénoms de chacun : Philibert Adolphe Charles ).

( Document coll. priv. )

Par la suite, les trois compères vont prendre des destinations professionnelles différentes ; mais Charles va garder la marque PAC, très connue, qui va devenir Pneus-Accessoires-Cycles. Les deux fils, Charles-Georges et Maurice, sont maintenant adultes et sont également passionnés par le vélo, comme leur père qui leur a transmis le virus.

( Document BNR )

Sur cette photo, de gauche à droite : Charles Vercoutère père, Maurice son fils cadet, Ernestine son épouse et Charles son fils aîné.

( Document coll. priv. )

Ils fabriquent les tubes de cadres sur lesquels ils posent les accessoires ( freins, selles de vélo, pédalier etc…). Ils peuvent donc créer des bicyclettes spéciales : des tandems, des triplettes et même des quadruplettes !

( Document coll. priv. )

Ils créent également des vélos excentriques, pour les acrobates du cirque, avec des roues carrées, des roues décentrées, des mono-cycles, des vélos avec une grande roue devant et une petite à l’arrière, etc…Ils les fabriquent bien souvent sur mesure. Leur magasin est un véritable musée de la petite reine ; ils présentent non seulement les bicyclettes qu’ils fabriquent, mais également de très belles pièces de collection acquises, comme le grand B.I, le vélocipède Michaux et bien d’autres, tous datant des années 1860 1870.

Rue de l’Épeule à l’angle de la rue de Turenne ( Document coll. priv. )

Les frères Vercoutère sont très connus dans la profession, et très demandés. Ils ont d’ailleurs eu l’occasion de prêter un de leurs vélos à Raymond Devos pour un de ses sketchs. Ils vendent également beaucoup d’accessoires, leur spécialité étant une petite coccinelle métallique qui maintient les câbles de frein les uns contre les autres.

( Document coll. priv. )

Mais leur plus grande fierté c’est de sortir leurs cycles lors des fêtes locales, comme la braderie de la rue de l’Epeule, ou les fêtes de quartier Epeule-Alouette ; à chaque fois, ce sont des attroupements de promeneurs surpris et ébahis de voir les frères Vercoutère se promener sur leurs vélos si originaux. Le père et les deux fils ne vivent que pour le vélo. Au milieu des années 50, Charles-Jules, à 74 ans, prend plaisir à faire plusieurs fois par semaine des aller-retour Roubaix-Tournai ( 40 km ) et ce, sans fatigue.

( Document Nord Eclair 1961 )

Charles et Maurice décident de créer l’événement en faisant une exposition unique de tous leurs vélos de collection dans le hall du Colisée à partir du 7 Septembre 1961. Cette exposition est organisée par le comité du quartier Epeule, et par l’association Nord Touriste présidée par M. Dupriez. Les deux frères Vercoutère prennent leur retraite et le magasin est cédé en 1985. Charles et Maurice n’ont pas de descendants si bien qu’avant leur décès ils ont décidé ensemble d’offrir leur prestigieuse collection de cycles à un grand musée Parisien.

Remerciements à la BNR et aux Archives Municipales

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L’hôtel Voreux

Le plan cadastral de 1884 nous montre, boulevard de Paris, une grande propriété comportant une pièce d’eau et un hôtel particulier construit autour d’une cour d’honneur. Cet hôtel, de même que les cinq autres bâtiments qu’on peut remarquer, constituent les premiers éléments de l’alignement des drapiers qui va se compléter dans les années qui suivent immédiatement.

Cet hôtel est édifié selon toutes les apparences par l’architecte Edouard Dupire Rozan, l’architecte du château Vaissier, pour la famille Voreux, négociants en tissus. Majestueux, il projette vers le boulevard deux ailes enserrant la cour, l’ensemble étant édifié de briques et de pierres de taille dans un style très classique.

On y trouve en 1885 Léon Louis Voreux et son épouse Jeanne Marie Hüe, qui y élèveront leurs deux filles. Le négociant va décéder en 1899 à 48 ans et sa veuve cède l’hôtel qui deviendra propriété de la famille Motte en 1902.

Photochateauvaissier.blogspot.fr

Edouard Motte-Lagache est un industriel, quatrième fils de Louis Motte-Bossut, co-fondateur de la société Motte-Bossut et fils. Il habite la propriété du boulevard de Paris avec son épouse Léonie Lagache, fille du maire de Roubaix, avec laquelle il élève six enfants. Après son décès en 1938, sa veuve continue à habiter l’immeuble avec la famille de sa fille Marguerite, qui a épousé Henri Prouvost.

Après la seconde guerre, le bâtiment héberge le Syndicat des filateurs de coton de Roubaix-Tourcoing et Syndicat des filateurs de coton teint et blanchi de France, puis est racheté en 1965 par la chambre de commerce de Roubaix. Celle-ci y installe PROCOTEX, Centre National de Promotion du Textile qui vise à former les futurs commerçants et cadres du commerce textile.

Nord Éclair du 22 mars 1966

A la suite du regroupement des chambres de commerce de la métropole lilloise, cet organisme change de nom en 1969 pour prendre celui de CEPRECO, qui continue à s’occuper de formations dans le tertiaire et la vente tout en s’ouvrant à la formation continue.

Photo la voix du Nord 1978

Mais les locaux deviennent trop petits pour accueillir les nombreux stagiaires, et il faut construire un nouveau bâtiment. Celui-ci trouve sa place dans le parc, à l’angle formé par la rue André Chénier, ancienne rue Voreux tracée sur l’ancienne propriété, dont le terrain appartient également à la chambre de commerce.

Le nouveau bâtiment en construction photo La Voix du Nord 1978

En 1980, la chambre de commerce rénove la façade et effectue des travaux de modernisation à l’intérieur du bâtiment libéré. C’est maintenant le CPLE, centre de pratique des langues étrangères qui s’y installe, venant de la rue de l’hôtel de ville.

Les installations du CPLE rue de l’hôtel de ville – photo la Voix du Nord

Cet organisme peut ainsi installer ses laboratoires de langue à destination des auditeurs soucieux de se perfectionner, par des sessions intensives avec des formateurs étrangers et des moyens audio visuels, à la pratique des langues.

Photo Nord Eclair 1980

Ce magnifique ensemble architectural, d’abord habitation familiale, puis centre de formation, est heureusement protégé et inscrit par les monuments historiques pour ses parties essentielles depuis 1998, ce qui nous assure de pouvoir le retrouver intact à l’avenir.

L’hôtel en 1989

Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

Les Ets Carrez-Bernard

Eugène Carrez est né à Merville en 1876. Il est commerçant et possède un magasin de chaussures-chemiserie-confection dans sa ville natale. Il se marie avec Albertine Bernard. Ils créent ensemble en 1898 l’entreprise Carrez Bernard au 322 324 rue de Lannoy à Roubaix. Eugène et Albertine ont un fils : André qui naît en 1902

( Document BNR et coll. priv. )

L’entreprise Carrez Bernard fabrique du savon mou ( savon noir d’entretien ). Il est fabriqué avec de l’huile végétale et de la potasse. De couleur noirâtre ou vert très foncé, on le trouve sous forme liquide ou semi-liquide. D’autres activités viennent en complément : le commerce en gros d’épicerie, la torréfaction de cafés, le négoce de pétrole, essence et huiles. Dans l’entreprise, c’est le palais des arômes ; d’un côté le sentiment de propreté ( le savon à l’huile d’olive ), et au fond du bâtiment, l’odeur de café (grâce au brûloir de torréfaction ).

Les attelages de livraison devant la façade du 324 rue de Lannoy ( Document ANMT )

Les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante ; si bien qu’en 1929 Eugène fait construire un 2° étage à la savonnerie. Les travaux sont réalisés par L Dugardin 67 Bld de Belfort et la charpente par Joseph Soudan 155 rue Jouffroy. Au début des années 1930, le fils d’Eugène : André aide son père à la gestion de l’entreprise. Adulte, il en devient le directeur commercial. Il habite au 48 avenue Jean Jaurès à Roubaix, dans une maison construite par l’architecte Jacques Barbotin.

Eugène Carrez en 1937 ( Document ANMT )

En 1937 Eugène achète un véhicule automobile : une Panhard, pour pouvoir effectuer les déplacements jusque Trungy, dans le Calvados, et séjourner dans la maison familiale. Hubert Carrez, le fils d’André naît en 1935 à Roubaix. il habitera sur place 324 rue de Lannoy.

( Document ANMT )

En 1940 la Mairie de Roubaix ordonne une réquisition de carburants ( essence et gas oil ) et également de produits d’épicerie sèche : biscuits, boites de lait sucré, et surtout conserves de poisson et de viande, pour subvenir aux besoins de la population.

Eugène Carrez décède en 1954. Après guerre, dans les années 50, l’importation de savon industriel, par de très grosses firmes américaines, vient concurrencer la production de Carrez Bernard. La fabrication du savon mou cesse en 1958. André Carrez continue de se spécialiser dans l’épicerie en gros et la production de cafés (torréfaction et ensachage ).

Sachets de cafés ( Document ANMT et coll. priv.)

1963 : L’entrepôt de 440 m2 étant trop petit, André Carrez fait une demande de permis de construire pour agrandir. Il fait appel à l’entreprise Jacquemart-Behal de Lens pour construire un hangar métallique de 442 m2 de stockage supplémentaire. En 1970 Hubert Carrez ( le fils d’André ) dépose une demande d’agrandissement pour son entrepôt ( hangar couvert ). André Carrez décède à son domicile du 48 avenue Jean Jaurès en 1972. Hubert Carrez qui habite au 324 rue de Lannoy continue seul à gérer l’entreprise

A la fin des années 1970, les premières difficultés se font sentir. L’arrivée des grandes surfaces fait énormément souffrir les commerces de détail, et par conséquent l’activité des grossistes alimentaires. Les salariés de l’entreprise reçoivent leur lettre de licenciement en rentrant de vacances en Août 1987. L’entreprise familiale s’arrête. Après le décès de Hubert Carrez à Roubaix en 2000, le bâtiment va rester inoccupé quelques années.

( Document Archives Municipales )

En 2006 Miguel Fernandes reprend une partie de l’entrepôt qui se trouve dans l’allée privée, pour le transformer en logement confortable

( Document Archives Municipales )

L’année suivante, la SCI Renaissance Immobilière propose de transformer la friche industrielle par l’architecte Gregory Boyaval de Roubaix, en 7 logements-loft et 2 cellules commerciales. Quant au bâtiment principal qui était le domicile de la famille Carrez, on trouve aujourd’hui un cabinet médical composé d’orthophonistes. Il ne reste plus que les deux initiales C B sur le fronton de la façade.

( Photo BT )

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Remerciements aux Archives Nationales du Monde du Travail ( ANMT ), aux Archives Municipales et à la BNR pour les documentations, ainsi qu’à Patrick Miette pour son témoignage.

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La société Vroman Sports, une institution roubaisienne

Jules Vroman est né le 3 juin 1864 à Roubaix, rue du Calvaire (nom de la Grand–rue à l’époque). Ses parents étaient commerçants : le père Alexandre était boulanger et quand il décède,  Jules n’est âgé que de 13 ans. Sa mère reprend le commerce situé au 225 Grand Rue, elle apparaît au Ravet Anceau de 1883 comme épicière. Un article de journal retraçant sa carrière nous apprend qu’il est un élève d’une intelligence précoce et d’un amour ardent de l’étude. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans, avec des connaissances dans des matières aussi diverses que le solfège, le dessin de menuiserie.

Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx
Jules Vroman La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx

A 20 ans, il est gymnaste à la Roubaisienne. Jules Vroman est un jeune homme sportif parmi les sportsmen de l’époque qui fréquentent cette  importante société de gymnastique. Cette pratique sportive l’amène à s’orienter vers la fabrication d’appareils de gymnastique. Habile menuisier, il crée ainsi dès 1884 sa société, dont les locaux se trouvent dans la maison maternelle, au 225 de la grand-rue. Le réseau grandissant des sportifs va constituer sa clientèle. Il fait preuve d’innovation, et d’un vrai sens commercial : son matériel est aisément démontable, avec des tarifs adaptés et il est testé par la Roubaisienne. A 29 ans, il devient aussi professeur de danse et de gymnastique.

La première société Vroman Coll Privée
La première société Vroman Coll Privée

Jules Vroman épouse Zoé Marie Millescamps le 31 mars 1894. Le commerce se développe et les locaux de la Grand Rue deviennent trop petits, Jules Vroman va s’installer rue des Fabricants au n°28 et il participe à la fondation de l’Ancienne le 14 juillet 1895. C’est une société de gymnastique et de jeux athlétiques et d’instruction militaire, dont il sera le directeur technique, puis le président. Les sociétés de gymnastique sont nombreuses et florissantes à cette époque. Comme elles voyagent et remportent de nombreux concours. Jules Vroman voit ses affaires prospérer avec le développement de son réseau sportif. Dans un premier temps, le siège de l’Ancienne est situé 28 rue des Fabricants, et Jules Vroman voit ainsi se développer la société sportive et sa société de fabrication.

En tête de l'Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée
En tête de l’Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée

Le 30 juillet 1898 naît Jules Vroman, deuxième du nom, qui prendra la succession de son père en 1928. Entre-temps, le succès de la société Vroman nécessite de nouveaux locaux et la maison se retrouve au n°30 de la rue du Grand Chemin.

La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx
La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx

En 1900, Jules Vroman loue l’établissement sis Grand-rue n°50, jusque là occupé par un fabricant de cardes, M. Beaumont. Il y crée le franco-américain skating rink, lieu de loisirs inspiré des patinoires américaines, bientôt consacré aux patins à roulettes sur plancher de bois. Cette reconversion d’un vaste hangar rencontrera un grand succès. Le même type d’établissement existera au Fresnoy un peu plus tard. C’est sur cet emplacement du n°50 de la Grand-rue que sera créé le Casino Théâtre de Roubaix, grande salle de spectacles de music hall, qui deviendra un des grands cinémas de la ville.

Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx
Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx

Après la première guerre, la société Vroman a développé ses fabrications : la gymnastique les sports collectifs, la natation, pour lesquels sont fabriqués les installations et équipements appropriés.

à suivre

Merci à Mme Vroman pour les témoignages et les illustrations

 

Salle des sports boulevard de Mulhouse

 

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Cérémonie d’inauguration de la Salle des Sports du boulevard de Mulhouse Photo Nord Éclair

C’est au mois d’août 1969 que Victor Provo, maire de Roubaix inaugure la nouvelle salle des sports située 248 boulevard de Mulhouse, déjà prévue dans les projets de 1966. Cette salle omnisports est présentée comme un modèle du genre. Elle mesure 40 mètres de longueur sur 20 de large, pour une hauteur de 7 mètres. Elle comprend des vestiaires et des douches hommes et femmes, le chauffage est assuré par la chaufferie du groupe scolaire.

Dans son discours, le maire évoque l’inauguration récente de la salle Buffon, et les projets dans les quartiers Edouard Anseele et Potennerie, comme autant de signes de la volonté de développer le sport de masse à Roubaix.

Puis vient le moment de la remise des palmes académiques à Robert Hétuin, en reconnaissance des services rendus à la cause du sport postscolaire. Le récipiendaire est en effet l’un des fondateurs du basket féminin UFOLEP, et plus particulièrement celui du Club Sportif Féminin Pasteur en 1947, devenu depuis le Cercle Sportif Jean Macé Pasteur.

Ensuite les jeunes filles de l’Ancienne enchaînent avec des évolutions gymniques fort appréciées par l’assistance, avant que l’Évolution Sportive et le Club Sportif Jean Macé Pasteur ne donnent une démonstration de basket-ball féminin.

Stade Dubrulle-Verriest

entree jean dubrulle
L’entrée du stade Dubrulle rue Leconte Baillon Photo NE

Ce stade est construit en 1920 par une société immobilière sur les terrains d’une ancienne propriété appartenant à l’industriel Cordonnier au début du XXème siècle, d’abord transformés en jardins. On lui donne le nom d’un grand sportif du Racing Club de Roubaix, Jean Dubrulle, qui fut également un héros de la grande guerre. Une autre figure légendaire du même club viendra le rejoindre : Georges Verriest, qui fut capitaine de l’équipe première du Racing Club de Roubaix quand celui-ci fut finaliste de la coupe de France à plusieurs reprises, dans les années trente. Il fut également entraîneur de l’équipe de France de football pendant les années soixante. Ce haut lieu du sport roubaisien voit évoluer les membres du club omnisports qu’était le Racing Club de Roubaix, athlétisme, hockey, football…puis il y aura les tournois du Racing Stade de Roubaix… Ce stade mérite qu’on complète la liste et qu’on rassemble ses souvenirs ! La recherche est ouverte !